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Temps de lecture estimé : 22 mn
21/09/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Quand le désir et l'audace emportent Manon dans un tourbillon irrésistible.
Critères:  fh hplusag inconnu hotel voyage amour fellation cunnilingu pénétratio
Auteur : Malex_Julien            Envoi mini-message
Une robe bleue et un mollet galbé

Il est 22 h en cette chaude journée de fin juin. La fenêtre ouverte de mon appartement donne sur les toits de Paris. Je suis fébrile devant mon ordinateur, à rafraîchir sans cesse ma page mail dans l’espoir d’un nouveau message de toi. Quelle sera ta réponse ? J’ai lancé la pièce et elle virevolte dans les airs. Pile ou face ? Répondras-tu seulement ? Il arrive que la pièce ne retombe jamais, lancée trop loin… Et puis il arrive qu’elle retombe face, qu’elle brille de mille éclats et soit sourire…


L’attente est insupportable. Je te sais là si près de moi via cet Internet qui nous relie tous. Tu es en ligne, je le sais, Facebook me le dit. Tu as forcément reçu une notification de message. Si près, à quelques touches, à un clic de souris. Et puis si loin aussi. Car tu n’attends pas mon message. Car nous ne nous connaissons pas. C’est fou comme on peut projeter des désirs avec impatience et laisser courir son imagination. Même à 40 ans. Pour une inconnue. Car je ne sais rien de toi. Ou si peu. Et pourtant suffisamment pour espérer. On n’est pas raisonnable quand le cœur s’en mêle.


Il est 6 h 30 du matin. C’était il y a 10 jours en fait. À Orly. Comme souvent, pour le travail je prends l’avion : réveil brutal, taxi nauséeux, sécurité agressive, attente sous les néons. Je ne suis pas du matin et les gestes sont mécaniques d’habitude et embrumés de sommeil. Je vais à Milan pour la semaine, bagages en soute et sacoche d’ordinateur à l’épaule. La salle d’embarquement est pleine de cadres sérieux comme tous les lundis matin à cette heure-là. Un plateau, un croissant, un café allongé et une petite Vittel : je fais la queue pour payer ces maigres réconfortants payés à prix d’or. Les cadres du matin à Orly sont sérieux et captifs.


Les tables du café sont bondées. Les plateaux sont pleins ou vides, les personnes seules ou entre collègues. Il y a ceux qui lisent, ceux qui parlent, ceux qui bossent, ceux qui compulsent leur smartphone. Mais tous sont assis. Un bruit de fond discret occupe l’espace. Je cherche une place, mon plateau à bout de bras. Il y a le long des fenêtres une sorte de console avec des tabourets qui permettent de regarder le tarmac. Tous sont pris sauf un, mais dont la table est occupée par un gobelet sale. Les poubelles de débarrassage sont en évidence mais il est fréquent que certains ne se sentent pas concernés. Les cadres du matin à Orly sont sérieux mais pas tous.


C’est ma chance, je vais pousser le gobelet et m’installer. Et là, en avançant vers ce petit bout de table, je te vois. Ou plutôt je vois une silhouette, de dos. Ou plutôt, je vois une robe bleu clair de dos. Et cette robe m’attire. Elle est légère et élégante, cintrée sur ta taille et laisse tes épaules nues. J’avance tout autant vers la robe que vers la place et, d’une spontanéité totale, je me tourne vers toi en posant mon plateau et te demande « Excusez-moi, il n’y a personne ? » Tu relèves la tête, et dans un sourire me réponds « Non, je ne crois pas. » Le ver est dans le fruit.


Dès lors, le gobelet sale, les cadres sérieux et les pas sérieux, les final calls, le brouhaha de l’aérogare, tout s’efface. Il n’y a plus que toi. Je mange mon croissant d’un air détaché mais tous mes sens sont tournés vers toi. Tu as ouvert ton ordinateur et tu écris. Qu’écris-tu ? À qui écris-tu ? Tu es de biais je ne peux pas voir ton écran. Je vois ta main gauche s’agiter sur le clavier et ton bras et ton épaule nue. Ta peau est claire, à peine bronzée. Pas de bagues. Tu as des cheveux bruns, mi-longs, retenus en queue-de-cheval par une barrette. Style classique, sobre, chic. Sur tes genoux une veste en coton blanc qui recouvre ta robe. Et puis je vois tes jambes qui calent un sac plein de dossiers posés à tes pieds. Tu portes des ballerines noires aux bords découpés en vagues et desquelles on devine un joli pied. Et le mollet gauche que j’aperçois avec un genou… J’ai toujours trouvé qu’un mollet galbé était empreint d’un érotisme fort. Le tien est ferme, forme une courbe parfaite et joue sous le tabouret avec le sac qui régulièrement se couche et que tu relèves dans un geste affolant pour mon imagination. L’envie de caresser ce mollet est immense. Mais nous ne nous connaissons pas et il est 7 h à Orly.


Je prends prétexte du croissant terminé pour me lever et aller jeter la serviette ce qui me permet de te regarder à distance. Tu es penchée sur ton ordinateur, cette robe bleue si attirante, si femme, si belle. Tu n’es pas très grande et dois avoir la trentaine. Je reviens lentement vers ma place et tu tapes continuellement sur cet ordinateur, sans relever la tête, sans me voir. Je maudis ton accaparant destinataire. Je reviens lentement, fixement et par ta droite pour passer derrière toi, juste au moment où tu envoies un mail et où ta page d’accueil de messagerie s’affiche avec ton nom : Manon Grandrepos. C’est le signe. Sans doute, aurais-je pris mon avion pour Milan et puis j’aurais travaillé la semaine, avalé les dossiers et les sandwichs, parlementé avec ces distributeurs italiens et puis je serais rentré et la robe bleue aurait rejoint les souvenirs évanescents de nos plaisirs fugaces et contemplatifs. Mais là, ton nom qui m’est offert, c’est le destin. Tu prends une autre dimension. Forcément nous sommes faits pour vivre quelque chose de plus. Sinon pourquoi ?


Et puis tout s’accélère. Tu fermes l’ordinateur, tu te lèves et t’éloignes vers les toilettes. Un regard à ma montre et je file. Nous embarquons. Je m’installe à bord, rangée 17. Je regarde l’avion se remplir et soudain tu apparais. Le destin est généreux, une place est libre à ma droite. Forcément tu vas t’y asseoir et quand je te vois dépasser la rangée, je suis furieux. Je me rêve chevalier pour te rejoindre, appeler l’hôtesse et lui expliquer. Je ne suis que cadre et je me tais. Milan, un carrousel à bagages, les valises s’étirent. Tu disparais dans la foule.


Le réveil sonne. Je me suis couché sans message de ta part. Je checke. Rien. Douche, métro, boulot. Les collègues sont pénibles, les clients insupportables, le patron très con. La journée va être dure. Tout ça parce que j’ai besoin de vérifier ma boîte mail. C’est puéril et je sais que tu bosses. Consultante en stratégie, parlant anglais et italien, diplômée d’une grande école d’après LinkedIn. Aimant les voyages, la cuisine et la lecture d’après Copainsdavant. Bac avec mention et habitant le 6ème arrondissement d’après Google.


Dix fois je vérifie mes mails en attente d’une notification Facebook. Rien. Je rentre le soir, épuisé par cette vaine journée d’attente. La chaleur à Paris est étouffante. J’ouvre les fenêtres. Le bruit de la rue est assourdissant. Je ferme les fenêtres. Je n’ai pas faim. Je doute. Je me connecte et relis le message. Une fois, deux fois, à le connaître par cœur.


J’ai longuement hésité à vous écrire mais le souvenir de votre robe bleue à Orly en ce petit matin d’août a été plus fort. Nous étions côte à côte sur ce bar en attendant le vol. Vous travailliez sur votre ordinateur, indifférente à l’environnement de l’aérogare, inconsciente du charme rayonnant de votre personne. Nous avons décollé et Milan nous a engloutis dans ses rues délicieuses. Je sais ma démarche inhabituelle et je comprendrais qu’elle vous étonne. Mais j’ai toujours été intuitif, curieux des rencontres, heureux de ma bonne étoile. Je serais ravi de vous revoir. Je vous souhaite une belle journée.


Je me couche face au silence angoissant. Et ma nuit est agitée de rêves ambivalents. Tantôt tu me réponds et nous nous rencontrons et nous passons de folles journées passionnées. Tantôt tu restes muette, me laissant seul dans l’immensité numérique, naufragé sans réponses et sans bouée. Tantôt tu m’écris pour me dire combien mon message est inapproprié, combien je ne suis pas ton style, combien tu te moques de moi. Et je me tourne et retourne dans ce lit, seul et en sueur.


Les jours se suivent et je m’habitue. La fébrilité s’éloigne. Et pourtant j’enrage. Je suis sûr de passer à côté de quelque chose. Tout ça par ta faute. Oui tu nous fais manquer une chance incroyable. En jouant la fille sage, la fille supérieure. Se dire qu’on est si près et que pourtant rien ne sera. Oui je t’en veux et cela m’aide à estomper le désir. La raison finit toujours par revenir. On se voit mourir mais on ne meurt pas. On est tout le temps moins romanesque que ce que l’on croit.


Le week-end est une parenthèse dans le rythme effréné du travail. J’en profite pour te googler encore une fois et regarder quelques photos comme des souvenirs de quelqu’un qu’on va enterrer. Tu es belle. Le soleil décline et je sors courir. Le jogging a toujours été ma façon d’évacuer le stress, de me vider d’une saine fatigue. Je cours d’une petite foulée, longeant les immeubles, évitant les piétons et les vélos, traversant les rues d’un pas rapide, pour rejoindre le parc Montsouris. Mon iPhone accroché au bras mesure mon rythme : je suis bien. Je fais tours sur tours en suivant quelques autres joggeurs qui m’entraînent.


Une jeune femme à la queue-de-cheval sautillante et aux leggings moulants retiennent mon attention un instant. Une distraction mais c’est tellement différent de ce que tu as provoqué en moi. Alors je cours et je cours encore.


Quelques étirements et je rentre en marchant. Je dégrafe l’iPhone et, bien que me trouvant ridicule, je consulte à nouveau mes mails. Non je ne suis pas encore tout à fait guéri, il faut que j’arrive à te détester encore un peu. Le téléphone vibre. Nouveaux messages. J’ouvre la liste et les parcours. Soudain je m’arrête : Facebook, nouveau message Manon… Je ne peux cliquer sur le lien. Vingt fois, je lis la notification et mon cœur bat à tout rompre. Je décide de rentrer pour lire le message chez moi, au calme et trouve l’énergie de recourir pour arriver plus vite.


Que répondre à votre message ? Vous avez longuement hésité à m’écrire ? J’avoue avoir été surprise d’abord (qui êtes-vous ?) puis gênée (pourquoi moi ?) puis déstabilisée (que faire ?). Ma raison m’a conseillé de ne pas vous répondre. 30 ans d’éducation et de bienséance. Mais les mots choisis et, oserais-je vous le dire ?, l’absence totale de votre image dans mes souvenirs ont piqué ma curiosité. J’ajouterai que votre audace m’a stupéfaite et que je vous la crédite. Bref, après avoir tourné et retourné ma réponse, je vous propose que nous nous retrouvions. Ce sera mercredi à 12 h 30 dans les jardins du Palais Royal. N’y lisez rien de plus qu’une rencontre unique et rappelez-vous que je ne me souviens même pas de vous.



Il est midi au Palais Royal et je suis en avance. Je fais le tour de ce square ceinturé de bâtiments magnifiques au cœur de Paris. Des parterres, des bancs verts, des tilleuls, des gravillons poussiéreux et des pigeons. Le jardin n’est pas si grand mais assez toutefois pour ne pas se retrouver si rapidement. Par quel côté, à quel endroit ? Je n’envisage pas que tu ne viennes pas. Et si tu avais été retenue ? Un imprévu ? Nous n’avons pas échangé nos téléphones bien sûr. Je marche lentement et j’observe. Quelques vieux qui regardent les gens passer, des touristes armés d’appareils photo, des cadres costumés en route pour un déjeuner, des mamans avec une poussette.


Il est 12 h 30. À chaque robe esseulée, je frissonne. Toi ? Pas toi ? Je ne peux pas aborder toutes les femmes de 30 ans qui traversent le parc… J’observe. Trop petite, trop grande, trop blonde, un mollet pas assez galbé… Les flashes se succèdent dans ma tête. Comment es-tu habillée ? J’emprunte l’allée latérale et la remonte rapidement vers la galerie d’Orléans. Le temps presse. On ne fait pas attendre une jeune femme. Je regarde chaque banc. Et puis soudain, devant moi, comme une silhouette familière. La robe n’est pas bleue mais orange mais le même attrait est là. Tu marches et j’accélère, absorbée par cette tache orange, cette queue-de-cheval nouée dans un chouchou identique à celle d’Orly et ces mollets à nuls autres pareils. Oui, je n’ai pas vu ton visage, mais c’est toi. Et plus je me rapproche, plus mon cœur accélère. Et en même temps un sourire envahit mes lèvres : tu es là, en robe, en ballerines, le cou dégagé dans une référence symétrique à mon souvenir. Tu ne te souviens pas de moi mais le message que tu adresses est sans équivoque. Tu veux me plaire. Bientôt tu seras à moi me dis-je juste avant de t’accoster. Manon, tu t’es déjà donnée. Inconsciemment.



Je trouve le trait forcé et la marche trop rapide. Je sens le poids de l’éducation. J’ai envie de dire « Stop Manon, laisse tomber ton armure, regarde-moi, fais confiance à notre histoire. » mais tu ne peux pas l’entendre, pas encore. Alors je réponds une phrase sans risque :



Tu ne réponds pas et nous marchons vers les orangers. Depuis le demi-tour, chaque pas que nous faisons met en contact ma veste de costume et ton bras. Nous avançons côte à côte. À toucher. Et puis le silence est là entre nous, d’une terrible tension. Surtout ne pas le rompre. Que penses-tu en ces deux minutes qui nous séparent des orangers ? J’aimerais t’attraper la main et te serrer par les épaules mais je pense qu’il est encore trop tôt… Les orangers sont là, avec leurs innombrables fleurs blanches et l’odeur est envahissante. Sans rien dire nous nous sommes arrêtés et je me tourne vers toi. Pour la première fois tu me regardes et ce regard me trouble. Te souviens-tu de moi maintenant ? Comment me trouves-tu ? C’est le moment où tout va basculer. Les 5 minutes sont atteintes. Ou tu pars et je sais qu’il n’y aura pas de retour ou tu restes et tu t’abandonnes. L’intensité est énorme.



J’ai la gorge sèche en finissant ces mots et je sais que tout est joué désormais, toutes mes cartes sont sur la table et tu décides.



Je te regarde, encore incrédule et sans bouger. Tu es belle dans ce timide sourire que tu viens de m’octroyer pour la première fois. Et ce banc brille dans mes yeux et prend la forme d’un lit où ton corps s’abandonne. Mais déjà tu le rejoins et je te suis. Tu t’assois, croises tes jambes si érotiques et je m’assois contre toi. Il fait beau. Nous sommes seuls au monde. Tu regardes un peu au loin, perdue dans tes pensées, prête. Alors je me penche vers toi, passe un bras sur le dossier du banc dans le haut de ton dos et je t’embrasse.


Un baiser à peine effleuré d’abord et puis plus appuyé et bientôt dévorant. Nos lèvres se cherchent et se pincent et nos bouches s’ouvrent pour laisser place à des langues curieuses puis voraces dans un échange de salives si unificateur. Je sens ta peau, je sens ton souffle et pour la première fois ton parfum si léger envahit mes narines. C’est sensible la peau du visage. Je sais que ma peau pique autant que la tienne est douce et que ces joues qui se touchent font passer plus de messages que tous les mots. À fleur de peau. Au petit frisson.


Et puis ma main remonte sur ta nuque, au contact de tes cheveux, de cette queue-de-cheval. Je joue du bout des doigts sur cette zone si sensible et agace ton chouchou. Envie de libérer tes cheveux. Nos bouches ne se quittent pas. Ma main enserre maintenant ton épaule opposée et je te serre à moi. Je sens ton corps respirer à chaque inspiration. Tu es plus petite que moi, et ton épaule s’appuie sur ma poitrine. Tu pivotes un peu vers moi et de ma main droite, j’attrape ton mollet pour l’amener sur mes genoux. Premier contact avec ce mollet, à nu, sans bas. Tu frissonnes nettement et la chair de poule pique la peau de tes bras. Tu as maintenant tes jambes en travers de moi, sur mes genoux et ton baiser est fougueux, immense. J’ai, depuis que nous nous sommes dirigés vers ce banc, une érection qui ne cesse de forcir. Je sais que le désir est là, incontrôlable, irréductible. Je pense soudain que tu dois toi aussi mouiller et cette vision m’envahit d’une chaleur immense.

Sans doute as-tu senti tout cela en moi et au plus profond de toi car tu te redresses et me dis :



Et d’un pas preste tu files dans les allées ombragées alors que je reste assis, dans un état de bonheur et de frustration immenses. Et bientôt je me sens bête, de t’avoir laissé filer. On ne laisse pas partir une jolie femme qui vous a si bien embrassé. Je n’ai même pas ton téléphone…


Cette fois je n’ai pas attendu longtemps. À peine quelques heures d’après-midi et je t’envoie ce mail :


À vos côtés, le Palais Royal était baigné de lumière. Ce soir, à mon bras, Paris brillera de mille feux. Je vous attends, 22 h, au pied de Notre-Dame.


Les heures sont longues et pourtant je ne doute pas. Tu seras là. Une douche, un polo, un peu de parfum et je sors. Le vieux Paris est magnifique sous cette lumière des réverbères. Et Notre-Dame, si droite, si finement découpée, là devant moi. Je marche en évitant les touristes et les vendeurs de babioles. Je suis encore en avance. Et puis soudain, ta silhouette qui s’avance. Tu as changé de robe. Elle est bleu-nuit et une veste blanche légère l’accompagne.


Nous marchons l’un vers l’autre. Tu es belle, souriante. Plus nos pas nous rapprochent, plus on ralentit. C’est si magique l’instant de la rencontre. Et puis tu es là et je t’attrape par la taille et t’attire à moi. Nos langues se retrouvent dans une frénésie folle : elles avaient encore tant à se dire. Mais déjà je te prends la main et nous marchons vers l’île Saint-Louis, nous éloignant du tumulte touristique. L’île possède des rues plus calmes et surtout des parapets sur la Seine, comme une loge d’orchestre, un peu privative, ouverte sur la rivière où se mirent les façades des hôtels particuliers du 17ème siècle. La vue est belle, si romantique. Je te plaque sur la rambarde de pierre à côté d’un saule dont les branches pleureuses nous font comme un baldaquin. J’ai envie de te respirer, de me laisser envahir par ton odeur, de t’enserrer.


Tandis que nos bouches se retrouvent, je pèse de mon corps contre le tien. Je veux que tu me sentes, que tu sentes ce désir que j’ai pour toi, que tu sentes mon sexe tendu. Mes mains parcourent ton dos et s’amusent avec l’attache du soutien-gorge à travers le tissu de la robe. Elles te soulèvent un peu et te forcent bientôt à t’asseoir sur la rambarde. Je profite de ce mouvement pour t’écarter les jambes et m’insérer entre elle. Tu es assise désormais, les jambes ouvertes de chaque côté de mon corps dans une position suggestive. Mes mains s’enhardissent dans ton dos et après avoir joué de la nuque au soutien-gorge, descendent maintenant jusqu’au haut de tes fesses où elles découvrent l’élastique d’une culotte que bientôt elles agacent pour sentir le début d’un sillon.


Ces découvertes de ton corps, menu mais aux formes si modelées, sont un ravissement énorme. Je t’embrasse en maintenant ta tête contre la mienne de la main gauche pendant que d’un geste de la main droite je te rapproche du bord de la pierre : puis en me redressant un peu, j’appuie mon sexe bandé sur ton entrejambe. Je sens dans ta langue un moment d’interrogation mais je maintiens cette pression sur ta nuque et le baiser si enivrant repart. Je sais que tu sens mon sexe contre le tien et que cela ne peut pas te laisser indifférente. Je remue un peu pour provoquer ce frottement si délicieux et lorsque de désir tu m’enlaces de tes mollets pour serrer mes fesses avec tes pieds, j’éjacule dans mon boxer. Et d’un soubresaut ma jouissance t’atteint. Nos bouches se séparent et nos têtes se posent au creux de nos épaules. Tandis que sous les ponts de la Seine coule l’eau.


Peu de mots, mais de longues et sages caresses de nos mains. Je te murmure « Viens » et nous marchons. Nous vagabondons dans les rues du Marais, tantôt main dans la main, tantôt épaule contre épaule, tantôt séparés et nous nous sourions, nous sommes dans notre bulle. Nous parlons. De tout, de rien. De ce que nous aimons, de ce que nous voulons. Tu ris et moi aussi. Pour la première fois. C’est bon de rire ensemble. Il est minuit sans doute et lorsque le hasard nous emmène devant la devanture de l’hôtel de Reims, je te serre la main et te redis « Viens ! » Ton rire s’efface et tu deviens grave. « Ne sommes-nous pas tous un peu Cendrillon ? J’ai peur de perdre mon soulier si je ne rentre à temps… » Mais la résistance est surtout verbale et ma main ferme t’entraîne déjà à la réception où un veilleur de nuit, goguenard insiste en nous demandant si nous avons réservé et si nous avons des bagages. Son œil trahit sa pensée : il connaît ce genre d’arrivée impromptue et s’en délecte.


Quelques minutes qui paraissent interminables et enfin une clef et un ascenseur. Je te regarde alors que les étages défilent. Tu es songeuse. Tu es belle aussi quand tu es dans tes pensées. As-tu le vertige ? Qui sommes-nous l’un à l’autre ? Si peu et tellement. Tu vas te donner dans les bras d’un homme que tu n’avais jamais remarqué avant ce midi. Comment une femme comme toi, éduquée, élevée dans des principes, disposant d’une situation enviable, maîtrisant ses émotions, comment peux-tu te retrouver là, dans cet hôtel, face à ce veilleur de nuit minable et dans un ascenseur grillagé qui grince en montant lentement, avec un amant inconnu ? Oui vertigineux.


Je tourne la clef et nous rentrons dans une chambre propre, meublée avec goût bien que petite. Nous sommes en plein cœur de Paris. Tu te diriges vers la fenêtre et je te rejoins. Il faut que je retrouve cette tension. Je suis dans ton dos et embrasse ton cou. Tu te laisses faire. Alors mes mains s’accrochent à tes hanches et pour la première fois je caresse ton ventre. Doucement, délicatement, je remonte vers tes seins et soudain, sous le tissu de la robe, je sens l’armature. Alors tu te retournes vers moi, me souris et m’embrasses de tes lèvres délicates. Tu prends ma main d’un geste élégant, m’emmènes vers le lit où tu t’allonges sans même ôter tes ballerines. Je suis debout et te regarde allongée. « Manon, tu es belle. J’ai envie de toi. » et sans attendre tu réponds « Moi aussi je te veux. »


Mes mains ont désormais carte blanche. Tu es allongée et tu ne te relèveras pas. Elles parcourent ton corps, tes bras d’abord et puis ton ventre et remontent vers tes seins. Nos yeux ne se quittent pas et guident nos gestes tandis que nos respirations trahissent les émotions ressenties. J’effleure le tissu sur ton sein, que je sens pour la première fois, petit, mais sensible avec un téton bien marqué. Et puis ton autre sein et le premier et les caresses qui s’enchaînent et tes soupirs. Je redescends, ton ventre et puis je me recule et ma main caresse désormais tes mollets, à nu. Ta peau au grain si doux et ce galbe parfait, arrondi que mes mains effleurent avec envie. Une cheville et délicatement j’enlève ta ballerine gauche puis la droite. Tes pieds se dévoilent à moi, et je les masse en appuyant longuement sur la voûte. Tes ongles sont vernis, rouges. Une sensualité irrésistible émane de tes jambes et de tes pieds. Quand lentement je remonte vers toi, je vois que tu as fermé les yeux et que ta respiration est rapide. Je te retourne sur le ventre et reprends mes caresses, méthodiques : ton dos, le haut de tes fesses et puis tes fesses que je trouve fermes et magnifiques. Un cul de jeune femme si attirant.


Je descends lentement la fermeture Éclair de la robe qui découvre ton dos et une agrafe de soutien-gorge en dentelle noire. Je la dégrafe et caresse longuement ce dos nu et libéré, accroupi sur le haut de tes cuisses tandis que tu ondules sous moi, la tête dans l’oreiller. Alors que je sens monter en toi doucement le plaisir, je te retourne sur le dos. Tu gis dans ce lit, les jambes légèrement repliées sur le côté, indolente et offerte. Je me glisse au sol sur les genoux et t’attire à moi. Tu as les jambes pendantes de chaque côté de moi et, soulevant le bas de ta robe que je remonte jusque sur tes hanches, je découvre tes cuisses et un joli tanga en dentelle noire assortie à celle du soutien-gorge.


D’un geste je plonge ma tête sur cette dentelle trempée et le contact de mes lèvres avec le tissu te cabre et ramène tes cuisses autour de ma tête. Tu es dans un état de tension maximum alors que je hume tes effluves et cette mouille et que mon nez et mes lèvres agacent ce tissu au travers duquel je sens le renflement de ton pubis. Ta main est posée sur ma tête et la guide et l’appuie. Tu en veux plus. D’un doigt, j’écarte la dentelle et, ouvrant la bouche, j’aspire ton clitoris érectile et gorgé. Je le suce et l’aspire et ma langue parcourt le sillon de tes lèvres, se délectant de ce jus abondant qui sort de cet abricot magnifique. Elle s’immisce puis remonte happer ce clito. Et alors que de la main gauche, j’insère un doigt dans ton vagin, je sens une contraction t’envahir, tes jambes m’enserrer puissamment, ton ventre se serrer et ton buste se relever. Une série de spasmes t’anime accompagnée d’un feulement soupiré entrecoupé de petits cris étouffés et de « oui, oui, ouiiiiiii » sans ambigüité. Tu as joui et ton corps est maintenant inerte.


Je te contemple, les yeux fermés en train de récupérer de cet intense moment. Et quand tu les rouvres, tu me dis dans un baiser « Merci, c’était délicieux. » Tu me pousses alors sur le dos en t’accroupissant sur le lit. À califourchon sur moi, les yeux fixés dans les miens, tu enlèves alors ta robe puis fais tomber le soutien-gorge et me dévoiles enfin tes petits seins. Ils sont fermes, une large aréole et un téton foncé, dressé, fier. Je les attrape aussitôt et les pince. Mais tu ne me laisses pas continuer. Tu as une autre idée et t’attaques aux boutons de ma chemise puis à celui de mon pantalon et méticuleusement, lentement, tu ôtes tous mes vêtements jusqu’à mon boxer en me charriant sur l’humidité qui le remplit. Je t’attrape et t’enlace. Poitrine contre poitrine, je sens ton cœur battre. Seule la petite dentelle noire de ton shorty empêche nos sexes de se toucher.


Mon érection est puissante et j’ai envie de te pénétrer. Mais tu t’échappes et glissant vers mon sexe tu me dis « Je veux te goûter d’abord, j’en ai tellement envie… » Lentement tes lèvres enlacent de petits bisous ma verge tendue : tu joues avec le bout du gland, descends sur la hampe et aspires mes boules. Tes doigts se joignent en caresse et découvrent bientôt, d’un mouvement de main appuyé, mon prépuce où je sens perler une goutte de désir. Mais déjà tu aspires cette verge brûlante et l’avales et la suces dans une frénésie irrésistible. Ta tête fait d’amples mouvements que ta langue amplifie encore de petites caresses. Je me sens aspiré, pompé, léché dans un terrifiant tourbillon de plaisir. Mon sexe gonfle et se tend à l’extrême dans ce mouvement si caractéristique d’une éjaculation imminente. J’empoigne tes cheveux et ta nuque, et force cette bouche si délicieuse : je veux être profond dans ta gorge. Et tandis que je bute sur ton palais, ton haut-le-cœur vient arracher un dernier appel à mon plaisir et d’une saccade violente, j’inonde ta bouche de jets chauds. Tu avales cette semence si spéciale et nettoies mon sexe alors que je repose immobile, repus, béat. Et tandis que tu viens t’allonger contre moi, tu me murmures :



J’ai soif et vais vers le minibar. Une mignonette est là, fraîche et pétillante. Nous la buvons au goulot en rigolant. Je verse du breuvage entre tes seins, et tandis que tu râles en frissonnant à cause du froid, je viens le lécher. Ta peau est belle, douce, bronzée, d’un fin duvet. Cette sensualité entre mes lèvres et ta peau provoque une nouvelle érection. Le désir est là. Brûlant. Merveilleux. Et je sais que tu es excitée aussi. Tes yeux brillants, tes airs de midinette minaudant, ton abandon nue dans ce lit, tes mains qui caressent tour à tour mon dos ou mes bras ou le haut de mes fesses. Oui, tu es excitée comme une chatte en chaleur. Je t’embrasse et nos langues se retrouvent. Mes jambes s’immiscent entre les tiennes et pour la première fois je sens mon sexe contre le tien. Sans tissu. Je frotte ma verge dure contre ton clito et puis ta fente. Tu es trempée et je sens que j’écarte tes grandes lèvres à chaque mouvement. Mais je veux que tu m’implores de te pénétrer. Que tu le réclames. Alors je fais durer en agaçant ton bouton et à chaque ondulation de ton bassin, je me recule un peu pour éviter de te pénétrer. Pas encore. Nos corps se frottent et leurs odeurs et leurs sueurs se mêlent dans un échange érotique et torride. La respiration est de plus en plus saccadée et tes mains s’agrippent à mon dos de plus en plus fort.



Les mots crus nous excitent. Tu les dis dans des souffles, une voix plus grave que la tienne. Et sur le « Baise-moi », d’un coup de reins puissant je m’enfonce en toi, trempée et dégorgeant de désir. Je donne quelques coups de reins, imprimant mon bassin à fond contre le tien. Je sens ta matrice enserrer mon sexe et nos chairs mêler leurs plus secrètes intimités. Tu remontes tes jambes autour de ma taille et croises tes pieds dans mon dos, soulevant ainsi ton bassin et ramenant ton sexe au plus près du mien. La pénétration est profonde, intense, magique. Tu bouges tes cuisses, cherchant à t’agripper au plus près et, à chaque mouvement, ton vagin imprime des contractions à mon sexe. Tu ne respires plus, tu geins et tes cris rapprochés et tremblants annoncent l’orgasme foudroyant qui te submerge. Je me redresse et admire ton visage alors que tu jouis et que cette couleur rosée, si caractéristique de la chaleur orgasmique, envahit tes joues, ton cou et ta gorge.


Je te laisse récupérer quelque peu et desserrer ton étreinte pour reprendre mes va-et-vient. Je sens que le plaisir monte en moi. Je te retourne sur le dos et t’oblige à te mettre à quatre pattes. Je contemple tes fesses et les caresse. De ma main ferme, je t’impose de baisser le buste et tu te retrouves la tête dans l’oreiller, les fesses en l’air. Le spectacle est incroyable et obscène. Tu es offerte dans cette position de levrette, le sexe encore béant et dégoulinant du précédent orgasme et ton trou du cul, petit, plissé qui me regarde malicieux. Je n’y tiens plus et après avoir pris appui sur tes hanches, je te pénètre d’un coup et fais claquer mon ventre contre tes fesses dans un mouvement régulier et fort : mon sexe entre au fond de ton vagin et se retire au bord de tes lèvres, frottant mon gland contre tes lèvres dans une sensation croissante de plaisir. À chaque coup de reins, tu pousses un cri, désormais sans retenue, juste étouffé par la couette que tu as agrippée. La pipe précédente a augmenté mon endurance et je profite de ce moment pendant de longues minutes jusqu’à ce que soudain, je me penche vers toi, attrape tes deux seins à pleines mains et explose de jouissance, profondément en toi alors que nous nous écroulons et qu’un nouvel orgasme t’envahit.


Nous restons longtemps enlacés et sages dans ce lit froissé. C’est bon, la détente amoureuse après l’orgasme. Tu me parles et je te parle. On se découvre par les mots après s’être découverts par la peau.

Il fait nuit depuis longtemps quand nous quittons l’hôtel. Il faut se séparer. Nous le savons. Ta main se tient à la mienne et puis nos doigts et un dernier baiser et plus rien. Je regarde ces jambes magnifiques qui te portent et t’éloignent. Tu es belle Manon. Dire que je n’ai même pas ton téléphone…