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Temps de lecture estimé : 11 mn
11/10/16
Résumé:  On peut être les meilleurs amis du monde et, un soir, coucher ensemble.
Critères:  fh jeunes amour fellation cunnilingu pénétratio fdanus fsodo init nostalgie
Auteur : André 59  (fidèle en amour mais je suis un indécrotable nostalgique)
Pour elle

Pour elle.


J’avais quinze ans, bientôt seize et la puberté me jouait un sale tour. L’adorable petit garçon que j’avais été mutait. Non seulement j’avais perdu ma blondeur mais Mère Nature avait trouvé fort amusant de m’affubler d’une myopie galopante m’obligeant à porter des lunettes aux verres épais comme des culs de bouteille, et ne parlons pas de l’acné. Au milieu de l’atmosphère sexuelle plutôt libérée de ce début des années 80, je ne partais pas vraiment du bon pied dans le « grand rut universel » chanté par les poètes et la grande danse de la séduction et de l’amour.


Je venais d’entrer en Seconde et j’étais inscrit en lettres classiques, latin-grec. Pas facile pour moi car ma classe était presque entièrement composée de filles. Ah les années 80 ! Petites jupes et talons hauts, chemisiers ouverts laissant deviner un soutien-gorge à dentelles, rires en cascade dans les couloirs et les escaliers, bouffées de parfum délicats en entrant dans la salle. Mes jolies camarades de classe constituaient un remède à la morosité… et une terrible tentation pour le flot d’hormones qui m’inondait. Je n’ose imaginer le nombre de fois où je me suis réveillé dans la nuit après une étreinte torride et purement imaginaire mais dont le résultat tangible avait inondé les draps. J’étais mortifié à l’idée que ma mère puisse voir ça et ravi de constater que mon appareillage fonctionnait. Simplement, il tournait à vide. J’étais le bon copain, le garçon sérieux, l’élève modèle, mais de là à sortir avec moi…


Cependant, mes condisciples m’aimaient bien d’où des invitations régulières à toutes les « boum » données. Et c’est là qu’un beau jour d’avril 1981, elle apparut. Pour ne plus jamais me quitter. Son prénom ? Je ne vous le donnerai pas, sachez simplement qu’à mes yeux elle fut la plus jolie fille de la soirée. C’était le coup de foudre. J’ai toujours adoré les grandes blondes aux yeux bleus, c’était une brune aux yeux noisette. Ses cheveux bouclés tombaient en cascade sur ses épaules et elle se tenait sagement sur le côté, dans une petite robe bleue alors que la plupart des filles ondulaient sur un air de Police.


Pas très grande donc mais très bien faite, avec un port de tête élégant, des seins un peu écartés, une taille fine, des mains délicates. Un joli sourire à fossettes. J’étais sous le charme. Elle aussi tomba amoureuse ce soir-là, mais d’un autre. Beau comme un jeune dieu, le salaud. Du coup, mon supplice commença car il s’agissait d’un très bon copain, nous étions proches et souvent ensemble. On formait un excellent binôme au travail, lui était plutôt scientifique, moi littéraire. Comme elle était dans une autre classe, elle nous rejoignait à l’issue des cours à chaque demi-journée. Parfois, il m’arrivait, à sa demande, de lui tenir compagnie dans la cour en attendant que son petit ami arrive. Alors que nous étions en classe de Première, elle me demanda même de l’accompagner à une soirée de Nouvel An. Il ne pouvait pas venir. Ainsi, elle ne serait pas importunée par des dragueurs un peu lourds. Même si elle s’en défendait, elle savait qu’elle était ravissante.


La fête avait été très agréable, elle ne m’avait quitté que de rares instants pour discuter avec des copines ou boire un verre et lors des slows, la chaleur de son corps me laissa imaginer ce que devait ressentir son copain quand ils étaient ensemble. J’aurais dû être flatté mais j’avais plutôt l’impression d’être l’eunuque de service, le gardien du harem qui protégeait la favorite du Sultan. Elle me considérait comme un type inoffensif, ce qui voulait dire qu’elle n’imaginait même pas que je puisse avoir envie d’elle. Vexant. Ou bien était-ce un jeu un peu cruel qui la rassurait sur sa capacité de séduction ? Depuis, je suis devenu prof, et je remarque parfois chez mes élèves ce manège ambigu entre garçon et fille, et je reconnais à coup sûr celui qui restera à jamais le bon copain tout en étant prêt à mourir pour elle s’il le fallait.


J’étais devenu son confident. Et plus le temps passait, plus j’avais envie de coucher avec elle. La nuit, je la voyais nue entre mes bras, le matin je l’imaginais en train de se caresser dans sa salle de bain. J’aurais vendu mon âme au diable pour un moment où elle se serait donnée sans limites ; et après, je voulais bien être damné pour l’éternité. Mais Faust n’est qu’un mythe et tout cela était bien dérisoire. Le résultat fut qu’à dix-huit ans, j’étais encore seul, et puceau qui plus est, mais peu m’importait. C’est elle que je voulais et elle seule. Elle est restée avec lui trois ans et puis, à la fin de la terminale, ils se séparèrent. Elle était partie en voyage linguistique à l’étranger et là-bas, elle avait couché avec un autre. Ce n’était pas moi, hélas.


Trois années supplémentaires passèrent, j’avais désormais vingt-et-un ans, bientôt vingt-deux. J’étais parti en Prépa, puis à la fac. J’allais bientôt faire mon service militaire. J’avais fantasmé sur d’autres filles, m’étais laissé pousser la barbe, avais fait un peu de sport mais je pensais toujours à elle. Je l’avais vue de loin en loin car notre bande de copains se réunissait toujours. De fait, je connaissais son parcours. Depuis sa rupture, elle avait eu une vie sentimentale plutôt chaotique, alternant les histoires d’amour impossibles. Et moi, j’avais le cœur en morceaux de la voir passer sans s’arrêter. Pour elle, j’avais décliné une offre sans ambiguïté que me faisait une camarade de promo. Toujours puceau. Cela devenait absurde. Je faillis même me battre, pour la première fois de ma vie, après avoir plaqué contre le mur d’un couloir de la fac un type de ma connaissance qui s’était permis une réflexion à son sujet. Dégoûté, je songeais sérieusement à partir continuer mes études ailleurs. Et puis un jour, je découvris que Dieu existe. Ou le destin, comme vous voudrez.


Un soir de décembre, alors que je revenais en famille pour les vacances de Noël, le téléphone sonna. Ma petite sœur me passa le combiné en souriant. C’était elle. Elle était seule et me demandait si je voulais lui tenir compagnie pour la soirée. Je bondis dans ma voiture (ou plutôt celle de mon père) tout en me disant que j’étais encore désigné par le sort pour lui servir d’épaule secourable. Une bonne séance de masturbation réglerait le problème à mon retour.


Je sonnai. Elle ouvrit la porte. Seigneur, qu’elle était belle ! Elle était née à la toute fin de l’année et n’avait pas encore fêté ses 21 ans. J’avais envie de la presser dans mes bras. J’aurais voulu être un chevalier offrant sa vie, son cœur et ses armes à sa dame mais en fait de cheval blanc, j’arrivais en R5. Quant aux armes, tout ce que je pus déployer, c’est balbutier un timide bonsoir, lui offrir une fleur et lui appliquer deux bises sur la joue. On peut dire que ça commençait bien. Elle m’amena dans le salon familial. Ils étaient tous partis en week-end en Espagne. Elle avait la maison pour elle. Nous fîmes un dîner improvisé sur un coin de table, parlâmes de nos « années lycée », de nos espoirs professionnels et de nos déceptions, surtout sentimentales. Et c’est là, au détour d’une phrase, que la foudre me tomba dessus.



C’était une invitation ou bien je rêvais. Il paraît qu’une vie peut basculer en une seconde. Tout dépend de la décision que l’on prend. Alors tant pis pour le ridicule. Je lui ai avoué que j’avais envie d’elle depuis la Seconde, depuis la première fois où je l’avais vue. Certains avaient dit des choses dégueulasses sur elle ? En fait, je m’en foutais, je l’aimais depuis des années et j’emmerdais la terre entière. Bref, je ferai ce qu’elle voudrait. Bon, d’accord, pas terrible comme réplique, j’avais l’impression d’être dans un mauvais roman-feuilleton. Dans une minute, j’allais être raccompagné à la porte avec un sourire navré et une bise. Elle se leva et prit ma main, posa délicatement ses lèvres sur les miennes.



Elle m’amena à l’étage dans sa chambre.



La question-piège, mais prononcée avec une douceur angélique.



Ses yeux pétillaient de malice.



Elle parlait à un converti. Le sexe pour moi, c’était une religion, mais si j’étais croyant, je n’étais guère pratiquant. Elle commença alors à se déshabiller. C’était la première fois qu’en dehors de la piscine ou de la plage, je voyais une fille en petite tenue d’aussi près, d’autant plus que c’était à mon usage exclusif. Elle ne portait plus qu’un mini short et un caraco de soie, c’était fou !



Bien sûr qu’elle me plaisait.



Quelques secondes plus tard, j’étais en caleçon et tremblant d’émotion dans son lit. Pas de doute, j’étais bien puceau. Elle prit les choses en main, dans tous les sens du terme. Mon initiation aux mystères du sexe débutait enfin.

Elle me demanda si je voulais qu’elle enlève ce qu’elle portait encore. Vous imaginez ma réponse. Maintenant elle était complètement nue. Elle s’étendit sur moi, fit glisser mon caleçon et commença à me caresser. Peu à peu, les frissons que je ressentais s’arrêtèrent. Sa toison pubienne frottait contre ma cuisse, ses seins caressaient ma poitrine, elle ne disait rien, je sentais juste les fragrances de son parfum. Sa tête au creux de mon épaule, elle fit descendre lentement sa main vers mon bas-ventre et entama des petits mouvements de poignet. Je m’étais souvent masturbé en pensant à elle mais là, ça n’avait rien à voir. Ce n’était pas une vulgaire branlette, la sensation de la paume de sa main était bien plus douce.


Le résultat ne se fit pas attendre et avant d’avoir pu la prévenir, je me mis à jouir à grandes saccades. Quelques gouttes de sperme atteignirent même ses cheveux. Elle ne put s’empêcher de rire. Elle me dit que les filles qui n’avaient pas voulu de moi étaient des idiotes et que bientôt, c’est en elle que j’allais venir. Mots magiques. Elle me voulait dans son corps. Je la caressai avec adoration et il ne fallut pas longtemps pour que je manifeste une nouvelle érection. À ma grande confusion, elle commença par me prodiguer une fellation aussi douce qu’appliquée. Elle agaça d’abord mon gland avec le bout de sa langue puis, lentement, très lentement, avala ma verge, montant et descendant tout en douceur. Je savourai chaque seconde de cette caresse tout en souhaitant que cela ne s’arrête jamais mais elle s’interrompit et revint se pelotonner contre moi.


Elle ouvrit alors ses cuisses, merveilleusement douces, et en guidant mon sexe vers sa fente, elle me demanda de venir et me fit entrer en elle. Paupières baissées, elle ondulait sous moi, en poussant de petits gémissements. C’était serré, moite, chaud, accueillant. Rien à voir, encore une fois, avec les descriptions tristes et gluantes des romans ou des films pornos. J’y étais enfin. Deuxième orgasme. En avait-elle eu un ? Je n’en étais pas sûr. Je n’osai pas lui demander. Mais au sourire qu’elle arborait, tout allait bien. Nous nous sommes endormis un moment, emboîtés l’un dans l’autre.


En me réveillant au petit matin, j’arborai à nouveau une érection fort convenable. Désormais, au diable la timidité, j’entendais prendre l’initiative. Elle dormait encore (ou faisait semblant) mais je commençai un cunnilingus endiablé, titillant son clitoris avec ma langue. Un petit gémissement me montra qu’elle prenait du plaisir, incontestablement. Mes doigts en même temps s’enfonçaient dans son sexe. Puis je lui en enfilai un dans l’anus sans qu’elle proteste. J’en voulais plus encore. Je la retournai. Elle se mit à quatre pattes sur le lit, posa sa tête sur un oreiller.



Là-encore, elle me guida pour entrer en elle. Je la tenais aux hanches mais mes mauvais instincts commençaient à prendre le dessus. Genoux bien plantés dans le matelas et cuisses écartées, elle m’offrait une vue magnifique sur sa raie et surtout je voyais nettement apparaître son petit trou. Alors pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ? Elle m’avait donné sa bouche et son ventre cette nuit, je voulais terminer en apothéose ce matin. Je n’avais guère pratiqué mais j’avais beaucoup lu. Le marquis de Sade, Anaïs Nin ou Apollinaire avaient nourri un imaginaire érotique que je comptais bien enrichir… et appliquer.


Quand je mis mon sexe entre ses fesses et poussai, elle cria mais ne chercha pas à se dégager.



Elle inspira profondément et creusa les reins. Je vis ses doigts se crisper sur les draps alors que je m’enfonçai en elle, les muscles de ses cuisses se tendre pendant que sa corolle cédait peu à peu sous la pression de mon sexe dur comme du bois. Je sodomisais ma meilleure amie, la fille de mes rêves et je pensais à mes copains de prépa qui me surnommaient « le moine ». Ma sainteté en prenait un coup. Elle me laissa opérer mes va-et-vient, puis elle passa une main entre ses jambes, caressa mes bourses, et j’émis la plus belle libération de sperme de ma vie. L’affaire n’avait pas duré dix minutes. Cela avait été le pied absolu mais je n’étais quand même pas très fier de moi, partagé entre la honte de l’avoir fait par surprise et le plaisir. Elle s’en aperçut, m’embrassa. Elle m’avoua qu’elle n’aimait guère pratiquer la sodomie mais mon excitation l’avait flattée et elle n’avait pas voulu me blesser en me repoussant. Elle se rendormit doucement à mes côtés.


Après avoir rouvert les yeux au milieu de la matinée et pris ensemble une bonne douche (ce qui me permit de jouir enfin – et une dernière fois – dans sa bouche) nous fîmes le point. Je voulais lui redire que l’aimais. Elle posa aussitôt un doigt sur mes lèvres.



Elle m’apprit qu’elle allait partir, à la fin de la semaine, pour un semestre d’études à l’étranger afin de compléter sa formation en droit. Ce qu’elle m’avait offert était en somme un beau cadeau d’adieu. Demain, nous allions reprendre nos vies respectives et notre propre chemin. Je poussai un gros soupir en disant que c’était elle qui était la plus raisonnable. Elle me fit un petit signe de la main lorsque je partis après le déjeuner, accompagné d’un sourire à faire fondre un iceberg.


Maintenant, finies les conneries, me dis-je, il était temps de grandir et d’accepter la réalité. Mes parents ne firent pas de remarques sur mon retour tardif, j’avais quand même passé l’âge de la permission de minuit, mais l’air amusé de mon père me fit comprendre qu’il était content de voir son grand dadais de fils enfin déniaisé.


Peu de temps après, je partis à l’armée. Les mois passèrent. À l’occasion d’une permission, je rencontrai par hasard sa sœur (aussi belle qu’elle d’ailleurs) qui m’apprit qu’elle avait rencontré un étudiant en architecture. Je ne la revis que pour ses noces deux ans plus tard, noces auxquelles elle m’avait bien sûr invité. Elle était radieuse, magnifique, la mariée est toujours belle mais là, que pouvais-je dire d’autre ?


À la table d’honneur, j’étais juste en face d’elle et après l’ouverture du bal avec son mari, c’est moi qu’elle invita. Je la fis valser en essayant d’imprimer dans ma mémoire tous les détails de ce moment. C’était la dernière fois que je la prenais dans mes bras. Le lendemain, je demandai une mutation le plus loin possible de ce sud-ouest que j’avais désormais en détestation. Je ne l’ai plus jamais revue. Trente ans ont passé. Je suis devenu archéologue et enseignant. J’ai fait d’autres rencontres, j’ai voyagé et j’ai fait des enfants. Et pourtant, il ne s’est pas passé un jour sans que je repense à elle. Peut-être qu’un jour, justement, je reviendrai dans le Sud. Je pourrais donner une conférence à l’occasion de la sortie d’un de mes livres. Peut-être même sera-t-elle là, dans les premiers rangs du public. Même regard, même élégance, même sourire malgré les atteintes du temps. Je sais alors que mon cœur battra à tout rompre. Pour elle et à jamais. Mon amie, mon amour, mon obsession.