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n° 17603Fiche technique16572 caractères16572
Temps de lecture estimé : 10 mn
18/10/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Quand une offre d'emploi paraît trop alléchante et qu'en plus la nana chargée du recrutement est sublime... y'a un loup !
Critères:  nonero laid(e)s délire fantastiqu
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message

Série : Le réveil de l'indicible

Chapitre 02
La métamorphose du vampire

Cette série est assez particulière. Les épisodes semblent tous indépendants les uns des autres, et pourtant… Il s’agit de la collecte de différents témoignages bien réels que j’ai commencé à recueillir il y a plus de deux ans déjà. La plupart des protagonistes ont disparu sans laisser de traces.


Je l’ai appelée « Le réveil de l’indicible » parce que, chacun de nous le sent bien, des forces inconnues et malfaisantes sont actuellement à l’œuvre sur notre planète et tentent de la recouvrir d’un manteau d’angoisse et d’effroi. La race humaine y survivra-t-elle ? Je l’espère de toutes mes forces, mais ces dernières s’amenuisent chaque jour un peu plus au fur et à mesure des témoignages que je reçois.


Certains me reprocheront peut-être d’aider cette peur à se propager ; mais que faire d’autre, en réalité ? Vous pouvez choisir d’ignorer ces événements ; ce serait sans doute faire preuve de sagesse. Mais la sagesse humaine, je le crains, n’aura bientôt plus de sens.


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Chers lectrices et lecteurs,

Je viens de recevoir ce mail ; j’ignore s’il émane d’un petit plaisantin ou si tout cela est sérieux. Je vous le livre tel quel…


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J’écris dans le noir de ma chambre, à la lueur d’une simple bougie afin qu’ils ne me trouvent pas. Pas tout de suite. Il me faut un peu de temps, suffisamment pour écrire et raconter l’abominable vérité et les événements dont je fus le témoin ces dernières semaines. J’espère que ce mail partira avant qu’ils ne me retrouvent… Il me faut du temps, juste un peu de temps. Peut-être ai-je encore le temps de fuir. Mais où pourrais-je désormais me sentir en sécurité ? Ils sont partout, n’en doutez pas !


Si vous décidez de prendre le relais que je vous passe dans ma lutte contre les forces des Ténèbres, sachez que vous non plus, vous ne pourrez plus jamais dormir d’un sommeil paisible. Mais que faire d’autre ? Ignorer la réalité et attendre dans une confortable insouciance l’extermination complète de l’Humanité ? Ou pire encore, que cette dernière soit réduite à un éternel esclavage sous la domination de forces chaotiques ? Je n’ai pas eu le choix, et si vous décidez de lire ce qui suit, vous ne l’aurez plus à votre tour.


Il y a cinq semaines environ, je répondais à une offre d’emploi qui proposait un travail épanouissant et un salaire conséquent de 4 000 euros par mois plus des primes. Aucun diplôme n’était demandé. Les postulants étaient invités à une conférence de présentation dans un grand hôtel de la banlieue de Tours.

Ce genre d’annonce alléchante est la plupart du temps une arnaque, mais étant financièrement aux abois et quasiment en fin de droits, je décidai de m’y rendre. Rien ne m’obligeait à accepter si le job ne me convenait pas.


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Deux cents personnes environ avaient répondu à l’annonce. Deux cents clones vêtus comme on peut se l’imaginer de costumes sombres et cravatés convenablement. Nous étions réunis dans la salle de réception et assis devant une estrade sur laquelle un homme grand et bien bâti, de type égyptien, fit son apparition, entouré de trois superbes jeunes femmes. Une Asiatique au regard noir et aux lèvres rubis, de tout petits seins que son bustier mettait cependant en valeur, et de longues jambes, fines et délicates. Une magnifique Africaine aux formes voluptueuses que ne pouvait cacher le tailleur strict qu’elle portait, et une Américaine à la chevelure flamboyante, plus quelconque en apparence mais de laquelle émanait un magnétisme fascinant.


On commença par nous passer un petit film d’environs dix minutes relatant les grands moments de la conquête spatiale. Il se terminait par l’évocation des ressources naturelles de notre planète qui diminuaient sans cesse tandis que ne cessait d’augmenter la population. La solution : la colonisation de Mars. Fin du film. Silence absolu dans la salle. L’homme prit alors la parole :



L’offre était alléchante, en effet. Il s’agissait de démarcher les grands groupes industriels français afin d’obtenir des contrats de partenariat, de trouver des mécènes, etc. Salaire : 4 000 euros par mois, plus les frais de déplacement, les frais d’habillement, et des primes au pourcentage pour tout contrat dépassant le million d’euros. J’étais sur un nuage… Il fallait que je réussisse l’entretien qui allait suivre.


Les candidats volontaires (nous l’étions presque tous) reçurent chacun un numéro. J’avais le 46. Ce fut la sublime créature asiatique qui me reçut dans un petit bureau à part. Je donnai mes références, parlai de mon ancien boulot d’agent immobilier, et finis par lui dire en souriant que… j’étais sans doute un bon à rien, mais que j’étais prêt à tout. Elle aussi sourit, découvrant une rangée de petites dents blanches parfaitement alignées. Elle était vraiment magnifique, et je me demandai laquelle des trois beautés présentes leur boss se tapait. Les trois sans doute, pensai-je, résigné…


Après l’entretien, on me demanda d’attendre dans une petite pièce attenante. L’attente fut longue, environ tout l’après-midi. À mon arrivée, deux personnes attendaient déjà. Quatre autres nous rejoignirent, puis on revint nous chercher tout les sept. Nous retournâmes dans la salle de réception où une table et des couverts nous attendaient. Tous les autres candidats étaient partis. Le boss reprit la parole :



Repas délicieux qui se prolongea tard dans la soirée. À plusieurs reprises je regardai ma montre, discrètement pensais-je, mais rien décidément n’échappait à l’attention de notre hôte.



Je n’en croyais pas mes oreilles ! Je regardai l’Asiatique en question et je compris au sourire qu’elle me rendit que la soirée risquait de se prolonger au-delà de toutes mes espérances.


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Arrivé devant ma porte, je proposai à Kwan Lee de monter prendre un verre. Cela pouvait passer pour une marque de politesse pour m’avoir raccompagné, même si j’espérais beaucoup plus. Durant tout le trajet du retour, elle m’avait bien fait comprendre que mon côté baroudeur sans état d’âme l’attirait énormément. Elle accepta, et nous nous passâmes d’un commun accord du dernier verre. Jamais on ne m’avait fait l’amour comme elle me le fit ce soir-là ! Elle prit rapidement les choses en mains. Elle était dotée d’une énergie et d’une force incroyable pour un corps en apparence aussi frêle. Je ne tardai pas à jouir et à tomber épuisé dans un sommeil de plomb.


J’ouvris les yeux au milieu de la nuit. J’entendais Kwan Lee respirer doucement derrière moi. Je me retournai, et là, je fus frappé d’horreur. Comment décrire la vision cauchemardesque qui s’offrit alors à moi ? Baudelaire, je crois, semble l’avoir fait un siècle auparavant :


Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,

Et que languissamment je me tournai vers elle

Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus

Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !


Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante…


… et je perdis connaissance.


Lorsque je revins à moi, Kwan Lee était penchée au-dessus de ma tête et me regardait avec douceur. Elle était telle que je l’avais toujours vue durant la journée.



Elle me quitta au petit matin. Elle devait participer à d’autres recrutements un peu partout en France et ne serait pas libre avant le week-end prochain si tout allait bien. Elle promit de me tenir au courant.


De mon côté, j’allais devoir attendre durant une longue quinzaine de jours que soit terminée l’enquête de respectabilité. Je décidai d’essayer d’en apprendre un peu plus sur ce projet « Mars 2040 » pour lequel j’allais devoir travailler d’arrache-pied. Le site internet n’apprenait pas grand-chose… Siège social situé au Caire (ce qui confirmait l’origine égyptienne du boss), quelques descriptions du fonctionnement des colonies envisagées, quelques photos et schémas des vaisseaux spatiaux censés faire la navette entre Mars et la Terre, une page réservée à l’appel aux dons, une interview d’un ponte de la NASA expliquant l’intérêt du projet… Bref, rien de transcendant.


[…] je ne vis plus

Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !


Ces vers appris par cœur durant l’adolescence ne cessaient de me revenir en mémoire. Tirés de La métamorphose du vampire de Charles Baudelaire, ils décrivaient à la perfection la vision qui avait été la mienne la nuit précédente. Un malaise indicible m’avait envahi ; une boule au ventre, une impression de terreur incontrôlable totalement déraisonnable s’étaient emparées de moi. Je me souvins que Lovecraft avait décrit avec précision ce genre de malaise dans ses romans et dans ses nouvelles. J’avais plus de dix ans auparavant acheté un énorme livre regroupant ses œuvres complètes. Je le cherchai dans ma bibliothèque, mais fus incapable de remettre la main dessus.


Je décidai donc d’effectuer une nouvelle recherche sur Internet en tapant certains mots-clefs sur mon ami Google : Baudelaire – Vampire – Lovecraft ; pas grand-chose… sinon rien. Nouvel essai. Égypte – Vampire – Lovecraft : un article sur Nyarlathotep, le chaos rampant capable de prendre l’apparence humaine afin de tromper les hommes, et, entre autres, celle d’un… pharaon. Il est accompagné de serviteurs parmi lesquels on trouve des « Horreurs chasseresses ». Un frisson d’horreur absolue s’empara à nouveau de tout mon être.


Un whisky plus tard, je dédramatisais en récapitulant. J’avais quoi ?


Un Égyptien recherchant des fonds pour coloniser Mars, trois femmes sublimes qui l’accompagnaient dont une venait de coucher avec moi, et un cauchemar inspiré par un poème de Baudelaire… Rien à voir avec les délires d’Howard Phillips Lovecraft, à moins de décider de vivre à l’ombre de fantasmes plus ou moins tirés par les cheveux. J’allumai la télévision pour regarder les infos.


DRAME DANS LA BANLIEUE DE TOURS – Joël Borstein, représentant de commerce au chômage, vient d’être retrouvé dans son appartement, le corps déchiqueté et totalement vidé de son sang.


Une photo apparut ; je déglutis difficilement : il faisait partie des sept de la veille. Non, ce n’était pas possible… Je tentai de me rappeler ce qu’il avait pu dire ou faire au cours du repas du soir. Et, oui, je l’avais vu draguer sans complexe la rousse Américaine qui semblait ne pas être indifférente à ses avances. Coïncidence ? Tremblant des pieds à la tête, je décidai d’en savoir plus.

Je tentai d’appeler Kwan Lee, mais je ne tombai que sur son répondeur. Je réessayai plusieurs fois au cours de la journée et de la soirée… Rien.


Je restai ainsi dans l’angoisse et l’incertitude jusqu’au vendredi soir lorsque je reçus un SMS m’informant que Kwan Lee ne pourrait me rejoindre ce week-end, mais qu’elle serait libre le prochain, après leur dernière conférence au Hilton de Paris. J’essayai immédiatement de l’appeler, mais une fois de plus je n’eus droit qu’à son répondeur.

Ma décision était prise : je devais savoir !


Au cours de la semaine, je me rencardai afin de savoir si Mars 2040 avait bien réservé des places au Hilton de la porte de Champerret, et il me fut répondu que oui, de la nuit de jeudi à celle du vendredi. Je m’y rendis dans l’après-midi du jeudi, en voiture cette fois, et me mis en planque devant l’hôtel. Vers 18 heures, je vis arriver Kwan Lee accompagnée de la Black. Une demi-heure après, ce fut l’Égyptien, avec la rousse. Je les filai jusque dans le hall et repérai leur numéro de chambre.


Le lendemain, j’attendis qu’ils commencent leur numéro et m’introduisis dans la chambre du boss afin d’y opérer une fouille en règle.


Surprise : les valises étaient vides. Je fouillai les différents vêtements de la penderie… Rien. Je passai à la chambre de Kwan Lee. Je ne trouvai rien de plus, mais alors que j’étais dans la penderie, j’entendis la serrure de la porte que l’on ouvrait. Immédiatement, je m’enfermai dans le placard. Des bruits de pas… Elles étaient deux. Elles commencèrent à parler :



Ne comprenant rien à ce charabia, j’ouvris légèrement la porte, et je les vis :


Des outres aux flancs gluants, toutes pleines de pus !


Non, je n’avais pas rêvé cette nuit-là ! Deux créatures monstrueuses et terrifiantes conversaient dans pièce sans savoir qu’elles étaient observées. Le cœur battant à tout rompre, j’attendis qu’elles sortent pour retourner à leur entretien, puis après leur avoir laissé quelques minutes d’avance qui me parurent interminables je sortis de l’hôtel en courant.


Ce n’est qu’une fois dans ma voiture, roulant à vive allure, que je commençai à me poser la question essentielle : à quoi donc servait ce putain de projet Mars 2040 ? Je ne trouvai pas de réponse valable. Par contre, un frisson me parcourut lorsque je me rendis compte, au moment de payer l’autoroute, que j’avais perdu mon portefeuille.


Quelques heures après, j’eus confirmation de ce que je redoutais : Kwan Lee m’appelait sur mon portable. Elle avait trouvé la preuve de mon passage dans sa chambre et, désormais, mes jours étaient comptés. Je ne répondis pas…


Je viens d’entendre des pas dans l’escalier… On sonne à la porte. Cela fait trois coups de sonnette déjà… On dirait que l’on


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Voilà. Il semble que l’auteur n’a pas eu le temps de terminer son récit. Je crois plutôt à une supercherie ; ceci dit, cela fait quelques jours que je suis sans nouvelles de Radagast. Alors, si quelqu’un pouvait me rassurer… Merci d’avance.