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n° 17613Fiche technique12245 caractères12245
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Temps de lecture estimé : 9 mn
23/10/16
Résumé:  Je sais votre appétit pour les longs récits, plus tard, là, juste quelques moments de poésie, érotique bien sûr.
Critères:  #poésie fh
Auteur : Igitur            Envoi mini-message
Moments



Et là j’ai fait patte de velours sur une croupe large offerte. J’avais des rêves plein la tête de corps dans des draps de satin. Et sous les portes vénérables d’un temple en bois peint et sculpté je me souvenais d’un baiser.


Cette nuit-là j’avais osé lui ravir bien plus qu’un baiser. Et puis le temps, tu sais le temps qui met les femmes dans nos bras. J’avais vite oublié être parti sans dire au revoir.


Et puis le temps, de femme en femme, nous ramène sur des chemins que nous imaginions disparus et ce tango reprend les pas d’un vieux tango du temps jadis. Et je me mets à repenser à la partenaire des premiers frissons.


Ce soir-là j’avais osé, elle ne m’avait pas repoussé. Elle avait laissé se promener mes lèvres où mes doigts avaient osé s’aventurer. Elle qui avait tant de prétendants et moi si gauche et hésitant. Elle m’avait guidé. Ô fleur incandescente d’un soir de fin d’été.


Et puis le temps, le temps que nous laissons filer le regard loin posé sur l’horizon d’autres baisers, de bras de femmes qui nous aimeront plus intensément, avec qui nous oserons plus décidément. Je ne me suis pas retourné et fier je suis parti conquérir Cythère.


Je vole désormais les baisers avec tant de facilité. Les croupes s’offrent, les seins se donnent, les cuisses s’ouvrent à mes caresses, à mes baisers. Je sais les recoins érogènes, les silences et les soupirs, je connais les figures de tangos acrobatiques.


Avec le temps on aime mieux


Mes caresses sont plus précises et mes baisers plus voluptueux

Mais les femmes qui les accueillent n’aiment plus avec cette même candeur et je n’ai plus les mêmes peurs. Nous sommes comme de vieux comédiens dans ces rôles que nous connaissons bien. Sans doute, sans doute sommes-nous meilleurs et nous jouissons avec plus d’ardeur, mais la pièce a du déjà-vu.


Ah si j’avais su faire alors !… Et cette amourette passée dont le souvenir me taraude me donne l’énergie d’un jeune premier. Mais le passé est loin passé et mes amantes d’aujourd’hui ont quelque chose de fané et mon tango est moins rythmé.


Et puis voilà tout recommence c’est elle qui approche à pas hésitants.

Son sourire n’a pas changé, ni sa démarche chaloupée. Le temps de cette lente approche tout le passé se reconstruit au rythme de son sein qui danse et un futur encore plausible s’élabore en un instant dans mon esprit de vieil amant.


Comme à un copain elle claque deux baisers secs sur mes joues et dit « Comment tu vas toi ? » Et le futur se fendille. Nous parlons un peu et puis soudain elle me présente son mari et cette fille qui tant ressemble à celle que j’ai jadis aimée. Et le futur se désagrège dans mon esprit de séducteur.


Alors j’ai déposé les armes. J’ai entamé un tango avec désinvolture, sa fille s’est allongée et dans mon lit je l’ai aimée. Et ça m’a définitivement soigné de cette putain de nostalgie.


Et j’ai refait patte de velours sur sa croupe large offerte pour la quatrième fois dans mes draps de satin. Je n’ai pas souvenir que sa mère ait eu… Peut-être alors n’étais-je pas à la hauteur, … vraiment c’est con la nostalgie.





Hisse et ho !



Alanguie sur le profond divan Jeanne rêveuse souriait au roman qu’elle lisait.


Le soleil rasant de fin d’été projetait sur sa cuisse repliée les ombres mystérieuses et tremblantes d’une orchidée en fleur.


Moi je voyais sur l’ambre de sa chair, toutes voiles dehors le dessin d’un vaisseau fantôme cap sur le havre de son sexe.


Et le soleil dans sa course lentement projetait le navire dans l’obscurité accueillante de sa jupe. Les formes évoluant il me sembla voir les huniers, la misaine, la grand-voile se replier sur leurs vergues.


Six heures sonnèrent à la pendule de la cheminée, le chat se leva et étira ses pattes loin devant lui avant de se recoucher aussitôt lourdement sur la profonde carpette avec un long soupir.


Jeanne changea de position et le dernier rayon de soleil qui se frayait encore un passage à travers la forêt d’orchidées vint brièvement illuminer sous sa jupe la petite culotte blanche.


Je me sentais comme ce vaisseau fantôme envahi par le désir d’accoster moi aussi à l’abri de ce port chaleureux accueillant aux senteurs des épices de l’Orient.


J’avais soif des nectars qu’on y déguste dans ce jardin tranquille à la douce végétation.


Jeanne délaissant son livre observait l’air narquois mon regard gourmand tout en offrant doucement ses cuisses à la lumière.


« Qu’est-ce que tu regardes avec cet œil rêveur » me tira-t-elle de mon songe. Un instant le chat leva la tête puis jugeant que la conversation qui s’amorçait ne lui rapporterait rien de bon il replongea le museau entre ses pattes.


J’avais en tête les ordres hurlés par le timonier, les « han ! » des marins à la manœuvre, le fracas des chaînes d’ancres dans les écubiers. « Je suis le Hollandais volant manœuvrant entre tes cuisses. »


Jeanne ne chercha pas l’explication, elle se souleva légèrement, s’extirpa de sa culotte et ouvrit tendrement au capitaine Achab le havre de ses cuisses où il n’aurait plus à craindre son grand ennemi blanc.


Et j’ai dégusté le breuvage à la taverne de ses lèvres dans les effluves enivrants des vapeurs de son plaisir comme les marins qui trinquent en se rappelant les embruns salés que leur cracha l’océan au moment du coup de tabac heureux d’être saufs à bon port.


Les soupirs et les gémissements de Jeanne portée par son plaisir m’étaient une chanson de marin reprise en chœur par l’équipage trinquant encore et encore et j’ai roulé ivre sous la table au pied du divan un rayon de lune glissant entre les orchidées effleura la cuisse dénudée de Jeanne et se posa délicatement sur son sourire épanoui.


« Marin cargue les voiles et libère le tangon ! » lança-t-elle en déboutonnant mon pantalon et elle grimpa au mât de misaine qu’elle astiqua avec ardeur de la main et des lèvres, marin aguerri elle affronta l’océan déchaîné de mon plaisir et recueillit le dernier embrun de ma jouissance avant de se lover contre moi pour profiter du calme après la tempête.


Nous voyant allongés sur sa carpette le chat vint nous ronronner aux oreilles qu’il était l’heure de sa pâtée.





Le Paradis



Ô vallées, plaines, monts et plateaux, forêts denses et sources fraîches

Parfums des sous-bois, de l’humus, des fougères, chemins sinueux, nectars et perles de rosée

Murmures et chants d’oiseaux, brumes légères, prairies, lente houle, ressac.

Cimes majestueuses, conques profondes, escarpements vertigineux vallons, mousses légères, murmure de ruisseau.


Géographie de la femme dont je dessine les cartes

Je parcours leurs formes, j’élabore précises, les courbes de terrain

Je dresse l’inventaire de la végétation, des parfums, des nectars

Dont mon désir émerge et où il s’épanouit


Sur vos chevilles je sais la fraîcheur du matin, odeur de pamplemousse

Et le paysage escarpé de vos pieds, saveurs rondes et apaisantes de fruit sec

Je connais le genou, haut-plateau désertique qui souvent domine tout le corps alangui

Et où les vents parfois apportent, chaudes et parfumées, quelques vapeurs lointaines de vos désirs


J’aime de là parcourir la vaste et douce prairie des cuisses

J’y repose ma rêverie dans une odeur d’herbe fraîche et de cannelle.

Je connais sous la cascade des cheveux les petits escarpements de l’oreille

Vanille, poivre et lilas, à visiter du bout de la langue, en silence


Je connais la mousse des lèvres aux mille nectars, piments sucrés, gingembre doux

J’ai touché au Paradis en déambulant sur la péninsule de la langue

Miels et fruits changeant autant d’hydromel que de femmes

Caresse salée, iodée des vagues de l’océan


Et le cou, vertigineux toboggan vers les seins

Je m’y arrête et j’en escalade toutes les faces, j’y bivouaque souvent

Sur le plus beau des muscles du corps humain, sterno-cléido-mastoïdien

Je le butine, coriandre en fleur, basilic, safran, aneth


Sur la crête des épaules, je suis à la croisée de mondes

La grande plaine du dos, en plein soleil

Comme la Beauce, ça sent le blé, la fenaison

Ça sent le pain et la farine sur la grande plaine du dos


Sur la crête des épaules, un autre monde s’ouvre

Celui des monts que l’on gravit à pas lents, jusqu’aux tétons

Ou celui de petit bedon, ça sent le thym, le serpolet

Le jasmin, la jacinthe, la giroflée, la lavande, selon la saison


La longue plaine du dos s’achève au val des reins.

Le pèlerin là se repose avant la dernière ascension

Allongez-vous et humez l’air, tilleul, sapin

Eucalyptus. Écoutez les feuilles du bouleau

Qui tintinnabulent dans la brise


Préparez-vous à l’escalade des globes jumeaux du derrière

Où des fragrances minérales vous accueillent dans le silence

Là tous les horizons sont courbes comme une caresse de la main

Au sommet, ne t’approche pas, de la crevasse, du canyon sombre


Ce n’est pas là qu’on y pénètre, reviens dans la plaine des reins

À la naissance des globes jumeaux, à l’origine du sillon qui les sépare

Tu trouveras un méplat délicieux, odeurs de mousse de réséda

C’est ici que s’ouvre le canyon, ici qu’il faut y pénétrer


Attends, ne te précipite pas, pose tes lèvres, glisse ta langue

Goûte bien ces saveurs rondes fraîches acidulées

Goûte, goûte et sens sur ta joue, la tendre chair frissonner

Ne néglige jamais cet endroit, ce coin perdu, prodigue-lui mille caresses


À pas lents, à pas comptés, insinue-toi tu peux entrer

Odeurs de bois, d’humus, de thé fumé, de benjoin et de musc

Attarde-toi dans ces contrées, n’aie pas peur de ces mystères

Sois doux sois tendre, sois caressant et poursuis ton chemin


Au bout du canyon la forêt, on la devine avant de la voir

Légère ou dense, fraîche odeur de cédrat ou chaud parfum de mangue

Chaque sous-bois a son secret, chaque sous-bois a ses délices

Terre mouillée, champignon, noix et fraises fraîches


Traverse la passe étroite et sombre du périnée

Noisette et orchidées, épiphytes, églantiers, menthe poivrée

Avance en pleine lumière et plonge entre les berges douces de la vulve

Badiane, origan, cumin, chèvrefeuille et magnolias


Douces nymphes qui gardez la source des plaisirs

Laissez couler le nectar et l’ambroisie

Dans la coupe clitoridienne où je m’abreuve

J’y mélangerai mon miel et mon lait en flots abondants.





In memoriam



(J’ai omis toute ponctuation à dessein, à toi de lire !)



Je n’aime pas à voir la main potelée de l’imbécile heureux qui patouille la fesse de sa petite amie en marchant dans la rue comme on caresse son chien


J’aime ce rai de lumière qui se glisse indécent dans le décolleté de la jeune inconnue qui d’un geste charmant rajuste le chemisier sur sa gorge charnue en rosissant un peu


Je n’aime pas la grosse bouche gloutonne du godelureau qui aspire bruyamment les lèvres de la pauvre Lison et lui branle la langue comme un chien qui se lèche elle peine à respirer sous ce bâillon


J’aime sans en entendre rien dans le brouhaha d’une foule épier le mouvement des lèvres incarnat de la douce Suzette qui murmure à l’oreille de son aimé j’ai hâte de la sucer est-ce que tu bandes déjà


Je n’aime pas à penser à tous ces enfants que le botulisme emporta avant que d’avoir pu goûter une pine ou un con c’est selon pour que des femmes tapées se repulpent les lèvres d’une immonde manière


J’aime ces petites rides qui se creusent et soulignent la tendresse d’un visage souriant souriez tout le jour dès l’enfance et merde au chirurgien esthétique


Je n’aime pas les cris de la Toinon qui jouit ma voisine quand son marloupin excité la pine dans son cul lui balance des ordures en guise de mots d’amour les cloisons sont trop fines


J’aime ces jambes gantées de bas luisants qui se balancent nonchalamment dans la foule du métro sans en rien voir de plus elles pourraient avoir vingt ans ou soixante qu’importe je bande un peu à l’idée de les caresser


Je n’aime pas à voir ces gros seins qui s’exhibent sous un vêtement trop décolleté avec par-dessus cet air de « n’essayez pas d’y toucher » triomphe polymérique d’une sensualité de silicone


J’aime le petit sourire timide que tu m’adresses en me voyant te sourire nous restons des inconnus mais ce petit instant fugace me fait une aventure érotique pour toute la journée


Je n’aime pas ces yeux qui tant obstinément évitent le regard de l’autre et ne voient pas son sourire l’autre c’est moi


J’aime relire Pybrac dans un métro bondé ostensiblement à côté de futures femmes de cocus pudibondes mal baisées à peine dépucelées et qui se croient expertes n’en dites rien aux censeurs charteux qui bandent réalistes c’est littérature voilà tout