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Temps de lecture estimé : 18 mn
27/10/16
Résumé:  L'amour courtois n'était pas toujours platonique, la preuve.
Critères:  #historique fh
Auteur : André 59

Collection : Petites histoires de l'Histoire
Au temps de l'amour courtois

L’Antiquité a laissé des souvenirs mémorables, mais l’époque valait aussi le détour.



Au temps de l’amour courtois




Avril 1194. Enguerrand d’Auticourt jette un dernier coup d’œil derrière son épaule. Au pas lent de son cheval, il regarde s’éloigner la motte castrale au sommet de laquelle trône le donjon de bois qui symbolise l’autorité de son père. Celui-ci a décidé de l’envoyer compléter son éducation auprès de son suzerain, comte de Poitou. C’est le cœur lourd qu’il quitte le cocon protecteur dans lequel il a grandi. Mais il ne pouvait faire autrement. Il est le seul garçon de la famille et l’aîné, qui plus est. Ses goûts personnels l’auraient plutôt amené vers l’Église et les études savantes, mais le sentiment du devoir filial l’en a empêché. Il se rêvait clerc, il devra être guerrier et montrer les qualités d’un seigneur.


Depuis l’âge de sept ans, il apprend avec patience les rudiments de l’art équestre et de l’escrime. Il a accompagné son père à la chasse, a écouté ses exploits, mais cela n’est pas suffisant. S’il veut devenir chevalier, il doit acquérir les bonnes manières qui feront de lui un noble qui se distinguera du commun. Il ne peut être confondu avec le vilain qui cultive son domaine ou un de ces bons bourgeois âpres au gain. C’est le but de ce voyage. Auprès du comte Eudes et de son épouse, il va compléter son éducation en tant qu’écuyer afin de faire honneur à sa famille et faire face à ses futures responsabilités.


Deux serviteurs l’accompagnent, de vieux compagnons de guerre de son père sur qui on peut compter. Fidèles jusqu’à la mort, ils seraient prêts à se faire tailler en pièces pour protéger le jouvenceau. Ils le regardent cependant avec un mélange de respect et de pitié. Pour eux, ce gentil garçon est fait d’un bois trop tendre. Alors qu’il s’est endormi au coin du feu, nos deux compères se rappellent combats et ripailles et comparent leurs exploits accomplis avec toutes les ribaudes qu’ils ont pu croiser.



Enguerrand en réalité ne dort que d’un œil, tous ses sens sont aux aguets. Il craint les brigands, les loups et les sorcières. Jamais il n’a enduré une telle fatigue. Mais par-dessus tout, entendre les « exploits » de ces deux soudards l’exaspère. Lui qui s’enivrait des paroles de l’abbé lorsque celui-ci faisait la lecture des Pères de l’Église doit accepter d’écouter de telles turpitudes. Quelle déception de découvrir que ces preux sont gouvernés seulement par leur ventre et leur membre viril ! Vin et luxure. En dehors de cela, rien ne compte vraiment dans leur vie. Le temps sera long. Heureusement, nulle embûche ne vient troubler leur chevauchée et au bout d’une semaine, les cavaliers arrivent crottés, trempés, mais saufs au château, escortés par une troupe envoyée par le Comte. Eudes les attend dans la cour.



Enguerrand ne peut cacher son admiration. Le modeste manoir de son père est protégé par une simple palissade de bois, ici tout est de pierre. Les murs sont vertigineux, les escaliers semblent taillés pour des géants et les portes de chêne sont cloutées de fer.


C’est dans les cuisines que nos voyageurs retrouvent des forces. Du vin, un bouillon additionné de lard et quelques douceurs au miel leur permettront de tenir jusqu’au repas du soir. Mais ce qui compte avant tout est de retrouver figure humaine. Une servante vient ainsi leur annoncer qu’un bain chaud attend chacun d’entre eux. Ils n’en sont guère étonnés. L’eau fait partie de leur univers encore marqué par l’héritage gallo-romain. Mais c’est un luxe, car elle est rare. Aussi est-elle appréciée. Et c’est avec un soupir d’aise qu’ils quittent la table pour se diriger vers leur chambre.


Enguerrand entre dans la pièce, une cuve de bois l’attend, pleine d’eau fumante. Les servantes finissent de la remplir en riant. Elles sont d’âge mûr, mais encore fort accortes. Le jeune homme, intimidé, ne sait trop quoi faire. L’une d’entre elles, une bonne fille aux larges hanches, se tourne vers lui :



Le jeune homme se déshabille prestement, mais garde chastement les mains croisées sur son sexe pour entrer dans l’eau. Il s’y glisse ensuite avec délice. Quel plaisir de se débarrasser de la sueur et de la poussière accumulées tout au long de ce chemin. Il ferme les yeux de contentement. Il manquait de s’endormir lorsqu’une des servantes entreprend de le frictionner avec vigueur, ce qui le ramène à la réalité. Ses larges mains frottent son dos, son torse puis descendent vers son ventre. Enguerrand ressent une curieuse sensation lorsque les cuisses sont à leur tour frictionnées. La femme est penchée sur lui et il voit sa lourde poitrine ballotter à travers son décolleté alors qu’elle le savonne énergiquement. Elle a des seins ronds et blancs. À sa grande honte, il voit son membre grossir et se raidir. La femme ne semble point s’en offusquer, elle lui sourit même.



Rouge de confusion, Enguerrand se redresse, son pénis pointant fièrement comme un étendard. Une serviette chaude l’enveloppe, mais quelle n’est pas sa surprise de voir la douce Perrine s’agenouiller en face de lui et approcher une main de son membre.



Avec un air attentif, elle commence alors à faire aller et venir ses doigts tout au long de la verge tendue. Elle tient délicatement ses testicules ronds et lisses dans le creux de son autre main. Enguerrand ne sait quoi dire, mais il sent des frissons de plaisir monter le long de ses reins. Perrine caresse le gland du bout des doigts et refait glisser sa paume avec douceur. Cela dure un long moment. Puis elle entreprend un mouvement de branle plus énergique, cette fois-ci en y mettant les deux mains. Elle sourit en voyant le jeune écuyer, les yeux hagards, trembler de tous ses membres et mollir sur ses jambes. C’est l’annonce d’une belle jouissance et en effet, c’est avec contentement qu’elle reçoit plusieurs giclées de semence qui vont se perdre dans son décolleté.


Enguerrand en a eu le souffle coupé ; son cœur bat follement. L’autre servante essuie alors son sexe qui se recroqueville piteusement comme s’il était honteux de ce qui s’était passé. C’est la première fois qu’il connaît une telle sensation, et il comprend qu’il sera prêt à tout pour la connaître à nouveau. Une heure plus tôt, il regrettait de ne pas être novice dans un monastère. Désormais, il se dit que ce serait folie de faire vœu de chasteté. Du moins tout de suite.



Maintenant c’est l’autre servante qui entreprend de le caresser. Elle aussi y va tout en douceur afin de ne pas brusquer le garçon. Il a fermé les yeux de contentement, ne croyant pas ce qui lui arrive. C’est une sensation humide qui les lui fait rouvrir. Stupéfait, il découvre que son membre, à nouveau raide, a disparu aux trois quarts dans la bouche de cette femme dont la tête va-et-vient à un rythme régulier. Ce qu’il ressent est encore plus fort que tout à l’heure. Il comprend ce qui va se passer. Il prévient la servante qui laisse alors sa verge s’échapper de ses lèvres, elle l’agace juste du bout de sa langue et, soudain, il connaît une explosion de couleurs et d’étoiles. Arc bouté au bord de la cuve, il a manqué défaillir.

Toutes deux le redressent d’un air amusé, terminent de le frictionner. Alors qu’elles entreprennent de le rhabiller de vêtements propres et neufs, un rire tonitruant éclate dans la chambre. Le comte est là, sa silhouette trapue apparaît dans l’embrasure de la porte.



Et vint le repas du soir. Il ne s’agissait pas d’un grand banquet avec troubadours et ménestrels. Juste de larges morceaux de viande sur un tranchoir, une grosse tartine s’imbibant du jus de cuisson et un bon vin d’Aquitaine. Enguerrand fut quelque peu déçu, mais il fit bonne figure. Il fut cependant impressionné par l’élégance et l’allure de la comtesse. Mais celle-ci, après l’avoir salué avec grâce, ne daigna pas lui jeter le moindre regard, se contentant de piquer de son couteau quelques morceaux qu’elle portait ensuite à la bouche du bout des doigts. L’air lointain, elle semblait écouter d’un air poli, mais las les exploits accomplis en Terre Sainte par son époux auprès du roi Richard.



Sortant de sa rêverie, la comtesse répondit doucement.



Le reste de la soirée passa à deviser aimablement et à chanter la beauté des dames. Le lendemain, les choses sérieuses allaient commencer. Aussi vers minuit, chacun regagna son logis. Enguerrand avait désormais des rêves de gloire plein la tête. Le comte et sa femme furent les derniers à quitter la salle après avoir salué leurs hôtes. Parvenus dans leur chambre, ils se déshabillèrent et se glissèrent nus dans leur lit comme on en avait l’habitude en ce temps-là.


Peau contre peau, ses larges mains posées sur la poitrine de sa femme, le comte aimait à s’endormir ainsi. Lorsqu’il entendait au crépuscule les chants et les tambours de guerre des Sarrasins, lorsqu’il voyait les lances brandies au bout desquelles étaient plantées les têtes de ses compagnons, c’était le souvenir de cet instant qui l’aidait à tenir alors que ses camarades pissaient de peur ou cachaient leur appréhension sous des attitudes de matamores.


Vingt ans s’étaient écoulés depuis ses noces et il aimait toujours son épouse. Ils s’étaient connus pour la première fois lors d’une nuit de noces qui les avait liés à jamais. Le temps semblait glisser sur le corps de sa femme qui n’avait fait que gagner en maturité et en expérience. Même ses grossesses n’étaient pas venues à bout de la beauté de son corps. Elle était sa compagne, mais aussi sa maîtresse. À la différence de nombre de ses amis, aigris par les ans, il avait toujours refusé d’en faire son souffre-douleur. Elle était son instrument de plaisir et lui était son instrument de plaisir ; à Antioche et à Byzance, il avait découvert des rivages inconnus et des trésors de sensualité. Il avait pris le goût des corps huilés, épilés, parfumés. Revenu sur ses terres, il n’en avait été que plus attaché à sa femme. Celle-ci s’était montrée surprise au départ, mais s’était prêtée de bonne grâce à ses fantaisies. En bonne chrétienne, elle ne manquait cependant pas de confesser ce qu’elle considérait parfois comme un péché. Et ce soir-là, Eudes a particulièrement envie de pécher. L’innocence du jouvenceau lui rappelle sa propre adolescence. Son sexe de plus en plus dur est là pour le montrer à son épouse. Elle commence à s’endormir, allongée sur le dos, à ses côtés.


Il caresse longuement la courbe de sa poitrine puis sa bouche dépose une série de baisers sur sa peau délicate. Ses lèvres continuent leur chemin jusqu’au triangle du pubis parfaitement lisse. Sa langue s’égare dans une fente déjà humide, agace le bouton délicat. Au même instant, sa femme ouvre ses lèvres et avale doucement, centimètre par centimètre, sa verge lourde et épaisse. Lui sur elle, elle sous lui, ils se donnent à chacun un plaisir mutuel, attentifs aux frissons de l’autre. Sa gorge est remplie de sa virilité, à peine la freine-t-elle en l’enserrant à la base. Leurs doigts s’égarent dans des endroits sombres et secrets et ils boivent chacun à la fontaine de jouissance. La comtesse éprouve cependant de légers remords. Cela aura été encore un instant de plaisir, de pure fornication, ils n’ont pas engendré. L’abbé, une nouvelle fois, risquait d’être de fort méchante humeur. Eudes, lui, repu et heureux, dort du sommeil du juste.


Au petit matin, Enguerrand se présente sur le champ d’entraînement. Désormais, son quotidien va être fait de plaies et de bosses. S’il veut être un jour adoubé chevalier, il lui faudra accomplir des prouesses, et pour cela il doit forger son cœur et son corps. Il étouffe sous le poids du haubert et du casque. La courroie de son écu lui scie l’épaule. Et son épée lui pèse au bout du bras. La première journée est éprouvante, et les suivantes encore plus. Semaine après semaine, mois après mois, il pratique l’escrime, le tir à l’arc, la lutte, et même le combat au bâton comme un simple paysan. Eudes est un homme rude, mais juste. Il frotte parfois rudement les épaules du garçon, mais c’est pour son bien. Une bonne collée vaut mieux qu’un crâne fendu et ce qu’il apprend aujourd’hui lui sauvera la vie demain. Il l’a d’ailleurs en grande sympathie. Il aime sa bonne volonté inlassable, son courage tranquille et en même temps il est impressionné par sa culture, si rare chez un individu de sa condition. Il sait manier la plume et bientôt il saura manier l’épée et la lance, il ira loin pour peu que les circonstances l’aident et qu’il manifeste du caractère.


Hasard ou prémonition, la comtesse pense de même en regardant le jeune écuyer s’entraîner à la quintaine. Par deux fois déjà, le bras du lourd mannequin l’a jeté à terre alors qu’il le chargeait au galop, lance couchée. Et il remonte encore à cheval sous les encouragements un peu narquois des gardes. Elle n’en laisse rien voir, mais ce garçon la trouble. La première fois, ce fut lorsqu’elle découvrit qu’il savait lire. Et raconter. Il connaissait par cœur des passages entiers d’Homère ou d’Ovide. Et les chansons de geste n’avaient nul secret pour lui. Il danse avec élégance. Il sait jouer du luth. Elle s’attendait à devoir policer un rustre. C’est déjà un gentilhomme. Plusieurs de ses dames de compagnie lui font d’ailleurs les yeux doux, mais il ne les voit pas.


En fait, voilà des semaines qu’il ne la quitte pas des yeux lorsqu’elle paraît. Elle a remarqué que sa présence le fait redoubler de courage lorsqu’il commence à montrer de l’épuisement. C’est pour elle qu’il serre les dents et va jusqu’au bout de ses forces. Il n’y a pas de plus bel hommage qu’un chevalier puisse rendre à sa dame. Elle se moque d’elle-même. À trente-cinq ans, elle pourrait être sa mère. Et pourtant…

Enguerrand en a fini pour aujourd’hui. Il est rompu, perclus de tous côtés. Ses côtes lui font mal. Deux jeunes dames de compagnie de la comtesse sont là, dans sa chambre, se tenant près de sa couche. La comtesse les a envoyées pour prendre soin de lui. Il est trop épuisé pour esquisser la moindre tentative de résistance alors qu’elles détachent son baudrier, délassent son haubert, font choir ses chausses, lui enlèvent sa chemise. En quelques instants, il est nu et allongé sur des draps frais. Avec précaution, elles appliquent baumes et onguents et nettoient ses plaies.


Maintenant elles devraient partir. Leur tâche est accomplie, mais leurs mains s’égarent sur sa peau. L’une d’entre elles ose même déposer un baiser sur ses lèvres. Pourquoi ne pas aller plus loin ? Sa compagne referme la porte avec précaution et tourne la clé dans la serrure. Toutes deux font glisser leur robe et s’allongent de chaque côté du lit. Elles ne le soignent plus, elles le caressent. Et le jeune écuyer bande d’éclatante manière. Sous leurs yeux étonnés, son sexe se dresse et semble les appeler, animé d’une vie propre alors que le garçon gît inconscient, littéralement assommé par la fatigue. Elles savent qu’elles doivent rester vierges pour leur mariage, mais l’une d’entre elle ne manque pas d’imagination et d’initiative. Elle prend en bouche le jeune vit et le suce avec gourmandise juste quelques instants, en le poussant de plus en plus loin dans sa gorge, jusqu’à presque s’en étouffer. Par bravade, l’autre fait de même.


Puis après un moment d’hésitation, la première se décide à le chevaucher. Avec précaution, sa compagne empoigne le sexe dur et le lui place entre les fesses, visant le petit anneau plissé pour qu’elle s’embroche dessus, très, très lentement. Elle se mord les lèvres pour ne pas crier, jusqu’à ce que le phallus puisse librement coulisser en elle. Son plaisir monte tant que sa compagne doit lui plaquer sa main sur la bouche pour qu’on ne l’entende pas gémir. Quand elle se lève, pantelante, le sexe est toujours là, dressé, dur, impérieux. Au tour de la seconde jeune femme de goûter ce plaisir interdit.


Son amie lui tend à son tour cette tige de chair brûlante et la guide en elle. L’anus serré cède lui aussi à l’intromission du gland puis du membre tout entier qui progresse impitoyablement entre les deux globes de peau blanche. Elle se cambre, agite sa croupe, décidée à le faire capituler. Et il gicle bientôt dans ses entrailles sa semence. Ses seins aux pointes durcies sont douloureux, ses yeux sont embrumés de larmes et ses cheveux blonds trempés de sueur tant elle a mêlé plaisir et douleur. Combien de temps cela a-t-il duré ? Une éternité ou quelques minutes ? Elles ne sauraient le dire. Étonnées de leur propre audace, elles essuient prestement les coulées de sperme qui maculent les draps, font une toilette soigneuse, se recoiffent, lissent leur robe et déposent un chaste baiser sur son front. Lorsqu’elles sortent, nul ne pourrait se douter de ce qui s’est passé. Elles iront à l’autel, vierges et innocentes. Quant à Enguerrand, tout juste va-t-il se réveiller d’un sommeil quelque peu agité, perclus de courbatures supplémentaires.


Sans qu’il le sache, sa réputation grandit parmi les femmes du château qui rêvent toutes de le mettre dans leur lit pour lui faire découvrir l’amour. Chacune voudrait être sa dame et lui faire « le don de merci », ce qui en fait le puceau le plus convoité du comté. Pucelage relatif d’ailleurs, car lors de ses bains, Perrine et son amie ne répugnent pas à soulager le jeune guerrier des tensions qui l’assaillent avec leurs mains et leurs bouches, mais nulle femme ne lui a encore ouvert ses cuisses.


Plusieurs semaines se sont encore écoulées, cela fera bientôt un an qu’Enguerrand réside au château. Eudes a décidé de l’emmener avec lui à la chasse. Une bande de sangliers rôde dans les parages. Ils ont saccagé les récoltes dans plusieurs champs. Il faut les détruire. Arc, coutelas, épieux sont distribués et la battue commence. Engagée au petit matin, elle dure jusqu’au crépuscule. À la fin de la journée, la presque totalité de la harde a été détruite. Il ne reste plus qu’un vieux mâle, le plus dangereux, qui se terre dans les sous-bois. Il serait énorme d’après les chasseurs qui l’ont aperçu. Des partis de cavaliers se dispersent dans la forêt pour le traquer. Eudes a gardé Enguerrand à ses côtés.


L’attaque est fulgurante. Le sanglier a surgi d’un fourré et éventre le destrier du comte d’un seul coup de tête. La monture s’écroule lourdement, coinçant sous sa masse la jambe gauche de son cavalier. Eudes va être mis en pièces. Dans sa chute, il a perdu son arme. Enguerrand n’a pas le temps de réfléchir. Il se jette au bas de son cheval, brandissant son épieu qu’il plante de toutes ses forces dans l’échine du monstre. La bête l’entraîne dans sa chute et l’assomme.


Lorsqu’il ouvre les yeux, un beau visage se penche sur lui. C’est la comtesse.



Il lui sourit et bascule dans un trou noir. Il dort presque vingt-quatre heures. Quand il se réveille, il peut enfin se lever et se présenter devant son seigneur. C’est Eudes cette fois qui est allongé. Il a la jambe brisée, mais il est sauf.



Enguerrand se retire en s’inclinant. Il suit alors avec déférence sa suzeraine dans ses appartements. Les servantes, après une révérence, les laissent seuls. Le jeune homme, intimidé, ne sait que faire. La comtesse se rapproche, et lui caresse la joue.



Lui, le fier guerrier, regarde ses pieds, comme un petit garçon pris en faute.



D’un mouvement d’épaule, elle fait glisser sa robe. Elle est nue devant lui. Bouche bée, il la voit s’approcher de lui. Elle l’embrasse, le déshabille prestement et l’entraîne vers sa couche. Ses mains le caressent, ses lèvres le dévorent. Elle aime. Elle l’aime. Subjugué, il se laisse guider. Elle lui a ouvert ses cuisses et son sexe tendu entre en elle d’un coup, d’une seule poussée. Sous lui, il ressent ce corps qui ondule, cette femme qui ne cache pas son plaisir. Il s’étourdit de son odeur, de son parfum. Le picotement dans ses reins lui annonce que ce sera bientôt fini. Il lance un dernier coup avant d’inonder ce ventre trop accueillant ; ce n’était qu’un préalable.


Toute la nuit, la comtesse lui montre l’étendue des plaisirs que la chair peut prodiguer. Il jouit dans sa bouche, son ventre, ses reins, dans sa main, et même entre ses seins généreux, mais au petit matin, elle lui intime de regagner son logis. Non sans l’embrasser tendrement. Elle lui a accordé « le don de merci ». À lui désormais de se montrer digne de cet amour et de sa devise :


MON ÂME À DIEU, MA VIE À MON ROI ET MON CŒUR À MA DAME.