Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 17628Fiche technique14429 caractères14429
Temps de lecture estimé : 9 mn
31/10/16
Résumé:  La rencontre de Brod' et d'Ubu dans un même texte, est-ce possible ? Crash assuré, diront certains. Eh bien non ! Car elle donne lieu à l'apparition de la beauté absolue : Chtuluha. Je suis pour et contre elle, et même tout contre.
Critères:  fh bizarre laid(e)s amour exercice délire humour fantastiqu
Auteur : Ldcc  (Parfois, je me lâche, c'est lus fort que moi.)      Envoi mini-message
Pour ou contre ?

Poussé comme d’autres par la préoccupation d’améliorer le fonctionnement du site de Rêvebébé, je me mets à rédiger pour apporter, moi aussi, ma modeste contribution sous forme de propositions qui faucheront sans pitié les ahurissances évanescentes et irréalistes qui ont fleuri ces derniers temps. Au travail !


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Voici le premier jet de mes réflexions que je vous livre en vrac ; vous voterez pour ou contre :


– Exiger d’un auteur que les personnages féminins portent toujours des couches pour camoufler les flots abondants de cyprine qui viennent trop souvent souiller les récits et les écrans.

Pour/Contre


– Allons plus loin : bannir les mots « cyprine » et « string », clichés derrière lesquels se réfugient de laborieux tâcherons du texte pour pallier leur défaut de richesse créative.

Pour/Contre


– Exiger que ce soit la femme qui enlève ses couches elle-même pour bien montrer par ce geste sa soumission à l’Homme.

Pour/Contre


– Exiger que ce soit l’Homme qui enlève les couches à la femme pour bien lui montrer que c’est Lui, l’Homme, qui décide et domine.

Pour/Contre


– Décréter que la Charte du Site ne s’applique pas sur l’île de Sein.

Pour/Contre


– Créer un Comité Éditorial qui se réunira tous les mois sur l’île de Sein, à l’Hôtel des Trois Vallées, pour choisir les textes Hors Charte à publier absolument. Quorum minimum de 47 membres. Pourquoi 47 ? Euh… ça m’est venu comme ça.

Pour/Contre


– Exiger des auteurs que le substantif « mercurochrome » apparaisse au moins une fois dans chacun de leurs textes pour servir de pense-bête à d’évidentes préoccupations hygiéniques car celles-ci sont trop souvent maltraitées par certains pignoufs du clavier qui font suivre illico une sodomie par une fellation.

Pour/Contre


– Exiger des auteurs des pseudos d’une lettre seulement. Je sais, cela peut poser des problèmes, mais faut-il s’interdire d’innover en s’arrêtant à de telles contingences ?

Pour/Contre


– Quelle main ? Ceci concerne les lecteurs « à une main ».

Laisser au lecteur le choix de la main.

Pour/Contre


– Imposer au lecteur la main de ma sœur qu’il trouvera facilement dans la culotte d’un zouave.

Pour/Contre


– Qu’un parrain ou une marraine accompagne les nouveaux membres sur le site, oui, oui et oui ! Mais à condition qu’ils soient de sexes opposés, qu’ils n’habitent pas à plus de 20 km l’un de l’autre et qu’ils souscrivent au principe de cours particuliers. En l’absence, bien sûr, de tout conjoint imbécile susceptible de venir foutre le bordel.

Pour/Contre


– Limiter les pseudos des évaluateurs en fiches techniques à un seul. Un seul par jour, évidemment.

Pour/Contre


– Que soient moquées, en fiches techniques, les notes inférieures à 10. Pour pousser les auteurs concernés à mieux faire la prochaine fois.

Pour/Contre


– Que la majorité sexuelle de chaque personnage d’un récit débute neuf mois avant sa naissance, au moment de l’entrée triomphale du spermatozoïde dans l’ovule. Cela supprimera pas mal de problèmes liés à la Charte.

Pour/Contre


– Que soient régulièrement proposés des concours d’écriture sur des sujets injustement délaissés – et l’on se demande bien pourquoi – comme la zoophilie ou la scatologie.

Pour/Contre


– Etc.


Ceci n’est pas une liste exhaustive : chacun de vous, lecteur ou auteur, peut ajouter des propositions (en forum « Divertissements » par exemple.) Cela nous renforcera face aux esprits glauques que ces propositions innovantes ne manqueront pas de chagriner car leur lumière fera de l’ombre aux leurs. Ils n’ont pas saisi – c’est le drame de leur cécité intellectuelle – où est le véritable intérêt de notre Bébé que nous aimons tant. Nous prônons le sérieux, le solide, et pas le n’importe-quoi que l’on a vu, hélas, trop fleurir récemment, çà et là sur le forum.


Pour écraser ces cloportes anorexiques du cerveau, je propose la création d’un Comité d’Éthique qui se réunira régulièrement à Lyme. Ne pourraient y entrer que des personnes mondialement connues dans leur quartier. Je pense notamment à :


– Arrête-de-faire-le-con-ou-ch’te-sors-du-cortège

(Un peu long, certes, mais pour mémoire : injonction du centurion au Christ après qu’il se fut cassé la gueule sous le fardeau de la lourde croix lors de la montée vers le sommet du mont Golgotha Et puis putain, comme pseudo, ça en jette !) ;

– Lupus-erectus-in-uterus ;

– Lozère-Longemer-le-papa-de-Lola ;

– Calannapurnia-premier-huit-mille-orgasmes ;

– Musicien-de-Roncevaux ;

– Jésus-cé-le-pitbull ;

– Sommet-des-elfes ;

– Areu-areu-pas-compris ;

– Dorémifa-l’assaut-malgré-son-âge.


Vous en connaissez d’autres ? Ajoutez-les : le forum vous ouvre les bras comme la plus dépravée des odalisques de Laurorgasme.


Je propose également de créer un Comité des Titres qui aiderait les auteurs en mal d’imagination. Une tâche exaltante ! Voyez plutôt :


– Entraîné par la moule…

– Tu baises ou tu bouffes des huîtres ?

– Là où la main de l’homme n’a jamais pris son pied.

– Viiite ! La fille du voisin ne porte pas de culotte !

– Troisième âge en folie.

– Ma chatte, c’est du roquefort ?

– Elle vomit quand elle suce.

– Elle suce quand elle vomit.

– Elle n’a plus le droit de sucer.

– Elle suce en cachette.

– Etc.


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Je veux donc poursuivre mon écriture, mais… mais… quel est ce bruit ? Furie de tonnerre dans mon jardin zébré d’éclairs. C’est quoi, ce bordel ? Je sors par la véranda. Sous mes yeux, un spectacle inouï : une gigantesque boule gluante et pleine de pus – et l’on ne peut pas dire qu’elle a un beau pus ! – à l’odeur nauséabonde et qui agite ses tatencules frénétiquement. Oui, vous avez bien lu : tatencules.

(Oh non ! Ne me dis pas que t’as fait ça à ta tante octogénaire et paraplégique avant de lui piquer sa carte et son code ?)

Cette horreur m’apostrophe :



Brod’ ? Mais je croyais que c’était un gars sérieux, non ?…



Elle n’a pas compris le jeu de mots, mais, cela dit, il devrait quand même soigner ses personnages, le Brod’, ou alors changer de moquette et de marque de wiski.



Et l’immonde créature se transforme instantanément. J’en reste émerveillé, pantois. Une admirable fille nue s’offre à mes yeux, une main cachant sa prairie, l’autre sa poitrine : Vénus sortant du gazon. Je n’avais jamais vu de femme aussi belle. Plus de puanteur, mais un subtil parfum de cannelle et de vanille. Ma rose trémière perce le plafond des cieux, tous bourgeons ouverts.



Elle vient se coller contre moi et passe ses bras autour de mon cou. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je ne sais alors si je glisse vers les Délices de l’Enfer ou monte vers l’Olympe des Félicités. Oubliées, mes propositions dont l’encre n’a même pas encore séché ; oublié, le site : place à sa rime féminine.


Nous faisons l’amour pendant des heures, à même le vert gazon. Je renonce à décrire ; ce serait trahir. Nous coïtons jusque tard sous les étoiles complices et bienveillantes lorsque, brusquement, un souffle glacé issu de la nuit nous enveloppe et elle disparaît de mes bras. Je mets plusieurs secondes à réaliser sa soudaine absence. Paniqué, bien qu’ayant fait ça pendant des heures, j’appelle en vain :



Rien ! Après un tel bonheur, rien qu’un vide énorme et cruel qui me déchire les entrailles ! Un insupportable sentiment de frustration m’envahit alors. Je retourne à l’intérieur de la maison, la tête basse et le drapeau en berne. Je m’affale sur mon lit et sombre dans un sommeil de plombier pour tenter d’oublier.


Au réveil, je n’ai rien oublié ; toujours le vide, et toujours cette immense frustration : pourquoi est-elle partie si vite, sans même me prévenir, sans me dire le moindre au revoir ? La reverrai-je jamais ?

En sortant de la douche, mon regard accroche mes travaux de la veille. Mon courroux éclate. Ah, c’est comme ça ? Eh bien, leurs menaces, ils peuvent s’en faire une coloscopie. Et si la créature revient, avec son odeur et ses tatencules, je la propulse en candidate pour la primaire de la droite.


Mais sans doute faudrait-il d’abord que je prenne contact avec Brod par téléphone ?

Stop : mauvaise idée ! À cette heure-ci, il dort. Il ne fonctionne que la nuit et au vice cuit. Essayons d’abord de rappeler Chtuluha. Sait-on jamais ?


Je hurle son nom, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois et…

… et miracle !

Mon ange se dessine sur le mur du salon à côté de la photo du lac chéri de Charline, vous savez, celui qui est presque aussi beau que le lac du Coucou près de Grandfontaine.


Mon Dieu, qu’elle est belle, ma Chtuluha ! J’en reste pétrifié d’émerveillement. Elle me sourit, son regard lumineux tsunamise le mien. Et, second miracle, le mur se met à ondoyer et voilà qu’elle s’en détache, prend forme et consistance pour se précipiter dans mes bras et poser sa tête sur mon épaule. Je me sens mongol fier, je me sens immense ! Autour de nous, il n’y a plus que l’univers infini du bonheur.



Et elle écrase ses lèvres contre les miennes.

La porte de la chambre à coucher claque derrière nous.


Vous resterez dehors, vous l’avez compris, car je ne vais pas offrir Chtuluha à votre voyeurisme concupiscent. Les deux premières syllabes de ce dernier mot m’appartiennent à jamais, et à moi seul. Consolez-vous avec la main qui vous reste pour pleurer.


Cependant, en pénétrant la belle, je ne puis m’empêcher d’adresser une pensée émue et reconnaissante à Brod’ : « Merci, mon ami, merci pour cette divine créature née de ta plume et que je te confisque sans scrupule. Elle fait mon bonheur. »


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Je termine ici. Précipitez-vous sur le forum pour ajouter vos propositions. Avec une consigne : qu’elles soient au moins aussi sérieuses que toutes celles que vous avez pu lire ici.