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n° 17634Fiche technique23179 caractères23179
Temps de lecture estimé : 14 mn
03/11/16
Résumé:  Aucune séparation ne laisse indemne. Chacune et chacun a sa manière d'y faire face.
Critères:  f h fh inconnu gros(ses) groscul fmast hmast nopéné mélo
Auteur : Olaf      Envoi mini-message
Le petit chien est mort

Je sais pourtant depuis longtemps que je devrais me méfier des exceptions. Elles recèlent un dangereux potentiel d’imprévu. Elles ont en elles comme un appel à l’irrationnel.

Certes, elles sont souvent le fruit d’une bonne intention. Changer le cours de ses habitudes ne peut se produire que pour une bonne raison. Mais la raison qui paraît être la bonne est rarement la vraie raison. C’est là que réside le ferment du dérapage.


Car aucune de nos habitudes n’est là par hasard. Avant d’accepter d’y déroger, il faudrait se forcer à une plus longue introspection. Changer d’habitudes ? Et pourquoi donc, en vérité ? En poussant la réflexion jusqu’au bout, on en apprendrait plus sur soi-même.


Question d’apprentissage, celui que Sandra me réserva tint plus du chambardement que de la simple dérogation. Rétrospectivement, je suis sûr qu’elle n’avait rien prémédité. Elle s’est plutôt sentie poussée par une force irrésistible. Un truc lié à l’alchimie des êtres. À cette étrange communion dans laquelle deux inconnus peuvent se trouver, alors que rien ne le laissait supposer l’instant d’avant. La force des circonstances ? Un rai de lumière sur la face cachée de deux humains, soudain mis à nu l’un pour l’autre ? L’explosion libératrice d’un refoulé identique ?


Il n’empêche qu’en analysant les raisons qui poussent à faire une exception, on pourrait découvrir la faille et s’éviter bien des déconvenues. Dans le cas de Sandra, l’exception fut vraiment de taille. Tout comme elle.

C’est dire si aucune attirance n’influença mon choix d’accepter d’euthanasier son très vieux chien à domicile.

En temps normal, jamais je ne réponds positivement à ce genre de demande. C’est contre mes principes, contre les règles de l’art.

Cet acte définitif est déjà assez pénible à réaliser, émotionnellement parlant, sans y ajouter l’aléatoire d’un autre environnement que celui du cabinet vétérinaire. Si quelque chose va de travers, il est impossible de réagir correctement. Et dans ces derniers instants, ce qui va de travers provoque à coup sûr une débâcle. Avec tout ce que cela peut signifier de souvenirs douloureux pour les personnes présentes.




ooo000ooo




J’arrive vers vingt heures au domicile de Sandra, armé des quelques poisons nécessaires à l’apaisement des souffrances d’un vieux chien. Après un bref instant de mise en condition, le temps de revêtir la cuirasse qui me protège du contrecoup d’un acte si contraire à l’ordre des choses, je sonne.

Le chien, dont la couche est placée dans le hall d’entrée, trouve encore la force d’aboyer. Juste un peu, sans quitter son panier. Il n’en est plus capable depuis quelques jours.


Sandra me fait entrer, sans mot dire. Tout a déjà été discuté, j’ai son consentement, elle sait comment cela va se dérouler, quelques signes suffiront pour accorder nos gestes.

Elle caresse la tête du chien pendant que je lui fais la première injection, intramusculaire, indolore. Épuisé par la maladie, rassuré par la présence de sa maîtresse, il se résigne à cet ultime soulagement et ne réagit pas.


Vient alors l’attente. La lente prise de possession du corps par les produits injectés. L’endormissement est progressif, mais il est presque toujours accompagné d’épisodes de résistance contre la paralysie, contre la perte de contrôle des muscles, contre les premiers vacillements des sens.

Une longue traversée dont je suis exclu. Les propriétaires souhaitent rarement la présence du bourreau, dont la compassion serait incongrue. J’ai d’ailleurs beaucoup de peine à tolérer leur proximité à ce moment. Celle du chien mourant, passe encore. Mais celle de l’humain, remplie de reproches silencieux, je ne peux la supporter de trop près.


Ceci d’autant plus, dans le cas présent, que le corps fortement charpenté de Sandra remplit tout l’espace. Je me soustrais à un début d’oppression en m’éloignant. Pendant les quelque dix minutes qu’il faut à la première piqûre pour développer ses effets, je parcours du regard les objets et les livres du séjour. L’impression d’un certain paradoxe m’effleure et me trouble. Alors que le corps de cette femme est lourd, massif, enrobé de partout, sans grâce aucune, son espace de vie est tout en légèreté et en finesse. C’est non seulement lié à la nature des objets, mais à la disposition des meubles et des choses, à des jeux de profondeurs, d’ombres et de couleurs.


Très irrespectueusement me vient à l’esprit l’idée du magasin de porcelaine dans lequel se déplacerait une éléphante. Je chasse cette pensée inconvenante, et, par acquit de conscience, je retourne dans le hall pour m’assurer que tout se passe comme prévu.

Sandra est accroupie près de son chien, qu’elle entoure de ses bras charnus. Elle est mal vêtue d’un training difforme, sans doute pour être plus à l’aise au moment de m’aider à transporter la dépouille hors de l’appartement. Son compagnon à quatre pattes n’est plus très lourd, mais il n’est jamais facile d’emballer un animal mort, surtout en s’efforçant de le faire avec un minimum de dignité.


La large croupe de la jeune femme me cache presque l’entier du chien. Je remarque toutefois que la respiration de l’animal est déjà plus superficielle. Dans quelques minutes je pourrai pratiquer l’injection intraveineuse, la dernière, la plus difficile sur un chien comateux.

Le succès de mon intervention, ce qui va rester à jamais en mémoire de la propriétaire, réside dans ces quelques gestes. En trouvant la veine du premier coup, je libère l’animal harmonieusement. C’est l’euthanasie, au sens propre du terme. Et l’espoir pour moi d’un semblant de pardon. En mettant à mort sans que rien ne le laisse remarquer, j’ai une petite chance d’absolution. En ouvrant avec élégance les portes du royaume des âmes, mon impuissance à lutter victorieusement contre la maladie passe au second plan.


C’est à cet instant que le grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de la procédure. Sandra lève vers moi son visage baigné de larmes. Elle me regarde, ravagée par le chagrin, plus seule que seule à l’instant de perdre son compagnon de longue date. Je me trouve alors plongé dans un tourbillon d’émotions très diverses. Elle vient de planter dans mon esprit le décor d’un monde dont je ne pouvais soupçonner l’existence. Son monde intérieur, que l’animal va quitter et que l’intensité de l’instant rend visible, dans la plus totale impudeur.


Ce faisant, elle m’associe personnellement, presque physiquement même, à la sortie de l’animal de sa vie. Le dernier souffle de la bête nous unit face à la mort, nous unit face à l’obscénité du corps inerte qui restera là et que je vais devoir emporter. L’attente de l’ultime instant nous unit face à un inévitable questionnement sur le devenir de ce qui le rendait si vivant, si aimant.

Avec le dernier souffle de la bête, dont j’ai l’entière responsabilité, une brèche va s’ouvrir, qui nous mettra à nu face à l’indicible et nous rendra vulnérables.


Debout, incapable de reculer, de me réfugier où que ce soit, je renonce à détourner les yeux. Me sentir tacitement ouvert à sa demande silencieuse semble la rassurer. Jamais je n’ai ressenti quelque chose de pareil. Me voilà à la merci d’une femme sans attrait, mais ensorcelante, sans doute par la seule puissance de ce que la séparation provoque en elle, de l’imminente apparition de la mort. Comment aurais-je pu l’imaginer ? Comment m’y soustraire ?


D’une voix monocorde, elle me demande si son chien est déjà mort ? Je lui précise que je dois encore injecter une autre dose d’anesthésique.

Elle me demande alors si je peux lui laisser un peu de temps pour s’y préparer. Je pense à une sorte de rituel, une anticipation du manque, la dernière volonté de celle qui va rester.


En réalité, rien ne presse : le chien ne se réveillera plus. J’ai juste envie d’en finir, de libérer le chien de sa pauvre condition et de reprendre le cours de mon existence hors de cette étrange atmosphère.

Pourtant, contrairement à ce que j’éprouvais un peu plus tôt, je me sens incapable de me projeter dans un avenir immédiat. Je sais ce que j’ai à faire, mais l’impulsion manque pour entrer dans l’agir.

Sans parler de cette vision, cette perception nouvelle pour moi, de la place qu’on risque de laisser à la mort, si on n’y prend pas garde, si on ne se protège pas, si on n’occupe pas le terrain avant elle.


Sandra se lève et me demande de la suivre. Elle me conduit au seuil de sa chambre à coucher. Elle aimerait que je pose le chien sur son lit pendant qu’elle ira se préparer. J’imagine qu’elle désire le voir une dernière fois sur sa couche, là où ils ont passé tant de nuits côte à côte.

Elle disparaît dans sa salle de bain. Je dispose le corps endormi au pied du lit, enroulé sur lui-même, dans la position que j’imagine être celle qu’elle veut garder en mémoire.


Quelques minutes plus tard, la jeune femme traverse l’appartement et vient à notre rencontre. Celle que je découvre alors ne ressemble en rien à la femme mal soignée qui caressait le chien dans le hall d’entrée. À peine vêtue d’une ample tunique de soie, elle se déplace avec une prestance insoupçonnable. Ses cheveux détachés effleurent ses épaules. Son visage, sur lequel je peux lire un mélange de chagrin et de sérénité, capte la lumière de très belle manière. Il y a quelque chose de troublant dans ses traits, fussent-ils transformés par l’émotion. Il y a surtout quelque chose d’impérieux dans toute sa manière d’être. La grosse femme qui m’a reçu il y a peu s’est transformée en Walkyrie, en prêtresse, en vestale, à laquelle rien ne résiste.


Bien plus, dans cet espace restreint, si empli de son corps plus que généreux, son odeur, sa chaleur et mille autres choses qui émanent d’elle deviennent presque palpables.

Même sans le moindre geste à mon égard, elle s’empare de l’instant, elle paralyse mes défenses, bouscule toutes mes barrières, m’enveloppe de je ne sais quelles émotions, me submerge de je ne sais quelles sensations troublantes et attirantes.


Alors, je réalise qu’un seul signe, qu’un seul regard suffira pour que j’accède à la moindre de ses volontés. À l’instant où la mort va s’emparer du petit corps dolent, où des pestilences infernales risquent de vicier l’air ambiant, elle a trouvé la force de se redresser, de faire rempart de son corps entre la vie et la mort qu’elle veut empêcher d’emporter plus encore.


Je comprends maintenant mieux le sens de son regard de tout à l’heure, de sa volonté de me convaincre. Il faut être deux pour réussir. Sans mon aide, elle n’aurait pas la force de s’opposer. Sans son désir de conjurer l’emprise de la mort par une célébration de la vie, ma dernière injection ne laisserait que ruines et désolation. Ensemble, en revanche, nous pouvons sublimer l’instant, chasser les ténèbres.


Elle se penche sur le chien déjà en route vers son destin. D’un léger baiser sur le front, elle prend congé de lui. Puis elle vient derrière moi, pose sa tête sur mon épaule et me serre entre ses bras.



La chaleur de son corps me fait peu à peu glisser dans une étrange torpeur. À quoi bon résister ? Je ne suis qu’un accessoire de sa célébration. Beaucoup de ce qu’elle éprouve, de ce qu’elle sait sans doute, dépasse ma condition d’homme.



Je la laisse me déshabiller. Sans hâte. J’imagine que toute provocation de la mort doit être lente et jouissive. À moins que Sandra ait décidé de profiter égoïstement du trouble qu’elle a réussi à instiller en moi. La délicieuse pression de son ventre rebondi contre mes fesses nues achève de me convaincre de bien-fondé de sa démarche.


Elle en prend acte en posant une main sur mon sexe frémissant. Face à nous, sur le couvre-lit, le chien pousse un léger soupir. La situation dans laquelle nous nous trouvons ne manque pas de m’inhiber, mais ce qui émane de Sandra finit par me faire tout oublier. Ses caresses m’aident à occulter ce que je vais devoir encore faire. Le trouble qui monte en moi balaie mes dernières hésitations. Seule compte alors la conjuration du sort à laquelle je suis convié.


Me sentant prêt pour notre célébration, la jeune femme vient devant moi, en pleine lumière. D’un mouvement de l’épaule, elle fait glisser son déshabillé au sol avant de s’allonger sur son lit. Pas la moindre trace de gêne dans ses gestes, ou dans sa manière de s’offrir à mes regards.

Nous savons tous deux que nous allons nous unir, faire jubiler nos sens, célébrer un sabbat à la gloire de nos vies qui continuent et dont nous voulons chasser le dépit.


Mais avant, main dans la main, nous devons accompagner le chien vers son destin. Il y a quelque chose de complètement irréel dans cette manière de partager un tel instant. Quelque chose de très fort aussi, conforme à la violence des émotions qui s’agitent en nous face à l’inéluctable.


Encouragé par le regard apaisé de Sandra, je fais saillir les veines de la patte du chien, puis j’enfonce l’aiguille. Quelques gouttes de sang coulent. Je fixe la seringue. La main de la jeune femme posée sur mon avant-bras en guise d’acquiescement, j’injecte le liquide mortel. Après une dernière inspiration et un léger raidissement des membres, le corps du chien se détend, s’abandonne. Quelques instants plus tard, il finit par rendre l’âme.


Nous étions trois, et voilà que nous ne sommes plus que deux. Deux cœurs et deux esprits chagrinés, mais libérés du poids que la décision fatale faisait peser sur nous. Libres de reprendre le cours de nos existences, de nous regarder, de nous voir tels que nous sommes, d’entrer à tâtons dans la célébration voulue par Sandra.


Je fais disparaître tout objet utilisé pour l’euthanasie du chien pendant qu’elle recouvre le corps de l’animal du drap dans lequel je l’avais posé sur le lit. Seule la tête reste visible. Elle passe une dernière fois la main sur le front de l’animal avant de se redresser pour mieux se serrer contre mon flanc.



Sa peau est chaude, frémissante, vivante. Ce que nous sommes en train de partager nous met à mille lieues de tout rapport de séduction.

C’est à la forme la plus primitive de la vie à laquelle nous nous préparons à donner libre cours. Pour cela, nous n’avons besoin d’aucun artifice, d’aucun apprêt sophistiqué. Malgré ce qui vient de se dérouler, il nous suffit de puiser dans ces pulsions que nous repoussons habituellement dans le tréfonds de notre inconscient, de canaliser le formidable potentiel qui s’y cache, pour faire jaillir en pleine lumière ce que nous empêchons d’éclore.


Sandra reprend place dans son lit. Telle qu’elle se présente sous mes yeux, elle fait naître le désir entre mes reins. Le langage de son corps me touche, m’excite instinctivement. L’évidence de son désir provoque le mien. La simplicité et le naturel du don de soi libèrent de très animales pulsions. Cette femme sur laquelle je ne poserais sans doute pas les yeux en d’autres temps, cette femelle libérée de ses chaînes par la mort de son animal, cette incarnation du désir brut m’excite et fait bouillir mes sens dès l’instant où elle s’offre à moi.


Son regard gourmand sur ma virilité déployée finit d’abolir toute distance entre nous. Elle me fait de la place sur son lit, pose une main sur mon sexe pointé dans sa direction avant de m’attirer contre elle. Je la prends entre mes bras, tendrement. Petit répit sensuel avant le déferlement érotique.


Comme nos baisers sont agréables, comme nos caresses sont spontanées, comme nos élans sont doux, avant de devenir de plus en plus fougueux ! Longuement, nous laissons nos corps se parler. Mes hanches répondent à chaque ondulation de son bassin, mon ventre se délecte des vagues qui parcourent le sien, les muscles de mon torse massent ses seins au rythme de nos balancements.


Les yeux grands ouverts, nous observons la lente, mais irrésistible montée du désir chez l’autre, nous nous nourrissons des pulsations, des moiteurs, des incertitudes, des élans retenus puis enfin débridés, du plaisir intense que nos corps prennent à se chercher.

Les mains de Sandra vont et viennent sur mon dos et sur mes fesses. Elle sait d’instinct les endroits qui me troublent le plus. Je la soupçonne aussi de surveiller du creux de la paume ce qui se joue en moi. En accompagnant les basculements de mes hanches, elle perçoit mieux mes impatiences.

Elle pourra aussi sentir venir le moment où je vais me soumettre à l’impérieux besoin de plaisir qu’elle entretient de tout son corps, mais dont elle veut retarder le déferlement le plus possible.


Nous n’en sommes pourtant plus très loin. Déjà quelques caresses particulièrement habiles suffisent à me mettre hors de moi. Elle accepte cet hommage impétueux en souriant.



Chacun de ses mots ajoute à mon excitation. Sa main libre légèrement posée sur la mienne, elle m’accompagne dans ma recherche de la volupté. Je me redresse pour qu’elle puisse ressentir les crispations des muscles, la formidable tension du corps, les secousses de la main, de plus en plus rapides, de plus en plus impatientes.


Au moment où mes sens prennent le large, où mon corps n’en fait plus qu’à sa tête, où sur ma peau, dans ma sueur, par mes odeurs de mâle, l’imminence de la jouissance devient perceptible, elle glisse sa main entre mes cuisses et pose un doigt à la base de ma verge, là où naissent les contractions libératrices.

Il lui suffit de masser délicatement cette zone sensible pour qu’une première giclée s’échappe, dessinant une élégante courbe entre la pointe de ma verge et l’arrondi de son ventre. Une deuxième giclée s’ajoute à la première pour former une flaque laiteuse dans le creux de son nombril. Sandra accompagne chaque contraction d’une légère secousse sur la racine de mon membre, et augmente ainsi le bien-être que me procure cette somptueuse éjaculation.


Cambrée pour mieux recevoir les prochains jets sur ses seins, elle remonte ses doigts de saccade en saccade, jusqu’entre mes fesses. Encouragé par ses attouchements précis et particulièrement jouissifs, je me répands longuement sur elle, comme elle le désirait. Je savoure ce qu’elle m’offre jusqu’à la dernière goutte, puis au-delà encore, comme si mon ventre ne pouvait se résigner à cesser d’expulser ma liqueur de vie.


Lorsque les dernières vagues commencent à s’estomper, elle m’attire sur elle et me presse contre ses seins inondés de sperme. Tout en murmurant des mots très doux dans le creux de mon cou, elle commence à se caresser. Par les frémissements de son corps contre le mien, l’accélération de son souffle, l’infime crispation de sa main juste avant de jouir, elle me fait partager le plaisir qu’elle se donne. Un long et très intense orgasme finit par envahir son ventre.

Elle garde les yeux ouverts, comme pour mieux m’associer à ce qu’elle ressent. Elle met ainsi un harmonieux point d’orgue à notre rituel païen de vitalité et de fécondité.


Après cette explosion sensuelle, nous restons longtemps enlacés, immobiles. Je peux voir sur son visage l’évidence de son plaisir. Apaisée, détendue, elle me laisse admirer dans ses yeux, sur son visage, contre son corps le troublant épanouissement de sa féminité.

Comme jamais auparavant, je comprends à quel point il peut suffire d’être présent au bon moment et d’accepter de partager un profond désir pour que le plus inconcevable se produise. Comment qualifier autrement ce fantastique pied de nez à la mort que Sandra m’a permis de réaliser avec elle ?


Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite qu’elle a fini par succomber au sommeil. Je profite encore quelque temps de la douceur de sa présence avant de quitter sa couche et de m’habiller. Après avoir récupéré mes instruments, j’emballe le chien dans son drap et l’emporte hors de l’appartement, étroitement serré contre moi.


Les exceptions recèlent un dangereux potentiel d’imprévu. Je ne suis cependant plus très sûr d’avoir envie de m’y soustraire à l’avenir. Même si Sandra m’a forcé à remettre bien des certitudes en question, je ne regrette rien.

Enfin si, une chose : sa décision de ne plus reprendre de chien pour l’instant. Nous étions trois, me voilà maintenant seul à affronter la vie après cette expérience unique. C’est toujours mieux que d’affronter la mort. Quoique, entre les bras de Sandra, et si cela doit être l’exception qui confirme la règle…