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Temps de lecture estimé : 36 mn
23/11/16
Résumé:  Sam se réveille. Euh... m'enfin, se réveille-t-il réellement ?
Critères:  fh inconnu amour
Auteur : Domi Dupon  (une tentative de retour)            Envoi mini-message
Le cube

Chapter 1



« Merde… aller bouffer chez la belle-doche ! Merci, Chacha ! Pas de place pour se garer. Je vais aller vers l’église. Le mariage. Oui, Monsieur, pas de problème, je la change de place ma voiture. Et avec une main seulement, vous avez vu. Pas moyen de la fermer à clé, faut que je passe à la banque. Pourquoi elle me demande ma carte grise, la gonzesse ? Je l’ai perdue. Elle va m’en refaire une. Sympa. Et mon grand-père, qu’est-ce qui fout là ? P…, 535 euros, i z’y vont pas de main morte. Enfin, j’en ai une nouvelle. Françoise est avec Chacha. Ouille, vas-y avoir du sport ! Et voilà que mon adorable femme me traite d’imbécile. Les papiers de la voiture, elle les a. Pour me consoler, Françoise m’extirpe Popaul et commence à le branler. Chacha n’aime pas, mais moi si. Je vais… »



Il était temps qu’il se réveille. Sinon ses draps allaient en prendre une bonne giclée. Bizarre, il était tout découvert. Et il avait chaud. Chacha avait dû oublier de couper le radiateur. De sa main gauche, il palpa le drap. Nobody ! Elle était déjà lev… « Attends, c’est quoi le truc ? » Ce n’était pas son lit. Il tâta de nouveau. Ce n’était même pas un lit. Il était étendu sur un simple matelas posé à même la moquette. Sauf que dans leur appart, point de moquette uniquement du plancher. Il ouvrit un œil, puis l’autre. Ébahi, interloqué, stupéfait, sur le cul… Où qu’il regarde, ce n’était que glace. Glace miroir, pas glace glaçon. Mais l’effet était le même : réfrigérant !


Un rêve dans le rêve. Il sourit. Son sourire se répercuta à l’infini sur les parois et au plafond. Mais ce n’était pas le sien. Enfin si. Le sien, trente ans plus tôt. Il n’était sorti d’un rêve que pour entrer dans un autre. Pourtant, étrange impression d’irréel réel. Il s’ébroua. Envie de pisser. Ça au moins, c’était du concret. Flottement. Il était réveillé. Mais s’il était réveillé… Qu’est-ce qu’il fabriquait ici ? Puis, ce n’était pas lui ; ce n’était plus lui. Connement, comme dans un film de série B, il se pinça. Fort, et encore plus fort, jusqu’à ce que la douleur le fasse grimacer. Rien ne changea. Le miroir lui renvoyait toujours son image avec trente ans et au bas mot trente kg de moins. Et cette envie de pisser de plus en plus pressante. Il se leva. Narcisse, il ne put s’empêcher d’admirer les reflets de son corps nu : visage pas vraiment désagréable barré d’une belle moustache bien fournie, musculature effilée, ventre plat, pas un poil de trop, une bite qui même au repos avait l’air d’une bite et pas d’une nouille trop cuite. Trop cuite ou pas, il fallait qu’il vide sa vessie. Mais où trouver des toilettes ?


État des lieux. 360 °. Ni porte, ni fenêtre, ni aucune issue apparente et évidente. Mais où sont passés les WC ? Une cuvette se reflétait dans une des glaces. Une cuvette, enfin plutôt une demi-cuvette imbriquée dans la paroi. Il disposait au moins d’une moitié de chiottes. Pour le moins curieux. La bite à la main, il commença d’uriner. D’un geste machinal, il appuya son autre main contre la glace. Il la retira immédiatement, car la cloison s’était mise en mouvement. Elle s’escamota dans le plafond. Apparut alors un espace, le parfait symétrique de celui dans lequel il s’était réveillé. Une couche semblable ; sur celle-ci gisait une jeune femme en tenue d’Ève. Elle poussa un cri horrifié en le découvrant. Terrorisée, elle n’avait pas assez de mains pour cacher ses seins, sa chatte et ses yeux. Vision furtive. Dans un réflexe de pudeur, elle se retourna en position fœtale, inconsciente du fait qu’elle lui offrait le spectacle affriolant d’une croupe de rêve. La raie culière, fente nette et sombre, surlignait la blancheur des fesses contractées par la peur. Il devinait l’ombre de la toison sans pour autant pouvoir en déterminer la teinte.


Il ne put terminer sa miction : cette vision impromptue nappée d’érotisme avait déclenché une érection instantanée. Gêné, il chercha quelque chose, n’importe quoi, enfin un truc pour dissimuler sa virilité. Rien ! Pas le moindre bout de tissu. Seulement la moquette et le matelas. Il se baissa et souleva celui-ci. Conscient que dans ce geste, il exhibait ses génitoires et son cul de manière totalement indécente. Ce qui augmenta encore sa bandaison. C’eût été trop facile. Bien évidemment aucun artefact. Ça commençait à lui prendre la tête. Pas un rêve, mais un putain de cauchemar éveillé. Car il était réveillé, il en était sûr.


Beaucoup d’hommes auraient trouvé géniale cette situation : rajeuni de trente ans et enfermé dans une pièce avec une superbe jeune femme nue. Sauf qu’il était très réservé avec les femmes, pour ne pas dire empoté. Il s’était toujours demandé comment il avait pu séduire Chacha. Mais c’était ainsi et cela durait depuis bientôt quatre décennies. Certes, il avait eu des fantasmes, quelques velléités, sans jamais la tromper. Alors cette situation l’embarrassait plus qu’elle ne l’enthousiasmait. Sa réflexion fut troublée par un glissement furtif. Un coup d’œil derrière lui. La fille constatant sans doute qu’il lui tournait le dos en avait profité pour transformer le matelas en paravent. Il fit de même.


Agenouillé contre le matelas, il interpella sa compagne d’infortune :



Il passa la tête au-dessus de son rempart. En face rien ne bougeait. Il continua de parler pendant plusieurs minutes. Aucune réaction. Il se rassit. Impossible d’associer deux idées. Dans chaque tentative d’analyse s’immisçait l’image d’un sein, d’une cuisse, d’une fesse, d’une chatte. Des envies malsaines lui pourrissaient l’esprit. Cela ne lui ressemblait pas ! Le peu qu’il avait vu faisait naître en lui des désirs qui ne lui correspondaient guère. Il ne savait pas ce qu’il faisait là, comment il y était arrivé, ce qui allait lui arriver et sa principale pensée : tenir cette femme dans ses bras, la posséder et pas « à la papa ». Et Chacha qui parfois lui reprochait son manque d’ardeur. Il aurait été incapable dire combien de temps il resta ainsi. Une vibration le fit sursauter. Qu’allait-il encore lui tomber sur la tête ?


Le phénomène ne dura que quelques secondes. Le silence se réinstalla. Il n’osait pas bouger. Une odeur connue vint lui titiller les narines. Du poulet rôti, ça sentait le poulet rôti. Il jeta de nouveau un œil par-dessus le matelas. Une table et deux chaises étaient miraculeusement apparues au milieu de la pièce. Sur la table, deux assiettes, deux verres, une panière emplie de petits pains, une bouteille de vin rouge, une d’eau et surtout un plat de service d’où s’échappait un mince filet de vapeur. Origine sans nul doute de l’agréable fumet qui avait alerté son odorat. Comme plus tôt la nudité de la femme avait provoqué une irrésistible érection, cette table garnie excita ses papilles. Son estomac lui disait « Qu’est-ce que t’attends ? Vas-y. » Où était le piège ?


Le poids d’un regard. On l’observait. La jeune femme, elle aussi, avait réagi à cette bonne odeur de cuisine. Les bras croisés posés sur le matelas, son regard, dubitatif, allait alternativement de Sam à la table. Il put enfin détailler son visage. Une longue chevelure brune encadrait un ovale émacié. Un nez fin, droit contrastait avec des yeux bleus, lumineux. Jeune, c’était une évidence. Entre 25 et 45. Sam était incapable d’être plus précis dans son estimation. Il tenta à nouveau de lui parler. Sans succès. La terreur la paralysait toujours. Peut-être comme lui, était-elle tenaillée par la faim ?


La faim ! L’odeur de la volaille rôtie. La tête lui en tournait. Il n’en pouvait plus. Si c’était un rêve, peu importe que la nourriture soit droguée. Si c’était là, enfin une réalité, on ne les avait pas amenés ici pour les empoisonner. Advienne que pourra. Faisant fi de sa nudité, Sam quitta son abri et gagna rapidement la chaise la plus proche. La fille disparut immédiatement derrière son matelas. Il souleva la cloche. Il avait vu juste : du poulet. Plusieurs cuisses entourées de pommes de terre et de champignons baignaient dans une sauce onctueuse.


Il ne chercha pas les couverts de service. Adossant son assiette au plat, il y fit glisser, s’aidant de sa fourchette, un morceau de volaille et une bonne part de légumes. Il ne mangea pas, il bâfra. En quelques minutes, il eut tout englouti. Le temps d’avaler un verre de rouge, une seconde part suivit la première. Enfin rassasié, il s’avachit sur son siège. Il prit le temps de déguster son second verre. Excellent cru ! Leur hôte ne se fichait pas de leur gueule. La jeune femme avait retrouvé son poste d’observation. Il leva le verre dans sa direction :



L’alcool le rendait loquace.



Ce disant, il se leva, s’éloigna de son siège et tourna sur lui-même tel un mannequin présentant un costume. Il se rassit rapidement, car cette exhibition avait généré un redressement indu. La jeune femme, cette fois, ne s’était pas éclipsée. Un semblant de sourire avait éclairé fugitivement son visage lors du retour précipité de Sam derrière la table. Soudain, une voix résonna dans sa tête, voix étrangement sensuelle. Elle parlait :



Il s’interrompit conscient qu’il allait dire une grivoiserie. L’alcool l’avait rendu euphorique. Deux petits verres. Habituellement, il tenait mieux la boisson que ça. Il retourna donc dans son refuge. La donzelle avait, semblait-il, oublié que les parois étaient uniformément composées de miroirs ou elle faisait comme si…


Sam n’eut qu’à s’asseoir de manière judicieuse : il ne perdit rien du spectacle affriolant de son corps nu. Il en profita d’autant mieux que la jeune femme se déplaçait lentement. D’une démarche hésitante, elle se dirigea vers la chaise qu’il n’avait pas utilisée. Avant que la table ne dissimule en partie sa nudité, il put admirer sa silhouette longiligne aux hanches peu marquées. La nature l’avait dotée de longues jambes au galbe parfait. Des chevilles si fines qu’il aurait pu les encercler de ses doigts ; de tout petits pieds parachevaient l’œuvre. Il nota l’absence de cellulite. Elle ne semblait pas avoir été gagnée par la phobie des gonzesses de magazines : son minou broussailleux était un vrai plaisir pour les yeux. P… il avait de nouveau une trique d’enfer. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Lui qui, au quotidien, ne bandait plus qu’épisodiquement. Sa libido aussi avait rajeuni.


Il éprouvait une certaine honte à mater, avec concupiscence, cette pauvre fille. Elle contemplait la nourriture sans oser se servir. Il avait envie lui crier « Allez-y ! Ça ne m’a pas rendu malade !» mais il se trahirait. Timidement, elle se servit et commença de manger avec parcimonie. Les yeux de Sam étaient maintenant fixés sur les seins de la donzelle. Pas vraiment de têtes d’obus, sombres aréoles, tétons roides (était-elle excitée par l’idée qu’il la mate ou par la peur ?), jolis petits seins qui ne nécessitaient aucun artifice pour se dresser fièrement au-dessus de l’assiette. Ils se soulevaient au rythme de la respiration irrégulière de leur propriétaire. Sa dextre se porta sur son pénis bandé. Il le massa, paume ouverte dans le même tempo.


La sève montait. Il allait jouir simplement en jouant les voyeurs. Elle était vraiment trop mignonne dans sa gestuelle hésitante. Caresser sa poi…



********



Chapter 2




C’était bien un rêve. Il reconnaissait la poigne de sa charmante moitié quand il n’arrivait pas à émerger. Sam lui tourna le dos. Position fœtale. Pas envie d’ouvrir les yeux. Le rêve qu’il avait fait était encore bien présent. Envie d’en profiter encore un peu. Revoir une fois encore le joli petit cul bien ferme et la fière poitrine de son inconnue avant de réintégrer le quotidien des grosses loloches pendantes et des fesses flasques de sa moitié. Moitié qui, contrairement à son habitude, continuait de le secouer. Alors qu’il allait l’admonester, la voix résonna dans sa tête :



Oups, ça continuait. En moins de temps qu’il ne faut à une effeuilleuse pour tomber son string, il se redressa, se retrouva assis en tailleur face à l’inconnue accroupie à ses côtés tachant tant bien que mal de cacher son intimité. Elle avait une vue panoramique sur la sienne. Heureusement M. Popaul était en position « nuit ». Instinctivement, il plaça une main en conque sur son service trois-pièces. Connement, il lui répondit :



Ils faisaient de gros efforts pour ne pas se regarder. Mais la mer de miroirs rendait leurs efforts vains. Les parois renvoyaient l’image de leurs corps à l’infini. Au creux de ses reins, le désir naissait. Début d’érection favorisée par le fait qu’il ne pouvait ignorer la propre excitation de sa compagne d’infortune. Excitation qui se manifestait par une tension très visible des tétons, par de l’apparition répétée d’une mignonne petite langue et par un fumet indéfinissable qui le mettait en transe.



À peine les mots avaient-ils franchi ses lèvres que déjà Sam les regrettait. D’accord, il était dans un univers fantasmagorique, ce n’était pas une raison pour se comporter ainsi avec une nana. Elle n’allait pas apprécier. Vu le temps qu’elle avait mis pour sortir de sa réserve et lui adresser la parole, elle ne devait pas être plus à l’aise que lui. Il avait dû se passer quelque chose pendant son sommeil, car loin de jouer les bêcheuses, elle répondit sur le même ton.



Elle ne le choqua pas, mais Sam fut scotché : la damoiselle se lâchait. D’ailleurs, elle continuait :



Sûr que ça ne déplaisait pas à Sam. Les propos de sa « vis-à-vit » ne le laissaient pas indifférent. Sa hampe se redressait fièrement. Il restait muet, coincé par des décennies de puritanisme. Il n’était pas ce qu’on appelait un « queutard ». À 20 ans, il avait épousé Charlotte. Puceaux, ils l’étaient tous les deux. Leur nuit de noces fut réellement une nuit de noces. Ce ne fut pas Waterloo non, non, mais ce ne fut pas Arcole (merci, Jacques). Et toute leur vie, sexuelle comme sentimentale, fut au diapason, sans drame, mais sans passion. Il ne l’avait jamais trompée. Pas par désir de fidélité (quoique), plus par manque d’opportunité, par flemme et surtout pour éviter tout problème, tout désagrément. Mais cette femme nue en face de lui obscurcissait totalement sa raison. Il voulait la prendre dans ses bras, lui mettre sa bite dans la chatte et pas seulement… Pensée obsédante. Il ne voyait que ce minou qu’elle lui cachait sans grande efficacité. Il était sûr qu’elle mouil… Mais son éducation le paralysait.



Il n’était pas possible. La nullité de sa réponse le fit débander légèrement. Il continua de s’enfoncer (malheureusement pas où il le souhaitait) :



Ignorant sa remarque, elle changea de sujet, revenant à sa préoccupation principale.



Il lui montra son avant-bras où la marque rougeâtre restait très visible. Elle passa index sur la contusion. Cette caresse le fit frémir. Elle s’en aperçut et retira immédiatement son doigt.



À ces mots, une belle rougeur envahit son visage.



Elle s’interrompit au milieu de sa phrase. Plus de rougeur sur ses joues, plus de sensualité dans sa voix, seulement de la crainte. À son tour l’inquiétude le saisit : quel était son dernier souvenir ? Ils étaient allés à la fête des lumières, ils avaient mangé chez leur fils à Lyon puis le « réveil » ici. Pour la première fois, il appréhenda la réalité de leur situation… Ils appréhendèrent. Ils se soulèrent de paroles pour chasser leur terreur naissante. Postulant qu’ils étaient bien conscients et sains d’esprit, ils explorèrent diverses hypothèses. Pêle-mêle : le purgatoire, les extraterrestres, une expérience menée par un savant fou, un monde parallèle, une hallucination à deux… Ils ne trouvèrent rien pour étayer aucune de ces affirmations. Cette discussion à bâtons rompus, si elle n’effaça pas leur angoisse, les libéra de leurs inhibitions.


Quand leur raisonnement les amena à chercher une issue, ils avaient oublié les glaces, leur nudité. Leurs regards ne fuyaient plus le corps de l’autre, mais le voyaient hors de tout désir. Ils firent plusieurs fois le tour de ce que l’un des deux avait nommé « le cube », sans trouver rien qui laissait présager une ouverture : aucune poignée, loquet, bouton poussoir. Rien qui dépassait, seulement la « lissitude » des miroirs. Ils avaient regardé, ausculté le plancher. Drôle de plancher. Difficile d’appeler plancher ce revêtement qui leur renvoyait leur image. Nul interstice à l’endroit où étaient apparues la table et les chaises.


Persuadés maintenant qu’ils ne rêvaient pas, l’effroi les saisit. Les miroirs n’instrumentaient plus l’érotisme que leurs corps pouvaient dégager, mais révélaient la froideur inhumaine du décor. Se voir indéfiniment répétés à quelque endroit que se porte son regard devenait flippant. Aucune aspérité à laquelle se raccrocher. Table et chaises escamotées, il ne restait que les toilettes et la couche. La couche ! Sam ne s’était pas rendu compte qu’il ne restait qu’une couche bien plus large. Sise à la place de la sienne, celle de sa camarade s’étant volatilisée. Qu’est-ce que cela signifiait ?


Peu à peu, le silence s’installa, pesant. Ils erraient inlassablement dans cet espace restreint à la recherche d’une hypothétique sortie. Sam pensa qu’ils agissaient tels ces fauves enfermés dans une cage. Car c’était bien ça, ils étaient en cage ! Sans que rien ne l’annonce, la femme dont il ne connaissait toujours pas le nom, prise d’une incontrôlable panique, se jeta contre la paroi ; poings serrés, elle la martela en hurlant :



Cris entrecoupés d’onomatopées incompréhensibles.


Sam se précipita. Il voulut d’abord de la raisonner. Lui posant les mains sur les épaules, il lui parla. Elle l’ignora totalement continuant de frapper méthodiquement la « vitre ». Elle avait peu de chance de la casser, mais elle pouvait se faire mal. Les paroles étant inutiles, elle avait disjoncté, il usa donc de sa force pour déjà l’empêcher de se blesser. Se plaquant contre elle, la ceinturant, il réussit à l’éloigner de la paroi. Mais elle n’avait pas l’intention de le laisser faire. Elle gigotait pour se libérer. Elle était aussi forte que lui. Sa tentative se transforma vite en corps-à-corps. Alors qu’il tentait de lui agripper les poignets, elle se retourna et lui laboura la poitrine de ses ongles pointus. Elle était complètement hystérique. La terreur ravageait son visage. Il parvenait à la tenir à distance, mais ça ne pouvait pas durer comme ça. Il fallait qu’il trouve une… Putain la salope… elle lui mordait le bras de bon cœur. Avec la douleur, il oublia qu’il avait affaire à une femme. Un vieux réflexe du temps lointain de sa jeunesse où il pratiquait le judo. Il la faucha dans les règles de l’art. La dame s’affala. Il accompagna le mouvement et se coucha sur elle.


La chute, le contact étroit du corps de l’homme, elle cessa soudain de s’agiter. Seulement secouée par de violents sanglots. Balayant du bout des doigts son visage, lissant ses cheveux, il lui prodiguait, à voix basse, au creux de l’oreille, des mots qu’il voulait apaisants.



Peu à peu, la jeune femme se détendit. Ses litanies semblaient faire leur effet. Les pleurs « hoquetants » se transformèrent en larmes. La respiration retrouva un rythme plus régulier. Les mouvements spasmodiques contre son torse cessèrent. Ce calme soudain fit prendre conscience à Sam des petits seins aux durs tétins pressés contre sa poitrine, du mont de Vénus écrasant ses génitoires. Conséquence quasi immédiate : sa bite durcit et doubla de volume. Deux bras qui l’enlaçaient. Sa bandaison ne gênait pas la donzelle. Les attouchements de Sam se firent plus sensuels. Abandonnant le visage, il descendit jusqu’aux épaules. Le dos de la jeune femme était parcouru de frissons provoqués par les mains qui le caressaient.


Suite logique, aboutissement : leurs bouches se joignirent pour un tendre baiser. Alors qu’ils prenaient langues, elle le repoussa brutalement.



Paroles prononcées sans colère, plutôt avec regret. Mais ça ne se faisait pas. Sam avait toujours eu beaucoup trop de respect pour les femmes pour forcer le destin. Bien que persuadé que s’il avait bravé l’interdiction, il n’aurait guère connu de résistance, il se renversa sur le dos et s’en tira par une pirouette.



La jeune femme sourit.




********



Chapter 3



Marlène ! Elle avait la soixantaine comme lui. Donc née dans les années d’après-guerre. Bizarre ce prénom qui faisait penser aux années noires de l’occupation. M’enfin. Après cet épisode agité, sans se concerter, ils s’étaient assis côté à côte, en tailleur, le dos appuyé contre le matelas. Chacun récupérait à sa manière. Après plusieurs minutes de ce silence récupérateur, ils échangèrent un regard.



Dans un même souffle. Regard. Éclat de rire salvateur.



À cette nouvelle prise de parole simultanée, ils furent pris d’un fou-rire inextinguible. Du rire aux larmes, la frontière est vite franchie. Sans comprendre comment, ils se retrouvèrent, en pleurs, dans les bras l’un de l’autre, jambes entremêlées. Quand ils reprirent leur quant-à-soi, leurs lèvres étaient si proches qu’elles ne purent faire autrement que… Marlène, cette fois, n’interrompit pas le baiser. Baiser sans heurt, tout en douceur. Leurs langues dansaient un lent ballet, s’entremêlant en figures compliquées. La main droite de Sam jouait avec les cheveux de sa complice pendant que la gauche s’était chastement posée sur la hanche. Marlène agissait de manière quasiment symétrique.


Dans l’ivresse de l’instant, ils oublièrent leur état. Le besoin de reprendre leur respiration les y renvoya. Nul commentaire sur ce qui venait de se passer. Marlène reprit la parole :



Exclamation jetée sur un ton affectueux, ponctuée d’une tendre caresse sur la joue de Sam. La main prolongea sa route jusqu’à sa nuque. Avant que leurs lèvres ne se joignent à nouveau, Marlène murmura :



Dans sa « Ford » intérieure, il rajouta « Rêve ou réalité, je crois que Chacha s’apprête à porter des cornes. »


Ils s’embrassaient à s’en faire mal. Leurs dents s’entrechoquaient. Pris dans une tourmente sensuelle qu’ils ne contrôlaient plus, ils n’avaient pas assez de mains pour parcourir leurs corps. Sam malaxait les seins de sa partenaire, en pinçait les tétons roidis sans réelle tendresse. En retour, elle lui griffait férocement le dos. Pensée fugitive : deux animaux en rut.


Était-ce Sam qui l’avait attirée sur lui ou elle qui s’était hissée sur ses cuisses, il ne savait pas. Mais résultat, sa bite décalottée habitait la vulve dégoulinante de Marlène. Il l’avait cramponnée par les hanches qui montaient/descendaient au rythme effréné de son pistonnage. La cyprine ruisselait entre ses poils. La cyprine ou autre chose ! Tellement abondant. Il était trempé. Toutes leurs tensions, leurs peurs se libéraient dans une joute très peu chevaleresque. Il voulait la posséder, la marquer, effacer dans une jouissance bien réelle cette situation cauchemardesque.


Manifestement, elle le voulait aussi. Plaçant ses mains contre la poitrine de l’homme, elle le repoussa et le plaqua au sol. Sam ne put retenir un gémissement de douleur : elle avait planté ses ongles acérés dans sa poitrine. Elle allait la lui arracher. Elle le montait comme elle aurait monté un cheval emballé. Sa croupe se soulevait comme si elle voulait se débarrasser de ce pieu envahissant. Mais à la seconde où le gland frottait ses lèvres, elle engloutissait le membre, s’abaissant dans un grand « splash ».


Y’avait plus de pilotes dans l’avion. Leurs corps luisants, transpirants tanguaient dans une chorégraphie incertaine. Maintenant Sam dominait Marlène. C’était lui qui martyrisait la gorge de la belle. Lui qui la défonçait bestialement. C’était son pubis qui à chaque navette cognait violemment un clitoris brillant de mouille. Un dernier coup de reins, un ultime « splash ». Il n’avait rien senti venir. Dans l’impossibilité de faire un mouvement de plus, arc-bouté, les bras tendus, mains clouées au sol, sexe enfoncé au plus profond, il se vida, vida, vida. Sa jouissance déclencha celle de sa partenaire dont la vulve se crispa spasmodiquement autour du membre palpitant, le trayant, en extirpant sa semence jusqu’à la dernière goutte. Lorsque, assouvie, elle se détendit, il resta suspendu, corps cambré, semblant flotter au-dessus d’elle. Elle l’attira ; son corps s’amollit, ses bras lâchèrent. Leurs corps suants s’épousèrent.


Le temps s’arrêta. L’étreinte avait été brève, mais d’une telle intensité qu’elle les laissait sans force, amorphes. Seuls leurs yeux qui brillaient d’une étrange fièvre vivaient. Enfin, Marlène parla. Nul mot n’avait été échangé depuis les « ça ne compte pas », seulement des grognements, des onomatopées, des ahanements. Le son de sa voix le surprit :




********



Chapter 4



Sam sortait doucement du sommeil. Pas envie d’ouvrir les yeux. Pas envie d’affronter la réalité. Il ne voulait pas retrouver ses ans et ses kilos. Même l’idée de retrouver Charlotte, son seul amour le « répulsait ». Il se repassait les images torrides de son rêve, il revoyait le corps de Marlène se tordre de plaisir. Pourtant, il devrait bien se résoudre à… Charlotte bougeait. Il sentit qu’elle se tournait vers lui.



Un quart de tour et il la tenait dans ses bras. Elle l’enlaça. Les seins menus s’écrasaient contre son poitrail tandis que sa bite déjà raide pesait contre le ventre plat de Marlène.



Elle se serra encore plus contre lui, déplaçant une cuisse sur la sienne. Naturellement, sa bite se glissa dans l’ouverture créée. Son gland entra en contact avec une chatte prématurément humide. Tout aussi naturellement, elle plaqua sa vulve contre son sexe, absorbant celui-ci. Leurs bouches se joignirent pour un baiser tendre, langoureux, heureux. Corps soudés, ils ne faisaient qu’un. Au bout d’un temps incertain, Marlène demanda :



Regard ébahi. Long silence suivi d’un grand éclat de rire. Une caresse sur la joue de Sam.



La bouche quémandeuse de Marlène l’empêcha de poursuivre. Petit exercice gymnique en torsion. Agréable frotti-frotta de leurs toisons. But atteint : les mains de Marlène empoignaient les fesses de son amant. Elle enfonça ses ongles dans le cul charnu. Elle le plaqua fermement contre elle comme si elle voulait que le membre bandé la transperce. Encore un peu de gymnastique : elle fit basculer leurs corps. Sam dessus, Marlène dessous.



« Ne bouge pas, ne bouge pas, elle en a de bonnes ! » Extérieurement, bien sûr, elle ne bougeait quasiment pas. Seul, son bassin ondulait très légèrement. Mais à l’intérieur de sa chapelle (très) ardente, c’était autre chose. Elle jouait avec les muscles de son vagin, étranglant le manche au bord de l’explosion puis relâchant progressivement pour recommencer immédiatement. Combiné avec l’ondulation de sa vulve et le bruit de succion généré par ce pompage original, cela ne prêtait guère à l’immobilité. Mais chaque fois que Sam tentait de se décoller, les ongles se plantaient dans sa chair, maintenant son pubis ventousé contre les grandes lèvres.


Sam ne pourrait résister très longtemps à un tel traitement. Il sentait son jus monter le long de sa hampe de lancement. Craignant de partir un peu trop vite, il tenta de demander à sa partenaire de calmer ses ardeurs. Sauf que la langue d’icelle baisait sa bouche aussi farouchement que ses muscles vaginaux malaxaient ses génitoires. Il avait tort de s’en faire. Au tir de la première salve, elle libéra ses fesses, projeta le bassin vers le haut, le lançant dans un pilonnage final. Ils jouirent longuement ensemble.



Et de lui expliquer que son mari, qu’elle adorait par ailleurs, au lit était très « papa / maman » : les variations sur un thème n’étaient pas trop son truc. Depuis qu’elle était ménopausée, elle avait oublié ses fantasmes, mais des années auparavant, à la maturité de sa sexualité, le manque d’imagination de son conjoint lui avait posé des problèmes. Elle aimait son mari, il n’était pas question pour elle de prendre un amant, mais ces « baises » rares et routinières la laissaient, la plupart du temps, insatisfaite. Alors elle vivait ses étreintes en rêve en se masturbant ou, quand son mec la besognait, elle se racontait des histoires. Une de ses préférées étant celle qu’ils venaient de vivre. Elle avoua cela à Sam, toute rougissante alors qu’il était encore fiché en elle et que sa chatte dégoulinait de sperme et de cyprine mêlés.


Ni l’un ni l’autre n’avait envie de rompre cette possession de crainte que l’enchantement ne cesse. Ils restaient ainsi la bite ramollie bien au chaud dans le minou, baignant dans leur jus d’amour. Une question taraudait Sam :



Une vibration déjà connue : instinctivement, ils tournèrent leur regard vers l’origine du bruit. Nulle magie. Le sol s’était ouvert : table et chaises sans doute mues par un élévateur se matérialisèrent. Pour la nourriture, leurs geôliers / hôtes ne se montraient pas très originaux : poulet rôti le retour, accompagné cette fois de frites, une bouteille de vin rouge, du pain et miracle en dessert, un assortiment de petits gâteaux.


Alléchés par l’odeur et mis en appétit par leur séance de sport, Marlène et Sam se « déscotchèrent ». Abandonnant la couche, ils s’attablèrent. Il lui parla de lui. Elle lui parla d’elle. Allemande mariée à un Allemand, vivant en Allemagne précisément dans un village, Schönau, en Bavière. Elle s’appelait Marlène Träumerin. Mariée depuis 35 ans à un homme de quinze ans son aîné, elle avait deux enfants et cinq petits-enfants. Mère au foyer, sa vie n’avait pas été plus passionnante que la sienne.


Ayant assez rapidement fait le tour de leurs vies insipides, ils évoquèrent de nouveau ce qu’il leur arrivait, la crainte qu’ils avaient maintenant que ça s’arrête, qu’ils se réveillent. Ils convinrent de profiter un maximum et sans tabous de cette parenthèse intemporelle qui leur était octroyée, de s’aimer autant qu’ils pourraient et de réaliser le moindre de leurs fantasmes. Sam et Chacha, sans avoir une sexualité débridée, avaient exploré maintes façons de faire l’amour. Il n’en était pas de même pour Marlène : Walter, son mari, pas porté sur la chose, remplissait son devoir conjugal sans aucune imagination. Résolument conservateur, il la prenait, toute lumières éteintes, dans la traditionnelle position du missionnaire. Point de levrette ou autre variante. Elle n’avait même jamais osé lui parler de cunni ou autre pratique sentant bon le soufre. Pour Marlène, la jouissance n’était pas souvent au rendez-vous.


Ils arrivaient au terme du repas, continuant d’évoquer des souvenirs intimes. Alors qu’elle savourait une dernière petite douceur, Marlène déclara d’une voix cassée, provocante :



Elle lui prit les mains et lui jeta un regard enjôleur. Elle l’entraîna vers le matelas. Ils reprirent leur corps-à-corps où leur estomac les avait interrompus. Alors qu’il suçotait un téton réceptif, Marlène approcha la bouche de son oreille. Pour lui murmurer un secret ? Certes non. Une langue malicieuse s’introduisit dans son conduit auditif, provoquant de petits frissons délicieux. Frissons décuplés lorsque des dents audacieuses s’attaquèrent à son lobe. Son pénis se raffermissait de seconde en seconde. Pour éviter toute scène de jalousie, Sam goûta l’autre téton tandis que Marlène goûtait l’autre oreille puis, alternativement, il baisa les mamelons.


Les mains de Marlène appuyaient sur le crâne, le poussant à une succession de baisers descendants. Popaul se dressait fièrement, se frottant contre une cuisse compatissante. Ses lèvres survolaient alors le nombril qu’il agaçait du bout de la langue. Marlène repoussa la tête encore plus bas. « Vos désirs, spécialement de ce genre, sont des ordres, belle Madame. » songea-t-il brièvement. Quand les poils de sa moustache se mêlèrent à ceux de la toison de son amante, le bassin d’icelle se souleva brusquement comme s’il avait été traversé par une décharge électrique. Elle branla lentement la tête de Sam de droite à gauche, tandis que son pubis suivait le chemin inverse.


La plainte qui s’éleva alors résonna comme un encouragement. La jeune femme lâcha la tête qu’elle contrôlait pour placer ses mains sous ses hanches. La vulve en effervescence fit face à la bouche de Sam. Il posa délicatement ses lèvres contre celles, entrouvertes, de Marlène. Il glissa lentement sa langue, pénétra, tel un mini-pénis agile, un vagin qui l’accueillit avec des contractions révélatrices. Mais elle voulait autre chose. Déplaçant ses mains sous ses fesses, elle les souleva de plusieurs centimètres, indiquant clairement à son amant où elle désirait que sa langue aille. D’une voix rauque, elle hoqueta :




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Chapter 5



Mardi 6 décembre.


« Ils » les avaient encore endormis. Sam se réveillait lentement. La dose avait dû être plus forte cette fois, car il se sentait vaseux. Ne sentant pas le corps de Marlène contre lui, il lança sa main gauche à sa recherche. Rien. Peut-être, durant leur sommeil avait-elle changé de côté. Personne à droite non plus, seulement un sentiment de gêne au niveau du coude. Il n’avait pas encore ouvert les yeux. Il battit des paupières. Une lumière jaune l’agressa. Qu’est-ce qui se passait encore ? Et ce truc qui, maintenant, le pinçait, franchement, au creux du bras droit. Il y porta sa main. Après quelques tâtonnements, il identifia un goutte-à-goutte. À ce moment, une voix retentit :



La voix de son fils, Frédéric. Le ciel lui tombait sur la tête. Où était Marlène ? Prenant peu à peu conscience du lieu où il se trouvait, il eut envie de hurler. Marlène, qu’un rêve ? Impossible ! Il ferma son esprit et retourna dans ses bras.


Ce fut le défilé des médecins, spécialistes en tout genre jusqu’à un psychologue. Psychologue qui lui annonça, tandis que son fils ne lâchait pas sa main, qu’il sortait d’un coma de plusieurs jours. Ils avaient eu un accident de voiture. Alors qu’ils rentraient de chez leur fils, un semi s’était mis en travers sur l’autoroute. Ils n’avaient pu l’éviter et la voiture s’était encastrée sous la remorque. Charlotte était morte sur le coup et lui s’en était sorti par miracle après être resté sur le fil pendant plus de 24 heures.


Sam sentait les larmes ruisseler sur ses joues. Ce connard de psy d’une voix lénifiante tentait de l’apaiser, soulignant que Charlotte n’avait pas souffert. Sam, en revenant dans le monde réel, avait perdu sa femme, sa jeunesse et Marlène. Marlène, il ne la verrait plus. En fait, elle n’avait jamais existé. Pourtant, elle, si réelle. Il se souvenait de son rire, de leurs étreintes, de sa dernière demande qu’il ne satisferait jamais. Que n’aurait-il donné pour la retrouver ?



Ces paroles de son fils le ramenèrent à la réalité. La femme avec qui il avait vécu 40 années d’un bonheur presque tranquille était morte et lui était obsédé par un rêve. Il se fit horreur. Harassé par ces premières minutes dans son ancien monde, il se rendormit. Sa dernière pensée : peut-être qu’il retournerait dans le cube.


Il passa les jours suivants dans un état semi-comateux provoqué par les analgésiques qu’on lui distillait à longueur de journée. Durant ces périodes, il ne cessait de rêver à Marlène. Dans ses instants de lucidité, il savait qu’il s’agissait d’un rêve. Mais de là à l’accepter. Il vivait difficilement les périodes d’éveil. Prostré, ni les médecins ni Frédéric ne parvenaient à lui arracher un mot. Le psychologue affirma que la mort de Charlotte générait ce mutisme, que Sam ne l’avait pas encore intégré. Il pérorait à voix haute au pied du lit comme si son patient était invisible. Son attitude agaçait particulièrement Sam. En présence de ce docte crétin, il se fermait encore un peu plus.


Au bout de trois semaines, son état physique ne nécessitait plus d’hospitalisation. Il fut décidé de le transférer dans une maison de repos spécialisée dans l’accompagnement psychothérapique. À cette annonce, Sam retrouva subitement la parole pour refuser cette mise à l’écart. Il décida de faire semblant. Il signa toutes les décharges voulues. Après une longue discussion avec Frédéric, il refusa la proposition de passer les fêtes de fin d’année chez son fils. Il voulait être seul. Il ne se sentait pas le courage d’affronter au quotidien sa belle-fille et ses petits-enfants. Frédéric accepta de le ramener chez lui après qu’il lui eût expliqué qu’il avait un projet : partir se ressourcer dans le Massif Central, région qu’il aimait particulièrement. Ils cherchèrent ensemble un gîte rural. Soulagé que son père réagisse enfin, Frédéric lui fit promettre de l’appeler régulièrement.


Le soir même, Sam louait une voiture, oubliant de préciser à l’agence qu’il n’avait pas le droit de conduire. Le lendemain, à la première heure, il quittait sa maison pour sa retraite, dans un bled paumé à quelques kilomètres de Bort-les-Orgues.



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Chapter 6



Dimanche 25 décembre.


Noël ! Sam avait autant envie de fêter Noël que de se pendre ! Encore qu’il avait plus envie de se pendre. Une semaine ! Une semaine qu’il était là. Ses journées se passaient plutôt bien. Sans regarder le temps, il marchait, marchait jusqu’à épuisement. Quiconque, le rencontrant, n’aurait pu se douter que, trois semaines plus tôt, il balançait entre la vie et la mort. Le soir venu, il mêlait whisky et somnifère pour un sommeil sans rêves. Mais ça ne fonctionnait pas complètement. À un moment ou un autre, invariablement, il replongeait dans le même cauchemar en deux épisodes.


Premier épisode : le cube, Marlène nue, allongée sur le dos, ses petits seins durs de désir et cette demande lancinante : « Encule-moi… »


Position obscène, cul cambré, rosette offerte, ouverte. Queue tendue pointée vers la cible. Ses mains se glissant entre le drap et la peau, empaumant ses seins. Le contact des tétons saillants contre son épiderme augmentait si c’était possible la raideur et le volume de son membre. Il en avait mal au ventre. Tendrement, son gland venait s’appuyer contre la porte de service. Elle n’avait jamais connu cela. Il craignait de la faire souffrir, il ne voulait pas la faire souffrir. Précaution superflue. À peine une légère poussée, ce fourreau, étrangement lubrifié, avalait sa bite, l’aspirait jusqu’à la garde. Ses couilles battant la mesure contre la vulve de Marlène. Les sphincters de la belle broyaient son pénis, l’étranglaient comme sa vulve l’avait fait précédemment. Vagin, cul, Sam ne savait pas vraiment où traînait son pénis. L’humidité du lieu lui posait problème. Son membre baignait dans un tiède bain de cyprine. Voulait-il bouger qu’il ne pouvait. Enfoncé profondément en elle, elle le tenait prisonnier. Son pubis soudé aux fesses ne pouvait s’en décoller.


Elle le pompait avec son cul. La rosette trayant une bite qui n’en pouvait plus. Il la cramponnait alors par les hanches en jouissant à grands jets. À chaque fois alors qu’il se déversait, il se retrouvait à martyriser un flipper. L’écran affichait : « Game over ». À chaque fois il se réveillait, le ventre couvert de foutre. Seulement le ventre, bizarrement, comme dans le cube ; il avait rejeté le drap. Il se levait alors pour se laver. Lorsqu’il se rendormait, la deuxième séquence commençait.


Deuxième épisode : début identique au premier épisode. Le cube, Marlène nue, allongée sur le dos. La similitude s’arrêtait là. Plus d’érotisme, mais des larmes. Larmes discrètes, mais qui oblitéraient tout le reste. Sam s’approchait, la prenait dans ses bras. Elle savait juste répéter « C’est pas juste ! C’est pas juste ! » Elle s’accrochait à Sam, se lovait contre lui. Sam bandait de nouveau. Mont de Vénus contre pubis. Il allait la pénétrer. C’est alors qu’elle le repoussait brutalement en s’exclamant « Mais tu es vieux ! » Il se réveillait. Sa nuit était terminée. Il était cinq heures du mat et il savait qu’il ne dormirait plus.


Cela ne pouvait pas durer ! Il allait devenir fou. Il fallait qu’il fasse quelque chose, mais quoi ? Il se rendait bien compte qu’on lui avait fait briller une nouvelle jeunesse, un nouvel amour. À soixante balais, il fallait être drôlement starbé pour s’accrocher un rêve. S’en détacher, mais comment ? Son regard tomba sur l’écran vide de son laptop. Après tout, pourquoi pas ! Il pouvait toujours essayer. Qu’avait-il à perdre ? Il mit sa bécane sous tension. Quelle ville habitait-elle déjà ? C’était en Bavière, ça il en était sûr. Cheunao, un truc dans ce genre.


Google ! Il tapa « Cheunao »… sans résultat. Il n’avait pas la bonne orthographe sans doute. Enfin, si ce putain de bled existait ailleurs que dans son imagination. Il chercha plus d’une heure, jusqu’à ce qu’un pâle soleil vienne taper à la fenêtre. Il abandonna. Il avait essayé toutes les variantes orthographiques auxquelles il avait pensé. Il avait même exploré la carte de Bavière sans aucun succès. Ce bled était un mythe.


La journée s’écoula comme les précédentes. Il marcha jusqu’à l’épuisement. Mais l’idée saugrenue de retrouver Marlène ne l’avait pas quitté. Après avoir expédié son dîner, il se réinstalla devant son ordi avec sa bouteille de scotch et un verre. Google Maps, Bavière. Ce village, il le trouverait, dût-il y passer la nuit. Après le troisième verre, il finit par trouver un Schönau. Ça ressemblait à ce qu’il cherchait. Son rythme cardiaque s’accéléra. Il s’efforça au calme. Il changea la fonction carte pour utiliser la photographie aérienne. Il eut envie de pleurer. Ce n’était qu’une fausse joie. Marlène avait parlé d’un petit village. Ce Schönau im Schwarzwald était un gros bourg, une petite ville.


Il allait quand même chercher dans l’annuaire. Il fallait d’abord en trouver un. Nouvelle recherche. Telefonbuch.com. Il ne comprenait pas un mot d’allemand, mais bon, le logiciel n’était pas si différent que celui les pages blanches. Nouveau problème : l’orthographe de son nom. Encore coincé. Pas sûr. Elle lui avait dit que son nom signifiait rêveuse. Le site de trado, il connaissait. Rêveuse = Träumerin. Il lança la recherche sur Telefonbuch. Quand il vit le résultat, ou plutôt l’absence de résultat, son ordi faillit voler contre le mur. De dépit, il s’envoya un nouveau whisky. Sam se prit la tête entre les mains. Il était dans une impasse. Il devait admettre que sa quête était absurde. On ne retrouve pas l’objet d’un rêve sur Google.


Google ! Presque machinalement, il tapa « Träumerin Schönau ». Tétanisé devant son écran, il n’en croyait pas ses yeux : plusieurs occurrences s’affichaient. La plupart se rapportaient à Telefonbuch. Pourtant une semblait différente : il ouvrit la page. Avec une telle présentation, ce ne pouvait être qu’un avis de décès, celui d’un certain Walter Träumerin. Lorsqu’il découvrit les lignes en dessous du nom, ses yeux jaillirent de leurs orbites : Deine Marlène mit Melanie, Marcella und Florian. Il avait réussi ! Le père Noël était passé ! Groggy, il se leva, attrapa sa bouteille de scotch et en but une grande rasade au goulot.


La suite fut plus facile. Une, non pas « une » : « sa » Marlène Träumerin vivait à Schönau, mais pas à Schönau im Schwarzwald, mais à Schönau près de Munich, un simple hameau d’une ville appelée Tuntenhausen. Dans l’annuaire, il compta de nombreux Träumerin, mais aucun qui se prénommait Marlene ou Walter. Il en déduit qu’ils devaient être sur un équivalent de la liste rouge. Il ne s’arrêta pas à ce petit contretemps. Dans un petit bled, il trouverait facilement. Euphorique ! Du fond de son ivresse, une certitude l’habitait : demain, il partirait pour Schönau où il retrouverait Marlène. Il se coucha sans prendre de somnifère. Il n’en avait plus besoin, son cauchemar était fini.



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Chapter 7



Lundi 26 décembre.


C’est du moins ce qu’il croyait. Il s’endormit comme une masse. Mais lorsque l’effet anesthésique de l’alcool se dissipa, l’épisode un s’enclencha comme à l’accoutumée. Marlène qui lui demandait de l’enculer. Sa queue tendue ! Il plaçait ses mains. Son nœud appuyait contre la corolle qui s’ouvrait. Soudain, tout bascula. Ses doigts s’enfonçaient dans deux outres vides. La fière hampe s’introduisait entre deux fesses flasques. Il s’enfonçait rageusement en elle. Il ne sentait rien. L’étroit canal qu’il pensait inaugurer s’était transformé en un vaste boulevard que trois bites comme la sienne aurait pu pénétrer de concert. De trop nombreuses taches de vieillesse altéraient la douce peau de pêche qu’il avait tellement aimée. Il la pilonnait brutalement. Il aurait voulu la traverser, l’effacer. Un regard sur sa queue lui apprit qu’elle aussi avait pris des rides. Elle pendouillait mollement et ne baisait plus rien. Marlène se retournait alors ; le repoussant violemment, elle s’exclamait « Mais tu es vieux, trop vieux ! Je ne veux plus te voir. »


Il se réveilla en sueur. Hier soir, tout au bonheur de sa découverte, il n’avait aucunement pensé à leur réalité physique. Pas plus que la veille il ne mettait en doute l’existence de Marlène. Ce qu’il avait trouvé ne pouvait être une conjonction de coïncidences. La question qui le torturait venait d’ailleurs. Dans le cube, ils avaient trente ans ! Aujourd’hui, dans la vraie vie, s’ils n’étaient pas encore vieux, ils avaient malgré tout plus de soixante ans. Il ne se ressemblait plus guère. La silhouette pouvait encore faire illusion. Mais comme Marlène dans son cauchemar, sa peau avait vieilli, flétrie, ses cheveux s’étaient fait la malle, son ventre n’avait plus la même fermeté. Pour la fermeté, il valait mieux éviter d’évoquer Popaul qui bandait mou plus souvent qu’à son tour. Elle avait quitté un homme jeune, elle allait se trouver face à… Comment allait-elle l’accueillir ? Et elle ? Il avait beau se dire que son apparence physique ne comptait pas… elle aussi, avait forcément changé. Peu importe, l’important, le plus important : il allait pouvoir aller au bout de son rêve.


Il regarda l’heure : 2 heures du mat. Il ne pourrait plus dormir. Pendant que son café passait, il consulta Google Maps. Plus de 1000 km, 10 heures de conduite. S’il partait maintenant, il pouvait, en comptant les arrêts nécessaires, arriver à Schönau en fin d’après-midi. Il fit une valise rapide, la jeta dans son coffre. Il programma le GPS et partit pour l’Allemagne. Il n’avait même pas bu son café.


Avec une totale inconscience et dans un état second, il roula d’une seule traite jusqu’à Besançon. Heureusement son estomac se montra plus raisonnable que lui. Il finit par étouffer le mantra « Marlène, j’arrive ! » par un « Tu dois me nourrir. » Quand les crampes devinrent insupportables, Sam s’arrêta dans un restoroute où il s’efforça, malgré la boule qui lui nouait le ventre, d’avaler un copieux petit déj arrosé de plusieurs cafés. La nourriture n’avait pas seulement revigoré son estomac, elle avait remis son cerveau en ordre. Elle lui avait rendu un peu de discernement. Après s’être dégourdi les jambes, il s’établit un plan de route. Il n’allait pas débarquer chez elle… Déjà, il ne savait pas où elle habitait. Il réserva plusieurs nuits dans un hôtel à une dizaine de km de Schönau. Merci la 4G ! Cela lui laisserait le temps de finaliser ses recherches. Il décida de s’arrêter aux environs de Stuttgart pour déjeuner. Lorsqu’il redémarra le moteur de sa voiture, il avait pausé près d’une heure.



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Chapter 8



Mardi 27 décembre.


Les rayons matinaux d’un soleil hivernal le réveillèrent. En arrivant dans sa chambre, la veille au soir, il avait oublié de fermer les rideaux. Il avait aussi oublié de prendre une douche, de défaire sa valise et de prendre ses somnifères. Pourtant il avait dormi comme un loir. Pour la première fois depuis sa sortie de l’hôpital, ses cauchemars n’avaient pas perturbé son sommeil. Le voyage l’avait épuisé. Les deux cents derniers kilomètres avaient été horribles, entre la météo qui s’était dégradée – il neigeait sans discontinuer – et le doute qui s’insinuait en lui : et si tout ça n’était qu’un délire dévastateur sorti tout droit de son cerveau malade ? Un moment même il se demanda s’il ne devait pas faire demi-tour et arrêter là cette folie. In fine, le mauvais temps qui le forçait à se concentrer sur sa conduite l’empêcha de péter un câble.


Son GPS trouva l’hôtel sans difficulté. Il gagna la réception en titubant. Sa carte magnétique récupérée, il s’installa dans le hall près d’un distributeur de friandises. Il fallait qu’il mange quelque chose. Pas question pour lui de ressortir pour trouver un resto. Il grignota quelques barres chocolatées qu’il fit descendre avec plusieurs cafés. Après ce dîner improvisé, il rejoignit sa chambre où il s’effondra sur le lit. Une douche et un petit déj plus tard, il se mettait en route pour Schönau. Par bonheur, les routes avaient été dégagées et, sans problème, sa voiture l’amena à destination.


Il était arrivé à bon port sauf que… Il faisait quoi maintenant ? Le village n’était guère étendu, mais de là à taper à toutes les portes… Pas un café, débit de tabac ou autre commerce ! Pas un chat dans les rues. La solution la plus évidente aurait été de sonner à la première maison et de demander. Sa méconnaissance totale de l’allemand n’allait pas l’aider. Peut-être qu’en écrivant le nom de Marlène sur un papier et d’essayer en anglais… Il s’était fait une montagne de ce qui se révéla d’une simplicité déconcertante. La première personne chez qui il frappa le renseigna, allant jusqu’à dessiner un plan au dos de sa feuille. Il était à cinq minutes du but !


Une petite maison coquette qui se distinguait des autres par son absence de décoration de Noël. Marlène habitait ici. Le portail était ouvert, une petite VW était garée devant la porte. Il entra. Alors qu’il allait sonner, la panique le saisit. Et si… Son geste resta en suspens, le doigt figé à quelques centimètres du bouton. Il se mit à transpirer malgré la température négative. Si près du but, il n’allait pas renoncer. Il allait savoir. Il s’efforça de calmer sa respiration.


Alea jacta ! Son index termina sa course. Une sonnerie aigrelette. Envie de prendre ses jambes à son cou. Au bout d’un temps qui lui parut une éternité, la porte s’ouvrit.

Une jeune femme blonde apparut. Il chercha en vain une ressemblance avec Marlène.



Sam avait compris : ça voulait dire bonjour. Il répondit :



Cette fois, il nageait. La jeune femme s’en rendit compte. Elle reprit plus lentement :



Une voix provenant de l’intérieur interpella son interlocutrice :



La voix sonna plus claire, plus fort, avec une note que Sam ne sut identifier. Celle-ci reprit :



Sam n’entravait rien à la discussion entre les deux femmes, mais la dernière réplique avait claqué comme un ordre.



La jeune femme, de la main, indiqua à Sam qu’il pouvait entrer. Lorsqu’il pénétra dans ce qu’il supposa être le salon, une femme d’un certain âge s’extirpa de son fauteuil en s’aidant d’une canne. Les cheveux avaient blanchi, de fines rides habillaient son visage, mais la silhouette, mise en valeur par une jolie robe noire, restait la même. Et surtout ses yeux ! La même lumière que dans le cube. Il l’avait retrouvée. Il n’avait plus aucun doute.



L’âpre échange entre les deux femmes fut bref. La plus jeune sortit en claquant violemment la porte en signe de mécontentement. L’appréhension envahit à nouveau Sam. Il ne reconnaissait pas vraiment la voix mais, bon, elle avait trente ans de plus. Surtout, il ne comprenait pas ce qu’elle disait.


Dès qu’ils furent seuls, elle s’avança, posa sa main sur la sienne, planta ses yeux dans les siens. Dans sa tête, ces mots résonnèrent : « Sam, je t’attendais ! »