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n° 17674Fiche technique51273 caractères51273
Temps de lecture estimé : 26 mn
02/12/16
Résumé:  Médecine douce, justice et religion.
Critères:  fh fplusag fagée jeunes couleurs asie frousses médical religion bizarre cunnilingu anulingus fist fdanus humour
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Chakras

Martine Assetonne se déplaçait avec difficulté ; elle boitait bas, aucune position ne lui épargnait une horrible souffrance. Une violente douleur lui torturait le bas du dos et la fesse gauche, se faisant sentir jusqu’au genou.


Après avoir lui avoir fait passer une radiographie, son médecin lui diagnostiqua une très belle sciatique et lui prescrivit des piqûres d’anti-inflammatoires – un traitement de choc, selon lui – ainsi qu’un arrêt de travail de dix jours. « Qu’est-ce qu’une belle sciatique ? » se demanda Martine. Le médecin assortit ses prescriptions d’un conseil :



« Ben oui, il a de bonnes idées ; et comment je fais, en étant seule chez moi, pour faire mes courses, le ménage et aller au boulot ? »


Elle se rendit au lycée où elle enseignait l’E.P.S., déposa son arrêt de travail au secrétariat, passa à la salle des profs où elle échangea quelques mots avec sa collègue et amie Sophie Béachelle, professeur de philo.



Telle une conspiratrice, Sophie lui confia en murmurant son secret de santé :



Dubitative, Martine hésita à contacter ce gars ; elle ne goûtait guère les médecines parallèles. Elle subit son traitement malgré son peu d’enthousiasme à se faire percer les fesses.


À trente-neuf ans, châtain, elle avait entretenu son corps jusqu’au départ de René, son mari. Depuis la fuite du traître, elle mangeait n’importe quoi n’importe quand, et quelques kilos s’invitaient sur ses hanches. La félonie de son compagnon lui avait flanqué le moral à zéro ; elle compensait par la bouffe.

Son médecin le lui avait fait remarquer avec un manque de tact flagrant :




~o~



Un mois plus tard, elle fit une rechute. En se penchant pour délacer ses chaussures, elle ressentit une vive douleur dans les lombaires. Elle mit un temps fou à se relever, et depuis elle peinait à se tenir droite. Elle renonça à consulter une nouvelle fois son médecin : se refaire piquer le cul, merci bien ! Pour le résultat obtenu, elle se passerait de lui.


Elle retrouva la carte de Sophie et contacta le mystérieux guérisseur.



La voix était grave et sensuelle.



Il semblait sérieux et affable ; elle ne regrettait pas son appel.



~o~



Le lendemain elle se présenta au 13 impasse du Vert-Galant. Elle était seule dans la salle d’attente lambrissée ; de belles plantes apportaient une note de verdure, et un diffuseur d’huiles essentielles libérait des arômes de santal.

À son grand étonnement, de petites peintures et illustrations du Kâma-Sûtra décoraient les murs. Non qu’elle fût prude, mais dans une salle accueillant du public, c’était surprenant.


À quatorze heures pile le mystérieux Monsieur Jacques apparut.



Ses grandes et belles mains serrèrent fermement celles de Martine ; son sourire rassura la jeune femme qui atteignait à peine l’épaule de son interlocuteur. Elle le détaillait du coin de l’œil : grand, svelte, le crâne entièrement rasé, élégamment vêtu d’une chemise et d’un pantalon blancs.



Il la regardait marcher et s’asseoir, remarquant ses postures et ses grimaces lors de ses déplacements.



Il déposa les clichés sur une table lumineuse.



Le praticien réfléchit un peu, puis tenta d’expliquer simplement la notion de chakra.



Jacques Hun se leva et indiqua une table d’examen à sa cliente.



Martine s’isola derrière un paravent et se dévêtit. Elle ressortit en soutien-gorge et culotte.



Un peu étonnée et rougissante, elle retira ses sous-vêtements et s’allongea sur la table, légèrement inquiète tout de même.

Il lui massa d’abord le sommet du crâne, puis le front.



Jacques lui prit la nuque entre ses larges mains et massa ses vertèbres cervicales. Il passa plusieurs minutes sur chaque point.



Martine se sentait bien, une douce torpeur l’envahissait.



Elle se sentait revivre ; son corps réagissait au massage. Autosuggestion ou réalité, il lui semblait que sa douleur s’atténuait, elle se détendait.



La patiente sursauta lorsque Monsieur Jacques lui prit les seins à pleines mains, puis d’un même mouvement pressa les tétons entre le pouce et l’index.



Pour être tendus, ses chakras l’étaient ! Ils se hérissaient.

Tout en expliquant ses faits et gestes, il pressait doucement les deux mamelons qui réagissaient au traitement en devenant de plus en plus rigides.




« Sophie a suivi la même thérapie, alors pas de quoi s’en inquiéter. » se dit la patiente en se laissant aller tandis qu’une douce chaleur envahissait son corps.

À son grand regret, Monsieur Hun délaissa les seins pour masser le nombril. De temps à autre il enduisait ses mains d’huiles essentielles.



Les yeux fermés, le sourire aux lèvres, Martine se laissait manipuler en écoutant les explications du Sage.



Il écarta les jambes de la malade et posa ses lèvres sur son sexe.



Pour la rassurer, il caressa les cuisses et les fesses. Il passa la langue de l’anus au sommet de la délicate cicatrice.



Déjà bien préparé par les massages précédents, le corps de Martine réagit au quart de tour. Elle écarta les jambes à l’insu de son plein gré, sa petite chatte au pelage soyeux ouvrit ses babines humides, elle tendit son ventre à la rencontre de la langue qui la fouillait, aux lèvres qui venaient décalotter et butiner son petit asticot, le lui presser, le faire vibrer.

Au terme de plusieurs minutes de ce traitement, son dos s’arqua, son corps se tétanisa. La tête lui tournait, elle gémissait en continu tout en s’agrippant aux bords de la table d’examen, puis elle s’affala dans un grand soupir, un sourire extatique aux lèvres.



Martine comprenait pourquoi Sophie n’avait pas voulu en dire plus sur la technique du yogi.

Lorsqu’elle se leva, à sa grande surprise elle ne sentait presque plus la douleur. « C’est que ça marche, son truc ! » se dit-elle tout étonnée.



Martine se rendit compte, à son grand embarras, qu’elle dégoulinait.

Elle se débarbouilla l’entrejambe et s’habilla.




~o~



Une semaine plus tard, elle se présentait au cabinet de l’étonnant Jacques Hun. Elle s’était faite belle : coiffeur, et surtout esthéticienne qui lui avait débroussaillé la roseraie.


Elle se retrouva nue et allongée en deux temps trois mouvements tandis que le Maître des Chakras s’enduisait les mains d’huile.

Il lui travailla une nouvelle fois le Sahasrara, l’Ajna, le Vishuddha, l’Anahata, et se fit triturer les chakras secondaires sur l’avant-cœur avec grand plaisir. Après qu’il eut travaillé le Manipura, elle attendait avec impatience l’ouverture de la dernière porte.



Elle se détendait autant qu’elle pouvait ; elle se préparait en écartant les jambes.

Jacques Hun vint poser sa bouche sur son Swadhistana, également appelé « clitoris » en langage populaire. En même temps, il enfonçait un doigt dans sa chatte en état de liquéfaction avancée et un autre dans son anus.



Elle ne sut jamais combien de temps elle resta ainsi à se tordre, haleter, gémir, délirer ; elle coinçait les doigts de son manipulateur dans ses portes célestes. Lorsqu’elle sortit de sa torpeur, elle se sentait planer à quelques centimètres au-dessus de la table.

Alors qu’elle posait les pieds sur le sol, elle se sentit chanceler, comme Jacques*.



Comme la première fois, elle dégoulinait. Comme la première fois, elle ne ressentait plus la douleur, ni même la moindre tension au bas du dos ou dans la fesse. Cette technique était prodigieuse ! Elle oubliait aussi la forfaiture de son ex ; son moral pointait sur le beau fixe.



Elle ne se sentait plus de joie : sa douleur disparut, les massages de M. Hun lui procuraient sérénité et vitalité. Elle voulait faire partager ces bienfaits, aussi les conseilla-t-elle à sa sœur, insomniaque.



~o~



La troisième expérience se passa aussi bien que les autres. Monsieur Hun lui proposa un autre rendez-vous un mois plus tard.



Une question la taraudait.



Elle réfléchit un peu, eut une révélation et rougit comme une pivoine.



~o~



Elle suivit avec joie deux autres séances, regrettant de n’en avoir plus qu’une par mois. Chacune d’elles durait une heure : trois quarts d’heure de manipulations, et un quart d’heure pour reprendre ses esprits.

Elle se rendit compte, après ce cinquième rendez-vous, qu’elle perdait du poids : les petits bourrelets disgracieux sur la taille fondaient.


Elle se rendit à la dernière, toute guillerette ; elle ne ressentait plus aucune douleur, ni même aucune gêne à la colonne vertébrale. Elle se sentait revivre, dans toutes les acceptations du terme.

Seule petite ombre au tableau : ses soins s’arrêtaient aujourd’hui.


Arrivée à l’intersection de la rue de Navarre et de l’impasse du Vert-Galant, elle vit des véhicules de gendarmerie gyrophares allumés, des badauds et des curieux qui s’agglutinaient devant le cabinet de Jacques Hun. Des gendarmes faisaient des allées et venues entre leurs véhicules et le bâtiment, les bras encombrés de documents, d’ordinateurs.


Elle interpella un homme qui sortait de l’impasse.



Une femme en larmes regardait cette agitation d’un air désespéré. Martine lui demanda quelques éclaircissements.



Après un temps de réflexion, Martine téléphona à Sophie Béachelle.




~o~



Grâce au bouche-à-oreille, Martine, Sophie et Jeanne avaient réussi à rameuter une trentaine de patientes de leur bienfaiteur. Rendez-vous avait été donné dans un café tenu par une des admiratrices de Jacques Hun.


La patronne, Adèle Scott, prit la parole :



Toutes les participantes se regardèrent, guettant celle qui se débinerait la première. Aucune ne bougea. Il y avait là des femmes dodues, des maigres, des belles, des différentes, des jeunes, des moins jeunes, une ou deux d’un âge avancé, des rousses, des brunes et des blondes, une Martiniquaise et deux Vietnamiennes.



Tous les regards se portèrent sur l’avocate, une grande blonde d’une quarantaine d’années au nez proéminent.



Un prodigieux brouhaha éclata dans la salle. Toutes les invitées y allaient de leur commentaire.



L’agitation atteignait son paroxysme lorsque la patronne hurla :



Le calme revint, entrecoupé de chuchotis. L’avocate reprit la parole :



C’est ainsi que se dessina la défense de Jacques Hun.



~o~



Comme l’avait annoncé l’avocate, la partie civile ne recula devant rien pour enfoncer le prévenu, pour décrédibiliser ses admiratrices, allant même jusqu’à les menacer, les insultant, menant une campagne diffamatoire faite de calomnies et de plaisanteries salaces.

Elles tinrent bon, répondant aux insultes par des dépôts de plainte, essayant de rester dignes malgré les lazzis et les rires graveleux des bonnes âmes de la ville.


Sophie et Martine vécurent quelques moments difficiles au lycée ; elles subirent les moqueries de leurs collègues, les sourires narquois des élèves et les insultes de certains parents. D’autres vinrent les soutenir pour emmerder les grenouilles de bénitier.


Les deux femmes s’interrogeaient sur la conduite à suivre : devaient-elles continuer ou abandonner ? Jacques Hun les avaient soulagées, aidées à surmonter des épreuves ; elles n’allaient pas le laisser tomber. Elles songeaient souvent à lui. Il était sorti de prison un mois après son arrestation et restait sous contrôle judiciaire, avec interdiction de fréquenter ses patientes. Le pauvre vivait seul, uniquement contacté par son avocate.


Enfin, une longue année après ces événements, le procès débuta.



~o~



Le tribunal correctionnel ouvrit son audience par un mardi d’automne froid et pluvieux. La présidente entra accompagnée de ses deux assesseurs, deux magistrats d’âge mûr. La magistrate, madame Anne Hévrisme, jolie femme entre deux âges réputée sévère et inflexible, semblait souffrir en se déplaçant ; elle s’aidait d’une canne.

Le ministère public était représenté quant à lui par le substitut du procureur de la République, Blanche Hapin.

Un greffier complétait l’équipe.


La partie civile, constituée par monsieur Martin Galle, son épouse et l’Ordre des médecins était représentée par maître Bruno Zieuver.


Jacques Hun, sagement assis aux côtés de son avocate, son fan-club derrière lui. La salle bondée regorgeait de simples quidams qui espéraient entendre des détails salaces et croustillants.


La présidente commença l’interrogatoire du prévenu :



La magistrate interrogea du regard Jacques Hun.



Martin Galle et maître Zieuver se démenaient sur leurs sièges, outrés.



Le banc de la partie civile s’agita furieusement alors que des éclats de rire retentissaient.



Gros éclats de rire gras dans la salle.



Après avoir ramené le calme dans la salle, Anne Hévrisme reprit le cours du procès.



Maître Bruno Zieuver se leva en agitant ses manches, tel un corbeau prenant son envol.



Martin Galle se leva, affichant fièrement sa soixantaine, ventre plat, silhouette sportive, cheveux blancs éclatants. Il semblait pourtant accablé.



Au vu de sa mimique, il ne portait pas non plus sa belle-sœur dans son cœur.



Il versa une larme, sa voix s’étrangla.



La petite femme blonde se leva et approcha, intimidée.



Son mari s’agitait sur son siège.



Le mari gesticulait de plus en plus.

Elle semblait hésiter à poursuivre son témoignage.



Le professeur Galle se leva en hurlant :



Madame Hévrisme fit intervenir les gendarmes pour expulser le trublion.



Le calme revenu, l’audition des témoins reprit. Des femmes, dont Sophie Béachelle et Martine Assetonne vinrent témoigner. Elles ne tarirent pas d’éloges envers le prévenu.



Une autre, jeune étudiante d’origine vietnamienne, vint expliquer à la cour qu’elle consultait régulièrement Jacques Hun avant un examen ou un concours, ce afin de se mettre dans les meilleures conditions possibles, d’évacuer le stress.



L’avocate afficha un sourire satisfait.

Tout ces témoignages se terminaient invariablement par :



Une femme d’une cinquantaine d’années en fit une description éloquente :



Alors que l’audition des témoins se terminait, la présidente intervint :



Entra alors un personnage étonnant. La carrure d’un pilier de rugby, un cou de taureau, la cinquantaine fringante, le cheveu ras, la barbe broussailleuse et argentée. Un petit durillon de comptoir arrondissait la silhouette. Il observa la salle de son œil vif de faune facétieux. Comme il était vêtu d’un pull aux manches relevées, le public pouvait admirer ses tatouages ; un ours sur l’avant-bras droit, un cœur sur l’autre.



L’homme se passa la main sur le visage. Vu la dégaine de l’individu, chacun s’attendait à ce qu’il démolisse l’accusé ; un mari jaloux et vindicatif, peut-être.



Il prit une grande respiration et se lança :



Il retint un sanglot. Les femmes étaient émues de voir ce gros ours si fragile.



Maître Zieuver s’offusquait et s’étranglait presque de colère.



Il reprit son souffle.



Cette dernière déclaration était assortie d’un regard noir envers maître Bruno Zieuver ; un regard à dessécher les noisettes dans le calbute. L’avocat se fit tout petit derrière ses dossiers.



Maître Bruno Zieuver se leva ; toute la misère du monde venait de s’abattre sur ses épaules.

Arrivé avec trois clients, il se retrouvait seul.



Il vit à ce moment le dénommé Gérard Brodsky qui frappait sa paume gauche de son poing droit en lui jetant un regard bien sombre, présageant une averse de gnons. Il se mit à bégayer et termina piteusement sa plaidoirie par un pathétique :



Il voulait demander 10 000 €, mais le type à tête de faune lui avait flanqué la frousse.



Blanche Hapin se leva ; elle ressentait une profonde lassitude. Ce procès qui ne devait être qu’une simple formalité tournait au fiasco ; pire, au ridicule. Elle devait sauver les meubles.



Maître Hétalon se leva à son tour.



Maître Hétalon prit la main de son client.




~o~




L’avocate embrassa son client, les groupies de Jacques Hun se congratulèrent.

Hors du tribunal, Martin Galle hurlait à l’imposture, voulait faire appel. Comme il était lui-même poursuivi pour insultes envers le tribunal, son appel avait peu de chance d’aboutir.


Gérard Brodsky et sa Pupuce organisèrent une grande fête en l’honneur du brave homme. Le champagne et le ouisky coulèrent à flots.


Jacques exécuta sa peine dans un couvent ; il devait y faire des travaux d’entretien.



~o~



Quand il arriva au couvent des Gamouillettes, il fut reçu par la mère supérieure, mère Marie-Ursule. Sa robe, son voile et son scapulaire offraient un étrange dégradé de gris. Seul son visage en lame de couteau ressortait de cette grisaille, entouré qu’il était d’une coiffe blanche.



Jacques Hun commença son travail, sans enthousiasme, mais sans réticences non plus. Bien entendu, bien que ce lui fût formellement interdit, il croisa des nonnes et d’autres religieuses, certaines fort appétissantes. Mais il restait sérieux : il purgeait une peine, tout de même, et ne tenait pas à aggraver son cas.


Lors de sa seconde nuit au couvent, il se déroula des faits étranges et mystérieux au cours de cette nuit profonde et noire, nuit où mère Julie des Anges arriva fort essoufflée dans le bureau de la supérieure.



Sœur Bénédicte arriva à l’infirmerie, aidée d’une nonne et appuyée sur sa canne. Rondelette, la cinquantaine bien entamée, elle n’en menait pas large : elle connaissait la réputation de son vis-à-vis.

Allongée nue sur le lit, la sœur priait les divers saints du calendrier, y compris Saint Dicat et Saint Zanneau.


Devant la douleur ressentie par la religieuse, Jacques Hun décida de lui faire la séance de choc. Il se fit apporter ses huiles essentielles ; il dut remplacer l’huile de jojoba par de l’huile d’olive, meilleure au palais. Tout y passa ; tous les chakras furent sollicités. Aussi, lorsqu’il introduisit un doigt dans le Tabernacle, elle poussa un grand :



Lorsqu’il visita la Sacristie, sœur Bénédicte lança un grand :



Quand la Mère supérieure vint aux nouvelles, sœur Bénédicte gisait sur le lit, jambes écartées, le visage extatique.



Jacques Hun prit à part mère Marie-Ursule.



Bien entendu, la rumeur se répandit telle une traînée de poudre : un miracle venait de se produire. Il n’en fallait pas plus pour que toute la congrégation se réveille avec moult problèmes : des insomnies, des algies, des hémorroïdes. Tout le couvent fit le siège du bureau de la Mère supérieure pour bénéficier des soins du Yogi. Même sœur Cunégonde – quatre-vingt-dix printemps – vint, prétextant que son hallux valgus lui menait la vie dure.


Mère Marie-Ursule s’en ouvrit à sœur Julie des Anges.



Un long silence s’ensuivit ; un ange passa plusieurs fois.



La Mère supérieure souffrait depuis longtemps de gargouillements et flatulences qui survenaient aux moments les plus inappropriés.


N’écoutant que son bon cœur, Jacques Hun les soigna toutes. Il fut bien un peu inquiet de voir toutes ces religieuses en file indienne devant l’infirmerie ; il allait avoir du boulot, d’autant plus qu’elles passèrent plusieurs fois. Même la Mère supérieure.


Au lieu de tondre les pelouses, il s’occupa un mois durant des jardins privés de ces saintes femmes. La vie du couvent se résumait dès lors à la prière et l’ouverture des chakras.


Au moment de son départ, mère Marie-Ursule expliqua à son neveu ébahi que monsieur Hun serait le bienvenu s’il décidait de faire retraite une fois l’an dans le couvent ; qu’après ses ennuis judiciaires, il avait besoin de repos et de méditation ; qu’il était quelqu’un de bien serviable et compétent. Toutes les religieuses, émues, vinrent lui dire au revoir.



~o~



Martin Galle ne fut jamais député ; il déclencha une bagarre générale pendant un débat avec son adversaire principal lorsque ce dernier lui donna le surnom de « mauvaise langue ».


Sitôt sa peine terminée, Jacques Hun reprit ses activités, rouvrit son cabinet sous l’appellation de linguologue ; ses clientes le fréquentaient, dûment averties, conscientes et satisfaites du traitement.

Martine Assetonne, Sophie Béachelle et les autres revinrent le consulter régulièrement.


Sous le sceau du secret, des médecins lui envoyaient certaines de leurs patientes.

C’est ainsi qu’un soir, à la tombée de la nuit, on vit une ombre se faufiler dans le cabinet du linguologue.



Alors qu’il lui massait ses petits seins fermes et tentait d’ouvrir les chakras secondaires, Jacques Hun émit un diagnostic :



Elle ferma les yeux et ouvrit la bouche, cherchant sa respiration alors qu’il insinuait un doigt dans la salle d’audience et un autre dans le prétoire.


Madame la présidente Anne Hévrisme entamait son traitement.



~o~




* Elle chancelle, comme Jacques. Désolé, j’ai honte.