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Temps de lecture estimé : 9 mn
07/01/17
Résumé:   J'ai finalement cédé, après deux semaines de lutte. Je pensais que laisser libre cours à mes envies me libèrerait, mais tout l'inverse s'est produit.
Critères:  fh prost jardin fellation nopéné -fellation
Auteur : Teddy_bear      
Nuit sous un pont


Je marchais à travers l’obscurité, éclairée par les lumières nocturnes, fendant la brume d’un pas vif, et faisais semblant de ne pas savoir où mes pas me dirigeaient. Mes mains gantées serraient mon blouson contre moi, essayant de préserver mon corps du froid qui transformait mon souffle en buée.



La rue était calme, à cette heure où même dealers et malfrats doivent dormir, et je n’avais croisé en tout et pour tout qu’un chat errant. Noir, évidemment. À la lumière du jour, je ne suis pas superstitieux, mais alors que les minutes semblaient s’étirer sous le poids de la nuit, je ne pouvais m’empêcher d’associer cet animal à un mauvais présage.



Les bruits de la ville m’accompagnaient, au loin, parfois la sirène d’une ambulance ou un grondement de moteur, et les odeurs aussi. Restes de poubelles et jets d’urine, je dois dire que je ne traversais guère le plus beau quartier de la ville, depuis plus d’une heure que je parcourais les trottoirs, mais citadin depuis toujours tout cela ne m’incommodait plus vraiment.


J’atteignis finalement un petit parc, à peine quelques parcelles d’herbes et de jeux pour enfant, où je m’assis sur le premier banc pour récupérer mon souffle. La marche ne m’avait pas fatigué, mais l’énormité de ce que j’étais en train de faire avait fini par littéralement me couper le souffle.

Pourquoi me trouvais-je là, au beau milieu de la nuit, assis au milieu d’un parc dans un quartier crasseux ?

Je retirai mon bonnet et me penchai vers l’arrière, les yeux vers le ciel et les mains dans les cheveux, espérant que l’air froid que j’inspirais à grandes goulées pourrait me calmer.

Je savais exactement pourquoi j’étais là, ce soir. J’étais venu pour elle.



Je savais qu’elle attendait, à peine quelques dizaines de mètres plus loin et pourtant si loin. De mon banc, je pouvais voir les rambardes du pont que je connaissais par cœur, ce pont qui avait fini par faire partie de ma routine presque journalière. Je l’avais vue là pour la première fois deux semaines auparavant, deux semaines pendant lesquelles elle avait progressivement envahi mes pensées et mes nuits, au point de m’empêcher de dormir et de me pousser dans la rue.

Je regardai rapidement ma montre. Merde. Je devais me décider maintenant, ou ce serait bientôt trop tard.



Je me relevai après avoir remis mon bonnet, les mains dans les poches, et sautillai légèrement sur place pour réchauffer mes membres engourdis, avant de m’élancer dans sa direction, sans plus réfléchir. J’enjambai la barrière ceinturant le parc, et descendis la pente de terre, délogeant quelques cailloux au passage.

Lorsque j’atteignis le bitume en contrebas, je portai mon regard vers l’ombre épaisse projetée par le pont, à une dizaine de mètres. Quelques secondes plus tard, après que mes yeux se furent habitués à l’absence de lumière, je la vis, debout à proximité d’un des piliers soutenant la masse de béton et de fer qui la surplombait.


Elle était exactement comme je l’imaginais, seule dans ce froid mordant, emmitouflée dans son épais manteau rouge que j’avais appris à reconnaître. Elle portait une jupe sombre, ou peut-être une robe, qui laissait voir des jambes gainées de bas tout aussi noirs, et se terminant par des chaussures rouges, à talons comme toujours. Une épaisse écharpe lui masquait le bas du visage, mais sa peau blanche attrapait le peu de lumière ambiante pour la refléter faiblement, contrastant fortement avec les longs cheveux noirs qui l’encadrait.



Tandis que je restais là à la contempler, quelques uns des cailloux délogés pendant ma descente rebondirent sur le bitume derrière moi, troublant le silence de la nuit. Elle tourna alors vivement la tête dans ma direction, sursautant presque et avant qu’elle ne puisse détailler mon visage, je remontai en vitesse ma propre écharpe. Elle ne devait pas me reconnaître ce soir. Je terminai mon mouvement d’un rapide salut de la main, dans sa direction, auquel elle répondit avec un léger temps de retard mais sans pour autant se déplacer dans ma direction. J’allais devoir passer dans l’ombre du pont pour la rejoindre, et ce geste m’apparut soudain empreint d’un étrange symbolisme, mais je n’étais pas arrivé jusque là pour reculer maintenant et je la rejoignis.



J’arrivai à sa hauteur au moment où elle baissait son écharpe, découvrant sa bouche épaissie par le maquillage. Yeux, lèvres, tout son visage était largement maquillé, et je ne pus m’empêcher d’y voir des peintures de guerre. Je n’étais pas suffisamment proche pour sentir son parfum, mais je l’imaginais lourd et capiteux, une odeur de fruits et de sucre.

Finalement, elle me sourit, et je vis à nouveau cette expression qui m’avait accroché dès le premier regard, rien de plus pourtant qu’un brusque écartement de lèvres qui découvrait de petites dents blanches mais j’avais l’impression qu’elle me souriait de tout son visage, et je sentis mon cœur accélérer sensiblement. Ce fut elle qui rompit le silence :



Je fus pétrifié. Je savais à quoi m’attendre, mais malgré cela entendre ces quelques mots m’avait fait l’effet d’un coup au cœur. Je ne répondis pas, et continuai de la dévisager, essayant de lire dans ses yeux. M’avait-elle reconnu ?

Je restai silencieux suffisamment longtemps pour voir la commissure de ses lèvres s’abaisser légèrement, puis hochai lentement la tête de haut en bas. Je n’osais pas prononcer un mot.



A la mention de la voiture, je hochai la tête négativement. Je retirai un gant et attrapai les billets pliés de ma poche intérieur. Je n’avais aucune idée des prix pratiqués, et j’avais prévu un peu plus de cent euros en billets neufs, à peine sortis de la banque. Je lui tendis deux de ces billets qu’on aurait cru repassés, qu’elle empocha rapidement.

Puis elle remonta son écharpe en disant :



Je la suivis à quelques pas derrière, obnubilé par le bruit des talons sur le bitume et du frottement du nylon. Je pouvais maintenant respirer l’odeur qu’elle laissait derrière elle à chaque pas, et j’avais vu juste. Fruits et sucre.

Elle tourna soudainement derrière un pylône de béton, où je m’empressai de la suivre, et nous continuâmes notre chemin en direction des habitations proches, bercés par l’obscurité. Rapidement, une haie mal entretenue apparut sur la droite et elle me fit signe en direction d’un trou dans le feuillage.



Je m’y engouffrai à sa suite, débarquant dans un jardin visiblement abandonné, et jetai un coup d’œil autour de moi. Rien de plus qu’une maison tout aussi abandonnée, ainsi qu’une petite structure en bois, pas plus qu’un appentis, vers laquelle elle se dirigea. Un petit cadenas en fermait l’entrée, et je la vis sortir une clé d’on ne sait d’où. Rapidement, le clac du cadenas, puis elle m’ouvrit la porte et me dit :



J’hésitai un instant à pénétrer dans la cabane, mais j’étais arrivé suffisamment loin pour ne plus reculer. Je rentrai donc, et sursautai lorsqu’elle claqua la porte dans mon dos. Je la perçus bouger dans le noir, puis le craquement d’une allumette illumina un angle du petit cagibis et me permit de distinguer l’intérieur. Un tapis, quelques coussins, une poubelle, quelques morceaux de tissus scotchés sur les fenêtres et enfin plusieurs bougies, dont l’une était maintenant allumée.

Je fus surpris. Loin d’être agréable, l’intérieur était toutefois propre et sec, je redoutais un endroit sordide.

Je la vis s’affairer à l’intérieur d’un sac pendu au mur, et en extraire un préservatif, qu’elle me tendit.



Surprise à nouveau. En y réfléchissant, c’était logique bien sûr, mais je n’avais pas beaucoup réfléchi avant de venir. Je restai comme une statue, l’emballage dans ma main toujours gantée.



Elle enleva son manteau, dévoilant une blouse de coton noir. Alors qu’elle s’approchait de moi, j’eus le temps d’apercevoir la pointe de ses petits seins tendre le tissu, avant qu’elle n’ouvre les bouton de mon blouson et attrape d’autorité le haut de mon pantalon.

Elle déait rapidement ceinture, bouton et braguette, mais c’est moi qui réagis ensuite en attrapant les côtés du pantalon. J’effleurai au passage ses mains, qu’elle retira rapidement, et prenant une large inspiration, je descendis pantalon et caleçon jusqu’aux chevilles d’un seul mouvement, dévoilant au passage un sexe mou. J’étais trop déboussolé pour bander dans l’état actuel.


Rapidement, elle attrapa le préservatif tombé par terre dans la manœuvre, puis commença à me caresser doucement de son autre main, toujours debout face à moi. La scène me semblait surréaliste, moi le pantalon aux chevilles, la queue à l’air, en train de me faire lentement masturber face à face avec une belle prostituée dans un cagibis au fond d’un jardin abandonné.


Je ne savais que faire de mes mains, alors je les posai sur sa taille. Elle eut un léger mouvement de recul, mais n’arrêta pas sa caresse. Je finis enfin par prendre de la vigueur entre ses doigts, et c’est ce moment qu’elle choisit pour me tendre à nouveau le préservatif.

Elle quitta ensuite mes bras, pour attraper un coussin qu’elle plaça à mes pieds. Tandis que je pouvais maintenant dérouler l’enveloppe de latex sur ma verge en érection, elle se plaça à mes genoux, et entama sa fellation.



Le premier contact de ses lèvres fut électrisant. La chaleur de sa bouche contrastait avec le froid alentour, et même à travers le plastique la sensation était plaisante. Elle commença par envelopper juste le bout, et entama un lent mouvement le long de la hampe. Centimètre par centimètre, je vis ses lèvres rouges gagner du terrain sur la longueur de mon sexe, et je me sentis gonfler au contact de sa langue.


J’étais maintenant complètement tendu, alors que quasiment l’intégralité de mon membre avait envahi sa bouche. Toujours aussi lentement, la voilà qui recula, laissant une obscène traînée rouge vif, avant de me reprendre dans sa bouche. Je sentis maintenant sa langue s’activer par dessous, et mon souffle s’accéléra. Elle attrapa mon sexe d’une main, et commença à faire virevolter sa langue tout autour du gland, et son autre main ne resta pas inactive puisqu’elle se mit à me frôler les bijoux.



Le rythme de croisière s’installa, et je vis son visage s’activer en cadence sur ma queue. Des bruits humides se firent entendre dans la pénombre de la pièce, et une main sur le mur, je ne pus m’empêcher de caresser ses cheveux d’une main qu’elle repoussa négligemment. En guise de punition pour mon geste, je sentis les ongles de sa main gratter légèrement mes testicules, et la réaction fut immédiate : je laissai échapper un grognement de plaisir. Petit à petit, je la vis avaler les derniers centimètres, et bientôt je sentis son nez buter contre mon pubis.


J’accompagnais maintenant les mouvements de sa tête avec les hanches, et plaçai à nouveau ma main sur sa nuque, cette fois-ci sans réaction.

Après quelques instants de ce régime, je fus en nage, toujours camouflé derrière mon écharpe, et je sentis que la température de la pièce était montée de plusieurs degrés. Je sentis ses lèvres me presser de plus en plus fermement, et lorsque qu’elle s’arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle, je la vis me regarder par en-dessous, le visage barbouillé par son propre maquillage devenu anarchique. Le rouge vif s’étalait tout autour de sa bouche, elle avait les lèvres luisantes de la salive qui recouvrait mon sexe, et elle me souriait toujours comme si c’était vrai, comme si je n’étais pas en train de baiser la bouche d’une pute trouvée sous un pont. Je la trouvais plus belle que jamais.



J’exerçai une douce pression à l’arrière de sa nuque, et la fis reprendre sans hésitation. La conclusion approchait maintenant, je sentais le plaisir monter, irradier depuis mes cuisse et m’envahir tout le bas-ventre. Toujours au chaud dans sa main gauche, la pression s’accumulait dans les valseuses. Je me crispai involontairement, elle compris le signal et redoubla d’ardeur, pompant sur mon sexe comme une forcenée. Puis ce fut la petite mort, je tressautai dans sa bouche au rythme des longs jets chauds qui allaient remplir le latex. Elle attendit, patiemment, silencieuse et immobile, l’épilogue de la scène.

Je fermai les yeux et accompagnai ma libération d’un long grondement. L’orgasme me défit de la pression accumulée pendant ces dix dernières minutes, mais également de celle emmagasinée depuis plusieurs jours. Pendant ces quelques secondes, je ne pensai plus au travail, aux collègues, aux amis, ni à rien d’autre qu’à la douceur et à la chaleur de la bouche de cette femme dont je ne connaissais même pas le nom.


Finalement, je la sentis me quitter, et lorsque j’ouvris les yeux, la réalité me percuta brutalement. Elle ne me regardait plus, déjà elle rangeait le coussin et fouillait son sac à la recherche de mouchoirs. Je baissai les yeux et vis ma verge à moitié ramollie pendre dans son enveloppe de latex, où se mélangeaient traces rouges et traînées blanchâtres, et je me trouvai ridicule, risible, absurde.


Je me débarrassai rapidement du préservatif, et m’essuyai avec les mouchoirs qu’elle me tendit. J’étais incapable de croiser son regard. Le froid se faisait sentir de nouveau sur mes jambes nues et je trébuchai en direction de la poubelle pour y déposer mon fardeau, avant de remonter mon pantalon.


Bouton refermé, braguette remontée, ceinture bouclée, je me retrouvai debout contre la porte, et je ne vis plus que son dos. Elle avait déjà remis son lourd manteau rouge et, occupée à remettre de l’ordre dans son maquillage, me faisait négligemment signe de quitter les lieux. Je restai encore quelques secondes muré dans mon silence, espérant un dernier regard, en vain.

Je tournai finalement les talons et la quittai en claquant la porte, retrouvant le froid et l’obscurité.