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n° 17734Fiche technique8348 caractères8348
Temps de lecture estimé : 6 mn
11/01/17
Résumé:  Un homme, une femme, l'Ile Saint-Louis, un bandeau, une surprise.
Critères:  fh ff fsoumise cérébral cunnilingus nopéné attache yeuxbandés fouetfesses
Auteur : Hadrien des Ombres            Envoi mini-message
Monsieur a bien de la chance...



La voix était jeune, timide ; un léger accent du Sud lui donnait un charme de fruit vert sous la langue, un peu amer encore mais déjà plein de promesses. Ce n’était plus la voix d’une adolescente, pas encore celle d’une femme.


Il n’empêche que vous aviez sursauté sous le masque qui vous couvrait les yeux.

D’instinct, vous auriez voulu vous retourner vers celle qui les avait prononcés, mais les liens qui reliaient vos poignets à l’épaisse poutre de chêne étaient trop forts et trop courts. Et puis faire demi-tour sur des escarpins aussi hauts quand on ne porte qu’un serre-taille en dentelle, un porte-jarretelles et des bas, ce n’est peut-être pas indiqué.

Mieux valait, tout bien pesé, continuer à lui exhiber vos fesses nues, mêmes rougies ; surtout rougies.


Hadrien vous avait emmené flâner sur l’île Saint-Louis, ce dimanche-là. Comme toujours, il était venu vous chercher chez vous. Il était désespérément ponctuel comme tous les hommes du Nord, et vous étiez « presque prête », comme chaque fois. Plus qu’un trait de rouge sur vos lèvres, un nuage de parfum, vos escarpins à enfiler et vous seriez à lui… Il s’impatientait dans le salon quand vous êtes apparue virevoltante au pied de l’escalier.


Vous aviez fait un détour par le parvis de Notre-Dame, slalomé entre les touristes chinois suivant leur guide comme une portée de canetons mandarins, évité les jeunes filles au teint bistre qui tournoyaient autour de vous la main tendue, admiré les joueurs de djembé. Quelques mètres encore, un pont à traverser, et vous aviez changé de monde.


L’île est un univers en soi, même si elle n’est écartée de la terre ferme que de quelques brasses. Le rythme de vie y est différent. Plus lent, plus solennel aussi. Un peu hors du temps. Pour peu qu’on se laisse aller, on y entendrait rouler les calèches du Roi Soleil et le froufrou des robes des duchesses au retour d’un rendez-vous galant. Entre les grandes façades des hôtels de maître, l’œil ironique de l’horloge de l’église Saint-Louis et les boutiques des artisans, c’est un Paris parfait pour les amoureux. Vous déambuliez main dans la main. Hadrien était attentif, mais peu prolixe. Son esprit semblait vagabonder. Parfois vous posiez la tête sur son épaule et vous deviniez son sourire et son contentement. « Je rends cet homme heureux, et il me comble. » vous disiez-vous.


Vous avez dégusté tous les deux une glace à l’italienne près d’un carrefour, dans une boutique décorée de partout. Puis vos pas vous ont menés vers une porte cochère qui abritait une chambre d’hôte. Vous l’avez senti serrer votre main plus fort ; ses traits se sont figés. Il a ouvert la porte et vous laissée passer devant lui.


À peine étiez-vous entrés que vous avez pris la pose : jambes écartées, mains dans le dos, cambrée, bien cambrée. « Je vous appartiens, Maître. » Hadrien vous avait embrassée fougueusement. Vos mains s’étaient croisées, enlacées, reprises à nouveau. Vous avez fait mine de vous agenouiller pour lui offrir votre bouche, mais pour une fois il déclina votre invitation. Il fit passer votre pull par-dessus vos épaules. Vous avez levé les bras en l’air pour l’aider. Puis ce fut la bretelle du soutien-gorge qui glissa sur vos bras, la jupe qui tomba à vos pieds.


La violence le prit en un instant. À peine débarrassée de vos habits, vous étiez collée au mur de pierre. La main d’Hadrien se posa sur vos fesses. Vous avez souri intérieurement. Ses doigts seraient bientôt en vous. Puis vous fûtes attachée à la fameuse poutre, et le bandeau recouvrit vos yeux.


Vous avez entendu Hadrien marmonner. Il vous sembla reconnaître les mots « champagne » et « caviar ». Lisait-il une carte ?


Il y eut ce moment que vous appréciiez par dessus tout. Celui de l’attente. Celui de l’offrande. Quand les liens vous maîtrisent, quand vous êtes privée de la vue, quand vous êtes à sa merci. Vous ne pouvez vous empêcher de mordre votre lèvre inférieure. « Que va-t-il faire de moi aujourd’hui ? Où posera-t-il sa main en premier ? Sera-t-il tendre, brutal… très brutal ? » Vous essayiez d’interpréter ces bruits de sac que l’on pose, de fermeture Éclair qui glisse.


La cravache vous cingla les fesses et vous arracha à vos réflexions. Vous comptiez en silence : « … sept, huit, neuf… tenir jusqu’à dix sans crier… onze… » Votre premier cri ; un soulagement, un soupir… il serait fier de vous, vous le saviez.


On frappa à la porte. Le silence se fit. C’est alors que vous avez compris. Hadrien avait passé commande auprès d’un traiteur, et la livraison arrivait. Un autre plaisir vous attendait. Peut-être partageriez-vous ces victuailles comme de vieux amants ? Peut-être au contraire exigerait-il que vous le serviez à genoux ? Qu’importe, vous aimiez ces moments de profond abandon où vous étiez entièrement soumise à ce diable d’homme. Vous commenciez à vous détendre.


Puis vous l’avez entendu dire « Traversez donc la chambre pour tout déposer sur la table du fond. » Les pas de la livreuse s’arrêtèrent net. Elle se trouvait derrière vous, à moins d’un mètre. Vous sentiez son regard sur vos courbes, sur votre dos. Hadrien avait-il déposé le fouet et le gode noir sur la table ? Les menottes étaient-elles déjà sur le lit ? Qu’allait-on penser de vous ?


La livreuse déposa son plateau, encaissa. « Monsieur a bien de la chance… » l’avez-vous entendue murmurer, mi-envieuse, mi-gênée. Une image traversa votre esprit : il allait inviter cette fille à se joindre à vous. Vous en aviez déjà parlé. Bien sûr, vous aviez levé les yeux au ciel ce jour-là. « Les hommes sont tous les mêmes : il ne leur suffit de vous charmer, de vous conquérir, de vous coucher dans leur lit et même de vous y attacher ; il faut qu’ils fantasment sur des plans à trois. Ce sont d’éternels enfants qui veulent toujours plus de jouets… » aviez-vous pensé. Quand il avait insisté, vous aviez promis d’y réfléchir.


Vous vous étiez souvenu de cette amie d’une amie rencontrée l’été de vos seize ans lors de ces vacances en Provence. Vos parents vous avaient laissées seules et vous aviez passé l’après-midi dans la piscine du mas. Puis vous aviez bronzé, nues bien sûr. Pour éviter les marques du maillot, mais aussi pour affirmer votre indépendance. Vous vous rappeliez le goût des lèvres de cette fille. Et aussi celui de sucs plus intimes que vous aviez goûtés pour la première fois.


Vous avez senti les mains de la livreuse se poser sur vos hanches. Vous vous êtes raidie, malgré vous, un court instant. Ses caresses étaient douces. D’habitude, la peau des femmes ne vous plaisait pas, manquant de poils et de force. Pas de cals ni de cicatrices pour frotter votre peau. La jeune fille était adroite. Ses mains parcouraient vos jambes ; vous avez senti ses ongles sur l’intérieur de vos cuisses, dans ce petit espace tendre et blanc au-dessus de la lisière de vos bas. Puis sa langue se posa sur votre sexe et vous avez gémi. « L’avantage d’une amante, c’est qu’elle vous caressera en femme, que ses gestes seront plus adroits que ceux d’un homme… » aviez-vous toujours pensé : vous aviez vu juste. Les gestes se faisaient plus précis, et peu à peu le feu vous envahissait. Vous aviez commencé à onduler, toujours perchée sur vos talons quand Hadrien abattit la cravache sur vos fesses. La décharge vous parcourut toute entière. Au troisième coup, vous hurliez votre plaisir vers le ciel.


Le reste fut plus confus. Vous avez entendu la porte se refermer et on vous détacha. Hadrien vous porta sur le lit. Il défit le bandeau et vous présenta une flûte de champagne. Vous l’avez entendu dire « C’est vrai que j’ai beaucoup de chance. » Vous l’avez serré contre vous, très fort.

Puis ce fut la nuit.