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Temps de lecture estimé : 11 mn
23/01/17
Résumé:  Regardons par le trou de la serrure de la chambre de quelques célèbres philosophes. Cela permettra de mieux comprendre leurs oeuvres...peut-être.
Critères:  nonero
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message
La philo pour les nuls et les obsédés

Avertissement



« N’en parlez pas ! »m’a-t-on dit.

« Pas ici, ou pas comme ça… »




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Diogène donc, pour commencer. Voilà un philosophe qui devrait être enseigné dans tous les collèges, ce qui éviterait bien des tourments aux adolescents que le web n’a pas encore affranchis sur ce sujet capital. Ah, si j’avais connu son enseignement à l’âge de mes premiers émois, sans doute aurais-je mieux dormi la nuit, sans culpabilité, sans cauchemars, sans cette affreuse certitude de faire de la peine à Jésus chaque fois qu’une irrépressible envie de me tirer sur la tige s’emparait de moi. Diogène, dit-on, se masturbait fréquemment en public et affirmait « Si seulement en se frottant aussi le ventre, on pouvait calmer sa faim ! »


Cela dit, si Diogène est le plus connu des masturbateurs antiques, il est fort possible que le grand Démocrite lui ait servi de modèle en prétendant que « La masturbation procure une jouissance comparable à l’amour. » Voilà un propos qui consolera bien des malheureux (et bien des malheureuses) condamnés à une chasteté forcée, soit pour cause de célibat, soit parce que bobonne est devenue au fil des années le portrait de sa mère, ou que Pépère a le cœur devenu trop fragile ou la bedaine trop proéminente pour ne pas être ridicule dans son slip léopard quand il prétend jouer à Tarzan.


Socrate était-il pédophile ?

Oh, là, je ne l’affirmerais pas ; je tiens à ma vie. Ses défenseurs sont en outre très chatouilleux sur ce sujet. On peut dire cependant que, selon Platon (Socrate, lui, n’a jamais rien écrit), il préférait la compagnie des jeunes éphèbes à celle des femmes. Du Socrate historique, on ne sait rien. Et personnellement, je me méfie de Platon pour qui je n’ai aucune tendresse. Donc, le Socrate officiel, le connu, aurait, vieillard, recherché les faveurs des jeunes garçons. Ce qui fit écrire à Serge Lama dans un très beau texte :


Ça fleurait l’olivier, le miel, je m’en saoulais

Je les buvais ainsi qu’à ma mère le lait

Et j’huilais tendrement leurs jolies fesses-pommes

Et leur enseignais l’art de devenir un homme

Et leurs petits pénis fragiles

Flottaient dans mon ciel comme une île


Puis, un peu plus loin :


Et je nageais dans leurs aisselles

Dans leurs clairs ruisselets de sueur juvénile

C’est doux d’être innocent avant d’être sénile

Et quand les dieux l’avaient voulu

Ils devenaient durs et velus,

Violents de vin, trameurs de drames,

Alors, alors… je les laissais aux femmes.


C’est beau, n’est-ce pas ? Bon, moi je trouve ça beurk et répugnant comme attitude et comme pratique, mais c’est bien emballé et ça dit clairement ce que ça veut dire. Après, on pensera ce que l’on voudra du "Socrate" inspiré par Platon. Cela dit, je le répète : on n’est sûr de rien. Peut-être sont-ce seulement là les fantasmes de Platon, ou une façon de justifier ses propres aspirations.


Avec Saint Augustin, on se trouve devant un tournant en ce qui concerne la philosophie. Les philosophes antiques menaient une vie philosophique et s’interrogeaient sur le sens de la vie ; les philosophes chrétiens, eux, partent du principe que Dieu existe et qu’il est lui-même le sens de notre vie. La réflexion se fera désormais « à partir » de la parole divine que l’on trouve dans les livres saints. Parole divine écrite par des hommes, pour des hommes, et qui méprise ô combien les femmes.


St Augustin décrète donc : « Homme, tu es le maître, la femme est ton esclave, c’est Dieu qui l’a voulu ! » ben tiens… Mais il n’est pas le seul. On pourrait citer ainsi des wagons entiers de crétins chrétiens* affirmant des absurdités du même tonneau. Saint Thomas d’Aquin, par exemple : « La femme a été créée plus imparfaite que l’homme, même quant à son âme… » Mais le summum de la saloperie est sans doute atteint par Odon de Cluny qui éructe : « Nous qui répugnons à toucher du vomi et du fumier, comment pouvons nous désirer serrer dans nos bras ce sac de fientes ? »


Bon, je sais pas ce que vous en pensez, mais à mon avis, ces zozos ne devaient baiser très souvent. Par contre, j’imagine que leurs héritiers d’aujourd’hui se font pleurer l’oisillon chaque jour en venant lire des histoires sur le site tout en déversant leur fiel sur les pornographes voués à l’enfer que nous sommes.


Sans doute élevé par les disciples de ces misogynes, Kant est mort puceau à l’âge de 80 ans. On avait beau lui répéter sans cesse « Kant, faut y aller, faut y aller… », rien. Nul homme semble-t-il n’a mené de vie plus chiante. Levé tous les jours à la même heure, reproduisant chaque jour la même journée que la précédente, on raconte même que les gens réglaient leurs montres en fonction de l’heure de ses passages à tel ou tel endroit. On aurait presque envie de le plaindre, de se dire que la bébête devait le démanger salement… sauf que, non. Il alla même jusqu’à écrire ces propos absolument incroyables concernant la masturbation : « Il faut la montrer dans toute son abomination, expliquer qu’elle rend inapte à la procréation de l’espèce, qu’elle attire une vieillesse précoce et que l’esprit en subit des atteintes graves. » (Propos de pédagogie, 1803).


J’ouvre ici une petite parenthèse qui me semble nécessaire dans la mesure où je ne voudrais pas que l’on voie dans ces révélations l’intention de discréditer la pensée ou le travail de tel ou tel philosophe. Beaucoup d’entre eux étaient des hommes de bien, recherchant sincèrement l’amélioration de la vie des hommes en réfléchissant sur des sujets qui souvent nous échappent complètement. Lorsque Thomas d’Aquin, par exemple, écrit que « Tant qu’il y aura des pauvres, notre surplus sera illégitime. », j’ai envie d’applaudir. Mais lorsque je vois où ont conduit les propos des philosophes chrétiens sur les femmes ou sur le sexe, je suis bien obligé de constater qu’ils ont fait fausse route, et je m’interroge sur l’état de notre société actuelle lorsque je constate que la plupart du temps, leurs propos humanistes sont passés à la trappe, alors que ceux issus de préjugés débiles ont façonné l’Histoire du monde pendant des siècles. Pourquoi ? Vous me rendrez vos devoirs pour la fin de la semaine prochaine.


Blaise Pascal, maintenant. Attention : génie, pas touche à sa réputation ! Bon, alors lui, pour le coup, je le déteste franchement. Pas d’excuses ! Comment se fier à la pensée d’un névrosé ayant empêché par deux fois le mariage de sa sœur afin de la forcer à rester avec lui dans une relation quasi incestueuse et bien entendu totalement pure sexuellement ? On prétend que c’est parce qu’il était malade et tourmenté… Pas une raison pour empêcher les autres de vivre. Son ascétisme, sa volonté de porter un cilice, voilà qui en dit déjà long sur l’état mental du zozo ; mais il considère également le mariage comme « la plus basse condition du christianisme ».

Il ne se serait jamais fait à l’idée d’être issu lui-même d’une relation charnelle, qu’il assimilait à un péché. Née comme lui du même péché, seule sa sœur était digne de son amour et devait expier avec lui la faute de ses parents en restant dans le célibat.


Franchement, j’ai envie de dire à ce type : « Si tu te considères affreux à ce point, coupe-toi la gorge, jette-toi sous le train, et arrête de nous saouler ! » Et par pitié, qu’on arrête d’enseigner ce détraqué à nos gosses dans les écoles…


Allez, plus sympathique : Jean-Jacques Rousseau qui nous fait part des émois que suscitaient les fessées qu’il recevait enfant de la part de mademoiselle Lemercier qui avait une trentaine d’années. Cela pourrait paraître anecdotique, mais il récidive en racontant comment il aimait, adulte, se mettre « aux genoux d’une maîtresse impérieuse, obéir à ses ordres, avoir des pardons à lui demander. »


Imaginons maintenant le jeune homme doublement en proie aux désirs de la masturbation et de ce genre de fantasme… La lecture des confessions de Jean-Jacques ne serait-elle pas pour lui le moyen de ne pas se sentir coupable de ses désirs et de pouvoir atteindre l’âge d’homme avec plus de sérénité ?

Qu’on s’entende bien : il n’est pas question d’enseigner les mille-et-une façons de faire l’amour à nos enfants ; simplement de leur permettre de grandir sans se sentir coupables en permanence. Là où Épicure appelle à la maîtrise, Pascal au rejet, voilà Rousseau qui explique que l’on peut à tout âge ressentir d’autres désirs. Ajoutons à cela les propos de Nietzsche sur la nécessité de réfléchir par delà le bien et le mal, et voici les prémices – peut-être – d’une société qui cesse de juger sans cesse, mais accepte d’essayer de comprendre.


En ce qui concerne le libertinage, l’encyclopédie de Diderot dit ceci :


[…] c’est l’habitude de céder à l’instinct qui nous porte aux plaisirs des sens ; il ne respecte pas les mœurs, mais il n’affecte pas de les braver ; il est sans délicatesse, et n’est justifié de ses choix que par son inconstance ; il tient le milieu entre la volupté et la débauche ; quand il est l’effet de l’âge ou du tempérament, il n’exclut ni les talents ni un beau caractère ; César et le maréchal de Saxe ont été libertins. Quand le libertinage tient à l’esprit, quand on cherche plus des besoins que des plaisirs, l’âme est nécessairement sans goût pour le beau, le grand et l’honnête. La table, ainsi que l’amour, a son libertinage ; Horace, Chaulieu, Anacréon étaient libertins de toutes les manières de l’être ; mais ils ont mis tant de philosophie, de bon goût et d’esprit dans leur libertinage qu’ils ne l’ont que trop fait pardonner ; ils ont même eu des imitateurs que la nature destinait à être sages.


Diderot libertin ? Sans doute. Un libertinage qui ne va pas sans une certaine dose de mépris pour les femmes, cependant : « Un homme de lettres peut avoir une maîtresse qui fasse des livres ; mais il faut que sa femme fasse ses chemises. » (Jacques le Fataliste) On peut s’interroger quand même un peu… Qu’est-ce qu’être libertin sans l’accord de sa femme ? Le fait que son épouse Nanette, sotte et dévote nous dit-on, « … femme à l’âme féroce » qui multipliait les « orages domestiques », « pie-grièche et harengère qui ne montrait rien aux autres qui pût racheter sa mauvaise éducation. » selon Rousseau, peut être une circonstance atténuante. À cette époque, les mariages étaient en outre rarement des mariages d’amour. Mais pourrait-on vraiment raisonner de la sorte aujourd’hui ?


En matière de libertinage, on aurait pu parler de Sartre et de madame Simone qui lui servait de rabatteuse. Soyons justes : si elle lui ramène Olga, Sartre lui offre en échange « le petit Bost » dont elle fera son affaire, puis qui séduira Olga à son tour. Alors, pour se venger, les deux cocus séduiront tour à tour la sœur d’Olga… On dirait un scénario de film X… voire pire : une des histoires de Revebebe !


Et Freud, donc… Euh, non, pas lui : pas envie de voir toute une horde de psychanalystes réclamer mon internement.


Et voilà, lecteurs de mon cœur. J’espère que ce petit voyage sous les lits des philosophes à travers le temps vous donnera envie (pour les novices) de plonger dans leurs bouquins, et pour les initiés de réfléchir avec un éclairage nouveau à propos des œuvres que certains d’entre vous connaissent par cœur.


Et pour terminer, quand même une petite réflexion de mon philosophe préféré qui permettra à tout le monde de s’assumer, notamment en matière de sexualité. Nietzsche, donc :


Ce qu’on fait par amour s’accomplit toujours par-delà le bien et le mal.


Et que tous ceux qui pensent le contraire aillent se faire voir chez Blaise !




* Précisons quand même que tous les chrétiens ne sont pas crétins, et vice-versa. J’écris cela parce que Jésus ayant parlé de « pharisiens hypocrites », certains en ont déduit que les pharisiens étaient tous des hypocrites. Fausse interprétation ayant nourri pendant des siècles une forme larvée d’antisémitisme intolérable. Les pharisiens étaient des légistes, et parmi eux il y avait des bons et des mauvais. Même chose pour les chrétiens, même chose pour les journalistes, pour les écrivains, pour les footballeurs, pour les chasseurs… euh, non : pas pour les chasseurs.