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Temps de lecture estimé : 20 mn
28/01/17
Résumé:  Manon et Sandra sont cousines. Leurs destins sont liés à jamais. Leurs mères, jumelles, ont écrit à l'avance les pages de leur vie.
Critères:  fh ffh cousins -couplea3
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Les jumelles, les cousines

Manon n’est pas à proprement parler une bombe, mais quelque chose émane de sa personne qui rayonne alentour. C’est comme si elle attirait la lumière, alors qu’elle ne fait rien pour ça. Sandra, sa cousine, aurait sans doute su se mettre en valeur si elle avait eu la chance d’être un tantinet mignonne mais, sans être repoussante, ses kilos en trop se remarquent assez vite.


Leurs mamans sont jumelles. Dès leur enfance, elles ont intégré une forme de rivalité maladive qui leur venait de leurs parents, un peu, et d’un véritable besoin de ne pas dépendre l’une de l’autre, beaucoup. Quand l’une disait blanc, l’autre disait noir. Elles n’avaient pas les mêmes goûts, ne fréquentaient pas les mêmes personnes, et l’une comme l’autre se montrait critique sur les choix de sa sœur à tout bout de champ. Deux aimants qui se repoussent, un nord et un sud qui se tournent le dos, le contrepoint permanent, les antipodes. Ça faisait rire leurs parents au début, eux qui souhaitaient que chacune de leurs jumelles ait sa propre personnalité, mais ça ne les a moins fait rire durant l’adolescence de leurs deux furies quand les hormones s’en sont mêlées.


Une sale période que cette découverte de leur corps, de celui des garçons, des émois des premiers flirts. Il aura suffi que Claire dise que Jean-Paul était un gros con pour que Muriel lui fasse du gringue. Il aura suffi que Muriel dise à sa sœur que Jean-Paul était bien monté pour qu’elle se mette à la recherche d’un calibre plus honorable, jusqu’à le trouver et s’en vanter.


Elles se sont tiré la bourre, les jumelles, c’est le moins qu’on puisse dire. Certains au village ont eu le bonheur de goûter aux deux, pas en même temps bien entendu. Ils pourraient vous dire que si Muriel était assez volcanique et très préoccupée par son propre plaisir, Claire était en revanche très attentive aux sensations de ses partenaires et ne les lâchait pas tant qu’ils n’avaient pas les couilles vides. Ils pourraient vous dire aussi qu’ils s’étaient sentis frustrés avec l’une comme avec l’autre, mais pas pour les mêmes raisons. Ils auraient aimé, pour que leur plaisir soit complet, faire hurler Claire de plaisir, et que Muriel les épuise dans l’extase. Elles avaient des personnalités différentes, certes, mais il semblait manquer à l’une ce qui faisait l’intérêt de l’autre, et réciproquement.


Toujours est-il qu’à force de se laisser aller, elles se sont retrouvées enceintes toutes les deux, à peu près en même temps.


Claire s’était éprise d’un militaire en permission qui s’intéressait à Muriel, avait insisté pour le conduire chez lui après une soirée en boîte, et avait terminé la nuit à l’arrière de sa voiture, à genoux. Le jeune appelé avait un besoin énorme de tendresse, et avait surtout une capacité incroyable à recharger son fusil rapidement pour retourner à l’assaut de cette jeune minette, ravie et fière de le faire jouir ainsi à répétition au fond de son sexe chaud.


L’avant-veille, Claire avait répondu favorablement à l’invitation d’un avocat, marié et père de famille, pour aller boire un verre discrètement. Muriel en avait nourri une forme de jalousie, laquelle l’a conduite à elle-même solliciter cet avocat pour le soir même. Le chasseur qu’il était ne s’est pas fait prier pour relever le gant et la faire goûter à son expérience. Quelle victoire pour Muriel ! Non seulement elle aurait la satisfaction d’être la première à lui céder, mais au surplus il s’est trouvé que ce garçon voyait son plaisir décuplé en entendant Claire gémir, de sorte qu’il n’a pas résisté bien longtemps avant de lâcher sa gourme. Heureusement, comme le militaire, il était doué d’une capacité raisonnable à retrouver vite de la vigueur, et en a fait profiter la belle.


À force de tenter le diable, il finit par vous coller un polichinelle dans le tiroir. Les deux sœurs se sont retrouvées enceintes, chacune avec un homme que l’autre désirait, chacune prenant un plaisir fou non pas à être fécondée, mais à se faire prendre en se faisant passer pour une proie alors qu’elles étaient elles-mêmes les chasseuses. Le plaisir a été fugace, et a totalement disparu quand le médecin de famille leur a confirmé leur état.


Curieusement, ça les a rapprochées. Elles, qui s’opposaient pour tout et sur tout, sont devenues complices. Elles ont élevé leurs filles ensemble, les habillant comme des sœurs, leur faisant pratiquer les mêmes jeux, essayant de leur inculquer les mêmes goûts.


Seulement voilà ; il y a ce que veulent les parents, et ce que décident les enfants. Les influences extérieures et la personnalité de chacun ne peuvent que perturber les beaux desseins des adultes.


Manon, sous ses airs de fille indépendante, gaie, frugale et séduisante, n’a en réalité qu’une personnalité effacée qu’elle compense par l’exubérance. Sandra, que tout le monde décrit comme timide et mal dans sa peau, semble n’avoir aucun rêve ; elle serait résignée. En réalité, elle fait de Manon à peu près ce qu’elle veut. Si Manon a fait du cheval, c’est parce que Sandra le voulait. Bien sûr, elle aime ça, mais elle aurait tout aussi bien pu aimer n’importe quel loisir que Sandra lui aurait suggéré. Si elle aime le boudin-purée, c’est aussi Sandra qui le lui a soufflé. Et avec les garçons, c’est pareil. Manon aurait, d’elle-même, choisi ses flirts chez des garçons un peu intellos, des jeunes qui auraient de la conversation, des érudits, des littéraires. Mais pour Sandra, les seuls qui vaillent la peine ce sont les forts en gueule, ceux qui font de la musculation, ceux qui suent à l’effort. Et tant pis pour la causette. Sandra, toujours effacée, toujours en retrait, suggère patiemment ses choix à sa cousine. Celle-ci les exécute en ayant l’impression qu’il s’agit de ses propres choix. Sandra, elle, ne vit rien, du moins directement : elle se nourrit des expériences de Manon, comme si elle les vivait elle-même.


Elles ont fait la même scolarité, la même école de commerce, et ont intégré la même grande entreprise de cosmétiques. Pendant 8 ans, elles ont progressé dans l’organigramme de façon constante et linéaire. Sandra dans le marketing, Manon dans le commerce. Manon aurait aimé spontanément le marketing, mais sa cousine l’a convaincue facilement que le commerce était plus indiqué pour elle. Sandra, qui aurait aimé le commerce, savait qu’elle réussirait mieux dans un secteur sans contact direct avec les clients, et qu’elle pourrait toujours vivre le commerce à travers sa cousine.


Drôle de vie par procurations réciproques, finalement…


C’est lors d’une présentation de gamme chez un client, justement, que Manon a rencontré Alain. Enfin, plus exactement, c’est ce soir-là que Sandra est tombée raide dingue devant un fils à papa gaulé comme pas deux. Elle devait se douter qu’il avait une attirance pour les filles plus minces et plus sexy ; c’est pourquoi elle a tout fait pour que Manon s’intéresse à lui, alors qu’elle manigançait pour que lui, de son côté, se sente en terrain conquis. Elle a considéré qu’elle était arrivée à ses fins dès qu’au travers des fines cloisons de leur appartement elle a entendu sa cousine hurler de plaisir. Ses coups d’un soir, jusque-là, avaient tout juste réussi à lui donner un peu de plaisir, à ce qu’elle lui avait raconté ensuite. Cette fois, ce fut une apothéose de sensations ultimes, une nuit débridée dont elle a livré les détails le lendemain avec des étoiles dans les yeux.


Rapidement, Manon et Alain se sont installés ensemble. Plus exactement, Alain est venu s’installer avec « les filles », comme il les appelait. Le couple était supposé vivre sa vie, et Sandra la sienne. D’ailleurs, tout laissait à penser que ça se passait bien de cette façon.


Mais comme depuis leur plus tendre enfance, Manon continuait de vivre ce que Sandra voulait qu’elle vive, et rien de plus. Elle continuait de lui choisir ses activités, de lui dicter sa vie, de piloter son destin. Lorsqu’ils faisaient l’amour, Sandra n’était jamais bien loin. Elle aurait aimé se trouver à la place de sa cousine, les cuisses écartées, le membre d’Alain fiché dans son antre, mais elle devait se contenter d’écouter et de se donner du plaisir avec ses mains.


Alain, qui dans un premier temps avait semblé ne pas trop s’inquiéter de ça, a fini par s’en agacer. Quand il a fait sa première scène à Manon, elle savait bien qu’il avait raison. Au fond d’elle, elle savait bien. Mais l’idée de perdre sa cousine lui était insupportable, et elle avait le sentiment que si elle résistait à Sandra, elle la perdrait à tout jamais. Après tout, sa vie à elle n’était qu’un artefact. La vraie vie, c’était Sandra.


Alain est resté, peut-être un peu pour le sexe. Il est vrai que Manon était assez gourmande. Sa gourmandise, d’ailleurs, était un peu téléguidée par sa cousine : « Tu devrais essayer ceci, dire cela, lui proposer telle position, le sucer sous la douche, lui dire que tu t’es fait draguer et que ça t’a excitée, lui dire que quelqu’un t’a mis une main aux fesses dans le métro et que tu t’es laissée faire, lui mettre un doigt dans l’anus quand tu le masturbes… » Bref, elle listait un à un ses fantasmes à sa cousine, et cette dernière les réalisait. Pour elle. Pour elle, mais avec sincérité. Elle avait l’impression que ces fantasmes étaient les siens, et prenait réellement du plaisir à les réaliser.


Ainsi, quand Sandra a suggéré à sa cousine qu’elle devrait pendre un amant, juste une fois, pour débrider encore d’avantage sa libido, elle n’a pas mesuré les conséquences que ça pourrait avoir pour son couple. Jusque-là, à chaque fois que Sandra lui avait conseillé quelque chose, elle avait été ravie d’aller au bout. Quand elle avait sucé Alain sous la douche, elle en avait éprouvé une satisfaction immense. Quand elle lui avait dit qu’elle s’était fait draguer, il avait pris ça pour un défi et l’avait démontée toute la nuit. Elle avait joui tellement fort, et ça avait duré tellement longtemps, qu’elle était avide d’autres idées. Avec l’histoire de la main aux fesses, ça avait été aussi un grand moment. Alain lui avait mis une fessée avant de la prendre debout dans l’entrée de l’appartement, et ils s’étaient fait surprendre par Sandra qui sortait de la salle de bain. Alain lui avait joui entre les fesses alors qu’elle était au septième ciel, incapable de réagir. Et alors, quant au doigt dans le cul, là, quelle riche idée ! Il avait aimé, adoré même. Si bien qu’elle avait acheté un petit gode qu’ils utilisaient de temps à autre dans les moments de grande intensité.


Alors prendre un amant, juste une fois, ça ne pouvait être qu’une bonne idée puisque c’était l’idée de sa cousine. Elle n’a pas même eu besoin de chercher : Sandra lui a livré sur un plateau un mec bien charpenté, qui aimait le cul et ne faisait pas de sentiments, qu’elle a poussé adroitement dans ses bras.


Ce type aimait surtout se regarder dans le miroir quand il baisait. La femme qu’il pistonnait n’était qu’une figurante, et son trip, lui, c’était de gicler le plus puissamment possible. Manon, la première fois, a été très déçue. Mais encore une fois, sa cousine est venue lui donner la bonne approche. Puisque ce gars cherchait avant tout son propre plaisir, elle devait lui en donner, et surtout lui faire admettre l’idée qu’il ne prendrait jamais autant de plaisir avec une autre. À force de conseils et d’astuces diverses, Manon est devenue indispensable au plaisir du bellâtre qui en devint addict.


Manon est une passionnée. Quand elle prend un sujet à cœur, elle veut aller au bout. À moins que cette détermination, finalement, ne soit que la traduction de la volonté de Sandra. Mais toujours est-il que pour arriver à ses fins, elle a tout donné. Complimenter, flatter, offrir son cul, sucer sous la table, accepter un copain dans leurs jeux, utiliser des godes démesurés, être spectatrice alors qu’il s’offrait un extra, se faire prendre par deux mecs devant lui, elle a tout fait.


Alain se demandait pourquoi ils faisaient moins l’amour mais ne montrait pas une inquiétude particulière ; Manon se partageait entre son travail, son mari, et son amant. Sandra s’en est sentie un peu dépossédée, et s’est mise à déprimer.


Quand elle déprime, elle ne mange plus. Ça se voit. Sauf que Manon n’avait guère de temps pour réaliser la situation, et que les kilos se sont enfuis tout doucement, semaine après semaine, de sorte qu’après deux mois d’errances, Sandra a découvert dans le miroir une silhouette étonnante. Ses seins, s’ils tombaient un peu, avaient un volume modeste et une tenue acceptable. En tout cas, ils ne ressemblaient en rien aux mamelles qu’elle portait avec honte auparavant. Ses hanches, marquées, étaient tout à coup mises en valeur comme l’était son ventre, devenu plat et ferme. Ses bras avaient considérablement maigri, mais ce qui l’a le plus étonnée, c’est la forme de ses cuisses. Ce n’étaient plus des boudins mais des jolies formes galbées, que peut-être elle devrait améliorer par un peu de sport. Ses fesses, rondes et hautes, n’avaient rien à envier à celles de sa cousine que tous les hommes rêvaient de sauter. Et ses chevilles accepteraient désormais des escarpins en lieu et place de ses affreuses chaussures de chantier.


Manon était chez son amant quand Sandra est rentrée du travail ce soir-là. Elle s’est dirigée vers la salle de bain, pressée de se déshabiller devant le miroir comme elle avait pris l’habitude de le faire depuis quelques jours. Ses collègues n’en revenaient pas de sa transformation, et elle non plus. La déprime s’était transformée en une sorte d’euphorie qui l’avait conduite à revoir sa garde-robe, sa posture, sa façon de parler aux gens, sa confiance en elle-même, et sa relation avec sa cousine qu’elle voyait peu.


Il était 17 heures ce soir-là, et à cette heure il n’y avait personne à la maison. Elle n’a pas pris la peine de fermer la porte quand elle a entrepris de se masturber devant le miroir, fière qu’elle était de son image, ses cuisses fines écartées, sa chatte lisse et trempée, ses doigts sur son petit bouton violacé et sensible, ses seins qui pointaient… Quand elle a vu le reflet d’Alain s’approcher, étonné de ce spectacle, elle était en train de jouir bruyamment. Il en est resté tétanisé, droit comme un I. Sandra a caché ses seins d’un bras, son pubis de l’autre, avant de lui faire face.



Alain s’en est allé, penaud et gravement perturbé. Il savait bien, au fond de lui-même, que l’amour qu’il portait à Manon était largement lié à l’influence que sa cousine avait sur elle. C’est la personnalité de Sandra qu’on sentait chez Manon. C’étaient ses goûts qu’elle explorait, ses envies qu’elle réalisait, ses choix qu’elle assumait. Ce qu’avait Manon et qui manquait à Sandra, c’était cette grâce, cette fluidité, cette transcendance et, pour être trivial, ce magnifique cul. Mais Sandra, amaigrie et souriante, était une autre personne.


Souriante. En effet. Ça n’avait pas immédiatement sauté aux yeux d’Alain dans la salle de bain, mais Sandra souriait. Son air béat quand elle se masturbait s’était mué en sourire de satisfaction quand elle l’avait aperçu. Pas immédiatement, mais juste après l’effet de surprise. On aurait pu croire qu’elle avait été ravie que quelqu’un la voie ainsi dénudée, et délurée.


Quand Manon est rentrée, Alain est resté muet sur le sujet ; tout juste a-t-il fait remarquer à sa compagne que sa cousine était devenue jolie en perdant du poids. À table, Sandra s’est montrée inhabituellement joviale. Ses tenues s’étaient raccourcies et l’on pouvait dire qu’elle se montrait de plus en plus sexy, de plus en plus aguicheuse. Ça n’a pas échappé à Manon. Ce qui ne lui a pas échappé, également, c’est le silence de Sandra quand elle a évoqué le sujet, mais aussi d’autres, notamment quand elles étaient seules toutes les deux et que Manon a demandé à sa cousine de l’aider à résoudre son dilemme.


Manon était amoureuse folle d’Alain, mais elle ne pouvait plus se passer de son caïd qui la défonçait à tout-va, sans ménagement, et lui demandait des choses de plus en plus osées, qu’elle n’avait pas le cœur à lui refuser. Elle sentait bien que sa vie était en train de déraper, qu’elle en perdait le contrôle, et qu’un jour ou l’autre Alain s’en rendrait compte. Il s’en rendrait compte en voyant sa chatte dilatée et gluante, en reniflant des odeurs de foutre sur ses culottes sales, ou même simplement en lui demandant, puisque si elle savait ne pas dire les choses, c’est-à-dire mentir par omission, elle était bien incapable de mentir en réponse à une question claire. Si Alain venait à lui demander si elle avait un amant, elle rougirait d’abord, puis tenterait de s’excuser ensuite. Elle ne saurait pas le lui cacher plus longtemps, et peut-être, ce jour-là, aurait-elle souhaité qu’on en termine.


Mais Sandra n’a pas, comme à son habitude, tenté d’influencer sa cousine. Elle l’a laissée à son désarroi, à ses doutes, se contentant de lui dire qu’elle était grande, adulte et responsable, et que c’était à elle et à elle seule de savoir ce qu’elle voulait faire.


Des tensions ont commencé à apparaître entre elles dès le lendemain. Sandra se montrait de plus en plus distante avec elle, et de plus en plus taquine avec Alain. Un matin, à l’heure du petit déjeuner, elle feignit de découvrir qu’elle avait oublié son bas de pyjama, arrivant dans la cuisine le cul à l’air avant de mettre sa main devant sa bouche et de lâcher un « Oh, pardon… » suivi d’un « Bon, maintenant que vous avez tout vu… » Elle prit ainsi son café en exposant son intimité aux yeux d’Alain et de sa cousine médusés.


Le lendemain, elle ne prit même pas la peine de s’excuser. C’était décidé : elle se montrerait nue, sans gêne aucune, devant sa cousine et son compagnon. Sans culotte et la chemise de nuit ouverte, elle voulait que chacun voie qu’elle avait changé, qu’elle était devenue belle et attirante, et que surtout elle était fière d’elle-même.


C’est terrible, une fille mince et jolie qui écrase ses copines en tortillant du popotin ; c’est pire encore une ancienne grassouillette qui se découvre enfin dans un corps dont elle n’avait pas même rêvé. Elle en rajoute, elle en jouit.


Évidemment, ce qui devait arriver arriva.


Si Sandra, la grosse, avait assisté à telle scène, elle aurait conseillé à sa cousine de se battre, d’éliminer ou à tout le moins de neutraliser la concurrence. Elle lui aurait conseillé d’envoyer l’impétrante se faire voir dans un logement rien que pour elle. Elle lui aurait intimé de donner son congé à la garce qui tortillait du cul devant son compagnon, à lui donner des sueurs dès le matin. Mais voilà, Sandra la grosse n’était plus, et la salope qu’elle était en train de devenir n’avait aucune envie d’aider sa cousine, anciennement trop jolie, et qui en devenait, du coup, banale.


Manon était perdue. Certes, son amant continuait de la désirer ardemment. Il la relançait sans cesse, et dès qu’elle arrivait chez lui, il lui arrachait ses vêtements pour la prendre et la retourner dans tous les sens. Certes, elle aimait sa queue en béton et ses muscles de gladiateur. Certes, avec lui, elle se sentait désirée, mais désirée comme un corps seulement, un cul qu’on défonce, une chatte qu’on éclate, des seins qu’on pétrit, mais pas comme une femme. Alain, lui, tout tendre qu’il fût, n’en était pas moins alerte.


Ce qui fait le piment de la vie, c’est le déséquilibre. On se croit heureux quand tout semble en équilibre, n’est-ce pas ? En réalité, on s’ennuie. On a besoin que quelque chose bouge, que le danger soit visible, un peu, que des frissons nous transcendent, que des incertitudes nous poussent à réagir.


Alain s’était habitué à voir la cousine de sa femme d’un autre œil. Il ne l’épiait pas vraiment, mais ne faisait rien pour éviter de la croiser vers la salle de bain ou dans les couloirs. Il ne s’écartait plus quand elle se collait à lui devant la télé, et ne détournait plus le regard, le matin, quand elle le laissait regarder son corps. De plus en plus souvent il rêvait d’elle, se voyait la toucher, se voyait l’embrasser. En gros et pour être simple, cette fille était devenue bandante.


La torture a duré des mois sans que rien de nouveau ne se passe. Manon allait se faire sauter aussi souvent que possible et laissait la part congrue à Alain, se disant fatiguée. Au lit, c’était service minimum et simulation. Sandra se pavanait allègrement, sa nudité relative était devenue une habitude. Une forme d’équilibre instable et déroutant s’était installée.


Manon avait prévenu Alain qu’elle devrait rester à Lyon un soir pour les affaires. Ça lui arrivait de temps à autre, sauf que cette fois, c’était un prétexte. En réalité, son amant avait exigé qu’elle lui accorde une nuit entière en boîte échangiste. Il voulait montrer son trophée, la baiser devant des spectateurs jaloux et laisser ces derniers profiter d’elle, un peu, en guise de remerciement. Cette idée ne lui plaisait pas forcément, mais au point où elle en était, elle s’était dit qu’elle pouvait bien essayer.


C’est ce soir-là que Sandra a décidé de ramener un mec à la maison. Déjà qu’Alain était un peu dépité et inquiet de devoir passer a soirée seul avec la cousine de sa femme et qu’il se voyait déjà se branler dans son lit en pensant à celle qui se trouverait dans la chambre au bout du couloir, la surprise de la trouver nue, à plat-ventre sur la table du salon, avec un mec occupé à la baiser violement, s’est transformée en supplice. Il a réagi comme l’aurait fait un frère ou un ami, soucieux de préserver la dignité de cette belle plante, en faisant comme s’il n’avait rien vu. Mais la belle hurlait et balançait des insanités inhabituelles, et ça, Alain n’a pas supporté. Il a fini par se montrer, mettant fin à l’accouplement, puisque le jeune qui labourait Sandra s’est retiré en s’excusant, prenant sans doute Alain pour le mari de la belle, et a disparu aussitôt.


Ils se sont regardés, dans une forme de prostration. Sandra s’est redressée sans un mot alors qu’Alain la regardait fixement, silencieux lui aussi.


Elle s’est mise à pleurer, tout doucement et s’est retournée pour se diriger vers fenêtre. Le front appuyé à la vitre, elle essayait de remettre de l’ordre dans ses idées. Alain l’a sentie perdue, et s’est senti lui aussi perdu. Elle était tellement belle à l’instant, quand elle se faisait pendre… Elle était toujours aussi belle, là, debout, le cul à l’air. Sa peau semblait tellement douce… Elle devait être encore mouillée de l’envie qu’elle avait de se faire prendre par ce jeune ; et lui, pauvre con, l’avait privée de son plaisir.



Elle a tourné son visage vers lui, et ses sanglots ont repris. Il s’est approché d’elle, tout doucement, pour la couvrir de ses bras. Elle l’a laissé faire. C’était si bon de le sentir contre elle pour la première fois, de sentir son souffle dans son cou, sa chaleur, sa présence… Il avait posé ses mains sur les épaules nues de Sandra, et quand il a senti qu’elle avait besoin d’un peu de sa tendresse, il l’a prise dans ses bras. Ses mains se sont posées sur le ventre de Sandra qui en a ressenti des frissons. Lui, comme tétanisé par ce qu’il venait de faire, est resté un instant immobile. Ses mains, chaudes, étaient devenues humides et maladroites. Il en avait rêvé, de la tenir dans ses bras, mais les sensations qu’il éprouvait à cet instant n’étaient pas dans un rêve : elles étaient réelles, comme était réelle l’érection qu’il ne pouvait contenir.


Ils ne se sont pas parlé. Elle s’est collée à lui, pressant ses fesses et son dos contre le corps d’Alain. Elle a saisi les mains qui lui réchauffaient le ventre pour les glisser vers ses seins. Elle avait envie de lui comme il avait envie d’elle. La Nature n’a pas besoin de mode d’emploi. Il lui a donné tellement de tendresse, elle lui en a rendu tellement aussi… Aucun des deux ne savait quelle heure il était quand ils se sont endormis, ni même combien de fois ils s’étaient embrassés, combien de fois elle avait crié son plaisir, combien de fois il l’avait honorée de sa semence. Ils étaient un peu honteux au petit matin quand ils ont réalisé ce qu’ils venaient de commettre, mais cette honte n’était rien comparée au plaisir immense qu’ils avaient pris ! Alors ils ont oublié d’aller travailler pour se consacrer à l’exploration de leurs corps, à la communion de leurs désirs, et ils ont joui l’un de l’autre jusqu’à l’épuisement.


Manon a compris. Elle avait passé la nuit précédente dans une succession de débauches avilissantes dont elle n’avait au final tiré aucun plaisir. Quand elle est sortie de la douche chez son amant, elle lui a annoncé, d’une manière définitive, que c’était terminé. Il a compris et n’a pas insisté. Manon est sortie de chez lui souriante, fière d’avoir enfin pris une décision seule, fière d’être enfin capable de prendre sa vie en main. Elle était décidée à faire une fête pour « arroser ça », sachant qu’Alain ne saurait pas pourquoi elle était si heureuse, mais qu’elle aurait grand plaisir à lui faire partager son entrain.


Mais en rentrant chez elle, elle a compris. Cet appartement d’habitude aussi propre et net qu’un appartement témoin était dans un désordre inhabituel. Pas un bordel, non, juste un désordre qui montre qu’il y a une vie dans cet endroit, une activité amoureuse plus exactement, un partage de sensations. Elle a compris qu’il s’était passé quelque chose, sans bien savoir quoi.


Alain était assis dans la cuisine, raide comme un piquet. Les yeux dans le vague, rouges et brillants. Elle s’est assise en face de lui, sérieuse et curieuse.



La douleur est si violente, parfois, que le cerveau s’organise pour couper les fils. La douleur n’arrive pas jusqu’à lui. Il n’imprime pas. Il refuse. Il fuit. Manon a été sonnée, certes, par ce qu’elle venait d’entendre. Mais curieusement, elle n’en pensait rien. Mais alors, rien du tout. Ça a duré quelques secondes salvatrices. Les yeux honteux et bouffis d’Alain imploraient sans le dire une compréhension qu’il n’espérait même pas.


Ses yeux à elle étaient ceux d’une femme abattue, mais pas morte. Elle qui se faisait démonter par des mecs sans intérêt dans le dos de son mari n’allait pas lui reprocher, à lui, de s’être fait plaisir. Elle avait accepté que sa cousine vive avec eux et savait bien que depuis qu’elle avait maigri, Alain ne la regardait plus de la même façon. Elle se demandait même si au fond elle n’espérait pas qu’un jour ou l’autre il ait envie de sa cousine, qu’il fantasme sur elle. Après tout, elle avait créé les conditions pour ça. Si elle n’était pas allée en boîte avec son amant la veille, rien ne se serait passé. En tout cas pour le moment. Et si elle avait pris un jour plus tôt la décision de rompre avec lui, rien ne se serait passé, du tout.



Le silence s’est installé. Manon a hésité à avouer ses frasques à Alain. Elle venait en quelque sorte de remettre les choses en équilibre par sa mansuétude et ne se sentait pas le courage de tout faire basculer. Alors elle a feint non pas l’indifférence, mais la connivence. Sandra n’était pas rentrée quand ils se sont couchés, et elle était déjà partie quand ils se sont levés le lendemain matin. Durant plusieurs jours, elle n’est pas rentrée du tout. Sans doute ne voulait-elle pas affronter sa cousine.



Leur conversation a duré un moment, entrecoupée de silences lourds. Manon a dit à sa cousine que non seulement elle ne lui en voulait pas, mais qu’elle était prête à accepter qu’elle et Alain continuent de se voir seuls, tant qu’ils y prendraient du plaisir. Elle était prête à les laisser se regarder, se toucher, s’embrasser et avoir du plaisir ensemble. Sandra savait ce qu’Alain ignorait, et c’était là sa seule demande : qu’il ne sache jamais.


Un équilibre a été trouvé, un équilibre joyeux, fait de jeux de séduction et de situations d’un érotisme total. L’une faisait la vaisselle pendant que l’autre était au lit avec Alain, et le lendemain on inversait les rôles. Il est même arrivé, quelquefois, qu’il ait les deux cousines dans son lit en même temps. Ce n’était pas ce qui sexuellement représentait le plus d’excitation pour lui, mais le fait de les voir partager, sourire ensemble, était très intensément vécu. Mais les équilibres sont faits pour ne pas durer.


Sandra n’a pas eu ses règles. Il ne pouvait y avoir aucun doute quant à cette grossesse qui a pris tout le monde au dépourvu. Pas plus qu’il ne pouvait y avoir de doutes quant à celle de Manon qui avait eu la même surprise une semaine plus tôt.


Ni l’une ni l’autre n’a voulu connaître le sexe de son enfant. Elles trouveront un équilibre, c’est certain, du moins c’est ce qu’elles se disent. À moins que cette famille ne soit définitivement instable.