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n° 17769Fiche technique8277 caractères8277
Temps de lecture estimé : 6 mn
02/02/17
Résumé:  Le monde du BDSM est rempli d'imposteurs. Ce qui s'avère parfois décevant...
Critères:  hsoumis fdomine
Auteur : La Lady      Envoi mini-message
L'imposteur

Il n’aura pas fallu longtemps pour que ce que je craigne arrive ; mais qu’importe, puisque cela donne matière à une histoire amusante. Amusante pour moi, bien entendu, mais vous l’aurez deviné, la seule chose qui compte à mes yeux est mon bon plaisir.


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À peine mon premier texte fut-il édité sur votre site que je reçus des messages de lecteurs s’offrant de devenir mes soumis, mes esclaves, mes toutous, mes carpettes, et même pour l’un d’eux, mon cendrier personnel.


Alors écrivons-le une bonne fois pour toutes : halte aux fantasmeurs en tous genres. Je n’ai pas de temps à perdre avec des pseudo-soumis qui ignorent tout de ce que peut être la vraie soumission à une véritable femme dominatrice.

Je vis désormais confortablement, et je ne prends qu’occasionnellement de nouveaux chiens à mon service. Encore faut-il que ces derniers soient véritablement motivés et ne soient pas des imposteurs.


Et des imposteurs, croyez-moi, le monde du BDSM en est rempli.


Un véritable soumis ne doit avoir finalement qu’une seule idée en tête : me satisfaire. Je ne suis pas là pour lui donner les punitions auxquelles il rêve en se masturbant le soir dès que sa femme est endormie. La véritable punition d’un esclave est l’ignorance de sa Maîtresse. Seuls les plus méritants ont droit aux faveurs de mon fouet, de ma badine ou de ma cravache, selon mon humeur.


C’est pourquoi, afin de parvenir jusqu’à moi et de pouvoir m’admirer, j’ai désormais mis en place un rituel exigeant qui permet de tester les candidats potentiels. Un rituel que l’un d’entre vous a pu tester pas plus tard que tout à l’heure.


Je lui ai promis la discrétion la plus absolue quant à son identité. Il m’avait imploré de la garder secrète. Mais il en va de mes promesses comme de tout le reste : je fais ce que je veux, et une promesse faite à un esclave ne compte pas. Au moment où je vous écris, j’hésite encore… Et je sais qu’en lisant ces lignes, il est en train de trembler de peur. Et cela m’excite…


Appelons-le R. pour l’instant, et disons qu’il s’agit d’un vieux monsieur, auteur respecté, habitué à recevoir les éloges des lecteurs. Mais il doit bien comprendre à cette heure, qu’ayant décidé de m’appartenir à son tour, sa réputation ne doit plus avoir d’importance à ses yeux.

Peut-être qu’un jour, s’il me fâche, ou s’il me lasse tout simplement, je dévoilerai son identité complète. C’est cela, la vraie soumission : savoir que l’on est totalement à la merci de sa Maîtresse, et que sa destinée ne dépend plus que de ses caprices.

Donc voilà que ce monsieur me laisse sur ma boîte mail un message que je lis avec amusement et satisfaction, comme les autres. Enfin, comme les autres, pas tout à fait. Il émanait en effet de ses lignes comme un parfum indéfinissable de vraie culture, mélangé à une certaine force de caractère pour tout dire, hors du commun.


Il n’utilisait pas les viles flatteries, les propos flagorneurs, les promesses inconsidérées. Il proposait simplement de s’offrir sans condition et me donnait des références intéressantes.

Les références ne sont pas tout, bien entendu. Et j’ai rencontré au cours de mes longues années de pratique des fantasmeurs assez doués, suffisamment malins pour obtenir un rendez-vous. Rendez-vous qui s’avéraient souvent d’une décevante platitude, le pauvre type en face de vous commençant à se liquéfier dès qu’il comprenait ce dont j’étais capable.

Plus d’un, je dois bien l’avouer, prit ses jambes à son cou devant mes exigences, certains même au bout d’à peine une dizaine de minutes.


Comme je l’ai écrit plus avant, je déteste perdre mon temps. Aussi ai-je mis au point cette méthode de sélection qui m’assure de la motivation du chien qui prétend faire le beau à mes pieds.


Après avoir exigé de lui qu’il m’envoie sa photo (photo sur laquelle, malgré son âge, je m’apercevais que l’homme restait séduisant), je lui expliquai ce qu’il serait obligé de faire lors de notre premier rendez-vous. Un rendez-vous qu’il devait prendre comme une initiation, qui me permettrait de voir s’il était aussi soumis qu’il le prétendait.


Il faillit pourtant être éliminé lorsqu’il commit une erreur impardonnable : lui aussi implora que je lui envoie une photo. Je lui répliquai vertement sur le mail suivant que je n’avais pas besoin de lui, que je n’avais jamais demandé à ce qu’il se propose d’être mon serviteur, qu’il l’avait demandé lui-même sans me connaître, et que s’il n’était pas capable de continuer de me faire confiance, nous pouvions arrêter là nos échanges.


Il eut beau se répandre en excuses, je lui dis qu’en plus d’avoir les yeux bandés pendant l’intégralité de sa première séance de domination, il n’entendrait pas même ma voix. Sa punition pour cette réclamation (un esclave doit apprendre à ne rien demander, et à ne rien désirer d’autre que le plaisir de sa Reine) serait de subir les pires tourments dans un absolu silence de ma part. Ensuite, et seulement si je décidais qu’il avait bien supporté son épreuve, je déciderais s’il était digne de rejoindre ou non mon cheptel.


R. arriva exactement à l’heure prévue, ce qui était encourageant pour la suite. Comme nous en étions convenus, il trouva la porte de mon appartement entrouverte et une feuille rédigée de ma main sur mon bureau lui demandant de se mettre entièrement nu, puis de se bander les yeux avant de se passer dans le dos les menottes que je lui avais préparées. Je lui laissai dix minutes pour cela.

Il alla bien plus vite…


J’avoue que R. m’émut un peu par le total abandon ainsi que le courage dont il faisait preuve. Un fantasmeur lambda n’aurait jamais accepté une telle chose. Il se serait imaginé qu’il allait peut-être tomber dans un piège, être dépouillé, assassiné… et cela aurait été bien normal.

Pour accepter ce que je lui imposais, R. devait soit être totalement stupide – ce que nos échanges écrits réfutaient – soit avoir reconnu la vraie Maîtresse que j’étais. Et cela fait toujours plaisir de voir quelqu’un, fût-ce un esclave, reconnaître ses qualités.


Vérifiant qu’il s’était agenouillé comme je l’avais ordonné, j’entrai dans la pièce silencieusement et posai fermement ma main gantée sur son épaule. Il sursauta… et murmura difficilement, tant l’émotion semblait le submerger, « Bonjour, Maîtresse, je suis venu afin de me mettre à votre service… »


Je le forçai à baisser la tête jusqu’à mes bottes. Il en embrassa la pointe et fit mine de relever la tête. Ma cravache s’abattit immédiatement sur ses fesses. Il embrassa de nouveau, et prit un nouveau coup… jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il devait lécher. Je m’amusai à le regarder ainsi durant une bonne dizaine de minutes. Il était touchant, plein de dévotion, c’en était un plaisir…


Mais une vraie dominatrice doit savoir également manier la frustration, y compris celle du lecteur. Aussi n’en saurez-vous pas beaucoup plus sur cette première rencontre. Vous dire que les tourments de R. durèrent plus de deux heures sera amplement suffisant.


Vint enfin le moment de la récompense. Il avait subi patiemment, avec courage, toutes les épreuves que je lui avais imposées silencieusement. Je le fis mettre à genoux à nouveau devant moi, et lentement j’ôtai le bandeau de ses yeux afin qu’il puisse me contempler…

Tout d’abord il resta muet de stupéfaction. Puis :



Et je partis d’un long rire aussi sonore que sournois…

Je vous l’avais bien dit, mes zamours, le monde du BDSM est rempli d’imposteurs.