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Temps de lecture estimé : 11 mn
11/02/17
Résumé:  Hana poursuit ses aventures érotiques nocturnes avec une mystérieuse entité.
Critères:  revede fellation fantastique
Auteur : Camille_2            Envoi mini-message

Série : Le portrait de l'Homme Noir

Chapitre 02 / 03
Chapitre 2

Résumé de l’épisode précédent : Le portrait de l’Homme Noir - 01


Hana est intriguée par un tableau représentant un mystérieux personnage, assorti d’une inscription énigmatique : NTP. Les recherches qu’entreprend notre héroïne lui indiquent qu’il s’agirait de Nyarlathotep, une effroyable entité imaginée par H. P. Lovecraft. Au cours de la nuit, la créature semble s’immiscer dans le sommeil de la jeune femme pour lui procurer un plaisir indicible. Rêve ou réalité ?


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LE PORTRAIT DE L’HOMME NOIR (2ème partie)



En repassant sous la douche, Hana essaya de se remémorer, en vain, certains détails de son rêve. Chaque fois qu’elle croyait en saisir un, il lui échappait. La seule chose que la jeune femme tenait pour certaine, c’était que quelque chose ou quelqu’un, mettons une "présence", lui avait donné du plaisir. Beaucoup, beaucoup de plaisir ! Les draps maculés de Cécile pouvaient d’ailleurs en attester, n’est-ce pas ?, et le fait qu’à sa seule évocation, cette présence indicible déclenchait en elle un frémissement qui parcourait son corps de la tête aux pieds.


Ce n’est que le lendemain, en se rendant à la médiathèque, que tous ses souvenirs lui revinrent enfin.



*



Hana trouva, au troisième étage du bâtiment, une vieille édition des œuvres intégrales de Lovecraft. Elle prit les volumes sous le bras, partit s’installer dans l’un des nombreux fauteuils alignés devant la grande baie vitrée et entama sa lecture.


De prime abord, le style archaïque et précieux de l’auteur lui parut pénible, mais progressivement la jeune femme se laissa happer par l’atmosphère macabre, teintée d’ésotérisme, qui se dégageait des pages du recueil, si bien qu’elle enchaîna d’une traite toutes les nouvelles dont elle avait relevé les titres sur Wikipédia.


Dans chacune d’elles, Nyarlathotep était présenté sous une apparence différente. Pharaon noir immortel, Homme noir mutique, inventeur d’une machine infernale capable d’asservir l’humanité ou hideuse créature aux ailes de chauve-souris, dont le visage n’était qu’un affreux tentacule gluant… Autant de masques derrière lesquels se cachait une entité maléfique, vouée à servir les plans de ceux que Lovecraft avait baptisés : les Grands Anciens.


Lorsqu’Hana releva enfin le nez de son livre, elle laissa dériver son regard vers les façades grises des immeubles qui se dressaient devant elle, puis vers les collines situées à quelques kilomètres de là, au-dessus desquelles s’amassaient de gros nuages menaçants. L’idée qu’un personnage aussi abject et malfaisant que ce Nyarlathotep ait pu inspirer à un peintre le portrait d’un homme aussi magnétique la laissait perplexe. Curieusement, le fait que ce portrait lui ait suggéré l’un des rêves les plus étranges et envoûtants qu’elle ait fait de sa vie lui plaisait et, elle devait bien se l’avouer, avait tendance à l’exciter.


Une image s’imposa alors à son esprit, celle d’une salle rectangulaire aux murs aveugles, légèrement inclinés, qui se perdaient dans les ténèbres du plafond. L’architecture de la pièce lui évoqua ces vieux temples de l’Égypte ancienne que David Roberts et tant d’autres artistes orientalistes avaient peints au milieu du XIXe siècle. Hana ferma les yeux et se concentra sur cette vision.


La salle donnait sur une longue coursive, rectangulaire elle aussi. La jeune femme était certaine de l’avoir empruntée. Sur le mur de droite, de larges ouvertures, pratiquées à intervalles réguliers, donnaient vers l’extérieur, où une pluie battante empêchait de distinguer le paysage au-delà de quelques mètres.


Hana percevait le frottement de ses pieds nus sur les dalles humides, le crépitement de flambeaux dont elle appréciait la lueur réconfortante… À mi-chemin, elle passa devant une double porte noire monumentale en bois clouté, fermée par trois solides madriers. Arrivée au bout de la coursive, devant le seuil d’une seconde pièce, la pénombre se massa soudain autour d’elle. Elle saisit la jeune femme et l’enveloppa comme un manteau aux plis chauds et épais. Ses seins furent empoignés, puis palpés et tétés dans un élan à peine contenu. Hana sentit son corps quitter le sol. Flottant dans la tiédeur de la coursive, bercée par le bruissement continu de la pluie sur les pavés, elle s’abandonna au ravissement de l’étreinte, incapable d’opposer la moindre résistance. Quand des doigts effleurèrent sa fourche, puis en écartèrent les lèvres pour s’y enfoncer, Hana leva doucement la tête. Elle voulait voir le visage de ce qui tentait de la posséder, mais elle ne trouva que l’ombre. Une ombre si noire qu’elle semblait la mort même de toute lumière.


Hana rouvrit les yeux en poussant un cri de stupeur. Se rappelant où elle se trouvait, elle jeta un regard embarrassé autour d’elle. Heureusement, à l’exception d’un usager assis quelques fauteuils plus loin, l’étage était désert. L’homme, vêtu d’une veste élimée en cuir marron, baissa son journal pour la fixer d’un air étonné, avant de reprendre sa lecture.


La confusion qui avait envahi son esprit, mélange d’appréhension indéfinissable et de désir inextinguible, s’estompa petit à petit. Elle céda la place à une profonde sérénité qu’Hana savoura, sans chercher à se l’expliquer. La jeune femme récupéra les volumes de Lovecraft qu’elle avait posés à même le sol et se dirigea vers la baie vitrée. Pendant qu’elle revivait son rêve, les nuages avaient poursuivi leur progression. Ils planaient maintenant au-dessus de la ville.


De grosses gouttes, poussées par les bourrasques, éclataient sur la paroi de verre en dessinant de fines marbrures translucides. Hana observa la rue en contrebas. Des passants se hâtaient en tous sens pour se mettre à l’abri. Un tramway bleu roi s’avança en klaxonnant au milieu de ce rang de fourmis dispersé par l’averse. La jeune femme reconnut alors, derrière l’épais rideau de pluie, une silhouette familière, drapée dans sa robe aux pans battus par le vent. Malgré la distance qui les séparait, Hana sentit son regard se poser sur elle. Elle ne se détourna pas, tandis que le tramway, négociant son virage dans un crissement de freins strident, passa devant la forme noire qui se tenait immobile de l’autre côté de la voie, ni même quand, la dernière rame ayant disparu derrière l’angle du bâtiment, il n’y eut plus rien à voir sur le trottoir que le ruissellement de l’eau.



*



Hana se coucha tôt ce soir-là. Elle piocha un magazine au hasard sur la table basse du salon et se faufila sous la couette, en s’efforçant de ne pas lever la tête vers le portrait. Elle ne savait plus que penser de toute cette histoire et envisagea même, un moment, de décrocher le tableau de son clou, mais elle estima qu’un tel geste accréditerait la théorie absurde selon laquelle l’Homme Noir avait une réelle influence sur elle, ce qu’elle ne voulait pas accepter. D’autre part, et cela Hana l’admettait encore moins, elle aimait l’idée que celui-ci garde un œil sur elle pendant son sommeil. Quoi qu’il en soit, épuisée par la nuit agitée qu’elle avait vécue la veille, la jeune femme s’endormit au bout de quelques minutes, au beau milieu de sa lecture.



*



Un jeu subtil de reflets scintillait au plafond et sur le haut des murs de la chambre. Hana entrouvrit les yeux. L’esprit embrumé par le sommeil, elle ne parvenait à déterminer si ces lueurs dorées étaient le fruit de son imagination ou si quelque chose était en train de brûler dans la pièce. Aucune odeur suspecte n’était cependant perceptible. Elle se tourna vers la lampe de chevet. Presque persuadée de s’être endormie lumière allumée, elle la trouva éteinte.


Hana se redressa et observa avec plus d’attention le halo qui ondoyait au-dessus de sa tête. La lumière, de toute évidence, provenait du portrait. Elle dirigea son regard dans sa direction et constata avec stupéfaction que l’Homme Noir avait disparu. Le tableau était toujours accroché au mur, mais il ressemblait maintenant davantage à une fenêtre qui s’ouvrait sur… sur quoi ? Depuis le lit où elle était assise, Hana ne discernait pas avec précision le contenu du cadre noir, dont les moulures s’animaient sous l’effet du chatoiement mordoré.


Face à ce phénomène extraordinaire, la jeune femme s’efforça de garder son calme. Elle se pinça le bras. La douleur aiguë lui confirma qu’elle ne vivait pas un autre délire onirique, ce qui ne fut pas pour la rassurer. Après ce qui lui sembla un très long moment d’hésitation, la jeune femme prit enfin son courage à deux mains et se décida à quitter le lit. D’une certaine manière, ce qu’elle découvrit en approchant du tableau la rassura, mais ne diminua en rien son incrédulité.


La grande salle dépourvue de mobilier, qu’elle voyait à présent de l’autre côté du tableau, et dont les murs jaunes ocreux en pierre de taille se perdaient dans l’obscurité, était de toute évidence celle du temple dans lequel son rêve l’avait déjà conduite.


Disposées autour de la pièce, quelques torches projetaient la lueur vacillante qui venait se refléter dans la chambre à coucher. Sans trop savoir pourquoi, Hana songea à la seconde pièce qu’elle n’avait eu la possibilité d’explorer. Que pouvait-elle bien renfermer ? En dépit de ses craintes, cette pensée, comme étrangère à elle-même, commença à l’obnubiler. Elle voulait, ou plus exactement elle avait la conviction, qu’il fallait y entrer.


Le souffle court, la jeune femme avança avec précaution une main vers le tableau, suspendit son geste lorsqu’elle se trouva à quelques millimètres de ce qui aurait dû être la surface rêche de la toile, puis tendit le bras dans un mouvement décidé. Ses doigts passèrent à travers une sorte de voile invisible à la texture organique, tiède et visqueuse. Un rayon bleu vif baigna son visage et son corps. Instinctivement, Hana se recroquevilla au pied de la commode. La lumière disparut. Elle redressa lentement la tête et constata qu’elle avait été transportée à l’intérieur du temple.


À peine debout, les jambes encore flageolantes, la jeune femme se dirigea vers la coursive. Avant de quitter la salle, elle s’assura néanmoins que le "portail" n’avait pas disparu. Il était bien là, rectangle aux dimensions similaires à celles du tableau, ouvert dans le mur comme un écran de surveillance relié directement à la chambre à coucher. Dans le lit éclairé par la lampe de chevet, la jeune femme se vit endormie sous la couette, son magazine ouvert posé sur le ventre. Un rêve à l’intérieur d’un rêve, à l’intérieur d’un rêve… Refoulant la sensation de vertige qui la gagnait, Hana se détourna et repartit en direction de la deuxième salle.


Aucune force ne l’empêcha d’entrer cette fois-ci. Elle franchit le seuil et s’arrêta. La salle ressemblait en tous points à celle qu’elle avait quittée, avec cette différence qu’une fenêtre, beaucoup plus haute que celles qui bordaient la coursive, laissait toujours voir, au dehors, le même crépuscule pluvieux. Il n’y avait aucune torche ici, mais un braséro, placé au milieu de la pièce et qui reposait sur un trépied d’environ cinquante centimètres.


À quelques pas du large socle en cuivre, la jeune femme distingua, dans la lueur rouge des braises, un lit aux proportions imposantes. Son cadre semblait avoir été taillé et poli dans le bois brun et noueux d’un olivier. Elle s’approcha sans faire de bruit. Sur la couche moelleuse, l’Homme Noir était allongé sur le dos, corps nu, bras repliés et mains croisées sur la poitrine, tel un gisant.


Hanna s’assit au bord du lit. Elle posa son oreille sur le buste de l’Homme Noir. Les battements de son cœur étaient si espacés qu’il lui fallut un moment avant de les percevoir. Le dormeur n’avait pas conscience de sa présence. Ou si c’était le cas, il n’en laissait rien paraître et poursuivait ce qui ressemblait davantage à un exercice de méditation qu’à un sommeil profond. La jeune femme voulut tester les limites de cette concentration transcendantale.


Elle déplaça sa main moite sur le ventre de l’Homme Noir. Le contact avec sa peau était doux et sensuel, mais en dessous, la chair présentait rapidement la dureté de l’écorce. Elle descendit plus bas et caressa le sexe qui se mit bientôt à grossir, tandis que le reste du corps demeurait inerte et la respiration égale. Saisissant entre ses doigts la base du membre pour l’amener à elle, Hana prit le gland entre ses lèvres et fit glisser le sexe dans sa bouche. Sans bouger, elle le laissa ainsi s’alourdir, prendre de l’ampleur contre son palais, peser sur sa langue. Un tressaillement parcourut les muscles de l’Homme Noir dont le souffle s’accéléra. Quand elle sentit la large tige suffisamment gonflée, Hana entreprit de la sucer, l’engloutissant jusqu’au fond de sa gorge avant de la délivrer dans un filet d’écume. Reprenant haleine, elle s’essuya le menton du revers de la main, repoussa ses cheveux en arrière, puis contracta ses lèvres sur le gland et l’effleura du bout de la langue, avant de redescendre le long de la hampe, aspirant la salive dont elle était couverte. La jeune femme sentit le contact d’une main agripper ses cheveux et accompagner ses va-et-vient de plus en plus ardents.


D’abord lointaine, une sonorité désagréable commença à s’intensifier. Elle empêcha bientôt Hana de se concentrer sur le plaisir qu’elle offrait à l’Homme Noir. Tentant d’en déterminer l’origine, elle releva la tête, libérant à contrecœur le sexe sur le point de décharger sa semence. Quelques gouttes perlaient déjà au sommet du gland. Elle eut le temps de les avaler avant que…


… le magazine glissa de la couette et heurta la lampe de chevet qui tomba dans un bruit sourd sur la descente de lit. Hana ouvrit les yeux et, hors d’elle, chercha une fois encore l’origine de la stridence qui avait interrompu la fellation la plus sensuelle qui lui avait été donnée de prodiguer ! Se tournant vers la table de nuit, elle reconnut enfin la maudite sonnerie du téléphone. Elle saisit l’appareil et, sans même regarder qui essayait de la joindre, le fit voler rageusement à travers la chambre en direction du mur.


Il fallut un long moment à Hana pour se calmer. Elle focalisa son attention sur la couche de l’Homme Noir, espérant ainsi reprendre son rêve là où il avait été interrompu. Rien n’y fit. La fatigue finit par l’emporter, mais la jeune femme dormit d’un sommeil agité. Le lendemain, elle se réveilla tard, l’humeur maussade. Hana en voulait à l’Homme Noir de ne pas être revenu la chercher, mais elle avait bien conscience du délire dans lequel elle commençait à s’enfermer.



*



En se levant, elle trouva son téléphone qui gisait par terre dans le vestibule. Au lieu d’aller s’écraser contre le mur, l’appareil avait volé à travers la chambre et franchi l’encadrement de la porte pour achever sa course sur le plancher, non loin de la salle de bain. La jeune femme se pencha pour estimer les dégâts ; ils semblaient minimes. Au moment du "crash", la coque s’était ouverte, expulsant la batterie et délogeant la carte SIM de son encoche. Hana ramassa les pièces et les remit chacune à sa place. L’écran n’était pas fendu ; seules quelques rayures au dos du téléphone témoignaient du choc qu’elle lui avait fait subir.


Tout en se dirigeant vers la cuisine, la jeune femme actionna le bouton de mise en route. Après quelques secondes, le logo de son opérateur s’afficha, accompagné du petit jingle familier.


Tandis que le café s’écoulait en glougloutant, Hana écouta les deux appels enregistrés sur sa messagerie. C’était Cécile qui avait tenté de la joindre la nuit dernière, mettant un terme aussi brutal que frustrant à son rêve. Elle s’excusait d’appeler si tard (le message avait été enregistré à 22 h 32), lui demandait si tout allait bien, se plaignait de l’ambiance soporifique de son colloque et lui précisait, avant de raccrocher en lui faisant plein de bisous, que Marc – "tu sais, le copain qui bosse dans une boîte d’informatique, tu l’as vu déjà à quelques soirées…" – allait la contacter pour passer récupérer un ordinateur qu’il lui avait prêté. Le second message, en date du matin même à 10 h 07, était de Marc.


Hana voyait de qui il s’agissait, même si elle ne le connaissait que très vaguement. Cécile lui en avait parlé une fois comme d’une "relation amicale périphérique". Expression un brin méprisante pour désigner ces personnes que l’on croise avec plaisir, à l’occasion de soirées organisées par d’autres, sans jamais ressentir le besoin de les fréquenter avec plus d’assiduité. Sauf cas exceptionnel, comme celui qui avait manifestement conduit le fameux Marc à dépanner son amie d’un ordinateur.


La jeune femme remplit une grande tasse de café noir, alluma une cigarette et ouvrit la fenêtre pour laisser entrer la chaleur bienfaisante du soleil qui avait fait son retour, avant d’écouter ce que Marc avait à lui dire.


Le message était laconique, mais sympathique. Marc lui demandait s’il pouvait venir vers 19 heures et, comme il savait qu’Hana était toute seule dans une ville où elle ne connaissait pas grand-monde (bien sûr, il ne le formula pas d’une manière aussi abrupte), lui offrait de l’accompagner pour aller boire un verre dans un bar avec un groupe d’amis. Si la jeune femme était partante, elle pouvait le rappeler ou lui envoyer un SMS.


Hana tira une dernière bouffée sur sa cigarette et l’éteignit sous le robinet de l’évier. Elle devait admettre que ces deux messages, en la reconnectant à la réalité, lui avait fait le plus grand bien. Elle réfléchit un instant à la proposition de Marc et conclut que sortir pour voir du monde était sans doute la meilleure chose à faire en ce moment. Elle reprit donc son téléphone et accepta l’invitation.