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n° 17810Fiche technique82038 caractères82038
Temps de lecture estimé : 42 mn
05/03/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Du sexe, du sang, de la peur, de l'amour.
Critères:  fh travail amour lingerie entreseins fellation cunnilingu pénétratio humour policier
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Dentelles et Troubadours

La jeune femme rentrait chez elle.

Son pas vif et nerveux claquait sur les pavés fraîchement rénovés de la rue.

Sa veste longue et brune lui battait les mollets serrés dans de hautes bottes noires, un bonnet cachait en partie sa crinière blonde, le col d’un gros pull montait sous son menton, des panaches de vapeur s’échappaient de ses lèvres.


Le brouillard rendait toute chose inquiétante, une poubelle, un panneau de signalisation devenaient des ombres menaçantes. Les réverbères peinaient à percer cette purée de pois, ils n’étaient que des îlots de lumière jaunâtres dans la nuit sinistre.


Elle se retournait fréquemment depuis quelques minutes, il lui semblait que des pas venaient s’ajouter aux siens, telles des ombres de sons. Au début elle n’y prêta guère attention, un autre travailleur rentrant tard chez lui, après une dure journée de labeur.

Mais ces bruits semblaient la suivre et se rapprochaient insensiblement, elle en était certaine. Son suiveur calquait son pas sur le sien, accélérait lorsqu’elle forçait l’allure et s’arrêtait lorsqu’elle ralentissait.


Pourquoi devait-elle finir si tard, alors que ne circulaient plus ni bus ni métro, et bien évidemment, personne de la boîte pour la raccompagner ?


Elle se trouvait à une centaine de mètres de son appartement, bientôt elle y serait à l’abri. Son suiveur trébucha sur une bouteille qui roula, tressauta sur la chaussée inégale. Le bruit résonna dans toute la rue, ricochant sur les murs. Un chat surpris se sauva en miaulant, le meuww furieux du petit félin la fit trembler.


Elle se mit à courir, glissant sur les pavés, elle ouvrit son sac, cherchant son portable et ses clefs. Elle ne trouva ni l’un ni les autres. Une main s’abattit sur son épaule, elle se retourna en poussant un cri, elle vit celui qui lui agrippait le bras.



Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Une matraque l’atteignit à la tempe.




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La jolie blonde fusilla son interlocuteur de ses beaux yeux verts. Sa poitrine opulente mit en joue le flic. Si la situation n’avait été si dramatique, elle eût rit du malaise de l’homme. Elle le regardait blêmir alors qu’il approchait.



Le flic bégayait, transpirait, son adjoint vint à la rescousse.



Il lui passa les menottes. Passer les bracelets à une présentatrice vedette de la télé devenait son plus haut fait d’armes. Le policier stressé se passa les mains sur le visage, désemparé.





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Le capitaine Valentin Van-De-Vlonck terminait le compte-rendu sur cette enquête avant de transmettre au juge d’instruction. Laurence Chacal venait d’avouer le meurtre de son mari, aidée de son amant. Une nouvelle réussite pour Valentin Van-De-Vlonck et sa célèbre équipe de la Crim de la 3e DPJ de Paris, qui venait d’investir les nouveaux locaux du quartier des Batignolles.


Van-De-Vlonck, appelé aussi V-d-V, grand flic par la taille et le talent, blond aux yeux bleus, détenait tout l’arsenal pour faire craquer les femmes. Ce colosse possédait cependant un point faible, une fissure dans la cuirasse, un talon d’Achille, il souffrait de gynéphobie.

Une peur panique du sexe soi-disant faible. Les femmes le terrorisaient, surtout les jolies femmes. Il perdait tous ses moyens face à une personne du sexe opposé.

Timidité maladive due à un traumatisme sentimental selon son psy qui le suivait dans sa thérapie imposée par ses supérieurs, ils estimaient qu’il ne pouvait travailler en excluant de ses interrogatoires la moitié de la population.


Selon la thérapeute, un léger mieux se faisait sentir. Il semblait depuis peu de temps moins empoté face à une femme dite normale.

Manque de pot, son supérieur hiérarchique se trouvait être le commandant Michelle Mabell, trente-cinq ans et plutôt pas mal de sa personne.

Son psy, le docteur Adèle Éther, conseillée par la préfecture, était aussi une femme qui pouvait participer au concours de Miss Univers.

Le sort s’acharnait sur le malheureux.

Pourtant, il aimait les femmes, qui le lui rendaient bien, pour son plus grand trouble.



À toutes questions embarrassantes sur son patron, le lieutenant Ludovic Donnadieu donnait une explication abracadabrantesque sur l’infirmité de son supérieur.

Soit il était tombé amoureux d’une femme qui se révéla être une voleuse internationale d’œuvres d’art, soit il avait fait des avances à la ministre de l’Intérieur ou toute autre élucubration. La dernière en date étant que la reine, the Queen herself, le poursuivait de ses assiduités.


Le cul posé sur le bureau de son patron, l’adjoint démoniaque étudiait avec grand intérêt le dernier numéro de Lui. Valentin jetait de temps à autre un regard exaspéré vers son collègue.



La sonnerie du téléphone mit fin à leur chamaillerie.



Les deux flics enfilèrent, qui une veste, qui un imper. Malgré les réverbères, circuler n’était guère aisé dans ce brouillard, surtout que la 308 avait un phare HS et qu’il fallait attendre le début de la prochaine année pour acheter une ampoule, restriction budgétaire oblige.



Ils arrivèrent prudemment, gyrophare allumé sur le toit ; c’était un mort, il n’allait pas se sauver !

Des voitures de patrouilles se trouvaient déjà là, illuminant la nuit d’éclairs bleus et rouges. Le médecin légiste venait aussi d’arriver.

Guidés par un flic en tenue, ils se faufilèrent dans un labyrinthe de sacs de ciment et d’engins de chantier.



Le policier venait de résumer la situation. Ils se trouvaient sur un des angles de la future tour, là où les fondations d’un pilier devaient être coulées sous peu. La légiste, agenouillée près du cadavre, sembla s’énerver tout à coup. Elle s’agitait au téléphone, faisait de grands gestes, puis se rapprocha du corps en lui tâtant la carotide.



Les deux flics se précipitèrent.



Ludovic apprécia la tentative de jeu de mots en connaisseur.



Le Dr Lenoir semblait presque jalouse.



Il ouvrit le magazine Lui, qu’il avait emporté à tout hasard. En pleine page, en sous-vêtements, la victime leur jetait un regard aussi glacé que le papier du même nom, un regard de mannequin, sans un sourire.

Joli visage, des seins à faire grimper aux arbres une bande de sénateurs cacochymes, de longues jambes. Uniquement vêtue d’un soutien-gorge et d’un shorty en dentelle noire.


Valentin arracha des mains le journal de son adjoint et lut la légende.



Tandis que le Samu emmenait la blessée, Valentin lançait ses ordres.



Van-De-Vlonck regarda autour de lui en frissonnant. Son agresseur voulait couler la jeune femme dans le béton alors qu’elle vivait encore, un cinglé de plus en ce bas monde. Peut-être un amoureux éconduit ou un refoulé qui passe à l’acte.




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Du fait de travailler sur une agression de femme, de très jolie femme même, Valentin se remémora sa dernière visite auprès de sa psychiatre.


Assis dans un profond fauteuil, V-d-V discutait avec le Dr Éther pour sa consultation hebdomadaire.





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Sonja Eckmüll venait juste de se lever, très tôt, à onze heures trente ; elle se préparait une tasse de thé, elle accompagnait souvent cette boisson d’un fruit, cela lui suffisait comme petit-déjeuner. Elle traînait dans sa cuisine en nuisette transparente.


Elle dormait nue, mais elle préférait passer un vêtement, même symbolique, car dans l’appartement sis en face du sien, un petit rondouillard la zieutait avec convoitise. Le fait qu’il habitât un duplex lui facilitait les choses, il possédait une vue plongeante sur les pièces à vivre de la jeune femme.

Leurs appartements se faisaient face, avec à peine dix mètres entre les deux balcons.


Elle s’était renseignée sur lui. Aldebert Montjoie, célibataire, trente-cinq ans et accessoirement voyeur. Bourré de fric, il détenait la majorité des parts d’un laboratoire pharmaceutique vétérinaire. Apparemment le laboratoire tournait tout seul, car le bedonnant l’espionnait matin et soir, ne semblant pas avoir grand-chose d’autre à faire.

Se promener nue devant des gens ne la gênait pas, mais elle n’aimait pas se faire reluquer en douce. En douce n’était pas non plus l’expression exacte, il ne faisait pas dans la discrétion. Il restait des heures à la fenêtre de son living, sans se cacher, lui lançant des regards de Saint-Bernard énamouré.


Justement, ce matin, il regardait tranquillement la sculpturale jeune métisse aller et venir. Elle aurait pu tirer les rideaux, mais elle éprouvait une petite pointe d’excitation à ne pas le faire. Elle commençait à grignoter son kiwi quand quelqu’un sonna à la porte d’entrée.


Elle n’attendait pas de visite ce matin. Elle vit un énorme bouquet de fleurs dans l’œilleton du judas. Elle ouvrit sans méfiance et reçut le battant de la porte dans le visage, le choc la fit saigner du nez, voir trente-six chandelles, et lui péta l’arcade souricière*.

Un individu cagoulé se précipita vers elle, un couteau à la main. Elle courut dans la pièce en hurlant :



Le voisyeur** avala son café de travers, ouvrit sa fenêtre et se mit à hurler sur son balcon.



Il attrapa un pot de fleurs et le jeta vers la terrasse de sa voisine où il traversa la fenêtre dans un grand fracas. Il prit son téléphone et composa fébrilement le 17.



Dans l’appartement d’en face, il pouvait voir l’agresseur coincer la jolie jeune femme dans un angle de la pièce. Sa nuisette pendouillait, une bretelle s’était cassée dans la bagarre. Elle tenait le poignet de l’homme, tentant de repousser l’arme qui approchait de sa poitrine, en vain. Aldebert vit avec effroi la lame s’enfoncer dans le sein de Sonja Eckmüll et le sang jaillir.


Une voiture de police patrouillait justement rue Sainte-Catherine, elle arriva rapidement toutes sirènes hurlantes. Depuis sa terrasse Aldebert gueulait et gesticulait.



Il jeta même son portable vers l’agresseur. Celui-ci, surpris par l’arrivée rapide des flics, s’enfuit sans demander son reste.

Aldebert sanglotait sur son balcon, il n’osait regarder les policiers s’occuper de la jeune femme.




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Ce matin même, Valentin et Ludo se faisaient ouvrir la porte de l’appartement de la dénommée Aurore Lester, le gardien de l’immeuble utilisait son propre jeu de clefs.

Un voisin requis en tant que témoin ne semblait guère ravi de se lever à 8 heures, un samedi matin. Un coup de téléphone au magazine leur avait donné l’adresse de la jeune femme.



Ils entrèrent dans l’appartement. Comme disaient le concierge et le voisin, aucun homme ne semblait partager sa vie, pas de brosse à dents, pas de rasoir, pas de second oreiller. Des photos de la jeune femme, seule, avec ses parents, avec un gars qui se révéla être son frère.


Ils épluchèrent son courrier, ouvrirent sa messagerie électronique. À l’intérieur de son sac, récupéré dans la poubelle de son immeuble, les policiers trouvèrent son téléphone, il ne contenait que des messages d’ordre professionnels ou de sa famille, aucune menace particulière.



La thèse de l’amoureux éconduit se révélait une fausse piste.

Van-De-Vlonck avait lu une histoire de fou, où un individu – violent – poursuivait de sa haine une mannequin qui l’avait rejeté, allant jusqu’à payer un homme de main pour lui lancer de l’acide au visage.



Un grand sourire aux lèvres, Ludovic fouillait dans une armoire, caressant robes et sous-vêtements de marque. Quelle enquête de ouf !





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Les deux policiers arrivèrent impasse Dupanloup où s’agglutinaient voitures de flics et ambulances. Guidés par l’agitation, ils trouvèrent vite l’appartement incriminé.

Des policiers en tenue entraient et sortaient, une jeune femme était allongée par terre, dans une mare de sang, une équipe du Samu officiait autour d’elle.


Un flic, intercepté par Ludovic, leur donna quelques explications.



Il regarda la poitrine de la blessée et ajouta :



Ludo semblait tétanisé.



Pendant ce temps, Van-De-Vlonck reçut un appel du Dr Lenoir.



Je travaille avec des fous, se disait le pauvre capitaine.



L’équipe du Samu s’apprêtait à emmener la jeune femme quand Ludovic revint, son exemplaire de Lui à la main.



Il montra une photo d’une jeune femme en sous-vêtements, une superbe jeune métisse. Sous la photo une légende : Sonja Eckmüll en « Sylphes Rouges » de Dentelles et Troubadours. Le modèle sur la photo et la jeune femme sur la civière ne faisaient qu’un.



Le jeune policier ressemblait à un chiot Labrador tout fou devant une baballe. Valentin rechignait à se rendre au siège de Dentelles et Troubadours. Un endroit où ne vivaient et travaillaient que des femmes. Des femmes en petites tenues, très certainement canon, devaient déambuler en sous-vêtements dans les couloirs… un cauchemar. Il allait encore, bafouiller, transpirer, rougir bref, se couvrir de honte et s’enduire de ridicule.



Lucien, dit gros Lulu, était le geek de l’équipe.





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Amélie Van Basten, jolie Hollandaise rousse, achetait sa pomme au magasin bio de son quartier. La présence, la visite chaque matin de cette superbe jeune femme faisait grimper le chiffre d’affaires de l’épicerie, à la grande joie du patron. C’était fou le nombre de gars qui venaient acheter des poireaux, des choux ou une banane et s’intéressaient au bio depuis qu’elle faisait ses courses dans cette boutique.

Amélie sortit, accompagnée des regards émerveillés des clients mâles.

À peine était-elle sur le trottoir qu’une voiture lancée à toute vitesse vint la percuter.

Le corps de la belle rousse fut projeté en l’air, telle une poupée de son. Elle retomba inerte, tandis que la voiture s’en allait à toute vitesse, accompagnée d’un sinistre crissement de pneus.




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Lors d’une précédente séance, sa psy lui avait expliqué que chaque femme, si belle soit elle possédait un défaut. Cette faille devait la rendre moins inaccessible à ses yeux, et donc lui permettre d’établir des relations plus ou moins normales.



Plus facile à dire qu’à faire, que de trouver ce défaut.



Elle est bien mignonne la psy, mais il serait étonnant que les femmes de Dentelles et Troubadours portent des moustaches.


La maison de couture se situait sur le boulevard de La Haye. Selon Ludovic, qui consultait internet sur son portable, cette boîte était dirigée par une femme, Héloïse Delatour.



Si la façade sobre n’annonçait pas les activités, il en allait autrement dans le hall d’entrée. De grandes affiches décoraient les murs. Des photos de strings, culottes, bodys, tangas et autres shortys en dentelle, soie ou toute autre matière ; de bas et de porte-jarretelles, de soutiens-gorge de toutes couleurs et de toutes tailles ; tous largement remplis de fesses et de seins, sans oublier les nuisettes transparentes et les guêpières affriolantes. Des écrans disposés de toutes parts diffusaient des images de défilés de jolies femmes en petite tenue.


Ludovic bavait de convoitise. Valentin frémissait d’épouvante. Non qu’il n’aimât point ce qu’il voyait, mais il paniquait à l’idée de rencontrer le contenu en chair et en os.


Une jeune femme, très jolie blonde aux formes appétissantes, assise derrière un bureau semblait faire profession d’hôtesse d’accueil ou de secrétaire.

Ça commence, se dit-il.



Le pauvre flic perdait déjà ses moyens, pris de vertige devant le décolleté de son interlocutrice. Ludo vint à son secours :



Un lieutenant réjoui, accompagné de son capitaine blafard et transpirant, fut conduit par la jeune secrétaire dans le salon réservé aux invités. Son postérieur se balançait devant leurs yeux, tel le battant d’une horloge.


Leur attente fut de courte durée. Valentin s’attendait à trouver une vieille bourge hautaine et aussi maquillée qu’un camion volé.



La jeune femme qui venait de les faire entrer dans son bureau dépassait en beauté tout ce que Valentin pouvait imaginer. Belle et fragile à la fois, telle une gazelle face à une troupe de hyènes.

Le défaut, je viens de trouver LE défaut se disait-il. Il faut que ce soit le défaut.


Nul besoin d’être flic pour se rendre compte que cette femme était désespérée et au bout du rouleau. Même si elle venait de se refaire un ersatz de maquillage, des traces noires de mascara restaient sur ses pommettes, du rouge semblait avoir été déposé à la va-vite sur ses lèvres pulpeuses. Ses cheveux châtains à la coupe au carré, coiffés avec une cartouche de dynamite, des mèches partaient dans tous les sens comme si elle venait de se les arracher. Et enfin ses yeux noisette, pailletés d’émeraude, rougis, gonflés et brillants de larmes.

Dans cet état, elle ne pouvait participer à la dernière campagne de pub de l’Oréal-parce-que-je-le-vaux-bien.

Et pourtant elle est sublime, se disait le policier, si belle et si fragile.



Elle essayait de garder la voix ferme et de sauver les apparences. Valentin attendit quelques instants avant de répondre. Son adjoint lui jeta un coup d’œil inquisiteur et songea : Il va encore me faire une crise de panique !



La jeune femme ouvrit la bouche plusieurs fois tel un poisson hors de l’eau et fondit en larmes.



Les deux flics se tournèrent vers la secrétaire blonde restée aux côtés de sa patronne, quémandant une traduction.



Il faut que j’y arrive, je peux le faire, se répétait V-d-V. Un peu empoté, Valentin prit son courage à deux mains, contourna le bureau et vint poser sa main sur l’épaule d’Héloïse Delatour qui se jeta en pleurant sur le torse du policier.

Il lui tapota le dos d’un geste maladroit, mais protecteur, le tout sous l’œil ahuri de son subordonné.



À regret, Van-De-Vlonck lâcha la jeune femme et rejoignit son siège suivi du chien qui lui posa une patte sur la cuisse. Sa psy lui aurait dit : vous êtes sur la voie de la guérison.



Pas très rassuré, Valentin caressait la tête du molosse, il aurait bien aimé se faire adopter par sa maîtresse, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait approché, encore moins touché une femme sans perdre ses moyens.


Il repensa aux seins pressés sur sa poitrine. Sous un chemisier bien sage, Héloïse Delatour cachait un véritable trésor. Il ne savait quelle taille ils pouvaient faire, mais ils semblaient assez conséquents, fermes et moelleux. Sans parler des hanches rondes et de son parfum délicat. Valentin se sentit sortir d’un long sommeil.



Héloïse se moucha bruyamment.



Ludovic montra une photo du mannequin dans son magazine qui ne le quittait plus.

Après un grand soupir, Héloïse continua.



Elle leur tendit une lettre chiffonnée.



Salope,

Toi et Tes Créatures Démoniaques Rejoindrez Bientôt Les Enfers Dont Vous N’Auriez Jamais Dû Sortir. Tu Vas Crever.

Et Pas La Peine D’Appeler Les Flics, Ils Sont Trop Cons Pour Me Coincer.

Tu Ne M’Échapperas Pas





Les deux policiers examinèrent la lettre.



Ils regardèrent la jeune femme qui se tordait les mains et se frottait les yeux sans aucun souci de son maquillage. Elle faisait des va-et-vient entre son bureau et la porte, incapable de rester en place.



Il disait cela en dessinant avec les mains les formes voluptueuses de la jeune femme.



C’était la première fois qu’il entendait son supérieur et ami parler à une jolie femme sans bafouiller.

De surcroît, pour lui faire un compliment, et maintenant des câlins, Van-De-Vlonck venait de reprendre Héloïse dans ses bras pour la consoler.



J’ai bien envie de te prendre et te garder dans mes bras !



La ministre appela de suite le préfet, qui alerta le directeur de la PJ, lequel ordonna à ses services de lancer le recrutement de suite. Dans la demi-heure qui suivit les deux flics reçurent plusieurs coups de fil de confirmation. L’opération Dentelles pouvait commencer.

Héloïse Delatour, folle de joie, plaqua un énorme baiser sur la bouche de Valentin.

Qui tomba raide dans les pommes.




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Lorsqu’il reprit ses esprits, il se crut au paradis. Il avait la tête posée sur les cuisses d’Héloïse qui lui passait un linge humide sur le visage. La chienne lui léchait la main droite et Coralie lui tapotait la gauche.



Maintenant, elle caressait les cheveux et les joues du beau flic.



Un de ces quatre, il allait en arriver aux mains avec son adjoint.


Sa vue lui jouait-elle des tours ou elle se penchait vraiment sur lui ? Quand la jeune femme l’embrassa, il n’eut plus aucun doute. D’abord un baiser léger sur le front, puis un autre plus appuyé sur les lèvres. Elle l’embrassa, il s’embrasa.



Une langue investit sa bouche. Elle glissait ses mains sous la chemise, lui griffant la peau. Il resta tétanisé selon lui une éternité, il se libéra de quinze années de terreur comme l’on quitte une camisole. Il embrassa, caressa, mordilla tout en grondant de joie.



Une fois le policier nu, elle se déshabilla frénétiquement, poussant de petits gémissements de détresse, car ça n’allait pas assez vite. Valentin découvrait de très près « Sylphe Blanche », qui alla rejoindre sur le sol les autres vêtements.


Les seins ne tenaient pas dans ses mains pourtant grandes, blancs tels une neige immaculée, aux larges aréoles et gros tétons clairs, tendus, des seins fermes et doux sous les doigts, un régal. Selon lui, ils n’avaient guère besoin de soutien-gorge.

Il les tâtait et se tâtait, n’ayant aucune connaissance des mesures de ces savoureux appendices, il hésitait entre moyens et gros.



Elle balaya d’un revers de bras tout ce qu’il y avait sur le bureau et y allongea son flic, sexe au garde-à-vous, il ne se fit pas prier. Elle grimpa sur le bureau, enjamba V-d-V qui eut une vue imprenable sur ses fourches caudines. Des jolies lèvres gonflées et humides lui souriaient, une étroite toison bouclée lui rappela les moustaches du Major Thompson.

Héloïse s’accroupit sur le bas-ventre de Valentin, elle fit glisser la tête du nœud sur toute la longueur de sa minette, insistant sur son bourgeon, puis n’y tenant plus elle s’impala** sur le beau membre.



Comme un coureur du Tour de France dans une étape de col, elle tenait un rythme régulier, elle montait et descendait le long du pivot. Des clapotis suggestifs retentissaient dans le bureau. Devant les yeux émerveillés du policier s’agitaient les deux belles rotondités.



Valentin la tenait aux hanches, elle assurait son équilibre en lui serrant les poignets. Il regardait sa queue entrer et sortir de plus en plus vite du fourreau de chair. Il aurait aimé caresser à loisir ce qui lui était offert, mais n’osait rompre le charme.

Fatiguée d’être accroupie, elle s’agenouilla, tout en continuant ses activités.



Héloïse était une démonstrative en onomatopées. Il se retenait, voulait faire durer le plaisir le plus longtemps possible, il se disait qu’un tel cas de figure ne se renouvellerait pas de sitôt, il éprouvait cependant de plus en plus de difficultés à se contenir. Elle rythmait les mouvements sur son mâle par des cris scandés en rythme, tel un barreur d’aviron.



Dans la pièce voisine, deux clients japonais attendaient. L’impassibilité asiatique en prenait un coup. Ils échangeaient des regards interrogatifs. Le plus jeune semblait à l’étroit dans son pantalon.


Ludovic revenait avertir la secrétaire et son chef de l’arrivée des premières policières dans le courant de la journée, mais il s’arrêta net en entendant les cris dans le bureau voisin.



Donnadieu regarda la secrétaire, un sourcil levé et affublé d’un sourire idiot.



Il la serrait tout contre lui, peut-être un peu fort. Écroulée sur le corps de son amant, toujours plantée sur lui, elle l’embrassa et lui mordit la lèvre. Ils se tenaient, enlacés, reprenant leur souffle. Il léchait la transpiration sur les joues d’Héloïse.



Avant qu’il puisse répondre, l’interphone grésilla.



Héloïse essayait de faire plusieurs choses en même temps. Elle se débattait avec ses vêtements, se nettoyait vite fait le coquillage barbichu et plaquait de gros baisers goulus sur la bouche du flic qui n’en demandait pas tant.


Héloïse reçut ses acheteurs venus de l’Empire-du-Soleil-Levant avec tout le cérémonial dû à des clients assidus, non sans avoir vaporisé du désodorisant dans son bureau.

Les Nippons croisèrent le policier et le dévisagèrent à la dérobée. Valentin devina une lueur d’envie dans le regard du plus jeune.

Si tu savais, mon gaillard, qu’elle n’a pas eu le temps de s’habiller correctement et qu’elle est nue sous son chemisier et son pantalon, tu te débriderais !




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Plusieurs petits problèmes techniques se présentèrent lors de l’audition des prétendantes.


Premièrement, l’équipe de Dentelles et Troubadours n’avait pas affaire à des mannequins filiformes, mais à des femmes très bien charpentées, des sportives en pleine possession de leurs moyens. Ils durent récupérer tous les vêtements possibles, à partir du 38, alors que du 32 ou 34 étaient prévus à l’origine.


Second problème, le nombre de candidates. Plus d’une centaine de volontaires débarquèrent, avec l’aval du ministre, des administratives s’étaient même invitées.

Le préfet avait largement stimulé ses subordonnés en faisant miroiter des rallonges de crédits aux services les plus zélés. Des candidates, alléchées aussi par la situation et la notoriété de l’entreprise, espéraient en tirer une certaine renommée.



Sans jeu de mots, les deux policiers se crurent dans un poulailler.

Dans le grand salon d’apparat papotaient une bonne centaine de femmes entre vingt et quarante ans, de toutes couleurs de peau, de toutes tailles, de toutes teintes de cheveux et formes de coiffure, avec un point commun, la beauté et des formes sculpturales. Ils en repérèrent même une à la crinière blanche et une autre au crâne rasé.



La jeune patronne venait de passer quelques minutes avec ses assistantes, débordées par l’afflux de poulettes. Elles lui conseillaient de faire une sélection.



Elle rougit sous l’allusion malicieuse de son assistante.



Un murmure appréciateur parcourut l’assistance.



Pour toute réponse il reçut le magazine Lui sur la tête.




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Le soir, fourbue, Héloïse vint chercher Valentin.



Elle passait un doigt câlin sur le torse du policier.



Le commandant Mabell discutait avec la psy.





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Le couple n’eut pas beaucoup de trajet à effectuer pour rejoindre l’appartement d’Héloïse, situé au dernier étage de l’immeuble. Valentin fit trois fois le tour des lieux, vérifiant les fenêtres et la porte d’entrée. Il dut toutefois se déchausser avant d’entrer dans le Saint des Saints. La chienne se lovait devant la porte.



Elle exauça son souhait. Se hissant sur la pointe des pieds, elle vint enrouler ses bras autour du cou du beau policier. Avec un sourire satisfait, elle posa ses lèvres sur celles de Valentin. Autant leur première étreinte s’était déroulée sous le signe de la fureur, autant ce soir ils se découvraient tendrement. Il goûtait la bouche de la jeune femme par de petits baisers, il dégustait ses lèvres au goût de framboise.


De nouveau, elle prit l’initiative de le dévêtir. Elle retirait chaque vêtement lentement, avec délectation. Il se laissait faire, tout ému et heureux.


Elle caressa le torse de Valentin, dessinant des doigts les contours des muscles, des tétons, du nombril. Elle se réjouit de le voir frémir sous chaque attouchement. Elle lui enleva les chaussettes avant de s’attaquer au pantalon et au boxer, car un homme à poil en chaussettes, ça ne se fait pas !


Une fois nu, elle l’entraîna vers un gros fauteuil en cuir, en le tenant par la queue. Appendice déjà en pleine forme, se réjouit-elle. Agenouillée entre les jambes du beau mâle, elle détailla l’objet en question.

Belle bête trapue, une petite goutte perlait sur le sommet, une veine palpitait sur le côté. Ce matin, toute à sa frénésie, elle ne l’avait pas examinée, ce soir elle rattrapait le temps perdu.

D’une langue délicate, elle fit le tour du gland, et tandis qu’elle caressait les testicules, elle emboucha l’instrument.


Elle le fit coulisser entre ses lèvres, le tout accompagné de grands slurp’s. Elle essaya même de l’engloutir en totalité sans les mains, car jeux de mains, jeux de coquins. Elle ôta son chemisier tout en le pompant. Elle lui fit un grand sourire, glissa le pénis de Valentin entre ses seins. La barre coulissa à merveille entre ces adorables rondeurs, transpiration et salive lubrifiant la peau. Elle pressa sa poitrine autour du sexe de son amant, comprima la belle tige.


Elle regardait la lente montée du plaisir sur le visage de son homme. Valentin ne pouvait résister plus longtemps. Le mâle heureux se lâcha dans le giron de la belle en poussant un gémissement de chaton. Elle se releva, ôta son dernier vêtement et vint se lover sur les genoux de son policier personnel qui la prit dans ses bras et lui suça délicatement le lobe de l’oreille. Elle aimait cette tendresse après une étreinte.

Ils ne se parlaient pas, se contentant de se caresser et de s’embrasser.




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Elle se débattit et voulut se lever. Il la tint serrée contre lui et continua son discours.



Il ponctuait ses mots de baisers sur les joues, les lèvres, les seins.



Il étalait consciencieusement son sperme sur les seins d’Héloïse.



Allongée sur la commode, les fesses au bord du meuble, elle regardait son homme la préparer. Il lui avait essuyé la poitrine avec une serviette, il s’agenouilla dans la fourche de ses cuisses, vint embrasser des lèvres intimes, y glisser la langue, vint chercher son diamant et le fit frétiller par d’habiles jeux de bouche, il dégusta son abricot juteux jusqu’à la faire hurler de plaisir.


Il se releva lentement, embrassant de-ci, de-là, un nombril, un sein, la framboise d’un téton, un bras, une bouche, et lorsque sa flamberge fut à hauteur de la grotte, elle se sentit pénétrée en douceur. Il la serrait contre lui, mordillait les oreilles, lui embrassait les épaules, la nuque, elle se laissait aller, le visage niché dans le cou de son amant, les jambes nouées autour de sa taille. Valentin envahit tendrement la jeune femme qui projeta son ventre à sa rencontre.

Ils ne faisaient pas l’amour, ils étaient l’amour.

De garde du corps, le policier devenait son garde du cœur.


Ils atteignirent ensemble le paradis, seul un souffle un peu plus fort en marqua l’acmé. Longtemps après, toujours enlacés ils s’embrassaient.



Ils s’endormirent sur le lit. Elle se serra contre lui, il sourit dans son sommeil.

Sans ouvrir les yeux, Lola bougea une oreille et se rendormit en soupirant.




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À quelques kilomètres de là.



Quelques minutes plus tard :



Il hésitait quant à la conduite à tenir, Coralie ne lui lassa pas le temps de réfléchir plus longuement. Elle se jeta dans ses bras et colla ses lèvres à celle du flic mignon.



Quelques minutes plus tard, Ludovic effectuait une fouille au corps.



La voix de la jeune femme s’éraillait alors que son flic massait tout en douceur les lèvres qui s’entrouvraient.



Accoudée à la commode, la croupe bien cambrée, Coralie recevait les hommages du policier. Il se disait qu’il n’avait plus besoin de ses beautés sur papier glacé. Quelle enquête de ouf !




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Le lendemain matin, Héloïse et V-d-V furent réveillés par des coups violents frappés à la porte.



Elle, enroulée dans un drap, lui en caleçon, ils ouvrirent à Ludovic et Coralie. Derrière eux suivaient gros Lulu et Amassa, une jeune policière de son équipe.



Héloïse tentait de se cacher derrière son amant, les autres flics la reluquaient sans en avoir l’air, sauf Amassa qui regardait par la fenêtre. Ludovic montra des photos. Elles avaient été prises la nuit précédente. On y voyait la jeune femme pratiquer une fellation, puis une cravate de notaire, V-d-V lui faisant l’amour sur un meuble. Puis tous deux endormis, tendrement enlacés.

Une lettre accompagnait les photos.



Salope,

Tu As Avertit Les Keufs,

Tu Es À Moi, Je Te Tuerai Mais, D’Abord Je Le Tuerai Lui, Devant Tes Yeux, Pour Te Faire Souffrir

.



Héloïse hésita entre honte et colère.



Des traces furent relevées dans l’immeuble d’en face, quelques-unes exploitables.


Les autres enquêtes suivaient leurs cours. Sonja avait griffé son assaillant. De la peau relevée sous ses ongles, un ADN pouvait être recherché. Sur une idée de Valentin, ils s’intéressèrent aux sous-traitants. L’agresseur semblait bien renseigné sur les faits et gestes des jeunes femmes agressées. Il pourrait travailler dans l’entourage immédiat de la boîte.


Valentin alla voir le Dr Éther, pour faire une évaluation psychologique de l’individu.





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Ludovic avertit son chef et ami.



Héloïse ne restait jamais seule, elle était toujours entourée de policières ou accompagnée de Valentin. Celui-ci guérissait à vue d’œil. Il ne se passait pas une heure sans qu’une des fliquettes vienne lui faire son rapport, en petite tenue de travail.

Au début, il éprouvait des difficultés à se concentrer, à ne pas bégayer, il sursautait à chaque nouvelle apparition. Il se demandait si elles ne s’amusaient pas à ses dépens, entouré qu’il était de nichons et de fesses.

Seule séquelle de sa maladie, sa patronne. Voir Michelle Mabel en porte-jarretelles, petite culotte et soutien-gorge à longueur de journée lui donnait des vapeurs.

Surtout lorsque ces dessous presque transparents laissaient voir les tétons, une toison ou la raie des fesses.


Au terme de la première semaine, il appréciait tout de même la situation, se renseignant sur les noms des vêtements portés.

Il goûtait les différences entre un slip brésilien, un shorty, une culotte classique, dissertait de la texture d’une guêpière, d’un body, ou des différents types de soutiens-gorges. Les policières lui demandaient même son avis, il était passé maître en accord de couleur de sous-vêtements et carnation. Même une paire de fesses joliment séparées par une ficelle de string ne le perturbait plus.

Les tissus n’avaient plus de secrets pour lui, tulle, crêpe, coton, satin.

Nombre d’entre elles expliquèrent détester les bas autofixants qui laissaient de disgracieuses marques sur le haut des cuisses.




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Valentin, allongé sur le dos recevait les caresses d’Héloïse. Celle-ci passait son doigt sur le corps de son amant, en partant du front jusqu’aux burettes, puis revenait par le même chemin. Évidemment, le mandrin du mâle se dressait tel l’obélisque de Louksor.



Sans se faire prier, il caressa le nez, les lèvres, la poitrine, s’arrêtant sur chaque téton, puis vint enfouir ses doigts dans la douce toison, frôler les lèvres gorgées de rosée.



Il se glissa sur sa compagne, et dans le même mouvement la pénétra. Elle lui facilita la tâche en ouvrant bien les jambes et guidant d’une main habile le grand mât. Enfoncé jusque la garde dans le ventre accueillant, V-d-V regardait sa douce qui venait de nouer les jambes autour de sa taille.



Il ne se fit pas prier une seconde fois.




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Dans une chambre d’un célèbre hôpital parisien, Sonja Eckmüll recevait toujours des soins dus à ses blessures. Elle éprouvait de la peine à se mouvoir, la plaie à la poitrine la faisait souffrir. Les chirurgiens lui expliquèrent que la lame avait failli toucher le cœur. Quelques millimètres de plus et elle y passait. Elle se désespérait, personne de son entourage n’était venu lui tenir compagnie, quand on frappa à sa porte.



Après un temps de silence, Sonja reprit.



Aldebert en avala deux chocolats d’un coup.




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Valentin passa une autre nuit en tant que garde du corps, la dernière nuit avant le défilé. Après une partie de jambes en l’air, tendre, mais mouvementée, ils reprirent leur souffle, allongés côte à côte.





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Dans une chambre d’hôpital, un gros bouquet de roses en soie trônait sur la table de nuit. Sonja faisait part de ses inquiétudes à un Aldebert apoplectique.



Elle tendit ses seins dénudés vers Aldy qui caressa les globes aussi délicatement que s’il l’eût fait avec une bulle de savon.



Aldebert venait d’entrer dans la quatrième dimension.




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La tension montait dans la salle de maquillage, le stress devenait presque palpable.

Dans la grande halle, le public, les critiques, les journalistes attendaient. Nombre de flics aussi, venus donner un coup de main pour la protection, pour jeter un regard sur une jolie collègue ou tenir à l’œil une copine ou une épouse. Dans cette salle, des policiers mâles assuraient le service d’ordre, dans les couloirs des policières patrouillaient en compagnie d’un Ludovic au paradis. Sauf que Coralie – elle aussi en coulisse – le surveillait de près.


Un quart d’heure avant le début du défilé, l’entrée fut fermée.

Cette présentation attirait les curieux vu les tentatives de meurtre sur les mannequins. Nombre de célébrités se pressaient aussi, venues autant pour voir que pour être vues.

La maison Dentelles et Troubadours faisait rêver par son sérieux, la qualité et la beauté de ses créations.


À 20 heures, le spectacle commença.


Accompagnées en musique par Mozart, Vivaldi, Bach et Ennio Morricone, les premières policières mannequins firent leur apparition. Les uns regardaient les créations, les autres les jeunes femmes, beaucoup admiraient les deux.


Les belles traversaient un mur de vapeur d’azote avant d’entrer sur le podium, un laser y dessinait en lettres immatérielles le nom du modèle présenté et le prénom du mannequin. Le créateur d’effets spéciaux y ajoutait des arbres et des fleurs.


Elles sortaient du brouillard telles des fées sortant des limbes d’une forêt de rêve.

Les spectateurs applaudissaient autant les tenues que les jeunes femmes qui le présentaient.


En coulisses, l’agitation tranchait avec le calme apparent du podium. Héloïse et Coralie tentaient de canaliser la joyeuse pagaille qui régnait dans la salle d’habillage. Ludovic avait tenté de s’immiscer dans ce local, en vain. Il en fut fort dépité. Une maquilleuse faisait quelques retouches entre deux passages sur le podium. Le Dr Éther fit une visite pour motiver et rassurer toutes les mannequins amateurs.


Héloïse présentait le modèle-phare de chaque collection. Près du podium, Valentin, le cœur battant la chamade, vit défiler sa bien-aimée en « Sylphes Blanches »f’’’. De la voir passer ainsi, il réalisa combien elle comptait pour lui.



Dix policiers hommes patrouillaient dans la salle et à l’extérieur, repérant les comportements étranges.



La zone A étant l’entrée des fournisseurs, quatre gardes se dirigèrent vers cette entrée et tombèrent sur le poil de l’individu. Ce n’était qu’une fausse alerte, un fiancé en retard tentant de rejoindre sa bien-aimée.


Alors que le défilé terminait la présentation de Années Folles, un coup de feu retentit dans un des couloirs. Trois policiers, dont Ludovic, se précipitèrent vers l’origine du bruit.



Valentin était tendu et scrutait la salle. Un couloir reliait la salle d’habillement au podium, les policiers le laissèrent sans surveillance.



L’inquiétude de V-d-V monta d’un cran.


Héloïse partait présenter le dernier ensemble d’Années Folles quand elle fut agressée, quelqu’un la tira par les cheveux et la jeta dans un cagibi plein de cartons.


Valentin attendait l’arrivée de sa belle qui aurait déjà dû traverser le rideau d’azote depuis quelques secondes, il sut de suite que quelque chose d’inquiétant et d’anormal se passait. Le ballet était réglé comme une horloge, le moindre retard signifiait problème. Il bondit sur le podium, traversa le rideau de gaz et remonta le couloir en courant.


Héloïse se battait avec l’énergie du désespoir. Elle repoussait le poignard qui menaçait sa poitrine et son cœur, son agresseur la tenait par la gorge et tentait de l’étrangler, l’empêchant ainsi d’appeler à l’aide. Héloïse griffa une joue et planta son talon aiguille dans le mollet de son adversaire qui hurla de douleur.



Elle croyait sa dernière heure arrivée quand la porte explosa plus qu’elle ne s’ouvrit.




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Le policier remonta le couloir sans voir Héloïse quand il entendit un cri dans un réduit. Il défonça la porte d’un violent coup d’épaule et se retrouva en plein cauchemar.

Son Héloïse coincée contre le mur, la pointe d’un stylet sur sa peau.


L’agresseur se retourna et Valentin marqua un temps d’arrêt. Devant lui se tenait sa psychiatre, le Dr Adèle Éther, le visage convulsé de rage et de haine. Elle profita de la stupeur du flic pour lui porter un coup de poignard dans l’abdomen. Il s’écroula sur le sol, son sang giclant de la plaie.



Héloïse se jeta sur le dos de la folle et lui tira les cheveux en hurlant.



Dans une dernière tentative pour aider son amie, il sortit son arme et tira deux balles dans le couloir…

La dernière chose qu’il vit fut une troupe de policières en petites tenue – certaines même nues – arrivant au galop, emmenées par un lieutenant de police et une bergère allemande hurlants comme des damnés.




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Héloïse se démena pour accompagner Valentin dans l’ambulance, en vain. Il lui fut conseillé de terminer la présentation de ses modèles, le policier partait en salle d’opération, elle ne pouvait rien pour lui, il venait de risquer sa vie pour l’aider, elle devait le remercier en sortant son entreprise de la mouise.


Ludovic se chargea d’accompagner son chef et ami.

Après avoir passé les menottes au Dr Adèle Éther qui fut emmenée au siège de la Crim’, aux Batignolles, le Commandant Michelle Mabel resta auprès d’Héloïse, encourageant les autres policières.


Elles présentaient la collection « Coquine », toute en dentelles, transparences, porte-jarretelles et bas de soie. Les spectateurs applaudissaient à tout rompre, certains grimpaient sur les sièges, jetaient des fleurs et des peluches.


Héloïse affichait un sourire contraint, elle ne cessait de penser au sang coulant de la plaie du beau policier. Celui-ci, qui venait de prendre une place importante dans sa vie en si peu de temps, mourait peut-être en ce moment.


Juste avant son ultime passage, Coralie vint lui annoncer que Valentin sortait du bloc, tout allait bien, selon Ludovic.


La patronne de Dentelles et Troubadours salua une dernière fois son public, en larmes, mais souriante, puis se précipita vers la sortie. Il fallut l’intervention de toute la troupe et de Coralie pour l’empêcher de partir en « Coquine » et de provoquer une émeute dans la rue.




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Ludovic et Coralie arrivèrent ensemble à l’hôpital, ils venaient prendre des nouvelles de V-d-V et lui conter les suites de l’enquête.



Valentin quitta à regret les bras d’Héloïse qui fit la bise aux visiteurs.



Valentin réfléchissait, un truc clochait.



Ludovic attendit un instant.



Les deux amoureux échangèrent un sourire complice. Bien que blessé, V-d-V n’en avait pas perdu son œil de flic. Il vit la caresse furtive de Ludovic sur les fesses de Coralie et le regard langoureux de celle-ci.



Après quelques échanges sans importance, Ludovic et la blonde secrétaire quittèrent la chambre. Ils avaient, paraît-il, des choses urgentes à régler.


Ils recommencèrent à s’embrasser. Selon le chirurgien, il fallait éviter les gestes brusques, mais un baiser ne l’est jamais.



Un peu gênée, la jeune femme interrogea :



Ils s’embrassèrent longuement.



Après un énième baiser, Héloïse continua.




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*Souricière : Ludovic remercie l’auteur.


**Voisyeur : nouveau mot signifiant voisin voyeur, selon le secrétaire perpétuel de l’Académie française.


***Impala : du verbe Impaler, selon Ludovic.