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Temps de lecture estimé : 49 mn
06/03/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Jérome et Mai Lin sont de retour ! Un récit dégoulinant de bons sentiments et accessoirement de sexe !
Critères:  fh hplusag entreseins fellation cunnilingu anulingus 69 pénétratio fsodo
Auteur : Domi Dupon            Envoi mini-message
Un an de galère ("Trois mois de vacances", la suite)

Pour apprécier tout le sel de ce puissant récit dégoulinant, il faut mieux avoir lu « Trois mois de vacances » (N° 17697). Généralement, les récits de naufragés s’arrêtent à leur retour à la civilisation… Ben j’ai essayé d’imaginer les lendemains…




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11 juin 1997


Un an déjà ou plutôt un an seulement que nous avons retrouvé la civilisation. J’ai l’impression en ces 365 jours d’avoir vécu toute une vie. Enfin, je fais péter le bouchon. Les bulles débordent, le champagne m’éclabousse, dégouline le long du goulot. Je l’essuie avec ma serviette et je remplis les deux coupes. Nous allons trinquer à cet anniversaire. Enfin quand, elle sera arrivée. Si elle vient. Parfois le doute me saisit : viendra, viendra pas ?




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C’est pas le Pérou


Mais ça y ressemblait drôlement



Comme je l’avais pressenti, notre « belle histoire » s’est vite heurtée à la réalité. En un an, le mirage s’est dissipé, les différences que nos solitudes et notre combat commun gommaient ont logiquement réapparu.


Pourtant, le premier soir à la base aérienne, nous étions euphoriques. Il faut dire qu’ils avaient bien fait les choses. À peine atterri, on nous avait conduits dans une salle où deux lignes téléphoniques furent mises à notre disposition. Je passe sur les retrouvailles avec nos proches qui nous croyaient morts. Après ces effusions téléphoniques, une officier de liaison nous avait conduits à un petit studio réservé habituellement aux pilotes de passage. Surprise divine, sur le lit, des fringues propres. Un seul lit, nous n’avions pas caché à Ernesto que nous étions très intimes. Une salle de bain avec baignoire et bac à douche. Le grand luxe pour nous. Un bain fut rarement aussi apprécié. Bain qui se transforma vite en jeux d’eau. Nous nous permîmes quelques privautés qui le prolongèrent longuement. Nous retrouvâmes notre « sauveur » au mess. Il était accompagné du commandant de la base qui parlait un français honorable ce qui me permit de me mêler à la conversation.


Repas simple : du porc et des patates, mais nous retrouvions des saveurs, des épices, des fumets ! Un délice pour nos papilles. Le commandant avait fait servir un vin français en notre honneur, un petit bordeaux sans prétention, mais qui avait le goût du pays. De retour dans le studio, grisés autant par l’alcool que par la fréquentation des humains, nous ne résistâmes pas au plaisir de tester la douche. Trois mois à se laver avec un minimum d’eau, au mieux à peine tiède, rendait irrésistible l’attrait de cette pluie chaude. Nous gaspillâmes pas mal de gel douche à nous « frotter » mutuellement sur tout le corps.


Rapidement le frotti-frotta évolua vers des cibles bien précises. Les seins citron de Mai, sous la lumière artificielle, changeaient d’aspect, soulignant le trait, accentuant les volumes. Ses tétons que l’excitation durcissait se teintaient d’ocre. Je les caressai avec délicatesse comme des objets précieux, les roulai précautionneusement entre mes doigts. Mai, adossée à la cloison, les yeux clos, alanguie, l’eau ruisselant sur son corps, jouait nonchalamment avec mon vit dressé. Ce fut un instant magique. Un de plus. Un des derniers. Cette situation ne pouvait durer très longtemps.



Elle me tira par la queue, ouvrit ses jambes et plaça mon membre en position d’insertion. Je la pénétrai sans problème. Il était loin le temps où son étroitesse me ralentissait. Une pratique plurijournalière avait balisé le chemin. Retrouvant leurs automatismes, nos lèvres comme nos corps se soudèrent. Pubis joints, ventres collés, poitrines compressées, mains poussant nos fesses : cette position nous était habituelle, mais de préférence couchés. Ce soir, le plus nous était apporté par cette eau délicieusement chaude dégoulinant le long de notre colonne vertébrale, entre nos fesses. Je/tu baiser/communion. Je/tu à l’écoute de mon/ton corps. Cette onde qui naquit, une fois encore, au creux de mes/tes reins, peu à peu se diffusa dans tous mon/ton être. D’abord, les membres inférieurs, mes/tes pieds, mes/tes jambes, mes/tes cuisses fusionnèrent. Ma bite et ta vulve s’embrasèrent pour n’être qu’un. Un flux puissant, dévastateur fulgura le long de notre colonne vertébrale pour exploser, tel un feu d’artifice aux mille couleurs, dans notre tête. L’osmose.


Rarement notre ressenti avait été aussi fort. Lorsque nous retrouvâmes nos esprits, nous étions à demi allongés dans le bac à douche, ma bite raide dans son cocon douillet. Nous avions eu un orgasme fantastique sans que nous éjaculions. Rien qui ne sorte de notre ordinaire. Pourtant…


Quand nos yeux se croisèrent, je lus dans son regard un émerveillement mêlé de crainte semblable au mien. À regret, nous nous défichâmes. Je me relevai et tendis la main à Mai.



Elle me suivit sans un mot. Sans prendre la peine de nous essuyer, nous roulâmes sur les draps. Lorsque j’essayai de l’embrasser, elle me repoussa brutalement. Je la regardai, déconcerté. De grosses larmes roulaient sur ses joues. Je pris son visage entre mes mains, essuyant ses perles de tristesse avec mes pouces.



Les pleurs s’étaient calmés, remplacés par une colère froide.



Devant mon mutisme, elle poursuivit :



Elle me renversa et sans ménagement me chevaucha. Elle, la cavalière, moi, le cheval, souvenir d’un autre moment, dans un autre lieu. Loin de la douceur de Crazy Island, elle m’embrassa violemment. Choc d’incisives. Baiser aspirateur, ses dents s’arrêtèrent sur ma langue à la limite la morsure. Son bassin entama une danse d’automasturbation désespérée sur mon ventre. Je n’avais pas mon mot à dire. D’ailleurs, parler la bouche pleine ! Elle avait pris les choses en main. Plutôt mes seins dans lesquels elle avait planté ses ongles et qui lui servaient de poignées qu’elle utilisait pour coulisser sur mon abdomen.


À chacune de ses navettes, ses fesses repoussaient ma bite plus loin. À chaque passage, elle s’introduisait chaque fois un peu plus profondément dans sa raie jusqu’au moment où elle alla trop loin. Mon phallus turgescent se trouva pointé contre son anus. Sa poussée était tellement violente que, bien malgré moi, mon gland força sa voie étroite. La surprise l’immobilisa une seconde. Je crus qu’elle allait se déculer, car jamais, nous n’avions montré un goût quelconque pour la sodomie lors de nos ébats. Mais que nenni. L’étonnement initial passé, au contraire, elle poussa encore plus fort et c’est ma bite entière qui s’enfonça dans ses sphincters.


Je repoussai sa bouche. J’allais parler. Je rencontrai son regard. Ce que j’y lus, la colère, la désespérance m’incitèrent à me taire. Toujours cramponnée à ma poitrine, elle se redressa et s’embarqua dans une chevauchée douloureuse. Enculée à sec comme elle l’était, uniquement lubrifiée par mes prémices, chaque mouvement déclenchait une souffrance qui se révélait aux tressaillements de son visage. Je restai totalement immobile, ne voulant pas en remettre, mais elle continuait à me pistonner furieusement comme si sa vie en dépendait. Les larmes coulaient de nouveau sur ses joues.


Mon excitation amoureuse retombait même si mon dard irrité par les frottements de son canal anal demeurait apte au service. Je ne pouvais la laisser « s’enfoncer » comme ça. Lui parler n’aurait servi à rien. Je la repoussai encore. Même réaction. Je ne m’y arrêtai pas et, pour la première fois sans doute, j’utilisai ma supériorité physique de mâle. Elle résista. Je parvins, non sans mal, à me retirer de son cul. Elle me tordit les seins avec une telle rage que le sang coula. Le pugilat s’arrêta là. Quand elle se rendit compte de ce qu’elle avait fait subir à mes tétons, elle s’écroula lamentablement sur moi : une poupée de chiffon. Elle murmura :



Je la câlinai, câlinai. Je n’essayai pas de la raisonner. Nous partagions le même mal-être. Quelle crédibilité aurais-je eue ? J’avais vu ma gueule ! J’étais très fort pour la materner, elle se calma assez rapidement et me rendit mes caresses. Ses sanglots avaient annihilé son agressivité. La tendresse reprit la place qu’elle occupait habituellement dans nos joutes.



La position du missionnaire, un classique à l’efficacité certaine. Poils contre poils, ses lèvres collées à ma toison, ma bite touchait ses ovaires.



J’accédai à son désir. Immobile, je caressai doucement son visage, le couvrant de petits baisers. Ses doigts, flânant de mes omoplates aux creux de mes reins, se montraient légers, aériens. Après l’accès de violence que nous venions de subir, c’était bon de se retrouver. Emprisonnée dans cette gangue façonnée à sa taille, ma queue ressentait chaque pulsation cardiaque répercutée par les parois vaginales. Progressivement, celles-ci s’accélérèrent. Accélération liée à des contractions de plus en plus importantes, mon bassin se décolla légèrement pour retomber aussitôt. Le mouvement était enclenché. Notre extase commune vint de cette douceur, tendresse. À aucun moment, la brutalité ne réapparut. Nous jouîmes sereinement.


Ce qui avait failli déraper se termina par un moment de plénitude. Mai Line, retrouvant son sens de l’humour et de la poésie conclut la fin de cet instant de béatitude par une de ses formules à l’emporte-pièce.



J’allais répliquer que je n’y étais pas pour grand-chose, mais elle éclata de rire, mit un doigt sur mes lèvres et se lova contre moi. Ce fut sans doute, un des moments le plus heureux de ces huit derniers mois.




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Y’a pas que l’argent dans la vie


Y’a aussi le pognon



Mercredi 12 juin 1996


Dès le lendemain, les choses se dégradèrent. Cela commença avec l’arrivée de l’ambassadeur de France suivi d’une myriade de journalistes. Première prise de tête : il voulait évidemment poser avec nous devant la presse. Il reçut un refus cinglant. D’un commun accord, nous avions décidé d’éviter toute publicité inutile, aucune envie de se retrouver en première page des tabloïds. De plus, la France n’avait rien à voir avec notre récupération. Nous avions passé un deal avec le commandant : seule, l’aéronavale péruvienne pouvait nous photographier et utiliser ces images. Le diplomate était accompagné d’un représentant du BEA, un organisme chargé des enquêtes sur les accidents maritimes où des Français étaient impliqués.


Deuxième épisode : l’envoyé très spécial d’une célèbre compagnie d’assurance londonienne, avocat de profession, débarqua. Il voulait nous faire accepter une indemnité dérisoire en échange d’une promesse signée de ne pas engager de poursuite contre l’armateur. Ce fut la première friction avec Mai, l’apparition de la première fêlure (pas vraiment congénitale). Elle voulait signer tout de suite, être débarrassée de cela. L’ancien gauchiste que j’étais voulait conduire ses immondes rejetons du capitalisme devant les tribunaux et leur tirer un max de fric. La seconde nuit fut beaucoup moins aphrodisiaque. Pour la première fois depuis que nous faisions lit commun, nous dormîmes cul à cul. Au matin, devant un fabuleux petit-déj, nous trouvâmes un compromis : pas de procès, mais leur faire cracher le maximum. Et le soleil brilla de nouveau.


Quelques heures plus tard, nous nous envolâmes pour Paris à bord d’un avion affrété par la célèbre compagnie londonienne. Les tractations avec l’avocat aboutirent pendant le voyage. Notre décision prise, Mai mena les négociations avec une efficacité redoutable. À l’atterrissage, nous étions prêts à signer un arrangement qui nous laissait avec des indemnités plus que confortables.




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En passant par la Lorraine avec mes (gros) sabots


Mais putain, qu’est-ce que je fous là ?




14 juin et plus


En accord avec le représentant de l’État, nous avions obtenu, afin d’arriver dans la discrétion, d’atterrir à Villacoublay. L’avion s’y posa en début de matinée. Mai Line fut accueillie par ses parents et sa sœur aînée, Kim Anne. Quant à moi, seul mon fils avait pu se libérer. Mai Line était le portrait craché de sa mère avec quelques années de moins et quelques centimètres de plus. Chez sa grande sœur, l’ascendance méditerranéenne avait pris le dessus. Son visage avenant, aux joues pleines, aux magnifiques yeux noirs exprimant la joie et la bonne humeur faisaient oublier les quelques kilos superflus qui habillaient ses hanches.


Un transfert rapide nous amena à Orly où nous nous séparâmes : Mai s’envolant vers la Lorraine où vivait sa famille, moi, du côté de Lyon, plus précisément Villeurbanne, chez mon fils.


Christophe, mon fils, avait laissé sa voiture à Satolas. Il prit la direction de Bourg (en Bresse pour les nuls en géo).



Ma fille avec son mec et la femme de Christophe nous attendaient chez moi, à Viriat (01). Ils avaient « préparé » la maison et mitonné une petite fiesta d’accueil. Je m’efforçais de me montrer gai et enjoué, ne voulant pas les décevoir, mais souvent je m’enfuyais dans mes pensées… moroses. Ennuyé aussi, car j’avais demandé à Christophe de donner son numéro à Mai. Elle ne pourrait pas m’appeler et ma ligne perso ne serait rétablie que le lendemain. Seule, Bérénice, ma fille, toujours attentive aux ondes que dégagent les gens, s’aperçut de quelque chose. Elle me coinça dans ma cuisine et j’eus droit à un interrogatoire en règle. Si ma fille brille par son pouvoir de lire les pensées, elle ne brille pas par son sens de la diplomatie. Pour résumer son propos : « Papa, ne te fais aucune illusion ! Elle est plus jeune que moi. À un moment ou à un autre, elle va te faire souffrir. Alors, un conseil, oublie-la». C’est pas vraiment ce que j’avais envie d’entendre, mais ça recoupait mes conclusions.


Quand, le dimanche, je pus enfin parler à Mai, ce fut très frustrant. Elle appelait de chez ses parents et ne pouvait s’exprimer librement. La semaine passa balbutiante avec ses épisodes téléphoniques tronqués. Je me noyais dans la paperasse, mais son absence se faisait terriblement sentir. Nous décidâmes que je monterai en Lorraine pour le week-end et resterai une dizaine de jours. Ses parents habitaient la banlieue de Thionville. Lorsque je m’arrêtai devant chez eux, le temps de sortir de ma voiture, Mai Line se tenait devant moi. Connement, je pensai : « Tu lui as manqué, elle va se précipiter dans tes bras ! » Bonjour ma naïveté. Lorsque je voulus l’enlacer, elle me repoussa fermement et posa chastement deux baisers sur mes joues en me soufflant :



Seconde fêlure : je n’étais pas présentable. Bien sûr, j’étais plus vieux que sa mère ! Mais merde à l’aube du XXIe siècle. À cette seconde, j’ai failli remonter dans ma vieille 405 pourrie. Mais déjà, elle m’entraînait à l’intérieur. Je fus très bien accueilli, mais manifestement pas en petit ami potentiel. Le plaisir de me retrouver avec Mai chassa toutes mes pensées funestes.


La troisième fêlure n’allait pas tarder : Mai m’annonça qu’elle m’avait réservé une chambre à l’hôtel. Elle vint m’y retrouver le lendemain. Nous fîmes l’amour sauvagement. Mai tenant à nouveau à se faire enculer. Je ne sais quel symbolique, elle y voyait. Elle me demanda d’être patient, de lui laisser le temps. Le temps ! Ses parents étaient tout sauf stupides, ils se rendirent rapidement compte qu’entre Mai et moi, il y avait un peu plus que de l’amitié. La chaleur des premiers jours fut vite remplacée par la soupe à la grimace. On me tolérait. Seule Kim Anne me montrait de la sympathie.


Au bout du séjour, je rentrai en Bresse complètement désabusé, prêt à renoncer. Nous eûmes de longues conversations téléphoniques. Pour pouvoir parler plus librement, Mai appelait d’une cabine publique. Elle avait trouvé un boulot chez un jeune viticulteur dans un bled entre Nancy et Metz. Jeune vigneron qui voulait relancer les vins de Moselle et qui avait besoin d’un œnologue. Elle avait loué une petite maison dans la cambrousse à quelques bornes de l’exploitation. Tout cela me convainquit. Je la rejoignis et je l’aidai à s’installer. Dans un premier temps, notre relation sembla renaître même si jamais quand nous faisions l’amour nous n’avions retrouvé la béatitude/magie de nos étreintes sur l’île.


Cela ne dura pas : les week-ends chez ses parents dont j’étais exclu, les bouffes, sorties avec ses collègues de l’exploitation et du voisinage, moyenne d’âge trente ans. À chaque fois, j’étais la pièce rapportée, l’intrus, le vieux. Je ne comprenais rien à leur conciliabule sur la vigne, leur private joke. Mai avait beau tenter de m’associer, ça ne le faisait pas. Les seuls moments acceptables que je passais étaient ceux où Kim Anne participait aux agapes. Médecin urgentiste, elle était aussi hermétique que moi aux problèmes viticoles, la sympathie que nous avions éprouvée dès le départ s’affina en amitié complice. Insidieusement ne parvenant plus à communiquer avec Mai – son introversion naturelle avait repris le dessus –, je me confiai à Kim bien plus « ouverte », expansive.


La dernière fêlure – mais à ce moment pouvait-on encore parler de fêlure – advint après la mise en bouteille de la récolte début décembre. Mai m’annonça qu’elle avait été contactée par un consortium chinois qui, sur les résultats qu’elle avait obtenus en Nouvelle-Zélande, lui proposait une mission d’un mois pour une expertise sur une implantation de vignoble. Elle avait accepté. Départ le 16 décembre, retour le 18 janvier. Sa motivation n’était pas financière : l’assurance nous avait versé nos indemnisations et nous étions, l’un comme l’autre, assis sur un coussin d’euros confortable. J’étais à la fois heureux que sa compétence professionnelle soit reconnue et catastrophé, car ça ressemblait trop à une fuite. À aucun moment, elle n’avait émis le désir que je l’accompagne.




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Si ce n’est toi, c’est donc ta sœur


Avec Mai fais ce Kim plaît



16 décembre


Nous la conduisîmes à Francfort d’où, en début de soirée, elle prenait un vol pour Shanghai. Les adieux furent empruntés, contradictoires. Les quinze derniers jours avaient été malaisés à vivre. Heureusement, Kim par sa bonne humeur (feinte ?) détendit l’atmosphère. Les « au revoir » furent embarrassés, mais heureusement rapides. Au retour, Kim prit le volant, car je ne m’en sentais pas capable. Nous regagnâmes la maison dans un silence pesant. Je devais récupérer mes affaires avant de rentrer en Bresse. Kim me proposa de « s’en jeter un » et de « casser une graine ». Je souscrivis. Nous bûmes une bouteille de vin de Moselle en bouffant une pizza. Je n’avais pas vraiment faim, mais avec les encouragements de Kim et après deux verres, je mangeai ma part. Après cet intermède du genre silencieux, la situation faillit déraper.


Comme toujours avec Kim, le silence ne s’éternisait pas. Nous buvions, moi un café, elle une infusion quelconque, assis par terre adossés au canapé. Une habitude qui faisait rire Mai. Pendant qu’elle se vautrait sur le divan, sa sœur et instinctivement, nous nous étions installés épaule contre épaule. À trente-cinq ans, elle n’avait toujours pas trouvé (ou voulu trouver) chaussure à son pied. Pourtant sa spontanéité, sa faconde, la chaleur de son regard lui donnait un charme fou. Dans le léger d’état d’ébriété et la désespérance où j’étais, le contact de ce jeune corps ne me laissait pas indifférent.


Kim, avec sa gentillesse habituelle, tentait de me remonter le moral. Par le fait, elle se montrait câline. Elle accompagnait ses mots réconfortants de gestes tendres. Elle effleurait mon bras, posait sa main sur mon genou, sur ma main, sur mon bras, sur ma cuisse, sur mon bras. Sans en prendre réellement conscience, je l’imitai. Ce manège ambigu dura un certain temps jusqu’à l’instant où à la suite d’une parole particulièrement émouvante, tout bascula. Je lui déclarai, en caressant son visage :



Sa main se posa, alors, sur la mienne et l’étreignit. Son visage s’approcha. Nos lèvres se joignirent. Baiser étrange où se mêlaient le désir, la culpabilité, l’étonnement, l’incompréhension. Baiser qui s’interrompit après quelques secondes et qui, après un échange de regards brûlants, reprit. La poitrine voluptueuse de Kim m’écrasait contre le canapé. Sa langue hardie fouillait ma bouche, sa main appuyait déjà contre ma virilité à l’étroit dans mon jean. Eh oui, je bandais ! Je découvrais avec effarement que cette étreinte affolait mes sens, qu’il était trop facile de mettre cette érection sur le compte de l’alcool et du départ de Mai. Ce désir préexistait. Il avait pris place lors de nos apartés d’exclus durant nos sorties.


Ma main avait rapidement quitté sa joue pour son cou. Son cou pour son dos, pour son bas du dos. Du bas du dos, elle s’insinua dans son jean jusqu’à la naissance de sa raie culière. Le contact de sa chair moelleuse m’électrisa, l’électrisa. Ses doigts se refermèrent sur ma bite, à travers l’étoffe du Levis, et la comprimèrent. Elle la lâcha pour dégrafer son fut’. Ce qui permit à ma main d’atteindre le haut de sa fente. Comme sa sœur, elle ne s’épilait pas. Elle revint à ma bite, fit sauter les boutons de ma braguette et éjecta Popaul de sa prison. Elle l’empoigna.


Soudain le temps s’arrêta. Fin du baiser. Elle retira sa main et moi, la mienne. Nous nous regardâmes.



Je me rendis compte de la signification de mes paroles au moment où je le prononçais. Kim n’avait rien d’une Marie-couche-toi-là. Nous n’avions pas bu suffisamment pour qu’elle fasse n’importe quoi. La conclusion logique était qu’elle avait un faible pour moi. Je rembrayai :



Elle avait cette faculté de rebondir immédiatement que j’appréciai tant chez sa sœur. Le silence s’installa. Je tenais toujours sa main, elle ne l’avait pas retirée. Nous nous jetions des regards interrogateurs. Kim rompit le silence :



J’allais pas repartir dans un dialogue amoureux dégoulinant dont j’ai horreur. J’avais donné avec sa petite sœur. Je conclus :



Elle ne pouvait me laisser le dernier mot et avec un romantisme digne de celui de sa sœur, elle me renvoya dans mes 22 :



Elle lâcha ma main, me roula une pelle rapide et se leva.




Ce que je fis.




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Quand vous sonnez à la porte du passé


Bon d’accord, au téléphone



17 décembre.


Après un dernier baiser pas chaste du tout, une dernière étreinte tout en tendresse, je quittai Kim. Je roulai une bonne partie de la nuit. Quand j’arrivai à Viriat, la maison, malgré le chauffage, me fit l’impression d’un frigo. J’avais trop de trucs qui trottaient dans ma tête pour pouvoir dormir. J’ai brassé, brassé, je me suis pris la tête un max. Noël arrivait à grands pas. Aucune envie de le passer en famille. Rester dans ma baraque, j’allais devenir dingue. Retourner à Nancy, me jeter dans les bras de Kim, hors de question ! J’avais besoin d’y voir clair. Les visages de Mai et de Kim me hantaient, se superposaient, se confondaient. À un moment, j’éclatai de rire : j’imaginais la gueule de leurs parents me voyant passer de Mai à Kim. Je devais faire quelque chose avant de péter un câble.


Je me levai, déjeunai sur le pouce. Partir, me casser, changer d’air, la voilà la solution ! En farfouillant dans des revues, je tombai sur une pub pour des gîtes. Bonne idée ça, un gîte. Mais en dénicher, excepté peut-être en Bretagne, en cette période relèverait du miracle. J’allais poser à autre chose quand un nom résonna en écho : Gisèle Lacourt. Elle tenait un gîte en Maurienne.


Ce nom me ramenait près de quarante ans en arrière. À l’époque, je travaillais en tant qu’éducateur, Gisèle était à la fois une collègue et une amie. En couple tous les deux, enfin surtout moi, nous avions allègrement flirté, mais sans jamais franchir le pas malgré nos envies. Puis elle s’était envolée sous d’autres cieux et nous nous étions perdus de vue, ainsi va la vie. Lire son nom m’apparut comme un signe du destin, j’allais téléphoner. Le numéro datait seulement de deux ans, peut-être était-il encore valable. Peu de chance, que ce fut elle, m’enfin qui ne tente rien…


Malgré l’heure matinale, pris d’une frénésie soudaine, je ne pus attendre. Je décrochai mon téléphone. Mon interlocutrice répondit dès la seconde sonnerie.



Bingo ! Je me lançai.



Éclat de rire à l’autre bout de la ligne.



En trois répliques nous avions retrouvé le ton pseudo cynique qui était le nôtre. Un sourire naquit sur mes lèvres. J’avais l’impression que ça faisait une éternité que je n’avais pas ri, pardon souri sans contrainte.



Je lui expliquai sommairement comment je l’avais trouvée et ce que je voulais.



Un ange passa à cheval sur sa stratocaster. Quelques secondes de silence.



Elle continua sans attendre ma réponse.



Elle m’expliqua que son fils qui devait passer Noël avec elle avait préféré le passer à la Réunion avec sa copine du moment. Donc Noël et Saint Sylvestre en solitaire. D’où sa proposition. J’acceptai avec joie : elle m’apporterait une chaleur humaine pas dédaignable.



Nous délirâmes encore quelques minutes. Je lui demandai :



Il ne me fallut guère de temps pour rassembler quelques affaires. Il m’en fallut plus pour trouver un itinéraire sur mes cartes routières. M’enfin, n’étant pas plus débile qu’un autre, à 15 heures, je passai le péage d’Épierre. Je m’étais arrêté à Chambé pour casser la croûte au centre commercial « Carrouf ». J’en avais profité pour faire quelques achats. Ma logeuse avait parlé de « pochtronner » et autant que je m’en souvienne, elle affectionnait particulièrement certains alcools forts et le chocolat. J’en fis provision. Ma galanterie naturelle m’obligea aussi à lui acheter quelques fleurs.


C’était pas vraiment une belle journée d’hiver et quand j’arrivais dans le bled, pas un chat dans les rues. Après quelques péripéties, et l’aide d’un aimable buraliste, je stoppai ma 405 poussive sur le terre-plein central qui devait manifestement servir de parking. À l’aplomb de celui-ci s’élevait une maison de maître au toit à quatre pans caractéristique de la région. Maison entourée de bâtiments de ferme réhabilités et réaménagés. J’entrai dans le royaume de Gisèle.


Le temps de descendre de ma caisse, déjà une femme les cheveux en bataille sortait de la maison et se dirigeait vers moi.



J’avais bien fait de venir. Une bouffée de fraîcheur, un condensé de bonne humeur. Ça ne pouvait me faire de mal. En ce qui concerne le poids, elle n’avait pas tort. Je l’avais connue grande perche maigrelette. Elle s’était nettement « étoffée ». Y’avait du monde au balcon, son jean était tendu à craquer et, comme elle n’avait pas pris la peine de s’habiller pour sortir, son t-shirt laissait deviner un ventre bien rond. Je la détaillai de haut en bas, en m’attardant sur ses rotondités. Ça lui allait plutôt bien. À l’époque de notre glorieuse jeunesse, elle était complexée par la disproportion entre sa silhouette filiforme, limite androgyne et sa poitrine trop lourde. Finalement les formes qu’elle avait prises l’habillaient en quelque sorte.



Elle éclata de rire.



Je m’approchai. Et je la pris dans mes bras. Longue étreinte amicale, fraternelle.



Et c’était vrai : depuis que j’étais dans cette cour, je n’avais pensé aux frangines maudites. Mais cette simple pensée les fit revenir au galop.



Nous déchargeâmes la voiture de mes maigres bagages et de mes achats chambériens. Je faillis oublier le bouquet.



Malgré sa remarque cynique et ma maladresse pour les lui offrir, je vis que ça lui avait fait plaisir. Je rentrai ma 405 dans son garage perso.


Elle me montra ma chambre et me fit faire le tour du propriétaire. Au gré de cette visite, j’appris qu’elle ne s’était jamais mariée avait eu un fils avec le mec qui, avant de filer avec une jeunette, avait été son grand amour. Révélation qui me mit mal à l’aise. Qu’était Mai ? Depuis, elle vivait seule, aux sous-entendus qui suivirent, je compris que cet abandon ne l’avait pas poussée à l’abstinence.




**********




Attention, mesdames et messieurs, dans un instant on va commencer


Préambule



24 décembre



J’avais pas vu le temps passer, j’avais pu décompresser et mon baromètre interne était sorti de la zone de turbulence. Le jour de mon arrivée après que je me sois installé, nous nous étions attablés devant un café. Je lui avais conté mes mésaventures. Quand je mis le mot fin (ou à suivre) sur mon histoire, l’heure d’aller au dodo était passée depuis longtemps. Du café, nous étions passés au whisky, du whisky à la soupe, de la soupe au café et pour parachever quelques petits marcs de Savoie. Gise avait exigé la totale me poussant même à aborder quelques détails grivois.


J’avais hypocritement, vainement tenté de minimiser ma passion pour Mai Line. J’avais surtout négligé de parler de l’épisode Kim. Bêtement, j’ai parlé de la sympathie et des liens qui s’étaient tissés entre elle et moi, les deux exclus. C’est à ce moment que je pris conscience de l’importance réelle de ces liens, de leur profondeur. Ma vieille copine l’avait compris avant moi. Ses regards entendus et quelques allusions vaseuses me montrèrent qu’elle n’était pas dupe.


Les deux jours suivants furent consacrés à la mise en ordre des gîtes. Le samedi, je le passais à Chambé, m’étant plus ou moins fait virer : elle ne me voulait pas dans les pattes pour recevoir ses hôtes. Comme nous faisions salle-de-bain commune, je m’étais aperçu qu’elle n’avait pas renoncé au Chanel 5. Je pus ainsi lui acheter un coffret de parfum : cadeau de Noël acceptable. Les trois jours suivants, elle me creva dans des randos aux dénivelés impossibles. À chaque gémissement, elle me répliquait par :



Elle n’avait pas vraiment tort, car, en ce jour de réveillon, mes chinoiseries me fichaient globalement la paix.


Depuis le matin, nous n’avions guère chômé. De la plomberie impromptue dans un des gîtes à la corvée des courses à Saint-Jean-de-Maurienne, un 24 décembre, l’après-midi. Cela resterait un souvenir impérissable : magasins bondés, queues interminables, adultes énervés, agressifs, enfants surexcités. La nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous revînmes au gîte.


Nous nous mîmes immédiatement à la préparation des agapes. Pour nous encourager, Gise avait débouché une bouteille de Chignin-Bergeron (grand cru, tant qu’à faire).


Lorsque tout fut enfin prêt, ma belle amie m’annonça que nous n’allions pas réveillonner en bleu de chauffe et puant de transpiration. Direction la douche. Pour d’évidentes solutions d’efficacité, je passai le premier. Quelque dix minutes plus tard, je cédai ma place. Encore dix minutes et j’avais enfilé un jean (de marque, quand même) et un t-shirt. Pour la cravate, Gise devrait repasser.


Ensuite, j’attendis en compagnie de la bouteille de blanc. Elle prit son temps, mais cela le valait bien. À son apparition, mon verre stoppa sa trajectoire à mi-chemin entre la table et ma bouche. J’étais soufflé. Depuis mon arrivée, elle n’avait guère fait d’effort d’élégance. Jean, t-shirt et pull informe semblaient être son uniforme au quotidien. Sa peau burinée par le soleil et la vie au grand air ne demandait aucun maquillage.


Or ce soir, une autre personne entra dans la pièce. Savamment maquillée, mais sans outrance : les paupières légèrement ombrées, un rouge à lèvres d’un ocre pulpeux. Les ongles du même ocre lui donnaient un air « femme fatale ». Fait exceptionnel, elle s’était coiffée. Oublié les futiaux disgracieux, elle avait passé – quand je dis passé, elle s’était plutôt glissée à l’intérieur – une robe fourreau qui l’habillait (ou la déshabillait) comme une seconde peau. Pas de soutif, c’était une certitude : l’étoffe soyeuse de sa robe avait du mal à contenir/retenir ses seins imposants. Quant à la culotte, un mini string à l’extrême rigueur. La bougresse avait gardé toute sa féminité.



L’allusion à Mai rompit le charme. Je piquai un fard. Que faisait Kim… Pas Kim, Mai… Revenons à nos moutons.





**********




Pour un slow avec toi, je ferais n’importe quoi


Premier round



La soirée avait été bien entamée sous les auspices de Chignin – Savoie (d’accord cela ne vaut peut-être pas ceux de Beaune-Côte-d’Or). Il nous avait (r)échauffé le cœur. Nous avions ensuite réglé son compte à une bouteille de vendanges tardives. Arrivés au gratin des chartreux, nous n’avions plus réellement faim, ni soif. Gisèle proposa de passer directement au « premier » (sic) dessert. Tout au long de la soirée – soirée nostalgie consacrée à radoter, le vin aidant, sur notre merveilleuse jeunesse – la tension n’avait cessé de croître. Tension sexuelle évidemment. Aucune allusion grivoise, pourtant usuelle entre nous depuis le début de mon séjour, aucun mot déplacé n’avaient été prononcés. Tout passait par les regards, le langage corporel. Et il s’en passait des choses.


Gise avait insisté pour faire le service. Chaque fois qu’elle se déplaçait pour aller chercher un plat, le même calvaire se répétait. Sa robe, moulant son cul de manière suggestive, donnait l’illusion qu’elle avait les fesses nues. Avec l’âge, l’androgyne avait pris des hanches. Cette croupe de jument qui ondulait devant mes yeux concupiscents suscitait des idées de… La situation empirait au retour. Impossible de détacher mon regard de son triangle des Bermudes. Son mont de Vénus proéminent distendait le tissu dessinant les contours de sa chatte. Elle ne portait pas de culotte et je pouvais quasiment affirmer que sa toison était foisonnante.


Une fois assise, le supplice continuait. Ses nénés avaient besoin de respirer et il tentait tour à tour de s’échapper de leur gangue. À chaque fois, miraculeusement, les bretelles jouaient leur rôle. À chaque fois, Gise me gratifiait d’un regard que je qualifierai pudiquement de salace. Lorsqu’elle se penchait vers moi, le summum était atteint : la ligne ouverte entre ces mamelons m’assurait une vue plongeante sur son nombril. N’eut-ce été son joli ventre rond qui faisait barrage, j’aurais pu admirer sa toison. Je ne pensais plus à mes amours asiatiques et improbables. Pour la première fois depuis mon départ de Moselle, je bandais sans état d’âme.


Nous dévorâmes notre part de bûche sans la savourer. La dernière bouchée à peine avalée, Gise se leva pour faire le café. Au retour, elle s’arrêta devant sa chaîne HI-FI et lança un CD. Aux premières notes, je reconnus le morceau et à quoi il s’associait : une putain de soirée où nous aurions probablement couché ensemble si ma femme n’avait pas été présente. « Only you », un sacré slow, où son ventre avait fait subir à ma bite un massage « pousse-au-crime ». Massage tellement efficace que j’avais dû abandonner ma cavalière avant la fin de la danse pour éviter un déversement inopportun et humiliant. Manifestement, le souvenir, pour elle aussi, restait vivace.



Quarante ans après, je me retrouvais dans la même situation : nos corps collés, sa lourde poitrine pressée contre la mienne, sa chatte ondulant contre ma queue durcie par le désir, nous tanguions plus que nous ne dansions au milieu de son salon. Cette fois, il n’y avait personne pour empêcher l’inévitable.



Mai et Kim se pointèrent au galop. Gisèle, sentant ma réticence, rajouta :



Et elle m’embrassa à pleine bouche. Avant de céder à son baiser, j’eus une dernière pensée : mes Chinoises ! Pas le moment de cogiter ! D’ailleurs comment voulez-vous cogiter alors qu’une langue perforante/performante explore fougueusement votre bouche, que des mains impérieuses ont déjà éjecté votre t-shirt de votre fut’. Totalement irréaliste. Le supplice de ce mont qui me branlait. Il fallait que ça cesse, sinon on allait jouer brève rencontre. Je plaquai mes mains sur ses fesses charnues et bloquai son bassin contre le mien, empêchant tout mouvement supplémentaire.


Elle comprit le message. Je libérai sa croupe et laissai mes doigts courir dans son dos. Les bretelles atteintes, je les fis glisser le long de ses bras. La robe trop ajustée stoppa leur progression. Alors que j’insistai, en vain, pour tenter de libérer ses deux pigeons, elle interrompit brièvement sa pénétration linguale.



Fallait tout me dire ! Je trouvai la fermeture savamment dissimulée par l’étoffe. Je la zippai. Une petite pression sur les bretelles. La robe libérée glissa le long de son buste. Les deux pigeons libérés s’envolèrent ou plutôt jaillirent de leur nid douillet. Presque aussitôt, Gise se libéra (elle aussi) de mon étreinte. Ses hanches larges avaient arrêté la robe et cela ne lui convenait pas. D’un geste preste, elle s’en débarrassa. Elle se recula me permettant d’admirer son corps voluptueux. Des seins encore fermes, mais que le poids entraînait vers le bas, de tous petits tétons roses égarés sur ses lourdes mamelles, un ventre qui, à défaut d’être plat, présentait une soyeuse rotondité, un bassin bien dessiné surmontant de longues jambes qui auraient été parfaites si ce n’était quelques traces de cellulites et un minou entretenu, mais broussailleux à souhait.



Une certaine inquiétude perçait dans sa voix. Pas facile pour une femme de soixante balais de se mettre à nu.



À mon tour, je me dépoilai. Je ressentais la même inquiétude. Elle avait connu mon exemplaire des années 60, le modèle 1996 avait pas mal de kilomètres. Comme moi, elle prit son temps, me détailla de la tête aux pieds, accompagnant son inspection de mimiques mystérieuses.



Elle me repoussa.



Et de retourner vers sa platine. Only you, le retour.



Son corps lové contre le mien, nous reprîmes notre slow et notre baiser. Ma queue n’était plus prisonnière de mon jean, mais chaque balancement engendrait mille chatouillis au contact des poils frisottants de Gise. J’avais beau la cramponner par les fesses, cela n’en stoppait pas pour autant ces micro-attaques. Délicieuses ô combien, mais intenables. J’allais quand même pas éjaculer sur son ventre avant la fin d’Only you. Réflexion intense ! Enfin autant qu’on puisse réfléchir dans ces moments-là. Elle avait de longues jambes, mon gland était à la hauteur de sa toison donc… idée tentante, la pénétrer. Sa grotte d’amour serait sans doute moins rêche, moins irritante que sa toison. Acte !


Avec ma vieille copine, nous étions sur la même longueur d’onde. Le temps de saisir ma « bistouquette », elle avait déjà saisi. Elle ouvrit son triangle pour faciliter mon introduction.



Si effectivement, elle était lubrifiée au minimum, son pouvoir d’accueil n’avait rien à voir avec l’étroit conduit de Mai. Je m’enfonçai, somme toute, assez aisément, jusqu’à la garde dans son connet ouaté. La dernière minute d’Only you fut un délice. Installée confortablement dans la chatte, ma bite frétillait d’aise. Le baiser s’était fait langoureux alors que nos mains, en symétrie, s’attardaient, l’une sur le bas du dos l’autre naviguant de la nuque aux omoplates.


Les meilleures choses ont une fin. Trop préoccupé à mater ma cavalière pendant qu’elle se désapait, je n’y avais pas prêté attention, mais la chanson qui suivait notre slow, Jailhouse Rock d’Elvis, incitait plus à un pistonnage très rock’n’roll plutôt qu’à de lascives oscillations. Je repoussai Gise, me dévaginai et éclatai de rire.



Elle éteignit la platine.



J’empoignai ses fesses à pleines mains et m’avançai, langue la première, vers son buisson ardent. Son envie m’arrangeait : elle allait me permettre de faire chuter un peu la pression. Hasard, j’entrai directement en contact avec son clito, bel engin d’ailleurs, qui émergeait entre ses lèvres. Elle eut un sursaut comme si une mouche l’avait piquée.



Inspiré par sa réaction première, je m’amusai, du bout de ma langue, au petit jeu de je-te-touche-je-te-touche-plus. À chaque contact, le même sursaut ! Un tremblement de plus en plus puissant agitait ses fesses. Elle tentait d’ouvrir ses cuisses pour me permettre d’atteindre le cœur de sa féminité. Finalement, elle desserra suffisamment les jambes pour que, au prix d’une gymnastique improbable, je parvinsse à atteindre sa vulve. Conséquence, mon nez écrasa son imposant clitounet. Après quelques allers-retours périlleux entre ses lèvres, sa respiration s’accéléra, son équilibre devint instable et soudain, elle s’affaissa. Je dus la retenir.



En marchant en canard, elle recula ma bouche collée à sa chatte. Pour un observateur éventuel, le spectacle devait être savoureux : Gise reculant, tandis qu’à genoux, j’essayais de la suivre.



Son postérieur posé de guingois sur la chaise, elle écarta franchement ses cuisses. Sa chatte s’ouvrit, telle la corolle d’une fleur au lever du soleil, m’offrant une vision aphrodisiaque de cette vulve rosâtre nimbée de ses sécrétions. Électrisé, laissant mes mains sur ses hanches, je me remis immédiatement à l’ouvrage. Je collai mes lèvres aux siennes et je léchai ses parois pour déguster sa mouille. Je m’enfonçai aussi loin que pouvais tout en continuant de luis titiller son gros bouton avec mon nez. Ça lui plaisait, ça l’enchantait même, si j’en jugeais par les encouragements qu’elle me prodiguait et sa manière de pousser son bassin vers moi pour me forcer à aller plus profond.



  • — Je te salue, Ô merveillette fente,

Qui vivement entre ces flancs reluis…


Putain, c’est quoi l’histoire ? De saisissement, j’abandonnai sa chatte et me retrouvai le cul sur mes pieds. Je lui jetai un regard d’incompréhension. Je découvris un visage extatique.



Joignant le geste à la parole, elle avait attrapé ma tête et la conduisait vers son minou. Je me remis à l’ouvrage. Elle ne devait pas avoir perdu beaucoup d’altitude, car au bout de quelques coups de langue, elle réitéra :



  • — Je te salue, Ô merveillette fente,

Qui vivement entre ces flancs reluit…


Pour la saluer, je la saluai, ladite fente. Je m’y décrochai la langue à force de la vénérer.



  • — Je te salue, Ô bienheureux pertuis,

Qui rend ma vie heureusement contente


Ce maudit poète n’aurait pas pu dire trou du cul comme tout le monde. Manifestement, Gise voulait que je m’occupe du sien. Elle avait poussé son bassin vers l’avant et seul, le haut de sa croupe reposait encore sur la chaise.



  • — C’est toi qui fais que plus ne me tourmente

L’archer volant qui causait mes ennuis ;


Oup’s … Un mec avec son arc… bandé, je suppose



  • — T’ayant tenu seulement quatre nuits

Je sens sa force en moi déjà plus lente.


J’avais pourtant pas l’impression qu’elle voulait me voir ralentir. Remontant ses cuisses contre sa poitrine, elle m’ouvrait grand la porte conduisant à sa rosette. La position était acrobatique, mais elle poursuivait sans faiblir.



Le petit trou velu, mes pouces s’y appuyaient maintenant provoquant des spasmes inquiétants pour l’équilibre de ma cavalière.



  • — D’un poil folet mollement crespelu,

Qui à ton gré dompte les plus rebelles :


Je ne risquai plus d’éjaculation « mal t’à propos ». Mon excitation avait chuté de quelques degrés. Je pouvais ainsi me consacrer totalement à Gisèle et sa quête de plaisir.


Je délaissai sa vulve, embouchai son bouton que je tétai tel un nourrisson affamé le sein de sa mère. Gardant un pouce pressé sur son mignon troufignon, j’envoyai l’autre combler le vide laissé par ma langue.


Progressivement sa voix s’altéra, sa diction dérailla, se morcela



À beauxbobobo genoux teveniradorer, ouuuuuuuuuuuuuui

Tenaaaaaaaaaaaaaant au… si si si … pppppoing leurs flamb…


Les derniers mots se perdirent dans un galimatias d’onomatopées pour finir en une longue plainte avant un complet relâchement de tout son corps.



Je m’assis, légèrement inquiet. Avec K…, Mai, j’avais retrouvé l’habitude de longues fellations et acquis une nouvelle endurance. Mais c’était avec Mai …

Craintes injustifiées. Gisèle se révéla très douce. Elle dégusta mon phallus comme un ice-cream. Du périnée au méat, sa langue n’épargna aucun centimètre carré. Avec la seule aide de ses lèvres, elle le décapuchonna. Lorsqu’elle l’absorba, je n’avais plus aucune inquiétude. Malgré la grosseur de mon gland, sa langue tournicotait autour quand ses lèvres ne coulissaient pas sur cette hampe fièrement dressée (je sais : cliché). Mes petits spermatos avaient-ils l’intention de faire un tour dehors, qu’elle stoppait momentanément son activité tout en me comprimant les couilles. Après quelques minutes, elle rendit sa liberté à une queue à limite d’explosion.





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La poésie mène à tout


Intermède




Elle me jeta un bref regard ébahi avant de réaliser à quoi je faisais allusion.



À mon tour de la regarder avec des yeux de merlans frits.





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Sodomie quand tu nous tiens


Deuxième round



Un long baiser plein de papouilles débuta ce second round. Ma queue qui s’était un peu ramollie (et reposée) retrouva de la vigueur sous les agissements pernicieux de ma belle amante. Gisèle avait l’amour bavard.



Tout en pétrissant ces lourds seins moelleux, je lui répondis qu’elle me l’avait déjà dit.



J’étais enfin parvenu à aspirer un tétin alors je ne posais pas la question qui me brûlait les lèvres : deux seulement ?



Je n’avais pu résister à lancer cette réplique, mais j’ai dû laisser échapper le téton si difficilement conquis. Je me réattelai à la tâche.



J’abandonnai ses loloches. En petits baisers successifs, j’atteignis son clito. Gisèle, alanguie sur sa couche, la tête bien calée sur son oreiller, triangle ouvert se laissait mignarder sa petite mangue. Lorsque j’atteignis son clicli, elle m’attira à elle, sur elle. Ma tête, tout naturellement, termina à l’aplomb de son sexe, tandis que sa bouche goûtait au bout de mon bout qu’elle emboucha progressivement. Ma langue titillant son bouton, mes doigts, s’imprégnant au passage de ses sécrétions, allèrent à la rencontre de son œillet. Bonne fille, elle glissa prestement le second oreiller sous ses reins. Le pouce fiché dans son vagin, je massai de l’index et du majeur joints sa rosette, accentuant la pression à chaque passage. Peu à peu, elle s’assouplit et sans forcer outre mesure, les deux lascars s’introduisirent dans l’étroit conduit. J’entamai la longue préparation destinée à satisfaire son fantasme anal. J’enfonçais profondément mes doigts, les faisaient pivoter de droite à gauche et lycée de Versailles, puis les retirais lentement en les écartant. Lorsque je les distendais pour sortir, son anus se crispait spasmodiquement. À en juger par ses soupirs, elle semblait apprécier.


Elle pouvait ainsi soupirer, car elle avait expédié entre ses mamelles. Les tenant à deux mains, elle massait mon vit qui se gonflait d’aise. Concentré sur son cul, je ne m’étais pas rendu compte que le starter avait levé son pistolet. Je m’en aperçus in extremis. Je m’éjectai sans précaution.



Je m’accroupis entre ses jambes, repoussai ses cuisses contre sa poitrine. Je plongeai ma tête, langue la première et entrepris d’apprivoiser son petit trou. Je salivai abondamment afin de lubrifier cet antre habituellement sec. Après quelques pénétrations gentillettes, je changeai de tactique. Si je voulais rendre sa « résidence secondaire » accueillante, il fallait que je le formate. L’idée saugrenue me vint de resserrer ses cuisses. Je me décalai sur le côté, plaquai ses jambes contre ses grosses loloches, les tenant fermées du bras droit.


Je repris ma dilatation d’abord à deux puis à trois doigts. Apparemment ce rôle passif convenait à Gisèle. Elle ne prenait aucune initiative. Se laissant aller au gré de mon imagination, elle se contentait de soupirs, de murmures d’encouragement d’une voix de plus en plus éraillée. Quand je la sentis prête, je me repositionnai face à elle, maintenant ses jambes serrées. Une dernière excursion avec ma langue et je mis ma bite sur orbite.


Alors que mon nœud pointait contre son œillet entrouvert, il changea de direction. Une petite visite de la « résidence principale » ne pouvait lui faire de mal. Je la pénétrai sans difficulté, mais pas sans réaction.



Bien m’en avait pris. Sa chatte que j’avais tenue close avait contenu sa mouille et lorsque ma queue se retrouva à l’air libre, elle était trempée.



Guidant ma bite de la main droite, je dirigeai mon gland vers sa cible. Je n’eus pas à me demander si j’allais utiliser la manière douce, mais lente ou celle directe, mais rapide, ma bite s’enfonça dans ses entrailles aussi facilement qu’un couteau dans une motte de beurre bien grasse.


Je commençai alors de très lents va-et-vient sortant à chaque fois mon vit de cette gangue onctueuse. Je m’aidais d’abord de la main pour remettre ma queue en place puis je la laissai fort efficacement vivre sa vie. Je plaquai mes paumes sur le haut de ses cuisses (ou le bas de ses fesses, c’est comme vous voulez), de telle sorte que mon pouce droit titille son clitounet alors que son frère gauchiste montait et descendait le long de la ligne de crête formée par les lèvres jointes.


Les soupirs de ma belle, pas endormie du tout, augmentèrent en intensité pour se transformer peu à peu en ahanements pas vraiment classes. Enfin arriva le moment où ce cher vieux Ronsard entrait en scène.



  • — Je te salue, Ô merveillette fente,

Qui vivement entre ces flancs reluis….



C’était le moment pour moi de passer la vitesse supérieure. Empoignant ses chevilles, je me cabrai et, tendu comme un arc, je la pistonnai crescendo. Après quelques va-et-vient, je lâchai la sauce. Gisèle continuait de déclamer, mais de manière de moins en moins audible. Ses sphincters généreusement oints par ma douche de sperme rendaient plus douillets mes allers-retours. J’étais à sec ; la « décompression » était proche et aussi la désillusion pour Gisèle quand soudain, le poème s’interrompit et elle cria, non hurla un truc totalement incompréhensible du genre :


« OUUUUUUUUUUUUAAAAAAAAAAABONBONCTRO »


avant de devenir toute molle, de s’avachir, jambes ouvertes. Je tentai de planter ma bite dans sa vulve détrempée. Je parvins à faire quatre ou cinq trajets avant que la bête ne s’affaisse, flasque, à l’entrée du temple.





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Et le combat cessa faute de combattant


Ultime round



La pause dura beaucoup plus longtemps que prévu. Gisèle voulut remettre le couvert au bout d’une demi-heure. Mais tous ses efforts manuels, buccaux, voire mammaires, restèrent vains. Elle ne parvint pas à tirer monsieur Popaul de la léthargie bienheureuse dans laquelle, il était tombé. Pas vraiment perturbée, elle s’endormit, blottie contre moi. Je ne trouvais pas le sommeil. D’avoir fait l’amour avec beaucoup de plaisir à la clé m’avait, paradoxalement, foutu le moral à zéro. Je m’étais éclaté, mais cela n’avait rien de commun avec cette communion qui s’établissait avec Ki… Mai Line. L’amitié, la tendresse, la complicité même l’humour avait répondu présent, mais il manquait ce petit, pardon ce gros plus, cette flamme, qui faisait que chacune de nos étreintes finissait en feu d’artifice.


En plus cette confusion récurrente entre les deux frangines me prenait la tête. Ça tournait à la mauvaise histoire genre conte pornographique à la Domi Dupon. Me restait plus qu’à séduire la mère et là, on y était vraiment. Je devais réagir.


Au petit matin, quand Gisèle se réveilla, je n’avais pas dormi du tout, mais je savais ce que j’allais faire. Elle me trouva adossé à un oreiller, les yeux dans le vague. En me caressant le visage, elle me dit d’une voix inquiète :



Je lui expliquai ce que j’avais décidé et nous reprîmes nos travaux pratiques. Travaux pratiques qui prirent fin lors de mon départ.




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Retour à la case départ


Ou presque



11 juin 1997 (suite) :


Viendra, viendra pas ? Ce mantra tourne en boucle dans ma tête. Ce jour doit marquer nos retrouvailles. Mais que va-t-il se passer ?


Cette période de solitude m’a permis de faire le ménage dans mon esprit. Aujourd’hui, pour moi, il ne subsiste aucune ambiguïté. Je sais ce que je veux. Il ne me reste plus assez de temps pour tergiverser alors je vais profiter.


Sursaut. L’avion, cette fois, je l’entends, j’en suis sûr. Finalement, elle est venue. Une joie intense, la peur aussi qui me tord le ventre. Je n’arrive pas à croire que dans quelques minutes, elle va être là. Pourtant, lorsque je lui ai proposé, sa réponse a été spontanée. Je me lève précipitamment. Trop pressé de la retrouver, je heurte la table, les deux coupes et la bouteille prennent un aller simple pour Parterre. Je suis déjà au bas des escaliers. L’hydravion approche du petit ponton que j’ai fait installer.


Lorsque j’y arrive, Ernesto vient de couper les moteurs du petit appareil. Trente secondes plus tard, elle est dans mes bras, brève étreinte, rapide baiser, tendre, mais chaste puis j’aide Ernesto à descendre les bagages. Il refuse le verre que je lui propose avec un clin d’œil égrillard, prétextant qu’il a un horaire serré. Pour dire vrai, nous n’insistons pas.


Dès que l’avion glisse sur la lagune, le temps paraît s’arrêter. Nous sommes là figés, face à face, les yeux dans les yeux. Effrayés, sans doute l’un comme l’autre par ce qui peut ou pas se passer. J’ouvre le bal.



Elle me tend les bras. Ce geste balaie tout : les peurs, les doutes. Nous nous étreignons violemment. Nos lèvres se rejoignent pour un baiser qui n’a plus rien de chaste. Nos langues se battent pour savoir laquelle aura la préséance, nos mains se sont déjà glissées sous nos vêtements. Malgré le froid, nous avons très, très chaud. Il nous faut bien que nous reprenions notre souffle. La tenant par les épaules, je la regarde intensément.



J’acquiesce d’un signe de tête, je suis trop ému pour parler



Revenir sur Crazy Island, réhabiliter la maison, la moderniser, la rendre autonome : tel était le projet que j’avais bâti lors de ma longue insomnie d’après réveillon. L’île étant la propriété du gouvernement péruvien, je m’attendais à quelques difficultés, or il n’en a rien été. Dès le lendemain de Noël, j’avais appelé le commandant de la base. Il m’avait mis en relation avec un représentant du ministère de la Marine. Tout avait été réglé par téléphone (le fait que nous ayons accordé l’exclusivité de nos déclarations à l’aéronavale péruvienne joua en ma faveur), il me fallut seulement monter à Paris dès le début de l’année pour signer un bail qui, pour un loyer dérisoire, me rendait locataire de la maison jusqu’à ma mort. Le plus compliqué et le plus onéreux fut de trouver les artisans pour rénover la maison et les amener sur l’île avec le matériel. Ça m’a coûté bonbon, mais aujourd’hui, nous visitons une demeure écologique, à la pointe des innovations technologiques.



J’en profite pour l’embrasser dans le cou. J’aurais pas dû.



Elle ôte promptement son empaquetage hivernal. Son dépoilage ne s’arrête pas là. Quelques secondes plus tard, un petit tas de fringues repose en vrac au pied du lit. À peine ai-je le temps d’apercevoir son corps nu, qu’elle se glisse sous les draps en maugréant hypocritement :



Le hasard fait bien les choses, j’ai justement « un truc d’appoint ». Un second tas à côté du premier et je la rejoins sous la couette. Nous nous enlaçons étroitement, presque chastement. Nous restons, connement diraient certains, dans cette position un long moment à nos bouffer des yeux, à nous caresser le visage. Pas de précipitation, simplement le plaisir de se retrouver. La soixantaine me ramollit vraiment le cerveau, mais heureusement pas la…


La chasteté s’arrête où commencent la tension de ma bite et celles de ses tétons, car soudain, sans aucun signe avant-coureur, c’est l’explosion, c’est six mois de frustration, d’absence, d’abstinence qui volent en éclats, c’est une bombe thermonucléaire qui nous pète à la gueule. Je ne sais pas quel a été le déclencheur, je ne sais pas qui a commencé. Nous sommes tranquillement scotchés l’un à l’autre, nous bécotant gentiment, nos mains lancées dans des caresses exploratoires. La seconde suivante n’est plus que bruit et fureur. Sur elle, en elle. Nos bassins s’agitent violemment, s’entrechoquent à un rythme effréné. Nos bouches se dévorent à s’en mordre les lèvres. Mes mains écrasent ses mamelons, les siennes ont planté leurs ongles dans mon dos qu’elles labourent allègrement. Reprises de souffle éphémères où nous ahanons tel un sprinter à l’arrivée d’un cent mètres. Des éclairs lumineux zèbrent ma tête. Mon foutre la remplit, mais la charge de la brigade légère ne s’arrête pas pour autant. Nous continuons à jouer au yo-yo fou. Je m’enfonce en elle et la cloue au matelas, elle me renvoie dans les airs et je replonge. Voyage au bout de mon vit. Ma dernière goutte de sperme a tapissé son vagin depuis un moment déjà. À certains spasmes qui l’ont parcourue, elle aussi, a dû jouir. Pourtant nous n’arrêtons pas pour autant. Nos corps sont dotés d’une vie propre, nous ne les contrôlons plus. J’éjacule une seconde fois, du moins est-ce l’impression que j’ai. Son corps est parcouru de frissons puis de tremblements de plus en plus forts. Finalement, épuisés, nous nous écroulons l’un sur l’autre, puis nous désattelant l’un à côté de l’autre.


Elle me prend la main et me la serre très fort. Nous sommes incapables de bouger, de parler, il nous faut d’abord reprendre notre souffle. La fureur a cessé, reste le bruit de nos respirations. Enfin, après un temps indéfini, je me redresse sur un coude et, passant une main caressante sur son visage couvert de transpiration, je lui déclare pompeusement :



Elle se retourne et se tortille donnant à ses seins un comique mouvement de balancier. Deux seins plantureux, mais sans démesure, aux aréoles haut placées que la gravité entraîne vers le bas. Deux seins que j’ai envie de toucher, de presser l’un contre l’autre, mais Kim a faim et ventre affamé n’a pas de libido.



Comparés aux citrons de Mai (et donc de sa mère), elle énonce une évidence. Elle est vraiment pas faite comme sa sœur : plus ramassée plus, trapue dotée de formes plus voluptueuses. Mais s’il y a des fausses maigres, elle est une fausse grosse. Pas une once de graisse, ni de cellulite, un ventre plat et une toison brune très pelouse anglaise.



Elle se dirige vers la porte et sans hésitation entre dans la pièce à vivre.



Pendant le repas, nous discutons de tout et de rien. Nous attendons le dessert pour lever les derniers doutes. J’avais repris contact avec elle dès le début de l’année. Nous avions régulièrement eu de longues discussions au téléphone. Je ne lui avais rien caché de mon réveillon cochon. Malgré cette confession, notre complicité n’avait cessé d’augmenter. Il était vite devenu évident que le départ de Mai pour la Chine n’avait pas été la cause de notre « dérapage » et que nous ne voulions pas passer à côté de ce que nous avions entrevu. Seul bémol quand nous évoquions sa sœur, je sentais toujours une certaine réticence, un certain malaise dans ses réponses. Quand je lui dis que j’avais supposé, outre le fait qu’elle n’était pas persuadée de ne pas jouer les doublures, qu’elle avait l’impression de faire un enfant dans le dos à sa sœur, elle éclate de rire.



Elle avait peur que ça me peine, alors que j’en suis simplement heureux pour elle. Soulagé, car moi aussi je culpabilisais. Mai Line, lui a aussi confié avant qu’elle ne parte que si elle me rendait malheureux, elle aurait affaire à elle.



Elle m’enlace et nous voilà partis pour un nouvel exercice en apnée. Exercice efficace, car rapidement ma bite tente de se mettre au garde-à-vous. Elle n’y parvient pas, stoppée par une cuisse importune. Kim se rend compte de la situation et, bonne fille, se déplace et en profite. Elle s’assoit à califourchon sur moi. D’une main sûre, elle s’empare de mon membre bien raide et se l’enfourne sans autre forme de procès. Je tente un :



Dit comme ça, que voulez-vous que je réplique surtout que pour éviter toute contestation, la perfide m’a déjà obturé la bouche avec ses lèvres. Après la cavalcade d’avant repas, nous sommes moins affolés. Je prends conscience de son corps, de la souplesse de ses seins pressés contre ma poitrine, de ses abdos qui repoussent mon bidon dans ses derniers retranchements, du chatouillis grisant de sa courte toison contre mon pubis. Elle frissonne. Est-ce mes mains dans son dos ou simplement un petit coup de froid ?


Elle se désarrime, saute sur ses pieds.



Elle me tend la main et se dirige vers la porte sans attendre ma réponse. En s’allongeant sur le lit défait, elle me déclare en riant :





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R.I.P.


Les histoires d’amour (ou pas) se terminent mal

(et pas qu’) en général



7 février 2017


Et je n’en suis jamais réellement repartie si ce n’est pour des séjours d’agréments. En 1999, après deux années de congé sabbatique, j’ai démissionné de mon poste à l’hôpital de Nancy. Vingt ans après, je suis toujours brouillée avec mes parents (enfin avec ma mère, ce qui revient au même). Line, son mari et leurs enfants viennent chaque année durant leurs vacances. Ils ont fait, avec l’accord du gouvernement péruvien, construire un petit pavillon qu’ils utilisent régulièrement. Gisèle, avec qui nous sommes toujours restés en contact, est venue plusieurs fois avant que la maladie l’en empêche. Jérôme et moi avons vécu ici une vie tranquille loin du bruit et de la fureur du monde.


Il s’est éteint paisiblement dans son lit, dans son île en tenant ma main. Je viens selon son souhait de répandre ses cendres autour de la, de notre maison.


J’ai peur ! Je vais avoir cinquante-six ans ! Que va être ma vie sans Jérôme ?



Je tourne en rond dans la maison vide

Dans cette maison hantée par ton rire

Je suis seul là où nous étions deux

Deux cœurs, deux rires, deux amants heureux.


Michel Corringe (1946-2001)




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** Les poètes l’ont si bien dit – Pierre de Ronsard



Un grand merci à Charlie67 pour ses judicieux conseils.