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Temps de lecture estimé : 29 mn
17/03/17
Résumé:  "Juste un avant-goût, pas une initiation", m'a dit ma belle-sœur. Nous sommes dans un registre sadomasochiste, mais c'est encore le Dieu suprême cher à J.J. Rousseau qui tire les ficelles et dicte la chute.
Critères:  fh jouet jeu
Auteur : Evelyne63            Envoi mini-message
Juste un avant-goût du registre BDSM

Bonjour cher tous, j’aime écrire, outre le plaisir que j’en retire, cela me semble une thérapie efficace pour exorciser mes démons, une automédication en quelque sorte, économe des deniers personnels et publics, nul besoin de ponctionner la CNSS, un point qui a son importance dans une époque où le gaspillage fait des ravages. Si en plus je suis lue, mon plaisir est décuplé, et ma guérison plus certaine. Merci à vous.



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1.



Je m’appelle Evelyne, j’aurai trente-trois ans au prochain automne. Depuis deux ans je vis avec Fabienne, de huit ans mon aînée. Nous envisageons de nous marier, et de fonder une famille. Notre union est sans nuages, jusqu’au jour où nous décidons d’avoir un bébé. Nous ne sommes pas d’accord sur la façon de le concevoir ; je prône la méthode éprouvée depuis des millénaires, tandis que Fabienne ne jure que par l’insémination artificielle (IA), avec don de sperme (IAD). Elle connaît une clinique en Espagne qui nous ferait le bazar pour pas cher.


Le différent empoisonne notre existence, ma compagne me soupçonne de vouloir me faire sauter. Elle déteste les hommes. Pour ma part, je reconnais volontiers qu’on peut s’en passer, mais je n’ai rien contre eux, et pour se reproduire, leur contribution est malgré tout inévitable.



Elle voit les choses à sa façon, moi d’une autre. Ce n’est pas elle qui va concevoir l’embryon, et porter le fœtus. Pendant neuf mois, mon ventre hébergera un petit être pétri de ma chair, fertilisée avec le concours des gamètes d’un mec dont je ne peux pas imaginer ne rien savoir. Je veux tout connaître de lui, ses yeux, son front, son nez, sa bouche, ses cheveux, son allure, aussi bien que la taille, la masse, les fesses, la queue… Est-il con ? Intelligent ? Je dois juger par moi-même. La généalogie m’importe aussi, et en général tout ce qui m’aide à anticiper dans ma tête l’œuvre immense à laquelle je projette de donner vie.


Par-dessus tout cela, il me faut aussi composer avec une trouille à la mesure du miracle que je me propose d’accomplir. Mon dilemme serait plus simple si je n’avais pas le choix, mais je l’ai… J’ai un homme sous la main, un collègue de bureau, il fait tout pour me plaire… Me suffirait d’y mettre du mien. La tentation du Christ ! À nous deux, ce serait tellement plus simple. Encore faut-il que je vende l’option à Fabienne. Je fais l’article.



Le lendemain, Fabienne remet le couvert.



Bonjour l’ambiance ! Il en est ainsi tous les jours de la semaine jusqu’au dimanche. Le dimanche est un jour sacré chez nous, déjeuner dominical incontournable chez les beaux-parents. La mère de Fabienne est une excellente femme, la soixantaine dynamique, mariée à un brave homme de dix ans son aîné. Il m’adore, c’était évident avant, cela l’est plus encore depuis qu’il sait qu’on projette un bébé. Il y a des années qu’il rêve d’avoir un petit-fils. Moi, ce serait plutôt une fille, mais je ne dis rien, je n’ai pas de raisons de peiner le vieux. Il attendait beaucoup de ses filles. Pas de bol, l’une est gouine, pure et dure, allergique à tout ce qui pue le mâle, et plus trop dans les cordes quant à ce qui est de procréer ; l’autre, l’aînée, a encore plus sûrement passé la date de péremption, quarante-quatre ans au prochain printemps, autant dire que le moule est fragile, s’il n’est pas cassé, la lignée est tarie, je suis le dernier espoir.


Nathalie, l’aînée, sacrifie comme nous au cérémonial familial dominical. Elle n’a pas d’homme, pas de liaison connue. C’est la casse-cou de la famille, elle a beaucoup bourlingué, et fait tous les métiers, boulangère en Californie, tenancière de bar en Australie, chef d’entreprise en Afrique, et mille autres trafics plus ou moins louches, en Asie, au Moyen-Orient, et en Amérique du Sud. Elle parle cinq langues, c’est dire…


Un jour, elle en a eu marre, et elle est revenue au pays. C’était il y a quelques années, avant que je la connaisse. Elle avait ouvert un night-club, mais sa boîte n’a pas marché, et elle a bu le bouillon. C’est à cette période que je l’ai connue, via Fabienne. Au moment, Nathalie était en pleine déprime, puis elle a rebondi. On ne sait pas d’où elle a sorti le fric, toujours est-il qu’elle a renfloué l’affaire, et l’a fait prospérer, diversifiant ses activités, et débordant sur des niches à la marge, plus rentables. Maintenant, elle roule sur l’or, villa, piscine, sauna, jacuzzi…


Nathalie a ce côté fascinant et irritant à la fois des femmes qui réussissent. Ma compagne est parfois agacée, moi je l’adore. Tout le monde l’écoute quand elle raconte ses aventures d’autrefois. Parfois, si elle a l’assurance que les parents ne laissent pas traîner d’oreilles indiscrètes, elle nous en dit un peu plus sur sa vie d’aujourd’hui. Son univers est mystérieux et un brin magique, elle parle de donjon, d’adeptes de Sade, de quêtes effrénées du plaisir, de jouissance extrême…



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2.



La question fatidique débarque pendant qu‘on boit le café.



Le ton irrité dénonce mieux que le propos la mésentente qu’on a cachée jusque-là. L’ambiance est d’un seul coup plombée. Papy se fait mutique, visage fermé, front têtu ; mamy étouffe un sanglot, et file direction la cuisine, torchon sur la bouche, Fabienne à ses trousses. Nathalie me jette un regard interrogateur.



Fabienne a l’oreille fine, elle a entendu sa sœur depuis la cuisine, elle rapplique en gesticulant, prend appui sur la table, dérange la nappe, manque renverser nos cafés, et postillonne à tout va en même temps qu’elle éclaire sa frangine.



Sentant grossir l’orage, Nathalie rengaine les sarcasmes qu’elle a sur les lèvres. Son ton et son propos se font conciliants.



Sur ces entrefaites, mamy revient de la cuisine, les yeux rouges, elle a pleuré…



Papy ajoute son grain de sel, Fabienne réplique vertement, Nathalie appelle au calme, mamy chiale, l’affaire menace de virer au pugilat, c’est déjà la cacophonie. Consternée, je reste en retrait, mais ma compagne ne semble pas m’en être reconnaissante, son accusation me vise tout autant.



Quand elle pique un coup de sang, elle est capable de tout. Je me fais toute petite, pas assez cependant, elle me déniche. J’ai le sentiment que ma réserve l’irrite plus que si je prenais parti contre elle.



Jamais elle ne m’a traitée ainsi, devant sa famille qui plus est, je pique un fard, et suis à deux doigts d’avoir mes nerfs. Je prends sur moi, et obtempère, Fabienne est déjà dans l’entrée, mamy derrière elle, et papy pas loin, ils l’exhortent tous deux à renoncer à ce mouvement d’humeur ridicule.



Nouveau fard de ma part, je serre les dents. Nathalie a rappliqué entre-temps, elle s’interpose.



Je ne lui ai rien demandé ; je la hais le temps d’un instant, c’est rare. Je présume que ma compagne va s’imaginer que sa sœur et moi sommes de mèche, cela ne peut que la mettre en rogne. Déjà qu’elle l’est pas mal… Tout juste ! Fabienne tourne les talons, et file en claquant la porte. Mon sang ne fait qu’un tour, je me précipite, range mes pantoufles – c’est la règle ici – chausse mes baskets, enfile mon blouson, récupère mon sac, colle une bise bâclée à chacun. Nathalie ne tente pas de me retenir, et me laisse filer à mon tour… Bruit de moteur, la voiture déboule, j’agite le bras, Fabienne m’a-t-elle vue ? Le bolide est loin quand je rengaine mon bras… Nous avons déjà eu des disputes conjugales, mais à ce point, jamais !



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3.



La suite est banale, nous atermoyons tous les quatre, papy, mamy, Nathalie et moi, que faire ? La poursuivre ? Téléphoner ? On décide finalement d’attendre que Fabienne retrouve ses esprits, qu’elle se ravise et revienne me chercher, ou bien qu’elle appelle. On est tous prêts à lui pardonner, les parents les premiers, moi aussi bien sûr, en dépit du fait que j’alterne des phases pendant lesquelles je rumine mes rancœurs.


D’ordinaire, Nathalie file sitôt le café bu. Pour le cas elle est restée, par souci des vieux, l’épisode les a stressés. Papy monte la garde au pied du téléphone. Sa vigilance s’émousse cependant, et avant longtemps il somnole devant la télé dont on a baissé le volume. Nathalie et moi, aidons mamy pour débarrasser, faire la vaisselle, ranger… Notre aînée toupine encore un moment avec nous, puis disparaît sans crier gare. Nathalie me fait des signes expressifs, m’indiquant la chambre où sa mère est partie se réfugier.



Nous continuons à bavarder sur le même mode discret. J’aime parler avec Nathalie, elle est intelligente, et a toujours à dire. En général on discourt de choses anodines, de mode, de cuisine, d’architecture, de voiture, de films, des stars à la mode, de politique. Elle est au courant de tout et ne manque jamais d’anecdotes sulfureuses dont elle me sait friande. Elle m’apprend avant tout le monde qu’Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti, c’est fini. Je sais que ce n’est pas très smart, mais un des plaisirs de ma vie est d’imaginer celle des grands.



Le Donjon est un lieu où les amateurs de pratiques sadomasochistes peuvent assouvir leurs fantasmes, et plus encore. Il est installé dans les bâtiments d’un ancien moulin désaffecté, dont Nathalie a fait l’acquisition, et qu’elle a ensuite rénové, en vue d’ouvrir un lieu dédié aux adeptes des pratiques BDSM. Elle avait envisagé de l’exploiter elle-même en parallèle avec le club, mais la distance entre les deux établissements est cependant importante et la synergie pas si évidente, si bien qu’elle s’est ravisée et en a confié l’exploitation à une association : « les admirateurs de Sade », moyennant un loyer pour les murs et les équipements.


Fabienne et moi avons suivi en direct les péripéties du feuilleton via radio Nathalie, mais en dépit de mes liens privilégiés, je n’ai jamais eu la chance de visiter le Donjon, ma compagne s’y refusant obstinément. Tout au plus, accepta-t-elle une fois de s’en approcher, parce que l’occasion nous était donnée. Nous avions observé les bâtiments depuis la départementale au bord de laquelle nous étions garées. On les apercevait derrière une haie de peupliers, au-delà de la rivière et du champ qui nous en séparaient, beaucoup trop loin pour humer le bouquet de mystères que ce lieu ésotérique recèle selon moi. Être si près… Ma curiosité prit les commandes, je m’approchai à pied, seule, ma compagne trop timorée n’avait pas voulu suivre. Une grille interdisait l’accès au pont privatif. Qu’à cela ne tienne, je dévalai la pente et explorai la berge. Une initiative idiote, bien dans mon style, j’ai fini à la baille, Fabienne m’a aidée à me tirer d’affaire. Bien entendu, l’anecdote a fait le tour des cantines, ma compagne n’a pas résisté au plaisir de rapporter ma déconfiture à sa sœur, celle-ci en rit encore ; l’histoire reste entre nous comme un morceau d’anthologie.




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4.



L’après-midi est bien avancé quand Fabienne se décide à appeler, et encore ne le fait-elle pas sur mon portable, mais sur la ligne fixe des parents. Papy et mamy exultent, ils ont déjà tout oublié, moi pas, ma rancune souffle sur les braises.



Dans la foulée, je surfe sur la vague de mon courage tout neuf, et j’inocule la purge : je veux faire un break, Nathalie m’invite. La réponse n’est pas celle que j’attends, Fabienne ne crie pas, elle ne dit rien. Le silence se prolonge, m’alarme… Elle pleure, pas des sanglots, rien de bruyant, son chagrin est discret, mais perceptible et n’en est que plus poignant. Je m’en veux, j’ai trop fanfaronné. Ma rancune fond, la contagion gagne, ma compagne et moi partageons la même souffrance par ligne téléphonique interposée, mon cœur se serre, mes tripes se nouent, les larmes me viennent aux yeux. Il me faut stopper le phénomène, trouver l’antidote… Je me récrie, dénonce le malentendu, explique que ce n’est rien, juste un peu de recul, une nuit, rien de plus. Je me fais câline, et davantage encore quand je la devine à l’écoute. La tendresse n’est jamais tant démonstrative qu’après un moment de déprime, Fabienne roucoule et me dit qu’elle m’aime ; le bonheur m’enivre, moi aussi je l’aime, et je veux lui prouver ; ce que je refusais avec obstination jusqu’alors, je m’entends le lui offrir en gage de mon amour.



Tu parles ! Je n’ai rien réfléchi du tout, j’ai agi sous le coup de la pulsion. Je ressens déjà l’amertume des regrets, mais je ne peux plus faire machine arrière. Fabienne ne pige pas immédiatement, mais lorsqu’elle entrave, sa joie explose dans l’écouteur du combiné, je dois éloigner l’appareil pour préserver mon tympan. Lorsqu’elle est heureuse, Fabienne est la plus généreuse des femmes, elle me raconte les mille douceurs qui m’attendent une fois que je serai de retour au bercail.



J’ai en effet prévu de prendre ma journée du lendemain. Je sais que mon chef au bureau ne s’en formalisera pas, pourvu que je lui bigophone dans la matinée.



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5.



Plus tard, en chemin vers les lieux du supplice, nous revenons sur les détails. Nathalie martèle les conditions.



Après moult tergiversations, j’ai sélectionné trois épreuves dans le registre qui m’était proposé. Nathalie a pris des dispositions pour leur réalisation. Maîtresse Nato supervise mon « initiation ».



Hochement de tête positif… Je m’en doutais, j’ai à peu près décodé l’échange abscons qu’elles ont eu au téléphone. Le genre des intervenants n’est pas insignifiant, Nathalie m’avait initialement promis que je n’aurais affaire qu’à des femmes, parce que je voulais n’avoir affaire qu’à des femmes. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le dimanche est un jour creux, m’explique-t-elle ; on fait avec ce qu’on a sous la main. J’ai toujours le choix de refuser, mais l’affaire est désormais trop bien emmanchée, il me coûterait trop de renoncer ; le destin ne me resservira pas une pareille opportunité. Au demeurant, le fait que l’exécuteur soit masculin ou féminin n’est pas si important. J’avais privilégié les femmes, beaucoup par rapport à Fabienne, m’imaginant qu’un encadrement féminin serait une circonstance atténuante au cas où ma compagne viendrait à connaître mon escapade.


La route défile, Nathalie m’annonce l’arrivée imminente. Je n’en mène pas large ; ma détermination vacille un peu plus au fur et à mesure que l’échéance approche. Je vais aborder en terre inconnue, peuplée de sauvages. Mon appétit pour les mystères boit le bouillon dans l’auge de ma trouille, j’ai le sentiment de me fourrer dans la gueule du loup. Il me faut tout mon courage pour ne pas me laisser gagner par la panique. Je passe mes atouts en revue et me dis que ma parenté avec un membre influent me vaudra une certaine indulgence, bien que Nathalie m’ait invité à ne pas trop y compter.



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6.



Maîtresse Nato me met derechef dans le bain, à poil cela va sans dire, je le savais et au demeurant c’est plus ou moins l’uniforme en ces lieux. Mis à part deux ou trois Seigneurs et autant de Dames, vêtus avec extravagance, la populace ne porte rien, seulement des colifichets, censés hiérarchiser les strates. Au bas de l’échelle, il y a les « riens », des moins que rien qui ne portent absolument rien.


Ma démarche est malhabile, un pas prudent, puis un autre, je peine à suivre. Ma guide m’a imposé des escarpins dotés d’échasses propres à me casser les reins. Je suis pourtant habituée à marcher avec des talons de bonne hauteur. Les salles sont nombreuses, réparties sur plusieurs niveaux. Beaucoup sont vides, ce n’est pas un jour d’affluence. Un ascenseur dessert les étages, cette machine est un des rares sacrifices visibles à la modernité. Tous les étages sont plus ou moins occupés. Maîtresse Nato ne me présente pas, seulement à Maître Paco, parce que je vais avoir affaire à lui. L’homme est beau gosse, grand, baraqué, il me toise des pieds à la tête, d’abord les seins, puis le ventre, le pubis, les cuisses… L’impact est physique, je le ressens comme une brûlure fugace et vagabonde dont je peux suivre la trace grâce à la morsure dans ma chair.



Le beau gosse passe à nouveau la revue, comme s’il enregistrait des repères. Son regard scrute et évalue : la silhouette, le volume de la poitrine, la forme des tétons, la singularité du nombril, la largeur du bassin, la finesse de la taille, et toutes autres particularités qui lui permettront de m’identifier plus tard. C’est la raison que j’échafaude, sinon j’en viendrais bien à me croire. Quoi qu’il en soit il ne peut pas m’identifier autrement, car mon visage est masqué. Nathalie m’a affublée d’une cagoule, elle est percée de trous, à l’arrière pour le passage de ma queue de cheval et devant au niveau des yeux pour la vue. La cagoule ne couvre pas le bas du visage, pour autant un malentendant ne pourrait pas lire sur mes lèvres, je suis en effet bâillonnée, une boule qui approche la taille d’une balle de tennis distend mes mâchoires. Supporter ce harnachement n’est pas agréable, mais je m’y suis pliée sans trop faire la grimace.



En retour, la domina a grommelé une réponse que je n’ai pas comprise.


Plus tard, Maîtresse Nato ajoute un bandeau à l’attirail, « c’est la règle » m’apprend-elle. Nous sommes devant une croix de Saint-André. Maître Gajo, responsable du site, m’attache les poignets et les chevilles à chacune des branches de la croix. Je suis écartelée, tous sens aux aguets, je cherche à deviner quand l’homme brandira son martinet, afin de ne pas être surprise quand le coup tombera. Je l’ai observé avant d’être aveuglée, il est vêtu d’une culotte de cuir, ouverte sur le devant ; un anneau pénien étrangle son sexe.


L’homme n’appuie pas ses coups, les lanières caressent plus qu’elles ne frappent, mais la persistance finit par mettre les nerfs à vif. Il insiste particulièrement sur les seins, et le sexe. Il lui arrive d’utiliser le manche pour prodiguer une pression plus appuyée sur ma vulve et sur le périnée. Ce jeu dure longtemps. Je m’évade, m’envole, prends de la hauteur. Mon nuage est confortable, des fantasmes sans consistance accompagnent mon errance. Lorsque Maîtresse Nato est de retour, le son de sa voix me sort de mes vapeurs. Maître Gajo me détache, la domina prend ma main, elle me conduit, toujours aveuglée, dans une pièce voisine.



De quoi parle-t-elle ? Je suis bien incapable de dire le pourquoi de sa punition, et pas seulement à cause du bâillon, pourrais-je parler, ce serait pareil. Un homme, à moins que ce ne soit une femme, m’attache les poignets dans le dos, la même personne m’entrave ensuite les chevilles.


Une force herculéenne me soulève, un homme assurément. Il me place à plat ventre, en travers de ses genoux, avec une aisance ahurissante. Il porte un pantalon de toile, je le sais au soyeux du tissu sur les parties en contact. Ma position n’est pas confortable ; le colosse me laisse le temps de trouver mes aises. La volée commence ensuite. Les fessées tombent d’abord rapides et peu appuyées, puis le rythme se stabilise et les frappes se font plus puissantes, plus méthodiques, plus cinglantes. La douleur fulgure, la chaleur croit après chaque coup, elle irradie au travers des fesses vers le ventre et le périnée jusqu’à inonder mon sexe. La souffrance est jouissive, du genre qu’on aime attiser, puis la brûlure se calme, comme anesthésiée, avant que ne survienne la frappe suivante plus sèche que la précédente, ou différente simplement, c’est assez pour réveiller le tourment. Je crie, un peu plus fort que la fois d’avant. Les cris résonnent sous son crâne, mais le bâillon ne laisse filtrer que des gémissements, ponctués de borborygmes. Est-ce le moment que Maîtresse Nato choisit pour me prodiguer ses encouragements, je ne sais plus, toujours est-il que la domina murmure près de mon oreille à un moment donné.



Huuuuu ? C’est à peu près tout ce que le bâillon permet, traduit en langage compréhensible cela signifie : « ça fait mal ». Puis les frappes reprennent, la reprise est cuisante. Nouvel arrêt



La salope ! Elle se fiche de moi. Nouvelles fessées, douloureuses, ô combien. Une punition pour ma grossièreté ; à croire que la « salope » lit dans mes pensées. Re-nouvel arrêt.



Faux apitoiement, morgue dédaigneuse, je perçois tout. Le mépris me fait l’effet d’un camouflet. Au lieu de demander d’arrêter, comme j’envisageais, je m’arc-boute, adossée sur ma fierté. Maîtresse Nato n’aura pas le plaisir de recevoir ma reddition. Maître Paco poursuit ses frappes avec plus de vigueur encore, une fesse, puis l’autre. Il procède sans précipitation, mais avec force. De temps en temps, il s’accorde une pause. Je décèle parfois une visite, les pas, les voix ; si le spectateur s’attarde je le suppose en train d’admirer l’œuvre du bourreau. Mon cul est-il assez rouge pour vous plaire ? La question reste dans ma gorge, et c’est bien dommage. Je n’avais pas imaginé qu’on pouvait prendre une telle distance par rapport à son corps, le ressenti me semble en être sublimé.


Est-ce mon imagination ? Depuis un moment j’ai une impression, celle d’une pression sur mon ventre, de plus en plus perceptible. Illusion, pas illusion ? Je ne suis plus en situation ni en état d’être lucide, mais mes scénarii convergent, j’en viens à me convaincre que Maître Paco bande, que c’est sa queue bien raide qui fore la chair de mon ventre. J’imagine le gland nichant dans le creux de mon nombril. Bizarrement, j’en conçois de l’hilarité. Je ris. Le rire est muselé par le bâillon, mais je ris vraiment, les spasmes agitent mon corps. J’oublie la douleur, et éprouve inexplicablement une bouffée de tendresse pour mon tortionnaire. Je cambre les reins, offre les fesses au supplice et le nombril à la queue. Mon manège ne passe pas inaperçu. Maîtresse Nato vérifie, forçant un passage entre mes cuisses jointes.



Maître Paco défait les attaches des chevilles et des poignets, il m’ôte aussi le bandeau, mais pas le bâillon. L’homme est devant moi, torse nu, seulement vêtu d’un saroual noir. Ses pieds sont chaussés de spartiates à semelle plate. Il me semble encore plus beau que dans mon souvenir, il n’y a pourtant pas longtemps. Je le réexamine, et enregistre, surprise de découvrir chez moi une convoitise incongrue. Les pectoraux sont nettement dessinés, en tablettes de chocolat, il sourit de ses yeux clairs, et de la main repousse vers l’arrière ses cheveux longs et blonds. Il a dans mes âges, trente ans, trente-cinq tout au plus. Il bande encore, un chapiteau révélateur déforme le devant de l’ample pantalon de toile. Une bandaison sympathique, lui-même est sympathique, l’envie de rire me reprend, je pouffe malgré moi, et manque m’étrangler du fait de ce maudit bâillon. Une pensée fugace me traverse l’esprit : j’ai envie de l’embrasser. Croquons la pomme ensemble, que j’ironise pour moi-même, m’esclaffant à nouveau, forcément en silence, un silence relatif s’entend. Mes mâchoires commencent à me faire mal. Maîtresse Nato prévient ma tentative pour me débarrasser du bâillon, et s’en irrite.




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7.



Je garde mon bâillon puisqu’elle le veut. Nathalie a insisté, docilité et respect sont les meilleurs garants du bon déroulement des épreuves. Jusqu’à ce stade, rien à dire, elles m’ont été infligées selon le programme et les protocoles convenus. Certes le martinet était un tantinet trop clément, je n’ai pas eu l’impression de subir un châtiment, mais la soi-disant punition qui a suivi était en revanche tout à fait à mon goût. J’en ai encore les fesses délicieusement endolories. Si je dois remplir une grille de satisfaction, graduée de un à dix, je cocherai assurément une note élevée.


Il me reste une épreuve à subir. Nous avons atterri dans une grande salle en sous-sol, sans fenêtre. Une « sex-machine » trône au milieu de la pièce. J’attendais quelque chose de lourd, je ne suis pas déçue. Rien à voir avec les fucking-machine que l’on voit sur Internet à moins de mille euros, chez C-Discount, Price-Minister ou Amazon. Celle-ci pèse allégrement un bon paquet de fric, mesurée à l’aune de la masse du bâti. Le monstre est en outre équipé d’une mécanique rutilante et sophistiquée, d’où émergent des tringles, des axes et des tuyaux. Nathalie m’en avait parlé, prétendant que la machine avait été fabriquée dans la même usine que la « Fuckzilla », un robot sexuel qui paraît-il, aurait fait grand bruit il y a quelques années.


Depuis Magnus Hirschfeld, ce médecin allemand, qui le premier étudia la sexualité humaine sur des bases scientifiques et dans sa globalité, la stimulation érotique par des moyens mécaniques préoccupe nombre de sexologues. Des cinéastes aussi, et non des moindres, tel Roger Vadim et sa machine à excès dans « Barbarella », ou Woody Allen et son orgasmotron. Personnellement, je n’ai encore jamais essayé de sex-machine, mais à voir les témoignages, je me dis qu’il y a là une lacune que je me dois de combler. L’actrice américaine Jenaveve Jolie ne tarit pas d’éloges, il me plaît de la citer, car nous sommes nées la même année, elle en Californie, moi en Auvergne, mais il y a surtout qu’on peut penser qu’elle sait de quoi elle parle, vu ses références, ne figure-t-elle pas dans le célèbre classement : « Top 100 Hottest Porn Stars » et dans les trente premières places s’il vous plaît.


La pièce où nous sommes est entièrement carrelée, depuis le sol jusqu’au plafond. Elle est presque vide sauf dans un angle aménagé à l’instar d’une cuisine ou d’un labo avec paillasse et évier. Sur la paillasse, une étuve et divers ustensiles et équipements dont je ne connais pas l’usage. Une cabine de douche est également visible, plus incongrue en ce lieu, que l’immense vitrine dans laquelle sont exposés une panoplie impressionnante de godes en tous genres et d’autres gadgets parmi lesquels je crois reconnaître des tit-suckers.


Maîtresse Nato, m’installe dos sur le plateau capitonné, bassin légèrement surélevé, cuisses ouvertes, les pieds dans des étriers, comme pour un examen gynécologique. Elle ajuste les fixations et fait en sorte de m’immobiliser dans cette pose. Je ne peux plus remuer ni jambes ni bras, seule ma tête reste mobile, je peux la tourner à droite ou à gauche ou la soulever si j’en éprouve le besoin. J’ai toujours la cagoule, mais plus de bâillon, je fais mouvoir mes mâchoires pour les assouplir et jouir du soulagement, ma diction est à nouveau normale.



Je pourrais sans doute épier ma tortionnaire, mais je préfère me retirer dans ma carapace. Je ferme les yeux, et fais le vide dans ma tête, prête à toutes les surprises. En attendant, j’écrase autant que je peux, mes fesses meurtries sur le cuir du plateau, exacerbant la sensation. Elles ne sont plus autant douloureuses, mais encore assez pour me remémorer le souvenir du plaisir que j’ai eu. J’espère en avoir davantage encore avec la sex-machine dont on m’a dit grand bien. Maîtresse Nato a enfilé des gants de latex, je le devine au toucher bien particulier sur mes fesses, elle m’enduit l’anus d’un lubrifiant et s’emploie à assouplir les sphincters. Elle ne me ménage pas, mais ne me brutalise pas non plus. Elle procède froidement, d’une manière que j’ose qualifier de professionnelle. Lorsque l’assouplissement lui paraît suffisant, elle introduit un gode à la consistance souple, il glisse et pénètre à l’intérieur de mon fondement.


Changement de gants, la domina ne plaisante pas avec l’hygiène, je suis impressionnée. Elle vérifie la lubrification du vagin, puis teste la réactivité du clitoris, qu’elle agace de son doigt gainé de latex tout neuf, deux ou trois fois, avant de poser sa question.



Je m’avise après coup que je manque à tous mes devoirs, et m’empresse de renouveler les marques de respect dues à mon accompagnatrice, en espérant qu’il ne soit pas trop tard



L’onguent a un effet légèrement irritant, et il y a une production de chaleur notable, que le massage accroît encore. La sécrétion de fluides vaginaux n’est pas en reste, ma charmante hôtesse éponge.



Je voudrais bien l’y voir ! Lorsqu’elle en a terminé avec son application, elle procède à l’intromission du deuxième gode, il est sans doute un peu plus volumineux que le premier, une impression bien sûr, je ne les ai pas comparés. Les deux jouets sont en contact, séparés par une mince épaisseur, les conduits vaginal et anal sont très proches. Ce n’est pas la première fois que j’ai deux godes en moi, chaque fois c’est pareil, mon hypothalamus migre en position d’observateur, à l’affût du moindre émoi, avide de s’en repaître.


J’anticipe le plaisir ; Nathalie, fan convaincue de ce type de machine, m’en a fait l’article, m’assurant que la montée au ciel est garantie. Pendant ce temps Maîtresse Nato finit d’ajuster ses pédoncules motorisés.



Je m’imaginai n’en avoir que pour cinq minutes, dix, tout au plus. Une éternité plus tard j’y suis encore, et j’en redemande. Entre-temps, la domina a permuté les prothèses remplaçant les premières par un jeu proprement monstrueux. J’aurais eu ma tête, j’aurais refusé, c’est certain, mais je ne l’ai plus. Pourquoi me priverais-je ?



Rocco Siffredi me baise, lui-même en personne, et il m’encule aussi. Beaucoup perdent la tête pour moins que ça. J’essaie de retenir mes cris, mais c’est tout bonnement impossible, surtout quand l’opératrice fait grimper les tours. La machine est équipée d’un variateur de vitesse, la garce en use avec un sadisme certain, modulant mes gammes à sa guise, jusqu’à des stridences propres à réveiller les morts. Après un épisode particulièrement riche en aigus, ma tortionnaire s’alarme, s’inquiète de ne pas entendre le safeword, demande, et redemande… Tous mes muscles sont bandés, mon corps convulse, je n’ai plus la force d’ouvrir la bouche, mais j’ai encore celle de hocher la tête, négativement cela va de soi. Suis-je devenue folle ?



La domina arrête la machine, tripatouille les réglages au tableau de commande. J’attends, déjà impatiente de reprendre l’expérience. On m’avait dit que l’addiction pouvait être sévère, je crois que je m’y suis laissé prendre. Je rebondis d’orgasme en orgasme et ne m’en lasse pas. J’ai tenu le compte jusqu’au troisième, au-delà je l’ai perdu, je ne sais plus où j’en suis, cinq, six, peut-être plus, comment savoir.


La machine redémarre, d’abord à vitesse réduite, puis avec plus d’accélération. Les deux axes commandant la translation des godes vaginal et anal ne sont plus synchrones. Les godemichets se croisent dans mon ventre, l’un se retire, tandis que l’autre pénètre, la nouvelle donne n’est pas sans incidence. Je ne sais quelle magie est à l’œuvre, j’imagine que les croisements sont plus brutaux, il s’ensuit des décharges proprement diaboliques. Ce n’est pas automatique ni prévisible, mais la probabilité est plus grande à vitesse élevée. La foudre fulgure, dévaste mes entrailles, tous mes muscles se contractent, ratatinés par l’éclair de souffrance, et l’instant d’après j’explose enivrée de félicité. Je ne suis pas fontaine, j’ignore comment c’est, mais je crois bien en avoir eu un avant-goût, j’ai l’impression d’avoir giclé.



Plus tard, mais encore trop tôt, « la garce » qui me traite de « salope », prend la décision de terminer l’essai, arguant qu’il est temps, qu’on a dépassé les temps, et je ne sais quelles autres conneries du même ordre.



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8.



Mon accompagnatrice récupère cagoule et chaussures, propriétés de l’association, et m’informe de la suite du programme.



Je fais vite, mais c’est encore trop, Jean-Luc est venu me rejoindre dans le vestiaire. Il m’attend face à mon compartiment.



Les compliments font toujours plaisir, je ne boude pas le mien et souris.



Ma familiarité est volontaire, histoire de voir, il ne bronche pas, parfait.



Évidemment ! Inexplicablement, j’ai des pudeurs dès lors qu’on est de retour dans la vie civile. Je balaie mes réticences et laisse tomber la serviette, je suis nue.



Que répondre ? Rien bien sûr, mais je ne m’en gargarise pas moins, ce qui ne m’empêche pas de préparer mes affaires, mettre mes dessous, string, soutien-gorge…



Le temps de notre échange, j’ai enfilé le jean, et passé mon tee-shirt, me reste à chausser mes baskets. Lui aussi est comme moi en jean, tee-shirt et baskets. Comme moi, ses vêtements et ses chaussures ne sont pas du tout venant. Inutile de faire de la pub pour une marque ou pour une autre, mais chacun sait qu’il y a jean et jean, baskets et baskets. Il semble que sur ce point, lui et moi, on soit sur la même longueur d’onde. J’apprécie. On n’imagine pas combien il est difficile de bien s’habiller. Il m’a fallu des semaines pour trouver le jean que je porte, et la paire de baskets m’a coûté une fortune.


Mon esprit décortique ceci et cela à dessein, parce que je ne suis pas pressée de mettre au clair la pensée terrible que je rumine en arrière-plan. Jean-Luc pourrait-il être le père de ma fille ? Je ne connais rien de lui, sinon qu’il a une voix enjôleuse, et la main sèche quand il le faut, cela suffit-il ?



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9.



Il faut croire que la fièvre m’a dérangé l’esprit. Nous sommes dans son véhicule, il conduit. Je décide d’y aller franco, bille en tête.



La surprise est telle qu’il fait un écart. Il redresse et ralentit, avant de me répondre.



Disant cela, il met sa main en coquille sur son entrejambe, c’est bien un mâle, on en vient toujours là. Ça me convient !



Jean-Luc a débordé sur le bas-côté, amorcé le virage, puis il a arrêté son moteur. Il entreprend de dégrafer sa ceinture, puis de dégager son sexe, cela ne va pas sans quelques contorsions, vous imaginez bien. Le phallus est aussi gros que je présumais, chaud et vivant dans ma main. Il y a longtemps que je n’ai pas touché un sexe d’homme. Jean-Luc baisse le dossier de son siège et s’allonge avec pour résultat de nous donner plus d’aisance. Je dégage le gland, et tends le prépuce sur la hampe que je presse dans mon poing serré aussi fort que je peux. Je tiens le manche de mon éternité. Si je relâche un peu la pression, je ressens les palpitations du sexe au travers de ma paume. C’est magique, j’anticipe, et imagine le pouls du bébé dans mon ventre. Ai-je encore mes esprits ? Je n’en suis plus très sûre. Je me jette avec voracité sur le morceau, d’abord le gland puis le reste, j’avale et régurgite, je suce et je lèche, je l’aime et l’embrasse. Ma gourmandise ne connaît plus de limites, les poils pubiens, le liquide séminal, les testicules, la queue, tout fait ventre pour peu que ce soit comestible. Jean-Luc gémit doucement, il est à moi, rien qu’à moi. Sa main pèse sur ma tête, comme pour me guider, mais je n’ai nul besoin d’être guidée.


J’ai calculé mon coup, lorsque les signes annonciateurs m’alertent, je calme le feu. Je me redresse, et finis de me débarrasser de mon jean, que j’ai entre-temps commencé à faire glisser. Pas facile, la performance est à enregistrer dans le livre des records. Le string est moins récalcitrant. Éberlué, Jean-Luc me regarde faire, puis il comprend où je veux en venir, lui-même fait glisser son futal jusqu’aux chevilles. Notre interruption l’a un peu démobilisé, il a ramolli, tant pis ou tant mieux, c’est selon. Pour moi, c’est aussi bien, j’ai tôt fait de redonner du tonus, avant d’enfourner la queue dans ma grotte. Nulle force ne pourrait m’en empêcher, je suis la walkyrie chevauchant le cheval d’Odin, l’amazone caracolant sur son étalon.


Mon étalon piaffe, se cabre, il veut son tour dans la chevauchée fantastique, il me bouscule, et me bascule. Il prend le dessus, et me défonce comme un beau diable. De temps en temps, je m’entends hurler, mais qui peut dire dans le feu de l’action ? Lorsque l’éjaculation s’annonce, je bloque son bassin de mes jambes nouées autour de ses hanches de telle sorte à verrouiller notre union. Il crache sa semence au fond de mon vagin, je la sens, chaude, vivante, et odorante. Nous restons longtemps, unis, entremêlés. Il embrasse mon visage, je bise le sien, son sexe flaccide a fini par quitter mon fourreau, je n’ai pas su le retenir. Je le devine niché contre mes lèvres intimes. Tout à l’heure, chez lui, dans le confort de son lit, nous recommencerons. Toute la nuit… Je le presserai jusqu’à ce qu’il n’ait plus une seule goutte, mais j’ai le sentiment que ce sera de l’excès de zèle inutile, mon intuition me dit que l’élu est déjà là.



Chic ! Nous fêterons ma gloire.



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Épilogue



Quinze jours plus tard, Fabienne a déjà bloqué nos places sur un vol pour l’Espagne.



Elle est douée pour ce genre de calcul. La nouvelle a le don de m’assombrir, elle ternit l’éclat des espoirs que je nourris ces deux derniers jours. Depuis deux jours, en effet, j’attends mes règles. Hier, j’ai pratiqué un test de grossesse : positif ! Rien n’est sûr, mais la probabilité est grande. Je rêve de partager ce bonheur avec ma compagne, mais l’affaire est délicate. Je m’exerce dans ma tête : « Fabienne chérie, il faut que je t’avoue quelque chose d’important… ». Je répète et répète, ajuste le ton, change un terme. Je pense être au point, me reste plus qu’à trouver le bon créneau et une bonne dose de courage…