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20/03/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Dans l'espace, personne ne vous entend jouir.
Critères:  f h fh ff grp asie collègues voyage fmast hmast partouze journal sf -sf
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message
Sous les glaces d'Encelade

Extraits du journal de bord du commandant du vaisseau spatial Tiger One, Susan Jordan.



Samedi 20 février 2094


Cinq ans après notre départ de la Terre, un peu moins de deux ans après avoir quitté les glaces d’Encelade, autour de Saturne, nous n’en finissions pas de nous étourdir de l’incroyable succès de notre mission. C’est une nouvelle révolution copernicienne : la vie terrestre n’est plus la seule connue dans l’univers ! Et sans qu’il soit nécessaire d’aller la chercher jusqu’aux étoiles lointaines : notre système solaire abrite une vie organisée en écosystème complexe, non seulement bactérienne, mais aussi multicellulaire, diversifiée, capable de s’adapter à des conditions de vie certes extrêmes, mais finalement propices à l’émergence d’espèces en tout point fascinantes.


Déjà, au début du siècle, depuis la mission Cassini-Huygens, les scientifiques se doutaient de quelque chose après avoir détecté des composés organiques dans les geysers que relâche périodiquement Encelade, selon la position du satellite sur son orbite autour de Saturne. Mais ils étaient encore loin de se douter de l’incroyable découverte qui nous attendait, après deux ans et deux mois de voyage. Quatre-vingts ans plus tard, nous, les six astronautes de cette mission nommée Tiger One à cause des griffures en forme de marques de tigre que l’on voit sur la surface d’Encelade, sommes maintenant entrés dans l’Histoire. Oui, nous n’avons pas fini de nous griser de notre succès, ce que les chaînes de télévision terrestres brodent sur tous les tons, quasiment en permanence. Et ceci alors qu’une mission sur le satellite équivalent jovien, Europe, dix ans plus tôt, n’a rien trouvé qui soit biologiquement intéressant.


Après avoir enfin terminé de forer une couche de glace de trente kilomètres d’épaisseur, nous avons plongé dans cet océan souterrain vaste comme le lac Supérieur aux États-Unis, et il nous a suffi d’ouvrir grand nos yeux derrière les casques de nos scaphandres pour découvrir, émerveillés, des myriades d’étranges poissons dans cette eau grouillante de vie évoluant devant nos projecteurs. Des petits, des gros, des fins, des dodus, parfois aux formes étranges, voire effrayantes, tout cela sans le moindre rayon de lumière. Avec nos filets, nous en avons capturé quelques-uns vivants : sur Terre, ils feront certainement le bonheur des biologistes.


L’un d’eux est, en quelque sorte, devenu notre mascotte : aussi bizarre qu’attachant, il est tout noir, long d’une trentaine de centimètres et possède sur le « front » un appendice presque aussi gros que le reste du corps. Ce n’est sans doute pas un œil. D’ailleurs, il se cogne régulièrement aux parois de son aquarium, pour aussitôt repartir groggy dans une autre direction. Non, cet organe ressemble, d’une manière troublante, à un phallus humain. Nous avons donc appelé Priape notre spécimen dont l’aspect plutôt comique nous procure d’agréables récréations, pendant les moments de temps libre que nous laissent les travaux de maintenance de Tiger One.




Dimanche 21 février 2094


Pour fêter le cinquième anniversaire de notre départ, je me suis faite cuisinière et, devenue par obligation experte dans l’utilisation de la nourriture lyophilisée et autres surgelés du stock alimentaire, j’ai confectionné un plat à base de foie gras et de gelée. Cuisiner en impesanteur n’est pas chose facile, mais on s’y habitue. Seule Xia n’en a pas mangé, car elle est végétarienne, et s’est contentée de la garniture de pommes de terre. Et nous avons trinqué, non pas du champagne, car l’alcool est formellement interdit à bord, mais du jus de fruits qui fait l’ordinaire de notre boisson. Cela n’a pas empêché la bonne humeur d’être au rendez-vous.


Il faut dire que nous venions de croiser l’orbite de Mars, et qu’un cargo automatique de ravitaillement nous y attendait. Nous l’avions attrapé au passage, manœuvre délicate s’il en est, mais que notre pilote Xia a réussi à merveille. Nous voici donc avitaillés pour les huit mois restants de notre mission, les cales de Tiger One remplies d’eau, de vivres et du précieux gaz xénon, le carburant des puissants moteurs ioniques qui nous propulsent en direction de la Terre et de nos familles.


Cinq années de voyage dans un espace confiné, cela soude une équipe et crée des liens indestructibles. Nous sommes devenus comme une sorte de famille, où l’on s’engueule parfois, mais pour mieux se réconcilier ensuite. Je m’enorgueillis du fait qu’il n’y ait jamais eu de gros conflit, et que tous les inévitables petits différends se soient toujours réglés localement par le dialogue, sans qu’il ne fût nécessaire de recourir à l’arbitrage de la hiérarchie terrestre. En quelque sorte, je suis devenue leur maman et ils m’acceptent tous comme cela, sans doute aussi parce que je suis la plus âgée.


D’autant que l’absence de gravité crée des conditions de vie assez particulières. On s’y habitue plus ou moins rapidement, selon ses capacités d’adaptation. Les nausées, auxquelles les astronautes débutants n’échappent pas, ne durent qu’un temps. Il faut beaucoup suer sur le vélo d’appartement pour que les muscles des jambes, trop peu sollicités, ne fondent pas. Il y a aussi un traitement à base de testostérone pour lutter contre la décalcification des os – le mal le plus redoutable, qui peut rendre invalide –, mais ce sont surtout les hommes qui en prennent, parce que nous, les femmes, aurions quelques problèmes hormonaux avec les doses qu’ils prennent quotidiennement.




Lundi 22 février


Cette mission est officiellement nommée Tiger One, mais certains préfèrent l’appeler l’Arche de Noé. En effet, nous, l’équipage, sommes trois hommes et trois femmes, tous et toutes de nationalités et d’ethnies différentes : par ordre croissant d’âge, Xia, vingt-trois ans, est Chinoise mandchoue, John, le responsable scientifique, est noir sud-africain, Charles-Édouard, l’ingénieur responsable technique, est français, Cassandra, biologiste en plus d’être notre médecin, est brésilienne, l’astronaute ingénieur Igor est russe et je suis australienne d’un père polynésien, des îles Tuvalu qui ont complètement et définitivement disparu sous les eaux du Pacifique à cause du réchauffement climatique, lorsque j’étais encore une enfant. Contrairement à Noé, nous n’avons pas emmené d’animaux à notre départ de la Terre, mais nous avons par contre ramené de belles créatures rencontrées au cours de notre exploration, et nous avons eu la surprise de constater que la reproduction sexuée existe aussi avec cette étrange biologie. Nous avons même constaté l’éclosion d’œufs en alevins, dans l’aquarium, pendant le trajet !




Mardi 23 février


Ce soir, face à l’adversité, j’ai dû prendre une demi-heure de pause pour clarifier mes idées avant de commencer à écrire le compte-rendu de la journée. Le quotidien des voyages spatiaux est rempli de problèmes techniques, mais celui-là est particulièrement sérieux. Juste après avoir vidé le contenu du cargo puis l’avoir désarrimé de Tiger, nous avons probablement heurté un débris spatial d’origine humaine, sans doute lié aux premières missions martiennes habitées, il y a une cinquantaine d’années. Nous avons seulement ressenti un léger choc, presque rien, mais les alarmes se sont mises à sonner de toutes parts, provoquant un début d’affolement dans l’équipage. Quand Charles-Édouard m’a avertie de la situation, il m’a fallu respirer un bon coup avant d’en informer les autres : à cause d’une fissure dans la coque de notre vaisseau, presque toute notre réserve d’eau s’est vaporisée dans l’espace.


Ce n’est hélas pas tout : Igor, qui est un astronaute pourtant expérimenté, a tenté une sortie extravéhiculaire d’urgence pour colmater la fuite et tenter de sauver le plus d’eau possible avant qu’elle s’évapore intégralement dans l’espace. Malgré l’absence de toute préparation, je lui ai immédiatement donné mon feu vert pour intervenir, quitte à le laisser improviser.


Résultat : non seulement il n’a rien pu faire d’efficace, mais dans sa précipitation, il n’a pas vu le bras-robot manipulateur se déployer près de lui, bien trop près, mais hors de son champ de vision… Quand son regard s’est tourné, il était trop tard, et il a vu le vérin lui broyer la jambe droite. En urgence, Charles-Édouard est sorti à son tour pour le secourir.


Heureusement, sa combinaison n’a pas été perforée. Il fallait avoir le cœur bien accroché pour constater ses blessures, une fois le scaphandre délicatement retiré. Cassandra s’est penché sur les multiples fractures ouvertes du fémur et du tibia et a pu stopper l’hémorragie in extremis. Elle l’a placé en coma artificiel pour qu’il ne souffre pas. Il remarchera sans doute un jour, grâce à une prothèse de jambe, qui ressemble en tout point à une vraie, et qu’on lui posera sur la Terre. Mais en attendant, il faudra nous débrouiller sans lui.


C’est là, malheureusement, une vulnérabilité connue dans la conception de Tiger One : la réserve du précieux liquide est stockée entre les deux fines parois en alliage d’aluminium et de magnésium qui nous séparent du vide spatial. L’eau liquide est en effet un excellent rempart contre les rayonnements cosmiques venus d’une part du soleil, d’autre part du fin fond du cosmos. Ces particules, noyaux d’hydrogène et photons gamma, sont mortelles, car, extrêmement énergétiques, elles endommagent l’ADN et provoquent des cancers. Sur Terre, nous en sommes protégés grâce au champ magnétique et à l’atmosphère. Mais pour voyager plusieurs années dans l’espace, il a fallu trouver autre chose, en l’occurrence le bouclier constitué d’eau emprisonnée dans la double paroi qui nous entoure.


On ne peut pas survivre sans eau. Or, il ne nous reste du stock qu’à peine de quoi tenir deux semaines, peut-être un mois en nous rationnant sévèrement. Mais certainement pas huit mois. J’ai senti ma gorge se nouer en donnant ces informations, et dû respirer un bon coup pour ne pas fondre en larmes.


Bien sûr, chacun était effondré. Pendant deux jours et deux nuits, nous avons gardé le silence, et je me demandais avec inquiétude qui perdrait en premier la maîtrise de ses nerfs. Puis, nous nous sommes réunis à nouveau, pour faire le point sur la situation. À ce moment-là, John a émis une proposition qui nous a d’abord laissés tous pantois :



Chacun savait bien, sans qu’il soit nécessaire de recourir à trop d’explications, en quoi il est dangereux de boire cette eau. Le fait qu’elle soit contaminée par des bactéries ne fait aucun doute : on peut facilement les observer au microscope. Ces organismes vivants ressemblent assez peu à ceux que l’on peut trouver sur la Terre, tant par leur morphologie que par leur métabolisme. Bien que fasciné par cette biologie nouvelle, John a d’ailleurs été obligé de se restreindre dans ses passionnantes recherches, faute de disposer du matériel adéquat pour les étudier. Et, sur mon ordre, il a dû s’entourer d’un luxe de précautions : combinaison étanche, boîte à gants, etc. Tout cela pour éviter tout risque de contamination par cette eau qu’il nous propose maintenant, tout simplement, de boire !





Jeudi 25 février


Après quarante-huit heures de délicat travail d’assemblage, la colonne de distillation est enfin prête. Il faut la mettre en rotation autour d’un axe pour recréer la gravité qui manque. L’eau qui nous abreuvera ces huit prochains mois tombe goutte à goutte, puis en un mince filet emplissant peu à peu un réservoir. Heureusement, la réserve d’eau d’Encelade est suffisante pour tenir jusqu’à la Terre. Il faut soigneusement vérifier ce breuvage au microscope avant de le consommer, ce que nous nous empressons de faire : aucune trace de vie à signaler, l’eau est bien stérilisée.


Reste qu’il peut quand même y avoir des composés dangereux. En tant que commandante de bord, je goûte cette eau en premier. Tout va bien, elle désaltère et son léger goût, indéfinissable, n’est pas du tout désagréable. C’est un soulagement.


Les scientifiques qui, sur la Terre, attendent avec impatience leurs échantillons devront se contenter de quantités moins importantes que prévu. Mais il leur en restera. Et une nouvelle mission, déjà décidée et plus ambitieuse, leur en apportera d’autres.




Vendredi 26 février


La situation s’améliore : après six heures de sortie dans l’espace, John est enfin parvenu à colmater la brèche dans la coque. Une fois cela réalisé, le stock d’eau d’Encelade est suffisant pour remplir le bouclier qui nous protège des rayons cosmiques, sans même qu’il soit nécessaire de sacrifier les poissons en vidant l’aquarium.


Le bilan que j’ai envoyé au contrôle de la mission, sur la Terre, se veut donc rassurant : notre frayeur a été grande, mais la situation est maintenant sous contrôle. Il reste qu’en buvant de cette eau, nous allons vers l’inconnu… nous verrons bien !




Samedi 27 février


Je crois que les premiers effets de l’eau d’Encelade commencent à se faire sentir. Discrètement prévenue par John, j’ai surpris Charles-Édouard en train de se masturber dans la cabine qu’ils partagent, en visionnant un film pornographique. Certes, ce n’est pas interdit. Je ne suis pas là pour faire la morale, mais je me suis quand même demandé comment il a pu le télécharger alors que nous n’avons pas d’accès direct à Internet depuis Tiger One. Le délai de propagation du signal, à cause de la distance avec la Terre qui est de vingt minutes-lumière, rendrait la navigation très peu pratique et consommerait trop d’énergie. Non : c’est sa femme qui lui a transmis cette vidéo, sur sa demande.


Libre à eux d’utiliser leur quota d’échange hebdomadaire pour cet usage, mais cela ne cadre pas avec le personnage. Charles-Édouard est un brillant ingénieur français qui a fait Polytechnique et l’université de Berkeley, et il est issu d’une famille catholique bourgeoise où l’on n’ose même pas employer une expression familière dans une discussion. Au cours de notre période d’instruction, j’ai constaté qu’il vouvoie même ses parents au téléphone. Quand nous parlons en français tous les deux – il se trouve que je parle couramment cette langue, car ma mère est française et j’ai grandi en Bretagne – il a toujours un langage soutenu et n’emploie jamais la moindre expression familière. Or, il m’a dit :



J’en en effet constaté que le porno qu’il regardait n’avait rien, mais absolument rien, d’artistique. Gros plans sur les organes génitaux réjouis, aucun scénario, les filles simulent manifestement leurs orgasmes à grands cris pas réalistes du tout, sont maquillées à outrance et, au final, ne sont même pas jolies. Il ne faut vraiment pas être délicat pour aimer ce genre de scènes.


Pour ce faire, il était complètement nu. Le fait que je l’aie surpris l’a mis en colère, mais le règlement de bord stipule qu’en tant que commandante, j’ai le droit d’aller partout dans ce vaisseau, y compris dans les cabines des astronautes. Puis il s’est jeté sur moi et a tenté de me violer. Heureusement, je sais me défendre. Se battre en l’absence de gravité contre un homme nu a quelque chose de spécial ; c’est une action à laquelle je n’étais pas préparée. Cependant, il est plutôt fluet, et je suis robuste avec mes soixante-quinze kilos sur la bascule. Ce n’est que lorsque je lui ai bloqué les poignets derrière son dos qu’il s’est enfin calmé.


Cassandra m’a apporté de la corde pour l’attacher autour de sa taille contre un tuyau courant le long de la paroi, puis nous l’avons laissé se masturber pour qu’il s’apaise. Cela a pris du temps : au début, il éjaculait, mais ne débandait pas et il lui a fallu s’y reprendre à trois fois. Pendant ce temps, il nous injuriait en français et en anglais, en des termes tellement grossiers que je n’ose les retranscrire dans ce journal. Cassandra possède quelques notions qu’elle a apprises à l’université et cela la faisait rire. Pas moi, non que je sois pudibonde, mais j’ai la responsabilité de l’équipage.


En tant que commandante, j’ai le devoir d’assurer la discipline à bord et la possibilité de mettre un membre de l’équipage aux fers, enfermé à l’isolement, si besoin et aussi longtemps que je l’estime nécessaire. Quand on m’a expliqué cela à l’instruction, j’ai rigolé, et cru que je n’aurais jamais à prendre cette décision. Me voilà donc obligée de jouer au capitaine Bligh dans Les Révoltés du Bounty. Car ce que je veux éviter à tout prix, c’est qu’il récidive sur une autre femme de l’équipage qui saura moins bien se défendre, et commette l’impardonnable. Cassandra lui a injecté un sédatif, et il s’est endormi.




Dimanche 28 février


J’ai pris le tour de quart pendant que les autres dormaient. Depuis l’accident d’Igor, cette corvée revient plus souvent, évidemment. Puis je suis allée voir Charles-Édouard dans la petite pièce d’isolement où il était enfermé, attaché aux poignets par des chaînes. Il était réveillé, et quand il m’a vue, il a pleuré et s’est confondu en excuses pour son comportement. Bien sûr, je lui ai tout pardonné, mais je lui ai dit que je voulais comprendre pourquoi il avait perdu les pédales à ce point. Confiante, je l’ai libéré de ses entraves et nous avons discuté en français.


Il m’a dit qu’il avait ressenti comme une boule de feu dans son bas-ventre, accompagné de voix qui lui ordonnaient de baiser à tout prix, avec n’importe qui. Ensuite, il ne se souvient plus très bien. Il a échangé quelques courriers électroniques avec sa femme, et celle-ci, bien que surprise, lui a envoyé une vidéo qu’il a lui-même qualifiée de « très cochonne ». Cela correspondait exactement à ce qu’il voulait : pas de sentiments, juste du sexe, à outrance. Pour la suite, selon son témoignage, tout se noie dans un brouillard épais fait de fantasmes inassouvis et de pulsions incontrôlables. Je l’ai pris dans mes bras pour lui apporter le réconfort que je pouvais.


Au sujet de cette vidéo, je ne lui ai rien dit, mais je me dois, afin d’être honnête, de relater ce que j’ai fait pendant ma période de quart, alors que j’étais censée surveiller les paramètres de fonctionnement de Tiger One. Je n’en suis pas très fière, et sans doute devrais-je expurger ces paragraphes de mon journal de bord.


J’ai récupéré ce fameux fichier sur le réseau local et l’ai visionné sur un écran de la salle de contrôle. Pendant que je regardais les images obscènes qui m’inspiraient d’étranges sentiments, j’ai glissé ma main sous mon pantalon. Oui, je me suis caressée, durant plus d’une heure, ce qui ne m’était pas arrivé depuis mon adolescence.


Et pour cause : à l’âge de seize ans, les médecins m’ont diagnostiqué un cancer des ovaires avec des métastases un peu partout dans l’abdomen, notamment à l’utérus et au foie. J’ai subi des opérations chirurgicales et une chimiothérapie extrêmement agressive suivie d’une thérapie génique. Grâce à quoi, je m’en suis sortie. Mais j’ai perdu toute sensation sexuelle, et ne pourrai sans doute jamais avoir d’enfants, sans qu’il y ait de cause purement organique visible à l’IRM. Pendant trois ans, avec mon compagnon, nous avons quand même essayé, sans résultat. Il voulait vraiment laisser une descendance, alors, la mort dans l’âme, parce que je l’aimais, je lui ai suggéré qu’on se sépare et qu’il se trouve une autre femme qui pourra satisfaire son désir, ce qu’il a accepté. Pour ne pas sombrer dans le désespoir, je me suis jetée à corps perdu dans le travail, jour et nuit, ce qui m’a menée à obtenir la responsabilité de cette mission extraordinaire que des milliers de gens convoitaient.


Sur Tiger One, afin de ne pas perturber notre horloge interne, nous reproduisons le cycle circadien terrestre de vingt-quatre heures en modulant l’éclairage, blanc et intense le jour, rouge et modéré la nuit, intermédiaire à l’aube et au crépuscule.


Cette nuit donc, faiblement éclairée par la lampe carmine du poste de surveillance de l’environnement de bord, j’ai retrouvé des sensations que je croyais oubliées depuis trente ans, quand adolescente j’avais du plaisir à chatouiller du bout des doigts mon clitoris dans le secret de ma chambre. Instinctivement, j’ai retrouvé ce geste de l’index et mon petit organe des voluptés, que je croyais mort depuis longtemps, a repris soudain vie ! Je n’ai pas osé poursuivre jusqu’à l’orgasme, mais j’ai ressenti comme un feu qui reprenait, une fièvre, non pas pénible comme avec la grippe, mais agréable et douce !


Et puis j’étais si troublée par ces images devant lesquelles j’avais surpris Charles-Édouard que j’en oubliais de surveiller les indicateurs, du cap à la température des propulseurs, au risque de laisser s’endommager Tiger One. Alors que je suis la commandante de la mission ! Les filles nues aux cuisses largement écartées, les hommes aux verges immenses et bandées, ces actrices et ces acteurs ruisselant de stupre, devant tout cela j’aurais haussé les épaules quelques jours auparavant, mais cette nuit, j’y trouvais une incroyable excitation. Comme si je me trouvais au cœur de la scène, comme si c’était moi qui étais pénétrée par tous les orifices en poussant de drôles de petits gloussements de joie !


John, qui était sorti de sa cabine pour satisfaire un besoin naturel, m’a surprise à ce moment-là. J’ai sursauté, me sentant vaguement honteuse, comme une petite fille prise en flagrant délit d’un geste indigne. Pourtant, je n’ai rien fait pour me cacher et il ne m’a fait aucun reproche. Il ne s’est même pas étonné de me voir ainsi. Au contraire : j’ai constaté qu’il bandait autant que les acteurs du film. Sans se démonter, il m’a demandé la permission de regarder le film tout en se masturbant. Comment aurais-je pu lui refuser ce que je m’accordais à moi-même ?


Son grand corps noir de Sud-Africain dans la force de l’âge m’est apparu dans toute sa virilité, sans le pyjama qu’il a retiré. Lui qui est d’ordinaire assez réservé, le voir dans une telle impudeur m’a sidérée. J’ai trouvé magnifique sa verge imbibée de rosée de désir, longue, fine, courbée en arc de cercle, le gland rosé orné d’une grosse veine saillante. J’ai pris dans ma main cet organe brûlant, palpitant de désir. Puis il s’est empoigné tout seul : je me suis contentée de le regarder à quelques centimètres de distance. Il devait ressentir mon souffle sur son sexe. Cette puissante odeur de fauve m’a plu. Le sperme a giclé brusquement de son gland pour former une petite sphère qui flottait entre nous deux. Là encore, je ne sais pas ce qui m’a pris : j’ai ouvert en grand ma bouche et gobé la semence, intégralement. C’était chaud, salé et un peu âcre. Pas plus dégoûtant que l’eau d’Encelade, en définitive. En nous chuchotant à l’oreille, nous avons tous les deux convenu de garder cet épisode secret.




Mardi 2 mars


À voir les têtes de mes compagnons de voyage, les troubles du sommeil sont devenus notre lot à tous. Pour nous soigner, Cassandra nous a distribué des infusions à base de plantes, à prendre dans de l’eau bouillante, celle qui est sans doute la cause de notre trouble… Sur les effets autres que l’insomnie, une sorte de tabou s’est installé. Mais je n’ai aucun doute sur le fait que chacun de nous est atteint par la fièvre sexuelle, même si nous n’osons rien dire.


J’ai fait libérer Charles-Édouard, en échange de la promesse qu’il ne violera personne. J’ai eu beau le rassurer sur le fait que je lui garde toute ma confiance, il n’ose plus croiser mon regard, ni celui des autres. Il lui faudra du temps pour se remettre de cet épisode. Être confronté à cette situation tout en ayant reçu une éducation stricte est sans doute, pour lui, une épreuve plus difficile à surmonter que pour nous autres.


Je lui ai dit, en privé, que s’il se produisait encore qu’il ne parvienne plus à maîtriser ses pulsions, qu’il vienne discrètement me voir dans ma cabine (puisqu’en tant que commandante, j’ai le privilège d’en disposer une pour moi seule). Et je m’occuperai de lui. Avec sans doute un brin d’hypocrisie, je lui ai laissé croire que c’était une façon de sacrifier ma vertu afin de sauvegarder la mission, mais en réalité, dans les profondeurs de mon ventre qui s’est miraculeusement réveillé, je n’attends que cela. Je n’étais pas encore prête pour l’avouer explicitement ; cependant mes yeux devaient briller et parler pour moi. Alors, je le guette dans l’encadrement de la porte.




Mercredi 3 mars


Charles-Édouard n’aura pas attendu longtemps avant de donner suite à ma proposition : il est venu en début de nuit se glisser dans ma couchette, et nous avons fait l’amour, comme on dit tout simplement d’un couple établi. Nous n’avions pas de préservatifs, car les relations sexuelles sont interdites au cours des missions spatiales, mais tant pis. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de contraception, et quant aux maladies… ce n’est qu’un risque plus à courir, parmi tant d’autres !


Bien qu’ayant peu d’expérience à ce niveau, je ne crois pas avoir déjà connu d’homme possédant une telle envie de copuler ni une telle capacité à éjaculer, bander encore, répandre de nouveau son sperme, et ainsi de suite pendant des heures, infatigablement, la plupart du temps dans la totale obscurité. Un vrai satyre qui m’a successivement prise par mes trois orifices, y laissant à chaque de fois un peu de son nectar d’homme, avant de repartir à l’assaut sans nous accorder la moindre pause.


Une fois sortis de mon sac de couchage qui nous maintenait en place, mais dans lequel nous avions trop chaud, serrés l’un contre l’autre, nos corps évoluaient au hasard dans les trois dimensions, et parfois il nous arrivait de nous cogner contre les murs, pour rebondir dans l’autre direction, aveugles comme Priape dans son aquarium. Nous avons expérimenté toutes les positions imaginables, dont la plupart sont pratiquement impossibles sur la Terre, dans des conditions gravitationnelles normales, à moins d’être des acrobates du sexe. Nous n’avons pas dormi une seule minute, bien qu’à certains moments, nous baisions avec lenteur et régularité, comme des somnambules, comme des automates à ressorts, et je me demandais si je vivais un rêve, ou bien si j’étais déjà morte et montée au paradis lubrique des astronautes égarés dans la luxure au fin fond du système solaire, ou si c’était la réalité.


Au milieu de la nuit, nous avons eu soif et nous avons encore bu à la gourde de cette eau du désir qui rend fou. Quand j’ai allumé ma lampe, j’ai vu que ses yeux noirs étaient injectés de sang. Les miens aussi, dans le petit miroir. Cet aspect sauvage m’a effrayée. Je ne me suis pas reconnue. Sous ma chevelure ébouriffée, mon regard avait quelque chose d’inhumain, comme une panthère, ou un serpent. Une fois désaltéré, il a plongé sa tête entre mes cuisses et il m’a sucé le clitoris pendant que je buvais. Chaque gorgée du liquide était accompagnée d’une vague de volupté, et la dernière celle de l’orgasme. À ce moment-là, j’ai décidé de lâcher prise. Lui et moi formons un drôle de couple. Je me souviens avoir joui d’innombrables fois, à faire brûler mon ventre. J’ai dû crier à plusieurs reprises ; les autres doivent se poser des questions. Ou bien vivre la même chose. Il nous a fallu un effort surhumain pour finalement nous rhabiller et aller rejoindre les autres pour le petit déjeuner. Ils n’ont fait aucun commentaire sur nos mines défaites et les leurs ne valaient pas mieux – sauf l’innocente Xia, fraîche comme une rose matinale. Les regards échangés entre John et Cassandra en disaient long.




Jeudi 4 mars


La journée d’hier a été calme, pour une fois. J’ai demandé à Xia de me remplacer pour le premier quart de nuit que je devais normalement effectuer, car je n’en pouvais plus et avais grand besoin de dormir. Je me suis couchée en espérant que le bouillant Charles-Édouard ne viendrait pas. Enfin, s’il était venu, je l’aurais accueilli dans ma cabine pour passer un moment câlin avec lui ; pas toute la nuit, si possible. J’étais très fatiguée et ne savais plus très bien où j’en étais. Toujours est-il que j’ai dû me masturber dans l’espoir de trouver le sommeil et qu’à l’aide de mes simples doigts, j’ai découvert des orgasmes d’une intensité que je ne croyais pas possibles avant. Et dire qu’avant, j’étais frigide. Plus maintenant, grâce à l’extraordinaire pouvoir de l’eau d’Encelade.


J’ai entendu gémir de l’autre côté de la porte, et reconnu la voix très grave de John, et celle, haut perchée, de Cassandra qui semblait presque chanter sous l’effet de la volupté. Cela a duré longtemps. Ils ont mis une incroyable frénésie dans leur étreinte. Bercée par leur chant d’amour, je me suis endormie, plongée dans des rêves érotiques, puis réveillée par un hurlement de joie. Charles-Édouard s’est-il joint à ce couple ? C’est ce qu’il m’a semblé. En tout cas, il y avait beaucoup d’agitation dans la cabine d’en face. Pourquoi n’est-il pas venu glisser sa jolie mentule dans mon fourreau ?




Vendredi 5 mars


Au matin, j’ai été réveillé par des cris venant de la salle commune, où nous prenons nos repas ensemble. C’était la voix aiguë de Xia. Je me suis rapidement habillée pour voir ce qu’il en était.


Notre jeune pilote chinoise était nue et gardait les yeux baissés, comme anéantie de honte, et ne voulait croiser le regard de personne. Les autres étaient là également, gênés et silencieux. Charles-Édouard était blessé au bras et Cassandra était occupée à le recoudre. Il y avait du sang répandu un peu partout sur les murs. Je lui ai demandé de me raconter ce qu’il s’était passé, en essayant de mettre dans ma voix plus de douceur que d’autorité. Elle a juste dit :



Puis, se tournant vers moi pour me parler dans sa langue maternelle, tout en grimaçant à cause des soins que notre médecin lui prodiguait :



Loin de moi l’idée de la punir, je l’ai au contraire prise dans mes bras pour la consoler.



J’ai dit cela parce que pendant ce temps, John et Cassandra avaient retiré leurs vêtements et étaient en train de copuler devant nous autres, tout simplement. Ils se sont excusés en disant qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher. Je les crois volontiers. Moi-même avais le bas-ventre en feu… et l’ai toujours !


Dans la soirée, nous avons convenu ne nous limiter au maximum sur la quantité d’eau que nous buvons, afin de ne pas exagérer les effets aphrodisiaques que nous ressentons. Cette décision a été mise au vote et a emporté l’unanimité ; bien qu’à l’isolement, Xia a pu voter aussi. Sans aller jusqu’à nous laisser déshydrater, nous allons donc connaître la soif afin de conserver un minimum de lucidité.




Samedi 6 mars


John nous a appelés pour nous montrer ce qu’il a découvert avec l’eau d’Encelade. Dans son labo où traîne en permanence un fouillis de notes griffonnées à la hâte en compagnie de différents matériels électroniques flottant au hasard, il est parvenu à monter tout seul un assemblage imposant de verrerie, sans la moindre gravité. Chapeau. Il nous a résumé son travail :



« Qu’on ne s’y trompe pas : malgré tout ce qu’on a pu écrire sur cette expérience, ils n’ont pas fabriqué de la vie en laboratoire, mais seulement certains de ses constituants élémentaires. Auraient-ils pu créer des bactéries à partir de matière inanimée s’ils avaient poursuivi plus longtemps ? On ne le sait pas. La conclusion de l’époque était qu’il aurait peut-être fallu des siècles, ou des millions d’années, ou peut-être que c’est impossible, car la vie ne surgit pas spontanément.


« J’ai refait leur expérience en utilisant de l’eau distillée d’Encelade. Je dis bien : distillée. Au départ, elle est donc stérile. Puis je l’ai ajoutée dans le circuit. Regardez ce que j’ai obtenu après seulement vingt-quatre heures. »


Il a prélevé une goutte d’eau qui était devenue rose, l’a placée entre lame et lamelle, et nous avons regardé dans l’objectif de microscope : c’était grouillant de bactéries de toutes formes.





Dimanche 7 mars


Dès le matin, je suis allée rendre visite à Xia, dans la petite pièce où elle restait enchaînée, pour vérifier qu’elle allait bien. Je n’avais aucune envie que cette situation se prolonge, d’autant que nous avons besoin d’elle et qu’elle n’est nullement responsable de la situation.


Elle m’a longuement parlé de son fiancé qui l’attend avec impatience dans son pays natal, et se voit mal lui expliquer ce qu’il s’est passé. Pour se punir d’avoir mangé Priape et aussi être plus présentable au moment du mariage avec son aimé, elle veut que Cassandra lui reconstruise l’hymen sans anesthésie et devant tout le monde. Je lui ai répondu qu’il est hors de question de pratiquer un tel châtiment et que si elle le désire, elle aura tout le temps de demander cette intervention une fois de retour sur Terre. D’ailleurs, j’ai essayé de lui expliquer qu’elle n’a commis aucun crime : ce n’était qu’un poisson, pas un être humain.


Elle a toujours vécu chastement et ne comprend pas ces sensations qu’elle éprouve depuis quelques jours. Cela lui fait très peur. Elle a voulu tenter une expérience : vivre enchaînée quelques jours, sans aucune sexualité, pas même masturbatoire, tout en consommant l’eau d’Encelade.


Si j’ai commis une erreur d’appréciation au cours de ce voyage, c’est bien à ce moment-là. Car j’ai accepté sa proposition, en lui promettant d’aller la voir souvent, et que Cassandra viendrait l’examiner tous les jours.




Lundi 8 mars


C’est aujourd’hui que j’ai découvert ma bisexualité. À l’âge de quarante-trois ans, il était temps.

Cassandra m’a demandé de la suivre dans l’atelier et m’a montré l’objet de sa création : elle a elle-même fabriqué un vibromasseur, grâce à un moteur de récupération et à l’imprimante 3D pour la coque en plastique. Puis elle s’est déshabillée, me montrant son joli corps ambré de Brésilienne, et m’a invitée à l’imiter afin de partager son nouveau jouet.


Elle m’a dit qu’elle me désirait depuis longtemps, avant même que nous quittions la Terre, et qu’elle ne perdait jamais une occasion de me regarder nue, lorsque nous prenions ensemble notre douche, après le sport – nous nous sommes connues à l’université et faisons partie de la même équipe féminine de volley. En particulier, elle est très fière des bijoux en inox qui brillent sous la lumière des néons et transpercent les aréoles de ses seins, sur tout leur pourtour, imitant la corolle d’une fleur argentée dont le centre, le téton, est d’un rouge écarlate qui contraste magnifiquement. Ils tintent lorsqu’elle remue ses mamelons dans le but de m’exciter. Cassandra me laisse regarder de près ses décorations mammaires qui m’avaient toujours intriguée.


J’ai cédé à son désir. Sans même réfléchir une seule seconde, cela m’a paru une évidence. J’ai eu envie d’elle, et lui ai pris la main. Elle m’a souri, puis embrassé sur la bouche.

Elle s’est masturbée devant moi, avec son vibromasseur qu’elle m’a ensuite prêté. Plaqué contre le clitoris, il procure des orgasmes rapides et puissants, mais il leur manque quelque chose : la tendresse. Un jouet sexuel peut être coquin, mais pas câlin comme seule peut l’être une personne humaine.


Alors elle m’a invitée à m’allonger sur sa table d’examen et m’a attachée pour ne pas que je m’envole, à cause de l’impesanteur. Je me suis laissé faire, curieuse de ce qu’il allait m’arriver. Mes chevilles se sont retrouvées liées de telle manière que mes cuisses restaient largement écartées. Cassandra a généreusement arrosé ses doigts de lubrifiant, puis glissé son index et son majeur réunis dans mon vagin, en actionnant le vibromasseur de l’autre main à l’endroit qui procure du plaisir.


Des vagues de volupté jusque-là inconnues se sont succédé, de plus en plus hautes. Je suis restée fixée par des liens, mais si je me suis envolée, c’est sexuellement. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier. John et Charles-Édouard sont accourus, craignant tout d’abord un problème, puis ont assisté à la scène. Me donner ainsi en spectacle devant les hommes de mon équipage aurait normalement dû me procurer de la honte ; au contraire, j’ai ressenti une étrange excitation. Au début, j’essayais de jouir avec une certaine retenue, cherchant à garder un minimum de contrôle sur moi-même. Mais rapidement, cela s’est avéré impossible. J’ai cru devenir folle. C’était comme si les milliers d’orgasmes dont j’avais été privée en trente ans sortaient de moi en une seule fois.


Puis Cassandra m’a offert un cunnilinctus – c’était lent, doux et absolument divin – et a présenté sa petite chatte humide devant mes lèvres pour que je fasse la même chose. Elle volait au-dessus de mon corps, tout contre moi, en se positionnant au millimètre près, comme en lévitation. Au début, je ne savais pas m’y prendre. Elle m’a montré, en écartant entre ses doigts ses petites lèvres papillon, car elle avait envie que je lèche aussi l’entrée de son vagin à l’intérieur duquel entrait ma langue. J’ai beaucoup aimé son odeur intime. Il me semble la sentir encore. En jouissant, elle a eu une impressionnante éjaculation féminine. Je ne savais pas qu’on pouvait répandre autant de mouille qui est allée, comme tout liquide non enfermé, s’agglomérer en une sphère qui se promenait au gré des mouvements de l’air. J’en ai avalé une partie. C’était bon, j’avais soif et j’en voulais encore, alors nous avons recommencé.


Pendant ce temps, les hommes bandaient, bien sûr. Ils n’attendaient que ma permission pour venir me prendre. Dès que je leur ai dit « venez », ils se sont jetés sur moi : des tigres affamés. John m’a pénétrée tandis que Charles-Édouard a voulu une fellation. Ils ont déchargé presque en même temps. J’ai avalé la semence, car j’avais encore soif. Se restreindre sur la quantité d’eau provoque de tels désirs.


Ensuite, ils m’ont détachée pour me lier à nouveau, mais sur le ventre, les cuisses toujours écartées et les fesses relevées. Ils m’ont sodomisée, chacun leur tour, en s’agrippant fermement à mes globes charnus. J’ai découvert que j’aime bien avoir la petite rosette anale distendue par le phallus, surtout au moment où celui-ci entre et sort, lentement et bien lubrifié. C’est à cet endroit-là, pour eux serré à souhait, qu’ils ont l’un et l’autre abandonné leur semence en poussant des râles d’agonisants. Pendant ce temps, Cassandra me caressait les seins, puis a plaqué le vibromasseur sur mon clitoris, ce qui m’a rapidement fait atteindre le septième ciel. Elle a pris des boules de geisha qu’elle avait également fabriquées avec l’imprimante 3D, et les a enfoncées dans mon vagin. Ces deux sphères vibraient et je suis entrée dans une sorte de transe qui m’a fait hurler sans que je puisse m’arrêter.


Cassandra m’a délivrée pour une nouvelle étreinte, saphique cette fois et sans l’aide d’aucun matériel. Suspendues dans les airs, nous nous enlacions tendrement, chatte contre chatte, frotti-frotta, câlines, félines, libertines, délivrées de toute contrainte. Les hommes pouvaient nous regarder librement, ils en ont d’ailleurs profité dans un premier temps, puis ils se sont sucés entre eux dans la position du soixante-neuf ; et nous les avons imités. Cette manière de s’unir est parfaite en l’absence de gravitation, car les bras et les mains sont libres de se promener partout sans restriction, alors qu’il paraît que sur Terre, c’est plus compliqué… en fait, je ne sais pas, car pour moi, c’était la première fois.




Mardi 9 mars


Cela fait quarante-huit heures que Xia vit enchaînée nue dans la cellule d’isolement, sans aucune sexualité, alors que nous quatre baisons frénétiquement. Quand je suis venue la voir, elle n’avait pas l’air en grande forme. Cassandra est inquiète : sa tension a chuté à un niveau préoccupant, et elle ne se nourrit plus. Par contre, elle boit à sa soif, alors que dans ce domaine, nous nous limitons autant qu’il est possible. Toute sa peau est en feu et elle réagit violemment au moindre contact sur n’importe quelle partie du corps, comme poser ma main sur sa joue pour la réconforter. Je me demande s’il est prudent de poursuivre l’expérience, mais elle-même y tient absolument. Alors, continuons.




Mercredi 10 mars


Dans la nuit, Xia s’est évanouie. Elle est tombée dans une sorte de coma d’où Cassandra est parvenue à l’extraire avec difficultés, à l’aide non pas d’instruments médicaux, mais de son vibromasseur ! J’étais là à son réveil et j’ai poussé un soupir de soulagement lorsqu’elle a ouvert les yeux. Elle était littéralement torturée par le désir sexuel et si nous lui avions imposé ne serait-ce qu’un jour de plus d’abstinence, elle aurait pu y laisser sa vie. Il fallait qu’elle ait une volonté de fer pour tenir si longtemps. Masochisme issu d’un fantasme inavoué, volonté de se punir pour avoir occis Priape, ou désir d’aller jusqu’au bout d’elle-même ? Sans doute un peu des trois.


En tout cas, fin immédiate et définitive de l’expérience. Je lui ai demandé avec qui elle voulait copuler en priorité. Elle m’a dit : « Vous tous ! ». John et Charles-Édouard, qui bandaient comme des taureaux, ne se le sont pas fait dire deux fois et l’ont aussitôt prise en double pénétration. Elle a joui avec une telle intensité que nous nous sommes demandé si elle allait survivre. Son rythme cardiaque a dépassé les 200 pendant l’acte – Cassandra l’auscultait. Heureusement, elle est jeune et a le cœur solide. Puis j’ai pris le relais, et notre médecin aussi, en un joyeux trio lesbien. Xia aime bien les femmes. Cela tombe bien : moi aussi.




Vendredi 19 mars


Cassandra n’a plus une goutte d’eau « normale » à donner à Igor pour sa perfusion. Vu l’état de sa jambe, il n’est pour autant pas question de le réveiller. Avec le nectar d’Encelade directement injecté dans ses veines, advienne que pourra…




Dimanche 21 mars


C’est aujourd’hui le printemps sur une moitié de la Terre, l’automne sur l’autre part, dont mon pays. Il était temps que je me préoccupe de connaître la raison pour laquelle mes règles ont deux semaines de retard. Cassandra m’a fait une prise de sang et sa réponse n’a pas tardé : je suis enceinte. Vivre une grossesse dans l’espace sera une première dans l’histoire des femmes, même si l’accouchement devrait avoir lieu sur Terre, sauf prématurité. C’est un risque, bien sûr, car nos moyens médicaux de bord sont très faibles et les rayonnements environnants sont dangereux pour l’embryon que j’abrite en moi. Mais je ressens surtout une très grande joie de pouvoir enfanter après trente ans d’infertilité. Même si je ne sais pas qui est le père, de Charles-Édouard ou de John. Pour moi, cela n’a pas une très grande importance. Pour eux, si, bien sûr, mais nous aurons le temps de penser à cette question lorsque nous serons rentrés de ce fabuleux voyage. Un test génétique aura tôt fait de trancher.


Un autre événement extraordinaire est venu nous bouleverser : Igor s’est réveillé de son long sommeil artificiel, a lui-même ôté l’aiguille de sa perfusion, puis est venu nous rejoindre dans la salle commune ! Sa jambe était rétablie, inexplicablement. Il bandait et s’est uni à moi, puis à Xia, puis à Cassandra qui a quand même pris le temps de l’examiner, sidérée par cette guérison miraculeuse. Pour ma part, comme je vis sur un petit nuage rose, je ne m’étonne plus de rien et accueille avec ce miracle notre ancien blessé dans mes bras en lui souriant. Il sent l’éther et le pansement et il a beaucoup maigri. Mais il n’en est pas moins un amant fougueux.




Mardi 23 mars


Nous avons appris aujourd’hui que Xia aussi est enceinte, et si Cassandra ne l’est pas, c’est parce qu’elle porte un implant contraceptif dans son bras.


Charles-Édouard est persuadé qu’il est le père de mon enfant et veut divorcer, sitôt rentré sur Terre, pour l’élever avec moi. Il veut aussi acheter une grande maison dans laquelle nous nous installerions tous les six. Je ne sais que penser de cette proposition qui me paraît insensée. Mais il est très amoureux et je ne le repousse pas, à telle enseigne que nous faisons désormais couchette commune.


Il est vrai que nous serons rentrés sur Terre dans sept mois et que la perspective de nous séparer après toutes ces années passées ensemble dans un espace confiné ne me paraît plus si lointaine et me semble déchirante. D’un autre côté, il y aura la période de quarantaine qui sera sans doute assez longue, en fonction des analyses. Alors après tout, pourquoi ne pas la passer ensemble dans un endroit isolé, mais confortable, grâce à nos primes de mission ? Enfin, nous avons encore du temps pour y réfléchir.




Mercredi 24 mars


Ce n’est pas seulement l’ivresse sexuelle que nous recherchons dans nos incroyables parties fines à six, mais aussi l’ivresse tout court ! John, notre bricoleur de génie, a utilisé les fruits surgelés issus des serres martiennes avec la colonne à distiller initialement prévue pour l’eau d’Encelade pour se faire bouilleur de cru. Le résultat est une mixture qui a plutôt bon goût et qui doit titrer à quarante degrés d’alcool, au moins.


Ce qui m’inquiète, c’est que nous surveillons de moins en moins notre environnement spatial, en plus de la constatation que le ménage n’est depuis longtemps plus fait sur Tiger One. Nous vivons dans la crasse et flottons parmi les détritus. Nous avons oublié l’existence même de vêtements et passons presque tout notre temps dans des orgies qui n’en finissent pas. Comme les autres, je sens le stupre à plein nez, car je ne suis pas dernière à forniquer.




Mercredi 31 mars


Lorsque Xia a regardé l’écran de contrôle, ses yeux se sont écarquillés. Elle m’a demandé de la rejoindre et nous avons constaté que nous allions traverser, dans l’heure suivante, un nuage de blocs de glace, probablement issus d’une comète qui s’est désagrégée lors de son passage au plus près du soleil.


Tiger One peut se faufiler entre ces obstacles qui se dirigent dans notre direction avec une vitesse relative de cent cinquante kilomètres par seconde. À cette vitesse, au moindre contact, nous sommes pulvérisés.


Sans perdre de temps, Xia s’est assise sans le fauteuil de pilotage et a coiffé le casque de vision intégrale lui permettant de voir autour d’elle comme si les parois de notre vaisseau étaient transparentes. En un éclair, elle a retrouvé sa lucidité – alors qu’elle était passablement ivre du breuvage de John – et je lui ai donné toute latitude pour engager les manœuvres qu’elle a jugées nécessaires. Si nous avions anticipé cette situation un peu plus tôt, c’est-à-dire si nous avions fait notre travail sérieusement, l’opération de contournement aurait été moins dangereuse. Elle a engagé les gaz à fond et pesé sur les commandes au maximum de la maniabilité de Tiger One. Sur l’écran radar, nous pouvions voir les blocs de glace nous frôler à moins de cinquante mètres.


Elle s’en est brillamment sortie. Si cela n’avait pas été le cas, je n’aurais pas été là pour l’écrire. Cela aurait été mieux comme ça : si notre vaisseau à six cents milliards de dollars américains n’avait été qu’endommagé, entre la partouze et la beuverie qu’il n’aurait plus été possible de dissimuler, le conseil de discipline ne m’aurait pas épargné : malgré nos découvertes, blâme et dégradation auraient sans doute été mon sort !




Jeudi 15 avril


Le conseil de discipline n’aura pas le loisir de me reprocher quoi que ce soit, car nous ne rentrerons jamais sur la Terre et ne reverrons pas nos familles.

La raison, absurde convenons-en, est qu’après l’exploit de Xia pour éviter de heurter les blocs de glace, nous avons oublié d’engager à nouveau le pilote automatique en réduisant la poussée des réacteurs ioniques au niveau de croisière. Je dis bien NOUS et en particulier JE pour ne pas jeter la pierre à la pauvre Xia, qui est effondrée et se sent terriblement coupable de cette erreur, qui pourtant ne lui incombe pas plus qu’aux autres. Elle a ressenti le poids de cette faute d’une manière si violente qu’elle voulait se jeter dans l’espace sans scaphandre. Heureusement, nous sommes parvenus à l’en empêcher.


La réserve de carburant xénon est très faible et nous allons trop vite pour pouvoir freiner suffisamment, lorsque nous atteindrons la Terre dans un délai ramené à quatre mois. Il nous reste quatre options que j’ai énumérées devant mon équipage de la manière suivante :


1 : Atteindre la Terre sans être capables de ralentir d’une manière suffisante et nous y écraser. Tiger One est trop gros pour brûler entièrement dans l’atmosphère. Nos restes reposeront sur notre planète natale, mais nous risquerions d’ajouter, selon le lieu imprévisible du crash, des victimes supplémentaires. Sans parler du risque de contamination de l’humanité tout entière par un virus inconnu. Pour toutes ces raisons, nous sommes tous tombés d’accord : pas question d’opter pour ce choix.


2 : Nous servir de notre planète comme d’un tourniquet gravitationnel et aller nous perdre dans l’espace infini. Après quelques mois d’errance, nous mourrons lorsque l’oxygène sera épuisé. L’asphyxie est une mort progressive et très pénible dont nous ne voulons pas.


3 : Utiliser le peu de xénon qu’il nous reste pour changer de cap et nous diriger vers le soleil. Nous brûlerons.


4 : Nous écraser ailleurs, par exemple sur Vénus ou Mercure. Au risque de prendre la responsabilité d’ensemencer une planète, malgré des conditions physiques a priori très hostiles, avec une vie qui ne lui appartient pas.


La décision a été mise aux voix et la troisième option l’a emporté à l’unanimité, sans qu’il soit nécessaire de tergiverser. Nous mettons le cap vers notre étoile et je me suis chargé, tâche très difficile, d’informer le responsable mission de la situation et de notre choix. Jusqu’ici, nous étions parvenus par miracle à cacher aux terriens les étonnants effets de l’eau d’Encelade, mais à présent, ce n’est plus possible.


Dans quelques minutes, passé le temps de propagation de signal de mon message jusqu’à la Terre, seize milliards d’êtres humains vont apprendre l’incroyable vérité. En quittant Encelade, nous nous attendions à faire la une des journaux, mais pas de cette manière.




Vendredi 16 avril


Ceux d’entre nous qui le veulent peuvent envoyer un message d’adieux à leurs proches. Charles-Édouard préfère garder le silence. Il ne sait juste pas quoi dire à sa femme et à ses enfants. Je suis consternée par ce comportement, mais je ne lui en veux pas, ni me permets de le juger. Chacun se comporte comme il peut devant l’inéluctable. John, Igor et Cassandra envoient chacun quelques mots d’adieux, mais assez laconiques.


Cependant, Xia, en s’adressant à son fiancé, s’est montrée d’une dignité qui force l’admiration. Derrière ses larmes, cette fille possède en elle un courage et une aura extraordinaires. Pour ma part, je ne saurais même pas à qui m’adresser, car plus personne ne m’attend sur la Terre.


Nous six allons vivre les quelques mois qui nous restent avec une intensité jamais vue. Les calculs de trajectoire montrent que notre rencontre avec le soleil se produira dans un peu plus de huit mois.




Samedi 17 avril


La mort dans l’âme, j’ai décidé de demander à Cassandra d’interrompre ma grossesse. Je ne veux pas que mon enfant naisse puis meure aussitôt dans mes bras. Une vie si courte me semble absurde.


Xia, par contre, a fait le choix inverse en décidant de garder son enfant. Je caresserai inlassablement son ventre qui ira s’arrondissant.




Dimanche 18 avril


En analysant mon sang en préalable à l’avortement, Cassandra m’a découvert une syphilis ! Cela explique la petite éruption que j’avais trouvée quelques jours plus tôt au niveau de mes petites lèvres.


Elle décide alors d’examiner les autres, y compris… elle-même ! Verdict : nous sommes tous et toutes atteints. Cela explique les chancres génitaux de mes compagnons. En cette fin du XXIe siècle, cette maladie est redevenue sérieuse, car les antibiotiques ont perdu beaucoup de leur efficacité à cause de l’usage abusif qui en a été fait depuis le siècle précédent. Il existe cependant un traitement, et de toute façon, nous allons tous mourir avant d’avoir eu le temps de développer des symptômes graves.


Cela ne nous empêche pas de faire l’amour inlassablement. Abreuvés par l’eau d’Encelade, tous unis dans la salle commune, nous copulons sans nous ménager. Il n’y a pas de couple établi : nous changeons sans cesse de partenaire, et sommes tous devenus bisexuels, pour ceux qui ne l’étaient pas avant. À force d’actes sexuels répétés, nos organes génitaux deviennent douloureux. John est à grand-peine parvenu à synthétiser, à partir des produits disponibles à bord, du gel lubrifiant permettant de réduire les irritations dont nous souffrons. Mais le désir qui nous submerge est plus fort que la brûlure causée par les pénétrations répétées.




***




Vendredi 10 septembre


Nous venons de croiser l’orbite de Vénus, qui gravitationnellement nous aide à corriger notre trajectoire afin de foncer vers le soleil. Au cas où nous aurions voulu changer d’avis, c’était la dernière chance… mais pas question de renoncer.




Samedi 18 septembre


Cette nuit, Xia a fait une fausse couche et perdu l’enfant qu’elle portait en elle. Elle a perdu beaucoup de sang et failli perdre la vie ; Cassandra lui a fait une transfusion sanguine directement depuis les veines d’Igor, qui a le même groupe sanguin qu’elle. Nous n’avons pas trop de toute notre tendresse pour l’entourer et la consoler.

De toute façon, nous n’en avons plus pour très longtemps. Le disque solaire nous apparaît chaque jour plus gigantesque à travers le hublot avant. C’est un spectacle fascinant.




***




Lundi 20 décembre


Aidé par la gravitation solaire, notre vaisseau accélère en permanence, atteignant la vitesse jamais atteinte par un engin habité de six cents kilomètres par seconde. Dans quelques jours, nous atteindrons la couronne solaire, sans doute d’une manière brutale. À ce moment-là, nous serons instantanément vaporisés.


La climatisation fonctionne bien ; malgré cela, de jour en jour, la chaleur de l’habitacle augmente. La température a dépassé les cinquante degrés. Pour tenir, il nous faut boire plus de dix litres d’eau par jour et par personne ; heureusement, nous n’en manquons pas. À cause de notre transpiration, l’habitacle est devenu un véritable hammam, à la différence qu’on évite de rester plus d’un quart d’heure dans un vrai hammam, alors que nous ne pouvons pas sortir de Tiger One.


L’énorme quantité d’eau que nous avalons en décuple les effets aphrodisiaques. Nous vivons dans une étreinte continue à six, nous accouplant ensemble sans pause ni sommeil. De toute façon, il n’y a plus rien à faire, car les instruments de bord tombent en panne les uns après les autres. Nous nous préparons à entrer en fusion, au propre comme au figuré. Nous nous aimons au point de perdre toute individualité. Je ne sais plus si je suis Susan ou Charles-Édouard ou John ou Xia ou Cassandra ou Igor ; sans doute un peu des six en même temps.


Il nous reste cependant la force et la possibilité technique, avant qu’il soit trop tard, d’envoyer un message collectif vers la Terre, sous la forme d’une vidéo sur laquelle nous apparaissons tous, dans la tenue de notre naissance, pour prononcer d’une même voix nos derniers mots :


Ici Tiger One. Ce message, qui sera le dernier, s’adresse à l’humanité tout entière. Sous les glaces d’Encelade se trouve l’eau du désir. C’est l’eau de la vie qui renaît toujours, celle de l’éternel printemps, celle aussi de la passion qui fait souffrir et tue. Si vous en buvez, vous n’aurez plus jamais soif de relations humaines. Mais faites attention si vous décidez d’envoyer là-bas une autre équipe, et assumez votre choix. Nous en avons bu, et maintenant nous nous unissons dans un amour parfait qui abolit toutes nos frontières, jusqu’à celles de nos corps. Plus rien ne pourra nous séparer, jamais.

Nous nous préparons à entrer dans la lumière solaire pour devenir nous-mêmes cette lumière qui vous éclaire et vous réchauffe. Vivez en paix et soyez heureux, vous et toutes les générations futures.