Épisode 1 - Être prise sans surprise
- — Et c’est pile à ce moment-là qu’elle est entrée, ta mère ?
- — Presque. Une chance que ma chambre soit au premier et que les marches de notre escalier grincent. Du moins avec elle et sa centaine de kilos.
- — N’empêche qu’elle a la pêche et qu’elle marche vite.
- — Ah ça, on n’a eu que quelques secondes devant nous ! À peine !
- — Et qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
- — Elle m’a demandé si j’avais fait un cauchemar ; je lui ai dit que oui. Elle s’est aussi demandé pourquoi je dormais toute nue, moi qui ne l’avais jamais fait, et aussi pourquoi la fenêtre était entrouverte et ma nuisette à terre.
- — Aïe ! Ça se transformait en interrogatoire. Il a eu le temps de se barrer par la fenêtre ?
- — Tu rigoles ? Il se serait tué ! C’est surtout qu’une fois entré par la fenêtre, on était si pressé qu’on n’a pas pris le temps de la refermer. Puis les bruits de la route, c’était pas mal pour couvrir les autres sons.
- — Sauf que ça n’a pas suffi puisqu’elle t’a entendu gémir et qu’elle est montée. Il était sous le lit ?
- — Dans le placard.
- — Dans les vaudevilles, l’amant est toujours soit sous le lit, soit dans le placard.
- — Sous le lit, c’était trop évident. D’ailleurs…
- — Ne me dis pas qu’elle a regardé !
- — En fait, il est arrivé qu’un chat sauvage s’introduise dans la maison quand on avait laissé ouvert. Ça lui a servi de prétexte.
- — Pas si bête que ça, la maman.
- — Pas intelligente au point d’avoir vérifié ailleurs.
- — Tu l’as dit : il lui fallait un prétexte. Elle n’allait pas prétendre qu’un chat avait ouvert la porte du placard pour s’y cacher. J’y pense… Il n’y a qu’un seul placard dans ta chambre, et il est hyper petit. Quant à Michael, il est super grand.
- — Et de partout : il a eu un mal fou à caler sa bite. Pour un peu, elle lui aurait échappé des mains, ça aurait ouvert la porte ! Ne ris pas : ça a beau avoir l’air drôle, si c’était arrivé, alors là, grosse cata en perspective.
- — Vous aviez pris des risques ?
- — Euh… effectivement. En plus de ça, on s’était pas protégés, et sa verge dégoulinait de ma mouille. Ça a fait des taches dans le placard et dans les draps ; j’aurais dû être plus prévoyante. De son départ au petit matin, j’ai passé deux heures à nettoyer. Je pensais que ça ne partirait jamais !
- — Ça n’en valait pas la peine ?
- — Je me demande…
- — Pour ma part, ça fait bien longtemps que j’ai habitué ma mère à garder parfois la fenêtre ouverte et à dormir toute nue, surtout les nuits où je reste seule… quitte à m’enrhumer. J’y ai pensé très longtemps à l’avance, dès ma préadolescence. Je me suis dis « Bon, je n’ai pas encore l’âge de baiser, mais je baiserai un jour. Et ce jour-là, j’aimerais bien qu’un petit copain vienne me rejoindre certaines nuits ; alors il faut prévoir le coup. » À quatorze ans, mes parents étaient déjà plus du tout surpris que je dorme nue. Et dès mes quinze ans je les ai habitués à m’entendre crier, de temps en temps, en disant après que j’avais fait un cauchemar. Ça a complètement brouillé les pistes : il n’y a plus jamais moyen qu’ils sachent quand c’est du bluff et quand ça ne l’est pas. Quand j’ai débuté ma vie sexuelle, tout était prêt : j’ai accueilli des tas de petits copains sans jamais me faire griller.
- — Là, je suis sur le cul ! Tu as vraiment mis en place tout ça ? Et vécu autant d’évènements similaires ?
- — On croit toujours vivre des trucs exceptionnels alors que tout est anodin. Dis-toi aussi qu’on est du même style, toi et moi. Que ce soit au niveau des délires, des types de mecs et des types de parents. La seule différence est que… hem… Enfin, je suis un peu plus maline, quoi. Prévoyante en tout cas.
- — Ils pensent vraiment que tu fais des cauchemars ?
- — En fait, ils croient que je fais des rêves érotiques et que je suis trop pudique et gênée pour le leur dire.
- — Oooh, comme c’est chou ! Et ta petite sœur t’a pas fait d’ennuis ?
- — Non : quand elle dort, elle dort, et rien ne peut la réveiller. J’ai commencé à préparer le terrain pour elle. Pour plus tard… Je lui ai appris à dormir toute nue.
- — Perverse…
- — Pas du tout ! Un jour, elle aura l’âge elle aussi et voudra profiter de la nuit pour coucher avec ses mecs. En plus, elle est au rez-de-chaussée ; ce sera encore plus facile.
- — J’espère que tu ne lui as pas dit pourquoi…
- — Je lui ai juste dit qu’on dormait mieux de cette façon. Inconsciemment, je suis sûre qu’elle a un peu compris. Et pour les rêves ou cauchemars, aucun souci : depuis quelques mois elle pousse des gémissements dans son sommeil. Elle est entrée dans sa vraie période « rêves érotiques ».
- — Pas de doute, vous êtes bien du même sang. Franchement, félicitations, la championne ! Par contre, quel dommage d’en arriver là… Quand je pense que le sexe est censé être une activité instinctive, ludique et spontanée !
Épisode 2 - Indiscrétion féminine
- — Dis, c’est quoi ces manières ? Ta maman t’a jamais appris à ne pas fouiller dans l’historique internet de ton mec ?
- — Euh, non. Quand j’étais petite, Internet n’avait pas l’essor d’aujourd’hui, et on ne l’avait pas à la maison.
- — Te plains pas ; moi, c’est pire : Internet n’existait pas encore. Tu le soupçonnes d’avoir visité des pornos ?
- — Je le soupçonne de bien pire…
- — Quoi ? Des sites djihadistes ? Pédophiles ? Nazis, cannibales ?
- — Peut-être pas non plus.
- — De quoi tu le soupçonnes, alors ?
- — Faut que je t’explique. Au boulot, à la pause midi, avec Tom on a pris l’habitude de se faire un petit quart d’heure baise. Assez rapide, presque sans préliminaires.
- — Pourtant vous auriez le temps, non ?
- — Je suis bien trop excitée pour attendre. D’ailleurs j’enlève mes fringues toute seule, et en deux mouvements. Je fais exprès de venir avec des habits qui s’enlèvent vite et facilement.
- — Salope !
- — C’est plus compliqué… ou plus simple que tu le crois. Je n’ai pas une folle envie de faire tout le kamasoutra, je veux surtout évacuer les tensions.
- — Du sexe aussi court, il aime ?
- — Il aime, tout en étant plus obsédé que moi, ce qui n’est pas peu dire. Lui, il adorerait qu’il y ait plus de préparation, d’actes plus variés…
- — « D’actes plus variés »… Ha-ha-ha ! Il pourrait être moins hypocrite : il veut se faire sucer en plus de la baise, c’est tout.
- — J’imagine. C’est vrai que je le lui fais rarement. Enfin, rarement le midi. Peu importe : quand on ressort, on est détendus, tu imagines pas ! Je suis prête à attaquer l’après-midi, super attentive et concentrée sur les tâches qui m’attendent.
- — Idem pour lui ?
- — Oui, et depuis qu’on le fait, on est l’un et l’autre bien plus efficaces après le déjeuner, et jusqu’à la sortie, alors que les collègues sont encore vaseux, l’estomac lourd !
- — Tom rêverait que ton estomac à toi soit au moins un tout petit peu plus lourd…
- — Beurk ! Ah non, alors : pipe ou pas, j’avale jamais.
- — Vous mangez, quand même ?
- — Petit repas rapide et léger. Pas tellement besoin… On en est presque à vivre d’amour et d’eau fraîche. Quand je fais l’amour, je n’ai pas beaucoup d’appétit, comme si je me nourrissais de plaisir.
- — Côté resto, tu ne dois pas coûter trop cher aux amants qui t’invitent.
- — Jamais. Si on couche après, je mange léger avant pour être sexuellement au top. Si on couche avant, je n’ai plus tellement faim ensuite.
- — Et quelle technique de régime ! Vous vous voyez au bureau désaffecté, au premier ?
- — Trop risqué. On se croise dans les toilettes pour handicapés.
- — Quelle éthique…
- — Qui on dérange ? Il n’y a aucun handicapé dans la boîte ! Ce sont les seules assez grandes, et en plus dans un coin isolé. C’est fou de devoir se cacher ! Tous les bureaux devraient avoir de petits lieux de baise : la productivité des employés en serait décuplée, ça relancerait l’économie du pays.
- — Fais une suggestion à la direction…
- — C’est plutôt à la présidence que je devrais écrire ; ou bien monter un syndicat, un parti…
- — Encore que… Les quelques partis politiques orientés sexe sont surtout fantaisistes. Et de toute façon personne ne les prend au sérieux. Alors que c’est un sujet sérieux !
- — Quand je pense qu’on est forcés de faire des stratagèmes pour pas que ça se sache, genre « Je pars en premier et il me rejoint vingt minutes plus tard… ». Tout un cirque.
- — Parce que t’imagines que les collègues ne savent pas ? Mis à part les écarts de salaires, tout se sait dans les petites boîtes.
- — J’espère pas…
- — Bon, tout ça ne me dit toujours pas pourquoi tu fouilles son historique internet.
- — D’habitude, à chaque baise j’ai le sexe tout trempé. Trempé de mouille, c’est pas grave. Trempé de sperme, ça peut être bien plus compromettant. Avant de repartir, je dois mettre au moins deux ou trois mouchoirs entre la vulve et la culotte.
- — Je crois que j’ai compris ; hier, tu n’as pas eu besoin de mouchoirs.
- — Un seul et unique. Il aurait pas fallu voir…
- — J’aurais adoré voir !
- — Il n’y avait presque rien ; à peine deux ou trois giclées, et des toutes petites. C’était bien la première fois. Ça m’a coûté mon orgasme. Car oui, une bonne grosse quantité tout au fond de mon minou, c’est ce qui me fait atteindre l’extase.
- — Et tu en conclus…
- — Que, soit il s’est astiqué devant un porno le matin, soit il m’a trompée.
- — Et t’angoisses parce que tu as beau chercher, tu trouves pas de trace de site X dans son historique.
- — Voilà.
- — T’es trop injuste envers lui. Tom est un type qui a de l’imagination. Je suis sûre qu’il avait tellement envie de toi qu’au réveil il s’est caressé en songeant à te faire l’amour.
- — Alors c’est dans ses draps qu’il faut que je fouille, quand j’irai chez lui, ce soir.
- — Tu rigoles ! Il n’a sûrement pas fait ça comme un gamin.
- — Alors la poubelle…
- — T’es infernale. Il a joui dans un mouchoir, l’a jeté aux toilettes, a tiré la chasse, et voilà tout. Fin de l’histoire ! C’est fou de se torturer l’esprit pour si peu.
- — Pour si peu ? Gâcher tout ce liquide et m’en priver, quel égoïsme !
Épisode 3 - Une idée derrière la tête
- — Bon, ton père vient de claquer la porte, on est seules.
- — … et censées terminer l’exercice de maths, Maria.
- — Lætitia, on pourra le terminer demain matin, avant le cours. Tu sais bien que le vendredi, la prof arrive toujours avec dix minutes de retard.
- — Tu veux qu’on se roule quelques patins ? D’accord…
- — Je parle de plus.
- — De plus, c’est-à-dire ?
- — Je te parle de ça, Lætitia.
- — Hé ! Tu te mets toute nue, ici, dans ma chambre !? Pour quoi faire ?
- — En principe, tu devrais en avoir une petite idée. Mais si je ne te plais pas ou que tu n’apprécies pas la proposition, je peux me rhabiller aussi vite.
- — Tu me plais beaucoup, Maria ; ce n’est pas pour rien que j’adore te câliner et t’embrasser. Franchement, c’est presque encore mieux qu’avec un garçon ! Et d’ailleurs je ne dis pas : nue, t’es encore plus jolie.
- — Tu ne veux pas m’imiter et faire aussi valser ta robe ?
- — Tu as… envie de moi ? Qu’on couche ensemble ?
- — J’ai envie d’un rapprochement plus tactile et plus mouillé. Dis pas oui par politesse ou pour faire plaisir. Est-ce que t’as envie aussi, ou non ?
- — J’ai envie. Je sais pas de quoi, puisque je ne sais pas si deux filles peuvent faire l’amour au sens propre du terme… Enfin, on peut voir ce qu’il est possible de faire. Mais pourquoi maintenant alors qu’on a si peu de temps ?
- — Parce qu’il est super rare qu’on soit toutes les deux dans une maison vide. Qui sait quand sera la prochaine ? Oui, on a que quelques minutes devant nous : raison de plus pour faire vite. Si ça te dérange pas, je te déshabille moi-même.
- — Ben, que je dise oui ou non, t’es décidée à le faire, apparemment. Et drôlement rapide. Ce serait pas plus prudent qu’on fasse quelque chose en gardant des fringues ? Tu m’enlèves tout alors que juste la culotte suffirait, et…
- — T’as un corps si attirant… Dès que je te vois avec des vêtements, j’ai envie de te les retirer. Tous.
- — Tout le temps, alors ?
- — Tout le temps.
- — Mmmm… tu me fais beaucoup d’honneur à te mettre à genoux comme ça devant moi… Tes baisers sont super doux ; tes mains aussi… Tu sais, je… Faut pas croire, je suis pas lesbienne.
- — Moi non plus, t’inquiète. Ce n’est qu’un peu de tendresse partagée. C’est notre avantage, nous les filles : quand on fait du sexe entre nous, c’est bien moins violent qu’entre garçons. Puis c’est qu’à partir du cinquantième cunni qu’on commence à changer de bord, pas avant. À propos, je peux descendre plus bas ?
- — J’osais pas te demander.
- — Alors écarte un peu les jambes…
- — Oooh… Hhhh… C’est… ton… premier ?
- — Ouihh…
- — Qu’est-ce que ça sera ton dixième, alors ! Hhhh… Attends, faut qu’on se rapproche du mur, que je puisse poser la main. Je titube trop, faut pas que je tombe à la renverse. Avance lentement, t’esquinte pas les genoux. Reste bien contre moi…
- — …
- — Maria, t’es super ! T’es… t’es extraordinaire.
- — Chhhht.
- — Hhhh, hhh, hhh… Après, c’est mon tour.
- — On n’aura pas le temps.
- — Attends, j’entends un cliquetis de clés. Oh, putain, mon père !
- — Vite, nos fringues ! C’est pas vrai… Juste quand ça devenait bon.
- — Arrête de causer, dépêche-toi ! Allez, allez !
- — Recoiffe-toi. Attends, je te le fais. Voilà. Et moi ? Parfait. Hop, sur le devoir, vite !
[ Toc toc toc ]
- — Les filles, je peux entrer ?
- — Bien sûr, p’pa !
- — J’ai pris des pains au chocolat en plus de la baguette. Vous en voulez ?
- — Non merci, Monsieur, je passais juste finir l’exercice… Maman m’attend.
- — D’accord. Et toi, Lætitia ?
- — Un peu plus tard, merci. Je raccompagne Maria.
[ Pas de la porte ]
- — Allez, bisou.
- — C’était super.
- — Tu crois qu’il a… remarqué un truc, dans nos yeux, ou… ? Il a eu un air bizarre.
- — Il a toujours un air bizarre quand il te voit. T’inquiète. Allez, à demain !
[ La porte claque, Maria est partie ]
- — Vous avez fini l’exercice ?
- — Oui, c’est facile !
- — Je veux bien le croire ; ça n’a pas dû vous prendre plus de dix secondes.
- — N’exagérons rien…
- — Je n’exagère pas. Quand vous êtes entrées dans la chambre, tu portais ta robe jaune, et Maria une robe rouge. Cinq minutes plus tard, vous ressortez. Tu portes la robe rouge de Maria, qui vient de filer avec ta robe jaune…