n° 17852 | Fiche technique | 13906 caractères | 13906Temps de lecture estimé : 9 mn | 30/03/17 |
Résumé: Juste pour vous faire sourire... Enfin, j'espère ! | ||||
Critères: fh hplusag magasin strip lingerie humour -humour | ||||
Auteur : Charlie67 Envoi mini-message |
Monsieur Ferdinand est économe. N’allez surtout pas lui dire qu’il est radin, il vous contredirait immédiatement. Il n’aime pas que l’on jette l’argent par la fenêtre, c’est tout.
Monsieur Ferdinand tient la caisse du magasin de corsetterie. Normal, madame Hortense, sa mère, a toute confiance en lui. Pendant toutes ces années, il n’y a eu aucune erreur, pas un centime d’écart. Ce ne sont pas ces petites vendeuses écervelées à qui l’on pourrait faire confiance. Elles ne parlent que de mode et de garçons. Vraiment pas des filles sérieuses. Il peut paraître curieux de voir un homme dans une corsetterie, mais au départ il faisait les retouches, et pour cela il excelle. Il le fait toujours, car pourquoi embaucher quelqu’un alors qu’il peut faire les deux ouvrages ? C’est toujours ça d’économisé.
Ce lundi matin, monsieur Ferdinand est pensif derrière sa caisse. Non pas qu’il y ait une erreur dans les comptes, car là il ne serait pas pensif, mais malade. Non, ce qui le turlupine, c’est mademoiselle Thérèse. Ils sont allés au bal musette samedi soir. Depuis, une pensée l’obsède : il faut qu’il tâte un de ses seins.
C’est madame Hortense qui l’a poussé à inviter cette jeune personne. C’est la fille de madame Germaine, la modiste qui tient boutique juste à côté de la corsetterie. Ces dames, amies de longue date, ont tramé un complot pour rapprocher les jeunes gens. Il faut dire qu’ils formeraient un beau couple.
Monsieur Ferdinand est bel homme, il porte bien ses trente ans. En cette année 1935, s’il fallait le comparer à quelqu’un, ce serait, peut être à Cary Grant : même regard ténébreux et même prestance, et surtout même menton en fesses d’ange.
Pour mademoiselle Thérèse, s’il fallait aussi la comparer à quelqu’un, je dirais… je dirais… je dirais… Ginger Rogers : mêmes jambes longues et musclées, même corps de danseuse, et mêmes beaux cheveux blonds légèrement ondulées. C’est une belle jeune femme de vingt-quatre ans.
Cela fait maintenant quatre mois que ces deux vénérables dames s’évertuent à créer ce couple ; cette soirée au bal musette les comble d’aise.
Mademoiselle Thérèse est tout autant comblée.
Mais pas monsieur Ferdinand.
En début de soirée, bien sûr, il devait offrir une boisson à sa compagne. Heureusement, elle n’était pas exigeante : elle demanda une limonade. Dix sous le verre, bon, c’est cher, mais que ne ferait-on pas pour une si charmante demoiselle ? Ce qui le révolta, c’était le coût de sa boisson. Il ne pouvait évidemment pas ne rien prendre. Et puis il a un petit faible : il aime le Sancerre blanc bien frais. Et il y en avait, dans cette guinguette ; quelle chance ! Quand le serveur lui réclama le prix de sa consommation – vingt sous le verre – monsieur Ferdinand manqua de s’étrangler : il l’achetait cinquante sous le litre chez le bougnat. Il ne voulait pas faire d’esclandre en présence de sa compagne ; il régla le serveur, la mort dans l’âme et le regard noir.
Mademoiselle Thérèse voulait danser.
Quand il enlaça sa cavalière, son moral remonta en flèche. Il sentit bien sous la fine toile de la robe que la demoiselle portait un corset, comme il se devait pour toute jeune femme qui se respecte. Elle n’était pas comme ces gourgandines qui se coiffent à la garçonne et portent en ville des vêtements de ce monsieur Lacoste. Il ferait mieux de s’occuper de ses raquettes, celui-là ; de toute façon, au pire dans deux ans, on n’entendra plus parler de lui. Et si les femmes ne portaient plus de corsets, de quoi vivrait-il ? Mais cela n’arrivera pas.
Monsieur Ferdinand commence à être inquiet. Tout en dansant, il palpe le dos et le flanc de sa cavalière. La fermeture à crochet centrée dos, les deux baleines trois-quarts arrière espacées de cinq centimètres, le renfort à empiècement sur le flanc… c’est un Dorsette, le corset des cocottes à cent-quarante francs ; et encore, s’il y a la passementerie, il faut compter quarante francs de plus. Monsieur Ferdinand en a des sueurs froides. Il réfléchit encore.
Cela peut aussi être un Garbarini à trente-huit francs ? Ils ont la même disposition. Le corset des filles sages et économes. Il n’y a qu’une façon de les différencier au toucher : la différence est dans l’empiècement sous le sein.
Il faut qu’il tâte le sein de mademoiselle Thérèse !
Mademoiselle Thérèse est aussi soucieuse. Non pas qu’elle ait envie de tâter quelque chose chez monsieur Ferdinand, quoique… Mais ce n’est pas le souci du moment. Le souci date d’il y a plus d’un mois, quand elle a donné sa virginité au Petit Louis, le saute-ruisseau du notaire. Avec sa gueule d’ange et sa gouaille, elle a craqué. Mais le Petit Louis n’est pas un parti : il est sans le sou, alors que Monsieur Ferdinand… Les Anglais n’ont pas débarqué comme d’habitude ; elle connaît un problème. Un petit polichinelle va lui en causer un gros, de problème, dans neuf mois. Il faut donc qu’elle couche avec monsieur Ferdinand le plus rapidement possible.
La soirée au bal musette est prometteuse. Elle a bien vu l’œil noir qu’il lançait au serveur quand il l’a regardée de trop près. Il est déjà jaloux ! Et puis pendant la danse, il ne se gênait pas pour « tâter la marchandise ». C’est en très bonne voie, tout cela. Elle a eu une idée géniale de récupérer ce vieux corset ; c’est une horreur à porter, mais l’effet sur son cavalier a été probant.
Maintenant elle doit convaincre sa mère d’inviter madame Hortense et son fils à déjeuner, dimanche prochain. Elles feront ensuite, comme chaque dimanche, leur partie de piquet. C’est bien le diable si pendant ce temps elle n’arrive pas à attirer monsieur Ferdinand dans sa chambre pour consommer la chose ! Mademoiselle Thérèse voit la vie en rose, et pas seulement à cause du futur bébé.
Monsieur Ferdinand échafaude toute une stratégie. Madame Hortense, sa mère, lui a dit que le dimanche suivant ils sont invités chez madame Germaine pour déjeuner. Elle lui a dit aussi qu’il serait de bon ton d’accompagner sa fille, mademoiselle Thérèse, à la messe pour ses dévotions dominicales. Cela l’enchante. Ce n’est de loin pas la perspective de devoir subir la logorrhée insipide d’un prélat qui l’enchante. Non, c’est plutôt le laps de temps qu’il y a entre la messe et le repas. Il va inviter mademoiselle Thérèse, avec la bénédiction de ces dames, à une promenade sur le mail. Il l’a parcouru plusieurs fois. À mi-chemin, il y a sur la droite un bosquet avec une cabane abandonnée. L’endroit est des plus discrets. Avec un peu d’habileté et l’air de rien, il peut y entraîner la jouvencelle. Une fois sur place, il doit bien y arriver.
Il faut qu’il tâte le sein de mademoiselle Thérèse !
Mademoiselle Thérèse est satisfaite. Sa maman a accédé à sa proposition sans rechigner, même avec enthousiasme. Elle a trouvé cela curieux. En ce dimanche, elle est bien sûr obligée d’assister à l’office religieux. Une demoiselle qui n’y irait pas serait tout de suite déconsidérée. Cela ne l’intéresse absolument pas, mais il faut qu’elle garde sa réputation intacte jusqu’à ce que…
Elle est aussi très contente de la proposition de monsieur Ferdinand de l’y accompagner. Elle a une idée : et si, après cette messe, elle l’entraînait sur le mail pour une promenade apéritive ? Elle connaît bien cette cabane abandonnée où elle s’est donnée au Petit Louis. Peut-être que…
Il faut qu’elle couche ce dimanche avec monsieur Ferdinand.
Monsieur Ferdinand est très satisfait d’avoir à son bras mademoiselle Thérèse pour aller à l’office. Toute la ville les a vus et approuve. Les regards de toutes ces rombières et de tous ces caciques les ont jaugés. Ils sont parfaits. Ils correspondent à ce que doit être un jeune couple. Les comices bourgeois donnent leur bénédiction.
À l’issue de la messe, il propose cette promenade à la demoiselle et elle accepte avec joie. Ils devisent tout en marchant. La cabane approche. Il hésite, il n’ose pas. Pourtant il a cru sentir de la part de sa compagne comme une attraction. Doit-il ? Ne doit-il pas ? La cabane est passée. Cent mètres plus loin ils font demi-tour. La promenade continue en sens inverse. Arrivés à la hauteur de la vieille cabane, c’est comme si une force surnaturelle les attirait vers cet abri délabré. Ils s’enlacent. La main de monsieur Ferdinand n’a pas le temps de remonter de la taille vers la poitrine qu’une bouche chaude et avide prend possession de la sienne. Un baiser fougueux s’ensuit, laissant monsieur Ferdinand pantelant.
Il n’a pas eu le temps de tâter le sein de Mademoiselle Thérèse.
Le déjeuner est, bien entendu, très convivial. Madame Hortense et madame Germaine font assaut de bons mots. Les jeunes gens sont à l’aise. De temps à autre le pied mutin de Thérèse cherche le mollet de Ferdinand. L’entrée, le plat et le dessert passent. Ces dames sont maintenant impatientes de rejoindre leurs amies pour leur traditionnelle partie de piquet dominical.
Mademoiselle Thérèse est aussi très impatiente.
Monsieur Ferdinand ne sait que penser !
Une fois ces dames parties, mademoiselle Thérèse prend d’autorité la main de monsieur Ferdinand et l’entraîne dans sa chambre. Une fois dans l’antre féminin, elle le pousse sur le lit et s’affale sur lui. Elle cherche sa bouche, et quand elle la trouve elle y plante sa langue fouineuse. Sa main descend aussi jusqu’à son entrejambe et se met en devoir de malaxer les joyaux du monsieur. L’entrain ne semblait pas être au rendez-vous. Elle s’attaque donc au pantalon et dénude le bas du corps de son compagnon. Elle y met beaucoup de bonne volonté et lui astique le goupillon avec la dernière énergie. Rien n’y fait : le dard convoité a toujours sa forme de virgule ou de point d’interrogation, vu la tête de la demoiselle.
Mademoiselle Thérèse est dubitative ; monsieur Ferdinand serait-il impuissant ? Elle a un souvenir nostalgique pour le sceptre de Petit Louis, dur comme du bois, vif comme… Bon, passons, le dard du saute-ruisseau n’est pas le problème.
Mademoiselle Thérèse a une idée et le sourire carnassier. Elle pense à cette affiche qu’elle a vue sur les boulevards. Cette affiche pour les Folies Bergères et ses « petites femmes nues » : elle va improviser un spectacle pour motiver son amant. Elle recule, et en faisant son plus beau sourire commence un effeuillage en règle.
Monsieur Ferdinand ne comprend rien à la tornade qui vient de s’abattre sur lui. Il fixe maintenant les mains de mademoiselle Thérèse qui courent le long de sa robe comme pour en souligner les lignes parfaites. Il la voit commencer à ouvrir un à un tous les boutons de son vêtement. Il angoisse : il est sûr qu’il va poindre un Dorsette ; il en a des sueurs froides.
La chemise apparaît mais ne laisse pas encore voir le corset, même quand la robe tombe à terre. L’insolente pose un pied sur son genou, entreprend d’enrouler son bas sur ses chevilles et, une fois ôté, d’un geste lascif le dépose sur son épaule. Elle fait de même avec le second bas. Puis lentement, très lentement, elle enlève sa chemise. Le corset apparaît : c’est un Garbarini !
Mademoiselle Thérèse commence à angoisser. L’effeuillage est déjà bien engagé, mais rien. Même l’improvisation qu’elle a faite pour dénuder ses jambes n’a pas l’air de le motiver. Si monsieur Ferdinand bande guimauve, tout son plan tombe à l’eau ! Mais, mais… Au fur et à mesure qu’elle enlève sa chemise, l’objet de son désir prend une forme enviable, très enviable. Mademoiselle Thérèse se rapproche donc de l’homme qu’elle voudrait père putatif de son enfant et entreprend une danse du ventre que même Joséphine Baker n’aurait pas récusée. Elle voit bien son regard rivé sur son pubis… L’affaire est dans la poche !
Monsieur Ferdinand, à l’apparition du corset, a un grand soulagement ; un Garbarini, le corset des filles sages. Soudain son œil accroche une petite chose tout en bas de cette lingerie. Une chose que seul un expert en corsetterie comme lui peut remarquer. Il y a là, tout en bas, cinq points de ravaudage. Mademoiselle Thérèse a réparé son corset : elle n’est donc pas prompte à la dépense !
Mademoiselle Thérèse est économe.
Ceci a pour effet de réveiller une libido pour le moment bien ensommeillée. Une vigueur soudaine lui rappelle ses ardeurs masculines. Il culbute la donzelle sur la courtepointe et la besogne hardiment.
Quand il remplit le ventre de la demoiselle de sa semence, là…
Monsieur Ferdinand n’est pas économe !
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J’aime mettre une morale à mes saynètes, alors je vous propose :
« Ces femmes, toutes des salopes ! »
Pardon ? Quoi ? Je l’ai déjà faite, celle-là ?
Mais vous avez raison ! Où ai-je la tête ?
Que pourrais-je vous suggérer ?
Attendez, attendez…
Et si je vous proposais :
« À être obsédé par les dessous, on y perd ses sous. »
Ah, ça aussi c’est nul ? Désolée.