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n° 17857Fiche technique60691 caractères60691
Temps de lecture estimé : 32 mn
03/04/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Patrice rencontre Charlotte ! Elle a un malaise ! il la secourt ! Que voulez vous qu'il arrive ?
Critères:  fh hagé fagée inconnu vacances fdomine fellation cunnilingu pénétratio
Auteur : Domi Dupon  (Homme plus vraiment du bon côté de la soixantaine)            Envoi mini-message
Foulure Pacifique

A Karlotta, Gräfin von Königsbergstein,

Étrange comtesse virtuelle.




« Les enfants sont merveilleux ! » s’exclamait Jacques Martin dans sa célèbre école des fans. Et les petits-enfants encore plus, bien évidemment. Tout est histoire de dosage. Patrice se targuait d’être un bon grand-père, mais au bout de quinze jours, il ressentait le besoin de s’aérer. S’il ne s’était agi que des enfants, mais il devait supporter sa femme, enfin son ex. Sa fille était censée ignorer que, en France, ils vivaient chacun de leur côté. Un peu compliqué, n’est-il pas ? Éclaircissons la situation.


Mariés depuis une quarantaine d’années, la seule chose que partageaient encore Marie-Agnès et Patrice en 2016 était leur maison. Depuis plusieurs années, ils faisaient chambre à part, chacun vivant sa propre vie à l’exception de deux mois d’hiver qu’ils passaient, en été, chez leur fille unique, Marie-Cécile. Elle avait épousé un kiwi et vivait en Nouvelle-Zélande. Marie-Agnès, pour on ne savait quelle raison (Patrice préférait ne pas approfondir), ne voulait pas que leur fille connaisse la réalité de leur vie en France.


Depuis leur retraite, de la mi-janvier à la mi-mars, leur couple, hypocritement, renaissait l’espace des deux mois chez leur fille. La journée, les premiers jours, le plaisir de retrouver leurs petits-enfants occultait tous les problèmes. Ceux-ci resurgissaient, dès la nuit venue, dans la chambre conjugale où ils devaient partager le même lit. Ce tête-à-tête se terminait inexorablement par un cul à cul. Patrice n’avait rien d’un moine or durant leur séjour, il devait pratiquer l’abstinence. Même la plus petite branlette lui était impossible. Son orgueil lui interdisait de se masturber à côté de son ex et il estimait avoir passé l’âge de faire ça à la sauvette dans les toilettes.


Dormir dans la même couche que cette femme qu’il avait aimée, qu’il désirait encore, devenait rapidement un calvaire. Et sa garce de femme jouissait de cette envie qu’elle faisait naître et en rajoutait. Tous les soirs, il avait droit à un strip-tease, très orchestré. Marie-Agnès malgré ses soixante printemps révolus restait une belle femme qui prenait soin de son corps. Blonde, pas très grande, elle conservait une silhouette svelte qu’elle entretenait par la pratique de la GRS et du rock acrobatique.



Patrice, pour garder son self-control, se concentrait sur les ravages causés par la vieillesse sur l’anatomie de Marie-Agnès. La tâche s’avérait malaisée. Son unique grossesse n’avait laissé aucune trace, pas la moindre disgracieuse vergeture ne « défigurait » son ventre toujours plat. La peau de celui-ci lui paraissait aussi douce qu’avant. Il ne pouvait rien reprocher non plus à sa poitrine. Leur relative modestie, qui avait complexé sa femme, se révélait un atout aujourd’hui : ses petits seins ronds n’avaient rien perdu de leur tonus et tous les soirs, il devait supporter leurs tétons narquois pointant vers le plafond.


Il trouvait matière à critique sur l’état de ses jambes. Du pied au genou, rien à dire. Les effets du vieillissement se manifestaient au niveau des cuisses et des fesses où malgré ses pratiques sportives, la peau se relâchait au grand dam de Marie-Agnès. Elle avait toujours été très fière de la fermeté de son petit cul, mais depuis deux ans, elle ne portait plus de string, seulement des culottes. Pas des culottes Petit-Bateau en coton, loin s’en faut ! Non, de la culotte sexy, suggestive, mais renforcée afin de maintenir ses fesses. À défaut de lui montrer son cul, elle se rattrapait avec sa chatte. Toutes ses culottes étaient d’une transparence douteuse. Au bout de deux ou trois jours, il ne pouvait plus ignorer que sa toison se réduisait à un petit cœur teint de la même couleur que ses cheveux.


Son salut venait des bras et des mains. Manucures et esthéticiennes ne pouvaient rien pour réparer des ans l’irréparable outrage. Ses doigts si élégants laissaient voir leurs articulations et surtout, le summum, la peau de ses bras s’affaissait. Patrice s’accrochait à cette image pour faire tomber son excitation. Difficile quand sa salope de bonne femme, sous prétexte qu’il faisait très chaud, dormait en petite culotte. La première année, il avait eu le malheur de lui conseiller un peu de décence, elle lui avait répondu fort élégamment :



D’où ce calvaire quotidien. Pour compenser ce stress et retrouver un peu de sérénité qui lui permettrait de profiter pleinement de ses petits-enfants, chaque matin, après un petit déjeuner rapide, il partait pour une rando d’une dizaine de kilomètres. Autre avantage, comme il était préférable de marcher à la fraîche, il évitait la répétition du spectacle du soir. Les jours où le temps l’empêchait de sortir, s’il pouvait généralement squeezer le strip-tease à l’envers, il devait par contre subir les « mamours », devant sa fille, d’une Marie-Agnès, savamment déshabillée et très amoureuse. Mamours faits de frottements aguicheurs, de visions affriolantes qui lui donnaient invariablement une trique d’enfer difficilement dissimulable. Un jour, hilare, Marie-Cé avait dû « leur » rappeler qu’il y avait des enfants dans la pièce.


Lors de ses balades matinales, il empruntait invariablement le boardwalk, une voie aménagée pour piétons et cyclistes qui longeait la plage sur plusieurs kilomètres. En ce lieu très fréquenté à cette heure, il croisait de nombreux promeneurs, des femmes pour la majorité. Il avait classé cette gent féminine en plusieurs groupes : des jeunes personnes à la plastique intéressante s’entraînant pour un quelconque marathon, des mémères promenant Médor et, essentiellement, des nanas de tous âges qui menaient un combat perdu d’avance contre l’avancée des kilos. Les nanas entre cinquante et soixante ans appartenaient pour la plupart à cette dernière catégorie. Pour cette raison, il LA remarqua : elle sortait du lot.

De loin, à son allure générale, il s’était dit :



Lorsqu’ils se croisèrent, ils échangèrent un bref regard. Repensant à elle, un peu plus tard, Patrice dut s’avouer que, polarisé comme il l’avait été sur sa plastique, il aurait été incapable de décrire son visage, voire même de lui donner un âge. Il n’était même pas persuadé que s’il la croisait dans la rue en tenue de ville, il la reconnaîtrait. La seule chose qu’il se rappelait était qu’elle ne portait pas de lunettes de soleil, fait assez rare dans la contrée.


Dès le lendemain, il put contempler son visage. Il aurait dû être frappé par son petit nez en trompette qui lui donnait un air enfantin. Nez qui contrastait avec l’expression d’austérité que dégageait sa physionomie. Une chevelure blanche à la Bowie, période Ziggy, encadrait un visage aux joues creuses assombri par des yeux d’un noir métallique. Elle devait naviguer vers les rivages de la soixantaine sans encore y avoir accosté. Pour cette seconde rencontre, à l’échange de regards s’ajouta un léger signe de la tête. Privé de balade le week-end, il ne la vit, ni le samedi ni le dimanche. Le lundi, il eut droit à une ébauche de sourire. Au fil des jours, ils se saluèrent comme de vieilles connaissances. Bien qu’il soit tombé sous le charme de cette belle inconnue, Patrice savait pertinemment qu’ils ne jouaient pas dans la même division.




**********




C’était compter sans les facéties du destin. Ce jour-là, elle arrivait en face de lui. Il s’apprêtait à lui sourire, à la saluer quand quelque chose dans sa démarche l’interpella. Elle, d’habitude si altière, titubait. La déesse tombait de son piédestal : une alcoolo, une de plus. Elle le dépassa sans le voir. Il rengaina sourire et salut. Quelques pas plus tard, un bruit sourd, une vibration, le firent se retourner. La femme gisait par terre. Il jeta un regard autour de lui. Étonnamment, ils étaient seuls sur la promenade. Il ne pouvait la laisser ainsi. Quand il se baissa, il se rendit compte que son visage était devenu aussi blanc, que ses cheveux. Son haleine ne sentait pas l’alcool. Tout à coup, ce fut moins drôle. Il prit son portable et tapa le 111.



Aussi faiblement qu’il ait été prononcé ce « no » était impérieux. Il raccrocha instinctivement. Elle avait ouvert les yeux et le regardait intensément. Il tenta de lui expliquer dans son anglais sommaire qu’il serait plus sage d’appeler les secours. Il n’avait pas fini sa phrase qu’elle l’interrompait de nouveau.



Il était obligé de s’approcher pour comprendre ce qu’elle disait bien qu’elle articulât parfaitement chaque mot.



D’un doigt tremblotant, elle montra la direction d’où elle venait.



Bonjour la gaffe ! Patrice, essayant de rattraper le coup, en remit une couche.



Patrice était ébahi. La femme avait dû faire un malaise assez grave pour perdre connaissance et trente secondes plus tard, alors que manifestement, elle aurait été incapable de se lever, elle lui énonçait des lois de physique élémentaire.



Le tout émis sur un ton de commandement naturel qui n’avait rien d’autoritaire et d’une voix limite audible. Elle osa même un sourire qui se transforma en grimace. « Space la minette ! », se dit Patrice dans sa ford intérieure. Cependant, suivant ses conseils à la lettre, il parvint à la ramener à la station verticale.



Le bras qu’elle avait passé autour de son cou reposait mollement sur son épaule. Ça ne l’aidait pas vraiment. Il devait utiliser toutes ses forces pour la soutenir. Elle, n’en avait plus guère… de force. Il se promenait avec une poupée de chiffon. Mais une poupée de chiffon qui pesait son poids et qui traînait des pieds. Pourtant, il avait conscience de la chaleur de son corps. Sa tête dodelinait contre son cou. Il sentait le faible souffle de sa respiration. Pour pouvoir la maintenir, il avait dû empaumer un sein (apparemment très ferme – silicone pensa-t-il fugitivement). Cette poupée était bien vivante… pour l’instant.


Le corps de la femme s’abandonnait de plus en plus, sa respiration faiblissait. Alors que Patrice se disait qu’elle allait lui claquer entre les doigts, d’une voix mourante, elle bredouilla :



Contrairement à la plupart des maisons de Gisborne, la haute barrière comme le mur d’enceinte n’étaient pas simplement décoratifs. On n’entrait pas comme ça dans cette maison. Le portail était fermé. Pas de serrure. La femme tenta de soulever un clapet d’acier, mais elle était trop affaiblie. Patrice le fit pour elle. Il découvrit un mini écran circulaire d’un ou deux centimètres de diamètre. Elle voulut tendre la main droite, mais elle en fut incapable.



Le portail coulissa sur des rails invisibles de l’extérieur. Une allée bétonnée de quelques mètres puis trois marches pour rejoindre le deck. Trois petites marches que n’importe quel vieillard un tant soit peu alerte aurait pu monter. Patrice était loin d’être un vieillard, mais lorsque vous traînez un poids mort… Pour ouvrir la porte d’entrée même topo qu’avec le portail, mais cette fois, il dut plaquer la main de la femme contre une cellule identique, mais à la taille de la paume. Drôlement méfiante la donzelle ! La porte coulissa révélant une pièce à vivre banale, neutre, meublée à minima comme souvent en Nouvelle-Zélande, mais plutôt sombre ce qui était plutôt rare dans ce pays de lumière. La seule originalité résidait en la présence de plusieurs orchidées. Deux canapés séparés par une table basse se faisaient face. Cahin-caha, il l’amena à l’un d’eux. Il dut l’installer, car elle n’avait plus la force de s’asseoir. Elle voulut parler, elle dut lui répéter trois fois avant qu’il ne saisisse :



Elle était limite mourante et elle voulait un bracelet. Quel bracelet d’ailleurs ! Dans un effort surhumain, elle tendit le doigt vers la table. Effectivement, un bracelet était posé à côté d’un mug.



Sa voix s’éteignit, son corps s’affaissa. Patrice, affolé, ne savait que faire. Mettre ce bijou lui paraissait si important ! En désespoir de cause, il lui passa au poignet droit. Et maintenant qu’allait-il faire ? Il fallait qu’il trouve ce satané médicament. Il regarda autour de lui. Rien qui ressemblait à une boîte de médoc, un pilulier ou tout autre truc qui aurait pu contenir un remède.


Alors qu’il allait se diriger vers une des portes à la recherche hasardeuse d’un médicament inconnu, un bruit attira son attention. La femme avait bougé. Elle le regardait. Elle lui souriait. Un pauvre sourire. La suite le laissa pantois. En quelques secondes, son visage retrouva des couleurs, sa respiration redevint régulière.


Son sourire se transforma.



Elle se leva, encore un peu chancelante, et le raccompagna à la porte. Tellement abasourdi par cette résurrection, il réalisa qu’il venait de se faire congédier comme un vulgaire livreur, seulement quand la porte se referma derrière lui. Le portail coulissait pour le laisser sortir. Une fois sur le boardwalk, il se retourna et observa la maison. Si ce n’avait été la sécurité renforcée, le mur d’enceinte en briques, il avait devant lui une maison traditionnelle aux murs de bois, au toit recouvert de bardeaux verts. Certes très bien entretenue, coquette et douillette, elle restait cependant très banale. Cette gonzesse devait être tarée, complètement parano et probablement hypocondriaque. Son prompt rétablissement montrait bien que tout se passait dans sa tête. Comme quoi un beau cul, une jolie silhouette, un physique de rêve n’empêchait rien. Sur cette pensée éminemment philosophique, Patrice s’en retourna retrouver une autre mégère.




**********




Patrice avait été profondément vexé par la rebuffade qu’il avait subie. Comme le corbeau de la fable, il jura qu’on ne l’y reprendrait plus. Aussi le lendemain matin, lorsque, sur la promenade, il aperçut la femme, il la dépassa sans un regard. Pas question d’être encore humilié. Mais elle le rattrapa, se planta face à lui, l’obligeant à s’arrêter.



Il aurait dû continuer son chemin, il aurait dû, mais… elle était si jolie avec ses grands yeux noirs papillonnants, avec son air misérable, ses mains nouées sur son ventre. Elle n’était pas seulement jolie, elle était irrésistible. Non seulement il avait envie de lui pardonner, mais presque de s’excuser… Un comble.



Voilà qu’elle reparlait comme un livre.



Devant l’air interrogatif de Patrice, elle expliqua :



Intéressé, Patrice voulut poser d’autres questions, mais elle coupa court.



Elle avait retrouvé son sourire. Aujourd’hui, elle portait une tenue claire qui faisait ressortir son bronzage, soulignait ses formes. Craquante. Qu’est-ce que ça devait être du temps de sa jeunesse ! « Faut que j’arrête de la mater ! Elle va me prendre pour un « zobcédé », se dit Patrice.



Hier, elle le virait comme un voleur, aujourd’hui, elle l’invitait. Il ne comprendrait jamais rien aux femmes.



Elle lui tendit la main.



Plaisantait-elle ? Il n’aurait su dire. Dans l’expectative, il se tut. Avec un naturel déconcertant, elle passa son bras sous le sien et l’entraîna vers sa maisonnette. La veille aussi, son corps avait pesé contre lui, mais il n’en avait même pas eu le même ressenti. Aujourd’hui à chaque pas, un sein dont la fermeté ne faisait aucun doute se pressait contre son bras. Dans l’état de frustration où il se trouvait depuis son arrivée, ce simple contact mit en route son imagination et déclencha son désir. Heureusement, le chemin était court pour rejoindre la maison. Même cinéma sécuritaire pour rentrer, mais aujourd’hui la femme, libre de ses mouvements, n’eut pas besoin de son aide pour déverrouiller porte et portail. L’intérieur lui parut plus riant, plus lumineux. Sans doute un effet de son imagination conjugué avec la bonne humeur de son hôte.


Sur la table, une cafetière de café fumant, une baguette, du beurre et de la confiture.



Espérons qu’elle ne soit pas comme Marie-Agnès, pensa Patrick, sinon je ne suis pas sorti de l’auberge. Une idée libidineuse traversa son esprit : l’eau ruisselant sur son corps nu, coulant entre ses seins, dévalant inexorablement vers son triangle magique. Il n’avait pas besoin de voir, il y était. Il s’assit et se servit un café. La vue de la baguette chassa ses pensées cochonnes. Une baguette, une vraie baguette dorée qui avait l’air croustillante. Pas une de ces baguettes pâlichonnes et antipathiques qu’on trouvait de ce côté du Pacifique. Il avait déjà déjeuné, mais c’était trop tentant. Il beurrait sa deuxième tartine quand Charlotte réapparut. Il n’en revenait pas. Elle ne s’était pas attardée sous la douche ! La bougresse devait être pressée de le retrouver.


Elle avait troqué sa tenue de sport par une tenue, tout aussi austère, mais foutrement sexy. Une veste d’intérieur très bien coupée sur une jupe longue dans la même étoffe, plutôt matière mêlant l’apparence du cuir et la légèreté de la soie. Patrice n’y connaissait rien, mais il aurait juré que c’était du sur-mesure. Impression soudaine de ne pas être à sa place avec son t-shirt de la Warehouse à 10 $ et son bermuda fripé. Envie de se lever et partir. Mais, il fut vite rattrapé par ses démons. Si son accoutrement ne dévoilait aucune parcelle de peau superflue, chaque mouvement créait des effets lumineux, se reflétait sur ses vêtements mettant en évidence différentes parties de son anatomie. Il s’en dégageait un érotisme torride qui ne laissa pas Flamberge insensible.


Assise face à lui, elle babillait toujours dans cette langue très académique. Il répondait par monosyllabes à ses questions, plaçait de temps à autre une remarque à peu près pertinente. Il apprit ainsi qu’elle était veuve, propriétaire d’un vaste ranch en Australie (une Aussie, d’où cet accent), que sa maladie avait été diagnostiquée l’année précédente. Il compatit sincèrement quand elle lui expliqua, une larme au coin de l’œil, que nul n’était capable de dire comment celle-ci évoluerait. Il eut envie de la prendre dans ses bras et pas seulement, mais… ils ne jouaient pas dans la même division. La discussion dériva ensuite sur des sujets anodins. Il décrocha rapidement. Il écoutait d’une oreille distraite, plus préoccupé par les jeux de lumière qui tour à tour soulignaient la courbure d’un sein, surlignaient une fesse, dessinaient l’échancrure d’une hanche, révélaient la forme et le volume d’un téton, voire même, instant sublime, la proéminence de son mont de Vénus. Préoccupé aussi par les dimensions que prenait son pénis. Son bermuda n’était pas prévu pour masquer des érections impromptues. Elle allait finir par s’en apercevoir. Bingo ! Elle s’interrompit soudain, le regarda droit dans les yeux et d’une voix sereine lui déclara :



La carpe, bouche ouverte, scotché au canapé. Qu’allait-elle penser de lui ? Il voulut protester, mais avant qu’il puisse décrocher une syllabe, elle continuait :



Drôle de gonzesse. Problème moral et encore quoi ? Ces paroles énoncées sur le ton d’une conversation banale auraient dû le refroidir dans ces ardeurs, mais elles étaient prononcées avec un sourire qui disait « viens goûter à mes lèvres ». Ne trouvant nulle réplique adaptée, il se leva et alla s’asseoir à côté d’elle. Il l’enlaça. Elle se laissa, une fois de plus aller contre son corps. Il se sentait affreusement bizarre, le mâle primaire/primate la désirait férocement, le fils de prolo avait peur de s’attaquer à une représentante des classes privilégiées, mais surtout, il était envahi par un sentiment de tendresse qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps. Cela le rendait maladroit et lorsqu’elle lui tendit ses lèvres, leur baiser avait la fraîcheur d’un baiser d’adolescents. Il ne dura guère. Il crut lire de l’étonnement dans ses yeux. Elle devait vraiment le prendre pour un demeuré. Elle se détacha de lui et reprit la parole :



Complètement targe cette gonzesse, pensa-t-il. Il dut le penser très fort.



Il avait dit ça ! Voilà, qu’il parlait comme elle ! Il s’apprêtait à se lever. Elle posa la main sur son bras pour le retenir.



Patrice pensa qu’avec sa maladie, il était fort peu probable qu’elle ait le Sida, en prime. Puis les préso, c’était pas son truc. Trois fois sur quatre, il débandait ; ensuite c’était la croix et la bannière pour relancer la machine. Quant à la quatrième fois, il remplissait la capote avant d’avoir fini de la positionner. Il s’empressa de répondre :



Et il la suivit.




**********




La salle de bain le surprit par sa propreté étincelante. Charlotte entreprit sans aucune gêne de le déshabiller. Il se retrouva Flamberge au vent devant cette femme qui, hier encore était une inconnue. Et Flamberge se la jouait « voyez comme j’en pince pour vous ».



Et il obéissait.


Il ne le regretta pas. Charlotte se déshabilla à son tour. Patrice éprouva une certaine déception. Finalement, il savait quasiment déjà tout de ce corps. Seule surprise, mais en était-ce une en 2016, elle avait le minou intégralement épilé. Elle s’était déshabillée sans hâte, mais sans fausse pudeur, sans aucune de ces contorsions qui caractérisent la première mise à nu devant un homme. Sans fierté, non plus, simplement avec le naturel déconcertant d’une femme sur d’elle-même, de sa beauté.


Et elle pouvait l’être


Des seins en poire d’où pointaient des tétons arrogants, un ventre plus plat, tu meurs, un petit abricot mûr à point aux grandes lèvres parfaitement dessinées qui ne cachaient qu’imparfaitement un clitounet aussi fier que les tétons précédemment cités. Un bronzage intégral uniforme apportait la touche finale à ce corps aux proportions harmonieuses. Et lors de leur discussion, elle lui avait avoué se trouver vieille ! Il n’était pas parvenu à trouver le moindre défaut à cette anatomie. Seules ses mains ridées et de fines pattes-d’oie au coin de ses yeux révélaient son âge. Seule, sa taille le dérangeait : il avait dû lever la tête pour capter son regard au moment, où elle pénétrait dans la baignoire, armée d’une lingette. « Elle ne va pas me laver quand même ? », se demanda-t-il.


Ben si !


Il passa d’abord sous la douche. Le début ne fut guère agréable : un jet violent projetant des gouttes aussi dures que des glaçons perfora son corps comme autant de minuscules aiguilles. Tout changea dès que l’averse cessa. Charlotte s’agenouilla et entreprit de le laver en commençant par ses pieds. Un instant, il craignit qu’elle ne fasse ça chirurgicalement, cliniquement comme l’infirmière qui l’avait épilé lors de sa dernière coronographie. Un an après, il se demandait encore comment, une nana super sexy avait réussi, en le tripotant allègrement, à réduire son pénis à l’état d’un point virgule à peine visible. Mais que nenni ! Charlotte se montra d’une douceur aphrodisiaque, câline, insistant sur les endroits stratégiques. Elle s’occupa précautionneusement de Flamberge qui sous l’agressivité de la douche s’était ratatinée. Elle la décalotta pour un récurage approfondi du gland. Récurage qui provoqua un net redressement de la situation. Alors que les mains abandonnaient une bite fièrement bandée pour s‘occuper de la face nord, Charlotte posa les lèvres sur le méat. Doucement, elle absorba le gland et le suçota quelques secondes. Au grand dépit de Patrice, elle se releva, continuant le décrassage. Après un lustrage de son crane fraîchement rasé, elle marqua la fin du « nettoyage » par un baiser passionné.



Ils n’eurent pas besoin de serviette, car un souffle d’air chaud les sécha en quelques secondes. Il était tombé sur une nana vraiment friquée, car cette installation devait coûter bonbon. La nana friquée s’était collée à lui, le corps frémissant. Elle chercha à nouveau sa bouche pour un nouveau baiser accompagné d’une oscillation du bassin dénuée de toute équivoque. Le lieu, plutôt instable malgré un revêtement antidérapant, ne se prêtait guère à ce genre de jeu. Ils sortirent de la baignoire sans pour autant se dessouder. Pour l’occasion, ce fut Charlotte qui soutint Patrice et leur évita la chute.


Toujours collés, l’un à l’autre, Charlotte le poussa en direction d’une seconde porte qui coulissa silencieusement à leur approche. Elle menait à la chambre. Patrice ne fit guère attention au décor de celle-ci, trop absorbé par une découverte tactile des rondeurs charmantes de son hôtesse. Au-delà de seins au galbe parfait qui ne semblaient rien devoir à la chirurgie (il s’était gouré), la peau montrait une douceur, une « lissitude » digne d’une peau de jeune fille. La jeune fille en question le fit basculer sur le lit : un king size à n’en pas douter, et pas le modèle de base. Seule, elle devait s’y perdre. Percevant un changement de luminosité, Patrice jeta un œil : comme dans l’ancien lit à baldaquin, des tentures, de la même matière, lui sembla-t-il, que les fringues de Charlotte, les isolaient du reste du monde. Une lumière tamisée venue de nulle part éclairait le ring. Le combat pouvait commencer.


Charlotte, particulièrement intéressée par Flamberge la cajolait avec un art dénotant une longue pratique. Le bref instant d’inattention avait permis à sa partenaire de, si l’on peut dire, renverser la situation. Sa bouche se trouvait maintenant à quelques centimètres d’une fissure liquoreuse, alors que Charlotte détaillait d’une main adroite son service trois-pièces, de l’autre, tout aussi adroite (bien que ce soit la main gauche) dessinait des signes cabalistiques sur un gland mystérieusement décalotté.


Toute cette « lissitude » lui évoquait inexorablement le corps gracile d’une préadolescente, refroidissant quelque peu ses ardeurs. Il se sentait mal à l’aise face à cette juvénilité. Charlotte s’impatienta. Elle approcha le bassin, entrouvrit son triangle. Une perle de rosée sourdant de la vulve le ramena à son adulte réalité. Aussi, quand elle s’ouvrit franchement, posant pied droit sur mollet gauche, toutes les réticences de l’homme se dissipèrent. Du bout de la langue, il essuya la gouttelette mielleuse avant qu’elle n’atteigne la cuisse. S’introduisant à l’intérieur du fruit, il s’aperçut que celui-ci était mûr à point, très goûteux. Le jus qui s’en échappait, s’il n’était pas de la treille, n’en était pas moins enivrant : il le lapa avec délice. De ses mains puissantes, il malaxait ces fesses, si fermes, si bien faites qu’on aurait pu les penser issues du moule d’un sculpteur inspiré.


Pour se mettre à l’unisson, Charlotte posa sa bouche sur le gland humide et le dégusta avec gourmandise comme elle aurait léché une boule de glace. Divin ! Il en oublia sa partenaire, concentré sur ses sensations. Elle ne protesta pas, mais pressa plus fort sa vulve contre les lèvres immobiles. Reçu 5 sur 5. En bons petits soldats, la langue reprit son exploration, les doigts, leurs caresses.


Charlotte avait embouché complètement sa hampe, sans réelle difficulté. Ses lèvres collées à sa toison pubienne s’étaient immobilisées. Seule, la langue vivait, tournoyant autour de son gland lui procurant d’exquis stimuli. Par une sorte de mimétisme, il fit de même : lèvres soudées à la vulve, simili phallus inquisiteur allant au plus profond de cette chaude cavité. Ce petit jeu conjoint dura plusieurs minutes. Minutes durant lesquelles, leurs mains ne restèrent pas à rien faire. Dos et fesses offraient de multiples possibilités. Lorsqu’il voulut titiller, la rosette de la belle dame, elle lui signifia par une crispation nerveuse de ses deux globes, que l’accès à l’entrée de service lui était interdit. Elle, cependant, ne se priva pas de le doigter et d’effectuer d’un index audacieux un massage énergique de la prostate.


Il baignait dans une félicité intemporelle qu’il aurait voulu étirer à l’infini, mais la nature est ainsi faite qu’il lui fallut bien s’arracher à cette béatitude et à la bouche qui le tétait pour passer au dernier acte. Nouveau retournement de situation. Dans une position de missionnaire tout à fait classique, il s’enfonça dans une vulve éminemment prête. Ce canal lubrifié à souhait s’ajustait parfaitement à la taille de Flamberge, se contractant, s’ouvrant au rythme de sa pénétration. Il ne leur fallut guère de temps pour… Fait rare, pour une première tentative, ils jouirent dans la même seconde. Ils restèrent enlacés, imbriqués l’un dans l’autre. Patrice ne pouvait s’empêcher de caresser cette peau au grain si doux lui rappelant sa jeunesse disparue.



Elle suivit le regard de Patrice dirigé vers ses cheveux un peu ébouriffés après leur étreinte.



Question purement rhétorique, elle s’était levée et de sa démarche élégante, se dirigeait vers une porte… de plus. Les yeux de Patrice ne pouvaient se détacher de cette croupe magnifique qui s’éloignait dessinant des 8 évocateurs ! Que n’avait-il quarante ans de moins ! Il l’aurait suivie et l’aurait prise de nouveau, à la hussarde. Avant qu’elle ne quitte la pièce, Flamberge aurait percé ses défenses. Bien que son désir fût toujours aussi intense, l’intendance ne suivit pas. Avant de quitter la chambre, elle se retourna et lui sourit l’air de dire « On a bien le temps ! ».




**********




Brève absence, le temps pour Patrice de retrouver ses esprits et une position assise. Elle posa, sur un chevet qui jouxtait le lit, un plateau sur lequel se trouvait un verre empli d’une boisson ambrée. Elle s’installa face à lui, l’attira vers elle et l’embrassa goulûment. Tout en négociant ce baiser aux virages serrés, elle s’ingénia à passer ses jambes de part et d’autre du bassin de l’homme. Elle fit tant et si bien qu’in fine, elle se retrouva assise sur Patrice, jambes croisées derrière son dos, mont de Vénus pesant contre une hampe plutôt flasque. D’une main sûre, elle s’en saisit et la glissa dans sa vulve.



Elle s’empara alors du verre et y ficha deux pailles argentées.



À notre amour ! Elle allait vite en besogne. Ils avaient baisé, bien, même très bien, mais c’était un peu court pour parler d’amour. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle reprit :



On ne contredit pas une dame quand on a sa bite fichée dans son vagin. Même si, pour l’instant, ladite bite ne faisait pas la fière. Elle plaça le verre entre ses seins. Chacun tétant/tirant sur sa paille, ils vidèrent le verre. Il aurait été incapable de dire ce qu’il avait bu, mais c’était agréable au goût. Probablement alcoolisé, car une douce chaleur l’envahissait. Charlotte se débarrassa promptement du verre et reprit son baiser. Simultanément, son bassin ondula contre le pubis de l’homme. Flamberge revenait aux affaires. La rapidité de la chose étonna Patrice, mais il était trop occupé à pétrir les seins de sa belle Aussie pour se poser des questions.



Flamberge enflait, enflait. Si elle continuait ainsi, elle n’exploserait peut-être pas telle la grenouille de la fable, mais elle allait se répandre. Et ce second épisode inespéré se transformerait en Waterloo morne plaine. Le bateau… le matelas tanguait, tanguait. Patrice s’accrochait aux nénés de sa belle comme à des bouées. Charlotte, les jambes en pression sur le matelas, jouait à « je la vois, je la vois plus » dans un rythme qui tenait plus du rock que du tango. Pour une grande malade, elle avait une sacrée forme. Elle ne cessait pour autant de l’embrasser. Lui bloquant la tête d’une main, elle lui prodiguait un baiser fougueux, dévastateur.


Sa langue, sa langue… elle l’aspirait, elle l’aspirait telle une goule affamée. Elle l’étirait, elle allait la lui arracher. L’image de sa langue baisant l’œsophage de Charlotte. Image immonde qui aurait dû le faire gerber, mais qui faisait encore gonfler Flamberge. Les doigts de Charlotte couraient sur le clavier de son dos. Chaque note se répercutait dans toute la pièce en un kaléidoscope sonore, papillonnait devant ses yeux avant d‘éclater en bulles multicolores dans l’habitacle de la fusée.


La fusée ? Quelle fusée ? Elle était là, elle se dressait fièrement sur le pas de tir, dans l’attente. À l’intérieur du vaisseau, l’équipage des spermatos ricanait s’apprêtant à en découdre avec le contingent d’ovules qui les attendaient aux tréfonds de l’espace. Patrice, dans un éclair de lucidité, se demanda ce qu’elle avait mis dans leur boisson. Mais il replongea instantanément dans son univers onirique. Charlotte l’ayant fait basculer sur le dos le chevauchait. Les murs de la pièce avaient disparu. Walkyrie enragée aux cheveux volant dans le vent de la steppe, elle éperonnait ses flancs imprimant un rythme d’enfer à Flamberge. Il était le cheval qui l’emmenait vers l’infini. Bien qu’il lui semblât que sa bite ait la taille de l’obélisque de Louxor, le sommet du col s’éloignait. Il se perdait dans son vagin réceptacle, pataugeait dans une vaste plaine marécageuse peuplée d’ovules gémissants. Les parois abruptes de celui-ci n’étaient que lointaines falaises, inaccessibles. Les petits spermatos pleurnichaient : ils ne pourraient jamais remplir leur mission, jamais atteindre le sommet du col de l’Utérus. Ils hurlaient dans les oreilles de Patrice :


« Pour Dieu et pour le Roi !

Cela bas de soie

Que ton glaive d’airain

Lui pourfendent les reins !

Va preux chevalier de la table ronde,

Goûte voir si le vin est blonde ! »


Il se redressa, avança fièrement, entre deux haies de spermatos étendard au vent scandant :



Elle se leva, s’approcha et avec un accent délicieux, prononça ces paroles historiques, hystériques, érotiques.



Au fil de ses paroles, son habit d’apparat s’était progressivement désagrégé, la laissant en tenue d’Ève. Une Ève au minou aussi flamboyant que sa chevelure. Flamberge ne se tenait plus ! Il baissa les yeux ! Horreur ! Sa bite avait pris un volume démesuré ! Ce n’était plus une bite ! Un roc… Un pic… Un cap… Une péninsule… Avec une telle arme de destruction massive, il ne pourrait jamais pénétrer quelque femme que ce soit, même pas la grosse Bertha. Alors un fruit si délicat… Avoir la plus belle femme du monde à portée de bite et… Anéanti, il releva les yeux.


De Jane, ne restait qu’un sourire et un regard provocant. Son corps n’était plus qu’une vulve immense et palpitante. Vulve à l’échelle de son vit.



Flamberge s’enfonça jusqu’à la garde dans ce vagin ; le vaisseau décollait. Patrice se cramponna aux grandes lèvres. Chaque accélération le rejetait vers l’arrière.

Chaque fois, il lui fallait revenir.

Chaque fois, il lui semblait que c’était la dernière.

Il allait être digéré par ce sexe grimaçant.

La fusée se dirigeait vers le soleil.

Une lumière rouge écarlate d’une violence exponentielle brûlait ses rétines.

L’armée des spermatos s’agitait, prête à en découdre.

Soudain, les parois du vaisseau volèrent en éclats.

Des milliers de soldats ovuliens se lancèrent à l’abordage.

Ce fut la curée.


Les pauvres spermatos se firent dévorer les uns après les autres par des ovules affamés et sans pitié. Dès que l’un d’eux avait ingéré sa victime, il se retirait en chantant :



Arriva l’instant où l’ultime rescapé tenta de regagner l’urètre. Le malheureux n’y parvint pas, poursuivi pas une flopée d’ovules. Ils s’agglutinèrent autour du gland et s’étripèrent pour avoir cette dernière virgule. Virgule, Flamberge l’était redevenue. Extinction des feux.


Lorsque Patrice reprit ses esprits, Charlotte se tenait dans l’embrasure de la porte. Vêtue de pieds en cap, rayonnante, elle donnait l’impression de sortir d’un salon de beauté.



Et elle affirmait ça avec le plus grand sérieux. Dans l’état de délabrement qui était le sien, Patrice voulait bien croire qu’il avait été généreux. Superbe, elle était bien gentille, encore eût-il fallu qu’il se rappelle…



Aimé, c’était peu dire ! Il ne se souvenait pas du déroulement exact, mais le moment de sublime extase qui avait conclu resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Une nana comme ça, même si elle usait de quelque subterfuge, il ne pouvait que l’aimer. Les mots sortirent de sa bouche, à l’insu de son plein gré :



Il entra dans la douche, chancelant, il en ressortit tout revigoré. Ses vêtements l’attendaient sur une desserte à l’entrée du salon. Il aurait juré qu’ils avaient été « nettoyés ». Ils prirent une copieuse « collation » et Patrice retourna au home de sa fille tout guilleret et… amoureux.




**********




La journée précédente avait été hard. Rentré tardivement – le lunch avait déjà été expédié –, Patrice s’était fait agresser, dès son arrivée, par une Marie-Agnès échevelée. Dressée sur ses ergots, enfin sur ses talons, elle l’avait accusé, sous le regard amusé de leur fille, d’être allé satisfaire ses bas-instincts auprès des prostiputes locales. Folle de rage, elle le fustigea sur ses envies de gros culs, de seins pendouillants, de chattes poilues. Il ne l’avait pas vue dans cet état depuis le jour où elle avait découvert qu’il la trompait avec Sonia, sa meilleure amie. Mais, y’avait prescription. Il est vrai que jamais à Gisborne, il ne lui avait donné l’occasion d’être jalouse. Jalouse, il n’en revenait pas. À longueur d’année, elle couchait avec tout mâle bien doté qui passait à sa portée. C’est du moins ce qu’elle lui racontait. La crise qu’elle avait piquée lui posait question.


Le soir, au moment du coucher, changeant de tactique, elle avait tenté de le vamper. Elle avait mis le paquet : lingerie affriolante, maquillage ad hoc, attouchements sans équivoque. Elle n’avait jamais été aussi loin. N’eût été Charlotte, le sentiment amoureux qu’il éprouvait, et accessoirement le fait d’avoir puisé largement dans ses réserves, il aurait sans doute cédé à ses avances. Marie-Agnès s’était montrée très convaincante, câline à la limite du supportable. Elle avait été jusqu’à lui poser une main inquisitrice sur une bite qui resta de marbre… de marbre n’était peut-être pas la bonne expression vu l’état de fatigue de Flamberge. Si en temps normal, ses manigances titillaient sa libido, après ses ébats avec Charlotte et les sentiments qu’il éprouvait, elles n’avaient aucune chance d’aboutir. Patrice l’avait jetée, avec cependant un zeste de culpabilité. Égale à elle-même, elle l’avait ensuite traité de noms d’oiseaux. Elle avait renouvelé ses accusations sur une prétendue maîtresse autochtone. Ce qui avait déclenché un grand rire intérieur. Autochtone, sa maîtresse…


Mais ce matin, marchant d’un pas allègre sur le « boardwalk », il allait retrouver Charlotte : ils s’aimaient. Les jérémiades de sa femme lui importaient peu, bien qu’une remarque de sa fille (maman est toujours amoureuse de toi) lui restât en travers de la gorge. Dans sa ford intérieure, il se disait qu’avec Charlotte, c’était un peu rapide, mais comme elle le lui avait dit, elle était malade et le temps lui était compté. Patrice ne se reconnaissait plus, lui si routinier, se sentait prêt à toutes les folies. Lorsqu’il arriva devant la maison de sa dulcinée, son imagination voguait sur des lagons bleus, des plages de sable fin, des câlins iodés. Il sonna. Pas de réponse. Il recommença, impatient. Toujours pas de réponse. Une troisième fois, anxieux. Silence radio.


Inquiet, il tenta de voir par-dessus le mur. En sautillant stupidement, il constata que tous les rideaux étaient baissés. Aucun signe de vie. Charlotte avait dû avoir de nouveau un malaise, une crise. Il fallait qu’il entre. Pourvu qu’il n’arrive pas trop tard. Le portail montait trop haut, mais l’enceinte n’était pas infranchissable. Indifférent au fait qu’on puisse le prendre pour un cambrioleur, il se hissa et parvint à enjamber la clôture. Alors qu’il allait se laisser retomber sur la pelouse intérieure, un éclair bleuté zébra l’espace. « Putain, il avait oublié que… »




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Qu’est-ce qu’il foutait sur ce banc ? D’accord, il avait mal dormi. D’accord Marie-Agnès lui avait pourri sa soirée. Qu’est-ce qui lui prenait, à sa satanée bonne femme, il était bien entendu entre eux que leur séjour à Gisborne était une parenthèse, qu’ils retrouveraient leur indépendance dès leur retour en France. Hier soir, c’était parti en live. Pour on ne sait quelle raison, elle l’avait accusé d’être allé satisfaire ses bas-instincts auprès des prostiputes locales, pire, d’avoir une maîtresse autochtone. Une maîtresse à Gisborne, avec son anglais de pacotille, avec son goût pour les filles androgynes, avec sa timidité, comment pouvait-elle croire cela ? Il ne l’avait pas vue dans cet état depuis le jour où elle avait découvert qu’il la trompait avec Sonia, sa meilleure amie. Mais, y’avait prescription. Jalouse, elle était jalouse. Qu’est-ce que cela signifiait ? Sa fille en avait rajouté une couche au breakfast. Marie-Cécile, nullement dupe de leur comédie, lui avait dit que Marie-Agnès était toujours amoureuse de lui et qu’elle se rendait bien compte, que lui aussi avait encore, aussi des sentiments pour sa mère. Il réalisa brutalement qu’il n’avait jamais vu sa femme en situation intime avec aucun de ces multiples prétendus amants. Cela voulait-il dire que toutes ces années, elle l’avait mené en bateau ? Cette salope de Sonia. Serait-il possible que ? Quelque part, cela réveilla de vieux sentiments. Marie-Agnès…





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Épilogue



Monde Réalité 16 (An 3205 Postap)


(Traduction en galactique standard Terra1 pour archives MRA, Encyclopédia Galactica, idiome original R. Vomisa— À 8². 0 MR16)


Compte rendu Mission ETO (Extraction Terre des Origines) – 1200 Postap — Projet réimplantation humaine sur MR16


Présents : R. Daneel, Directeur TR, R. Seldon, concepteur projet, R. Calvin, sociologue, R. 00076AKK, explorateur.


R. Daneel :



R. Seldon :



R. Calvin :



R. Daneel :



R. Calvin :



R. Daneel :



R. Calvin :



R. 00076AKK :



R. Seldon :



R. 00076AKK :



1) Ma taille. Il semblerait que les terriens de type mâle soient complexés face aux femelles de grande taille. Il faudra y remédier.

2) Mon apparence : j’ai lu dans l’esprit du sujet que ma perfection l’étonnait, voire l’inquiétait. Il faudra me donner une anatomie moins lisse, moins parfaite plus proche de l’imperfection chronique des autochtones.

3) Le K2R a eu des effets hallucinatoires sur le sujet. Nos chercheurs devront analyser les banques mémorielles du sujet afin de trouver une solution adaptée qui ne mettent pas en jeu la santé mentale des sujets.

4) Il semblerait que les humains répandent également leur semence dans l’orifice anal. Le sujet a été déçu que je lui en interdise l’accès. Il faudra me façonner un conduit anal conforme et le relier au réceptacle.


R. Daneel :



R. Calvin :



R. Daneel :



R. Seldon :



R. Daneel :



R. Calvin :



R. Daneel :



R. Calvin :



R. Daneel :



R. 00076AKK :






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En rappel, les lois des robotiques selon Isaac Asimov. (Auxquelles l’indigne vermisseau que je suis s’est permis quelques emprunts)

1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;

2. Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;

3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.