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n° 17897Fiche technique7831 caractères7831
Temps de lecture estimé : 5 mn
06/05/17
Résumé:  Julien a un faible pour Maude. Un jour, il parvient à la convaincre de s'offrir des boucles d'oreilles...
Critères:  fh collègues magasin cérébral revede nopéné fantastiqu -fantastiq
Auteur : Dark_lunara            Envoi mini-message
Les boucles d'oreilles



Tout en s’adressant à Julien, un petit sourire en coin, Maude pénétra dans la bijouterie. Fort heureusement, la galerie commerciale n’était pas très éloignée du boulot, il était donc possible d’y faire un saut rapide le midi à l’heure du déjeuner.


Maude était une grande et mince jeune femme aux yeux noisette et aux cheveux châtains coupés en carré plongeant – une coupe que Julien affectionnait particulièrement. Elle n’était pas spécialement coquette : les rouges à lèvres, les petits hauts, les frous-frous, les chichis, très peu pour elle, merci bien ! C’est précisément pour cela que Julien était assez content (et en même temps un peu surpris) d’avoir réussi à la convaincre de s’offrir une belle paire de boucles d’oreilles. Mais ce que Julien admirait beaucoup chez Maude, c’était son caractère de femme épanouie, qui parvenait sans failles à mener sa vie malgré les doutes et les difficultés. Il ne lui manquait en réalité rien qu’une petite touche d’élégance.


Les boucles d’oreilles scintillaient aux oreilles de Maude, sous la lumière des spots. Elle regardait Julien avec un petit sourire, heureuse d’avoir – finalement ? – franchi le pas. Elle dit quelque chose, mais Julien ne l’entendit pas. Il se passait quelque chose de curieux : il voyait bien ses lèvres remuer, mais bizarrement, aucun son ne semblait plus en sortir, ce qui était (il faut bien le dire) assez inhabituel de la part de Maude.


Julien se sentait bien, détendu. Puis, tout doucement, très progressivement, l’environnement changea, devint comme…vaporeux. L’univers semblait se contracter, se resserrer. Les lumières de la boutique, la musique de la galerie, le bruit des conversations, les gens, tout sembla se rétrécir, comme au ralenti, jusqu’à devenir tout petit, jusqu’à disparaître totalement. Il ne resta bientôt plus en face de Julien que Maude, son visage rayonnant avec une netteté surnaturelle.


Julien pouvait contempler son visage, s’attarder sur ses formes, ses courbes. Détailler l’arrondi de ses lèvres, plonger dans ses yeux brillants et rieurs. Imaginer la douceur de sa peau, respirer son parfum.

Quelque chose d’incroyable allait bientôt se produire, quelque chose que Julien avait en réalité fantasmé des dizaines, des centaines de fois même peut-être, allait enfin arriver et cette perspective lui procurait une excitation croissante, une espèce de fourmillement dans la poitrine qui se déroulait doucement jusqu’au bout de ses membres et que le rythme de son cœur commençait à laisser transparaître. Est-ce que ceci était bien en train de se produire ?


L’univers continuant de se contracter, Julien était maintenant tout proche, son regard oscillant entre les yeux de Maude, mi-amusée mi-curieuse et sa bouche, fine et souriante. Le temps semblant s’être également ralenti, elle ne parlait plus, ses lèvres entrouvertes figées au beau milieu d’une phrase. Malgré toutes les apparences de l’inévitable, tout pouvait toutefois encore dérailler ! Le plus grand risque, la plus grande peur de Julien était que Maude puisse brusquement détourner la tête, décidant que finalement, non, cela ne pouvait pas se faire. Cette idée, bien que sourde et diffuse, contribuait pour beaucoup à augmenter considérablement l’excitation de Julien.


Il pouvait maintenant sentir son souffle, lent, chaud et léger. Au moment où précisément, il avait lui-même cessé de respirer, de peur que le moindre de ses mouvements vienne briser la magie de cet instant incroyable. Son nez effleura soudain le sien et ce contact si bref libéra instantanément une folle énergie. Ce fut le signal tant espéré, le drapeau à damier agité devant le coureur, le fanion de l’explorateur, flottant au sommet de la montagne.


D’un seul mouvement, Julien enserra d’un bras la taille de Maude et son autre main plongea dans ses cheveux, caressant doucement sa nuque. Il pressa doucement ses lèvres sur les siennes. Son excitation précédente disparut soudainement pour laisser place à une transe incrédule, toutes ses sensations tournée vers le contact de Maude, enlacée et blottie, dans ses bras.


Doucement, il fit glisser sa bouche sur la joue de Maude, une joue d’une douceur en tout point égale à celle qu’il avait imaginée tant de fois. Il l’embrassait doucement, allant et venant jusqu’à revenir finalement sur ses lèvres où il s’immobilisa, concentré sur cet instant précis.


Ce moment était-il réel ? C’était, à vrai dire, à peine imaginable et pourtant, tout semblait si parfait, si présent.


Julien reprit sa douce exploration, caressant de ses lèvres le contour de son visage, de son oreille, avant de descendre doucement dans son cou. Dans ce cou, long et blanc, dans lequel Julien avait également longuement imaginé respirer son parfum. Son nez, sa bouche, sa joue tout contre sa peau, l’instant était magique, figé dans le temps. C’est alors qu’une nouvelle sensation s’empara brusquement de lui : une sensation de soif, pressante, brutale… immédiate. Quelque chose de bizarre se produisait à nouveau : Julien sentit… comme des crocs lui pousser dans la bouche ! Il serra davantage Maude dans ses bras, au fur et à mesure qu’une fièvre soudaine et élevée s’emparait de lui. Maude ne poussa qu’un bref gémissement lorsqu’il planta doucement ses crocs dans son cou, toutes ses émotions partagées entre la magie de cet instant fusionnel et l’avidité de boire à sa fontaine.


Julien sentit Maude tressaillir entre ses bras. En relevant la tête, il croisa son regard et tressaillit à son tour : les beaux yeux noisette se métamorphosaient subtilement en un regard doré, tournoyant et intense. Le carré châtain se teintait d’amarante au fur et à mesure que sa chevelure poussait et se déployait de part et d’autre de son visage dont la peau prenait progressivement une teinte ambrée. Glissant ses mains sur ses joues, Maude pressa ses lèvres sur celles de Julien, l’embrassant avidement, partageant avec lui sa chaleur, celle d’un brasier intérieur longtemps contenu.


Maude regardait Julien tandis qu’il tentait de remettre ses émotions en ordre. Ce qui venait de se produire avait été tellement intense ! Elle lui parlait, mais il ne comprenait rien. Il n’entendait rien en fait : il voyait pourtant bien Maude remuer des lèvres sans pourtant qu’aucun son ne lui parvienne. Que se passait-il encore ? Petit à petit, la vie alentour reprenait progressivement ses droits : la musique commerciale, les lumières des spots, les couleurs criardes des publicités. Maude se tenait toujours devant Julien, belle et droite :



Les boucles d’oreilles scintillaient doucement, éclairant le petit sourire coquin sur le visage de Maude.