Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 17922Fiche technique23141 caractères23141
3905
Temps de lecture estimé : 16 mn
25/05/17
Résumé:  Le XXIIIe siècle, une époque bénie ?
Critères:  f fh jardin collection exhib nudisme ffontaine fmast hmast partouze -sf
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message
2222

En ce jour le plus long de l’année, Jolisourire a décidé de se promener dans le jardin public central de sa ville afin, peut-être, de rencontrer une femme qui partagera ses vacances d’été, et peut-être, qui sait, restera un peu plus longtemps avec lui. De toute manière, il n’est pas pressé de se marier : à seulement cinquante-huit ans, il est un garçon qui vient de terminer ses études et qui a toute la vie devant lui.


Nous sommes en 2222, un siècle où l’espérance de vie atteint exactement deux cents ans, grâce aux fulgurants progrès de la médecine qui a vaincu pratiquement toutes les maladies.


Jolisourire – un prénom fréquent de son époque – déambule dans les allées du jardin sans aucun vêtement. Ce mot fait partie du passé où les gens se croyaient obligés de couvrir leur nudité, au moins lorsqu’ils étaient dans un lieu public. La dernière usine qui en fabriquait pour les gens très âgés qui ne souhaitaient pas vivre comme ceux de leur temps vient de réduire son activité et ne fabrique à présent plus que des déguisements et des costumes de théâtre et de cinéma. La dernière fois que Jolisourire a porté sur lui un pantalon, c’était à un bal masqué organisé par l’association des étudiants de son université : il trouvait cela plutôt amusant, mais il aurait trouvé pénible de garder à longueur de journée ce morceau de tissu qui collait à sa peau et empêchait sa sueur de s’évaporer librement. Il pense, de même que la plupart de ses concitoyens, que ses ancêtres avaient des goûts bizarres pour vivre déguisés en permanence. Le réchauffement climatique a supprimé la nécessité de se protéger du froid, dont plus personne ne connaît cette sensation, et l’évolution des mentalités a fait le reste.


Aujourd’hui, en cette année numériquement spéciale, car uniquement composée du chiffre 2, c’est la fête de la vie… à deux, justement ! Ainsi les couples sont à l’honneur, qu’ils soient homo ou hétérosexuels, peu importe : plus personne ne songe à se moquer des différences, pas plus que celles des couleurs de peaux et de religions. Jolisourire se dit qu’en 1111 a peut-être eu lieu la fête de la masturbation, mais cela n’a pas laissé de traces dans les anales – pardon, les annales – car on était en plein Moyen-Âge, et ses ancêtres avaient plus urgent à faire que se branler, comme par exemple repousser les invasions de Huns.


Comme il n’a pas encore déjeuné, Jolisourire s’arrête à une baraque à frites afin de s’en acheter un cornet, accompagné d’un sandwich aux crudités et garni d’une tranche de « robor ». On ne mange plus guère de viande en cette époque pacifique où la violence des abattoirs a disparu, à l’exception du fameux « robor », appelé ainsi parce que c’est roboratif, une sorte de jambon de couleur pâle et qui a bon goût, mais dont la composition exacte reste secrète ; les usines qui en fabriquent sont sévèrement protégées contre les curieux par des barbelés et des gardes robotisés.


Pour payer son repas, en lieu de place de l’antique monnaie qui présentait l’inconvénient d’obliger les gens à en transporter sur eux, ce qui serait difficile puisque chacun se promène complètement nu, notre jeune homme utilise un moyen de paiement biométrique nécessitant de s’authentifier à l’aide d’une petite machine oblongue et creuse qu’il place quelques secondes entre ses jambes ; il est reconnu grâce à la forme de son sexe qui est unique parmi trente milliards d’êtres humains. Une fois que le pénis et les testicules ont identifié l’homme, le compte de celui-ci est débité du prix de son repas. Aujourd’hui, comme c’est la fête, le fait d’être en érection lui donne droit à une boisson gratuite, alors il choisit un soda bien frais, de couleur vive et parfumé au citron.


Certaines versions sophistiquées de ce terminal de paiement disposent en plus d’un dispositif de succion génitale permettant, pour les sommes importantes, de jouir pendant le transfert d’argent ; en effet, la composition unique du sperme, ou pour les dames de la cyprine, ajoute une sécurité supplémentaire contre les erreurs d’identification, voire les usurpations d’identité. Jolisourire se souvient du jour où il a acheté sa voiture électrique, la première de sa vie, il y a huit ans : juste avant de partir avec son véhicule neuf, il a bénéficié de la part de la jolie vendeuse d’un massage très sensuel de sa prostate, un doigt bien lubrifié le pénétrant dans l’anus afin de lui palper ce petit organe, alors qu’il se penchait en avant et que le terminal de paiement lui stimulait d’une puissante dépression d’air la verge introduite dans l’orifice ad hoc. Tout en étant débité d’une part substantielle de ses économies, il a ainsi éprouvé un orgasme fantastique au cours duquel il n’a pas pu s’empêcher de pousser un long feulement de joie, ce qui a émoustillé les clientes qui se trouvaient alentour dans la galerie marchande.


Animées par la curiosité, elles faisaient cercle autour de lui pour admirer la scène, et plusieurs l’ont invité à prolonger avec elles, chez elles, ce joli moment de volupté, propositions auxquelles le fringant jeune homme n’a pas manqué de répondre, quitte à passer son temps à rouler dans sa belle auto neuve pour se rendre chez l’une puis chez l’autre pour qu’elles voient son joujou de plus près et s’amuser avec (non, pas la voiture…). Tout ceci n’a rien d’exceptionnel, car la plupart des jeunes gens font ce genre d’expérience en entrant dans la vie active. Il s’en souvient à chaque fois qu’il prend le volant, et ce souvenir ému lui provoque souvent une soudaine érection que détecte aussitôt l’ordinateur de bord qui lui prodigue alors, de sa voix féminine de synthèse, des conseils de prudence, l’excitation excessive pouvant provoquer des accidents.


Mais revenons à la fête de la vie à deux. Sur les pelouses, de nombreux couples s’étreignent tendrement en s’accouplant dans toutes les positions imaginables. Il y a des enfants de moins de cinquante ans qui regardent : non que le siècle soit pédophile, car personne ne les force ni ne les incite à faire ce dont ils n’ont pas envie, mais plus personne ne songe non plus à leur cacher les merveilles de l’acte d’amour, qui sont maintenant exposées au soleil. Seuls les tout-petits, qui ont moins de dix-huit ans et vont encore à l’école maternelle, regardent ailleurs car cela ne les intéresse pas ; ils préfèrent jouer avec leurs peluches.


Si l’on ne craint plus d’étaler sa sexualité au grand jour, par contre, les spectacles violents comme les vieux Star Wars et autres films de guerre mettant en scène la haine et le sang sont strictement réservés aux adultes de plus de cinquante ans, le nouvel âge de la majorité, et sont projetés uniquement dans des salles de cinéma spécialisées où l’entrée est taxée à 500 % et où l’on s’y rend tout honteux et en se cachant – c’est pourquoi ces établissements ne fonctionnent qu’à la nuit noire, dans les quartiers glauques, et sont signalés par de lugubres néons rouges. Il y en a même qui viennent masqués d’un loup pour ne pas être reconnus. Tout le monde s’étonne que plus de deux siècles plus tôt, c’était le contraire : les parents emmenaient leurs enfants de douze ans au cinéma pour voir des images où la violence et la mort étaient omniprésentes jusqu’à l’écœurement. Par curiosité, Jolisourire est allé voir l’un ces vieux films le jour de ses cinquante ans, nuitamment et en cachette de ses parents chez lesquels il vivait à l’époque : pris de nausées, il n’a pas pu rester jusqu’à la fin et a vomi ses popcorns sur son siège, se promettant solennellement de ne plus jamais recommencer. Enfin, rien d’anormal : c’était l’époque de sa crise d’adolescence, et il a maintenant dépassé ce stade. Mais ceux qui sont devenus dépendants de ces images addictives ont besoin d’une cure de désintoxication qui se pratique en groupe.


D’ailleurs, renoncer à ces divertissements pervers et morbides a aidé l’humanité à se débarrasser définitivement d’un vieux démon, la guerre, sous toutes ses formes : guérilla, batailles rangées, en tranchées ou sabre au clair, ou bien économique, de sorte que plus personne ne se risque à blesser son prochain – ne parlons même pas de tuer, terme obscène s’il en est au XXIIIe siècle – et que les armes de toute nature, du glaive à la bombe atomique, sont reléguées dans les musées derrière d’épaisses vitrines.


Jolisourire est un garçon bellement musclé par les exercices physiques, avec des tablettes de chocolat au-dessus du nombril et des biceps bien découpés ; de plus, sa superbe bandaison à l’approche de jeunes filles de son âge alliée au franc sourire que suggère son prénom le rend plutôt attirant pour les activités érotiques. Il s’approche d’un groupe de quatre filles qui devisaient joyeusement sur le thème de la diversité des membres virils, sujet amusant autant qu’inépuisable s’il en est, et leur propose de vérifier leurs propos à l’aune de sa propre anatomie.


Puisqu’elles en ont la permission, les quatre demoiselles se plaisent à peloter, mesurer et tripoter dans tous les sens le complaisant jeune homme dont le phallus indique résolument midi. Puis il leur dit qu’elles aussi ont de bien jolies fleurs au milieu de leurs cuisses et qu’il voudrait bien en humer les délicats parfums, si toutefois elles le lui permettent.


Elles acceptent toutes et les voilà allongés sur l’herbe, sur le dos, côte à côte, les jambes relevées et largement écartées afin que le sémillant garçon puisse plonger sa langue dans les buissons herbus et déjà humides d’excitation. Mais il rencontre un problème crucial : par laquelle commencer, et comment faire pour éviter que les autres s’impatientent ? Heureusement, des amis passent à ce moment à portée de sa voix : il les appelle pour les inviter à partager son luxurieux repas.


Voilà donc, en plus de Jolisourire, Belhomme, Gentilgarçon et Pan (celui-ci, des quatre, est le plus porté sur la chose), allongés à plat-ventre afin de goûter aux délices vulvaires qui se présentent à eux. Les corolles écarlates s’ouvrent : il n’y a plus qu’à s’y désaltérer. Cela fait une belle brochette que les passants contemplent un petit moment en arrêtant leurs pas.


Une petite fille de vingt-cinq ans qui passe par là demande à sa grande sœur, qui l’accompagne, de rester un petit peu pour admirer la scène qu’elle trouve excitante, tout autant que les cours d’éducation sexuelle où l’institutrice demande à ses élèves de lui lécher à tour de rôle le petit conin afin de leur montrer précisément ce qu’est un orgasme féminin et quelles sont les meilleures et plus excitantes façons d’y parvenir. Charmantecoquine – car telle est le prénom qu’ont choisi pour elle ses géniteurs – est bisexuelle ; elle excelle dans l’art du cunnilinctus autant que dans celui de la fellation, parvenant toujours à mener ses partenaires jusqu’à l’extase, tant en travaux pratiques que dans la cour de récréation, sur ses camarades de son âge. Mais si elle est aussi douée, c’est parce qu’elle a le sens de l’observation et ne craint pas de s’approcher de celles et ceux qui pratiquent le geste tendre afin de mieux s’instruire en regardant attentivement comment ils font. Au XXIIIe siècle, plus personne ne se cache au fond d’un lit pour pratiquer l’acte de chair.


Elle suçote sa glace de l’extrémité de la langue, prélevant des morceaux par petits bouts afin d’imiter le geste d’une fellation visant plus à exaspérer l’excitation qu’à donner du plaisir. Ce faisant, elle essaie de regarder les sexes des garçons, mais comme ils sont allongés à plat-ventre afin de lécher chacun sa fleur féminine, elle n’en voit qu’une petite partie. Puis elle observe les cunnilinctus en cours et trouve cela intéressant. Elle sait très bien jusqu’où elle peut aller : si les jeunes ont le droit de regarder les adultes s’étreindre, de près s’ils le veulent, il leur est par contre interdit de les toucher.


Elle est si émerveillée par la manière dont les quatre garçons balaient de leur langue habile les clitoris turgescents des quatre filles qu’elle finit par oublier d’en manger sa glace, dont le cornet ramolli par la chaleur de midi ne tarde pas à laisser choir sa crème glacée dans l’herbe. Cette époque, bien qu’épargnée par les disettes, n’est pour autant plus celle du gaspillage alimentaire et la jolie Charmantecoquine se fait aussitôt gourmander par son accompagnatrice, sermon accompagné d’une rude fessée, non pas déculottée puisque, si vous avez bien suivi, vous savez que la culotte n’a plus cours depuis longtemps à cette époque, mais appliquée avec fermeté sur les fesses nues, et donc vulnérables, de la fille qui est obligée de se mettre à genoux et de pencher en avant afin de recevoir sa correction.


Nulle violence dans cette situation car ce châtiment n’est qu’un jeu, et cette fessée n’est en rien pour déplaire à la demoiselle dont l’esprit rebelle allié à un certain hédonisme trouve des satisfactions dans les sensations de brûlure à cet endroit charnu. Elle demande souvent à ses amis et amies de la fesser, de préférence en public car elle aime à s’exhiber, sans qu’elle n’ait rien fait de mal. Certes, après une vingtaine de claques sur les globes fessiers, la peau a pris une teinte cramoisie, mais cela s’accompagne d’un émoi très coquin qui encourage la belle à rechercher ce genre de situation, quitte à ne s’asseoir qu’avec difficulté.


Charmantecoquine et sa grande sœur, Charmantelibertine, décident de s’accroupir en tailleur devant cet émoustillant tableau de quatre jolis garçons s’abreuvant au creux des fleurs ouvertes de quatre mignonnes demoiselles, et pour ne pas être en reste, de se caresser chacune le minou déjà humidifié par la vue de cette scène. Bientôt la plus jeune atteint l’orgasme tout en se trémoussant, puis demande à l’autre :



Puis elle éclate d’un rire si gai que les gens alentour tournent la tête dans sa direction, lui sourient, et reprennent leurs activités câlines.


Cette époque bénie est l’ère de l’oisiveté. Nul n’est tenu de travailler – le travail étant d’ailleurs systématiquement bénévole – et que l’on ait ou non une activité professionnelle, le revenu est exactement le même pour tous : une somme suffisante pour vivre tranquillement sans avoir de souci à se faire, à condition de ne rien gaspiller. Les inégalités économiques n’existent plus et les écoliers de trente ans sont effarés d’apprendre, en cours d’Histoire, que pendant des millénaires certains humains, très nombreux, mouraient de faim faute de pouvoir acheter de quoi manger pendant que d’autres, beaucoup plus rares, accumulaient pour eux seuls d’immenses fortunes.


Ainsi Jolisourire, comme la plupart de ses compatriotes terriens – il n’y a plus qu’une seule et unique nation sur la Terre, les autres étant établies sur d’autres planètes – a choisi d’occuper sa vie par une activité artistique : il est peintre et occupe son temps à représenter de jolies femmes sous différentes poses. D’autres font du commerce, sont médecins, scientifiques, ou mènent une vie contemplative, ou font tout cela successivement, mais sans jamais que leur métier prenne le pas sur leur vie personnelle. Car la seule grande affaire ce siècle est l’Amour sous toutes ses formes, mais en priorité l’amour galant, celui que les hommes brûlants de désir portent aux femmes sensuelles, et que celles férues de masculinité adressent à leurs frères d’humanité libres et voluptueux. Tout le reste, notamment le pouvoir et l’argent, n’est que divertissement.


Lorsque s’ouvre la fleur de joie, il est donc d’usage de prendre son temps, et il n’est pas rare que ce contact de la bouche sur les replis du sexe féminin dure deux ou trois heures ; les femmes y sont habituées et savent prendre une posture confortable pour éviter les crampes.


Autour de lui, Jolisourire entend monter par vagues la clameur des jouissances. Au fur et à mesure que l’après-midi avance, le jardin se remplit de gens venus là pour baiser, de sorte qu’il faut se serrer les uns contre les autres pour accueillir les nouveaux arrivants qui parfois peinent à se frayer un chemin pour trouver un coin d’herbe afin de s’allonger et de s’accoupler avec différents partenaires choisis au hasard. Inutile de dire qu’en ce siècle où la sexualité est omniprésente, la prostitution a totalement disparu, tant il est facile de trouver des partenaires, de sorte que chacun trouverait incongru d’avoir à payer de genre de service.


La personne que Jolisourire a choisi de sucer a des orgasmes très humides ; il reçoit sur son visage de petits jets de mouille au moment où le coquillage rouge se contracte, à l’acmé du plaisir. Ce n’est pas pour lui déplaire, car il apprécie les femmes-fontaines qui l’abreuvent de leur abondant miel génital qu’il avale en essayant d’en perdre le moins possible. Mais il sait que la terre a soif et veut sa part de ce précieux liquide.


Puis la dame se relève, le remercie d’un sourire pour ce temps de volupté qu’il lui a donné, et part à la recherche d’un ami auquel elle a promis d’offrir la profondeur de son sexe. Jolisourire n’est pas jaloux. D’ailleurs une autre jolie personne vient lui proposer ses charmes. Elle lui a caressé le dos pendant qu’il pratiquait le long cunnilinctus et veut maintenant qu’il la sodomise, car elle raffole de cette pénétration et trouve que cet homme possède une jolie verge, qu’elle a coquinement évaluée en glissant une main sous lui quand il se trouvait à plat-ventre : un membre suffisamment épais pour bien distendre sa petite rosette avide d’être transpercée.


Des marchands ambulants vendent différents produits destinés à faciliter les activités câlines, en criant sans cesse pour vanter leur marchandise. Jolisourire, galant, offre le lubrifiant qu’il paie en présentant son phallus maintenant très dur que Divineamie – car tel est le prénom de cette jolie personne toute menue et tout juste centenaire – tient entre ses doigts pour le guider vers le terminal de paiement, d’une main si douce qu’il manque d’éjaculer à l’intérieur de la machine. Ce n’est pas ce qu’elle veut : elle préfère que la semence vienne plutôt inonder ses boyaux, ce qui ne tarde pas à se produire, tant l’homme est excité.


Beaucoup de couples ont attendu ce fameux jour pour se marier. Le maire et le curé ont eu fort à faire, et maintenant les jeunes mariés (de cinquante ans et plus, obligatoirement) se font photographier par leurs familles et amis, enlacés dans le jardin fleuri, parfois en train de concevoir avec passion leur premier enfant. Ils se sont promis cent ou cent cinquante ans d’union fidèle. Les échecs, les adultères et les divorces existent, mais ils sont rares car rien dans cette société ne fait obstacle à leur amour.


Jolisourire croise ainsi Cœurtendre et Féelibertine, deux filles qu’il a connues pendant ses études, déjà amoureuses entre elles à cette époque. Aujourd’hui, elles ont concrétisé leur promesse et se sont passé la bague au doigt. Elles s’enlacent tendrement en se roulant dans l’herbe, radieuses. En reconnaissant leur ami qui assiste à leurs câlins ébats, elles lui proposent de participer à leur verre de l’amitié, dans la soirée, et lui demandent aussi s’il veut bien leur donner un flacon de son sperme afin de leur permettre de concevoir un enfant. Comme il accepte et qu’elles ont avec elles un petit récipient de verre, il se masturbe aussitôt afin de leur donner ce qu’elles lui demandent, puis elles le remercient vivement et il poursuit son chemin.


Juste à la tombée de la nuit, Jolisourire participe aux orgies de la fête de la vie à deux, se dépensant sans compter auprès d’innombrables et charmantes inconnues dont il oubliera bientôt les prénoms au profit de nouvelles rencontres. Il est un peu déçu de ne pas avoir trouvé quelqu’un avec qui passer ses vacances d’été, et envisage maintenant de rester en ville au lieu d’aller au bord de la mer comme les années précédentes, afin de travailler comme infirmier bénévole dans un hôpital. Cela fait plusieurs années qu’il n’a fait que peindre, et il se dit qu’il serait temps de se rendre utile auprès des malades et des plus fragiles.


Alors que les premières étoiles commencent à s’allumer, il prend le chemin pour rentrer chez lui car il se sent fatigué et n’a pas envie de participer à l’apéritif des jeunes mariées. Sa prostate et ses testicules lui font mal tant il a répandu de semence, et son pénis est irrité d’avoir trop pénétré. Mais cela ne l’empêchera pas de recommencer le lendemain, le surlendemain et les jours suivants, tant il aime s’accoupler avec des femmes multiples, toujours remplies de charmes et dont il raffole jusqu’à la folie des odeurs charnelles. Cela vaut bien quelques petits désagréments physiques qui seront vite oubliés dans les bras d’une belle.


Juste avant de sortir du jardin, il croise son grand-père, Christian. Celui-ci porte un prénom de la vieille époque, celui de la violence et de l’argent tout-puissant. Jolisourire éprouve beaucoup d’admiration pour lui, qui fait partie de la génération héroïque qui, par son courage pour changer la société de fond en comble, a permis à l’humanité de vaincre ses vieux démons.


Dans une semaine, Christian aura tout juste deux cents ans. Il sera temps pour lui de se retirer au cours de sa cérémonie de fin de vie. Car s’il est encore vert et a baisé toute la journée à l’instar de son petit-fils, la médecine n’est pas encore capable de maintenir à coup sûr les gens en bonne santé au-delà de l’âge de deux cents ans. Tout le monde espère que l’immortalité est pour bientôt, mais les chercheurs rencontrent dans ce domaine d’importantes difficultés. En attendant, personne n’accepte la déchéance physique contre laquelle, passé le cap du bicentenaire, il ne serait plus possible de lutter efficacement. De plus, la Terre compte déjà trente milliards d’habitants et il ne serait pas raisonnable d’en accueillir plus sous peine de famines et de dommages inévitables à l’environnement, car peu de gens acceptent d’émigrer sur d’autres planètes où le climat est toujours hostile. Comme les couples n’acceptent pas non plus de renoncer à procréer, il fallait bien trouver une autre solution au problème démographique.


Pour toutes ces raisons, pour chacun et chacune, le jour du deux centième anniversaire est celui de la cérémonie de fin de vie au cours de laquelle, entouré de sa famille et de ses amis, on doit obligatoirement boire, comme Socrate, la coupe amère qui fait passer de l’autre côté des étoiles. Lorsque l’on est accompagné par l’amour de ses proches, ce n’est pas triste, bien que souvent émouvant. En attendant la date fatidique, Christian s’unit avec une multitude de femmes dont aucune n’a le cœur à se refuser à lui afin que ses derniers moments sur Terre soient lumineux de tendresse.


De plus, il faut bien trouver de la matière organique pour fabriquer le « robor » qui nourrit le monde.