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n° 17949Fiche technique53167 caractères53167
Temps de lecture estimé : 30 mn
13/06/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Didier est un sexagénaire chanceux : riche, bel homme malgré son âge, en couple avec une femme 40 ans plus jeune que lui. Mais Didier en veut toujours plus. C'est ici qu'intervient Pauline.
Critères:  ffh hplusag jeunes couplus extracon strip fellation 69 pénétratio exercice
Auteur : Caracole      Envoi mini-message

Collection : Instantanés
L'ouvre-lettres

Un joli petit cul. Des seins juvéniles qui roulaient leur bosse sous le tissu du débardeur trempé de sueur. Des jambes élancées, fines et musclées qui disparaissaient sous la jupette qui flottait à chaque revers, révélant un sage shorty blanc. Et cette peau luisante sous le soleil, ce teint rosi, cette fougue dans le regard…



Didier sursauta. La voix gaillarde de Francis, son pote de toujours, le tira de sa contemplation. C’était un jeune retraité, tout comme lui. Leur passion commune pour le tennis les réunissait tous les vendredis. Quiconque les croisait les aurait pris pour des quinquagénaires, alors que l’un comme l’autre avaient passé la barre des soixante depuis déjà cinq ans. Pour les trahir, il n’y avait que quelques rides et leur chevelure qui tirait désormais davantage sur le blanc que sur le poivre et sel.


Francis s’installa à côté de lui, accoudé à la barrière qui les séparait du grillage du court. Comme lui, il était en nage. Leur séance hebdomadaire au tennis club Saint-Marceau d’Orléans avait été intense, comme toujours. Enfin, autant qu’elle puisse l’être à leur âge…



Cristina, éternel sujet de railleries entre eux deux. Depuis qu’il avait tout plaqué il y a deux ans pour s’installer avec une midinette de quarante années sa cadette, Didier subissait presque quotidiennement ce genre de moqueries. À la différence que, chez Francis, il n’y avait rien de malveillant. Car lui-même avait une femme vingt ans plus jeune que lui et, à l’époque, ça avait jasé. Déjà.


À la limite, il préférait de loin l’attitude franchement grivoise de son vieil ami plutôt que les faux-fuyants des autres, à commencer par ses gosses, tous quinze ans plus âgés que Cristina, au bas mot. Quant à l’aigreur de son ex-femme, il n’en avait rien à carrer. Cette harpie lui avait déjà sucé le sang – et son argent – pendant trente longues années. Il n’allait pas en plus lui donner la chance de lui pourrir la vie davantage.



Rire franc. Était-ce le moment de le lui dire ? Non, pas encore… Ça aurait fait trop cabotin.



Haussement d’épaules.



Ils prirent leur sac, goguenards.



Ça sentait la vacherie à plein nez.



Posant son sac devant son casier, il ajouta :



Qu’on parle de ça, ça le rendait bougon, en revanche, Didier, il était de la vieille école. Pas le genre à vouloir imaginer sa Cristina avec un autre mec. Surtout pas avec des petits merdeux de vingt ans.



Même si c’était exagéré, Didier savait qu’il y avait une part de vérité. Il n’avait jamais demandé à Cristina plus de détails, mais elle lui avait déjà fait comprendre qu’elle avait goûté à la pluralité. Rien que d’y penser, ça l’horripilait. Fin de la discussion. Il se retrancha dans un silence morose, filant vers sa cabine à poil, son savon et son gant à la main. Suffisant pour que Francis comprenne qu’il fallait s’arrêter. Dans la cabine d’à côté, son ami changea complètement de sujet.



Avec Laurence, ça n’avait jamais été l’amour fou. Faut dire qu’elle s’était toujours doutée que leurs soirées arrosées après le boulot ne se finissaient pas toujours dans des draps propres lorsqu’ils étaient en déplacement… Mais bon, elle était du genre à fermer les yeux sur ce genre de chose, au moins pour son mari : car c’était forcément lui, son pote, qui avait une mauvaise influence. Un truc imparable. Didier en savait quelque chose : pour son ex-femme, c’était Francis qui jouait ce rôle d’affreux queutard manipulateur. Pratique, les amis.



Curieusement, Laurence avait accueilli à bras ouverts sa nouvelle compagne. Faut dire que Thérèse, l’ancienne, n’était pas vraiment sa meilleure amie. Mais c’était surtout une sorte de pitié maternelle. Cristina savait en abuser pour se faire accepter – c’était si rare qu’on accepte de lui parler dans l’entourage de Didier ! Mais elle n’était pas dupe : dès la première rencontre, elle avait taillé un costard trois-pièces à l’hypocrite sitôt entrée dans la voiture : « Mais quelle conne, celle-là ! Elle se prend pour ma mère ou quoi ? »


Alors, non, il n’irait pas. Et comme il était hors de question que Francis l’imagine seul et cocu tout seul dans son coin, il était temps de le lui dire…



Il y eut un silence estomaqué. Puis une exclamation :



Francis émit un son entre le rire et la stupéfaction.



Là, il avait touché juste. C’était la stricte vérité : c’était pas du tout son style de fanfaronner, et son pote le savait. Comme il sortait enfin de la douche, Francis se tut un moment. Mais lorsqu’il le rejoignit pour se rhabiller, il revint à la charge.



Francis s’était fait plus grave. Il changeait son rôle, comme souvent quand il le fallait : de camarade de chambrée, il se faisait confident. C’est rare, les potes comme ça.

Didier haussa les épaules.



Francis s’assit, comme sous le choc.



Difficile d’avouer, même à son meilleur ami, qu’il la trouvait encore plus bandante que sa propre femme d’à peine vingt-quatre ans.



Bien sûr, il y avait une pointe d’amertume. Mais pas au point que ça ne devienne de la jalousie. Francis, c’était de l’amitié solide. Le genre de gars qui pouvait se prendre un bus à votre place. Et puis pas de risque qu’il aille le dénoncer ou quoi que ce soit. La taille des dossiers que Didier avait sur lui était de loin supérieure – en plus explosif !



Son mobile sonna. Cristina. Un petit signe à Francis et il décrocha.



Francis avait fini de se rhabiller.



Haussement d’épaules. Il en avait tellement entendu, sur Cristina, que plus rien ne le touchait. Même venant de son meilleur ami. Surtout que, dans le cas présent, c’était lui qui était en train de la trahir. Pas l’inverse.


Dehors, c’était toujours cette belle journée de printemps, avec ce qu’il fallait comme fraîcheur pour supporter un chandail léger et juste assez de chaleur pour ne pas y ajouter une veste. Le soleil était clair et rarement dissimulé par les nuages blancs cotonneux. Une belle journée pour un rancard. Son smartphone vibra et, justement, c’était elle. Un texto. Signé Pauline.


« Je sors de cours une heure plus tôt… »


Message reçu. Pas besoin de faire de longues phrases.


« J’arrive. »


Il se tourna vers Francis.



Sur ces paroles affectueuses et une dernière accolade grivoise, Didier fonça vers sa BM, jeta son sac dans le coffre et s’installa dans l’habitacle. Direction les quais du Fort Alleaume, à la sortie du lycée privé qui accueillait son BTS. À cette heure-ci, il n’y aurait pas beaucoup de monde. Il devrait y être en moins d’une demi-heure.


Il avait beau essayer de prendre du recul, il avait le palpitant qui battait fort. Bon sang, ce que c’était fort ce qu’il lui arrivait, à son âge ! Il avait toujours été porté sur la chose. Il en avait connu des femmes, des flirts, des plans cul. Mais si on lui avait dit que c’était à soixante ans passés qu’il vivrait ses meilleurs, il n’y aurait jamais cru !


Il laissa bientôt le pont René Thinat derrière lui et commença à longer la Loire. Ça ne devait plus être très loin, d’après ce qu’elle lui avait expliqué l’autre jour. Un panneau « Lycée Saint Paul Bourdon Blanc » le conforta. Puis il la vit, appuyée contre un platane, en train d’envoyer des textos comme le faisaient toutes les jeunes de son âge.


Bon Dieu, quand même, ce qu’elle est jeune !


Il n’avait jamais eu de scrupules, mais là, il atteignait ses limites. Elle avait des cheveux bruns relâchés qui lui tombaient sur les épaules, cachant son visage. Comme lors de leur dernière partie de baise, elle portait un chemisier échancré légèrement transparent qui mettait en valeur sa splendide poitrine, ronde et ferme, tenue dans un soutien-gorge blanc. Sans doute l’avait-elle un peu ouvert en sortant de son bahut, car il était peu probable qu’on la laisse montrer à ce point ses atouts dans un établissement comme celui-ci. Quant au reste de son corps, moulé dans un jean délavé qui tombait en pattes d’éléphant sur ses bottines… c’était celui, démoniaque, d’une jeune femme en plein épanouissement sexuel.


Il ne redécouvrit sa gueule d’ange que lorsqu’il se fut arrêté à sa hauteur, en double file, warnings allumés. Des yeux bleus clairs émergèrent de ses cheveux puis, aussitôt, son visage plongé avec gravité dans la lecture de son portable se fendit d’un sourire extraordinaire. Elle avait ces lèvres dessinées pour les publicités de cosmétique qui s’étiraient largement quand elle souriait, dévoilant une rangée de dents blanches parfaites.


Dans un mouvement gracieux de cheveux, elle ouvrit la portière et s’installa à côté de lui, son parfum la précédant. Le parfum d’une quasi-inconnue, le genre auquel on ne s’est pas encore suffisamment habitué pour le détecter sans chercher à le faire.



Ils n’étaient qu’à deux pas de la place du Châtelet, où Didier put trouver assez facilement une place, pour une fois. Juste le temps d’échanger quelques banalités sur leur matinée. Se laissant guider dans la conversation sans pouvoir s’empêcher de la reluquer du coin de l’œil, il la précédait légèrement pour lui montrer la voie jusqu’à l’Ardoise, une brasserie qu’il aimait fréquenter avec ses collègues de travail, du temps où il travaillait encore.


Ce ne fut qu’une fois installés et l’apéritif servi que la conversation changea brutalement de sujet.



Elle le regardait de sous ses sourcils, s’amusant avec sa paille – et ses seins, qu’elle faisait exprès de gonfler en passant son avant-bras dessous, la garce. Un vrai regard de coquine, capable de vous démarrer en quelques secondes même les plus antiques machineries comme celle de Didier.



Elle rit.



Flatteuse.



Elle n’était pas du genre à s’abstenir de parler crûment. Surtout depuis qu’ils étaient allés plus loin. Est-ce que toutes les jeunes d’aujourd’hui parlaient comme ça, à présent ? Quand il avait son âge, même les plus audacieuses parlaient davantage par images. Était-ce un progrès ? Il n’en savait fichtrement rien. Mais ça l’excitait, tant de détachement.



Elle n’y allait pas par quatre chemins, mais Didier ne prit pas ça pour une critique. Après tout, c’était cette qualité qui lui permettait d’être là, aujourd’hui, face à l’une des plus belles paires de nibards de la ville.



Le serveur interrompit brutalement leur conversation si bien qu’ils passèrent provisoirement à un autre sujet, sur la vie à Orléans, les bons coins, les régions qu’il avait parcourues tout au long de sa carrière. De là, ils en vinrent à parler de petites anecdotes dans son boulot, qui se firent de plus en plus croustillantes.



Elle sourit affectueusement. Une affection qui trahissait sa pleine conscience de l’écart d’âge entre eux deux. Puis son regard changea brutalement, comme si elle préparait un « coup ».



Didier se laissa aller sur son fauteuil, tout à son aise. Il se sentait jeune, séduisant, intéressant. Cette fille était un cadeau de la providence, même s’il avait déjà connu plus de hauts que de bas dans sa vie. Son regard se perdit sur un vieux couple à côté de lui. Il se demanda un instant comment il ferait, plus tard, lorsqu’il serait aussi tremblant et ridé que ce vieillard qui se traînait, légèrement penché en avant, derrière sa jeune femme en pleine force de l’âge.


Je serai mort avant, décréta-t-il. Crise cardiaque. Mort en baisant.


Une main passa délicatement sur sa nuque. Elle était revenue. Il ne remarqua rien, d’abord. Mais lorsqu’elle reprit la conversation, son buste légèrement penché en avant, il sentit un élancement dans ses reins. Son soutien-gorge s’était volatilisé. Son opulente poitrine dardait sous le chemisier qui, avec la lumière, était devenu aussi transparent qu’un tee-shirt mouillé.



La crudité de ses paroles le prenait toujours au dépourvu. Il en avait déjà entendu des vertes et des pas mûres, bien sûr, chez les maîtresses qui avaient jalonné sa vie. Mais jamais dans une bouche aussi jeune.



Après leur première partie de jambe en l’air, il l’avait régalée de quelques-unes de ses histoires, comme autant de confidences sur l’oreiller.



Elle disait ça avec un sourire provocant et amusé, faisant mine de s’étirer, ce qui faisait jaillir impudiquement ses seins au nez et aux yeux de tous leurs voisins de table. Didier, lui, était embêté comme jamais. Tout lui disait qu’il était fou et que, s’il y avait bien une règle qu’il avait apprise au cours de sa longue vie d’infidélités, c’était de tenir ses maîtresses aussi loin que possible de son lit conjugal.



Ce fut à ce moment que le garçon de café vint débarrasser le plat de résistance.



Devant la tête défaite et confuse du jeune homme, Didier ne put s’empêcher d’éclater d’un grand rire qui fit se retourner tout le monde. Le garçon de café bredouilla des excuses inintelligibles avant de battre piteusement en retraite.



Dans ses yeux, le feu.


Une dernière hésitation et Didier envoya promener les derniers remords qu’il lui restait. Bon sang ! Cette gamine le rendait dingue ! S’il l’avait pu, il la déshabillerait là, tout de suite. Quel veinard, mais quel veinard il était ! Il allait forcément le payer. Tout ça était trop louche, Francis avait raison.


Dans la rue, elle prit un malin plaisir à l’aguicher, dès qu’il la laissait passer devant. Son cul dans son jean était tout simplement démoniaque. Et ses seins qui balançaient, provoquant des torticolis ici ou là, achevaient de lui provoquer un début d’érection. À son âge ! Dire qu’elle n’avait encore rien enlevé !


À l’approche de son véhicule, il la coinça brutalement entre une fourgonnette et un monospace, juste histoire de lui faire sentir sa raideur naissante. Elle eut un gémissement éloquent, tandis qu’elle se frottait contre lui, l’embrassant à pleine bouche. Il passa subrepticement une main dans le chemisier, pour tâter un sein rond et chaud. Mais elle se dégagea rapidement, un sourire narquois aux lèvres. Elle le menait par le bout du sexe, et elle le savait.


Le chemin jusque dans son élégante résidence de banlieue le mit au supplice. Après une petite pause agaçante sur son portable, où elle pianota un message urgent, elle lui caressa longuement le sexe à travers le pantalon, lui susurrant de délicieuses insanités. Puis elle ouvrit un peu plus son chemisier, allant jusqu’à sortir un sein, au grand plaisir d’automobilistes chanceux qui les aperçurent aux feux rouges. Enfin, elle glissa une main dans son jean, lui racontant comment elle était mouillée là-dessous… Toute mouillée…


Le portail s’ouvrit automatiquement. La BMW avança sur une large allée de gravier tracée au milieu d’une pelouse impeccablement entretenue. Ils coururent presque dans les escaliers qui menaient à la terrasse. Pendant qu’il tentait de se concentrer pour ouvrir la véranda, elle l’enlaça par-derrière en le caressant.


La porte céda enfin et, tout en refermant derrière lui avec le pied, il la plaqua contre le mur, lui arrachant quasiment le chemisier.



Sa respiration était forte, empressée. Les mains dans ses cheveux, elle avait des petits gémissements à chaque fois qu’il mordillait ses tétons ou lui pressait un peu trop fort les seins. Mais elle aimait, c’était évident. Il enfonça une main ferme dans le jean qu’elle avait laissé entrouvert et y trouva effectivement son sexe trempé. Il la sentait déjà vibrer de plaisir tandis qu’il glissait le bout de deux doigts à l’intérieur. Elle se dégagea vivement et inversa les rôles.


L’embrassant à pleine bouche, elle dégrafa fiévreusement les boutons de son jean, en fit jaillir le phallus turgescent. Sans autre forme de procès, elle s’agenouilla et le goba voracement, son regard vissé dans le sien. C’était fou !


Elle lécha la hampe une dernière fois, laissant entre elle et ses lèvres un mince filet de salive avant de se relever pour le tirer par la main. Prenant son temps, elle commença à gravir les escaliers, roulant des fesses comme une damnée, le regardant de temps à autre pour voir s’il la suivait. Et il la suivait, bien évidemment. À distance. Pour mieux voir.


Arrivée en haut de l’escalier, aguicheuse, elle posa ses mains sur chaque mur, sublime.



Avec une moue boudeuse, elle le regardait monter, silencieux. Oh que oui, il en avait envie ! Mais il n’avait aucune envie de se presser. Enfin, jusqu’à ce qu’il la touche à nouveau… Son corps brûlant l’électrisa. Il la poussa une nouvelle fois contre le mur et replongea sa main dans la culotte trempée. Exagérait-elle ses gémissements ou était-elle vraiment aussi excitée que ça ? Il avait envie de la prendre là, tout de suite… Pendant qu’il lui embrassait le cou, il sortit sa verge et commença à lui dégrafer le jean.



Ils allaient le faire, bien évidemment, et entendre cette requête de sa bouche fit exploser son excitation dans tous les recoins de son cerveau. C’était une transgression qui les excitait, elle, lui, tous les deux. Cette partie de baise allait être divinement immorale !


Courant presque dans le couloir, elle se dirigea vers la chambre nuptiale, comme si elle avait toujours su où elle était, claquant la porte derrière elle. Il se sentait glisser doucement vers un piège, ce n’était pas possible autrement. Néanmoins il s’y laissait prendre. Même la mort ne lui faisait plus peur. Pourvu qu’il la baise encore…


Dans la chambre, dont la lumière était voilée par les rideaux, elle était debout sur le lit. Dans sa main…


Son sang se glaça un instant.


Elle dut le remarquer, car elle déclara, souriante :



Un ouvre-lettre, pour être plus précis. Du type décoratif, placé sur une commode massive. Il allait bredouiller une connerie, quelque chose qui allait le faire passer pour le vieux con qu’il était quand elle minauda :



Ça y est. Francis avait raison. C’était une arnaque. Un moyen de lui extorquer du fric ou pire encore… Dehors, il y avait peut-être des complices. Des hommes armés qui les avaient suivis et qui s’apprêtaient à le dévaliser.


Putain… J’ai pas fermé la porte...



Était-il pâle ? Pas assez pour qu’elle se moque de lui. Il obéit docilement, retenant les mots stupides qu’il avait sur les lèvres, dans un self-control qui l’épatait lui-même… Non, ce petit jeu n’était pas sérieux… C’était pour rire… Il parvint même à sourire et à croiser les jambes d’un air naturel.


Alors seulement, elle éclata d’un grand rire, presque un rire de gamine, et sauta du lit pour ouvrir en grand le dressing.



Le puis-je ?


Il le fit. Mais un imperceptible soupçon continuait de s’insinuer en lui, comme un venin. Il garda les paupières mi-closes, juste assez pour la voir fouiller à la hâte dans plusieurs penderies.



Elle entra dans la salle de bains attenante à la chambre et claqua la porte derrière elle. À quoi jouait-elle ? Il était comme scotché à son fauteuil, tendant l’oreille au moindre bruit. Était-ce la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir ? Impossible à savoir avec tout le bruit qu’elle faisait dans la salle de bains… Son sentiment de jeunesse de tout à l’heure s’était volatilisé. Il était vieux. Un vieillard, presque, exposé et fragile. Pour autant, il se refusait à céder à la peur.


C’est un jeu, se répétait-il. Juste un jeu.


Lorsque la poignée de la porte de la salle de bains tourna, tout doucement, comme si elle tentait d’entrer par effraction dans la chambre, son cœur ralentit. L’heure de vérité…


Crispé sur la chaise il la vit apparaître et poussa une exclamation…

De désir.


Elle était là, appuyée sur le seuil, en talons aiguilles, ceux de sa femme. Ses jambes interminables disparaissaient sous sa chemise blanche, qu’elle avait gardée telle qu’elle, et qui lui recouvrait impudiquement le haut des cuisses. Pour compléter le tout, avec un sourire malicieux, terriblement aguicheur, elle le regardait de sous la visière de son vieux stetson en toile écrue.


Il frissonna, mais, cette fois-ci, pas de peur : tout son être était tourné vers l’envie de lui arracher ses vêtements et de la prendre là, sur son lit conjugal, même devant sa femme s’il le fallait.



À fond dans son personnage, elle avait pris une voix grave, langoureuse, à la limite du comique, mais un comique assumé. Elle avait la confiance en elle d’une femme qui sait qu’on ne peut que la désirer.


L’ouvre-lettre a disparu…


Elle entama alors le plus somptueux des strip-teases, virevoltant autour de lui. Ce n’était rien d’autre que des déplacements, des regards et un très lent effeuillage, sans pas de danse, sans ondulation provocante. Mais cela suffisait à le rendre ivre d’excitation, à oublier complètement tout soupçon. À quatre pattes sur le lit, dos à lui, elle lui montra le string qui séparait ses deux globes de chair démoniaques, juste le temps de ramper au centre du matelas. De là, elle se retourna, à genoux, pour déboutonner un à un les boutons de son chemisier. Puis, lorsque sa superbe poitrine apparut enfin, elle lui jeta en riant son stetson, qu’il attrapa au vol et laissa tomber sa chemise à côté du lit. Alors elle s’allongea sur le dos, leva ses jambes et fit glisser lentement le string le long de ses cuisses. Ses lèvres apparurent, un appel au cunnilingus vorace.


Lorsqu’elle se redressa subitement, à genoux face à lui, en ramenant pudiquement la couette devant son sexe, tout signifiait : « Je suis prête. Qu’est-ce que tu attends ? Viens, prends-moi. »


Didier allait se lever lorsqu’une voix s’abattit dans la pièce, une voix qui eut le même effet qu’une douche glacée après une exposition trop longue au soleil.



C’était Cristina.


Le monde s’effondra. D’abord il se maudit intérieurement. Une petite voix lui disait, sur les mêmes intonations que Francis : « Tu vois ? Je te l’avais bien dit ! Tu jouais avec le feu ». Puis, très vite, comme Pauline n’avait pas esquissé le moindre geste, il comprit : « Elles sont complices. »


Alors tout était vrai. Depuis tant d’années. Cristina l’avait piégé. Elle n’en voulait qu’à son fric. Cette Pauline n’était qu’un leurre. La grand-mère mourante un faux alibi. Elle lui avait fait passer un test et il avait échoué. C’était reparti pour un divorce. Que demanderait-elle ? La maison ? La BM ? Tout ?


Comme il restait là, suspendu sur les accoudoirs, bouche bée, il la vit avancer, calmement, sûre d’elle, ses talons claquant sur le parquet comme un compte à rebours qui avait commencé. Dans un instant, elle allait exploser. Lui jeter quelque chose à la figure.


L’ouvre-lettre a disparu.


Cette pensée le rendit livide. Il essaya d’articuler, mais rien ne sortit de sa bouche.

Cristina le fixait de ses yeux. Cruels. Ils sont cruels. Ses grands yeux bleus, qu’il aimait tant, semblaient se moquer, sardoniques. Sa longue chevelure châtain coulait sur son épaule tandis qu’elle penchait sa tête avec un sourire énigmatique au coin des lèvres, assise sur le rebord du lit, lui faisant face comme pour annoncer le verdict final.


Depuis combien de temps prépare-t-elle ce piège ? Depuis le début ?


Il était tellement captivé par son sourire mystérieux, ses lèvres fines qui s’ouvraient sur des dents d’un blanc implacable, qu’il ne vit même pas sa complice se couler jusqu’à elle, lui enlacer le cou et se mettre à le regarder avec la même expression, celle d’un esprit malin qui a réussi son mauvais coup.


Cristina prit la main de cette dernière puis lui caressa distraitement l’avant-bras un instant, comme si elle savourait sa victoire par trahison.



Ça y est. Il les avait dits, ces mots que tout mari infidèle se retrouve un jour obligé de dire. C’était pathétique. Soixante-cinq ans à contourner tous les pièges pour en arriver là et être finalement obligé d’admettre à sa jeune et magnifique femme que c’était un connard.



Elle se tourna et chercha les lèvres de Pauline, l’embrassa. Il vit les langues se mélanger goulûment. Le pire, c’était qu’il bandait toujours.


Elles sont maîtresses. Depuis quand ?


La main de Pauline descendit, plongea dans le sage décolleté de Cristina, lui malaxa un sein. Il ne savait plus si la douleur qu’il ressentait dans le ventre était issue de la trahison ou de son excitation. Il en avait déjà vu des lesbiennes en action, au cours de ses aventures. Mais dans des cadres plus conventionnels. Plus préparés. Et certainement pas avec celle qu’il aimait pour actrice principale.


Pourquoi font-elles ça ?


Perplexe, il vit sa femme se laisser allonger puis téter l’un des seins que Pauline lui offrait au-dessus d’elle. Cette dernière était en train de déboutonner la jupe, déjà retroussée. Et lui, il était toujours là, comme un con, à les regarder commencer à se tripoter…


Je suis censé faire quoi moi, là ?


Peut-être que s’il restait calme, s’il se contentait de les regarder l’humilier, alors peut-être qu’il pourrait négocier, expliquer, se faire pardonner.


Cristina avait repris le dessus. Une fois sa maîtresse allongée, elle l’avait enjambée et enlevait maintenant son propre haut d’un geste, avant de dégrafer son soutien-gorge. Sa poitrine était ronde, elle aussi. Plus petite, mais ronde, avec des mamelons clairs toujours dressés. Et elle ne le calculait toujours pas. C’était elle qui profitait à sa place, maintenant, de ce splendide corps nu qu’il avait invité jusqu’ici, sur son lit conjugal, prétendant le baiser. Et lui se contentait de faire le meuble, toujours pétrifié par la surprise et la honte.


Elles m’oublient ou quoi ?


Seins contre seins, elles s’embrassaient à pleine bouche, se caressaient comme deux amants qui ne se sont pas vus depuis des semaines. Était-ce entre les cuisses de Pauline que la main de Cristina avait disparu ? Une chose était certaine : l’étudiante était en train de faire glisser la jupe de sa femme.


Le corps fin et musclé de cette dernière était à présent entièrement nu. Sa croupe cambrée, qu’il aimait tant, était un supplice. Que n’aurait-il donné pour la prendre là maintenant ? Il n’avait pas su s’en contenter. Il ne la toucherait sans doute plus jamais. Toujours sans le regarder, Cristina se glissa au-dessus de sa maîtresse, jusqu’à sa bouche. Docile, celle-ci entreprit de la lécher amoureusement.


Elles sont plus que de simples maîtresses…


Ce n’était pas l’une de leurs premières fois, c’était certain. Il y avait des gestes de tendresse, entre elles, qui allaient au-delà de la simple complicité criminelle. La manière dont Pauline léchait le con de Cristina, la manière dont celle-ci ondulait doucement du bassin en lui caressant les cheveux, les yeux vissés dans les siens, tout concourait à cette évidence : elles s’aimaient. Ce n’était plus de la honte, à présent, qui le submergeait, mais une jalousie verte, virile. Et tout ceci se mélangeait toujours à l’excitation.


Putain, elle se fait brouter devant moi… Elle m’a trompé avant ! Salope !


Jamais il n’avait su ce penchant. Elle avait même toujours prétendu que les femmes la répugnaient. Mais là, elle se caressait, jouant de ses cheveux, tournant sa vulve au-dessus de la bouche offerte avec impudeur, comme elle le faisait au-dessus de lui quand ils faisaient l’amour.


Alors elle lui lança un regard qui le fit chavirer, son délicieux sourire révélant une nouvelle fois ses dents blanches.



C’était un rêve et il allait s’éveiller. Ce n’était pas en train de lui arriver. Sa femme n’était pas en train de l’inviter à la partager avec une autre, de quatre ans sa cadette. Il n’allait pas baiser ces deux femmes dont leurs deux âges réunis n’égalaient pas le sien. Et pourtant, comme monté sur ressort, il se dressa, dans tous les sens du terme. Son sexe était déjà sorti lorsqu’il arriva à portée de main de Cristina, qui le prit doucement dans sa main, toujours chevauchant la jeune étudiante. Il répondit à l’appel de ses lèvres tendues pour un baiser fougueux. Lorsqu’il en sortit, comme étourdi, il essaya de parler :



Bien évidemment qu’elle le savait ! Il se tut. D’ailleurs, Cristina s’effaçait soudainement, laissant réapparaître le visage de Pauline, luisant de mouille tout autour des lèvres. Ce fut sa femme elle-même qui amena sa verge dans la bouche offerte. Pauline téta docilement le gland, moins goulûment, plus réservée, comme intimidée par l’irruption de sa mentor.


Didier n’avait plus l’âge d’être précoce et pourtant, là, il crut bien qu’il allait exploser dans la seconde. D’autant que sa femme se tourna et lui offrit bientôt sa croupe, enchevêtrée avec sa maîtresse dans un 69 qui s’annonçait torride. Il la pénétra d’un seul trait, dans un feulement commun avec elle. Pendant qu’il la pistonnait sans vergogne, la langue de leur maîtresse commune allait de ses bourses au clitoris de Christina. Jamais il n’avait autant aimé sa femme qu’en ce moment et pourtant…


C’est trop beau… Il va m’arriver quelque chose…

Où est ce putain d’ouvre-lettres ?


C’était une question qui lui paraissait vitale et pourtant il ne pouvait pas se détacher de ce qu’il voyait, alors que Cristina s’acheminait vers un orgasme fulgurant, qui se manifesta bientôt en rugissements sauvages. Encore tremblante, elle se déroba et roula sur le côté, le laissant seul au-dessus du corps nu de Pauline, avec une érection fantastique. Et cependant, il n’osait pas la toucher.


L’étudiante ne l’entendait pas de cette oreille. Se tournant sur son ventre, elle lui attrapa au vol sa verge luisante et commença à la sucer avec davantage de fougue. Didier éjacula presque sans le voir venir, à grands jets. Alors que Pauline lui nettoyait le gland avec gourmandise, Cristina les regardait d’un œil lubrique.


Lorsque l’étudiante décida d’aller à la salle de bains pour se rafraîchir, sa jeune femme se glissa jusqu’à lui, féline, lui caressa le torse et l’enlaça pour un long baiser langoureux. Puis elle l’attira sur le lit pour se lover contre lui, caressant ses poils blancs. Pour lui, impossible de parler.



Silence. Dans la salle de bains, on entendait Pauline faire couler l’eau. Didier n’était pas partageur, même avec une autre femme. Si elle le lui avait appris autrement, il aurait fait une scène de jalousie, en aurait souffert. Mais là, il y avait trop d’informations en même temps.



Cristina éclata de rire.



À ce moment, la porte de la salle de bains s’ouvrit. Sur son seuil, hésitante, Pauline, les mains dans le dos, nue, mouillée et magnifique. Échange de regards. Alors l’évidence lui apparut.


Je vais finir par en mourir. Sans ouvre-lettres. J’aurais la mort que je souhaite et elles auront mon fric.


Son sexe se gonflait déjà.

Pauline sourit.


Merci mon Dieu.