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n° 17992Fiche technique18578 caractères18578
Temps de lecture estimé : 11 mn
11/07/17
Résumé:  Quel con, ce Louis !
Critères:  fh hplusag rousseurs parking amour cérébral revede voir fellation cunnilingu pénétratio aliments humour
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Sigmund et Dagobert, ou le misanthrope

Il devait faire ses courses, question de survie. À force de reporter, il ne possédait même plus le moindre grain de riz, la moindre pâte, et encore moins de fruits et de légumes. Et surtout, pire des situations, le paquet de croquettes de Sigmund sonnait désespérément creux depuis hier. Sigmund s’installait, outré, devant sa coupelle vide, rabattait les oreilles et miaulait faiblement, à l’agonie. Il devait peser six kilos et possédait l’art de la tragédie sur le bout des coussinets.

Il lui fallait absolument aller chercher ses croquettes, des Miaoumiam, qu’il ne trouvait uniquement que dans un seul supermarché situé à dix kilomètres de chez lui.


Il fit la liste de provisions prioritaires et indispensables – quitte à faire des courses, autant les faire pour un bon moment – puis partit sous la canicule. Le coffre de son gros 4x4 devrait suffire à transporter toute cette provende.


Il travaillait chez lui, ne sortant que très peu. Il gagnait son pain – et les croquettes de Sigmund – en écrivant toutes sortes de sornettes pour des publicités, et faisait même les discours de quelques hommes politiques. Quand il lui arrivait de comparer les paroles et les actes, il en avait la nausée. Pour le plaisir et se laver l’esprit, il commettait quelques textes éroticoquins qu’il postait sur Revebebe, un site d’amateurs cul-tivés sur Internet.


La quarantaine désabusée, il ne supportait plus la présence humaine. Pas vraiment misanthrope, non ; tout simplement, la connerie de ses contemporains l’horripilait. Moins il les fréquentait, mieux il se portait.


Il trouva une place dans le parking souterrain, au frais, coincé entre une Twingo et une Aygo. Il glissa une pièce d’un euro dans la fente prévue à cet effet et, précédé de son caddie, il entama son long chemin de croix. Heureusement, l’heure matinale lui évitait l’affluence des autres consommateurs.


~o~



À tout seigneur tout honneur : d’abord le rayon nourriture pour chats. Il prit deux sacs de dix kilos de Miaoumiam et un sac de litière Felis délicata.



Derrière lui, une jeune femme se démenait, tentant en vain d’attraper un paquet de Waouhwouf. Le dernier paquet, placé très haut au fond du rayonnage, semblait inaccessible à cette petite bonne femme. Il allait passer son chemin et fuir cette ménagère râleuse quand il détailla plus précisément la silhouette de sa voisine. On avait beau être, comme Alceste, réfractaire aux humains, on pouvait se repaître d’une jolie silhouette féminine, potelée juste à souhait.


Elle lui arrivait à peine au sternum, mais elle possédait de jolies jambes à peines cachées par une minijupe voletante. Le top sans manches remontait sans cesse et dévoilait le nombril, oh bonheur, non décoré d’un immonde piercing. Les seins remuaient libres et sans entrave sous le tissu, ni trop gros ni trop petits, juste comme il les aimait. Le visage ne déparant pas l’ensemble, lèvres pulpeuses, nez retroussé, cheveux châtain et courts, yeux noisette ; les éphélides ressortaient d’autant plus que sa peau rougissait sous l’effort.



Ils se sourirent tous deux et continuèrent leur route, l’une vers les savons vaisselle, lui vers le PQ et l’essuie-tout.


Dans le rayon lessive, il eut la merveilleuse vision d’une jupe qui remontait jusqu’à la cime des cuisses musclées alors que leur propriétaire plongeait le nez dans le caddie. Tout à son observation, il prit le premier paquet de lessive qui lui tomba sous la main.



Elle lui plaça entre les mains un bidon de truc à la lavande.



Elle lui tendit le bas de son top à tâter. Il toucha, tâta le tissu tandis que ses phalanges frôlaient la peau du ventre.



Nul ne sachant de quelle douceur il parlait.


Il passa prendre ses bières « pour la soif », des 1789 (elles l’aidaient à écrire ses discours, ça faisait prolétaire) et ils se croisèrent de nouveau au rayon des cafés. Elle allait prendre quelques paquets de Grougnard, le café des connaisseurs lorsqu’il l’en dissuada :



Ils s’en allèrent, devisant de leurs animaux respectifs, Sigmund le chat et Dagobert le bouledogue français. Ils discutèrent aussi d’arômes de café – robustas, arabicas et mokas – des différences entre les cafés africains et sud-américains, ainsi que de chocolats noirs et au lait.

Elle ramassa en passant des biscuits fourrés.



Il en conçut quelques aigreurs ; il se voyait déjà conquérir le cœur ou le corps de cette beauté, cœur et corps malheureusement déjà pris. Cela ne l’empêcha cependant pas de reluquer les seins de la jeune femme lorsqu’elle se pencha pour déposer les paquets de café. Des petits seins blancs aux aréoles foncées ; les tétons sombres comme des grains de café à peine torréfiés semblaient bien tendus. Si elle vit le regard appuyé de son voisin, elle n’en montra rien mais elle resta penchée un peu plus que nécessaire au-dessus du chariot.



Devant le rayon des boissons houblonnées, elle marqua un temps d’arrêt, son visage mutin se désolant ; elle semblait même inquiète.



Il mit d’office les bières dans le chariot de sa voisine.



Il venait de décréter qu’il ne pouvait boire le même breuvage qu’un abruti. La 1789 sortit définitivement de sa liste de courses ; il prit à la place des bières d’abbaye.



Il eut le loisir d’entendre pour la première fois son rire cristallin.


Ils cheminaient tout en discutant, lui se repaissant de ses charmes innocemment dévoilés lorsqu’elle se penchait pour prendre un paquet de pâtes ou de riz en bas du rayon – sa jupette se relevant jusqu’au « raz de fesses »* – ou quand elle rangeait ses provisions dans le caddie, montrant de nouveau son adorable poitrine.

Il suspecta bien vite, à sa grande joie, que ces dévoilements ne devaient rien au hasard.


Ils passèrent ensuite au rayons fruits et légumes où ils firent l’acquisition de courgettes, aubergines, concombres, melons et tomates. Elle risqua un œil fripon vers l’homme alors qu’elle soupesait les cucurbitacées.

Galant, il l’aida à se saisir d’un pack de lait ; leurs doigts se frôlèrent, créant un léger trouble.


Ils continuèrent allègrement vers les rayons laitages où elle acheta des yaourts à boire. L’image de ces jolies lèvres décorées d’un filet de yaourt liquide coulant sur le menton ne le quitta plus ; il en eut une boule au bas du ventre et des frissons dans la moelle épinière.

Elle s’attarda longuement, hésitant devant les glaces et sorbets : fraise, framboise, myrtille ?

Plus ils s’attardaient, plus la température diminuait, plus les petites framboises pointaient sous le fin tissu.

Il aurait aimé rester dans ce rayon rien que pour admirer ce phénomène quelque temps encore ; malheureusement, ils se dirigèrent trop tôt à son goût vers les caisses enregistreuses, synonymes de séparation. Il la vit partir vers une file moins imposante à l’autre bout de la rangée, la caisse des gogos qui possédaient la carte du magasin.

Ainsi se terminait cette parenthèse enchantée.


~o~



Une fois ses achats dûment réglés à une caissière bougonne, il retourna tristement vers son parking. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un joli postérieur derrière le coffre de la Twingo voisine de son 4x4 ! Un postérieur dont le visage ne lui était pas inconnu.



Le sourire qu’elle lui fit chassa toute la tristesse de son âme comme un coup de mistral chasse les nuées.

Elle peinait à soulever la bière.



Il se saisit du carton. Ce faisant, il enserra les mains de la jeune femme entre les siennes. Ils reçurent tous deux un choc électrique. Tétanisés, ils se regardaient, la bouche légèrement entrouverte, sans bouger un cil.


Il jeta le pack dans le coffre et serra la brune beauté contre lui. Elle ne tenta nullement de s’enfuir ; bien au contraire, se hissant sur la pointe des pieds, elle chercha les lèvres de l’homme en un baiser fougueux et passionné. Les langues s’enroulaient… Elle glissa une main sous la chemise masculine ; il lui rendit la pareille en soulevant la jupette, caressant les douces fesses et emprisonna simultanément un petit sein sous le chemisier.


Un bruit les fit sursauter.



Elle ne fit aucune difficulté pour le suivre. Aussitôt dans le véhicule, ils reprirent leur baiser là où ils l’avaient laissé. Il rabattit les sièges, en faisant une couche acceptable. Ils se déshabillèrent mutuellement. Il dévora les jolis seins ronds ; elle goba le concombre tendu tandis qu’il faisait glisser jupe et culotte à terre.


Repoussée, allongée sur la couche improvisée, elle offrait au regard concupiscent son beau brugnon fendu. Un doux pelage blond vénitien en ornait les abords. Les lèvres s’entrouvrirent, luisantes de désir. Il plongea le nez dans le Jardin d’Éden, vint s’enivrer des senteurs musquées et lécher sa liqueur d’hydromel. Elle se tortillait sous la langue diabolique, gémissante et suppliante. La langue habile écartait les douces parois de ces lèvres gonflées, cajolait le bourgeon terminal de cette jolie fleur, créant des séismes sous la peau délicate.


De temps à autre il se reculait pour admirer son œuvre. Lorsqu’il vit la caverne aux merveilles béer et appeler à l’aide, il remonta des abysses, embrassa le nombril, les seins aux tétons tendus et posa sa bouche humectée de plaisir féminin sur celle de la belle inconnue.


Elle se saisit du sceptre turgescent et le plaça sur son volcan en ébullition.


Il la pénétra lentement. Elle émit un grand « Hisssh… », sorte de longue inspiration suivie d’un sifflement de reptile. Blotti au plus profond du nid, son cobra attendit quelques instants puis se mit à la pilonner, telle une machine infernale. Elle hurla un grand « Oui ! », nouant ses jambes autour de la taille de son amant. Les ventres claquaient l’un sur l’autre ; les peaux glissaient, luisantes de transpiration ; les respirations s’accéléraient. Des ongles vinrent se ficher dans la peau du mâle qui embrassait à pleine bouche sa consentante victime.


Un rugissement commun les unit ; le doux réceptacle enserra la tige qui se vida dans le ventre offert. Essoufflés, ils se sourirent et s’embrassèrent passionnément.


La propriétaire de la Toyota Aygo, courses faites, vint reprendre son véhicule. Elle vit deux caddies pleins traîner derrière une Twingo au coffre ouvert et un 4x4 de marque indéterminée. Le gros véhicule remuait d’étrange façon. Curieuse de nature, elle risqua un œil par la vitre latérale et reçut le choc de sa vie : un couple nu faisait rageusement l’amour, avec force cris et vociférations.


Relevant la tête après ce somptueux effort, ils croisèrent le regard d’une bourgeoise guindée qui les espionnait, la bouche ouverte en un « Oh ! » réprobateur. Ils éclatèrent de rire devant son air outré.


Une fois rhabillés, ils chargèrent leur véhicule respectif. Un peu gênés, ils se tenaient par la main, ne sachant que dire. Après l’amour, le premier qui parle dit une connerie.



~o~



Le mardi suivant il traînait, plein d’espoir, au rayon animalerie du magasin quand elle arriva ; mais son sourire s’effaça bien vite quand il la vit accompagnée d’un gars en short et maillot du PSG. Le gus au durillon de comptoir proéminent et le nez aux couleurs d’éthylomètre maugréait tout son saoul.



Quelques rayons plus loin.



Ainsi le couple traversait-il les rayons, lui gueulant et insultant à haute voix, elle se faisant toute petite. Arrivés aux caisses, il continuait d’engueuler de plus belle sa compagne.



Un homme les suivait, un sac de Miaoumiam à la main, apparemment indifférent à l’algarade qui opposait le couple.



Et de partir dans un gros rire gras.




Le maître de Sigmund les observait, désespéré. « Patricia, joli prénom. Et toi, Louis, tu es un gros con. De la confiture à un cochon. »

Elle le regardait discrètement et fit un petit sourire. Un sourire prometteur qui disait « À mardi… »


~o~



Quelques semaines durant, un observateur averti aurait pu remarquer qu’un gros 4x4 se garait systématiquement près d’une Twingo, ce chaque mardi. Si le curieux s’en était donné la peine, il aurait pu ainsi remarquer que le tout-terrain était chaque fois agité d’étranges soubresauts.


Puis le 4x4 vint seul le lundi. Son propriétaire, outre son propre Miaoumiam, achetait aussi des Waouhwouf, des 1789 et des biscuits fourrés..


Chaque mardi, une petite Twingo venait se garer sur le parking d’une résidence, près d’un tout-terrain d’où l’on transvasait de l’un à l’autre toute une série de courses : Waouhwouf, biscuits fourrés, café… Puis une belle plante souvent court vêtue montait au quatrième étage de la résidence. On ne la revoyait repartir que le soir.


Il était bien plus agréable de faire l’amour dans un lit.


~o~



Un beau jour, la Twingo se gara à demeure sur le parking. Une petite fille et Dagobert le bouledogue vinrent rejoindre la douce Patricia et le sage Sigmund. Des rires retentissaient et rendaient la vie au quatrième étage de la belle résidence.


On peut se dire misanthrope mais faire quelques exceptions, surtout quand elles sont aussi séduisantes ; toutes ne sont pas Célimène.


Il était vraiment trop con, ce Louis !


~o~



(1) « Raz de fesses » : aussi appelé « point sublime », lieu apprécié des connaisseurs.