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n° 18064Fiche technique19531 caractères19531
Temps de lecture estimé : 11 mn
05/09/17
Résumé:  Une histoire qui ambitionne de ne rien raconter !
Critères:  ff cérébral lettre
Auteur : Laure Topigne            Envoi mini-message
Amer et sucré, ou les yeux d'amour

Émeline et moi avions été collégiennes, lycéennes puis étudiantes ensemble. Depuis, la vie nous a géographiquement éloignées. Nous échangeons néanmoins régulièrement des nouvelles qui ne sont parfois que de simples anecdotes mais peuvent aussi aborder des sujets graves ou des événements sérieux de notre existence. Ferventes toutes deux de beaux mots et de plaisirs littéraires, nous préférons correspondre plutôt que de nous téléphoner, ce qui assure à nos confidences la pérennité de l’écrit, moins superficiel, plus élaboré et réfléchi qu’un futile babillage.


Ce matin, je reconnais immédiatement sa calligraphie maniérée sur l’enveloppe remise par le facteur. Je me presse de l’ouvrir et de lire.


—ooOoo—



Chère amie,


C’était à ton tour de m’écrire ; pourtant, une aventure singulière me pousse à rompre la régularité de ce rituel, ainsi que nous le faisons d’ailleurs assez fréquemment. Tu vas rire et te moquer car cette dite « aventure singulière » se réduit à une « Histoire sans paroles », ou presque, qui n’est toutefois nullement burlesque, ne raconte rien, et tu vas penser que « je me suis monté le bourrichon » avec des songes. Toi seule es cependant susceptible de l’entendre sans trop te gausser et de me donner ton sentiment à son sujet.


Voilà donc ma pseudo histoire :



Depuis son divorce nous nous rejoignons, Serge et moi, dès que nos agendas surchargés nous octroient quelques précieux instants de liberté. Nous nous retrouvons donc tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, pour de brèves nuits d’amour d’autant plus mouvementées que rarissimes. Souvent, nous profitons de la pause méridienne et déjeunons ensemble Au coin des pucelles, une petite auberge dont l’enseigne a, dès son origine, subi les outrages d’une main vandale qui lui a subtilisé le « i ».


Avant-hier, alors qu’il revenait d’un voyage d’étude de trois mois en Asie, nous devions ainsi nous y revoir, et je grillais d’impatience. Tout émoustillée par les folles perspectives que je présageais, je m’y trouvai très en avance lorsque mon téléphone grésilla. Serge m’apprit que, retenu par des obligations professionnelles, il ne pourrait se libérer de la journée. Très contrariée, j’avalai promptement une salade niçoise et m’en fus.


Pendant son absence, il m’avait gratifiée d’une immense littérature épistolaire qui mêlait à l’envi ses sentiments, ses impressions de voyage, mais aussi la version romancée de ses fantasmes où je figurais en brillante position d’héroïne et d’égérie. J’avais apporté cette volumineuse correspondance dans une grande enveloppe kraft pour lui demander quelques éclaircissements, puis un peu énervée et peut-être dans un acte involontaire de représailles, j’avais quitté la salle en l’oubliant derrière moi. Je ne remarquai cette bévue qu’en arrivant tout près de chez moi. Il ne pouvait être question de l’abandonner à des mains profanes ; je me suis donc hâtée de revenir sur mes pas.


Lorsque j’y entrai, sur le coup de midi, le Coin n’offrait plus le moindre recoin libre, et de pucelles se révélait bondé. À la table que j’avais auparavant occupée me succédait une femme visiblement accablée et habillée de noir de pied en cap. Elle s’était emparée du contenu de l’enveloppe et en parcourait les textes. Un peu furibonde d’une telle indiscrétion, je m’approchai dans l’intention de la tancer avec sévérité. Elle sursauta et, en guise de justification, bafouilla : « Ah, c’est à vous ? Je ne l’ai ouverte qu’à la recherche d’indices qui me permettraient de la retourner à son propriétaire. » Elle me dévisagea de ses immenses yeux tristes et manifestement contrits quand, soudain, des larmes en jaillirent, roulant, spasmodiques, en lourd torrent sur la pâleur de ses joues. Elle s’excusa encore et de son regard implora mon pardon puis, aussi ardemment que fermement, témoignant d’une vigueur nerveuse dont elle me paraissait incapable, s’empara de ma main et me contraignit à m’asseoir en face d’elle. Je pressentis aussitôt que j’allais vivre un épisode exceptionnel et bouleversant.


L’étau de ses phalanges m’avait glacée, déclenchant un frisson digne de celui qu’aurait pu provoquer l’ange de la mort. À maintenant mieux l’observer, je constatai que de l’ange elle disposait des aspects évanescents et diaphanes tandis que de la mort elle annonçait les ténèbres par son costume, ses longues mèches d’ébène et la profondeur de ses sombres prunelles enfoncées dans des orbites caves. Seul le carmin vif de ses lèvres saignait sur ce visage blafard et émacié, l’enluminant d’une touche colorée. En dépit de cette allure, elle n’affichait rien de sinistre, au contraire, et dès que passée la surprise du premier contact, elle me fascina et m’emprisonna dans sa bulle de détresse.


Cédant à mon indéfinissable intuition, je ne tentai point de me dérober. Déjà quelque chose en elle me captivait insidieusement. Était-ce son air hagard qui rendait émouvante la beauté de ses traits, la candeur qui en soulignait la finesse, la sincérité de ses plaintes ou la stricte rigueur de sa mise ? Tout cela simultanément, sans le moindre doute, et immédiatement je ressentis une véritable inclination à son égard. Gardant ma main prisonnière dans l’étreinte de la sienne, elle m’expliqua qu’elle revenait des funérailles de son amant, que pendant la cérémonie, à l’écart de la famille, elle avait su rester digne ; par contre, que dès sa sortie du cimetière, ses jambes refusant de la porter, elle n’avait pu que venir s’échouer ici.


Sur la banquette, elle avait découvert cette enveloppe que son désarroi lui avait désignée comme signe du destin. Elle l’avait ouverte et feuilleté les lettres, en avait même lu quelques lignes éparses qui trop le lui avait rappelé. À nouveau, toujours broyant énergiquement ma main, elle fondit en sanglots. Bien qu’étranglée de pleurs, sa voix était enveloppante, doucement grave mais suave et persuasive, roulant un miel qui me figeait dans son ambre.

Elle ajouta qu’en cet état, elle ne pouvait ni ne voulait rentrer chez elle tout en ayant affreusement honte de se donner ainsi en spectacle dans un lieu public. J’habitais à deux pas ; je lui ai donc proposé l’asile de mon appartement pour se reposer et se recomposer.


Dans la rue, elle s’accrocha à mon bras et je la remorquai péniblement jusqu’à mon domicile. Quand nous y parvînmes, elle tremblait comme une feuille, si fort que je l’aidai à s’installer sur mon canapé puis m’activai à la confection d’un café bien serré, censé la requinquer.


  • — Souhaitez-vous accompagner votre café d’un petit alcool ?
  • — Oh oui, surtout si vous avez quelque chose d’amer et de sucré !

Amer et sucré ! C’était là plus qu’un programme.


  • — Une Chartreuse verte vous irait ?
  • — Ce serait une bénédiction.

Dès lors la muette imploration de ses yeux chagrins me poursuivit tandis qu’encore elle les embuait d’attendrissantes larmes. Maintenant, dans la luminosité de mon appartement, percé d’énormes baies vitrées, qui succédait à la pénombre du Coin des pucelles, elle me scrutait presque indécemment, avec une ferveur qui eût été déplacée dans un autre contexte. Durant toute la préparation du café, je sentis cette acuité détailler autant mes formes que le moindre de mes gestes. Lorsque je lui tendis sa tasse, sans cesser de me couver du feu noir de son sombre regard, entre deux hoquets, elle parvint à articuler :


  • — Vous savez, ce n’est plus lui seulement que je pleure, mais votre prévenante sollicitude vous arroge la place d’une exceptionnelle amie, d’une rare confidente ou de cette bienveillante grande sœur qui m’a toujours manquée, et j’en suis aussi pantoise qu’égarée.

Vous émettez un magnétisme qui m’attire, me chavire et exhale une touchante douceur contrastant opportunément avec la virulence de ma peine. Dès que là-bas je vous ai vue, j’ai pressenti que je pourrais me livrer à vous ; toutefois, désormais je sais qu’au-delà d’une simple confiance, c’est de communion qu’il s’agit.


Elle susurra ces mots d’une voix basse et penaude, comme honteuse de cette déclaration à une totale inconnue. Très émue par cet aveu, je compris toute l’étendue de sa gêne, moi qui aurais pu confesser des penchants analogues, moi qui n’osais lui dire combien je succombais au même charme, moi qu’une pudeur surannée retint. Je me rapprochai, et posant un coin de fesse au bord du canapé, je pris sa tête brûlante entre mes mains. Terriblement bouleversée, je promenai mes doigts dans sa longue chevelure, la caressant légèrement, libérant pour m’en griser les senteurs qui en émanaient, parfums raffinés bien qu’intenses qui m’étourdirent et me subjuguèrent. Non, c’était plus envoûtant encore, car aux fragrances classiques se combinait une note propre, quelque chose d’oriental, un arôme épicé, une exquise et subtile émanation qui m’enivra d’elle.


Un grave émoi m’envahit. Je séchai délicatement ses larmes avec mon mouchoir. Davantage que des traînées de noir rimmel, ce fut cependant une large part de sa détresse que j’absorbai en ce linge. Elle me sourit, et ce triste, gracieux et reconnaissant sourire acheva de m’ébranler. Elle se tourna vers moi, et dans une pathétique plainte chuchota « merci ». Au-delà, nous restâmes muettes tout le temps pendant lequel elle demeura chez moi.


Lentement, elle se redressa, et je la découvris bien plus élancée que tantôt, maintenant que le tourment qui la voûtait s’était un peu dissipé. Afin de me faire face, elle s’allongea à l’extrémité opposée du canapé. D’évidence, elle ne fuyait pas ma câlinerie. Non, elle voulait simplement me dévisager. Je lui en sus gré car, à mon tour, j’allais pouvoir l’examiner, et interminablement nous nous sommes contemplées.


Mes yeux s’enchaînèrent aux siens pour y plonger jusqu’à s’y perdre sans fin : que d’amertumes et de joies, que de détresse et de bonheur, que d’affliction et de passion nous sommes-nous ainsi contées… Que de tendresse, de douceur, d’amabilité et de volupté n’ai-je en leur délicieux velours déchiffrées. Peu à peu, je me sentis défaillir et fondre dans le mystère de leur orbe. Leur flamme me réchauffait et engendrait une sensation suave doublée d’une voluptueuse et énervante crispation.


Le goût doucereux de la Chartreuse incendiait nos palais autant que nos esprits, et le rayon solaire illuminant la pièce transperçait le cristal de nos verres y faisant danser, dans une auréole orangée, des lutins émeraude qui nous invitaient à la quiétude.

Nous prolongeâmes indéfiniment ces admiratives investigations avant que je ne constate que les scansions qui soulevaient sa poitrine s’accéléraient et s’amplifiaient. Une confondante stupeur m’étourdit et je m’en réjouis, insouciante des raisons de cette jubilation, avant de me rendre compte que les mêmes symptômes m’agitaient et que nous haletions à l’unisson. Mon être tout entier désormais se tendait vers elle, vibrait au tempo de son souffle. Ses lèvres fines et gracieuses à la pulpe écarlate palpitaient délicatement, marmonnant je ne sais quelle apaisante complainte. Elles s’entrouvraient et se refermaient mollement, semblant absorber la sérénité ambiante afin d’en imprégner toute sa personne. Sa moue exprimait une tension et une aspiration prodigieuses, condensait la quintessence du désir qu’elle rendait palpable. Un incoercible et profond frémissement la secoua. Qu’elle était désarmante, frêle et jolie dans son aura de tristesse avec son corps svelte et gracile, ses interminables jambes parfaitement galbées, ses cheveux défaits qui nimbaient son visage de femme épanouie, son trouble surtout qui me l’abandonnait, si tendrement vulnérable.


Nous nous livrâmes sans réserve ni pudeur aux langueurs qui nous submergèrent. On aurait pu s’étonner que dans ces circonstances funèbres elle se laisse distraire par des ébranlements sensuels aussi importuns que déplacés. Je compris vite, qu’au contraire, l’oppression tragique créait l’indispensable toile de fond à notre collusion et qu’à présent une détente vertigineuse la précipitait. Ces incidents nous baignèrent dans un onirisme confus, probablement soutenu par les émanations de Chartreuse, et n’affleurèrent qu’à peine en nos consciences.


Quand elle adopta une languide pose d’odalisque, l’émotion rosit ses joues et je la découvris ainsi d’abord Maja vestida*. Puis l’agitation désordonnée de mes tentations développant de retorses et perverses divagations me la fit deviner Maja desnuda*, frissonnante de sa nudité, transie et pétrifiée dans sa poignante beauté. Ne fut-ce là qu’ensorcelant mirage ? Cette mirifique image, nette et floue à la fois, couvée, éclose et allaitée aux transes de ma sensualité, je n’en pus douter ; elle en partagea la magie, cédant à sa fabuleuse illusion, à sa force réaliste d’évocation. Plus vraisemblablement, il n’y eut point là de méprise, nos cœurs discernant ce qui échappait à nos yeux et l’intensité de notre fusion dissolvant tout obstacle interposé, annihilant la sagesse dérisoire de vains textiles. Quel redoutable ressort avions-nous bandé ? Quelle impulsion hallucinée nous jetait-elle, de la sorte, l’une vers l’autre ?


Oui, je la désirais follement, et, par une extravagante fougue gagnée, je tendis un bras vers elle. Elle, immédiatement, répliqua de la même manière, et quelques centimètres seulement écartèrent nos mains éplorées ! L’une de nous ne se serait qu’à peine avancée ou imperceptiblement penchée et elles se seraient jointes dans une fièvre sacrée. Se seraient-elles touchées, qu’en aurait-il résulté ? Peut-être, sans doute, avions-nous besoin de cette tension, qui se serait inévitablement déchargée si nous ne nous étions qu’insensiblement frôlées.


Nous flottions dans une sorte d’apesanteur, un vrai nirvana qui soudait nos intimités au-delà des pulsions charnelles et surtout des frénésies ou de la pantomime des gestes aguichants.

Rien ne nous retenait, pas plus la morale que la décence. Mon sexe poissait de mouille et mes muqueuses se dilataient comme un fruit généreux sur le point d’éclater. Notre ardeur était extrême : un tremblement aurait suffi à abolir le précaire espace qui nous séparait ; toutefois, nous nous y sommes également refusées, et après un bref instant je sentis son fluide sourdre du bout de ses doigts pour m’envahir. Ensuite, graduellement, nos bras retombèrent, ployant sous le regret, mais nos regards s’allumèrent d’une nouvelle ferveur attisée par cet enlacement manqué.


Toujours nostalgique de notre caresse avortée, elle se fit divinement adorable et je m’exaltai à sa dévotion. Les prunelles qui me scrutèrent creusèrent des abîmes vertigineux et m’emportèrent vers des paradis fuligineux, grondant de passions déchaînées. Elles incendièrent ma toison dorée des feux de mes concupiscences tandis que mes entrailles se nouèrent. Mon vagin, en complète effervescence, bouillait si ardemment que j’écartai légèrement mes jambes pour ne point contraindre ses émois. Dès lors, celle-ci, avide de câlins, attira inexorablement mes doigts, et pourtant, invariablement, je retins mon geste, suspendant ma main. Je grillais cependant sur le bûcher de désirs effrénés autant qu’impitoyablement réfrénés, et plus mon envie s’accrut, plus ma fermeté dans le renoncement se renforça. J’atteignis à une sorte de paroxysme qui me convulsa d’enthousiasme.


Il y a des secondes qui se font éternité ; celles-ci en furent, et du tréfonds de nos âmes, de nos cœurs et de nos sens, nous nous aimâmes passionnément et encore, jusqu’à satiété, nous nous dévorâmes des yeux.


Elle se leva enfin et se dirigea vers la sortie. Comme aimantée, je la suivis. Sur le seuil, la porte déjà ouverte, elle se retourna et tendit vers moi une bouche gonflée de convoitises et de tendres remords aussi. Subtilement, en un long et grave soupir, elle exhala un sublime baiser.

Presque accolée, prisonnière de son souffle, j’agis de concert, oh non point dans l’intention de l’imiter, simplement en raison d’une exigence primale de toutes mes chairs. Nous nous étreignîmes ainsi fiévreusement pour la seconde fois, sans seulement nous effleurer, et du fer rouge de ses lèvres elle me marqua irrémédiablement d’un sceau ardent et indélébile. La porte claqua sur un rêve qui s’évanouissait. À l’avenir, nous ne tenterions pas de nous revoir, sachant que nous ne pourrions rien ajouter à cet indicible passé sans l’altérer.


Le lendemain, dans le cimetière, j’ai cherché la tombe la plus récente, et négligeant d’en lire l’épitaphe, longuement, j’ai à mon tour pleuré. Rentrée chez moi, je me suis attelée à la rédaction de cette missive.



Voilà mon récit, et je sais que tu penseras qu’il n’y a pas là de quoi faire toute une histoire. Rien ne t’empêchera de la résumer en une phrase lapidaire : « Tu rencontres une belle désespérée, la ramènes chez toi et la consoles à coup de Chartreuse puis, un peu pompette, vous vous regardez dans le blanc des yeux en refoulant vos fantasmes. »


Et pourtant, j’ai le sentiment d’avoir vécu un incident hors du commun. Une parole inconsidérée, un geste déplacé auraient tout irrémédiablement ruiné. Que pouvions-nous ajouter ? L’étreinte des corps, avoue-le, eut été bien triviale.


Je t’embrasse en t’invitant à jouer les Maja vestida* dès le prélude de notre prochaine rencontre.



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(*) La Maja desnuda [la « Maja (belle) nue », peinte avant 1800] et la Maja vestida [la « Maja (belle) habillée », peinte entre 1800 et 1803] sont deux célèbres toiles de Goya.


Nous informons le public de Rêvebébé – qui devrait apprécier de telles anecdotes – qu’on raconte que la duchesse d’Albe (présumé modèle des deux toiles) rendit vers 1795 un jour visite à Goya dans son atelier et lui demanda de la maquiller. Par la suite, Goya confia à un ami que ce fut un plaisir plus grand que de peindre une toile. Certains critiques font aussi remarquer que la façon dont le costume blanc entoure le personnage de la Maja vestida, en particulier son sexe et ses seins, fait qu’elle a l’air plus nue que la Maja desnuda.