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Temps de lecture estimé : 35 mn
07/09/17
corrigé 06/06/21
Résumé:  Il y a les filles dont on rêve et celles avec qui l'on dort, il y a les filles qu'on regrette et celles qui laissent des remords... Et il y a celles qui vous marquent à vie sans que ce soit pour les bonnes raisons.
Critères:  jeunes inconnu uniforme plage boitenuit pénétratio nostalgie humour
Auteur : Someone Else  (Écrire, c'est parfois prendre des risques...)            Envoi mini-message
Tranches de vie

Un petit texte un peu plus personnel que les autres, avec peut-être même de vrais morceaux de moi dedans. Vous plaira-t-il ? Ce sera à vous de me le dire au moment des notes et commentaires.

Bonne lecture.




Lorsque j’ai rencontré Natacha, j’avais quinze ans… Et dix-sept lorsque j’avais commencé à lui tourner vraiment autour. C’est drôle, cela me semble hier…


Oh, bien sûr, avant elle et comme presque tout le monde, j’avais croisé la route de quelques demoiselles avec lesquelles j’avais partagé certains bons moments. Enfin, entendons-nous bien, il ne s’agissait que de sorties diverses et variées où nous nous tenions la main, où nous embrassions parfois nettement plus que de raison, et où même quelquefois – soyons fous – quelques mains baladeuses pouvaient éventuellement s’aventurer un peu partout… Mais rarement en dessous de la ceinture !


Eh oui, que voulez-vous, si dans certains patelins cela semble normal, dans notre beau pays, il y a des choses qui ne se font pas. Bien avant l’heure officielle, ça vous gratte par où ça vous démange, ça chatouille l’entrejambe des demoiselles au moins autant que le vôtre, mais il est interdit de passer à l’acte… Cela ne se fait pas, point. Il n’y a pas à revenir dessus, et puis, entre nous, ce n’est pas aujourd’hui que nous allons refaire le monde.


Cela dit, à cette époque elle m’avait semblée splendide, Natacha, avec ses longs cheveux châtain frisottés et qui cascadaient sur ses épaules, ses yeux noisette et son petit air mutin. D’ailleurs, je me souviendrai toujours de la réaction de mon grand-père lorsqu’il l’avait vue pour la première fois :



C’est ça, j’en avais, de la chance… Enfin, ça, c’était vrai sur le papier parce qu’en fait, avec Natacha, c’était déjà la croix et la bannière pour simplement échanger un baiser. Elle me suivait tranquillement partout où je l’emmenais, y compris et surtout dans les endroits les plus déserts où elle devait bien se douter que je n’allais pas rester les bras ballants et que j’essaierais d’obtenir d’elle quelque chose d’un petit peu plus consistant, mais rien n’y faisait : poser mes lèvres sur les siennes était déjà un exploit. Et comme il se trouve que, parallèlement, je ne me sentais pas non plus une vocation d’apprenti violeur, mon problème n’était pas là d’être résolu.


Mais mon plus gros souci n’était sans doute pas là, quand j’y repense. Non, le véritable hic, c’est que malgré tout cela, j’avais cette bécasse dans la peau !


Par bonheur, quelques mois plus tard, j’avais rencontré Élodie qui fréquentait la même auto-école que moi, et nous avions d’ailleurs tous deux décroché le papier rose à trois jours d’intervalle. Et si, physiquement, elle n’était au final pas si différente de Natacha – mêmes cheveux châtain tout juste un peu plus longs, même taille ou presque, et surtout même corpulence – pour le reste, c’était le jour et la nuit. Quand l’une arborait les baggies informes hiver comme été et quelle que soit la température, accompagnés comme il se doit d’un tee-shirt ras du cou et sous lequel se dessinaient toujours d’infâmes soutifs – un comble, vu qu’elle était plate comme une planche à découper – l’autre usait et abusait des petites robes d’été, souvent aussi courtes que légères tout en ayant la bonne idée de ne pas saccager ses décolletés en s’embarrassant d’accessoires inutiles… Malgré une poitrine certes menue, mais sans comparaison aucune avec celle de Natacha.


Et si, d’un point de vue théorique, elle était venue aider son oncle à son restaurant pour la saison, en fait je ne l’ai vue réellement bosser dans le resto en question que quatre ou cinq fois pendant les presque trois mois qu’elle est restée dans notre patelin. Elle était venue dans un premier temps passer son permis et, dans un second, s’amuser.


Ce dernier point, elle s’y était longuement attardée dès le premier soir où elle avait accepté de sortir avec moi : je ne devais rien attendre d’elle ; elle n’était pas venue là pour se prendre la tête, et je devais bien comprendre que j’étais son partenaire de jeu, point barre. Par contre, elle m’avait également précisé que si d’aventure j’allais occasionnellement voir ailleurs, elle ne m’en voudrait pas… mais que cela signifiait aussi que la réciproque était vraie.


Était-elle, d’une manière ou d’une autre, au courant de mes déboires avec Natacha ? Toujours est-il qu’elle s’était empressée de joindre le geste à la parole en m’emmenant, l’air de rien, un peu en retrait du resto de son oncle – et surtout bien à l’abri des regards indiscrets – où elle m’avait octroyé par la suite ce que je considère encore aujourd’hui comme l’une des plus formidables pipes de mon existence…


Là, bien à l’abri derrière les caisses de pinard et autres sodas, elle s’était agenouillée – je n’avais pas compris sur le coup où elle venait en venir – et, d’un geste précis, s’était mise à farfouiller dans ma braguette avec une aisance assez diabolique. À peine le temps de comprendre, elle m’avait englouti tout au fond de sa gorge… Et là, pour moi, cela avait été un aller simple pour le paradis. Et vas-y que je te suce, et vas-y que te branle, et vas-y que je te lèche le bout du gland juste au niveau du frein, et vas-y que je te gobe les nouilles – non, ce n’est pas une faute de frappe – et vas-y que je te ré-embouche…


Combien de temps cela avait-il duré ? Une éternité, sûrement, mais une éternité beaucoup trop courte… Dix fois j’avais été sur le point d’exploser, dix fois elle avait su retarder l’inéluctable. Par contre, lorsqu’elle avait enfin décidé que le temps était venu pour moi de lâcher les chevaux, cette libération avait été aussi jouissive – et pour cause – que douloureuse. Il y avait belle lurette que j’avais les mouilles – toujours pas une faute de frappe – prêtes à exploser – un petit pignolage n’est souvent qu’un pis-aller –, mais alors, avec elle, la pression avait atteint des sommets que je n’aurais jamais imaginés possibles !


Et là – même si honnêtement je ne me souviens pas bien de ce détail – j’avais sûrement hurlé, gueulé, braillé tout ce que je savais… Parce qu’en fait, ce n’était pas le contenu de mes couilles – ah ben tiens, finalement, j’y suis arrivé – qu’elle avait accueilli dans sa bouche, mais mon foie, mes reins, ma rate et tout le reste ! D’ailleurs, j’avais bien failli m’écrouler entre les caisses de bouteilles vides… Et ce n’était sûrement pas de la voir déglutir la cargaison avec une expression ravie qui allait calmer l’emballement de mon cœur et du reste.


Après, il n’y avait pas qu’au radada que cette nénette était géniale : toujours partante sur les bons plans – elle connaissait toujours la bonne personne pour faire ceci ou cela –, capable de résoudre la situation la plus compliquée d’un simple sourire – nous étions partis en voiture sans papiers, et va faire comprendre à ces messieurs les condés que oui, c’est ta voiture, oui, t’as le permis, et oui, t’es majeur, et non, t’es pas en fugue – c’était vraiment une fille géniale.


Et quand t’oubliais un peu trop de chercher à la lutiner – quoique, là encore, elle n’était pas la dernière à ouvrir le feu – elle savait très bien se rappeler à toi… Par contre, sa seule et unique crainte était de se retrouver surprise en pleine action par quelqu’un – notamment un client du resto de son oncle – qui aurait pu la reconnaître ! Alors on prenait le break du tonton, on faisait vingt ou trente bornes, histoire de ne plus trop risquer de croiser des têtes connues, et c’était reparti pour un tour… Le capot de la voiture en forêt ou, mieux encore, l’une des barrières délimitant les sentiers forestiers, et en avant la musique ! À chaque fois, elle ne faisait qu’écarter sa culotte – je ne suis jamais parvenu à la persuader de se balader les fesses à l’air – et vlan ! nous étions partis pour une séance de craczimboum… Avec, comme aiguillon principal, le risque de se faire prendre en pleine action par les gardes forestiers ou même de simples promeneurs.


Son autre truc à elle, c’était de prendre le train, destination n’importe où dans un rayon d’une bonne cinquantaine de kilomètres. Là, elle choisissait systématiquement une voiture dans laquelle avaient pris place quelques voyageurs alors que nous, nous nous placions à l’autre extrémité du wagon.


Et là, aussitôt partis, elle venait se placer face à moi, dans une version revisitée du « à cheval gendarme » ; là encore elle écartait ce qui n’était bien souvent qu’un minuscule triangle de dentelle avant de s’empaler sur moi. Seul petit souci, les banquettes des trains de ces années-là n’étaient pas assez hautes pour que nous puissions vraiment nous planquer ! Dès lors, toute cavalcade trop peu discrète était impossible, même si je profitais de la moindre occasion pour lui filer des coups de reins qui la faisaient gémir quasiment à chaque fois. À mon sens, rester discret dans une telle situation représente au moins la moitié du challenge !


L’autre gag de ce petit jeu était que, si les passagers qui se rendaient aux toilettes n’avaient pas la moindre idée de ce qui se déroulait à un mètre d’eux, les contrôleurs n’étaient pas dupes… Il n’était d’ailleurs pas rare que l’on nous demande de présenter nos billets deux ou trois fois pendant un même voyage et que nous ayons droit à un clin d’œil complice ou, tout au contraire, à un regard noir !


Quoi qu’il en soit et compte tenu des circonstances, il nous était quasiment impossible de parvenir à l’extase, quand bien même aurait-elle joué et rejoué de ses muscles intimes pour me serrer la queue ou y aurais-je ajouté quelques coups de reins bien sentis. Quant au petit coup vite fait dans les toilettes, aucun ne nous deux n’y était favorable. Par contre, aussitôt le train à quai, nous nous précipitions dans le premier endroit plus ou moins discret pour enfin finir ce que nous ne parvenions pas à terminer ! Et je tiens à préciser pour ceux qui seraient tentés par ce genre de trip que le coup du wagon d’en face n’est pas forcément une bonne idée. Certes, c’est tout près ; certes, vous avez peu de chances de vous faire prendre, mais à côté de cela vous pouvez être certain que ce sera au moment fatidique, c’est-à-dire à l’instant précis où votre cerveau du haut n’est plus opérationnel et que c’est donc celui du bas qui a pris les commandes, que le train aura la bonne idée de se barrer ! Et là, deux solutions : soit on remballe précipitamment le matériel, soit on décide d’aller jusqu’au bout… en prenant le risque de se farcir deux kilomètres à pied le long d’un ballast mal entretenu.


Malheureusement, les meilleures choses ont une fin… Sans regret – ou sans en montrer, en tout cas – Élodie avait fini par regagner ses pénates et reprendre ses études d’architecture où elle redeviendrait l’étudiante BCBG à mille lieues de l’écumeuse de braguette qu’elle était en vacances. Mais pour moi, et bien qu’il ait été dit dès le départ que notre histoire n’aurait pas de lendemain, ce n’était pas la fête. Il me faudrait longtemps pour oublier Élodie et ses frasques, Élodie et son sourire, Élodie et ses délires, Élodie et la liberté qui était la sienne.




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L’une des raisons pour lesquelles Élodie allait me manquer, c’était parce qu’à l’origine notre histoire n’aurait dû durer qu’un soir. Dans mon esprit, je tournais autour d’elle, je lui mettais vaguement un coup de bite ; Natacha l’apprenait et me faisait une scène avant de me revenir avec de meilleures intentions, et en avant la musique.


Dire que cela avait foiré était, comment dit-on, un doux euphémisme ? Bon, à côté de cela je dois reconnaître que j’avais passé l’été le plus déjanté de ma vie et passé plus de moments génialissimes en trois mois avec Élodie qu’en trois ans avec Natacha.


Toujours est-il que jamais je n’aurais imaginé voir Natacha réapparaître le soir même.



L’amour rend aveugle, dit-on ; moi, je pense plutôt qu’il rend con… enfin, jusqu’à un certain point – ou alors pas tout le temps – puisque j’étais parvenu à ne pas perdre totalement mes manchettes.



Alors là, en guise de cerise sur le gâteau, celle-ci avait dû pousser dans le jardin de Lance Armstrong, ce qui expliquait pourquoi elle pesait deux tonnes ! Mon sang ne fit qu’un tour.



J’avais espéré la cueillir à froid, mais, tout au contraire, elle semblait avoir anticipé ma réponse.



Et dans la série proverbes, « Chat échaudé craint l’eau froide » dit-on. Eh bien, pas tout le temps : j’en avais la parfaite démonstration à cet instant. Intérieurement, je savais que cette histoire allait, une fois de plus, se terminer en eau de boudin, mais malgré ça je replongeai.



Et une fois de plus elle m’avait accompagné du côté des blockhaus… l’endroit parfait pour le couple qui souhaite s’accorder du bon temps puisqu’éternellement désert, et surtout avec assez de coins et de recoins pour être absolument certain de ne pas être dérangé. Par contre, et Natacha ne pouvait pas ne pas le savoir, si d’aventure j’avais décidé de me conduire comme un salaud et de dépasser la dose prescrite, personne ne serait venu à son secours.


Et, comme à l’habitude, alors qu’elle avait accepté de me suivre dans l’un des plus célèbres baisodromes de la région – oui, parce que le béton éclaté et les ferrailles rouillées, y’a tout de même plus romantique – après m’avoir fait miroiter monts et merveilles, elle s’était une fois de plus refusée à moi… Comment ça, j’aurais dû m’en douter ?




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C’est un autre événement imprévu qui allait totalement changer la donne sous la forme d’un courrier m’invitant à goûter aux joies du service national. Tous ceux qui n’ont pas connu cette époque s’imaginent sans doute que cette fameuse lettre vous laissait le temps de faire un peu de ménage dans vos affaires, de prévenir votre patron afin qu’il ait le temps de s’organiser, mais la réalité était bien souvent tout autre : vous receviez le papelard le jeudi avec pour consigne de vous pointer le lundi matin dans une caserne à l’autre bout de la France !


Du coup, c’est en urgence que je fis la tournée des potes et de la famille pour leur apprendre la « bonne » nouvelle. Et parmi ceux-ci, il y avait forcément Natacha… Manque de chance, ce jour-là elle n’était pas chez elle ; c’est donc sa mère qui me reçut. Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche.



Dans ces cas-là, la réponse classique – quitte à y mettre les formes – serait de répondre qu’elle ferait mieux de se mêler de ses affaires, mais elle semblait sincèrement désolée du numéro de claquettes que me faisait subir sa fille. Je soupirai :



Sa réponse m’avait cloué sur place.



Charmante attention, même si, aujourd’hui comme hier, le fantasme de la belle-mère cochonne n’a jamais fait partie de mon registre.



J’avais été estomaqué.



Pour elle, par contre, les choses étaient claires.



Évidemment, j’en étais resté comme deux ronds de flan.



Naturellement, ce n’était pas cela qui allait mettre de l’ordre dans le merdier qui me servait de tête. Déjà parce que pour moi il était inconcevable que je lève la main sur elle, quand bien même me tapait-elle sérieusement et régulièrement sur le système. Ensuite, il aurait véritablement fallu qu’elle soit plus qu’explicite sur le sujet pour que j’envisage peut-être l’éventualité de passer à l’acte de cette manière… à ceci près que je savais pertinemment que si cela devait avoir lieu, cela aurait été fait depuis longtemps.


De toute façon, l’heure n’était plus à la tergiversation puisque l’armée m’attendait… Alors, aussitôt arrivé à Toulon, mon premier réflexe fut de signer. Cinq ans. Cinq ans loin de cette nénette qui me rendait complètement marteau. Cinq ans pour l’oublier…


Par bonheur, et malgré l’épisode Élodie, mes tribulations autour du monde allaient me faire croiser la route de quelques demoiselles qui allaient me forger des souvenirs qui, aujourd’hui encore, me tiennent toujours chaud au cœur. Qu’elles en soient toutes infiniment remerciées, sans quoi je crois bien que cette histoire avec Natacha continuerait encore aujourd’hui à me bouffer la vie.




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Par qui commencer… Ah ben tiens, l’une de mes rencontres le plus brèves, quelque part dans un petit port d’Islande. C’était le commandant himself qui m’avait demandé de prendre un canot de liaison pour me rendre au port tout proche où un hélicoptère allait nous apporter je ne sais plus quel matériel indispensable à la navigation de notre rafiot. Pourquoi l’hélico ne nous avait pas livré directement, puisque la frégate disposait d’un pont d’envol ? Bonne question, mais vous connaissez le vieux dicton qui dit que dans la Marine, chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir… Bref, je m’étais retrouvé au port, tout seul comme un grand, lorsque le brouillard était arrivé subitement comme cela se produit souvent dans ces contrées. Bref, plus de livraison possible ; j’avais ordre de rester sur place pour la nuit en attendant que cette foutue purée de pois veuille bien se disperser.


Alors, que faire en attendant ? Il y avait un musée des us et coutumes du peuple islandais ; la visite avait lieu en anglais. Je m’y étais donc rendu dans l’unique but de tuer le temps. La fille à la caisse, une grande blonde d’une vingtaine d’années, s’emmerdait visiblement à cent sous de l’heure. Nous étions hors saison et les touristes ne se bousculaient pas !


Et là, au milieu de sa présentation où elle m’avait précisé qu’elle allait prendre son temps puisque j’étais son seul visiteur depuis ce matin, elle s’était longuement attardée sur cette plus ou moins légende qui voulait que jusqu’à une date relativement récente, l’Islande était l’un des très rares pays où la prostitution n’existait pas. D’après ses dires, le marin qui croisait une fille dans la rue ou dans un bar n’avait qu’à discuter un moment avec elle pour qu’elle l’invite à passer la nuit avec elle, pour autant qu’il ne soit ni trop moche ni trop mal élevé. Fantasme ou réalité ? Elle-même n’en savait rien, mais cela aurait eu pour but dans des temps reculés de combattre la consanguinité, un peu comme dans le Pacifique sud du temps du Bounty… sauf que dans les deux cas, personne n’a jamais su démêler le vrai du faux !


Naturellement, j’avais embrayé sur le ton de la déconne que de tels usages n’auraient jamais dû cesser, que le respect des traditions était primordial, et tout le baratin… pour finir par lui avouer que j’étais seul pour la nuit et que j’aurais été ravi de me plier à leurs coutumes. Elle avait souri.



Je m’en doutais, mais en même temps je m’en foutais un peu… Comment aurais-je pu imaginer ce qui allait suivre ? Elle avait regardé sa montre.



De façon assez surprenante, je n’en avais pas cru mes oreilles… Mais j’avais très vite compris lorsque je l’avais vue remonter sa jupe, baisser ses collants – je hais les collants – et sa culotte, et se mettre en position, jambes écartées, sur le rebord de l’accueil ! Naturellement, j’avais sorti l’engin, et en avant la musique…


Combien de temps cela dura-t-il ? Eh bien, en fait, on va dire trois minutes… et encore, en comptant large. Avait-elle joui ? Alors là, non, j’en suis certain, même si elle y avait vraisemblablement pris du plaisir… Enfin, quoi qu’il en soit, à peine avions-nous remballé le matériel que le musée fermait. Elle m’avait poliment prié de débarrasser le plancher et, aujourd’hui encore, je n’ai pas la moindre idée de qui elle était et de comment elle se prénommait.


Par bonheur, des rencontres un peu moins expéditives, il y eut d’autres. Par exemple, la belle Maria, rencontrée plus ou moins par hasard sur un quai lors d’une escale en République Dominicaine.


À l’époque, et c’était de notoriété publique, toutes les filles de là-bas – ou presque – étaient à la recherche du gringo – le terme qu’elles utilisaient ne me revient plus, mais l’esprit était le même – qui leur ferait définitivement quitter leur île, et surtout la misère qui y régnait, quitte à utiliser tous les moyens possibles pour y parvenir. Nous le savions, elles savaient que nous le savions, mais cela ne les empêchait pas de tenter leur chance et d’y aller pied au plancher.


Et donc, sans être canon, elle était mignonne, Maria. Des yeux noirs, des cheveux crépus qu’elle réunissait toujours en une sorte de queue-de-cheval un peu fouillis, cette peau mordorée typique des filles des Caraïbes et une plastique que son foulard tout juste noué autour de son cou rendait encore un peu plus pleine de promesses.


Autour de quelques bières du cru et d’un de ces plats comme on n’en trouve que là-bas – comprendre un truc indéfinissable, mais qui t’emporte tellement la gueule que t’as ensuite l’impression de pouvoir découper de la tôle rien qu’avec ton haleine – nous avions discuté de tout et de rien ; en fait, surtout de rien, mon anglais d’alors étant aussi approximatif que le sien.


Mais si les mots manquaient, j’avais tout de même compris l’essentiel : elle avait envie de moi, c’était clair, net, précis. Alors, évidemment, tandis que je la suivais dans les rues aussi tortueuses que mal éclairées de ce qu’il fallait bien appeler un bidonville, je me méfiais un peu… même si d’une part je n’avais que trois ronds sur moi, et qu’après tout mon entraînement de militaire aurait sans doute suffi à me débarrasser de quelques malfaisants.


Mais quand bien même ces fameux malfaisants se seraient pointés, le petit spectacle auquel j’allais avoir droit m’aurait tout fait oublier : là, comme ça, au détour d’une rue à peine plus éclairée que les autres, elle avait dénoué le nœud de son foulard qui était tombé sur le sol, me révélant que la demoiselle ne portait aucun sous-vêtement depuis le début et qu’elle avait vraiment un corps de rêve : des petits seins aussi ronds que haut perchés, des hanches à damner un saint, sans oublier son adorable petit cul qui, à lui tout seul, m’aurait presque fait traverser l’Atlantique à la nage. Tout cela vibre encore en moi comme si c’était hier.


Là, il m’avait fallu quelques instants pour comprendre que nous étions tout simplement arrivés, que cette maison était la sienne. Et puis, le plus tranquillement du monde et quasiment à la vue de tous – certes, la rue était déserte, mais n’importe qui pouvait surgir de n’importe où et à n’importe quel moment – elle m’avait administré ce qui reste aujourd’hui encore l’une des autres plus belles pipes de ma vie. Léchage des boules, du gland et de tout le reste, un festival de gorges profondes – une première pour moi, Élodie ne pratiquant pas ce genre de sport – malaxage du service trois-pièces tout en se tripotant ostensiblement la chatte, tout y était passé… Et, comme de bien entendu, elle avait pris un malin plaisir à me faire remarquer qu’elle avait englouti la cargaison lorsqu’elle était enfin parvenue au bout de mes limites.


Ensuite, il y avait eu le deuxième round qui aurait dû être un poil plus classique puisque cela avait eu lieu dans une chambre, ce qui est un endroit naturellement moins exotique pour faire l’amour, et donc forcément moins excitant. Seulement, il faut croire que leur définition de « chambre » n’était pas la même que la nôtre… Certes, Maria avait bel et bien une piaule, mais à partir du moment où la maison en elle-même n’était en fait qu’un assemblage – plutôt adroit d’ailleurs – de planches et de tôles récupérées on ne sait où, c’était un simple rideau trop court qui nous séparait de la turne de ses darons !


Non, mais franchement, cela vous aurait-il perturbé ? Vous seriez-vous arrêtés à ce simple petit détail ? Oui ? Eh ben moi aussi, franchement… Cela n’avait pas empêché Maria de me sauter sur le dard avec une quasi-férocité assez invraisemblable ! Ajoutons à cela que sa discrétion dans l’orgasme n’était peut-être pas sa qualité principale, aussi me demandai-je bien quelle serait la réaction de ses chers géniteurs lorsqu’au matin je quitterais la maison… Eh bien, en fait d’au revoir de leur part, je n’avais eu droit qu’à un grand sourire, et puis c’était tout. Inoubliable, je vous dis !


Mais l’éternel problème des escales, c’est qu’elles ne durent jamais très longtemps. Devrais-je dire que les adieux avaient été déchirants ? En réalité, même pas, surtout de son côté à elle… Mais avec le recul et compte tenu de ce que j’avais appris par la suite, je me dis que cela s’expliquait puisqu’elles ne considéraient notre harponnage que comme un jeu auquel elles ne désespéraient pas de gagner, quitte à remettre l’ouvrage cent fois sur le métier. Bref, pour Maria, je n’étais pas le bon ; il n’y avait pas de quoi en faire une dépression…


Par contre, et pour la petite histoire, lors de mon passage en Guadeloupe quelques années plus tard où l’armée avait mis à ma disposition une immense baraque que j’étais bien incapable d’entretenir, j’étais retourné dans son bidonville avec l’espoir de la retrouver, non pas pour en faire mon épouse, mais pour la faire venir – au moins officiellement – en tant qu’employée de maison.


Là-bas, j’avais appris par ses parents que dès le lendemain de mon départ elle était tombée sur un Australien qui, lui, s’était posé nettement moins de questions que moi… et que les seules choses qui restaient de Maria étaient les cartes postales punaisées sur le mur qu’elle envoyait régulièrement d’Adélaïde à ses parents.


Mais revenons à nos moutons. Dans la série souvenirs inoubliables, il y avait également eu l’escale aux Seychelles… Maria, comme beaucoup de jeunes Dominicaines, était ravissante. Certes, mais comment dire… celles de l’océan Indien, c’était carrément une autre pointure.


De plus, les anciens nous avaient briefés… Nous connaissions les bonnes adresses où il suffisait de sortir quelques billets pour se voir aussitôt entouré d’une flopée de nénettes plus belles et sexy les unes que les autres. Le tableau qui nous avait été dépeint était tellement paradisiaque que nous avions tous eu du mal à y croire, et pourtant… Jamais je n’aurais pu imaginer que d’aussi jolies filles fussent à ce point sympathiques, accessibles et peu farouches.


Le grand classique après une soirée bien arrosée, c’était d’aller se prendre un petit bain de minuit, qui avait d’ailleurs plutôt lieu aux premières lueurs de l’aube. Là, et à l’invitation des filles qui joignaient toujours le geste à la parole, on se mettait tous à poil – c’était toujours plus facile pour elles vu qu’elles ne portaient généralement qu’un foulard et un bikini – et là on riait, on barbotait, on déconnait jusqu’à ce que notre conquête du soir nous attrape par la main pour nous ramener sur la plage…


Discuter, baratiner, poser des questions ? Ce n’était pas leur genre. En général, cela commençait par une petite turlute au clair de lune où les filles semblaient prendre un malin plaisir à exagérer leurs mouvements, comme si elles voulaient nous faire profiter encore un peu plus du contact de leurs longs cheveux au parfum de monoï sur nos parties sensibles… tout en sachant très exactement jusqu’où aller trop loin pour ne pas foutre en l’air les réjouissances à venir !


Là, le plus simplement du monde, elles abandonnaient nos sexes dressés vers les étoiles, se trifouillaient longuement l’entrejambe – nous n’avons compris que quelques jours plus tard qu’elles ne faisaient que chasser l’éventuel grain de sable qui nous aurait inévitablement rayé le saphir – avant de s’empaler sur nos dards qui n’attendaient que ça !


Ma conquête à moi – si je peux dire les choses comme ça – s’appelait Moorea : cela ne s’invente pas. Son truc à elle, une fois que tu étais en elle, c’était d’aller et venir sur ta queue avec une lenteur aussi délicieuse qu’exaspérante. Elle s’amusait à faire durer le plaisir, ne bougeant que très peu, mais en jouant de ses muscles intimes, ce qui parvenait à la fois à m’électriser tout en parvenant à retarder l’inéluctable.


Combien de temps cela durait-il ? Je ne saurais le dire : tu n’as pas forcément envie de regarder ta montre lorsqu’une bombe pareille s’occupe de ta queue dans un cadre aussi paradisiaque… Ce qui ne m’empêchait pas, au bout d’un certain temps, de l’attraper par les hanches avant de la poser sur le dos. Et là, finie la douceur : place au pilonnage en règle… Moorea criait, criait et criait encore, parvenant même à couvrir le délicieux bruit des vagues s’échouant sur le sable blanc. Mais, comme cela se produit souvent lorsque les préliminaires se sont un poil éternisés, pas moyen d’envoyer la purée !


Qu’à cela ne tienne, nous changions encore de position – elle n’aimait pas beaucoup plus la levrette que moi –, mais par contre, lorsqu’elle me tournait le dos, allongée comme moi sur le côté, j’avais l’impression de m’enfoncer encore un peu plus loin en elle, et alors là… Si un tsunami s’était produit à cet instant, je crois qu’il aurait été ridicule à côté de celui qui nous emportait. Et nous restions là plusieurs minutes, collés l’un à l’autre, mon sexe toujours fiché en elle comme si nous voulions que cet instant de pure jouissance ne s’arrête jamais.


Et une fois revenus sur Terre, que faisions-nous, je vous le demande ? Eh bien nous rentrions à l’hôtel, toujours accompagnés de nos dulcinées – hôtels qui, comme par hasard, étaient situés à deux pas des boîtes de nuit que nous fréquentions – avec l’idée de finir dans nos chambres ce que nous avions si bien commencé sur la plage ! Seulement, bien souvent, l’appel d’un carré de pelouse, le parfum d’un bouquet de bougainvilliers ou d’un reflet de la lune dans la piscine mettait un frein à nos résolutions, et c’était donc directement sur place, sous le ciel étoilé des tropiques, qu’avait lieu le deuxième tour !


Ce n’est souvent qu’aux premières lueurs de l’aube que le personnel chargé de l’entretien nous invitait poliment à débarrasser le plancher et à regagner nos piaules… même si la plupart du temps, à l’exception peut-être d’un petit coup vite fait au moment de repartir, les réjouissances s’arrêtaient là. Le repos du guerrier ? En fait, ce n’était pas tout à fait vrai.


Vers treize heures, nous devions être à bord, le règlement militaire l’exigeait. On passait notre après-midi à jouer les marins – ben oui, quand même, il paraît que nous étions payés pour ça –, mais peu importe… Vers vingt heures et au volant des cabriolets qu’elles avaient loués pour nous – qui a dit avec notre argent ? – les filles se repointaient, et la seule différence avec la veille était souvent le resto dans lequel nous nous rendions. Bien évidemment – nous le savions bien – elles n’allaient pas nous emmener dans la version seychellienne de la baraque à frites, mais nous ne regardions pas à la dépense… Encore une fois, nous avions tous conscience que ce genre d’aventure ne se vit qu’une seule fois dans son existence et que, comme dit le célèbre slogan, cela le valait bien.


Et en parlant d’argent – oui, parce que pour la petite histoire, nous avions tous claqué quasiment un mois et demi de salaire en dix jours – l’opinion que je m’étais faite là-bas n’a pas changé avec le temps : ces nénettes-là n’étaient pas des prostituées. Elles n’étaient pas plus payées par les boîtes que par les restaurants ou même les hôtels qu’elles nous faisaient fréquenter. Par contre, elles avaient décidé de s’offrir un peu de la vie de rêve à laquelle elles n’auraient jamais eu droit si elles étaient restées des jeunes filles bien comme il faut ; une sorte de rapport gagnant/gagnant, en quelque sorte… Ou quelque chose dans le genre.




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Ensuite, eh bien… il y eut les quelques mois passés en Guadeloupe, et puis le retour en France suivi d’un long, très long séjour à terre. Je le savais depuis le début : c’est le sort qui attendait – au moins à l’époque – tous les marins. Qu’en est-il aujourd’hui ? Je ne m’y intéresse plus vraiment, en vérité.


Par contre, une fois les valises posées à terre, la routine s’était très vite installée… C’est à ce moment-là que je m’étais souvenu qu’enfant, j’avais toujours voulu faire du tennis, et qu’il y avait un club tout proche de mon domicile. L’occasion était trop belle… Une trentaine de séances plus tard, je commençais presque à savoir taper dans la baballe et je m’étais trouvé un partenaire avec lequel nous faisions quelques échanges trois après-midi par semaine.


Seulement, ce jour-là, la bagnole de mon compère avait eu la bonne idée de tomber en panne. Qu’à cela ne tienne, j’avais demandé à ce que l’on fasse une annonce, et c’est ainsi que j’avais vu arriver une charmante jeune femme à qui il était arrivé la même mésaventure que la mienne.


Bref, deux heures et une déculottée magistrale plus tard, j’avais fait la connaissance d’Alexandra… Et là, je vous vois venir : était-elle aussi délurée qu’Élodie ou que Maria ? En vérité, je n’en savais rien, mais cela n’avait pas l’air d’être le genre de la maison… Et était-elle aussi bien roulée que les filles des Seychelles ? Non, là encore, cela n’avait rien de comparable.


Par contre, en plus d’être mignonne et tout aussi célibataire que moi, elle avait de l’humour, de la répartie, des points d’intérêt communs avec les miens, et surtout pas mal de recul sur la vie. Et cela peut paraître idiot, mais j’avais su dès notre première entrevue qu’elle avait quelque chose que les autres n’avaient pas… Bref, cette fille-là, je devais la séduire.


Bien entendu, avec une telle nana, il ne s’agissait pas d’y aller avec la finesse d’un bulldozer ! Alors, sans vraiment en avoir l’air, à coups de bouquets de fleurs et de petits restos, j’avais fait le siège de sa petite personne pendant deux semaines jusqu’à ce que ce soit elle qui finisse par me demander si j’avais l’intention de l’embrasser un jour ou si elle allait devoir attendre jusqu’aux calendes grecques…


Par contre, pour ce qui est de passer à la position horizontale, la belle avait des exigences… Exigences qu’elle avait longuement notées sur une feuille de papier et qu’elle avait glissée, à mon insu, dans la poche de mon veston. En plus de quelques détails importants, il y avait surtout une heure et une adresse…


Bref, le lendemain, j’avais sorti le pantalon blanc, la veste bleu marine et les godasses cirées… Et je m’étais surpris à l’attendre le cœur battant, tel un collégien qui va à son premier rendez-vous ! Par bonheur, son taxi était pile à l’heure, mais cela n’empêcha pas mon cœur de repartir en zone rouge en la voyant apparaître dans une petite robe à fleurs que je n’ai par ailleurs jamais oubliée.


Le repas fut excellent, on s’en doute, mais le meilleur restait à venir…. Quelques baisers passionnés plus tard, nous entrions dans la chambre.



Et inoubliable, ce le fut… Elle voulait de la tendresse, rien que de la tendresse, des monceaux de tendresse ; vous vous doutez bien que j’allais tout faire pour exaucer ce vœu !


La robe qu’elle portait ce soir-là était fermée sur le devant par des dizaines de petits boutons que j’allais ôter un à un… sans oublier de couvrir de baisers la moindre petite parcelle de peau que je découvrais.

À ma grande surprise, sa poitrine était nue sous le fin tissu. Certes, elle n’était pas bien volumineuse, mais j’avais apprécié l’intention… Par contre, et malgré l’envie qui me tenaillait, il était hors de question pour moi d’aller en prendre les pointes entre mes lèvres avant de les mordiller comme cela se fait si souvent ! Non, je me devais de me glisser dans le costume du gentleman qu’elle m’avait demandé d’être… Mais cela ne m’avait pas empêché d’aller titiller ces adorables petits seins en les effleurant de mes lèvres.


Un peu plus bas, juste au niveau de son nombril, j’avais eu une autre surprise encore bien plus inespérée : je venais de buter sur une étroite bande de dentelle que j’avais immédiatement identifiée comme un porte-jarretelles. Alors là, si je m’étais attendu à cela ! La culotte qui n’allait pas tarder à apparaître quelques instants plus tard était certes assortie, mais offrait le suprême raffinement d’être quasiment diaphane, me dévoilant par transparence une adorable petite touffe brune, taillée exactement comme j’aime… Et comme un ravissement ne vient jamais seul, Alexandra avait également eu la bonne idée de la mettre la culotte en question sur le porte-jarretelles et non dessous, gage d’un plaisir mutuel et décuplé lorsque viendrait l’instant où je la ferais glisser sur ses hanches !


Mais pour l’heure, rien ne pressait, d’autant qu’il me restait une bonne trentaine de centimètres de robe à déboutonner. Alors, faisant mine d’ignorer ce buisson palpitant et surtout son délicat parfum de femme qui s’en dégageait, j’avais repris l’ouvrage là où je l’avais laissé… jusqu’à ce je puisse enfin ouvrir les deux pans de cette satanée robe et découvrir ce corps sublime.


Et là, tout en respectant mes engagements, je décidai de passer à quelque chose d’un tout petit peu plus concret. Poser mes lèvres à l’extrême bordure de sa culotte ; ne la descendre que de quelques millimètres… Entendre Alexandra gémir et voir son ventre palpiter. M’attarder longuement sur cette petite bande de chair nue, juste entre la lisière des bas et les portes du paradis – je ne vais pas vous refaire le coup des portes de l’enfer, puisque Satan l’habite – et l’entendre soupirer de nouveau… Et lorsque, quelques minutes plus tard, la culotte en question glissait le long de ses hanches, elle n’y tenait plus… Quelque chose me dit que si, à cet instant, j’avais sorti l’arbalète pour la punaiser sur le lit, nul doute qu’elle aurait aussitôt hurlé sa jouissance !

Seulement, cela ne faisait pas partie de son plan… Je me devais la faire se languir encore un peu.


Poser mes lèvres sur son sexe. N’introduire ma langue que de quelques millimètres, à la recherche de son bouton d’amour. Le taquiner, l’agacer, l’amuser, mais sans jamais le toucher vraiment. La voir tanguer, l’entendre haleter, sentir ses doigts s’enfoncer dans mes cheveux et malgré cela résister à l’envie de véritablement plonger entre ses nymphes…


Tout cela aurait sans doute pu durer encore des heures si elle n’avait décidé de reprendre la direction des opérations en me décollant de son triangle magique. Cette fois, c’était à elle de ne rien précipiter, même s’il ne lui fallut pas longtemps pour que je me retrouve nu. Là, tandis que j’étais allongé sur le dos, elle m’avait longuement cajolé l’arquebuse jusqu’à se placer au-dessus de moi et s’empaler sur mon membre dressé…


Là encore, combien de temps cela dura-t-il ? L’embrochage, si j’ose dire, avait eu lieu millimètre par millimètre, et dans un sexe délicieusement serré. On parle quelquefois de s’enfoncer dans un pot de miel ? C’était largement en dessous de la vérité…


Par contre, et quand bien même étais-je fiché en elle jusqu’à la garde, il n’était pas question pour autant de rejouer la chevauchée fantastique ! Non, tout au contraire, elle montait et descendait sur mon sexe à une allure proche du petit trot… Encore une fois, elle voulait faire durer le plaisir. Les quickies, ce serait pour une autre fois !


Tagada, tagada, tagada… Mais, malgré ce train de sénateur, j’avais été obligé de penser à quelque chose de triste afin de retarder l’inéluctable ! Quant à la regarder, superbe dans cette parure de soie noire, il ne fallait pas y penser… tout juste s’efforcer de regarder le plafond en espérant y découvrir une fissure qui aurait, peut-être, réussi à faire baisser la pression !


Pour le reste, j’étais aux anges. Le plaisir d’Alexandra montait doucement. Elle ahanait calmement, les yeux mi-clos, gémissant au rythme de ses allées et venues. Elle n’avait pas accéléré, elle ne s’était même pas aidée comme le font souvent les filles en se caressant le bouton magique, et pourtant son orgasme était venu, comme ça, sans crier gare, mais avec une sacrée intensité. Mais pour moi, les carottes étaient cuites ! J’avais ouvert les yeux, je m’étais attardé sur ses courbes graciles si bien mises en valeur dans cet écrin de dentelle, et son visage crispé par sa jouissance avait fait le reste… Je m’étais répandu en elle sans rien y avoir compris.


Par contre, à cet instant précis, j’avais eu confirmation de ce que je pensais dès la première minute où je l’avais rencontrée au tennis : Alexandra ne serait pas une simple aventure parmi tant d’autres et qui ne durerait que quelques semaines tout au plus. Et d’ailleurs je crois bien que j’avais raison puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, presque quarante ans plus tard, il se trouve qu’elle partage toujours ma vie.




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Et Natacha, me direz-vous ? En fait, pour moi, elle appartenait au passé, même si l’on sait bien qu’en réalité on n’oublie jamais les femmes que l’on a aimées, quand bien même les choses ne se seraient pas passées aussi idéalement qu’on l’aurait souhaité.


Et puis, à chaque fois que je retournais voir mes parents, là-bas, dans le grand Nord, j’avais de ses nouvelles. Entre autres, j’avais appris que lorsque je m’étais engagé dans la Narine – non, non, ce n’est pas une faute de frappe – elle avait fini par rencontrer quelques mois plus tard un autre mec à qui, va savoir pourquoi, elle avait servi le grand jeu de la virginité, du mariage, tout ça, tout ça… sauf que, pour son plus grand malheur, le pauvre type l’avait cru !


Ce n’est qu’à force de le voir dépérir de jour en jour que ses collègues de boulot avaient fini par s’inquiéter jusqu’à ce que l’une d’entre eux eût contacté l’infirmière de l’usine… Et, à force de patience et de ténacité, elle était parvenue à enfin lui faire crever l’abcès… Bref, cinq ans de mariage plus tard et après moult déboires, il avait fini par obtenir le divorce lorsqu’un médecin avait prouvé que le mariage n’avait jamais été consommé !


Par contre, et de façon plus anecdotique, il ne fallut que quelques mois d’attente pour que l’infirmière en question se retrouve enceinte, et je vous demande bien de qui ! Bref, c’est ronde comme un petit pois qu’elle s’était rendue à la mairie accompagnée du fraîchement divorcé qui, visiblement, avait décidé de rattraper le temps perdu. À l’heure où j’écris ces lignes, ils filent toujours le parfait amour, nouvelle preuve que le destin peut quelquefois emprunter un chemin chaotique.


Et puis, et puis… Natacha a rencontré un autre gars qui s’était avéré à la fois l’exacte antithèse physique de son ancien mari et, accessoirement d’après tous ceux qui l’avaient fréquenté, un vrai con. Pour tous ceux qui ne connaissaient pas le caractère de l’ex-épouse, la question était toujours la même : comment une jeune femme finalement aussi jolie pouvait-elle se trimballer avec un blaireau pareil ? À ce jour et pour ces gens-là, l’énigme reste entière !

Quoi qu’il en soit, l’aventure ne dura que quelques mois jusqu’à ce que le type – finalement peut-être moins con que d’aucuns le prétendaient – finisse par claquer la porte, laissant une Natacha pas véritablement effondrée… mais complètement transformée.




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Toute cette histoire aurait pu s’arrêter là si, lors d’un de mes retours dans la ville de mon enfance, mon regard n’avait été attiré un peu malgré moi par les courbes d’une jolie fille croisée – enfin, plutôt suivie, en vérité – par hasard dans la rue : une courte robe d’été un poil incongrue dans cette fin d’août pluvieuse, des hauts talons et des cheveux châtain bouclés aux épaules. Franchement, si l’endroit était à la hauteur de l’envers, cela valait sûrement le détour ! Et puis vous connaissez l’expression « Ce n’est pas parce que l’on est au régime qu’il est interdit de regarder le menu. »


Cet agréable moment aurait pu durer encore un peu si je n’avais pas eu l’idée saugrenue de traverser la rue pour tenter d’apercevoir le visage de la demoiselle en question. Comment dire… ce fut une baffe dans la gueule ? L’expression me semble bien faible !


En réalité, celle que je prenais pour une jeunette devait tutoyer la soixantaine – qui a dit « comme moi », bande de salopiots ? – et si, de loin, le corps faisait illusion, ce n’était pas le cas du visage ou du décolleté qui, malgré tous les efforts de maquillage, accusaient l’intégralité des heures de vol. Mais, vous vous en doutez, le cauchemar n’allait pas s’arrêter là puisque le top model catégorie troisième âge n’était autre que Natacha qui, comme de bien entendu, n’avait pas manqué de me reconnaître.



Oh que oui, je te remettais… En me demandant bien ce que j’avais pu trouver de bien à cette espèce de vieux tableau qui se sentait visiblement obligée de se fringuer comme une gamine de vingt ans alors que je suis bien placé pour vous assurer qu’étant jeune, il aurait pu faire cinquante degrés à l’ombre qu’elle ne se serait pas habillée comme ça ! Que voulez-vous, j’estime qu’il y a un temps pour tout et qu’après l’heure, ce n’est plus l’heure… En fait, elle se voulait sexy, mais elle était surtout infiniment ridicule.



Si j’avais été plus malin, j’aurais improvisé une excuse bidon à base de train à prendre et d’horaire serré, mais, va savoir pourquoi, je l’ai suivie dans son petit appartement où, en guise de café, elle m’a servi une sorte de purge infâme dans laquelle je n’ai fait que tremper mes lèvres.


Et là, contre toute attente, elle s’est ruée sur moi… Et si j’avais été surpris dans un premier temps, j’avais très vite décidé de la laisser faire, juste pour voir. Même si la tenue vestimentaire avait changé, la Natacha cul-serré que j’avais connue ne pouvait s’être transformée en saute-au-paf comme elle essayait de me le faire croire, sauf que… en l’espace d’un instant, elle m’avait attrapé le paquet-cadeau, l’avait extrait de sa prison de toile avant de me gober comme si sa vie en dépendait. Et, suivant le vieux principe qui veut que l’on n’est jamais mieux trahi que par les siens, mon camarade Marcel, pourtant plutôt mollasson depuis plusieurs années, avait répondu présent !


Quelque chose me dit que dans une telle situation, pas mal d’hommes auraient profité de l’occasion, ne serait-ce que pour pouvoir se venger des humiliations passées, mais ce n’était pas mon intention, ne serait-ce que parce j’aimais – et j’aime encore – Alexandra. J’avais donc attrapé ma furie par les cheveux pour la décoller de mon sexe.



J’avais souri.



Sa réponse avait été incroyable.



À cet instant, j’avais l’impression d’être face à la championne olympique du foutage de gueule.



Son sourire avait été une fois de plus désarmant.



Alors là, c’était le bouquet… Devant un tel abîme d’incompréhension, je n’avais trouvé qu’à claquer la porte et partir sans me retourner, me laissant seul avec une multitude de questions. Il m’avait fallu longtemps pour oublier Natacha, et le passé venait de me revenir dans la gueule.




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Bien entendu, j’étais retourné dans le Sud retrouver Alexandra qui, à mon sens, n’avait nul besoin de s’attarder sur mes problèmes existentiels un peu débiles, et surtout vieux de quarante ans, même s’ils persistaient à me ronger. Et la solution vint, comme bien souvent, d’où je ne l’attendais pas : l’épouse de mon principal partenaire de tennis était psy et travaillait occasionnellement pour la police. Un petit rendez-vous tout ce qu’il y a de plus officiel plus tard, je lui avais tout raconté et, en guise de réponse, elle avait souri :



Elle avait réfléchi quelques instants.



La réalité, c’est que les hommes sont des gros cons… Si vous baisez mal, ils se désintéresseront de vous, mais à l’inverse, si vous baisez trop bien, ils vont en déduire que cette technique ne s’apprend pas par correspondance, que vous avez forcément déroulé du câble pour en arriver là et que vous ne pouvez donc pas être une fille sérieuse avec laquelle ils pourraient envisager de s’engager. Des gros cons, on vous le dit.



Elle avait éclaté de rire.



Puis, redevenant sérieuse :



Ou alors il s’agit d’un jeu entre adultes consentants, et cela n’a rien à voir.



Même si, pour la société bien-pensante, les femmes ne peuvent être que de pauvres petites créatures fragiles et donc éternellement victimes des hommes. La réalité est certainement dérangeante pour ces gens-là, mais il se trouve que l’inverse existe aussi.



« Notamment lorsqu’il est question de divorce et que pas mal d’argent est en jeu… » avait-elle ajouté.



De fait, se voir accusé de viol en étant innocent ne doit déjà pas être drôle, mais j’imagine assez bien la tronche des jurés quand tu commences à leur expliquer qu’en fait la fille était consentante même si elle prétendait le contraire ! Comment ça, Monsieur le juge ? Vingt ans ? Mais je l’aimais ! Eh bien, c’est normal : quand on aime, on a toujours vingt ans !



Elle avait souri une nouvelle fois.