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Temps de lecture estimé : 11 mn
02/10/17
Résumé:  Jeunesse, amour et intransigeance.
Critères:  fh jeunes extracon inconnu vacances plage jalousie nudisme
Auteur : Jeanpas  (Jeune, fou d'amour et d'absolu)      Envoi mini-message
J'aime Emma

J’aime Emma.

Est-ce qu’à vingt-deux ans on peut se demander si on est maudit par la vie ?

Je sais maintenant que j’aime Emma.

J’ai beau être embrumé par mes nouveaux médicaments, je me rends bien compte que, par ma faute, à cause de mon aveuglement, c’est trop tard.



* * *



Six mois plus tôt


Emma a vingt ans. On se connaît depuis un an et demi. Elle m’a ramassé alors que j’étais en dépression suite à une rupture cataclysmique. Elle m’a reconstruit, aidé à retrouver le goût de faire des choses simples au début. De fil en aiguille, j’en suis venu à faire des projets. Progressivement, j’ai arrêté tous mes traitements médicaux. Avec elle, j’ai même repris goût au sexe alors qu’elle est à l’opposé de toutes mes préférences habituelles. Je préfère d’habitude les femmes grandes, blondes, bien en chair, toniques et un peu grande gueule. Emma est plutôt petite, elle est un peu plus que mince, elle a moins de poitrine que Jane Birkin quand elle était jeune. Ses cheveux bruns sont très courts, ses yeux dorés, et quand elle est nue – ce qui lui arrive assez souvent – on dirait un faune avec des mouvements doux et une petite voix chantante.


Je suis tombé sous le charme de son allure androgyne, de sa manière de faire l’amour aussi. On dirait un petit chat effrayé : peur de toucher, peur d’avoir mal, peur de déplaire, jusqu’à ce que la jouissance lui fasse monter le sang à la tête. Là, je vois le haut de ses seins minuscules, son cou et le bas de son visage s’empourprer et je sais qu’elle plonge dans son orgasme.


Mes parents l’ont adoptée. Dans ma famille, sa beauté de brune discrète a étonné ; ils connaissent mes goûts. Sa douceur, sa gentillesse et la manière dont elle m’a aidé à sortir du fond du trou l’on sacralisée aux yeux de tous. Même aux miens. J’ai vraiment cru que je pourrais vivre ma vie avec elle.


J’aurais dû me méfier : déjà la précédente, j’y croyais dur comme fer.


Je ne comprends pas pourquoi elle pleurait. Qu’est-ce qu’elle imaginait ?


Je me revois sur ma planche à voile, aller d’un bout à l’autre du traict du Croisic, sur la côte atlantique. Le traict, c’est cette langue de mer qui fait du Croisic une presqu’île ; elle s’étend de la jetée de l’entrée du port jusqu’aux marais salants allant de Saillé à Batz-sur-Mer. C’est un peu isolé de la mer, il n’y a pas de vagues ; à marée haute, on peut y faire des pointes de vitesse intéressantes car il y a souvent du vent. Il faut juste faire attention aux hauts-fonds et aux parcs à huîtres.


L’autre intérêt pour Emma et moi, c’est que les plages entre l’océan et le traict sont naturistes, et nous apprécions de pouvoir être nus. Ceci dit, il y a quinze bonnes minutes de marche entre le parking et la plage, avec à l’entrée de la voie d’accès une barrière gardée qui laisse passer les rares autochtones et les planchistes qui amènent leur matériel, mais doivent ramener leurs véhicules au parking ensuite.


Emma a essayé la planche à voile, s’est énervée, a failli se noyer. Depuis, elle préfère m’attendre en bronzant sur la plage avec un bon bouquin.


Mes parents ont une petite maison à La Turballe, et après avoir travaillé au mois de juillet jusqu’au quinze août, je finis mes vacances d’été avant d’attaquer ma dernière année de formation de professeur des écoles. Ça va être dur : j’ai un mémoire à présenter et à soutenir à la fin de l’année scolaire et je dois préparer mon concours, que j’ai raté d’un cheveu cette année en réussissant l’écrit mais en me ramassant à l’oral.


Emma travaille dans une papeterie spécialisée dans les articles pour le dessin, la peinture, toutes les activités artistiques.


Mes parents nous ont prêté la maison pour la semaine et nous passons une partie de nos journées à la plage naturiste. Nous ne nous habillons que pour passer de la maison à la plage et inversement. À la maison, à la plage ou dans l’eau lors de nos baignades, l’impression de liberté est exaltante.


Je tire des bords de l’entrée du traict jusqu’au fond, près des parcs à huîtres. Lorsque je passe devant la plage ou est installée Emma, je la distingue quand le vent n’est pas trop fort. Ça fait drôle, quand même ; avec la distance, je distingue mieux la touffe de poils de sa foufoune que ses nichons ! Quand elle est debout, on dirait presque un garçon, mais qui serait particulièrement efféminé ! Elle a un cul magnifique. J’ai appris à aimer son corps comme j’aime son esprit.


Depuis deux ou trois passages, je ne la distingue plus. Peut être est-ce elle, au bord de l’eau, en train de discuter avec un type que je ne distingue pas ; je ne suis pas sûr. Je viens de démarrer, on verra ça dans une petite heure, à mon retour à terre.


J’ai fait le tour de la bande de mer, je suis passé près de l’entrée du port du Croisic, je suis allé voir les pêcheurs de l’entrée du traict, j’ai tiré des bourres avec d’autres planchistes qui évoluent dans la même zone. J’en connais certains, à force de se retrouver sur les mêmes spots : des gars sympas avec qui je taille une bavette en récupérant de nos courses amicales.


Il va être temps de rentrer.


Dix minutes après, je touche terre pas loin de nos serviettes et je me rends compte qu’il n’y a plus que le mienne auprès de nos affaires. Emma semble être repartie à la voiture. Sauf que la voiture n’est pas tout près. Il faut d’ailleurs que j’aille la chercher au parking extérieur pour recharger la planche et les voiles dessus avant de pouvoir repartir. Je trouve mes affaires avec mes clefs glissées sous ma serviette comme d’habitude, ce qui veut dire qu’Emma n’est pas à la voiture. Je la cherche cinq minutes sur la plage et, ne la voyant pas, je vais chercher ma p’tite Peugeot.


Une demi-heure après, tout est prêt, mais toujours pas d’Emma. Je commence à être inquiet : si elle est repartie à pied, il y a bien trois quarts d’heure de marche pour arriver à la maison. Je décide de rentrer en roulant doucement pour être certain de ne pas la rater si elle marche au bord de la route. Dix minutes plus tard, je suis à la maison ; elle n’y est pas. Je ne l’ai pas vue sur la route. Je ne sais plus quoi penser. Je fouille notre sac de changes que j’ai ramené avec le reste de mes affaires de planche à voile ; j’y trouve sa robe et ses dessous. Elle est quelque part, nue sous sa serviette. Je repars à la plage comme une bombe.


Cette histoire commence à me paniquer ; s’il lui est arrivé quelque chose sur la plage, je ne me le pardonnerai pas. Le surveillant qui filtre les entrées de voitures me rassure : il n’y a pas eu d’intervention des pompiers cet après-midi. Il faut bien qu’elle soit sur la plage ! Je cours du parking à la plage, où j’arrive à bout de souffle pour la trouver à peu près là où l’on s’était installés, en train de lire son bouquin !


On est repartis aussi sec à la maison. Je suis un cérébral ; je bous intérieurement, mais je reste froid à l’extérieur. Plus nerveux et tendu que d’ordinaire, mais pas d’éclat ou d’explosion de colère. Arrivés à la maison, je lui demande assez sèchement de me raconter ce qu’elle avait fait, et c’est là qu’elle se lance dans une explication complètement surréaliste.



Quand tu es parti sur ta planche, j’ai lu dix minutes avant qu’un coup de vent n’emporte ta serviette et le parasol. J’ai posé mon livre en catastrophe pour leur courir après ; j’ai eu la serviette assez vite, mais le parasol semblait se dérober à chaque fois que je croyais l’avoir. Un grand type costaud l’a finalement bloqué et m’a aidée à le ramener et à l’ensabler à moitié pour qu’il ne bouge plus. On a commencé à discuter et je voyais qu’il me regardait avec un drôle d’air. Ce n’était pas parce que j’étais nue : tout le monde l’est sur cette plage, et lui aussi, d’ailleurs. Non, il regardait mon visage, mes épaules, tout en discutant. J’ai fini par lui demander pourquoi il me regardait ainsi, je trouvais ça un peu gênant. Il m’a expliqué que je ressemblais incroyablement à son épouse disparue l’année précédente dans un accident de voiture. Il m’a dit qu’il avait fait son portrait, qu’il habitait la première maison au bord de la plage et m’a demandé de venir me rendre compte par moi-même. Je savais que tu étais parti pour une heure, une heure et demie ; j’avais le temps de faire un tour chez lui pour voir ça. J’ai juste pris ma serviette puisqu’on restait sur la plage.


Sa maison est très simple, sauf qu’il a un atelier plein de tableaux, avec de grandes baies vitrées. Il a cherché deux minutes et a sorti un portrait de femme nue qui m’a scotchée : c’était moi ! En regardant bien, j’ai vu que les cheveux n’avaient pas tout à fait la même coiffure que les miens, le menton me semblait un peu plus fuyant et ses yeux étaient verts, mais c’était tellement ressemblant… Même les seins tout plats, elle avait les mêmes seins que moi. J’ai compris son émotion en me voyant sur la plage.


On s’est regardés quelques secondes ; je me suis rendu compte que je retenais ma respiration. J’ai soufflé l’air bloqué dans mes poumons ; il a souri et m’a demandé si je ressentais le même choc que lui. Je lui ai confirmé, j’étais bluffée.


Il m’a proposé un café. Pendant qu’il le préparait, il m’a demandé si j’accepterais qu’il fasse quelques photos de moi nue, de façon à pouvoir peindre encore l’image de son épouse. Je n’avais pas de raison de refuser : je n’avais que ma serviette sur mes épaules. Il a pris son appareil et a commencé à me guider pour que je prenne les poses qui l’intéressaient. Il a pris une trentaine de photos en me guidant pour prendre telle ou telle pose. Tout à coup il s’est assis sur le canapé et s’est effondré en pleurs. J’étais restée à genoux sur le fauteuil, dos à lui, une jambe tendue au sol comme il me l’avait demandé. Je me suis retournée et j’ai hésité : je ne voulais pas le faire souffrir en lui rappelant trop son épouse, et d’un autre côté je n’ai jamais supporté le désespoir des autres sans chercher à leur apporter du réconfort. Je me suis approché et je lui ai pris la main. Il a ouvert les bras et j’ai pris sa tête sur mon épaule ; il me mouillait toute de ses larmes. Il s’est serré contre moi et je me suis retrouvée sur ses genoux, face à lui, sa tête enfouie dans mon cou. Ses bras m’entouraient et ses mains se sont posées sur mes hanches et mes flans. Il a de très grandes mains. Je l’ai senti se calmer. Son souffle entre mon cou et mon épaule me donnait des frissons. Ses mains se sont déplacées sur mon dos, mes hanches ; mes fesses aussi, un peu. J’ai senti sa langue sur ma peau à la jonction de mon épaule, qui remontait vers ma gorge. J’ai voulu m’écarter mais il m’a retenue en me demandant encore un instant ; il m’a dit que j’avais le même goût et la même texture de peau qu’elle. Sa langue a glissé jusque sur mon sein… j’ai cru défaillir. Tu sais que si mes seins sont tout petits, ils sont très sensibles. Il les a tétés l’un après l’autre, en me donnant des frissons de plus en plus forts. Mon ventre se tendait et mon dos était en sueur. Nous étions toujours nus et j’ai senti entre mes jambes son sexe qui se redressait. Il venait s’appliquer juste au creux de ma chatte, glissant sur les grandes lèvres pour venir se frotter à mon clito.


Il m’a demandé de me laisser faire. Sa femme ne prenait aucune initiative ; il voulait retrouver son abandon dans mon corps. Je me suis affolée, je ne voulais pas faire l’amour avec lui mais je sentais son gland commencer à s’introduire dans ma grotte et j’ai découvert que j’étais trempée. Je tremblais sous l’action de sa langue sur mes seins, tout mon corps l’appelait en moi.


C’est un homme puissant ; il a une quarantaine d’années et il ressemble un peu à un ours. Je ne pesais pas grand-chose face à lui. Il s’est enfoncé en moi d’un coup comme dans du beurre, et moi j’ai joui instantanément. Il s’est levé en me gardant empalée sur son sexe ; j’ai croisé mes jambes autour de sa taille, et cette fois c’était moi qui m’accrochais à son cou. Il a marché jusqu’à sa chambre, s’est assis sur le lit et nous a fait rouler pour se retrouver sur moi en missionnaire.


Il m’a embrassée pour la première fois. Je me suis laissé faire. Il m’a fait jouir trois fois. Il s’est vidé en moi et a continué quand même à me prendre sans débander. Quand il m’a enfilée en levrette, j’ai eu l’impression d’être mise à la broche tellement il s’enfonçait profondément ! Il a été tendre et brutal en même temps. Quand il s’est calmé, je lui ai dit que je devais partir. Il m’a raccompagnée à la plage, m’a embrassée sur la joue et m’a remerciée en affirmant qu’il ne m’oublierait jamais.


Je suis revenue à notre place habituelle, un peu secouée, et je suis allée me baigner pour effacer toutes les traces de ce qui venait de se passer. Ce n’est rien, tu sais. Je regrette de m’être laissé aller, mais il en avait un besoin si impérieux que je n’ai pas su dire non. Tu m’en veux ?



Bien sûr que je lui ai dit que je n’accepterais jamais de vivre avec une fille capable de se faire baiser « pour la bonne cause ». Bien sûr que je lui ai dit qu’elle me dégoûtait et que je ne la toucherais plus jamais. En fait, elle n’avait jamais pensé à nous. Simplement, elle n’avait pas envie de faire l’amour avec lui, mais quand elle s’est rendu compte qu’en réalité son corps n’attendait que ça, rien ne l’a plus gênée, et surtout pas une pensée pour moi. Quelle valeur pourrait avoir un couple bâti sur des bases pareilles ?


Elle m’a fait tout un cinéma. Elle m’a juré son amour, supplié de lui donner une chance, rappelé qu’elle avait été près de moi dans mes jours sombres. Je lui ai proposé de la ramener chez son peintre puisqu’il l’aimait si fort. Emma n’en voulait pas, elle ne voulait que moi ; le reste, ce qui s’était passé ne comptait pas.


Moi, j’étais celui qui est trompé, sûr de son bon droit, raide comme la justice avec la soif d’absolu qu’on peut avoir à vingt ans. J’étais empli de certitudes, incapable de prendre du recul, d’une cruauté froide que j’imaginais juste. Je l’ai ramenée chez elle le lendemain et je lui ai dit adieu.


Trois jours plus tard, on a retrouvé son corps dans le traict du Croisic où elle était retournée se noyer dans la nuit.


Le peintre amateur faisait partie des gens qui l’ont sortie de l’eau. Le lendemain, la femme qui faisait des heures de ménage chez lui l’a découvert pendu devant les tableaux de nus représentant sa femme, peinte d’après les photos d’Emma.


Je suis moins doué qu’eux : après ma troisième tentative de suicide, j’ai été placé dans un établissement psychiatrique. J’y prépare ma quatrième. J’espère ne pas être déçu cette fois.