n° 18138 | Fiche technique | 69910 caractères | 69910 11899 Temps de lecture estimé : 48 mn |
27/10/17 |
Résumé: L'Antiquité fournit d'innombrables occasions de mêler sexe et Histoire ; la preuve. | ||||
Critères: #historique #aventure #fantastique fh fffh fmast entreseins fellation pénétratio sandwich fsodo gangbang zoo attache | ||||
Auteur : André 59 (aucune prétention à être sérieux, juste de la fantaisie.) |
Collection : Petites histoires de l'Histoire |
Entouré de sa garde personnelle, le suffète Hannon, amiral de la flotte carthaginoise, franchit avec assurance les portes du sénat de l’orgueilleuse cité punique. Il revient d’un périple de deux ans pendant lequel il a longé les côtes de l’Afrique à la tête d’une armada de 500 navires et de 30 000 hommes. En tant que marin et soldat, il a le plus profond mépris pour cette assemblée de marchands avides. Leurs ancêtres phéniciens avaient une détestable réputation de pirates ; ils en sont les dignes descendants. Maintenant qu’il est de retour, ils veulent savoir s’il s’est bien acquitté de sa mission, à savoir implanter des comptoirs qui porteront la gloire et la puissance de Carthage à son zénith. À lui de les impressionner, sans oublier de les flatter : leur fortune sera sa fortune.
Alors que l’assemblée acclamait l’amiral, un vieux sénateur, Magon, fin lettré et illustre géographe, hocha la tête. Les sourcils froncés et l’air soucieux, il examinait avec attention les peaux au cuir tanné auquel adhéraient ici et là des touffes de poils noirs ou gris. Au milieu du brouhaha, personne ne prêta attention à ses paroles :
* * *
Bras croisés derrière son bureau, mi-amusé, mi-perplexe, l’homme fixait d’un œil intéressé la jeune femme qui lui faisait face. L’air renfrogné qu’elle arborait avait du mal à masquer sa beauté, et le haut de sa robe légère était ouvert sur un léger décolleté qui laissait entrevoir de véritables trésors ; malheureusement, le moment ne prêtait guère au marivaudage. Il y avait de l’électricité dans l’air, et la moiteur de la fin du jour n’aidait pas à alléger l’atmosphère.
Il regarda les deux yeux vert émeraude qui se plantaient sur lui. Elle avait du cran et de l’énergie, pas de doute, mais elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle demandait. Elle le fixa avec une certaine arrogance et se pencha vers lui. Elle parlait fort bien le français, mâtiné cependant d’un délicieux accent yankee de la côte Est ; c’était l’héritage d’une mère canadienne et d’un père américain, et cela s’avérait pour elle fort utile dans cette partie plutôt francophone du continent.
Il faillit lui flanquer une bonne paire de baffes. Une montée spectaculaire d’adrénaline était en train de se produire en lui, et elle réveillait de fort mauvais souvenirs. Les mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil, il eut une furieuse envie de la basculer sur le bureau et de la culbuter, là, au milieu de ses dossiers. Mais il avait été soldat et il savait que l’emportement donnait rarement la bonne marche à suivre. Il inspira profondément, ferma les yeux et les rouvrit après une longue expiration. Elle était toujours là, furibonde, les yeux brillants, et ses seins semblaient prêts à lui sauter au visage tant elle avait le cœur battant. Oui, vraiment, un joli petit bout de femme.
Il éclata d’un rire tonitruant, inextinguible, ses larges mains posées sur l’estomac. Il en avait les larmes aux yeux, sa grande carcasse secouée et ballotée par cette crise de bonne humeur inattendue. Elle restait impassible, pâle et crispée. Elle le fusilla du regard.
La question qu’elle avait posée ne l’étonna guère ; il essaya de reprendre son sérieux.
Et il se reprit à rire avant de la regarder d’un air grave.
Elle déplia ses longues jambes et partit en claquant la porte. Il n’avait pas eu à se lever et il en remercia le ciel : il arborait une érection magnifique qui déformait d’une façon gênante son pantalon. Cela aurait fait mauvaise impression.
* * *
De retour à son hôtel, mademoiselle Reeze, Kate de son prénom, se laissa aller à un accès de découragement. Tout ça pour ça ! Sa thèse de paléoanthropologie serait bientôt achevée, mais il fallait aller vite : sa bourse universitaire risquait de ne pas être renouvelée, et les mécènes qui étaient prêts à financer son projet escomptaient d’abord avoir des preuves tangibles de ce qu’elle avançait.
Elle regarda son reflet dans le miroir. Elle n’avait jamais aimé son physique. Un comble ! Cheveux châtain et yeux verts, 1 m 70 – pas si grande que ça, mais toute en jambes –, mince avec un ventre plat et musclé, et surtout, contrastant avec sa silhouette longiligne, une poitrine de vedette hollywoodienne des années 50 qui constituait un défi à la gravité et captait le regard de tous les mâles à des kilomètres à la ronde.
Certes, son parcours scolaire et universitaire avait été brillant, mais elle savait que derrière son dos on disait que ses succès étaient liés autant à ses courbes qu’à son cerveau. Comme elle était célibataire, certains de ses collègues lui prêtaient une vie sexuelle débridée alors qu’en dehors de ses recherches elle quittait rarement son petit appartement encombré de livres et de dossiers. Un garçon pourtant l’avait aimée passionnément, mais il avait fini par se lasser de l’attendre pendant qu’elle partait sans prévenir pour une campagne de fouilles ici ou là. Un matin, revenant de l’aéroport, elle avait trouvé un logement vide et une simple lettre. Il l’avait quittée. Même pas pour une autre, mais simplement parce qu’il en avait marre. D’elle. De l’Histoire. De tout. Elle avait pleuré, beaucoup, et eu depuis deux ou trois aventures aussi brèves que décevantes. L’amour, elle le faisait en solitaire, en repensant à son amant perdu.
Elle enleva lentement ses vêtements, faisant glisser ses mains le long de ses seins. Elle les soupesa face à la glace d’un air dubitatif ; un cadeau de sa mère dont elle se serait bien passé. Si certaines de ses contemporaines étaient prêtes à dépenser des fortunes en chirurgie esthétique pour obtenir un tel résultat, pour elle c’était un fardeau plus qu’un don du Ciel. Dire qu’elle avait même pensé à une réduction mammaire… Ils étaient lourds mais bien plantés, avec de larges aréoles rosées. Elle en caressa les pointes en soupirant. Qu’est-ce qui là-dedans rendait les hommes fous ? Elle porta ensuite les mains à son sexe, à peine caché par une discrète toison et insinua un doigt dans la fente.
En réalité, elle n’était pas mal. Bien faite avec une tête bien pleine. Son corps était sa croix, mais ce soir elle allait en faire une arme. C’était à elle de savoir s’en servir au mieux de ses intérêts, et cette fois-ci tant pis pour la morale ! Personne ne la connaissait ici : elle pouvait y aller au culot.
Elle fit couler une douche et se glissa en soupirant d’aise dans la cabine, laissant le jet d’eau tiède rafraîchir son corps gluant de transpiration. Accroupie, elle commença à se caresser, se mordant les lèvres pour ne pas gémir trop fort. Ses longs doigts jouaient avec son clitoris et s’insinuaient entre les lèvres humides de son sexe. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas eu un homme dans son lit… Elle se masturba furieusement en se voyant prise par son amant, plaquée contre la paroi vitrée, les seins écrasés contre le verre trempé. Son orgasme ne tarda pas à venir mais elle restait frustrée et insatisfaite.
Sortie, elle se sécha, lissa ses cheveux et se regarda longuement dans la glace, jambes écartées, reins cambrés, seins tendus. Si elle le voulait, elle pouvait faire craquer n’importe quel homme. « Tous les moyens sont à ma disposition, alors allons-y ! » pensa-t-elle.
Pour le rendez-vous, elle choisit de s’habiller sans ostentation. De toute manière, elle n’avait pas emporté de robe du soir. Elle enfila une petite jupe serrée qui mettait en valeur ses jambes et ses fesses rondes. Un chemisier en soie légèrement ouvert sur un soutien-gorge blanc à balconnet soulignait la rondeur de ses seins entre lesquels pendait une fine chaînette en or : dans une discussion, il n’était pas inutile d’étaler des signes extérieurs de richesse, appel discret à de possibles arrangements. Pour dégager sa nuque au port de danseuse, elle noua ses cheveux en une longue queue-de-cheval. Perchée sur ses talons aiguilles, parfumée, discrètement maquillée, elle était une machine de guerre prête à lancer son offensive de charme. Elle avait conscience de ressembler plus à une secrétaire de direction qu’à une call-girl, mais c’était déjà pas mal ; en tous cas mieux que son vieux short et ses chaussures de randonnée.
Vers 19 heures on frappa à sa porte. Elle ouvrit et ne fut pas déçue. Elle s’attendait à un vieux rond-de-cuir mielleux et libidineux : elle se retrouva face à un homme à l’air grave, voire austère, dans la force de l’âge, costume de bonne coupe et mallette en cuir à la main ; appelons-le Simon. Il la salua avec courtoisie et ils s’installèrent dans les fauteuils de la suite qu’elle avait louée. Une folie sur le plan de ses finances, mais elle escomptait en tirer un prestige utile à la négociation. Elle se tenait face à lui, raide comme la justice, mains croisées sagement posées sur ses genoux serrés. Ce fut lui qui lança le sujet :
Elle alluma alors l’écran de son ordinateur portable et montra des scans de lettres et de rapports rédigés par des missionnaires, des géographes, des gendarmes de la force publique à l’époque de la colonisation. Avec passion, elle raconta également nombre de mythes et légendes : centaures et loups-garous, goules, vampires, hommes-léopards, et surtout il y avait ces « hommes sauvages » qui la fascinaient, ce chaînon manquant à la jonction entre l’humanité et la Nature à l’état brut. Partout on trouvait des récits fantastiques d’êtres étranges. Elle voulait percer le mystère de ces légendes, trouver leurs sources. Ici, il y avait peut-être encore quelque chose à découvrir.
Il l’avait écoutée poliment sans l’interrompre, et il l’observa longuement une fois son plaidoyer achevé. Kate sentit son regard couler sur elle. Gênée, bien plus qu’elle ne l’aurait cru, elle ne savait quelle contenance adopter. Pas évident pour une doctorante, aussi belle soit-elle, de se transformer en pin-up : on ne s’improvise pas femme fatale.
Quand il se leva sans un mot et prit la direction de la porte, elle se dit que tout était fichu. Elle tenta le tout pour le tout :
Et dans le même temps, elle commença à déboutonner son chemisier. Des deux mains, elle le fit tomber sur le tapis d’un mouvement souple, mais son maquillage ne put cacher qu’elle rougissait de confusion. En soupirant, il referma la porte et revint vers elle.
Il s’agenouilla, ramassa son chemisier et le lui posa sur les épaules. Elle nota cependant que sa main était restée plus longtemps qu’il ne l’aurait fallu sur sa peau nue, et elle en avait frissonné malgré elle.
Le matin, on lui avait ri au nez, et le soir, on la repoussait. Décidément, les hommes de ce pays s’étaient ligués pour l’humilier. Ce n’était plus le rouge de la honte qui lui montait désormais au front mais celui de la colère. Il s’en aperçut et lui sourit. Il passa une main dans ses cheveux.
Crânement, elle porta les mains derrière son dos et dégrafa son soutien-gorge, faisant jaillir sa poitrine exubérante, puis elle fit glisser sa jupe qu’elle écarta du bout des pieds. Désormais uniquement vêtue de son string et de ses escarpins – ce qui faisait encore mieux ressortir sa beauté que si elle avait été nue – elle s’agenouilla près de lui et entreprit d’ouvrir son pantalon. Ses doigts firent jaillir une verge d’une belle taille. Il avait beau dire qu’il n’aimait que les hommes, l’érection qu’elle avait devant les yeux montrait qu’il n’était pas insensible à son charme. Elle avait une vue imprenable sur son membre : belle longueur, et le diamètre était à l’avenant. Mère Nature avait su se montrer généreuse avec son propriétaire. Elle le caressa et eut la surprise de voir qu’il grossissait encore.
Et ce faisant, posant la main sur sa tête, il lui fit comprendre ce qu’il attendait.
La fellation n’était guère son exercice favori ; elle aimait plus être caressée que caresser, mais elle ne pouvait plus faire machine arrière. Creusant les joues et fermant les yeux, elle avala peu à peu cette queue colossale. Hypnotisé, Simon avait l’impression de voir un python avaler sa proie. Kate interrompit son lent mouvement de succion et recula en toussant, laissant ressortir la longue verge luisante de salive, mais ce fut pour mieux replonger sur elle après avoir repris son souffle. Elle avait l’impression que cette queue continuait de grossir, l’empêchant de parler, de respirer, mais en même temps elle tenait à pleine main les bourses gonflées de son invité et entreprit de les caresser délicatement avant de commencer un mouvement de va-et-vient énergique le long de la verge, l’enfonçant le plus loin possible dans sa gorge.
Elle était en train d’administrer la plus belle pipe de sa vie à un parfait inconnu ; jamais elle ne s’en serait crue capable, et pourtant elle le faisait. Elle joua même avec sa langue, léchant longuement les couilles glabres et le bout du sexe luisant. Sucer… elle avait toujours trouvé cette expression vulgaire, mais ce soir-là elle se sentait capable de toutes les audaces. Elle suçait, et elle le faisait divinement à entendre les souffles rauques de l’heureux élu. Puis elle plaça la verge tendue entre les deux globes majestueux et entreprit de la faire coulisser de plus en plus vite. Narines frémissantes, dents serrés, Simon fut incapable de contenir plus longtemps sa jouissance. Kate s’y attendait, mais la giclée de sperme qui l’inonda fut d’une incroyable puissance. « Un geyser ! » fut l’image qui lui vint à l’esprit. Il n’empêche, il avait résisté moins longtemps qu’elle ne s’y attendait. Les yeux brillants, essuyant du bout des doigts quelques gouttes perlant sur sa gorge, elle le toisa avec un sourire moqueur.
Elle n’eut pas l’occasion de finir sa phrase. D’un simple geste, il la releva et la jeta sur le lit. Il la retourna aussitôt sur le ventre en faisant glisser son string le long de ses cuisses. Effarée, elle se rendit compte qu’il bandait à nouveau. En quelques instants, il s’était débarrassé de ses propres vêtements. Sa respiration montrait son excitation. N’aimait-il vraiment que les hommes ? Elle commençait sérieusement à en douter. Tout en caressant sa chute de reins, il commença à faire glisser un doigt le long de ses fesses et l’inséra dans sa fente. Il se pencha vers son oreille et chuchota :
Elle le devinait. Serrant les draps dans ses mains, mordant l’oreiller pour ne pas crier, elle tentait de détendre son corps dans l’attente de la pénétration de ce chibre impressionnant. Mais l’attaque ne vint pas du côté où elle l’attendait.
D’une poussée lente mais continue, il venait de forcer ses reins en plantant son sexe sur toute sa longueur. Lorsqu’elle sentit le gland brûlant distendre l’anneau serré, forcer le passage et entrer brusquement, jouant librement dans ses entrailles, elle se vit prise au piège ; être sodomisée n’avait jamais fait partie de ses plans. Kate gémit pendant qu’il allait et venait entre ses fesses.
Avec une petite pointe de surprise et même de déception, couché sur elle, il s’était frayé un passage sans grande difficulté. Visiblement, même si elle avait crié, son ou ses anciens amants l’avaient déjà initiée ; dommage, il aurait bien aimé la déflorer de ce côté. Avec ses jambes musclées, il lui avait écarté les cuisses au maximum et bloqué les pieds, accentuant encore la pénétration. En même temps il l’enlaçait, prenant ses seins en coupe à pleines mains. À moitié évanouie, elle se dit qu’il allait la couper en deux s’il continuait. Mais ses reins commençaient déjà à s’accoutumer aux coups de boutoir de son amant d’un soir. Elle projetait en arrière et en rythme son beau cul en même temps qu’il poussait son pieu, le mettant loin en elle.
Entre deux soupirs, mélangeant swahili et français, il lui dit qu’elle était belle à mourir, et l’émotion qu’il exprimait n’était pas feinte : fasciné, il regardait jouer les muscles de ses épaules et les petites gouttes de transpiration qui ruisselaient dans le creux de sa nuque. Haletante, elle se mit à onduler sous lui et sa main fila vers son petit bouton qu’elle commença à triturer. Les gémissements se mirent à faire place à des ondes de plaisir, et soudain ce fut une nouvelle explosion. Ils crièrent tous deux dans un orgasme ravageur et plongèrent rapidement dans un sommeil profond.
* * *
Ils se réveillèrent quelques heures plus tard, leurs corps collés par la transpiration.
Pour Kate, l’expérience avait été singulière. Ses copines de fac lui reprochaient de ne jamais succomber le premier soir, et voilà qu’elle s’était conduite comme une femelle en chaleur : une honte pour des générations de féministes ! Pour lui aussi le choc était là. Le cœur battant, la tête en feu, il se rendait compte qu’il n’avait aucune envie de quitter un lit si hospitalier et un corps aussi accueillant. C’était indéniablement un bon coup. Peut-être même le coup de foudre. Mais vu la facilité avec laquelle on pouvait perdre la vie dans cette contrée, c’était un bien grand mot dont il fallait se méfier. En tout cas, il voulait la revoir. Et vivante.
Il se tourna vers elle. Elle somnolait, couchée sur le ventre. Son regard parcourut la silhouette élancée de son corps, s’attardant sur l’adorable chute de reins cachée à moitié par le drap blanc. Aussitôt il pensa à un suaire. L’espace d’une seconde, il la vit allongée, nue, froide, immobile dans l’obscurité glacée de la mort. Il l’enlaça, ému par sa détermination et sa folie.
Il lui sourit. Mais tristement. Une ombre voilà son regard.
Il soupira.
Il ne put aller plus loin. Glissant le long de son ventre, la bouche de Kate venait de l’engloutir à nouveau. Sa chevelure soyeuse montait et descendait au rythme lent et régulier de sa fellation, caressant son ventre et ses cuisses tandis que ses lèvres l’enfermaient dans un fourreau chaud et humide dont il n’avait aucune envie de sortir. Bon sang, c’est cette fille qui était un monstre, un démon femelle qui allait lui pomper les couilles et le vider de ses fluides corporels comme ces araignées qui dévorent leur mâle après l’amour. Il laissa rapidement son esprit divaguer, perdu dans un océan de félicité.
Lorsqu’elle vint s’empaler sur lui pour le chevaucher, guidant d’une main son sexe raidi entre ses cuisses humides, il se laissa faire, bras et jambes écartés alors qu’elle ondulait d’avant en arrière, balançant ses seins magnifiques et ses hanches au rythme d’une musique qu’elle était seule à entendre. La tête rejetée en arrière, yeux fermés et le sourire aux lèvres, mains posées sur sa poitrine, elle ne le regardait pas. Saisi par le goût âcre de la jalousie, il se demanda si elle ne s’imaginait pas avec un autre. Il lui prit la taille et lui imprima son propre rythme, la faisant coulisser de plus en plus fort le long de son membre. Quand il lui annonça qu’il allait jouir, elle se retira, le reprit dans sa bouche et l’aspira littéralement jusqu’à la dernière goutte. Quelle maîtresse ! Et bon Dieu, qu’il était excitant et flatteur de voir une fille si farouche, si diplômée, si belle – oui, belle – se donner à lui. C’était autre chose que ces call-girls russes ou nigérianes qui traînaient leur ennui et leur misère dans les quartiers diplomatiques de la capitale !
* * *
Leurs négociations reprirent et durèrent plusieurs jours… et plusieurs nuits. Elle se laissa prendre dans toutes les positions possible, offrit à sa langue, ses doigts, son sexe tous ses orifices. Il accéda à tous ses caprices, toutes ses envies. Il l’avait dans la peau ; elle l’avait marabouté, lui avait jeté un sort. Tous les deux s’étaient pris à leur propre jeu. Maintenant, il en était sûr, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider et la ramener saine et sauve ; cette diablesse blanche en valait la peine.
Il alla donc trouver le guide. Le palabre fut long et laborieux. Les deux hommes finirent par trouver un terrain d’entente. Il fallut graisser quelques pattes au passage pour obtenir autorisations et sauf-conduit. Encore une semaine de préparation et la petite expédition atteignait la zone des collines. Les 4x4 ne pouvaient aller plus loin. Ils s’arrêtèrent à l’orée d’un sentier. Simon et le guide descendirent, jetant un regard inquiet autour d’eux. Quelques gardes forestiers les accompagnaient ; tous étaient armés jusqu’aux dents, nerveux, tendus. Au-delà de la clairière, on s’enfonçait dans un monde inconnu. Kate enfila son sac à dos et leur fit signe de partir. À part un couteau de chasse au côté, elle n’avait rien pour se défendre.
Saisissant un sac à l’arrière de sa Jeep, il en sortit un fusil d’assaut. Simon ne fut pas en reste.
Il sortit de sa mallette un pistolet, un Glock17 avec plusieurs chargeurs.
Pour le prouver, elle engagea un chargeur, fit jouer la culasse du Glock, l’arma et tira. De même, elle n’eut aucun mal à régler le sélecteur de tir du fusil d’assaut. Bien campée sur ses jambes semi fléchies, elle appuya sur la détente, lançant de courtes rafales de trois coups à 25 mètres qui firent jaillir en tous sens des gerbes d’éclats de feuilles et de branches. Elle se retourna, canon haut après avoir enlevé le chargeur et éjecté la dernière cartouche du canon. Légèrement déhanchée, elle prit volontairement une pose provocante, un petit sourire en coin.
Le guide arbora un air désolé.
Simon renchérit et se retourna en désignant les hommes derrière lui, une impressionnante collection de mines toutes plus patibulaires les unes que les autres.
Elle ne prit même pas la peine de répondre. Elle déposa un baiser léger sur ses lèvres et s’élança d’un pas décidé vers le sentier serpentant dans les fourrés en faisant un petit signe de la main. Fusil en bandoulière, Glock au côté, elle avait un indéniable petit air de Lara Croft, mais là on n’était pas dans un jeu vidéo. Personne ne souriait ; il ne s’agissait pas d’une soirée costumée, mais plutôt d’une mission-suicide. Alors qu’elle disparaissait dans l’ombre de la sylve, un garde cracha par terre
Le guide se plaça aux côtés de Simon et l’observa. Tous les deux, bras croisés, regardaient la fine silhouette s’éloigner. Il se tourna vers lui.
Pendant ce temps-là, Kate progressait rapidement, suivant une ancienne piste coloniale qui était, de façon surprenante, en bon état. Large de plusieurs mètres, elle permettait à deux véhicules de se croiser. Avant d’être massacrés, les trafiquants avaient fait du bon travail. Malhonnêtes mais soucieux de leur logistique, ils lui avaient littéralement tracé la route et n’y étaient pas allés de main morte ; ils avaient dû utiliser un produit défoliant pour que rien ne repousse.
Sa première nuit se passa sans problème. Elle avait allumé un feu pour éloigner les bêtes sauvages et placé des pièges autour de son bivouac. Le Glock 17 reposait sous son sac transformé en oreiller improvisé. Pour faire bonne mesure, le guide y avait même glissé quelques grenades. Elle ne savait pas les utiliser mais cela pourrait intimider d’éventuels assaillants. Ce pays était décidément un arsenal à ciel ouvert : il n’y avait qu’à se pencher pour se servir !
Elle dormit d’un sommeil de plomb, sans rêves, et se réveilla en pleine forme, étonnée du bon début de son périple. Pas de créature fantastique dans les environs, même la faune habituelle des collines semblait absente de cet endroit. Désormais son GPS ne lui était d’aucune utilité : la canopée bloquait ondes radio et émissions satellite. Rien ne passait ; elle ne pouvait plus compter que sur sa boussole et sur les cartes qu’elle avait dressées à partir des croquis faits par les missionnaires 80 ans plus tôt. Autant dire que repérer des ruines dans cette végétation luxuriante revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin ; mais la chance sourit aux audacieux.
Alors, aux premiers rayons du soleil, elle se remit en chasse. Elle disposait de deux jours pour trouver le site. Ensuite, il lui faudrait rebrousser chemin si elle ne voulait pas manquer de vivres. Elle savait tirer mais ne connaissait rien à la chasse. La nuit vint alors que son excitation ne cessait de monter. Le sol était littéralement jonché d’artefacts souillés de terre ; un véritable tapis de tessons, certains à moitié cachés dans des racines, d’autres visibles à l’œil nu effleurant le sol. C’était bien la preuve d’une présence humaine à cet endroit. Il s’agissait visiblement de débris de poteries faites au tour, avec un décor assez sommaire. Des objets du quotidien ; rien de bien luxueux, mais cela ne correspondait pas aux objets rustiques utilisés par les tribus de chasseurs de la région. Cette cité existait ; il lui restait 24 heures pour la trouver.
D’après sa boussole, elle était bien sur le site signalé par le missionnaire. Elle scruta, tourna en tous sens du matin au soir, explora le moindre recoin de ce kilomètre carré qui l’obsédait depuis des années jusqu’à ce qu’elle aperçoive derrière un enchevêtrement de lianes ce qui semblait être des fondations. C’était bien cela : en pleine jungle équatoriale, elle se trouvait face à un reste de bâtiment en pierre taillée ; ce qu’elle avait pris pour une colline était un monticule de pierres et de briques complètement recouvert de végétation. Une pyramide à degrés comme on en trouve au Proche-Orient. Elle comprit ce qu’avaient pu ressentir les chercheurs qui avaient découvert les cités perdues du Yucatan. Il était de petite taille, certes, mais c’était bien un monument. Fantastique ! Elle saisit son appareil photo, mitrailla sous tous les angles et courut noter la position sur son journal.
Ce fut à ce moment-là qu’elle aperçut une étrange sculpture : un animal inconnu à la mâchoire ouverte qui semblait l’inviter à mettre la main dans sa gueule. Elle posa un doigt sur les crocs de cette drôle de créature. Au même moment elle perçut nettement un craquement de brindilles et des bruissements de feuillage. Morte de peur et pourtant tiraillée par la curiosité, elle fit un pas en arrière, saisit son sac qu’elle arrima solidement dans son dos et arma son fusil d’assaut après y avoir engagé un chargeur plein. Le claquement sec du levier d’armement qu’elle ramena en arrière ne la rassura qu’à moitié, d’autant plus que derrière les arbres, elle percevait des silhouettes qui avançaient vers elle. Elles semblaient cependant hésiter à franchir la barrière que la végétation constituait.
Kate, tous sens en alerte, ne les quittait pas des yeux. Elle s’était promis de garder son calme, mais ses nerfs la trahirent. Après avoir joué à la call-girl, elle s’était improvisée commando. Le jeu de rôle dans lequel elle s’était engagée devenait beaucoup trop dangereux. Elle lâcha une courte rafale ; un hurlement de douleur retentit, suivi de cris de rage terrifiants. La jeune femme prit ses jambes à son cou, tirant au jugé derrière elle ; elle lança même une grenade… non dégoupillée. L’explosion qui suivit montra que ses poursuivants avaient eu la malencontreuse idée de la manipuler sans précautions. Nouveaux cris de douleur et de rage.
Elle engagea un autre chargeur, mitraillant au hasard jusqu’à ce que la culasse claque à vide. Elle jeta son arme, dégaina le couteau qu’elle portait au côté puis courut à perdre haleine. Elle n’avait plus qu’une idée : sauver sa peau, et elle se maudissait pour son orgueil qui lui avait fait négliger des conseils avisés. Elle n’alla pas très loin : au détour d’un sentier, deux yeux rouges trouèrent l’obscurité et elle eut juste le temps de percevoir une immense silhouette qui se ruait sur elle. En hurlant, elle pointa sa lame dans sa direction puis tout bascula dans le noir.
* * *
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle crut défaillir. Elle était complètement nue, pieds et poings liés ; ses vêtements déchirés étaient éparpillés autour d’elle. Quant à son arsenal, il était désormais inutile, réduit en morceaux. Le cadavre d’un gorille gisait à ses côtés ; on voyait encore le manche du coutelas planté jusqu’à la garde dans sa poitrine. Elle eut un frisson en réalisant que les créatures qui l’entouraient avaient une allure à demi humaine. Pourtant, elles utilisaient un langage, vu le dialogue animé que deux d’entre elles entretenaient. Et elles étaient armées, portant sagaies et boucliers. Comment diable le perçut-elle ? Kate ne le sut jamais mais elle comprit que c’était elle qui était l’objet de la discussion. Son cerveau fonctionna à toute vitesse. Si ces êtres l’avaient épargnée, c’était qu’ils avaient besoin d’elle. Des mâles, une femelle : elle comprenait très bien ce qui allait arriver. Folle de rage, elle décida de ne pas se laisser faire. Criant, gesticulant, se débattant, elle attira leur attention.
Une des deux créatures se dirigea vers elle avec une célérité et une agilité étonnantes, presque une grâce de danseuse. Ce qu’elle avait pris pour un être hybride mi-humain mi-bête était en réalité un jeune homme ; son apparence venait de la peau dont il était recouvert. Ce guerrier portait une espèce de pagne qu’il laissa tomber. Son intention semblait évidente, vu l’état de priapisme fort avancé qu’il arborait. Se plaçant au-dessus de la jeune femme, il commença à la palper et à la caresser avec une douceur inattendue. Les seins retenaient particulièrement son attention. Ses doigts agiles jouèrent avec les mamelons puis descendirent lentement, longeant le contour des hanches, caressant le mont de Vénus et finalement s’insinuèrent entre les cuisses où ils commencèrent une véritable sarabande, à tel point que Kate dut se mordre la lèvre pour ne pas gémir de plaisir. À sa grande confusion elle commençait à mouiller, et son sexe donnait l’impression de s’ouvrir comme une fleur. La jeune archéologue se dit qu’encore une fois, elle aurait mieux fait de réfléchir avant de parler.
Lorsqu’il posa la main sur elle, Kate ferma les yeux en priant pour que cela aille vite. Mais rien ne se passa comme elle le pensait. Prosterné à ses pieds, l’homme détacha d’abord les entraves liant ses poignets puis, passant derrière elle, libéra ses chevilles et la releva. Face à elle, il se tenait, sans bouger, la fixant avec des yeux implorants, arborant une érection toujours aussi triomphante. Kate, complètement décontenancée, ne trouva qu’une chose à faire : tendre une main vers ce membre dressé et le caresser. Le garçon émit alors une sorte de mélopée entêtante, les yeux clos tandis que certains de ses congénères entamaient une masturbation frénétique, poussant une sorte de cri de guerre scandé à cadence régulière. L’espace d’un éclair, elle cru entendre « Ishtar, Ishtar, Ishtar ! ». Le nom de la déesse de l’amour et du sexe en Mésopotamie, ici ? Difficile de pousser la réflexion plus loin. Le vacarme fut complété par le reste de la petite troupe qui se joignit à la scène par le battement rythmé de ses sagaies contre les boucliers. « Faites l’amour, pas la guerre. » ; là, on était plutôt dans le trip inverse « Faites l’amour et la guerre. »
Se rapprochant encore de son admirateur, l’archéologue décida de s’accroupir face à lui. Était-il possible qu’il fût puceau ? Cela aurait expliqué son air à la fois effarouché et bravache. Elle savait ce qu’il fallait faire ; autant prendre les devants, d’autant que cette situation étrange, presque incongrue, commençait à l’exciter. Elle devait reconnaître en son for intérieur que le trouble qu’elle suscitait ne la laissait pas insensible. Écartant les lèvres et penchant son beau visage, elle avala aux deux tiers la queue dressée alors que ses mains enserraient le postérieur musclé du mâle en rut. Au bout de quelques va-et-vient dans sa bouche, il se mit à geindre et ne tarda pas à émettre un jet de semence épaisse qui éclaboussa le visage de la jeune femme et dégoulina sur sa lourde poitrine. Un autre garçon fut alors projeté vers elle d’une bourrade par un de ses compagnons ; elle le prit aussitôt entre ses lèvres. Celui-ci tint plus longtemps, jusqu’à ce qu’il se vide au fond de sa gorge, les mains agrippées à ses seins.
Les autres protagonistes, toujours vêtus de leurs peaux de bêtes, se pressèrent alors autour d’elle. Kate se savait où donner de la tête et des mains, engloutissant, suçant, léchant, branlant à tour de rôle des queues de toutes dimensions, épaisses ou effilées, fines ou longues. Ayant l’impression de perdre la raison, elle se demandait si elle ne vivait pas un mauvais rêve, actrice transposée par un drôle de hasard dans une version hard de « Un million d’années avant J.C. ». Tous jouirent bruyamment à tour de rôle, dans sa bouche, sur ses seins, ses épaules, maculant ses cheveux et son dos, puis tout se termina aussi vite que cela avait commencé.
Debout, nue, couverte de sperme de la tête aux pieds, elle se vit entourée d’un cercle de mâles prosternés, face contre terre, déposant leurs armes à ses pieds. Elle s’était vue prisonnière, et voilà qu’elle était traitée comme une grande prêtresse du sexe, une reine de la fellation, une déesse du grand rut universel. Peu soucieuse de cet honneur, elle aurait donné tout l’or du monde pour un peu de savon et de shampoing. Elle dut se contenter d’une bonne douche improvisée sous une cascade, ses gardiens l’observant avec intérêt depuis les berges.
Ils se remirent en marche. Elle était libre de ses mouvements mais son corps nu était une proie tentante pour les insectes de la forêt ; elle commençait à être couverte de piqûres. Pour la protéger, un de ses gardiens posa sur ses épaules une fourrure de bête fraîchement écorchée, visiblement un félin. Un autre enduisit sa peau d’un mélange de boue et d’argile. Ils lui confectionnèrent des sandales improvisées en peau, de même que deux pièces de cuir retenues à la taille par une cordelette de liane tressée pour masquer et protéger son intimité. Pas vraiment sexy, mais efficace. Elle prenait de plus en plus l’allure d’une héroïne sortie droit de l’âge de pierre. En se lançant dans ce projet, elle avait rêvé de faire un bond dans le temps ; on pouvait dire qu’elle était servie !
La marche lui semblait interminable. Ils s’enfonçaient de plus en plus loin dans le territoire, gravissant des hauteurs plongées dans une brume perpétuelle. On lui assurait chaque nuit un coin sûr pour dormir et elle avait largement de quoi se sustenter. Ces curieux guerriers lui apportaient tous les matins et tous les soirs le fruit de leur chasse et de leur cueillette. Ils ne touchaient à la nourriture qu’après l’avoir vue rassasiée. Ils pourvoyaient à tous ses besoins et la traitaient avec la plus grande déférence. En retour, à chaque halte, Kate se faisait un devoir de satisfaire la soif de sexe de la petite troupe. On aurait pu dire de « sa » petite troupe tant ils semblaient la servir plutôt que la garder.
Aucun d’entre eux n’avait encore osé la pénétrer. Après leur avoir fait goûter la douceur de ses lèvres, elle décida de leur prodiguer la chaleur de ses cuisses. Un soir, elle fit signe à l’un d’entre eux d’approcher. Après l’avoir longuement caressé, elle l’amena à s’étendre et le chevaucha jusqu’à ce qu’il fasse gicler sa semence, puis elle se releva et les défia du regard un à un. D’un air naturel, elle alla d’elle-même s’offrir à quatre pattes, croupe offerte et reins creusés, sa tête et ses épaules posées sur l’herbe grasse. Râlant de plaisir, elle fut ainsi enfilée en même temps par deux mâles vigoureux qui lui firent connaître la première double pénétration de sa vie et l’orgasme le plus extraordinaire qu’elle ait jamais ressenti. Ils devinrent ses gardes du corps, ne la quittant jamais des yeux. La protégeaient-ils ou la surveillaient-ils ? Les deux sans doute, mais leur dévouement était total et ils risquèrent plus d’une fois leur vie pour assurer sa sécurité dans des passages dangereux.
Dans cette brume perpétuelle, elle perdait la notion du temps. Depuis combien de jours erraient-ils ainsi ? Impossible à dire. Ils sortirent enfin du brouillard qui enveloppait les hauteurs, et à la sortie d’un défilé le groupe déboucha soudain sur une petite vallée environnée de hautes falaises. Kate touchait au but. Cette cité tant recherchée était enfin là, devant ses yeux. Elle était en ruines mais on devinait des pans entiers de murailles effondrées ici et là, un portique à colonnes, une sorte de forum, un temple.
Avant d’entrer dans la cité, ses étranges compagnons de route la débarrassèrent de sa peau de bête et grattèrent la couche d’argile qui recouvrait sa peau. Kate vit alors des femmes les rejoindre. Vêtues de robes multicolore, leur aspect fin et gracile s’opposait à celui, bien plus rustique, des hommes qu’elle venait de côtoyer. Elle fut amenée dans une case où on lui prodigua une toilette attentionnée. Sa poitrine suscitait visiblement l’admiration. Son sexe attira également l’attention de ses hôtes qui entreprirent de l’épiler intégralement avec soin, enlevant le moindre duvet avec un petit coquillage en guise de rasoir. Ainsi, elle se sentait complètement nue, offerte à la vue de tous. Sa plus grande crainte était d’être exhibée comme une bête de foire, mais il n’en fut rien. Au contraire, elle fut invitée à se glisser dans une longue tunique à plis gaufrés, de couleur safran, rappelant par sa coupe les robes que portaient les femmes grecques des temps anciens. Son esprit d’archéologue restait à l’affût. Elle fut encore plus étonnée de se voir parée d’une tiare et d’un lourd collier en or, à triple rangée.
À l’extérieur, sa troupe l’attendait. « Ma garde… » pensa-t-elle en les regardant. Ils posèrent un genou à terre et elle vit alors une chaise à porteurs dans laquelle elle prit place. Encadrée par ses guerriers, elle apparaissait comme une reine sortie d’un bas-relief. Elle était passée sans transition du XXIe siècle à la préhistoire, et maintenant elle avait l’impression de plonger dans l’Antiquité ; où cela allait-il s’arrêter ?
Une foule compacte les observait, hommes, femmes, enfants. Un murmure parcourait les rangs à mesure que la petite troupe progressait. Alors que son regard se perdait dans la multitude, Kate s’entendit interpellée… en anglais !
Stupéfaite, Kate découvrit alors un grand bonhomme tout droit sorti d’un livre de Kipling. Grand, mince, vêtu d’une tunique blanche, avec un fin collier de barbe blonde, il la regardait, l’œil brillant de malice et marchait au côté des gardes sans que ceux-ci ne s’y opposent. Ces derniers s’arrêtèrent et lui firent signe de se lever. Dans un style incongru, l’inconnu lui fit un baisemain en guise de salutation. Les hommes firent cercle autour d’eux.
Kate ne sut que dire. L’expédition Stanley avait exploré le cours du Congo en 1880. L’homme était âgé de 137 ans mais il n’en paraissait pas plus de 35. Mais après tout ce qu’elle avait déjà vu, de quoi aurait-elle pu s’étonner ? Elle se demanda si l’impression qu’elle avait ressentie en traversant le brouillard quelques jours plus tôt n’avait pas un lien avec cette étrangeté. Se trouvait-elle dans un autre espace-temps ? Une autre dimension ? Elle le regarda d’un air interrogateur.
Elle fut amenée en procession jusqu’à une immense case installée dans les ruines d’un ancien palais. On en distinguait encore pavements et mosaïques. Elle eut droit à un nouveau rituel avec bain et massage. Nouvelles robes et nouvelles parures, encore plus somptueuses. Mais ce ne fut pas l’or qui captiva son attention : il y avait un masque d’argile suspendu au mur. Rien à voir avec les masques africains visibles sur tous les marchés du monde. Là, il s’agissait d’une céramique représentant un visage d’homme grimaçant aux oreilles décollées et aux joues marquées de stries. Le nez était décoré d’un anneau ainsi que ses oreilles. Elle avait déjà vu de pareilles céramiques rouges au Louvre, des effigies censées écarter les démons du foyer ; elles étaient typiques de la civilisation punique, de Carthage. Elle repensa à Ishtar, cette déesse que les Phéniciens adoraient et dont elle avait entendu le nom psalmodié par les guerriers qu’elle avait caressés. Un drôle de puzzle se mettait en place. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée de son hôte.
Kate dissimulait mal son impatience.
Elle sortit et resta tétanisée autant de surprise que d’effroi. Sur le seuil, deux gorilles se tenaient debout, cuirassés à la mode antique et armés. Ils saluèrent le major et se mirent en tête.
Ils étaient parvenus devant un escalier qu’ils empruntèrent jusqu’à une plate-forme qui les mena devant un temple de style classique. Il en subsistait encore le fronton, les murs et les colonnes. Une partie du toit s’était effondrée mais une porte en cèdre du Liban aux lourdes ferrures barrait encore l’accès du bâtiment. Le major fit signe à l’un de ses gardes qui lui tendit un trousseau. Il en prit une clé en bronze.
Il tourna la clé et ouvrit les battants. Ce qu’elle découvrit la laissa bouche bée. Le long des murs étaient disposées des centaines de niches dans lesquelles on voyait des piles de rouleaux de cuir, tels ceux contenant les papyrus utilisés dans l’Antiquité.
Le cœur battant, elle vit un monceau de tablettes d’argile cuite couvertes de caractères grecs ou phéniciens. Faute de papyrus, les colons carthaginois, coupés de l’Égypte et de l’Afrique du Nord étaient revenus au support primitif de l’écriture : la tablette d’argile. Cela voulait dire que ces textes dataient des derniers temps de la cité.
Ils ressortirent du temple. Devant eux, une escouade de singes-guerriers pratiquait l’escrime. Kate pointa un doigt dans leur direction.
Fascinée, elle regardait ces guerriers atypiques à la force prodigieuse. Des animaux qui parlent, ou bien des humains mutants ? Était-ce là la réponse à la question posée par le mythe de l’homme sauvage ?
Le major Thomson regardait fièrement sa petite armée qui manœuvrait dans un ordre impeccable.
Kate en frémit, mais pas vraiment d’excitation.
Kate ne put s’empêcher de rougir en pensant à l’orgie de sexe à laquelle elle s’était livrée ces derniers jours. Elle n’était plus elle-même.
Et sur ce il s’éloigna en sifflotant d’un air badin. Elle fut raccompagnée sous bonne garde jusqu’à son logis. En dépit des apparences, jamais elle ne s’était sentie aussi prisonnière.
Au coucher du soleil, un cortège vint en procession devant ses appartements. Des prêtres et des prêtresses, à en juger par leurs vêtements. Elle fut amenée une nouvelle fois à se mettre nue. On la fit s’allonger sur une couche. Elle avala une curieuse potion au goût amer. Une prêtresse lui écarta les jambes et enfonça dans son sexe un long phallus d’ébène qu’elle fit entrer et sortir au son d’une mélopée entêtante, celle qu’elle avait déjà entendue lors de sa première rencontre avec les chasseurs. Alors qu’elle commençait à gémir, une autre prêtresse lui enfonça un second phallus court et épais dans la bouche. Une feuille de palmier recouvrit ses yeux et elle se sentit soulevée, promenée dans les airs de bras en bras jusqu’à ce qu’on la repose à terre. Un prêtre la fit asseoir en tailleur sur une plate-forme, elle-même disposée sur la vaste terrasse du temple qu’elle avait vu l’après-midi. Elle surplombait la cour où une foule en transe chantait et dansait. Ouvrant des yeux ronds, elle vit un « gardien » gravir lestement les escaliers dans sa direction.
Une des prêtresses enleva le phallus de bois enfoncé dans sa bouche et elle sentit un liquide au goût ambré cette fois couler dans sa gorge. Aphrodisiaque ? Hallucinogène ? Le fait est que la bête qui s’avançait sur la plate-forme au milieu des vapeurs de myrrhe et d’encens se mua soudain en le plus bel homme qu’elle ait jamais vu. Il la regardait en souriant, arborant une impressionnante érection. La prêtresse face à lui entonna un chant aux paroles explicites au milieu de la liesse populaire. Comme par magie, Kate en comprenait chaque mot : « Prends-moi ! N’aie pas peur ! Bande sans crainte ! Par ordre d’Ishtar, de Shamash, d’Ea et d’Asalluhi. Quant à moi, à ma vulve, tertre rebondi, moi, jouvencelle, qui me labourera ? Ma vulve, ce terrain humide que je suis, moi, reine, qui y mettra ses bœufs de labour ? Lorsque, pareil à un bateau élancé, tu auras porté la vie, lorsque tu m’auras caressée sur le lit, alors je te caresserai et te décréterai une destinée heureuse. »
D’un signe de la main, la prêtresse désigna la belle archéologue. Le jeune homme vint se placer à ses côtés. Elle tourna la tête et d’elle-même avala la lourde verge qu’il lui présentait. À un rythme de plus en plus rapide, il enfonçait son membre dans sa bouche ; elle le sentait encore durcir et grossir au fur et à mesure que grimpait son plaisir. Elle s’attendait à le sentir jouir mais il s’écarta soudain sur une injonction de la prêtresse. Il la fit s’allonger sur la couche nuptiale et vint alors se placer entre ses cuisses écartées. Maîtrisant son excitation, il la pénétra lentement sous les acclamations du peuple. Kate rejeta la tête en arrière, gémissant de plaisir. La sensation était extraordinaire. Le guerrier l’avait saisie aux hanches et l’avait retournée. Maintenant il la besognait comme un bûcheron, en levrette, grognant à chaque coup de reins et s’enfonçant plus fort, plus loin à chaque poussée. Sa semence l’inonda alors qu’elle hurlait son plaisir qui retentit en écho dans l’enceinte du temple. Le son des tambours et des trompes accentuait l’atmosphère de frénésie sexuelle qui agitait la foule. Étourdie, couverte se sueur, elle se dégagea et se coucha sur le dos. Il la reprit encore et encore. La tête lui tournait de plus en plus. Dans un brouillard qui allait en s’épaississant, elle vit le visage du major se pencher sur elle.
Stupéfaite, elle voyait maintenant Simon et son guide l’observer avec inquiétude. Une couverture couvrait son corps nu.
Elle s’évanouit et bascula à nouveau dans un trou noir.
Elle se réveilla à nouveau à l’hôpital. Elle manifestait les symptômes d’une amnésie traumatique. Tous les événements récents avaient été effacés de sa mémoire. Pendant une semaine, en proie à une fièvre intense, elle avait déliré sur son lit d’hôpital, livrant par bribes des histoires insensées d’envoyée des dieux et de singes-guerriers, de cité punique et de voyage dans le temps. Simon et le guide, ses anges gardiens, étaient assis à côté de son lit.
Après un moment de silence gêné, Simon prit la parole :
Les deux hommes refermèrent la porte et s’éloignèrent à pas feutrés dans le couloir.
Le soir venu, ils étaient tous les deux de retour. Bras chargés de fleurs, nos deux baroudeurs se révélaient plus sentimentaux qu’on ne pouvait le croire.
Le guide esquissa une moue qui pouvait passer pour un sourire.