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Temps de lecture estimé : 30 mn
25/12/17
Résumé:  Hérodote a laissé de merveilleux récits sur lesquels on peut broder à plaisir. Petit texte fait sérieusement mais à ne pas prendre au sérieux. Amis lecteurs, amusez-vous.
Critères:  #historique #aventure #groupe fh fhh asie fellation sandwich fsodo
Auteur : André 59  (L'Antiquité est une source inépuisable d'inspiration.)

Collection : Petites histoires de l'Histoire
Les Amazones


Corinthe, 334 av. J. C.


« Il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe » Ces quelques mots ne cessaient de tourmenter l’esprit d’Erostratos alors qu’il regardait, incrédule, la tête aux boucles blondes monter et descendre à cadence régulière entre ses jambes. Levant les yeux de la fellation étourdissante qui lui était administrée, il admirait à ses côtés son compagnon, Andonios, saoul comme tout bon disciple de Dionysos, qui récitait d’une voix pâteuse des vers du poète Pindare :



Tous les deux avaient profité d’une escale pour aller voir les habitantes les plus célèbres de cette cité : les hiérodules de la déesse Aphrodite et de sa servante Persuasion. À la fois esclaves, prêtresses et courtisanes sacrées, sélectionnées pour leur extraordinaire beauté, ces jeunes femmes dispensaient leurs faveurs aux voyageurs venus des quatre coins du monde connu. Leurs corps splendides étaient marqués du sceau de la divinité et suscitaient à la fois le plus grand des respects et le plus fou des désirs. Les deux jeunes gens n’avaient pas hésité à sacrifier plus de la moitié de leur maigre solde pour jouir de la science de deux de ces expertes en amour.


Les yeux vitreux, arborant un sourire extatique, ivres de douceurs et de vin, ils savouraient chaque instant du plaisir qu’elles leur prodiguaient de concert, alternant savamment coups de langues et caresses de leurs doigts fins avant de s’emparer de leurs membres virils avec un petit bruit de succion humide. En extase devant ces bouches qui coulissaient sur leurs queues, ils s’apostrophaient gaiement :



Sculpturales et hiératiques, simplement parées de leurs bijoux après s’être dépouillées de leurs tuniques, les hiérodules qui se trouvaient agenouillées à leurs pieds ne leur laissaient pas de répit. Joues creusées par l’aspiration, leurs lèvres serrées en anneau autour de ces hampes juvéniles, elles semblaient animées d’une passion farouche et dévorante, possédées par l’esprit de la déesse qu’elles servaient avec ferveur. C’était la première fois qu’Erostratos éprouvait du plaisir dans la bouche d’une femme. Et quel plaisir.


Son compagnon lui avait proposé de saisir cette occasion unique de se faire dépuceler en beauté, là, au milieu du faste et du luxe de l’une des cités les plus corrompues, les plus dissolues et les plus riches de Grèce. Pourquoi hésiter ? Ils avaient marché et même foncé vers le temple d’Aphrodite, perché au sommet de l’Acrocorinthe, bousculant en riant les pèlerins qui se pressaient dans la même direction. Ensuite, ils n’avaient eu qu’à franchir le seuil pour trouver celles qui leur procuraient désormais le plus délicieux des moments.


Erostratos fut le premier à décharger. Aussi excité que confus, il avait saisi la tête blonde et ne l’avait lâchée qu’une fois sa semence épuisée et ses couilles vidées, balançant malgré lui un furieux coup de reins pour que son sexe encore raidi s’enfonce une dernière fois entre les lèvres de cette belle inconnue. Elle lécha et embrassa le gland encore luisant avec une telle gourmandise, une telle sensualité, qu’il en gémit à la fois de contentement et de frustration. C’était fini, il fallait déjà repartir. Son ami n’avait guère résisté plus longtemps mais avait préféré jouir entre les seins blancs et lourds de la prêtresse, inondant la peau laiteuse de la jeune femme. Tous deux auraient volontiers prolongé l’expérience entre les cuisses douces qu’elles leur montraient mais ils ne pouvaient se ruiner, il ne leur restait que quelques oboles. À regrets, ils quittèrent la couche si accueillante sur laquelle ils étaient assis et les deux compères, penauds et ravis à la fois, sortirent de l’enceinte du temple pour se mêler à la foule.


Partout il y avait une activité débordante. Le port grouillait de marins et de soldats. Corinthe était une escale courue pour toutes les flottes qui sillonnaient la Méditerranée et la plupart des capitaines ne résistaient pas à la tentation de s’y arrêter. Tel avait été le cas du navire marchand qui les transportait. Mais le plaisir n’a qu’un temps. Avec des centaines d’autres recrues, Erostratos et Andonios partaient rejoindre les rangs de l’armée macédonienne en Asie mineure où Ils devaient être incorporés dans les troupes du stratège Zopyrion. Ils pressèrent à nouveau le pas mais cette fois-ci c’était pour monter à bord. Dégrisés, ils savaient qu’ils risquaient de sévères remontrances s’ils arrivaient en retard. Être porté manquant, c’était risquer l’accusation de désertion, et la croix. Ils franchirent la passerelle au pas de course et regardèrent avec regret la côte s’éloigner. Ce qui les attendait risquait d’être nettement moins agréable. Le souffle de l’aventure commençait à faire place à celui de la peur.



Olbia du Pont, Nord de la Mer Noire, 331 av. J. C.



En riant, Andonios bottait les fesses de son ami qui ronflait paisiblement, adossé à son bouclier et roulé dans les plis épais de son manteau. Le garçon se leva en maugréant. Ceux qui l’avaient côtoyé trois ans plus tôt auraient eu bien du mal à le reconnaître. Le jeune freluquet parti de Grèce avec une tête emplie de rêves de gloire était devenu un vétéran endurci par des années de campagne et de privations. Il faisait partie de l’élite : les fantassins lourds de la phalange. Bardés de fer et de bronze, ces douze mille hommes constituaient une muraille humaine hérissée de piques, une forteresse mobile impossible à arrêter quand elle s’ébranlait au son des flûtes et des ordres rauques des officiers. Andonios, lui, caracolait au milieu des cavaliers thessaliens qui éclairaient et protégeaient l’armée dont les colonnes semblaient s’étendre à l’infini.


Conformément aux ordres que son souverain, Alexandre le grand, lui avait donnés, Zopyrion avait entrepris une grande expédition vers le nord afin de protéger les arrières des troupes macédoniennes parties à la conquête de l’empire perse. Le stratège voulait marquer un grand coup en soumettant les cités grecques établies sur les rivages du Pont-Euxin. Parmi elles, la plus prospère était Olbia, une colonie de Milet, une puissante cité hellène d’Asie mineure. Le commerce du blé et des esclaves faisait la fortune de ses habitants. Du haut de leurs murailles, ces colons grecs, aussi indépendants qu’insolents, refusaient de reconnaître l’autorité d’Alexandre et échappaient à son hégémonie.


Avec une armée forte de 30.000 hommes, à peine moins puissante que celle du souverain macédonien, Zopyrion pensait écraser tous les obstacles et rabaisser leur orgueil. Le siège de la ville aurait dû être une formalité, il n’en fut rien. La cité résistait de manière opiniâtre, ravitaillée par la mer. Et elle avait demandé l’aide de ses alliés, tous les peuples nomades de la région avec qui elle entretenait de fructueuses relations commerciales. Une très mauvaise nouvelle commençait ainsi à se répandre dans les rangs, semant le trouble et même l’inquiétude.



Les Gètes étaient un ensemble de tribus établies dans le nord de la Thrace. Leurs guerriers constituaient une cavalerie réputée et redoutée. Ils vivaient de rapines et de pillage, portant barbes et cheveux longs, vêtus de peaux de bêtes. Des barbares. Mais ce n’était rien comparé aux Scythes qui vivaient par-delà les plaines immenses s’étendant à l’infini vers l’est. Ni Erostratos ni Andonios n’avaient jamais eu l’occasion de les rencontrer mais ils les connaissaient par les récits que les vétérans faisaient parfois près des feux de camps, aux bivouacs. L’un d’entre eux, Aristès, un vieux soldat borgne et couvert de cicatrices, était intarissable à leurs sujets.



Un autre vétéran renchérit.



Aristès opina du chef.



Erostratos se joignit à la conversation.



Aristès le regarda d’un air grave.



Le silence se fit autour du conteur. Si les filles elles-mêmes savaient tuer, qu’en seraient-ils de leurs frères et de leurs pères ? Qui pourrait se dresser contre un tel peuple ?



Un des soldats fanfaronna :



Le vétéran cracha par terre et avala une rasade de mauvais vin.



Les Macédoniens couraient aux armes alors qu’un immense nuage de poussière à l’horizon indiquait l’arrivée de l’armée de secours venue débloquer Olbia. Ce serait un choc de titans.


Comme on en avait l’habitude en ces temps anciens, un émissaire vint parlementer avec l’adversaire avant la bataille. Couvert d’or et de bronze, l’ambassadeur scythe semblait monter un animal fantastique, un cheval protégé lui aussi d’écailles de fer et dont le front portait un masque orné de ramures de cerf multicolores. Son carquois et le fourreau de son épée étaient décorés de plaque d’or étincelantes. Aligné parmi les premiers rangs, Erostratos avala difficilement sa salive quand il réalisa que la cape de l’envoyé n’était pas faite de fourrure. Ce qu’il avait pris pour des poils ondoyant sous le vent était des cheveux humains. Cette cape était constituée de scalps cousus ! Le Scythe arborait un casque thrace décoré d’un immense cimier à queue de cheval. Et son visage disparaissait derrière une visière rehaussée d’une fausse barbe en bronze. Seuls les yeux perçants semblaient humains. Son cheval et lui-même ne faisaient qu’un, c’était un centaure plus qu’un simple mortel… Dans un grec parfait, il demanda à Zopyrion de se retirer.



Le cavalier cabra son cheval, fit volte-face et repartit vers les siens, dressant le poing alors qu’une immense clameur retentissait. Disposés en un gigantesque croissant, les scythes adoptaient la formation classique des guerriers des steppes, archers montés au centre, cavalerie lourde aux ailes. En face, les Macédoniens acclamaient de même leur chef qui remontait au galop leurs lignes, au rythme du fracas des lances et des épées frappant en cadence les boucliers. Aristès émit un petit ricanement.



Les phalangistes se mirent en rang, par section, seize hommes de front sur seize de profondeur, la sarisse, la pique macédonienne longue de cinq mètres, fermement tenue à deux mains, bouclier en bandoulière. Chaque section collait à sa voisine, opérant un savant mouvement de conversion. Puis adoptant une forme en carré, la phalange se mit en marche au pas cadencé, entonnant un chant de guerre. Rien ne pourrait lui résister.


En face, les troupes adverses se lancèrent à l’assaut. Une nuée de cavaliers, semblables à des sauterelles. Ils se ruaient en hurlant sur les Macédoniens, faisant tournoyer leurs lances et leurs arcs à bout de bras. La phalange s’enfonça comme un coin dans la masse, tel une étrave fendant les flots ; montures et cavaliers s’effondraient par paquets devant elle, et les soldats continuaient d’avancer, piétinant sans pitié morts et blessés. Mais quelque chose n’allait pas. Un flottement semblait venir du fond la formation, et les flèches pleuvaient de plus en plus dru, se perdant avec un bruit de grêle dans la forêt de lances, ricochant sur les casques et les cuirasses ou s’enfonçant parfois avec un bruit mat dans les chairs qu’elles déchiraient.



Aristès ne pouvait savoir que les escadrons d’alliés grecs chargés de garder les ailes avaient déjà été balayés. L’affaire prenait mauvaise tournure. Serrés comme des harengs, les fantassins macédoniens ne pouvaient aisément bouger. Ce qui faisait la force de la phalange était aussi sa faiblesse. Puissante mais lourde, elle devait absolument protéger ses flancs et ses arrières. Or ses dernières étant désormais menacées, les Macédoniens étaient piégés. Les premiers rangs, poussés par la masse qui les suivait, ne pouvait qu’avancer. Le rideau de cavaliers qui leur faisait face se retira brusquement et devant eux se dressa soudain le camp des nomades, un immense cercle précédé d’un fossé et constitué de centaines de chariots, enchaînés les uns aux autres. C’était une muraille de bois infranchissable. Comme il n’y avait pas eu d’éclaireurs envoyés en avant, personne n’avait prévu cet obstacle. Les premiers rangs l’atteignirent sans arriver à l’escalader, ils s’écrasèrent dessus ou basculèrent dans le fossé dans un lourd fracas d’armes broyées et d’os brisés alors que les défenseurs faisaient pleuvoir sur eux une grêle de projectiles de toute nature : javelots, pierres et flèches.


Erostratos parvint à y échapper mais il vit avec horreur Aristès s’écrouler, la gorge percée de part en part. Dans le fracas de la bataille, il fut stupéfait de voir que les archers qui, à l’abri des chariots, les criblaient de leurs dards étaient des femmes. Oui, des femmes. Aucun doute à avoir. Hurlantes et échevelées, certaines les seins nus, elles encourageaient leurs guerriers de la voix et avec des gestes parfois obscènes en direction des Macédoniens. D’autres vêtues au contraire comme des hommes, portant cuirasses à écailles et bonnet de feutre, vidaient à une cadence aussi effrayante que rapide leurs carquois. D’autres encore faisaient tournoyer des frondes ou projetaient de toute leurs forces de fines javelines. Aristès avait raison ; elles savaient tirer et elles visaient juste, les garces !


Complètement disloquée, la phalange ressemblait désormais à un banc de poissons affolés. Au milieu des nuages de poussière acre soulevée par les sabots de milliers de chevaux et des hurlements des blessés, les unités macédoniennes percutées les unes après les autres par des vagues successives de guerriers montés s’écroulaient comme un château de cartes. Incapables de se replier, elles constituaient désormais une cible de rêve. La prédiction de l’émissaire scythe se révélait exacte, de même que celle d’Aristès.


Le désastre fut consommé quand la garnison d’Olbia fit une sortie dans le dos des Macédoniens alors que du camp jaillissaient des flots de cavaliers, des archers qui reprirent leur tirs, saturant l’air de leurs traits. Les piquiers macédoniens s’effondraient par files entières, criblés de flèches. Toute cohésion disparut. La panique devint générale. Au milieu de l’affolement, quelques poignées de braves résistaient, épaule contre épaule, ou bien dos à dos, bien décidés à vendre chèrement leur vie. Erostratos avait jeté sa pique désormais inutile et dégainé son kopis, son épée à lame courbe. Excellent escrimeur, il abattait tout cavalier scythe qui se risquait à l’affronter à pied. Mais à ses côtés, ses compagnons tombaient l’un après l’autre, percés de coups. Vint le moment où il se retrouva seul. Épuisé, il n’avait plus la force de soulever son arme. Titubant, son casque cabossé et enfoncé, son bouclier fendu, aveuglé par une blessure au visage, il tomba à genoux dans la poussière. Le cercle se referma sur lui. Un cavalier fendit alors les rangs et sauta au bas de son cheval. Il était protégé par une armure à lamelles faisant alterner le fer et le bronze. Son pantalon aux broderies multicolores était paré de petites plaques d’or. Le guerrier ôta son casque et brandit haut un pic d’arme en bronze à la pointe acérée afin d’asséner le coup de grâce. Profitant de cette erreur, Erostratos, dans un dernier sursaut d’énergie, se redressa et enfonça son glaive au défaut de sa cuirasse puis il s’écroula comme une masse, visage dans la poussière. Les paupières collées par le sang, assommé, il n’avait pas vu la magnifique chevelure de son adversaire ni entendu le cri déchirant qu’il avait poussé.


Erostratos flottait maintenant dans l’éther ; après le carnage et le sang, enfin du repos. Il sentait une immense lassitude le gagner. Se laisser aller. Dormir, dormir. En finir. Puis il eut la sensation qu’un tunnel l’engloutissait, une lumière aveuglante lui apparut et il ouvrit les yeux. Enveloppé dans une fourrure, dépouillé de tous ses vêtements, il se sentait balloté par les tressautements du chariot dans lequel il reposait. Sa tête douloureuse était bandée, de même que son torse, couvert de contusions. Du baume et un pansage d’herbes couvraient ses deux bras et ses jambes entaillés par plusieurs blessures. Les plus profondes avaient été recousues. Vivant, il était vivant. Il sursauta en voyant qu’une silhouette au fond se détachait de l’ombre. Une femme. Jeune et bien faite. Elle était nue. Elle vint s’allonger près de lui. Il fut frappé par les tatouages qui couvraient ses bras et ses épaules. Un griffon dont la tête et le bec s’étalaient sous le sein gauche déroulait ensuite son corps sur ses hanches et ses reins. Ses longs cheveux roux étaient tressés. Un torque d’or décorait son cou, signe qu’elle était de rang élevé.



Il n’obtint aucune réponse. Sans doute ne parlait-elle pas le grec. Mais son geste fut sans équivoque. Stupéfait, il la vit poser ses doigts sur son entrejambe et entamer sur sa verge ramollie un mouvement ferme et régulier de va-et-vient, massant de son pouce la peau délicate du gland avec douceur. Avec un air concentré, elle le branlait de sa main droite avec méthode, sans passion mais efficacement, comme un artisan faisant du bel ouvrage. Malgré lui, il ne tarda pas à bander comme un bouc. Il ne comprenait rien à ce qui se passait. Son scalp aurait dû décorer le harnais d’un cheval et sa peau servir de tapis de selle. Au lieu de cela, c’est lui que cette fille se préparait à chevaucher.


Elle se plaça sur lui, se pencha et posa sa main gauche sur sa poitrine, lui arrachant un gémissement. Elle passa ensuite la main droite entre ses cuisses, saisit sans hésitation son membre dur qu’elle posa à l’entrée de son propre sexe. Lorsque son gland effleura la fente, Il fut encore plus étonné de la sentir aussi mouillée et si ouverte. D’un coup de reins, il se planta alors en elle et lui saisit les hanches, arrachant à son hôte inattendu un cri de surprise plutôt que de douleur. En réalité, c’était lui qui avait mal, pas elle mais comme beaucoup de Grecs, il n’aimait guère cette position qui rendait la femme maîtresse du jeu, il valait mieux qu’il prenne l’initiative. Même avec quelques côtes cassées. Il sentit bien sa bite raidie plonger dans un fourreau étroit. Il adorait ce moment où la verge tendue s’enfonce dans la moiteur des cuisses écartées, au milieu d’un friselis de poils humides où perle le plaisir, caressant une peau douce et fine. Jamais il ne s’était senti aussi vivant, aussi décidé à jouir de l’existence une dernière fois. Puisque ces barbares voulaient s’amuser avec lui, autant en profiter avant d’aller rejoindre ses camarades aux enfers.


Elle ondulait des hanches tout en dardant ses yeux clairs dans les siens. Entre eux, il n’y avait pas une parole échangée mais elle le défiait ouvertement du regard. Elle avait le contrôle, pas lui. Femme étonnante qui savait se battre sans doute et qui savait faire aussi bien l’amour. Il posa les mains sur ses seins ronds et en caressa les pointes, elle poussa un petit cri de plaisir. Ce brave Hérodote se trompait quand il racontait qu’on leur brûlait la mamelle droite pour mieux tirer à l’arc. Mais c’était de la folie. Cette fille avait dû faire partie de celles qui avaient criblé de flèches ses frères d’armes avec des cris de rage et maintenant elle lui donnait son corps sans retenue. Où était la logique chez ce peuple ?


Il ne chercha guère à pousser la réflexion plus loin. Elle exhalait une odeur suave qui l’enivrait. Son cul balançait d’avant en arrière de plus en plus rapidement, venant au-devant de sa propre queue qu’il n’avait jamais sentie aussi dure, aussi brûlante. Il l’empala littéralement dessus en hurlant alors qu’il l’inondait de sa semence. Couverte de sueur, les cuisses poisseuses, elle se coucha sur lui, effleurant son torse avec ses seins. Drôle de situation que de voir votre adversaire vous désirer avec une telle ardeur… Elle prit son visage entre ses mains et caressa ses lèvres du bout des doigts avec un sourire inattendu puis elle disparut aussi mystérieusement qu’elle était apparue, sans un mot, laissant derrière elle le sillon d’un étrange parfum. Le jeune grec eut juste le temps de voir sa silhouette nue disparaitre dans le noir.


Erostratos perçut ensuite des voix féminines qui parlaient à l’extérieur avec animation dans une langue inconnue. Puis il ferma les yeux, bénissant les dieux de ce dernier cadeau. Éros et Thanatos semblaient faire bon ménage chez les Amazones. C’était une belle fin pour un guerrier.


Il n’eut pas le temps de se rendormir. Une autre femme souleva la tenture de peau et pénétra à son tour dans le chariot. Lourde, bâtie toute en force et beaucoup plus âgée à voir ses cheveux blancs, elle était nettement moins avenante que la précédente. Surtout, elle était richement vêtue, ses habits couverts d’amulettes en bois ou en os indiquaient qu’elle devait avoir des fonctions sacrées. Pour l’occasion, elle se contentait de le manipuler avec précaution, changeant ses bandages et examinant attentivement la cicatrisation des blessures. Elle n’était pas là pour le plaisir. Erostratos poussa intérieurement un soupir de soulagement. Elle continua les soins puis sortit en grommelant.


Le jeune homme voulait en avoir le cœur net. En serrant les dents, il prit appui sur un coude et se leva. Il était dans le plus simple appareil mais la pudeur n’était pas son fort. Comme beaucoup de Grecs, il n’avait pas peur de la nudité, preuve de virilité et de courage. Il passa la tête par l’ouverture de la ridelle. Et resta stupéfait. Il contemplait une ville en mouvement. Des centaines, peut-être des milliers de chariots occupaient la plaine. Sur les flancs, des cavaliers virevoltaient sur leurs montures. Mais ce qui le laissa bouche bée fut de voir leurs visages. Des femmes. Partout des femmes. Il n’y avait pas de doute à avoir. Les Amazones étaient là, devant lui. Aristès n’avait pas vécu assez longtemps pour le voir lui aussi mais il avait raison, elles existaient bien. Il n’eut guère le temps d’en voir plus. Une de ces guerrières arriva au galop et lui donna un coup du bout de la hampe de sa lance. Rien de dangereux mais la douleur le rejeta au fond du chariot. Jurant et crachant, il réalisait qu’il était bien prisonnier des barbares.


Un monde renversé où les femmes commandaient, jamais il n’aurait cru à une pareille aventure. Il prit le parti d’attendre tranquillement que les dieux ou ces dames décident de son sort. Le soir vint et l’immense convoi s’arrêta. Il vit à nouveau la tenture se soulever. Deux femmes, en armes et l’air farouche, montèrent et se postèrent face à lui. Après lui avoir jeté une tunique de lin, elles lui firent signe de venir. Il sauta au bas du chariot et les suivit, en claudiquant, au milieu de centaines de feux de camps. Les visages se retournaient sur son passage et il notait avec étonnement qu’il n’y avait aucune hostilité à son encontre, mieux même, il semblait percevoir de l’intérêt dans les regards et peut-être plus. Son imagination lui jouait sans doute des tours.


Ses gardes l’amenèrent au pied d’un superbe chariot sur lequel était juchée une tente de cérémonie aux parois de feutre. On le fit grimper à l’intérieur. Une femme reposait sur un lit, très pâle, ses cheveux étalés autour de son visage comme une couronne d’or. Une étoffe précieuse couvrait son corps jusqu’à la naissance des seins et des épaules. Erostratos était subjugué par la finesse de ses traits. Il se remémora le passage de l’Iliade où Achille découvrait trop tard la beauté de Penthésilée, la reine des Amazones, après l’avoir tuée. Mais cette femme n’était pas morte. Sa poitrine se soulevait au rythme régulier de sa respiration. Elle dormait. Une voix grave résonna dans son dos.



Un homme. Et pas n’importe lequel. Sa tête touchait presque le toit de la tente, Il devait faire plus de sept pieds de haut, un géant aux yeux d’Erostratos qui l’avait immédiatement identifié. Cette voix appartenait à l’émissaire envoyé par les Scythes avant la bataille devant Olbia. Celui dont la cape était ornée de scalps.



Erostratos se retourna. La femme blonde qui l’avait subjuguée le regardait maintenant avec attention. Assise sur son lit, elle avait remonté le drap sur sa poitrine mais on devinait qu’elle était nue à voir la bande de peau découverte sur le côté, des épaules aux hanches. Le jeune grec remarqua surtout le large bandage qui ceinturait la taille fine de la souveraine. Celle-ci lui adressa quelques mots d’une voix rauque, assez surprenante.



La reine reprit la parole, le prince scythe l’écoutait avec attention.



Ils s’inclinèrent à nouveau avec respect et sortirent à reculons de la tente. Stupéfait, Erostratos contempla une foule de femmes qui faisaient cercle autour du chariot. Elles poussèrent une acclamation et ouvrirent le passage aux deux hommes. Une table à part avait été dressée. Ils prirent place. Le jeune homme ne put s’empêcher de se jeter sur la nourriture. Au diable la retenue. Il allait manger à s’en éclater la panse et boire à satiété du vin pur, « à la scythe » comme on disait à Athènes. Il allait jouer au barbare. Le prince lui frappa sur l’épaule en riant.



Erostratos regagna son chariot, l’air pensif. Il constata qu’il n’y avait plus aucune garde. Le Scythe avait dit vrai, il était déjà libre de ses mouvements. Il s’apprêtait à monter quand il sentit une présence derrière lui. Une femme lui souriait. Il comprit aussitôt. Il l’invita du geste à monter. Elle apprécia tant ses services qu’elle ne le quitta qu’à l’aube. Tel allait être désormais son quotidien.


Afin d’égayer ses longues journées (les nuits étant plutôt courtes) et sortir de la monotonie, Erostratos parcourait les allées du camp, observant avec curiosité les mœurs de cette drôle de tribu. Il admirait en particulier les exercices de voltige équestre que certaines Amazones accomplissaient. Et ce qui devait arriver arriva. L’une d’entre elles finit par l’inviter à asseoir son postérieur sur une monture. Il fut vite jeté au bas de son cheval au milieu des rires mais il s’entêta et progressa rapidement. Il passait tant d’heures à cheval qu’il se demandait s’il n’allait pas finir avec les jambes arquées. Le prince scythe observait lui aussi ses progrès. Il l’invita à des parties de chasse, l’initia au tir à l’arc, à utiliser un lasso. Il devenait plus scythe que les Scythes, et lui-même se mettait à apprendre leur langue.


Un événement accéléra son intégration. Alors qu’ils se promenaient aux abords du camp, une lionne, tapie dans les hautes herbes, manqua de peu de tuer le prince. Une flèche bien tirée par Erostratos la foudroya dans son élan alors qu’elle bondissait sur le Scythe. (Ne soyez pas étonnés, amis lecteurs. À cette époque, ces fauves étaient présents autour de la Mer Noire et jusque dans les Balkans). Le retour du prince et de son compagnon donna lieu à une cérémonie inattendue. Erostratos remarqua qu’un cratère rempli de vin avait été préparé. Il était disposé sur un trépied auprès de son chariot. Une Amazone se tenait juste à côté, elle dégaîna une longue épée et la tendit au Scythe. Celui-ci se saisit de la lame et entailla son bras droit sans sourciller ; il l’étendit ensuite au-dessus du vase, laissant couler le sang en abondance. Il proposa ensuite à Erostratos de faire de même. Alors qu’il s’exécutait, la vieille prêtresse apparut. Elle remua avec une cuillère d’argent le vin et le sang, prononçant des formules chamaniques incompréhensibles pour le commun des mortels. Puis elle plongea une corne à boire dans la préparation et la tendit successivement aux deux hommes qui nez à nez se jurèrent une amitié éternelle. Ils étaient désormais liés par le sang, comme deux frères.


La transformation du jeune soldat fut complétée par de douloureuses séances de tatouage durant lesquelles il dut montrer son mépris de la souffrance. Son allure devenait de plus en plus celle d’un nomade, pas d’un hellène. Le temps s’écoulait au fil des lunes qui passaient et la reine Zarina se relevait lentement mais sûrement de sa blessure. Enfin arriva le grand jour.


Alors que la prêtresse faisait boire à sa souveraine une boisson au goût étrange et entonnait une mélopée reprise par l’assistance, le Grec et le Scythe montèrent ensemble dans le chariot royal, parés de leurs plus belles armes. Erostratos n’était plus un prisonnier. Métamorphosé, il avait désormais l’allure d’un guerrier de la steppe, caftan multicolore, cheveux longs flottant au vent, barbe soigneusement taillée. La reine l’attendait dans sa couche ; une esclave était occupée à lui enlever ses lourdes parures d’or. Puis elle ôta un à un les vêtements d’apparat de la souveraine, la découvrant dans sa plus totale nudité. La servante enduisit alors le corps et le visage de Zarina d’un onguent fait de bois de cyprès, de cèdre et d’encens. Les deux hommes remarquèrent le parfum délicieux qui s’en dégageait, c’était celui qu’Erostratos avait perçu sur la jeune guerrière la première fois. Avec une spatule en or, la servante enleva ensuite cet emplâtre, le corps de la reine apparut blond et rose, luisant, odorant, véritable objet de désir. Elle se leva et se dirigea vers Erostratos, ses seins fermes dardant leurs pointes, la fente de son sexe perlant déjà de désir. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes luisantes, couleur d’émeraude, les yeux d’une lionne en chasse. Le Grec ne pouvait masquer l’impression qu’elle produisait sur lui. Le Scythe se rengorgea.



Elle le toisa de haut en bas, jaugeant la valeur du présent, passant la main sur son torse, son ventre et son sexe qu’elle caressa quelques instants puis elle lui tourna le dos. D’elle-même, elle se plaça à quatre pattes sur sa couche en une invite muette. Reins cambrés, jambes écartées, tête enfoncée dans ses bras, elle était totalement offerte, offrant une vue imprenable sur ses hanches en amphore, son sexe blond et le sillon serpentant au creux de ses reins. Frémissant de fierté et d’excitation, Erostrastos n’avait nullement besoin d’être davantage stimulé pour se sentir prêt à l’honorer. Se plaçant à genoux derrière elle, il n’eut qu’à donner un coup de reins pour s’enfoncer jusqu’à la garde entre ses cuisses.


L’agrippant par les hanches, il commença à la labourer avec énergie, cognant son pubis contre ses fesses à chaque pénétration. Elle-même balançait en cadence son joli cul, venant à sa rencontre. Elle releva la tête et fit signe au prince, tapi dans l’ombre, de les rejoindre. Erostratos comprit ce qui allait se passer. D’une main agile, elle était en train de dégrafer les braies du Scythe qui arborait lui aussi une érection de bon aloi. Il n’eut qu’à se rapprocher pour présenter à son tour son sexe raidi qu’elle goûta du bout de la langue avant de l’avaler, sur toute sa longueur, jusqu’au fond de la gorge. Prise à la fois par-devant et par derrière, elle ondulait et tremblait au rythme saccadé des pénétrations.


Les deux guerriers qui se faisaient face, séparés par le corps blanc et opulent de la reine, ne pouvaient s’empêcher à tour de rôle de tendre les bras pour caresser les seins gonflés de la jeune femme et en pincer les tétons durcis. Elle laissait de temps à autre la lourde verge du Scythe glisser de ses lèvres, le temps de reposer sa tête entre ses bras, reprendre sa respiration et de râler de plaisir, laissant couler un peu de salive et de sueur parfumée sur l’étoffe précieuse. Puis, les yeux fermés, elle la reprenait encore plus profondément en bouche alors que dans le même temps, le pieu d’Erostratos la clouait, à coups réguliers et profonds, sur sa couche. Le Grec avait une vue imprenable sur un cul qui était le plus magnifique qu’il eût jamais contemplé. La guerre et la pratique régulière de l’équitation lui avaient fait des cuisses fines et musclées et la croupe ferme.


Il avait maintenant posé ses mains sur les fesses de la reine qu’il tenait largement écartées, laissant ainsi entrevoir le plissement ombré de l’anus et il eut un mal fou à ne pas céder à la tentation d’y planter son membre viril. Mais il avait une mission à accomplir, il fut le premier à jouir avec un cri de victoire en la gratifiant de coups de reins encore plus secs et profonds, le Scythe, lui, se contenta d’inonder la gorge de la reine avec un grognement de plaisir fort peu aristocratique. Sa semence déborda du coin des lèvres de la jeune femme qui semblait en extase. Les yeux flamboyants, elle se releva, tendit une coupe aux deux hommes et donna l’ordre au Scythe de se coucher sur le dos. Elle se mit en tailleur face à lui et entreprit bientôt un mouvement de branle énergique tout en entonnant la mélopée déjà chantée par la vieille prêtresse. Stupéfait, bouche sèche et cœur battant, Erostratos constata que leur vigueur revenait. À la seule vue de cette main montant et descendant le long de ce membre dressé, son sexe se gorgeait déjà de sang.


Les hiérodules de Corinthe faisaient pâle figure face à la fureur érotico-guerrière de Zarina qui semblait ne plus avoir de limites. Erostratos se demanda si la Chamane n’y était pas pour quelque chose. Et les petits trépieds sur lesquels brûlaient des herbes et des graines de chanvre aux vapeurs entêtantes n’étaient sans doute pas là uniquement pour le décor. Il était devenu le dieu Priape en personne, seule divinité capable de venir à bout du désir insatiable de Zarina. Victime d’hallucinations, il voyait le Scythe se muer tantôt en satyre au sexe démesuré tantôt en centaure prêt à saillir la reine.


Cette dernière était maintenant à califourchon sur le prince, bougeant d’avant en arrière, le Scythe la laissait faire, tout à son plaisir. Le jeune grec n’y tenait plus, son érection était tellement dure qu’elle semblait être de pierre. Il vint par derrière, posa ses mains sur les épaules de la reine, la plaqua sur le ventre, et guidant son sexe d’une main sûre, il l’enfonça entre les fesses en poussant aussi loin qu’il put. Collé à son dos, il crochait ses seins lourds, avec un grognement tenant plus du fauve en rut que d’un être humain. Zarina ne criait pas, ne jurait pas, elle se contentait avec un geignement de plaisir d’écarter de ses deux mains les deux globes pour qu’il la pénètre encore plus fort. Il sentait de l’autre côté de la fine paroi le sexe gonflé de son frère de sang dont le va-et-vient devenait de plus en plus rapide. Il calqua son rythme sur le sien afin d’alterner retrait et pénétration. Ils opéraient en cadence mais il devenait difficile pour l’un et pour l’autre de se retenir. Serrant les dents, soufflant comme des taureaux, ils s’enfonçaient dans les deux orifices avec une frénésie qui allait crescendo. Leur sueur coulait à grosses gouttes, arrosant d’une pluie virile et salée la peau fine de la souveraine.


La reine gémissait de plaisir sans discontinuer. Sous les coups de boutoir de ses amants, elle finit par jouir à grands cris alors que les deux hommes se vidaient littéralement en elle, inondant son corps et sa couche. Jamais Erostratos n’avait connu un échange d’une telle intensité, car il s’agissait bien d’un échange et non d’un vulgaire coït. Ils avaient tout donné. Ils donnèrent encore plus dans les nuits qui suivirent, jusqu’à ce que ce que la reine soit grosse des œuvres de nos deux héros.


Donna-t-elle naissance à une fille, une princesse guerrière perpétuant la tradition martiale de ses aïeules ? Erostratos rentra-t-il chez lui avec un fils ? Que sont-ils devenus ? Nul ne le sait. La suite du récit s’est perdue dans la nuit des temps. Scythes et Amazones ont disparu. Seuls demeurent aujourd’hui leurs tumulus, relief d’un extraordinaire destin, celui des derniers des peuples libres, qui avaient su donner à la femme une place aussi honorable que celle des hommes.