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n° 18224Fiche technique25724 caractères25724
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15/01/18
Résumé:  Se confronter au monde réel est un épreuve. Dieu me pardonne.
Critères:  fh fhh extracon religion hmast fellation pénétratio sandwich humour -cocucont -voyeuract
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Le curé

À l’école, on m’appelait « de-de », ou « de-corvée-de-chiottes-demain-matin-de-bonne-heure-de-bonne-humeur ». La profusion de particules nous vient des croisades et de quelques acquisitions bien senties au gré de regroupements de terres et de mariages arrangés. On porte une lourde responsabilité quand on endosse l’histoire de toute son ascendance, avec son lot de brillantes victoires et celui, aussi – moins glorieux – de ses trahisons et mystères.


L’arbre généalogique de ma famille ressemble à deux tours Eiffel, avec quelques liaisons qui ne mènent à rien. Ces liaisons viennent de personnes décédées prématurément, de femmes stériles, et surtout d’une tradition qui remonte aux premières croisades, en 1095 : l’affectation d’au moins un fils à une charge religieuse. Il est ainsi d’usage, chez nous, que l’un des fils devienne ecclésiastique. À bien regarder notre arbre, on voit qu’il n’y a eu que de rares exceptions. C’était au début une façon pour les familles « de-de » de s’assurer qu’une partie de l’héritage familial serait capté par l’Église puisque le vœu de chasteté était, au moins officiellement, en vigueur depuis.


On réduit souvent la chasteté, par simplification, à l’abstinence. Il n’est est rien. C’est bien plus profond. Quand on prononce le vœu de chasteté en même temps que ceux de pauvreté et d’obéissance, on s’engage à rechercher l’amour vrai par-dessus tout. Aimer les autres sans rien attendre d’eux, sans profiter de sa position, et surtout aimer tous les autres de la même façon. L’amour vrai, c’est le même amour que celui qu’a Dieu pour les hommes, un amour chaste et absolu.


Jeune, j’étais assidu et discret, travailleur et obéissant. Il se trouve qu’au surplus j’étais le troisième fils et que mes frères, l’aîné et deux de mes cadets, étaient de véritables toupies. Nos parents, sans le dire, ont tout misé sur moi. Enfant de chœur, scout, respect scrupuleux du Carême, volontariat pour la catéchèse : j’ai eu droit à tout, et bien plus encore. L’estime que me montraient mes parents grandissait à chaque fois que je faisais un pas vers le séminaire, et quand enfin je l’ai envisagé, j’ai compris que tout m’y menait.


Rencontrer Dieu, ça se mérite et ça s’entretient. C’est un effort constant, une lutte contre ses émotions et ses instincts, une lutte qui vous grandit, qui vous rapproche de Lui. De mes stages en cloître j’ai tiré une grande capacité de concentration, de méditation. Je faisais la fierté de ma communauté religieuse dont je suis devenu, en quelque sorte, une référence. À la fin de mon noviciat, j’ai intégré une paroisse en déshérence qui peinait à attirer des fidèles, et encore plus à conserver les siens. Le monde moderne est d’une cruauté grandissante, consumériste et individualiste, basée sur la performance et l’exploit, sur la reconnaissance de l’individu. On en perd la notion de société, de bien commun, de bénéfice partagé, au profit de l’accumulation pour soi-même.


J’ai considéré ça comme une chance, finalement, d’être ainsi exposé et mis en danger dans les convictions intimes, dans ma recherche de Dieu.


Mes parents, eux, ambitionnaient qu’un jour je puisse gravir les échelons, devenir évêque, ou même archevêque. On ne comptait plus les arrière-grands-oncles qui avaient fait cet honneur à la famille, et les arrière-arrière-grands-oncles qui avaient siégé au Vatican. Mais je n’avais d’autre ambition que de servir au mieux le Sauveur en me montrant humble et détaché, chaste et obéissant, en vivant du minimum nécessaire. J’avais la foi chevillée au corps.


Je peux vous assurer que c’est difficile parfois, surtout durant les premières années. Quand il faut prendre en charge le chagrin des familles qui enterrent un proche, les ramener vers Jésus, puis les accompagner jusqu’aux sépultures, c’est difficile de garder son détachement. C’est difficile de célébrer le mariage de deux personnes qui semblent mal assorties, ou ne viennent le faire à l’église que pour des raisons de convenance. On essaie, on tente, on rêve de les ramener sur le droit chemin, mais on sait que le plus souvent on échoue. C’est difficile d’entendre les confessions des pécheurs et de les en absoudre contre quelques prières. Les atrocités qu’on doit garder pour soi, seul intermédiaire avec Dieu, sont lourdes à porter sur terre. Et que dire des confessions d’adultères, reçues de femmes ou d’hommes qui, quelques mois ou quelques années avant, ont juré devant vous fidélité et amour éternel à leur époux ?


Il m’est arrivé fréquemment – et j’ai considéré cela comme une épreuve – qu’un pécheur (ou une pécheresse) tienne à entrer dans les détails, insiste pour que je sache tout de sa forfaiture, que j’entende les plans machiavéliques qu’il avait échafaudés pour échapper à la mise au jour de ses écarts de conduite.


Voir madame Siméon, cette fidèle de mon église, réciter ses cantiques à genoux devant l’autel alors qu’une heure avant son mari m’avait raconté par le menu comment il était venu à bout des réticences d’une jeune veuve pour se faire pratiquer des caresses bucco-génitales alors que sa femme était à la messe et le croyait au lit avec quarante de fièvre fut une épreuve parmi d’autres. Madame Siméon venait me demander souvent l’absolution pour des broutilles alors que son mari voulait obtenir le pardon, comme pour remettre le compteur à zéro et pouvoir s’adonner dès son sortir de l’église à je ne sais quelle bacchanale.


Je devais lutter, tout le temps, contre la tentation de juger. Je ne suis pas là pour ça. Mais c’est compliqué, croyez-moi, quand la morale est à ce point bafouée.


Au surplus, je devais lutter aussi contre moi-même, contre mes émotions, contre mes ressentis d’homme. Prêtre ou pas, je suis d’abord un homme. Et quand un homme entend des confessions scabreuses, même dans l’isoloir, il se peut que ses émotions prennent le dessus. Un instant. Un instant seulement, mais c’est terriblement difficile.


La première fois que j’ai réalisé à quel point c’était difficile, c’était lors de la confession d’une « de-de » amie de mes parents. Elle avait 22 ans, et officiellement sa vie était assez lisse et convenue. Mais elle était en réalité totalement délurée et s’en cachait bien. Elle était fiancée à un autre « de-de » et devait se marier quelques mois plus tard. Seulement voilà, si son futur époux – un fidèle de la messe du dimanche – était resté bien sage, elle n’y était pas parvenue. Elle avait fait des bêtises lors d’une soirée un peu trop arrosée et avait perdu à l’occasion sa vertu et son hymen. Elle pleurait dans le confessionnal en me racontant sa soirée, et moi j’ai dû lutter contre une érection inopportune. Je dois bien l’avouer, des images assez nettes de ce qu’elle avait vécu ce soir-là me parvenaient à l’esprit comme des agressions de Satan qui voulait m’éprouver. Elle utilisait des mots choisis, des paraboles, des images, pas des mots crus, mais les images étaient nettes.


L’image d’une jeune fille vierge à genoux le dos contre un arbre, un organe sexuel masculin dans sa bouche, les seins à l’air, la bave qui coule, le garçon qui avance et recule son bassin pour chercher son plaisir.


L’image de la même jeune fille qui perd tout contrôle, s’appuie contre l’arbre en tendant ostensiblement sa croupe au garçon qui en profite, s’approche d’elle le sexe tendu et la prend sans tendresse, lui arrachant un cri de douleur, puis la pistonne sans ménagement.


L’image de cette jeune fille qui me raconte est une image sonore aussi. Je l’entends crier de douleur, puis lui dire qu’elle aime ça, lui demande de continuer et pousse un cri aigu quand son plaisir vient.


L’image de cette jeune fille qui pleure de joie, de cette joie qui naît d’avoir bravé l’interdit, d’avoir perdu sa virginité, d’avoir éprouvé du plaisir à cet acte animal, d’avoir senti une semence chaude et gluante couler sur ses fesses lisses. La débauche et la luxure – vade retro, Satanas ! – la débauche à laquelle j’ai été involontairement mêlé quand mon sexe est devenu dur et que discrètement j’ai caressé pour l’apaiser jusqu’à ce que lui aussi expulse le trop-plein de sperme qui me saturait les bourses.


Eh oui, je dois bien l’avouer maintenant : j’ai éjaculé dans le confessionnal pendant qu’une petite salope mouillait encore alors qu’elle me demandait l’absolution, à quelques mois de ses noces.


Ce fut en vérité ma première entorse à mon vœu de chasteté. J’avais presque convoité cette ex-pucelle, et si Dieu ne m’y avait pas aidé, j’aurais sans doute moi aussi profité de ses largesses en engouffrant mon inutile engin dans sa petite bouche accueillante. Dieu, merci – et c’est de circonstance – de m’avoir aidé !


Les semaines qui ont suivi, j’ai été pris par des doutes douloureux. Étais-je toujours digne de ma charge, digne de servir l’Église après cette incartade ? Je m’en suis ouvert à mon évêque, un mercredi matin, alors que je lui avais demandé audience. Il a été fort doux et à l’écoute. Il a entendu mon désarroi, ma détresse, et m’a consolé de mes maux. Quand il m’a avoué que lui aussi, dans sa jeunesse, avait été pris de tentations diaboliques, j’ai compris que je pouvais être pardonné, un jour, par notre bon Seigneur. Dieu me mettait à l’épreuve, me testait, et me pardonnerait mes erreurs parce qu’il est bon, qu’il m’aime comme il aime tous les hommes.


Je suis rentré rasséréné dans ma paroisse, sûr d’être plus solide dorénavant.


Avant ses noces, la jeune « de-de » est revenue me voir plusieurs fois pour que je l’entende en confession. Elle avait fait pénitence et luttait elle aussi contre la tentation. Elle s’était juré de rester dorénavant fidèle et de ne plus ouvrir les cuisses que pour son mari, le moment venu. Elle n’y parvenait pas vraiment, il faut dire, mais elle faisait beaucoup d’efforts. Je savais, quand je la voyais approcher timidement du confessionnal, que j’allais encore subir des tests fatigants. Et même avant qu’elle ne commence à parler, je savais que ma lutte contre moi-même ne faisait aucun progrès : je bandais dès le premier instant et jusqu’à ce que je me satisfasse, discrètement, pendant qu’elle pleurait en me racontant ses frasques. Quelle salope !


J’étais réduit à imaginer son corps gracile, ses seins que je devinais petits, son sexe que je voyais rose et imberbe, ses fesses qu’elle cachait pourtant bien sous ses robes plissées, et ses cris de gougnasse quand elle montait aux rideaux. L’imagination, Monseigneur, l’imagination joue souvent des tours pendables. Je me suis convaincu, durant cette période, qu’il me serait plus aisé de lutter à l’avenir si au moins une fois, rien qu’une fois, je pouvais assister à un accouplement. Assister seulement, bien sûr, pas participer. Mais parler de choses qu’on ignore relève du fantasme, et c’est peut-être ce côté fantasmagorique qui nuisait à mon pieux équilibre.


Naturellement, j’ai bien pensé à me rendre dans un cinéma pour adultes, mais on me connaît trop dans la région et je n’aurais pas pris le risque d’être reconnu.


À l’époque, Internet n’existait pas.


J’ai attendu en espérant que l’occasion se présente un jour, et en priant pour qu’elle ne se présente jamais. La honte que j’éprouvais à mes débuts en me masturbant dans le confessionnal a petit à petit disparu, si bien qu’il était devenu habituel que je demande des détails aux pécheresses pour me motiver.


La libération que je souhaitais en la redoutant est venue d’un pécheur, un habitué de l’église que je trouvais jusque-là assez faux, assez cachotier. Il venait régulièrement se confesser mais je sentais bien qu’il ne me disait pas tout, et je n’insistais pas, bien entendu.


Puis un jour j’ai reçu son épouse, dévastée par un épisode assez fâcheux de sa vie. Elle s’était laissé séduire par un bellâtre et avait succombé à ses avances. Elle avait réalisé, alors qu’elle se faisait saillir, qu’elle n’avait jamais éprouvé un tel plaisir avec son légitime époux. Ce qu’elle était venue me confesser, c’était tout à la fois un adultère dans tout ce qu’il a de plus sordide, et un goût prononcé pour la luxure, ce qui est encore moins catholique. Les détails qu’elle s’est cru en devoir d’exposer devant moi me firent en gros le même effet que l’exposé de la défloration de la jeune « de-de » : je me suis mis à bander, et sous ma soutane j’ai secoué mon sexe jusqu’à m’en mettre partout. Je la voyais bien, la bourgeoise, se cacher dans une grange pour se faire prendre par son amant, hurler de plaisir, repartir le dos griffé et le sexe gluant. Elle était avare de détails mais je me suis surpris à lui poser des questions, à lui demander des précisions, jusqu’à ce que je jouisse. Il faut dire qu’une fois partie, elle avait du mal à retenir les relents de ses émotions illicites.


La confession de son mari, la semaine suivante, a pour le coup pris un tour tout à fait inattendu. Marcel – je tairai son nom par délicatesse – savait qu’il portait des cornes. Son épouse, en revanche, ne savait pas qu’il savait. Il la surveillait de longue date et s’était trouvé des postes d’observation pour pouvoir la regarder quand elle était avec un homme. Ce que j’ai appris – et que madame avait soigneusement évité de me dire – c’est que ça durait depuis fort longtemps et qu’elle avait eu plusieurs amants, parfois en même temps.


C’était la première fois qu’entendre un homme me parler de sa femme me mettait dans un tel état. C’était aussi la première fois que mon sexe raidissait à nouveau alors que je venais à peine de me satisfaire. Ce fut également la première fois que je me suis masturbé une troisième fois alors que le monsieur était parti, tellement ce qu’il m’avait confessé était moche. J’étais loin de m’imaginer, jusque-là, que l’humain pouvait faire preuve d’une telle dépravation. J’ai conseillé au fidèle, avant de l’absoudre pour son voyeurisme non-assumé, de tout avouer à sa femme.


Ce qu’il fit sans détour, du moins c’est ce que me révéla son épouse quelques jours plus tard.


Elle se montra atterrée, démolie, salie, désespérée de savoir que son mari savait tout. Mais elle ne savait pas que je savais qu’il savait, et encore moins que quand elle me racontait tout ça je secouais mon sexe. Ça m‘excitait terriblement, à mon grand désespoir.


Madame m’a parlé de sorcellerie, de possession par le démon, de sort qu’on lui aurait jeté, tout ça pour finalement ne pas assumer qu’elle aimait se faire prendre en douce, se faire limer, se faire baiser. Je mettais les mots de son mari sur ses phrases à elle, ampoulées et absconses. La réalité de ses activités occultes était plus proche de la baise que de l’amour, mais elle hésitait encore à en convenir. Je lui ai donné quelques conseils de bonne tenue et l’ai assurée de l’amour du Christ avant de la libérer.


Son mari est revenu, penaud, me dire qu’il avait tout dit. Évidemment, je ne pouvais pas lui confier ce que j’avais entendu sous le sceau de la confession, mais je savais tout, ou presque tout. Madame avait juste oublié de me dire qu’elle avait autorisé son mari à venir regarder de plus près, et qu’en échange il l’avait autorisée à continuer. Monsieur voulait obtenir l’absolution pour des péchés à venir, ceux qu’il commettrait en consentant à l’adultère de son épouse et qui doivent relever du pêcher de luxure, et ceux dont il se rendrait coupable en l’incitant à remettre le couvert, ce qui me semblait relever de la connerie ordinaire.


Et quand il m’a demandé si l’Église autorisait que des couples se confessent de concert devant le même ministre du culte, j’ai répondu de façon ferme que non, il n’en était pas question, que la confession était de l’ordre de l’intime, de l’individuel, que c’était impossible. J’ai ajouté de façon malicieuse qu’en revanche il me serait tout à fait loisible de venir à leur rencontre pour discuter avec eux, mais pas dans un confessionnal. Quand monsieur est parti, j’ai levé les yeux vers le ciel pour implorer le pardon et supplier mon maître de me préserver du pire. J’avais bien conscience que je courais vers une tentation encore plus forte, plus difficile à contenir ; un risque ultime.


C’est madame qui a évoqué la première la suite de ma proposition incongrue. Elle m’a avoué que son mari lui avait parlé, savait que je savais, et souhaitait que je vienne les rencontrer pour parler de tout avec eux, leur donner un éclairage divin pour une problématique purement humaine. « Vous seul pouvez comprendre… » m’a-t-elle lancé. Je me demande encore comment elle a pu dire une telle ânerie.


Il existe aujourd’hui des psychologues pour couples. À l’époque, le prêtre avait cette fonction. Je ne sais pas si les psychologues parviennent à prendre de la distance quand on parle devant eux de relations conjugales, mais moi j’avais du mal. Madame m’exposa par le menu ses goûts en matière de sexe, parlant de rythme, de taille, de langage approprié, de positions préférées, de chaleur, de raideur, de sperme, de fellations, de claques sur les fesses, de bave, et même de sodomie. Monsieur intervint timidement à plusieurs reprises pour dire à chaque fois qu’il ne se sentait pas à la hauteur, qu’il ne pourrait jamais la satisfaire, qu’il était nul. Et je n’étais pas loin de penser qu’il avait raison.


Durant cette entrevue sur le mode confession au grand jour, j’ai été pris trois fois par un besoin de me rendre aux toilettes. Ils ont dû penser que j’avais un problème de prostate. La réalité était plus cruelle : il fallait que je me masturbe pour retrouver un peu de calme, tellement ce que me racontait madame m’excitait.


Au bout d’une heure j’ai mis un terme à l’entretien en leur disant qu’il fallait qu’ils réfléchissent au sens de leur vie, que Dieu les aimait comme ils étaient, et que je ne serais pas d’un grand secours pour améliorer leur sexualité. Je ne sais pas ce qui m’a pris de prononcer ce mot, mais ce fut comme si j’avais remis une pièce dans le juke-box. Madame a repris l’énumération de ses goûts, ce à quoi j’ai dû répondre que pour moi c’était tout à fait inconnu, que je ne comprenais pas ce qu’elle aimait à se faire ainsi souiller par des inconnus devant son mari cocu. Second mot inapproprié qui a fait réagir monsieur, vexé sans doute que je ne parvienne pas à comprendre ses motivations profondes lorsqu’il se faisait spectateur des exploits de son épouse et de conclure : « Vous comprendriez si vous regardiez vous aussi ; je suis sûr que même un curé banderait en la regardant se faire sauter. »


Je suis resté scotché, pétrifié, avec un sourire de ravi de tout, un sourire de con. J’allais donc me soumettre, si Dieu ne m’en dissuadait pas entre-temps, à l’exposé d’une luxure avilissante. Le risque, évidemment, était que l’état dans lequel ça me mettrait, selon toute vraisemblance, s’avérât impossible à dissimuler : j’irais donc en soutane large, histoire de ne pas trop m’exposer.


Rendez-vous fut pris un jeudi soir, après mes corvées. Je m’étais abstenu ce jour-là de recevoir en confession pour m’éviter que des idées farfelues supplémentaires me soient transmises. Madame m’avait assuré que son amant savait qu’il y aurait des « spectateurs », que je serais dans une espace sombre, et que tout se passerait derrière un miroir sans tain. Le mari cocu serait lui dans la chambre, avec madame et son serviteur d’un soir. Ainsi, mon identité ne serait connue que d’elle et de son mari, l’amant pensant que l’observateur anonyme serait trop timide pour se montrer.


Ce soir-là, je crois que j’ai touché du doigt (c’est une parabole) ce que la luxure peut avoir de pire. Madame a montré à son amant d’un soir à quel point elle aimait la queue, à son mari à quel point il était insuffisant, et à moi le pire de ce que puisse donner à voir une femme de bonne famille.


J’ai imploré mon Dieu et maître de m’aider à garder mon calme devant cette orgie, mais il avait peut-être autre chose à faire. Pour la première fois de ma vie je me suis masturbé, nu, en regardant une femme un peu grasse à genoux sur une couche se faire prendre brutalement par un garçon bien membré, qui visiblement savait se servir de sa virilité. Tout ça avec le mari, nu lui aussi, qui secouait son petit sexe mou, la bouche ouverte, d’un geste frénétique et ridicule. Pour la première fois de ma vie j’ai accueilli ces images salaces avec plaisir, avec autant de plaisir que quand j’ai introduit mon pouce dans mon anus au moment propice.


« Quelle honte, mon Père… me suis-je dit alors que les effluves d’une chatte en chaleur me flattaient les narines, quelle honte de se livrer ainsi sans pudeur à une telle bite roide ! Quelle honte, mon Père, de se servir ainsi d’un cul, fût-il consentant. Quelle honte, mon Père, de hurler de telles insanités ! »


Enfin je savais, je pouvais mettre des images concrètes sur les plaisirs inavouables qu’on m’avait néanmoins avoués, et enfin j’allais être en mesure de prendre sur moi, de parler à nouveau à Dieu, mais cette fois en homme averti.


Je n’avais pas anticipé la suite, terrible, à laquelle j’ai malgré moi été confronté. Madame est allée crescendo dans la débauche, offrant sa bouche, son sexe et son cul aux assauts bestiaux de son baiseur d’un soir. Mais plus il la pistonnait, plus elle en demandait, et aussi endurant qu’il fût, l’impétrant n’était qu’un homme, et sa gourme lui a échappé alors que madame lui malaxait les couilles avec application. Après avoir engueulé le tireur précoce, elle s’est tournée vers son mari qui venait lui aussi de lâcher sa purée avec parcimonie sur la moquette.


Quand elle a fait le tour pour me rejoindre, j’ai cru mourir. La belle – je l’appelle « la belle » pour être poli, mais en réalité elle était assez quelconque – la belle, disais-je, voulait une autre queue. En s’adressant à moi, officier du culte, elle ne montra aucun doute. Et puisque me croyant invisible j’avais quitté soutane, chaussettes, slip et maillot, la vision de mon corps flétri ne l’a pas outre mesure rebutée. La bourgeoise s’est littéralement jetée sur moi, me suppliant de la baiser (ce sont ses mots) jusqu’à plus soif (également ses mots).


Mes vœux de pauvreté ? Check. Mes vœux d’obéissance ? Check. Mes vœux de chasteté ? Il me faudrait une séance de rattrapage. Je n’ai pas pu résister. Elle était trempée, elle puait le sexe, elle disait plein de cochonneries. Et je n’ai pas pu résister. Ce fut la première fois que je me servis de mon membre pour faire du bien, et à l’entendre, je m’y pris plutôt bien.


J’avoue. J’ai aimé ça. J’ai aimé qu’elle me suce, qu’elle me masturbe, qu’elle me grimpe comme le lierre grimpe aux arbres pour s’empaler sur ma virilité. J’ai aimé qu’elle aille et vienne sur moi, qu’elle me prenne les mains pour que je malaxe son opulente poitrine. J’ai aimé qu’elle me crache dans la bouche, qu’elle m’insulte, qu’elle traite son mari de pédé, qu’elle demande à son amant de lui caresser le dos pendant qu’elle se trémoussait sur moi. J’ai aimé sentir le sexe de son amant pénétrer son gros cul et frotter contre mon engin devenu utile. J’ai aimé quand elle m’a interdit de me retirer pour sentir mon « jus de curé » lui inonder la chatte alors que mon associé se vidait dans son cul. Oui, j’ai aimé tout ça, aimé au point de remettre le couvert en prenant cette fois quelques initiatives pour la satisfaire.


Il m’a fallu demander pardon à mon Seigneur et maître pour cette incartade inavouable, mais je sais que son amour est infini et que son pardon m’est acquis. Il m’aime comme il aime tous les hommes.


Je suis en revanche plus inquiet quant à mon évêque. Il m’avait rassuré la première fois que je m’étais confessé à lui, mais cette fois, après m’avoir écouté sagement, il a fait mine de ne pas comprendre. J’ai eu beau illustrer ma confession de détails gênants, il a persisté à ne pas comprendre. Jusqu’au moment où il m’a demandé de l’inviter à l’occasion pour qu’il puisse constater de visu et in situ, de façon à se faire sa propre idée.