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Temps de lecture estimé : 26 mn
18/03/18
Résumé:  Les suites de son mariage ne sont pas pour Perrine ce qu'elle croyait qu'elles seraient.
Critères:  fh hplusag pénétratio policier -policier
Auteur : Bernard Nadette      Envoi mini-message

Concours : Concours "Polar noir"
Suite de mariage

C’est le grand jour. Après près de trois ans de vie commune, ils se sont décidés, ils passent devant le maire et le curé. Ils ont prévu une semaine de congés en attendant le voyage de noces un peu plus tard.


Elle, Perrine Duroc-Lepeltier a trente ans. C’est une jeune femme de presque 1,80 m aux longs cheveux châtain tirant sur le roux, avec un visage ovale éclairé par des yeux vert huître, au menton volontaire et un nez rappelant celui de Samantha dans « Ma sorcière bien-aimée ». Son corps aurait inspiré Praxitèle. Après Polytechnique où elle est sortie troisième, elle est ensuite sortie première de sa promotion d’HEC et cerise sur le gâteau elle a hérité voici six mois, à la mort de ses parents dans un accident, d’une des plus grosses fortunes d’Europe.


Lui, Georges Couthon, de sept ans son aîné. Pas plus grand qu’elle, le visage carré, les cheveux bruns coupés court, les yeux noirs. Avec l’argent qu’il avait gagné en Amérique, il a créé à son retour en France une entreprise de services qu’il a su développer pour l’amener aux premières places du secteur.


Ils se sont rencontrés voici presque quatre ans lors d’un mariage. Le hasard voulut qu’ils fussent voisins à la même table et que le niveau de la conversation des autres convives fût particulièrement désolant. Ils ont, d’abord, passé la soirée à parler, heureux d’échapper aux banalités du reste de la tablée, puis à faire plusieurs danses ensemble. Quand trois mois plus tard leurs routes se croisèrent de nouveau lors d’une soirée, durant laquelle rendez-vous fut pris pour déjeuner dans un restaurant. Après deux autres déjeuners, suivis de promenades l’une dans le bois de Vincennes, l’autre dans le parc de Saint-Germain-en-Laye, il y eut un dîner qui fut suivi d’un petit déjeuner chez Georges. Entre ces deux repas les choses se passèrent le mieux du monde. Il se montra attentif, prévenant et résistant et elle à la fois câline et active. Bref ils furent enchantés de leur nuit. Deux mois plus tard, ils emménageaient ensemble. Quand elle perdit ses parents, la présence de Georges l’aida grandement à surmonter le choc.


Une semaine avant le mariage Georges quitta leur logement pour aller chez un ami, afin de que le jour du mariage soit un jour de retrouvailles. Il faut reconnaître que la nuit précédant la séparation, ils mirent les bouchées doubles et dormirent fort peu. Après de longs bécotages, ils passèrent à un 69, puis Perrine rompit pour s’allonger et recevoir Georges en elle. Ils varièrent ensuite les positions et quand monsieur annonça qu’il venait, elle l’emboucha et accueillit la semence et poursuivit pour le remettre en forme. Par trois fois il se répandit de nouveau en elle dont une seconde fois dans sa bouche avant qu’ils ne s’endorment au matin.


À la mairie c’est l’affluence et à l’église encore plus, il y a même des journalistes. La position sociale des mariés les a attirés. Déjà dans la presse des photos des fiancés étaient parues. Perrine s’en serait volontiers dispensée, mais ils n’avaient pu y échapper et Georges en était si fier. C’est la maire en personne qui officie. La réception qui suit est grandiose, un des plus beaux châteaux d’Île de France a été privatisé, et très internationale. Les nouveaux époux ne regagnent leur suite qu’au petit matin escortés de leurs plus proches amis qui ne les abandonnent qu’à l’entrée de la chambre. Pour dire vrai ils sont trop épuisés pour dépasser le baiser avant de s’endormir.

Le dimanche la réception se poursuit jusque fort avant dans la nuit.

Aussi le lendemain le démarrage est difficile. Georges doit se rendre à 10 h 00 à une réunion avec ses principaux collaborateurs, la seule exception à ses congés.


Il démarre à 8 h du château où ils ont passé les deux dernières nuits. Il préfère avoir de la marge pour ne pas arriver en retard. Quant à Perrine elle part trois heures plus tard. Après quelques kilomètres sur une petite route départementale, un motard fait une embardée, dérape et fait une belle glissade devant sa voiture et reste allongé sur le sol. Elle freine et se précipite. Avant de téléphoner et déplacer les pompiers ou le SAMU, voir si cela est nécessaire. Elle a son diplôme de secouriste. Elle s’approche, se penche, va pour demander « Monsieur, m’entendez-vous ? », mais avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche la silhouette se redresse et braque sur elle un revolver :



Elle reste figée une seconde et va pour désarmer le motard qui tient bêtement son arme à bout de bras au lieu de la tenir au corps, quand deux autres individus masqués jaillissent d’un bosquet.



L’un des deux arrivants lui arrache son téléphone, en disant :



L’autre arrivant la fouille, la palpant sans délicatesse jusqu’à l’intérieur de son soutien-gorge et lui passant la main entre les cuisses. Quand elle se risque à protester, il l’empoigne par le poignet en sifflant :



Il lui entrave les bras dans le dos avec des menottes après lui avoir retiré sa montre qu’il donne à l’homme qui tient déjà le téléphone en disant :



L’espoir renaît avec arrivée d’une camionnette. Celle-ci freine. Celui qui l’a fouillée ouvre la porte et la pousse dedans, tandis que le motard remonte sur son engin et que celui qui a confisqué son téléphone se met au volant de la voiture.

Un fois dans la camionnette l’homme lui passe une cagoule et la fait asseoir. Tous démarrent. Le tout n’a pas duré durée deux minutes.


Perrine perd rapidement la notion du temps, tout ce qu’elle sait c’est que cela dure. En plus en la fouillant l’homme n’a pas bien remis son soutien-gorge, celui-ci lui appuie sur les seins de manière peu désagréable au début et qui avec le temps devient plus pénible, avant de devenir lancinant au point de l’obnubiler. Avec les mains dans le dos elle ne peut se rajuster et se refuse à demander à l’homme de le faire. Inutile de chercher des bâtons pour se faire battre et de donner des occasions de se faire peloter.


Le véhicule s’arrête enfin. On la fait sortir. Elle sent qu’on la fait entrer dans une maison. On lui fait descendre une volée de marches. Les menottes lui sont retirées et une porte claque. Elle retire sa cagoule et peut enfin se rajuster en clignant des yeux éblouie par la lumière.


Elle est seule. Elle inspecte son domaine. La pièce est relativement grande aux alentours six mètres sur huit. Le plafond voûté est à plus de quatre mètres. Il y a trois vasistas grillagés par lesquels elle aperçoit des arbres et du ciel bleu. Pour ce qui est du décor, c’est sobre. Murs gris, une table, une chaise, un lit métallique, un lavabo, un seau hygiénique. En y regardant de plus près, elle s’aperçoit que le bouton près de la porte actionne la lumière des cinq appliques et que l’on peut visser sur le robinet un flexible avec une pomme de douche. Une bonde d’évacuation d’eau est à côté du lavabo, mais ni rideau, ni paravent ne l’isole.


Elle repense aux événements. Elle est à moitié surprise d’être victime d’un enlèvement. Ça fait partie des risques lorsque l’on est riche. Les ravisseurs vont contacter Georges. Elle espère qu’avec l’aide de la police il va rapidement la sortir de là. Comme début de mariage il y a mieux.

Elle est interrompue dans ses pensées par l’ouverture de la porte. Un homme masqué entre, il pose un petit appareil devant elle et lui ordonne en lui tendant une feuille de papier :



Au point où en sont les choses, elle juge qu’il est préférable d’obtempérer. Le message est bref. Elle lit :



Elle ajoute :



L’homme ramasse l’appareil et s’en va. Un autre arrive avec un plateau qu’il dépose sur la table. Il y a des lentilles avec un peu de saucisse, de la salade et une orange. L’assiette, les couverts, le gobelet sont en plastique, mais la carafe est curieusement en verre.


Immédiatement elle pense que cela peut être une arme et qu’elle doit, si elle peut, la conserver. Elle s’empresse de la poser sur le lavabo. L’éloigner sans la cacher. Quand une plus tard on vient débarrasser, la carafe n’est pas emmenée. Elle considère cela comme une petite victoire. Elle préfère ne rien tenter tout de suite, il faut mieux attendre qu’une routine s’installe, si elle n’est pas libérée rapidement.


À son avis le meilleur moment pour tenter quelque chose devrait être quand on vient chercher le plateau l’après-midi. Il y a des chances pour qu’à ce moment certains des hommes soient sortis et qu’il ne reste ainsi moins de monde. Avec l’effet de surprise elle peut avoir une chance. En attendant pour se remonter le moral elle s’efforce de voir ce qu’il y a de moins noir dans sa situation. À part les premières secondes sur la route quand on l’a fouillée et prise par les cheveux, elle n’a pas été malmenée. Sa prison n’a rien d’un gourbi puant et on ne la laisse pas mourir de faim. Maigre consolation quand même.


Le mardi se passe. Elle fait pipi sur la bonde et rince avec la douche, mais de devoir utiliser le seau la bloque. Le lendemain elle entend démarrer une voiture. Cela veut dire qu’il y en a qui s’en vont, c’est l’occasion de tenter sa chance. Elle se prépare et attend la venue du geôlier. La porte s’ouvre. Elle frappe à la tête avec la carafe. Hélas l’homme a des réflexes et ce n’est pas sur le crâne qu’elle se fracasse, mais sur l’épaule qui est légèrement entaillée. Le sang commence à s’étaler sur le tee-shirt de l’homme cagoulé. Elle s’efforce malgré tout de profiter de la surprise pour porter un atémi. L’homme le dévie en jurant :



Il s’ensuit une courte lutte durant laquelle son chemiser et son soutien-gorge sont déchirés. Comme elle essaie de le retenir, l’homme en profite pour lui assener deux claques qui la font choir sur le lit. Il se rue sur elle et lui arrache ses vêtements. Elle se défend avec l’énergie du désespoir. Une nouvelle claque l’assomme presque. Elle ne sent plus la force de se débattre. Elle a tenté, elle a perdu, elle en subit les conséquences. Elle espère qu’en la voyant cesser de résister il cessera de la frapper. De fait après une nouvelle claque, il reprend l’arrachage de ses vêtements.

Elle va savoir ce qu’est un viol. Tout ce qu’elle espère alors c’est que cela ne dure pas trop longtemps et surtout qu’il ne récidive pas, ni que cela inspire ses complices.



Bien que le nom ait été prononcé d’une voix presque douce, l’homme saute sur ses pieds et semble un moment désorienté. Il baisse la tête et bredouille :



L’homme se tourne lentement vers elle :



Perrine n’a pas répondu recroquevillée tremblante sur le lit. Une fois Juan sorti, l’homme lui dit :



Toujours tétanisée, Perrine reste encore muette. Il reprend :



Il sort la laissant seule. Elle a retrouvé un peu de calme quand l’homme revient. Il s’approche d’elle. Elle se contracte. Il lui tend deux petits tubes :



Machinalement elle tend la main et docilement avale le contenu d’un des tubes.



Il s’assoit sur le lit à côté d’elle. Quand il lui prend les poignets pour écarter ses bras de ses seins, elle ne résiste pas. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a confiance. De fait il se montre particulièrement délicat. Quand il a fini, il se lève et entreprend de balayer la pièce en lui disant :



Après avoir fait disparaître tous les éclats de verre, il ressort et revient avec un paquet qu’il dépose au pied du lit. Durant tout ce temps Perrine qui a retrouvé son sang-froid l’observe. Une chose l’étonne, il ne porte pas de masque. Elle a du mal à lui donner un âge cinquante ans peut-être avec ses cheveux poivre et sel ? Il est grand, plus grand que Guillaume, plus large aussi. Il se dégage de lui une sorte d’aura d’autorité et de puissance et malgré cela une certaine grâce. En d’autres circonstances, c’est le genre de personne à qui elle aurait fait confiance. Et elle se dit qu’elle aurait eu tort : c’est un truand et visiblement c’est le chef à voir comment l’autre a filé doux devant lui. Elle note aussi et cela peut être utile pour la suite que contrairement aux autres, il parle le français sans aucun accent, mais de ce qu’elle a pu en juger l’espagnol aussi.


Une fois qu’il est sorti, elle achève de retirer ses habits en lambeaux et met le survêtement qui lui a été laissé. Il y a aussi un slip, des chaussettes et même des chaussons, par contre pas de soutif. Tant pis elle s’en passera, déjà bien heureuse d’avoir ce qu’elle a.


Après cette journée de merde, la routine s’installe. Elle s’habitue au seau pour faire ses besoins et à la douche ouverte, malgré l’appréhension de se faire surprendre par l’arrivée d’un geôlier ou même de se faire épier.


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La réunion est sur le point de s’achever quand le téléphone de Georges vibre. Il jette un coup d’œil c’est Perrine. Il décroche :



La communication est coupée sans que sa chérie prononce un mot. Mais ce n’est qu’une demi-heure plus tard qu’il rappelle.



Une voix inconnue lui répond :



On lui passe le message enregistré. La voix reprend :



La communication est coupée, le laissant perdu et hésitant. Que doit-il faire ? Prévenir la police ? Il choisit de ne pas le faire pour l’instant et d’attendre l’appel des ravisseurs. Il rentre à la maison. En arrivant, il trouve la voiture de sa femme garée devant l’entrée avec un mot sur le pare-brise : « Les clefs sont dans la boîte aux lettres. » Dans celle-ci il trouve aussi le téléphone et la montre de Perrine. Il rentre les deux véhicules et attend nerveusement le coup de fil. L’attente n’est pas longue. Le téléphone sonne :



Le téléphone est raccroché. Il est toujours aussi hésitant sur la conduite à tenir. In fine il décide de ne pas mettre la police dans le circuit et de régler seul l’affaire. Il passe une semaine agitée et active dans l’attente du coup de fil. Ce qui est aussi pénible en plus de l’attente ce sont les coups de fil des amis et les explications vaseuses qu’il faut leur donner pour expliquer que Perrine n’est pas joignable. Le samedi enfin le téléphone sonne avec un numéro inconnu, différent de celui du premier appel. « Les ravisseurs doivent appeler de cabines. » pense-t-il.



Il y a un déclic et il entend la voix de Perrine :



Après quoi elle donne la date du jour et les titres du Parisien et finit par :



La voix masculine reprend :



Georges tourne comme un ours en cage. Une heure plus tard. Nouvel appel d’un numéro encore différent.



Georges reste abasourdi, mais se ressaisit rapidement. Il a à peine posé sur la table la mallette qu’il a préparée, que l’interphone sonne :



Dans quelques secondes l’homme aura traversé le jardin et sera là. De fait la porte s’ouvre. Georges se pétrifie :



Georges ouvre la mallette et en sort un pistolet. L’homme le regarde presque amusé :



Une voix féminine résonne :



Furieuse, elle s’approche pour le gifler. Il la pousse violemment vers le commandant, aux pieds duquel elle tombe. Il sort un second pistolet avec un rictus mauvais :



Une voix retentit derrière Georges :



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Un peu plus tôt dans la journée Perrine voit la porte de sa prison s’ouvrir. Ce n’est pourtant pas l’heure du repas et ce n’est ni un des hommes masqués habituels, ni leur chef qui entre, mais une jeune femme pas très grande, d’à peu près son âge aux cheveux noirs de jais nattés. La tenue de moto moulante révèle des formes plutôt plaisantes, mais la partie gauche de son visage porte des marques et des cicatrices qui mettent Perrine mal à l’aise. La nouvelle arrivante la dévisage un moment et lâche :



Perrine n’en croit pas ses oreilles. Elle ne comprend pas. L’autre insiste :



Elle ne doit pas laisser cette occasion. Elle se posera des questions plus tard quand elle sera sortie :



De fait, elles ne croisent personne. Dans l’entrée la jeune femme tend à Perrine une veste en cuir et un casque. Dehors une moto les attend. Perrine s’installe derrière. À un carrefour, en voyant une voiture de gendarmerie, elle est tentée d’alerter, mais la curiosité l’en empêche, elle aimerait comprendre, les tenants et les aboutissants de cette histoire. Moins d’une heure plus tard elle est derrière chez elle. L’inconnue ouvre une sacoche et en sort le sac à main de Perrine :



Perrine désactive le système d’alarme de porte arrière et conduit sa libératrice où elle le désire. C’est ainsi qu’elle a la désagréable surprise de constater combien son mari l’aime et tient à elle, ce qui la fait jaillir de son poste d’observation.


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Georges a pâli jusqu’aux cheveux. Il lâche ses armes sans essayer de faire le malin. Il sait qu’avec Sofia même à 30 mètres il n’aurait guère de chances. Perrine attrape un pistolet pour abattre ce salaud, mais celui qui est appelé « le commandant » lui attrape le poignet :



Tremblante elle reste un moment figée, avant de hurler.



Georges ne se le fait pas dire deux fois, après avoir jeté un regard craintif derrière lui redoutant visiblement de se faire abattre par l’autre jeune femme, il se précipite vers la sortie.

Après qu’il a disparu, Perrine s’effondre en larmes sur l’épaule du commandant. Dix minutes plus tard retrouve un peu de calme :



Perrine se tourne vers Sofia :



Le commandant se dit que l’avenir de Georges s’est obscurci d’un coup. L’héritière va planter les crocs dans l’objet de sa haine et ne le lâchera plus avant qu’il soit exsangue.


De fait les semaines suivantes s’avèrent des plus délicates pour Georges Couthon.

Les deux femmes sont devenues des amies qui se voient régulièrement pour discuter de l’avancement des procédures.

Perrine ne s’arrête pas là elle décide aussi de passer des contrats avec la société d’artisanat du bois qu’a créée le commandant Bernard Laryag et où il emploie une demi-douzaine de survivants centre-américains qu’il n’a pas voulu abandonner et qu’il a fait venir en France.

Pour la remercier il l’invite un soir au restaurant. Il passe la prendre à 20 heures. Au cours de la conversation elle lui demande :



Perrine, en voyant les larmes venir aux yeux ce son interlocuteur, s’empresse de changer de sujet. Il réussit à se reprendre, mais on sent sa tristesse. Elle songe à ce qu’elle a pensé la première fois qu’elle a vu Bernard : une personne qui inspire la confiance. En définitive elle avait eu une bonne impression.


Le repas terminé il la raccompagne. Arrivés à destination, elle lui propose de venir prendre un café ou une tisane. Il opte pour cette dernière. La conversation se poursuit. Au moment où Bernard se lève pour prendre congé, Perrine s’approche, mais au lieu de la bise sur la joue, elle l’embrasse sur les lèvres.


Elle s’est sentie attirée par Bernard depuis qu’elle l’avait vu la première fois, bien que les circonstances y soient peu propices. Elle est maintenant sûre d’avoir trouvé l’homme avec lequel elle veut partager sa vie. Elle sent aussi qu’elle ne le laisse pas indifférent, mais aussi que sa fortune et son âge doivent l’empêcher de se risquer à quelque approche. Comme elle n’est pas du genre à attendre qu’un miracle se produise en priant le Ciel et ayant compris que si elle veut faire bouger les lignes elle doit prendre l’initiative. Elle agit en conséquence et cette soirée est l’occasion rêvée.


Avant de se lancer, ce n’est pas une patronne prévoyante pour rien, elle a pris la précaution de sonder discrètement son amie Sofia pour voir s’il n’y avait rien entre elle et Bernard, car elle s’était rendu compte de leur proximité. Mais rien, Bernard la considérait comme sa fille et Sofia le considérait comme son père, même si Perrine a senti qu’il fut une période où elle aurait volontiers envisagé autre chose.


Bernard est surpris et pense à une maladresse. Il se recule un peu et bredouille :



Passant au tutoiement :



Et de le prendre par le cou et de l’embrasser de nouveau sur la bouche. Cette fois-ci point de recul, il comprend qu’il n’y pas maladresse et que la chose est délibérée. Il la prend dans ses bras et répond au baiser. Il est pris dans un tourbillon d’émotions. Il trouvait à la jeune femme beaucoup de charme, de bon sens et de volonté, mais comme le soupçonnait Perrine, bien qu’il fût attiré par elle, il n’envisageait aucunement une relation autre qu’amicale entre une jeune femme au physique à damner un saint, à la fortune au nombre de zéros à donner le vertige et en plus secouée par son histoire avec Georges, de quoi vous rendre circonspect avec les hommes. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse le regarder avec les yeux de l’amour un homme en âge d’être son père, ancien mercenaire ayant bouleversé sa vie pour ne pas dire dévasté. Quand leurs lèvres se séparent. Il retrouve un peu de raison :



De nouveau leurs lèvres se joignent en un baiser fiévreux. Quand ils s’écartent un peu pour reprendre souffle, il dit :



Elle l’entraîne en riant. Elle ouvre une porte, celle de sa chambre. Un nouveau baiser les unit. Toute hésitation envolée, Bernard entreprend de déboutonner la robe de Perrine. Elle ne porte rien en dessous. Dire qu’il ne s’en était même pas aperçu ! Une fois nue, elle n’entend ne pas être la seule. Elle s’attaque au costume de son hôte. Quand tous deux se retrouvent dans la même tenue minimaliste, elle l’entraîne vers la salle de bain. Ils se savonnent mutuellement.


Elle le découvre. C’est un bel homme grisonnant et malgré cela musclé, au visage allongé, au nez droit, des yeux marron dans lesquels elle ne voit que de la tendresse. Il la dépasse de dix centimètres. Elle remarque plusieurs cicatrices. Elle ne pose pas de questions. Ce n’est pas le moment de lui faire raconter ses souvenirs de guerre. Lui avait déjà eu un aperçu de son anatomie en la soignant. Ce qu’il voit ravirait le plus exigeant des hommes. Il est ébloui qu’une telle femme qui pourrait avoir tous les hommes à ses pieds l’ait choisi lui.


Quand ils sont secs, il la soulève dans ses bras sans effort, ce n’est pourtant pas demi-portion et la dépose sur le lit. Il l’embrasse sur les seins, puis le ventre avant d’atteindre ses trésors secrets. Elle apprécie. Il est doué et sait se servir de sa langue avec brio. Elle prend une première fois son plaisir. Elle ne veut pas être en reste. Elle se redresse, elle gratifie le sexe fièrement dressé de Bernard de quelques bisous, avant de l’attirer sur elle et en elle. Elle referme bras et jambes autour de Bernard. Il s’active en elle qui prend son plaisir, mais elle maintient son enserrement jusqu’à ce qu’il se répande en elle. À la suite de quoi elle le libère pour pouvoir s’atteler à une fellation dans les règles de l’art. Il réagit rapidement à ce traitement et retrouve une raideur du meilleur aloi. Elle poursuit un peu et se met à quatre pattes. L’invite étant on ne peut plus claire, Bernard se place derrière elle et la pénètre. Elle lui fait comprendre que trop de délicatesse n’est pas forcément de mise à ce moment-là. Message reçu. Elle se trouve un peu secouée ce qui présentement n’est pas pour lui déplaire. Commencée sous de si favorables auspices, la nuit se poursuit comme elle a commencée, alternant des moments de tendresse à d’autres plus gaillards. Le matin éclaire les amants enlacés. De ce jour ils se voient très régulièrement.


Peu après cette première nuit mémorable la nouvelle tombe : Georges s’est tiré une balle dans la tête, avant même que les procédures soient arrivées à terme. Avant de se suicider, il a envoyé une lettre à Sofia où il lui annonce qu’il a déposé un testament chez son notaire et lui demande pardon. Sofia et sa fille se retrouvent héritières de ses biens. La jeune femme prend la tête de l’entreprise de feu son « mari », au début aidée par un administrateur conseillé par Perrine, avant de fort bien se débrouiller toute seule.


C’est en aidant Sofia à faire du tri dans les papiers de Georges qu’un nouveau coup frappe Perrine. Dans une chemise, elle découvre des papiers concernant l’aéroport où ses parents avaient leur jet privé que son père pilotait le plus souvent lui-même. Il y a aussi des plans détaillés de l’avion avec des marques diverses et enfin un papier griffonné avec le jour et l’heure du dernier décollage de son père avant que l’avion ne s’écrase. Elle est abasourdie. Ce qu’elle tient en main montrerait que l’accident de se parents est probablement dû à un sabotage. Elle est effondrée. Georges a machiné le mort de ses parents, cela devient une certitude après qu’elle ait montré les plans à un spécialiste, les marques indiquent les points faibles de l’avion. Jamais il ne s’était montré aussi prévenant qu’à ce moment se remémore-t-elle. Il avait bien calculé son coup. Elle héritait, il a laissé passer un délai raisonnable et lui a demandé sa main. C’était le jackpot. Et en plus si elle mourait…


Ainsi indirectement, parce qu’elle n’avait pas su repérer un prédateur, elle était à l’origine de la mort de ses parents. Cela la plonge dans une sorte de dépression. Heureusement, les obligations que lui imposent les sociétés du groupe, l’amitié de Sofia, mais surtout la présence de Bernard la font sortir de son marasme.


Malgré cela ou peut-être à cause, elle décide de demander à Bernard de l’épouser. Celui-ci ne se décide pas à demander sa main, ne voulant pas avoir l’air de s’intéresser à la fortune de Perrine. Elle s’en doutait, aussi est-ce la raison pour laquelle de nouveau c’est elle qui prend l’initiative. Le mariage a lieu dans l’intimité. Sofia est le témoin de la mariée, avant de devenir la marraine du premier né du couple.




* atan : femme

** xcunyah : sorcière