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n° 18299Fiche technique7697 caractères7697
Temps de lecture estimé : 5 mn
20/03/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  Pour éviter que la routine s'installe...
Critères:  fh fouetfesse délire humour
Auteur : Samuel            Envoi mini-message
Donnez un coup de fouet à votre vie sentimentale

Évidemment, le lieu était une invitation à l’exorbitant. Imaginez un peu : une piste de cirque abandonnée. De la sciure de bois, encore imbibée de l’urine des chevaux et des ours savants. Moi, je savais par avance que Mélanie allait succomber. Le cirque était parti la veille au soir après la représentation. Des confettis donnaient au sable un peu de cette gaieté qui rend triste.


Nous nous sommes d’abord promenés tout autour de la piste. En allongeant le pas. En livrant délibérément nos narines aux effluves animales et commerciales de la fête qui avait été. Puis Mélanie est entrée dans le cercle. Un moment d’émotion. Elle a entamé un petit trot, en ramenant sa jambe droite à chaque foulée et en dodelinant de la tête. Elle secouait sa crinière en marquant le rythme de ses talons andalous. Puis elle se mit au galop. Mais un galop de gala, chaloupé, bien cadencé.


Au second tour, elle s’arrêta et salua. J’ai crié : « Bravo ! » et je suis entré à mon tour dans l’arène. J’avais mon fouet. J’ai toujours mon fouet à portée de la main. Il est en cuir de vachette tressé et long de douze mètres. Mélanie le redoute, mais elle ne peut s’en passer plus d’une semaine. Je commence par le faire claquer dans la solitude du soir émeraude.


Alors débute le numéro. Un premier coup de fouet fait sauter le talon de son pied droit, et avant qu’elle ne reprenne son équilibre, celui du pied gauche est enlevé dans le firmament. Elle tombe dans les copeaux et un troisième coup de fouet lui descend la jupe aux genoux. Elle se redresse avec dignité.


C’est alors que chacun de mes coups va déchirer les habits de Mélanie. Bien sûr, d’aucuns peuvent penser qu’il s’agit de vêtements en papier qu’on jette après usage. Eh bien, non, nous n’achetons que la soie la plus fine, la plus chère. Par exemple ce corsage en mousseline du Pendjab est hors de prix, et nous le sacrifions pour la beauté du geste. Il est déjà en lambeaux, laissant percevoir les sombres aréoles. La lanière viendra agacer la pointe des seins pour leur donner cette raideur qui transperce les tissus les plus résistants.


La jupe en soie imprimée est un modèle que j’ai trouvé chez un couturier italien dont le nom court sur toute la Via Romana. Elle tombe désormais en ruine aux pieds de ma complice lacérée, qui se retrouve en culotte fine toute en dentelle de Calais. La mèche du fouet à son extrémité est un rasoir dans la main d’un singe. À quelques millimètres près, il ouvre la peau comme un ouvre-boîte.


Mais le travail que je m’impose tous les jours que Dieu fait, et même les jours dont Dieu n’a rien à foutre, me donne une maîtrise absolue. Au début, je me contentais de couper des journaux en deux, en quatre, en huit. Puis, à force de persévérance, je finissais par remplir les cases des mots croisés. Aujourd’hui, je m’entraîne avec des bouteilles dont j’enlève l’étiquette d’une simple fouettée sans effleurer le verre. D’ailleurs quand elle est nue en culotte, Mélanie n’a jamais peur. Elle sait que le fouet viendra lécher le linge fin dans un premier temps, lui causant un primo-orgasme, et qu’ensuite il déchiquettera la délicate dentelle déjà transparente dans un frémissant claquement et le laissera retomber comme une colombe morte dans la sciure.


Elle commence à frémir maintenant. Et c’est à moi de me concentrer au maximum de façon à ce que la lanière subtile vienne chatouiller la fente avide par de rapides et audacieuses incursions. Souvent, à ce moment-là, le spectateur demande à voir le ralenti pour bien se rendre compte. Il constate alors que le bout du fouet entre dans le vagin et le pénètre de trois centimètres environ. Mélanie déguste. Un vrai bonheur. Parfois, selon mon envie, je coiffe ou je décoiffe sa toison en rassemblant tous les poils bien au centre de son pubis, comme un petit bois, ou en les clairsemant sur son bas-ventre, comme des bosquets en Sologne. Le fouet se fait peigne.


C’est à ce moment que si je veux continuer dans cette précision obsessionnelle, je dois me déboutonner à mon tour. Une érection est vite arrivée et alors la gêne qu’elle occasionne peut tout faire rater. Et d’ailleurs, la vision de mon sexe vite congestionné procure à Mélanie une curieuse sensation. Elle sent le fouet la pénétrer, mais la vue de ma verge dans le même temps fait qu’elle perd la notion de l’espace et du temps. C’est un phénomène qu’a parfaitement décrit Stephen Hawking, qui vient de mourir en y pensant encore.


La difficulté maintenant c’est d’agir avec la même virtuosité en pénétrant l’anus que je ne vois pas. Pour cela, le fouet doit passer entre les jambes et venir se ficher dans le creux des fesses avec aplomb. Il faut un certain doigté, c’est d’ailleurs ce qu’on dit dans ces cas-là. Mélanie avait quelques réticences quant à la sodomie, mais pratiquée avec fouet et élégance, elle s’est laissé convaincre. Et elle le chante sur l’air de « Jésus, que ma joie demeure » :


Tu as la manière et la lanière

ce qui fait qu’ondule mon cul

Car est-ce la caresse sur mes fesses

qui crée mon orgasme, mon gars ?

Ce serpent venimeux m’émeut,

cette corde souple s’accouple

à la régulière avec ma raie culière.

Alors que la lacérée l’a serrée

on doit miser sur la sodomisée

que le fouet effleure comme une fleur.


Il faut vous dire qu’au début de notre relation je la fouettais vraiment, crûment, sévèrement et elle m’injuriait ou me disait des mots cochons pour que je lui fasse encore plus mal. Puis nous nous aimions dans un mélange sanguinaire de plaies qui suintaient bon le sabre chaud. Eh bien, oui, on a tous été jeunes… Mais aller au travail avec des marques même joliment bleutées soulève des tas de questions de la part des néophytes :


« Votre mari vous fouette comment ? Le mien, il n’y arrive pas. Ah, l’empoté ! »

« Vous jouissez avant, pendant ou après le coup ? Moi, je jouis avant. Comme ça, le coup est inutile, vous comprenez. »

« Le mien, il me frappe. C’est un radin. Un fouet, c’est une dépense, vous pensez… »


Tous ces commentaires mettaient Mélanie un peu mal à l’aise dans ce cabinet de notaire où elle était chargée des procès verbeux. Et de mon côté, je passais la journée à effacer les traces sur les vêtements, les draps et coussins.


Voyez comme aujourd’hui tout n’est plus que poésie et délicatesses. Juste des frissons. La peau à fleur de peau, à chair de poule. Quand elle termine son chant épique, elle urine telle une jument lors du défilé du 14 juillet devant le président de la République et moi j’éjacule avec la puissance du taon sur sa taonne, tous deux sur le dos du cheval qu’ils piquent en forniquant.


Il est bien rare alors que l’on ne nous gratifie pas de quelques salves d’applaudissements bien nourris, tant il est vrai que la place où se pose un cirque est souvent bien située dans la ville. Mélanie est nue, en transe. Et ses vêtements en miettes. Bien sûr je l’entoure de ma cape, mais elle rit sous cape, car elle traverse la ville austère en ayant encore le bout du fouet dans le fion. Ce qui la fait péter dans l’ascenseur, au grand dam des voisins du cinquième qui la trouvent un peu moins mondaine.