n° 18301 | Fiche technique | 72509 caractères | 72509Temps de lecture estimé : 40 mn | 23/03/18 |
Résumé: Auteur de gonzos à la chaîne, il a tout vu, enfin... tout imaginé déjà. Sauf cette réalité-là ! | ||||
Critères: fh handicap intermast fellation pénétratio -amourdura | ||||
Auteur : Claude Pessac Envoi mini-message |
Merde ! Non ! Tout s’était si bien passé jusque-là !
Pourtant, c’était mal embouché à la base.
Quand le téléphone a sonné dans ma chambre et que je me suis trouvé en ligne avec le Môssieur le Directeur de l’hôtel himself-lui même en personne, j’ai froncé les sourcils. Le directeur ? Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? J’ai pourtant expressément demandé qu’on me foute une paix royale ! Impériale même !
Aussi, quand il m’annonce que deux jeunes femmes m’attendent au bar, je n’ai pas pris de gants.
Le Big boss du palace avait alors sorti les violons, insistant pour que je lui fasse une fleur en acceptant d’accorder quelques instants de mon temps si précieux à ces demoiselles de sa connaissance, qu’il saurait… bla-bla-bla… bla-bla-bla…
Je ne suis pas fondamentalement un mauvais bougre et j’ai fini par céder.
Lounge ! Ces grands mots, estrangers, pour qualifier un bête bar confortable avec vue panoramique sur la ville, ça me gave ! Rien que pour ça, j’ai failli l’envoyer paître. Mais il avait déjà interrompu la conversation, pour parler correct la France.
En arrivant dans le bar, j’ai immédiatement repéré les deux gazelles, de dos, assises dans des fauteuils club. Je me suis accroché un sourire hypocrite à la face avant de les aborder.
Serrage de mains, elles se présentent, Camélia, Rosa. Je garde pour moi aussi sec mes habituelles réflexions sur l’inconscience des parents qui osent affubler leur progéniture de prénoms fleuris et gracieux sans pouvoir savoir si, adolescentes et adultes, elles ne ressembleront pas plutôt à des tubéreuses potagères.
Bon, pour le coup, ils s’en sortent bien les procréateurs : les gamines sont plutôt mignonnes. Et même très-très mignonnettes. Des mignonnettes du genre qu’on décapuchonne allègrement sans s’inquiéter du tarif au litre exorbitant des consos du minibar de sa piaule.
Petites robes printanières, légères et colorées, un brin trop sages et trop longues pour affoler Popol d’entrée de jeu. Non, à vrai dire, elles n’ont pas besoin d’en rajouter, je rectifie mon appréciation première, elles sont très jolies.
Rosa, c’est vraiment Mignonne, allons voir si la rose ! Chevelure auburn frisottée, frimousse craquante, taches de rousseur, yeux verts et regard sage, style sainte-nitouche qu’avec des pincettes, ou plutôt des bonnes louches s’il s’agit d’aborder les rotondités provocantes de son corsage.
Camélia, c’est genre belle dame un peu fiérote, dont on se dit quand même qu’elle pourrait bien, très vite, descendre de son Olympe et tomber, dévote convaincue, à genoux face au Graal. La petite lueur espiègle de son regard bleu vous déshabille en effet en deux temps-trois mouvements. Blond châtain, ses cheveux longs masquent des seins plus modestes que ceux de sa commère, mais assurément aussi fiers comme leur propriétaire.
Elles me racontent qu’elles ont assisté à ma conférence dans l’amphi, qu’elles sont étudiantes en psycho donc et qu’elles n’ont pas pu me poser toutes les questions qu’elles souhaitaient. Tu m’étonnes Charles, quand l’affiche est affriolante, ça se bouscule au portillon ! Et il y avait bien quatre cents michetons et miche…thons dans le grand amphi cet après-midi. Cela dit, vu précisément le nombre de thons que j’y ai recensé, je m’étonne de ne pas les avoir repérées ces deux perles ; elles devaient être bien planquées, au fond, pour que mon regard d’aigle (hum !) ne les capte pas.
Et c’est parti mon kiki ! Pendant une heure, elles mitraillent, interrogent, argumentent mes réponses, discutent, ergotent. Une heure ! J’avais prévu de leur accorder dix minutes treize secondes maxi, le temps de siroter l’américano que le serveur a déjà mis neuf minutes à me servir, mais c’était sans compter sur leur immense soif de savoir. L’une et l’autre respirent la joie de vivre, une grande liberté et la musculature de leurs bras montrent bien leur côté sportif, accrocheur. Elles savent ce qu’elles valent et ce qu’elles veulent. Ce sont des gagnantes, cela se voit à la volonté de leurs propos, leur liberté de ton, leur détermination et leur force de caractère.
Je dois reconnaître que le temps ne m’a pas paru long en leur compagnie. Au contraire. Elles sont futées, enjouées, intelligentes et directes, notre trilogue est un vrai bonheur !
Ajoutez à cela, qu’à aucun moment, ni l’une ni l’autre n’a bougé un cil, pas de croisement-décroisement intempestif des jambes, de remontée indiscrète d’ourlet farceur, pas de provocation plus ou moins explicite. Vous comprendrez donc que je sois un peu scotché par leur demande : continuer cette conversation dans ma chambre ? Rien que ça !
Je sais, vous allez me dire, quand un blaireau de 36 piges est aussi gentiment entrepris par deux adorables minettes de 20/25 balais, normally, il ne doit pas se poser beaucoup de questions, à part se demander s’il a bien pensé à réapprovisionner son stock de petits manteaux dans la poche secrète de sa valise.
Certes !
Sauf, que si j’ai pris cette chambre, dans un palace, à dix minutes à peine de mon duplex en attique spa-sauna-mini-golf, c’est parce que j’ai besoin d’être tranquille (Oui je, sais un duplex en attique, ça s’appelle un penthouse, mais le terme est un peu pompeux, non ? or moi, je suis resté… très simple). Bref, si je suis à l’hôtel, c’est pour être peinard. Genre coupé du monde ! No phone, no sex ! No woman no cry !
Procrastinateurs mes frères, vous me comprendrez. Il se trouve que mon éditeur, qui m’a versé il y a quelque temps déjà une confortable avance (d’où le spa-sauna-mini-golf), mon éditeur donc attend avec une certaine impatience (quelle salope celle-là, puisse-t-elle lui faire du bien), mon éditeur dis-je, attend mon bouquin pour… hier. Douze chapitres de mon tapuscrit sont bel et bien imprimés sur papier, mais il me reste les deux derniers à pianoter. Bien sûr, ils sont là, dans ma caboche, constitués patiemment au long de mes insomnies, mais vous savez comment ça se passe, quand vous vous mettez au clavier, le beau roman prend parfois des tours et détours inattendus. Faut dire que mes personnages ont souvent des idées sottes et grenues qui bouleversent le cours pourtant hyper balisé de leurs aventures. Il suffit qu’il y en ait un ou une qui se révèle plus jaloux ou jalouse que prévu et la plus millimétrée des partouzes peut partir en jus de quenouilles !
Bref, pas le choix, je dois bosser, le temps n’est pas aux galipettes !
Et puis, franchement, elles sont trop fraîches mes gazelles, trop… pures (c’est encore possible à leur âge ?), trop pures pour qu’un satyre cornu s’en viennent farfouiller dans leurs tendres gazons.
Et puis non ! Non, en fait, la vraie raison, c’est que notre conversation a été si agréable, si franche, si positive que je n’ai vraiment pas envie d’en gâcher le souvenir. Une autre fois peut-être les chéries, me dis-je, un peu déconfit quand même.
Je suis donc déterminé :
Là-dessus, one, je me lève, two, je m’incline, three, je me dirige vers le bar pour faire noter les consommations sur ma note.
Je suis dubitatif dans un premier temps, estomaqué dans un second lorsque je vois le serveur qui a capté la demande attraper un fauteuil roulant et le pousser vers mes invitantes. Effondré ensuite, lorsque j’aperçois un second fauteuil en attente près du bar.
La claque, la baffe, la tourniole, le coup de bambou, de Trafalgar ! Waterloo, morne plaine !
Ah bravo, Monsieur le psychologue, vous avez un jugement infaillible ! Vous disiez quoi ? Joie de vivre, libres, sportives ?
Vous dire que je me sens con à ce moment-là est vraiment un doux euphémisme !
oooOOOooo
Après les avoir quittées, j’ai torché les quatre chapitres restants (oui, deux se sont rajoutés ino-piné-ment). Pas dormi une seconde de toute la nuit, de la matinée et même au-delà des Merveilles de la France profonde du JT de treize heures. Vous dire que j’ai pondu ce jour-là la merveille des merveilles des gorges profondes serait sans doute un tantinet exagéré, mais le plus gros est fait. Il y aura des corrections, des reprises à faire, des rajouts de sauce sperma-tonitruante à incorporer, mais bon, il y a toujours des reprises à faire, toujours des corrections à apporter…
L’accouchement cependant s’est fait aux forceps. L’image des deux mignonnettes à roulettes s’était imprimée dans mon cerveau. Je me posais douze mille questions sur leurs handicaps et mon cerveau tournait plus en mode psycho que pornographe.
Je me suis retrouvé confronté à des cas de misère sexuelle chez quelques patients dans le passé et ma formation m’avait permis de les soutenir et dans certains cas, de les ramener vers des horizons souriants. Certes ! Mais là, j’avais beau fouiller dans ma mémoire, je n’avais souvenir d’aucun cours dans mon cursus universitaire qui ait abordé tant soit peu leur réalité précise. Et pour ce qu’elles m’en avaient dit, je ne dois pas être le seul ignare en ce domaine. Elles-mêmes n’ont trouvé aucune réponse, aucun accompagnement, ni auprès des médecins à l’hôpital ni auprès des éducateurs au centre de rééducation. Tous se sont retranchés derrière les autres urgences à traiter d’abord, les priorités du moment. « On en est pas encore là », « On verra ça plus tard » : des « plus tard » prononcés avec une légèreté coupable sous-entendant « jamais » et des « On » signifiant « avec qui vous voudrez, mais pas avec moi ».
Ces réflexions étaient revenues régulièrement s’imposer alors que je m’astreignais à détailler des scènes plus en plus hots jusqu’au feu d’artifesses final. Des interrogations de psychologue consciencieux qui avaient sérieusement compliqué ma tâche de porno-pisse-copies au kilomètre. D’ailleurs, quand je dis que le psycho avait pris le pas sur le concupiscent pernicieux, je me trompe, je me cache en fait : vu l’émotion qui m’étreignait à chaque fois que me revenait l’image de leurs jambes accessoires, c’est juste le bonhomme, l’homme qui réagissait. L’homme, touché, ému, sensible, pas le thérapeute clinique, et surtout pas le queutard épistolaire. Le bonhomme qui se demandait sincèrement ce que ces deux adorables gisquettes attendaient précisément de lui.
C’est donc avec un soulagement incommensurable que j’étais arrivé au bout (et à bout) de mon pensum alimentaire et que j’avais appuyé sur le bouton Envoi de la messagerie avant de glisser le lard dans le torchon.
Rapide calcul, il me restait cinq heures de sommeil réparateur avant de rejoindre mes pénates.
Car c’est chez moi que j’avais donné rendez-vous à Rosa et Camélia.
oooOOOooo
J’ai volontairement appuyé sur le [è] de pourrais : conditionnel les filles, pas futur, histoire de bien marquer ma réserve, mon doute.
Nous sommes à table tous les trois, sur la terrasse. Au centre, le foyer sur lequel nous faisons rôtir nos brochettes, légumes et morceaux d’ananas. Camélia et Rosa sont installées sur les chaises en teck. Elles s’y sont installées toutes seules, passant sans encombre de leurs carrosses aux chaises, sans aide. Les petits bras musclés, j’ai compris ! Sur ce point, je ne me suis pas planté : elles sont de véritables athlètes.
Yes, nous nous tutoyons : c’est bien le moins, vu tout ce qu’elles m’ont déjà raconté depuis une demi-heure.
Et là, ouf, je peux dire que j’en ai pris plein la tronche ! Leurs accidents respectifs, dans des conditions quasi identiques, retour de boîte, petit matin, excès de vitesse ou endormissement du conducteur, personne ne saura jamais. Pour l’une et l’autre, le petit copain au volant, qui s’en sort indemne, pas une égratignure, et qui après deux semaines a tourné la page et court déjà d’autres aventures. Situation plus que pénible pour Rosa, en petit-couple officiellement fleur bleue avec son gars depuis près de deux ans alors que Camélia ne connaissait son partenaire que depuis quelques semaines seulement.
Après plusieurs mois d’hospitalisation, la rencontre des deux ados au centre de rééduc. Leurs doutes, leurs peurs, leurs douleurs, leurs découragements heureusement partagés et transcendés par leur amitié, par ce putain de courage qu’est le leur, cette incroyable force et envie de vivre, d’être autonomes, d’être femmes, indépendantes et libres. Et cette maxime qu’elles partagent désormais : tu tombes sept fois, tu te relèves huit fois !
Et des chutes, elles en ont connues. Physiques, en tentant de s’extraire de leurs fauteuils pour passer au lit ou inversement, de la cuvette des w.c. au carrosse pour finir sur le sol carrelé, souillé parfois.
Tu tombes dix fois, tu te relèves onze fois !
Des chutes psychologiques, nombreuses, tellement plus graves, profondes et dévastatrices. Sans cette complicité qui s’était nouée entre elles, s’en seraient-elles relevées chacune, sans l’aide de l’autre ? Même quand la dépression les avait frappées de concert, c’est ensemble, courageusement, qu’elles s’étaient motivées l’une l’autre, pour franchir le cap, se relever une fois encore.
À l’aube de leurs vingt et un ans, après deux ans de souffrances et de solitude partagées, les deux jeunes filles étaient revenues à la vie civile comme elles disent. Pas question de séparer, de s’éloigner l’une de l’autre, elles ont emménagé dans un pavillon adapté pour elles, dans la propriété des parents de Rosa. Elles y sont autonomes, indépendantes, deux assistantes passant chaque jour, matin et soir, pour les aider dans certaines tâches et soins indispensables, les parents de chacune d’elles se montrant disponibles et réactifs en cas de souci.
Camélia, la première, a réussi son permis de conduire, Rosa a dû s’y reprendre à deux fois. Grâce à leur voiture adaptée, elles avaient pu prendre le chemin de la fac où elles se classent dans le peloton de tête d’année en année.
Tout roule pour le mieux donc. Tout, sauf une petite chose.
Difficile de répondre quoi que ce soit à pareilles choses. Je reste comme un con, une fois de plus. Je suis mal à l’aise, j’esquive, je biaise :
Poum ! Bravo, premier prix d’excellence ! Je déclenche le tollé :
Toujours plus mesurée dans son langage, Camélia argumente à son tour :
La question me surprend un peu :
Ouh ! Cette fois, les choses sont claires ! Je suis fixé. Fixé et désarçonné, bien que j’aie largement anticipé cette demande. Enfin anticipé : disons qu’elles m’avaient plus ou moins prévenu ! Un homme averti en vaut deux, paraît-il, et là, les deux couillons restent bien indécis. Pourtant, j’y ai réfléchi à leur demande sous-entendue pas très subliminale, j’ai pesé les pours et les contres, aligné avantages et inconvénients, pour moi, et pour elles surtout. Sans arriver à prendre une décision, nette, tranchée, définitive. Ou peut-être sans oser la prendre. Mais là, au pied du mur, je la prends ma décision, tout en me disant que je vais faire une énorme connerie ! Alors bon, les filles, c’est parti : vous voulez de la franchise ? OK ! Vous allez être servies, mais je ne me rendrai pas sans combattre, sans mettre les points sur i, tenter un baroud d’honneur, une déviation expresse :
Décidément, Rosa ne s’en laisse pas conter !
Rosa place son index au-devant de sa bouche pour m’intimer l’ordre de me taire :
Je n’ai pas le temps de répondre, que Camélia enchaîne :
Comme je fronce les sourcils sur la fin de sa tirade, elle s’explique :
Je regarde mes choupettes, passant de l’une à l’autre, du tee-shirt presque diaphane de Rosa au chemisier entrebâillé de Camélia :
Redevenant très grave à cet instant, Camélia m’explique :
Les drôlesses ont bien noté mon regard baladeur, elles échangent une moue complice et dans un bel ensemble, font voler leurs hauts, dévoilant pour l’une, Rosa, une paire aussi généreuse que fière et pour l’autre, deux gentils fripons qui doivent bien flirter avec le 90B+.
Me vient une furieuse envie de rire :
D’accord, je vois, faut pas leur en promettre ! Je n’ai pas particulièrement peur de leur jugement. Sans être rocco-sifrédien, je suis plutôt correctement équipé. Reste à savoir si le colosse voudra bien s’ériger à égaler le Phare d’Alexandrie ! Bon, vu le remue-ménage que je sens dans mon Slip Français, ça devrait être possible, mais je pressens que le cheminement des opérations risque parfois d’être un peu périlleux. S’il y a trop de manœuvres, d’interruptions momentanées du script, pour repositionnement du… décor, la continuité du service pubis risque d’en pâtir. La baise par plans séquences, ce n’est pas forcément mon truc. Mais bon, pour ce soir, vu qu’on devrait en rester aux amuse-bouche… Le tout, c’est de bien préparer le plateau de tournage.
Ma terrasse a beau être suffisamment élevée et protégée des regards pour nous assurer une bonne confidentialité, je ne suis pas complètement tranquille. Un mec qui s’envoie deux handicapées en fauteuil…
Toujours vive, Rosa explique :
Je la coupe :
J’attrape Rosa pour la ramener dans son carrosse, elle s’accroche à mon cou et en profite pour me rouler une pelle ravageuse. Pas désagréable la vorace ! Même manœuvre pour Camélia qui, plus réservée, se contente d’une petite bise et caresse sur ma joue. J’aime bien aussi !
De fait, elles sont rapides les gonzesses avec leurs fauteuils de compète, sûr que si elles connaissaient le chemin de ma piaule, elles me laisseraient dans le vent !
Arrivées à la chambre, sifflements admiratifs :
Trente-cinq mètres carrés, tu parles, on n’est pas gênés aux entournures… Les filles détaillent le baisodrome, apprécient la déco :
Là encore, les demoiselles sont surprises. La salle d’eau est vaste : sur les quatre mètres du mur du fond, douche à l’italienne, large, accessible par les deux côtés. Au milieu, un vitrage sol-plafond de deux mètres cinquante de large la sépare du reste de la pièce. Sinon, doubles vasques, immense baignoire balnéo, au ras du sol, et dans un coin, protégé par un muret avec briques de verre en partie haute, des toilettes, très accessibles. Je n’avais évidemment pas prévu le besoin jusqu’ici, mais là, je me dis qu’on pourra sans problème rajouter des poignées de maintien sur les murs.
Back to the fuck-room. Pas le temps de me retourner, mes athlètes sont déjà sur le lit. Incroyable leur agilité ! Elles ont foncé vers le lit, bloqué les freins, projection vers l’avant, ramping, elles sont en position, allongées sur le flanc, face à face, appuyées sur leurs coudes ! Moi, je me débarrasse de mon polo, de mon fute et de mes chaussettes. Les filles rigolent :
Elles ont laissé un espace entre elles, mais je ne sais pas trop comment me placer. Et puis merde, on verra bien ! Je me glisse sur le lit. Je suis pris en sandwich, elles se calent contre moi. À partir de là, je ne maîtrise plus rien ! Bisous, baisers, pelles démentielles, je n’ai pas le temps de respirer en passant de l’une à l’autre. Et leurs mains, qui s’affolent sur mon torse, dégringolent sur mon ventre, s’en viennent peloter mon braquemart. De français, mon slip devient tente canadienne en moins de deux et les garces s’emploient allègrement à tester la résistance du mât !
Moi, je suis plutôt empêtré : allongé sur le dos, coincé entre elles, je n’ai plus qu’à me croiser les bras. Ou plutôt à croiser les bras pour que mes mains puissent atteindre les rondeurs laiteuses aux pointes cramoisies. La vache, sacrées paires, fermes et douces, affolantes et parfaites. Un régal pour mes doigts alpinistes.
Si moi j’en ai plein les mains, les gourmandes ne chôment pas non plus : le franco-canadien a bel et bien été troussé et le mat de beaupré est devenu mât de misaine. Je me prends une petite claque sur les fesses, je comprends et me soulève, les duettistes font glisser le tricolore sur mes cuisses, je plie mes jambes et elles me débarrassent du ridicule franchouillard.
Elles se la jouent à quatre mains, coulissent sur l’instrument, furètent dans tous les coins, soupèsent le bag de la cornemuse. Affolant ! C’est la tempête du siècle, faudrait voir à se calmer les filles, j’ai les haubans qui lâchent, je vais démâter dans pas longtemps ! J’en suis presque à crier grâce quand dans un beau mouvement, style natation synchronisée, mes sirènes exécutent un retournement spectaculaire ! Je n’ai pas tout compris à la manœuvre, mais le fait est que je me retrouve le nez dans leurs shorts.
Elles, evidently, après ce retournement à 180°, sont en position d’attaque :
Écartelé, je subis les assauts des gourmandes. Franchement, une petite langue bien active sur le manche, c’est super délicieux, mais deux ! Je vous es-pli-que pas ! Je passe d’une bouche à l’autre ! Enfin, quand je dis « je »… Popol ! Il est la fête, grand nettoyage de printemps, lavage complet et en profondeur, elles l’astiquent le mandrin ! J’ai les glaouis qui se rétractent, dans l’espoir peut-être d’échapper aux voraces. Peine perdue, eux aussi sont explorés, cajolés, délicieusement suçotés.
Par contre, et même si le traitement est délicieux, moi, je me sens un brin inutile, hors la mise à disposition du manche à palais. Bien sûr, vu la position, j’ai un accès plus aisé désormais à leurs air-bags dont je m’occupe avec vaillance. Certes, mais j’ai aussi sous le nez leurs petits shorts en jean et j’aimerais bien découvrir leurs contenus ! Mais streng verboten today, ont-elles dit ! Donc, j’obéis, mais… Warum, sag warum ? C’est que j’aimerais bien la franchir moi la ligne de démarcation !
De toute façon, mes furieuses ne me laissent guère l’occasion de me poser trente-six mille questions. Ces démones sont en train de me catapulter !
Trop tard, il est minuit Docteur Schweitzer, le décompte est achevé, la machine est lancée. Premier jet, dans quelle bouche je ne sais pas, peu importe, la deuxième salve se perd dans l’espace, la troisième trouve visiblement un havre chaud pour la recueillir. Pour la suite, il faudra demander aux manipulatrices, moi, je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, enfin, disons que je ne distingue plus grand-chose…
Je n’ai pas le temps de reprendre mes esprits que mes acharnées me refont leur tournicoti-tournicoton synchronisé et viennent me couvrir de bisous et papouilles. Hey, je peux respirer les meufs ?
Je ris, elle a des pendeloques gélifiées dans ses bouclettes rousses !
oooOOOooo
Camélia est venue seule ce soir, je l’ai accueillie dans le parking du sol-sol comme la veille. Super la technologie ! Une fois garé, le hayon modifié du Voyager s’ouvre électriquement, vers le bas, pas vers le haut. Une plaque coulisse pour protéger la lunette arrière et offrir une surface plane. La conductrice libère les ancrages de son fauteuil, recule, fait demi-tour et descend la pente, tout ça en vingt-deux secondes trois dixièmes. Puis clic, pour refermer le hayon et le Voyager clignote et bip-bippe.
Dans l’ascenseur vers le cinquième étage, Camélia sourit aux anges. Elle est choupette avec son chemisier échancré et sa jupe plissée. Mais je ne sais pas quoi lui dire, donc, je ferme mon clapet et maintiens le gros sac qu’elle m’a fait prendre dans le hayon.
Elle fait le tour du propriétaire, s’arrête pour contempler une toile au mur, s’amuse de quelques gadgets, critique ma cuisine.
Elle retourne vers l’ascenseur :
Discuter, OK, ça me laisse un répit ! Ce n’est pas de trop, car franchement, je ne sais pas très bien où j’en suis. J’ai passé la journée à cogiter sur la suite des événements et je ne suis pas très rassuré. Et même carrément dubitatif, un poil embarrassé…
Code, ascenseur, on débouche dans le grand salon, elle file vers la baie vitrée.
Il fait doux ce soir encore, il est vingt heures, le soleil nous accompagnera bien une demi-heure environ avant de se coucher derrière les collines. Camélia est radieuse, ses cheveux longs volettent un peu sous la brise lorsqu’elle roule d’un coin de la terrasse à l’autre. J’ai du mal à la suivre, avec son fauteuil à roues carénées en V, elle file à toute allure, tourne sans avertir, recule sans prévenir. Elle porte un chemisier pêche, suffisamment diaphane pour que je distingue les rondeurs blanches de ses seins et leurs aréoles sombres. Sa jupe plissée, beige, se soulève un peu dans ses déplacements, découvrant le haut de ses cuisses.
Je la soulève sans problème, elle est plus grande que Rosa, mais pas bien lourde. Elle s’accroche à moi avec son bras droit autour de mon cou, mais attend d’être calée dans le sofa pour me tendre ses lèvres. Nous échangeons un baiser, très doux, très tendre, puis déjà, nos sens en éveil nous conduisent vers des étreintes plus passionnées. Très vite cependant, alors que mes mains déjà s’égarent vers ses seins adorables, elle se reprend :
Air sérieux, presque grave, regard intimidé, presque implorant.
Aie ? Ouf ? Que va-t-elle m’annoncer ? Que tout compte fait, elles préfèrent en rester là, que je ne vais pas faire l’affaire ? Qu’elle est venue seule, car elle est plus diplomate que Rosa pour me faire passer la pilule ? Est-ce que je dois en être triste ou me sentir délivré ? Et puis non, si elle m’a fait monter un sac pour la salle de bains, si elle vient de m’embrasser si tendrement, ce n’est pas pour me planter au bord du chemin ! Et merde, qu’est-ce que je dois penser ? Oh, et puis zut, ça ne fait que deux jours que je les connais les sauterelles, mais je suis déjà attaché à elles. T’es trop con, mec !
Vraiment trop con ! M’enfin, sauterelles, franchement, tu trouves vraiment que c’est le surnom adapté pour elles ?
C’est fou tout ce à quoi on peut penser en une petite seconde d’incertitude !
Eh bé, pas si timide ou réservée que ça la p’tiote ! Elle sait s’imposer !
OK, bien reçu. Jusque-là, j’assimile.
Camélia baisse un peu la tête, se rembrunit, parle un ton en dessous :
Camélia s’interrompt un instant, prend une grande respiration :
J’ai un peu l’impression de m’être pris un seau d’eau glacé dans la tronche. À moins que ce ne soit un autobus en pleine gueule. Depuis deux jours, je m’interrogeais sur la sensibilité éventuelle de mes partenaires : quel plaisir serait-il possible de leur donner, comment et… le reste. Mais le coup de l’incontinence ne m’avait pas effleuré ! Sondages et lavements, c’est sûr que ça n’est pas très glamour !
Et pourtant, je ne peux m’empêcher de dévorer Camélia : tellement ravissante avec ses yeux rieurs et… ses nibards si tentants. Et encore, je parle de ses nibards, mais c’est juste que pour faire genre. Genre, macho-macho man, juste intéressé par l’aubaine. Bien sûr, ils sont adorables ses seins, tout à fait à mon goût, et ses cuisses, dorées et visiblement fermes et fuselées sont superbes. Tentantes. Mais inertes, insensibles. Quelle tristesse ! Mais peu importe, je suis prêt à passer sur ces détails ! Pour elle. Parce que c’est elle. Je cherche quel qualificatif pourrait le mieux lui convenir. Classe ! C’est classe, cette fille est terriblement classe. Ses gestes sont doux, son port de tête altier, sa voix posée, tout en elle exprime douceur et élégance.
Elle me sourit, une petite lueur moqueuse dans le regard :
Je rougis :
De jambes en l’air ? Elle a le moral la gamine !
La coquine soulève sa jupette et dévoile un instant, un adorable slip couleur chair tout à fait affriolant. La vision m’enchante autant qu’elle me déconcerte. À quoi bon cette lingerie puisque mes caresses lui seront insensibles, invisibles ! Juste pour mon plaisir alors ! C’est con sans doute, mais cette attention me touche et j’en ressens une infinité tendresse pour elle.
Tu m’étonnes ! Combien ? Quatre ans, cinq ans de jeûne ! Je ne cours pas grand risque. Cela dit, moi non plus, je n’ai pas fait de test, mais…
Elle rit, découvrant sa dentition éclatante. Je l’attrape, la cale dans mes bras et la porte jusqu’à ma chambre, l’installe avec délicatesse sur le lit.
J’obtempère et lui tends la trousse. Je me défais de mon polo et de tout le reste, je la débarrasse de sa jupette, avant de m’allonger, nu, près d’elle. Ma bouche se pose un instant sur ses lèvres pour en saisir le goût, je replonge, nos bouches se soudent. Nous nous étourdissons dans une série de baisers passionnés. Délicieusement, voluptueusement. Longtemps, nous enivrons de ces douces embrassades avant que le désir ne prenne le pas sur la tendresse, que mes mains baladeuses ne se réveillent. Mes doigts déboutonnent à moitié le chemisier, s’infiltrent sous la soie, parcourent le ventre qui se creuse, remontent sans précipitation vers la poitrine. Les monts blancs apparaissent peu à peu comme les pans du chemisier s’écartent, les tétons restant encore masqués par les ourlets du chemisier.
Je ressens un bonheur insensé à sentir la peau de ma tendre partenaire se couvrir d’un hérissement visible, signe de sensibilité et de désir, et plus encore à sentir ses doigts s’immobiliser soudain sur ma flamberge qu’elle caressait doucement jusque-là.
Patiemment, bien plus lentement que la veille alors qu’ils étaient découverts, offerts à mes regards, mes doigts s’aventurent sur les contreforts des ballons laiteux, repoussent les pans de la soie pour découvrir enfin un téton érigé.
Tournez doigts légers, agacez le cercle hérissé de l’aréole, titillez le téton distendu !
Chaque frôlement, chaque touchette déclenche, je le vois, des sensations croissantes, le cou de Camélia se tend, sa nuque s’enfonce dans le drap, sa respiration s’accélère, ses doigts se crispent sur ma queue. Ma bouche embrasse chaque centimètre de sa peau dénudée, célèbre chaque parcelle de sa poitrine, redécouvre les coupoles magnifiques. Je lèche, titille avec ma langue le velours de son sein. Je m’attendris de ses mouvements à elle, de ses doigts qui ponctuent sur ma verge les frissons qui la parcourent, serrements-relâchements. Plus de va-et-vient, sa main enserre simplement le pieu : inconsciemment sûrement, Camélia se sert de mon manche comme d’un joystick, transcodeur sensible de ses ressentis. Plus elle l’étrangle, plus elle me ravit.
Je l’embrasse à pleine bouche, je l’étourdis avant de retourner flatter ses seins maintenant dénudés, m’attaque avec insistance aux fruits grenus, mes doigts furètent sur son corps; je ne peux les empêcher de dégringoler vers des zones que je sais pourtant insensibles. Mais pourrais-je négliger ces dentelles diaphanes qu’elle m’a dédiées ? Sans abandonner un instant ni ses seins ni sa bouche, ma main gauche plonge vers le centre perdu de son corps, apprécie le renflement dodu de son mont de Vénus, mes doigts folâtrent dans la courte toison, glissent sous l’élastique de la culotte légère. Je crois bien qu’ils tremblent en abordant le défilé sacré.
Que vais-je donc y trouver ou… n’y rien trouver ?
J’embrasse Camélia avec fougue, j’ai besoin de son souffle, besoin de sa chaleur pour compenser la sécheresse de sa conque fermée, besoin de son courage pour dessiner les contours d’un clitoris bien présent, merveille assurément rare, mais indifférent à mes caresses. Et quand mon majeur s’enfonce à demi dans la grotte close, sa sécheresse m’est un choc qui sans nul doute anéantirait la vaillance de mon pieu si je ne sentais pas ma douce frémir sous mes caresses, pincements et agaceries sur ses seins, mes baisers dans son cou, mes caresses dans sa nuque tendue.
J’étais prévenu pourtant cette impassibilité, mais je n’imaginais pas à quel point elle me désespérerait.
Camélia a senti, prévu sans doute mon désarroi :
Comme je me relève et m’avance en surplombant son corps, elle me donne une petite tape sur les fesses pour m’inciter à me retourner.
Je n’ose pas lui dire que j’ai déjà en fait troussé son slip sur le mitan de ses cuisses. J’obéis, presque heureux de lui tourner le dos, je fais glisser le vêtement sur ses jambes. Elle, déjà, s’attaque à ma virilité, déployant un beau courage pour en maintenir la vaillance. Elle y va de bon cœur, suce, pompe, ensorcelle mon nœud avec sa langue agile. Pour ne pas être en reste, je plonge entre ses cuisses que je viens d’écarter, promène ma langue dans les replis de son coquillage dont le seul parfum est celui d’une vanille discrète qu’elle y a répandu. Ma salive vient lubrifier ses lèvres, mais les corolles de ses nymphes restent absentes, recroquevillées sans doute. Le bonbon est joli, délicat, mais sans sucre, le clitoris superbe avec sa gangue ferme et forte, mais inerte, l’entrée de la grotte baille peu à peu sous les efforts de ma langue et mes doigts. Camélia heureusement est experte démoniaque et affole ma bite.
Je ne veux surtout pas tenter de réfléchir, essayer de savoir où je puise la force de garder mon excitation, la flamme qui conserve à ma queue une relative raideur. Ne pas penser surtout, ne pas penser !
Une fois encore j’obéis à l’instant, me retourne en m’allongeant sur elle, je lui donne mes lèvres parfumées vanille.
Sentir ? Si seulement ça pouvait être vrai !
Elle a attrapé une bombe à canule, l’a glissée entre ses cuisses et libéré un jet dans sa chatte.
Elle sait l’urgence du moment, qu’il faut profiter très vite de la forme encore convaincante de ma queue. Je m’enfonce en elle : à défaut d’être chaude, sa chatte est douce, lubrifiée par le gel que je craignais glacé, mais se révèle douillet. L’heure n’est plus à la retenue, je sabre, m’enfonce avec brutalité, bute au fond la grotte. À la troisième butée ?, Camélia écarquille un bref instant les yeux, le sabrage suivant provoque le même réflexe de ses paupières, un sourire apparaît, transfigure la belle. Je pilonne, vaillant artilleur ragaillardi par ces signes discrets, son sourire épanoui, la tendresse de son regard. Je pilonne encore et encore, mais sens déjà sa tension baisser. Je n’en peux plus, partagé, écartelé que je suis entre contentement et désespérance. Je jouis, ou plutôt, j’éjacule, mécaniquement, nerveusement, sans réel plaisir, sans jouissance.
Avec juste, c’est con je sais, le sentiment du devoir accompli, d’une petite, toute petite, minuscule, infinitésimale réussite dans mon impossible mission.
Camélia est radieuse, me laisse à peine le temps de reprendre mon souffle après ma cavalcade effrénée, prend mon visage entre ses mains, me couvre de baisers fous, rit et pleure.
Je suis estomaqué, embrumé, ahuri, déboussolé.
Quand le calme revient, allongé contre elle, je la contemple, radieuse et resplendissante. Je n’ose pas l’interroger, poser la moindre question, je suis à dix mille années-lumière du « Alors, Poupée, heureuse ? » de certains de mes z’héros du gonzo. Je sais bien qu’il n’y a pas eu de miracle, qu’elle n’a pas joui, évidemment, je voudrais lui demander si elle en a tiré au moins un tout petit plaisir, quelques onces de bonheur. Mais je n’ose pas.
Et elle m’embrasse, me câline, me caresse.
La gorge nouée, j’arrive à demander :
L’humain est génial par moments. Dans les situations les plus désespérantes, une minuscule étincelle peut déclencher un feu de joie incommensurable !
oooOOOooo
Près de six mois se sont écoulés depuis ce jour-là. L’été a succédé au printemps, mais n’est déjà plus qu’un souvenir. Sur la terrasse, j’ai emballé table, chaises et autres canapés sous leurs housses d’hivernage, vidangé le spa. Peut-être, s’il neige vers Noël le remettrai-je en eau, le temps d’un bain revigorant. Original. On verra…
Camélia habite chez moi.
Je suis heureux. Elle est heureuse. Nous sommes heureux !
C’est con, je sais ! Mais c’est bon !
Oh, le miracle n’a pas eu lieu, pas d’orgasme vaginal, jamais. Jusqu’à aujourd’hui du moins, on garde espoir ! Indécrottables ! Ce qui ne nous empêche pas de nous envoyer en l’air assez régulièrement. Assez souvent. Enfin, à son rythme, à sa demande en fait. Je ne suis jamais demandeur. Pas que je n’ai pas envie d’elle, bien au contraire ! Si ça ne tenait qu’à moi ! Mais, je préfère suivre son rythme, ses envies, son désir. Et ma foi, je ne peux pas me plaindre, elle est quand même assez gourmande.
Dans son grand sac, outre la trousse et sa bombe miracle, il y avait des petites affaires de rechange, linge et stock de Confiance-barrières antifuites taille Ado. Il y avait aussi un siège, en alu, pour mettre dans la douche. Indispensable accessoire de son autonomie. Après cette première séance, elle est repartie avec, Rosa le rapportant à son tour. Rapidement, j’ai acheté tous les éléments indispensables au confort et à l’autonomie de mes charmantes. Et petit à petit, nous avons récupéré toutes les affaires de Camélia chez Rosa.
Rosa ? Elle va bien ! Très bien même. En définitive, les séances de thérapie appliquées n’ont pas duré longtemps. Comme me l’avait expliqué Camélia, Rosa ne souffrait pas vraiment de blocages et contraintes physiques ou physiologiques. Grosso modo, la boutique était relativement en état de marche, sensible et réactive, et il aura suffi d’un coup de… pouce et quelques autres péripéties pour décalaminer la culasse et régler l’auto-allumage. C’est plutôt côté centrale électronique qu’il a fallu bidouiller. Il y avait quelques bugs, des courts-circuits à circonscrire, des blocages à circonvenir ! Bizarrement, dès le départ, Rosa avait demandé que nos séances se déroulent en présence de Camélia. En témoin passif. Pour qu’elle soit témoin de nos ébats physiques, gaillards et enjoués, mais dénués de sentimentalité. Petites baises entre amis, entre copains.
Rosa avait compris bien avant nous ce qui était en train de se tisser entre Camélia et moi.
Et cela s’est sans doute révélé déterminant pour elle : qu’un marchant puisse tomber raide dingue amoureux d’une roulante, pourtant plus difficile encore à aborder, à gérer qu’elle-même, ça l’avait désinhibée, rassurée. Elle s’était laissé aller avec plus de facilité, de confiance et avait crevé son plafond de verre avec une certaine facilité en définitive. Sans compter que son petit tempérament exhibitionniste s’était trouvé satisfait par la présence de son amie. Les deux jeunes femmes se connaissaient sur le bout des ongles et s’étaient certes consolées à maintes reprises, s’explorant, s’expérimentant l’une l’autre, mais Rosa avait reconnu que la présence de son amie l’excitait. Même si cette présence la gênait en même temps, car elle craignait que son propre plaisir ne peine Camélia. Pas simple tout ça !
Sa volonté d’être femme à part entière, une femme aussi libre et sexy que n’importe quelle autre, avait suscité une demande inattendue de sa part. Rosa avait souhaité s’exposer, poser nue, se faire photographier dans des poses suggestives, érotiques, lascives, comme les filles des magazines, comme les amatrices qui s’exposent sur internet.
Mauvais photographe, j’avais fait appel à un ami, celui-là même qui réalise toutes les couvertures de mes bouquins. Ensemble, nous avions convenu d’un rendez-vous à son studio, estimant que ce cadre placerait Rosa dans un contexte de parfaite normalité. Comme n’importe quel autre modèle.
La séance s’était merveilleusement déroulée, les photos étaient d’une qualité époustouflante, grâce au photographe bien sûr, mais surtout grâce à son étonnant modèle. Sans pratiquement rien dévoiler des détails de son corps, Rosa, dans des positions variées qui n’étaient pas toujours agréables ni faciles pour elle, Rosa, par son regard, son sex-appeal naturel avait transmis un souffle puissamment érotique aux prises de vue. Une grande et belle réussite. Réussite couronnée quelques semaines plus tard par un autre shooting, en sous-vêtements fins cette fois.
Via une agence de pub, Rosa avait posé pour un groupe régional de boutiques de lingeries. Ni l’agence ni le client final, qui l’avaient présélectionnée sur photos, n’avaient eu connaissance de son handicap. Jusqu’à la livraison du shooting et leur choix définitif. Ce n’est qu’une fois les épreuves validées que la vérité leur avait été dévoilée. Assez brutalement d’ailleurs : Bastien, sans rien leur dire, avait conduit les publicitaires, la PDG et son staff dans une pièce voisine. En découvrant la sublime rousse dans son fauteuil, la PDG avait été profondément émue ! Et spontanément, avait déclaré ne rien vouloir révéler au public et à la presse. Pas dans un premier temps en tous cas, pour ne pas risquer voir la marque paraître opportuniste ou malsaine. Rosa était devenue l’égérie du réseau pour trois campagnes d’affichage et presse écrite.
Ce n’est qu’au lancement de la troisième campagne, à l’automne, que le handicap de Rosa avait été révélé, le groupe annonçant dans le même temps son engagement pérenne dans plusieurs associations et auprès de centres de rééducation-réadaptation fonctionnelle. Un mécénat aussi conséquent et généreux que risqué pour la marque, mais qui avait généré un buzz retentissant et positif aussi bien du côté des médias que de la clientèle, et bien au-delà des frontières régionales. Rosa, star des magazines ! La madone à roulettes !
Rosa vient nous voir régulièrement. Un peu moins, ces derniers temps. Moins depuis qu’elle fricote avec Bastien. Il est chouette Bastien ! Presque deux fois la taille de la minette (oui, bon, j’exagère un peu, mais à peine !). Un bon nounours, encombré par son grand corps, pataud et incroyablement maladroit dans la vie, mais d’une infinie délicatesse lorsqu’il s’agit de manipuler sa Rosa ! Un orfèvre ! Et pour ce que nous en savons, il la manipule plutôt très bien sa petite fleur !
Il a parfaitement compris les soins particuliers que j’ai pu apporter à Rosa pendant un temps, et m’en a d’ailleurs remercié en parfait gentleman qu’il est. Pour autant, chacun chez soi, et les moutonnes seront bien gardées ! Non, pas de parties carrées, de soirées bonga-bonga même si certains de nos dîners ne sont pas exempts d’un parfum d’érotisme de bon aloi et si quelques séances photo ont été plutôt épicées.
Mais toi garçon, t’en es où exactement avec ta princesse Pipicaca ? (c’est elle qui se surnomme comme ça parce que… enfin vous voyez…)
Moi ? Ça roule, Raoul !
On se fait à tout, on s’accommode de tout en fait ! C’est incroyable, c’est surprenant ! Réconfortant aussi. Bien sûr, n’étant ni coprophile ni versé dans l’ondinisme, je ne vais pas dire que je suis tout à fait ravi des précautions d’usages induits par les incon… vénients de ma partenaire.
Oui certes, pas de petit coup vite fait su’ le gaz à l’improviste; avant de passer par la case Grand Soir, il faut passer par la case SdB avec sondage express. OK ! Et encore, parfois, il faut faire preuve de patience, obligation de passer par le Parking Gratuit pour patienter : Chérie, je te rappelle que tu as bu un grand de thé il y a dix minutes. Donc, wait and…pisse !
À chacun ses préliminaires ! Les nôtres ne sont pas affriolants, mais nous les assumons pleinement. D’autant que, la donzelle étant parfaitement autonome pour ces opérations, elle est parfaitement capable aussi de se préparer herself-toute seule, en lousdé, et arrive donc à me surprendre parfois.
Évidemment, le point noir, c’est l’absence d’orgasme. Pas d’orgasme vaginal et encore moins clitoridien. Mais des orgasmes, oui, quand même, comme n’importe qu’elle autre femme, orgasmes d’origine torso-mammaires, vibrations - plume d’oie - glaçons. Mais c’est vraiment de loin en loin, car la libido s’habitue vite à ce genre de traitements, ou alors il faut se renouveler sérieux dans le scénario et les moyens, pour arriver à surprendre. Mais même rares, (en fait, ce n’est arrivé que trois fois), ces orgasmes-là sont d’autant plus dévastateurs ! Mon dos s’en est souvenu un moment quand des ongles ravageurs l’ont lacéré.
Pour la sphère inférieure, pas de miracle malheureusement. Camélia me dit ressentir mes assauts, qui couplés aux caresses et autres agaceries à l’étage supérieur, l’amènent de temps à autre, à des para-orgasmes, sensations puissantes, chaleur intense, transes délicieuses. Agréables, apaisantes, dé-contrastantes. Mais pas le grand saut !
C’est frustrant ! Pour elle bien sûr ! Et pour moi tout autant…
Le deuxième de ses vrais orgasmes, c’a été après la visite de mon éditeur. Il était passé me voir, avec son… impatience (plutôt canon d’ailleurs la grande blonde !). Au moment des salutations, j’avais présenté Camélia comme étant l’amour de ma vie! Ça l’avait touchée la petiote !
Faut dire qu’elle ne m’a jamais dit « Je t’aime ».
« Je t’adore », « tu es mon chéri d’amour », tout plein de petits mots gentils, oui ! Mais jamais « Je t’aime ». Et moi, quand je le lui dis, elle me bâillonne, elle me gronde, lève les yeux au ciel, me chatouille pour détourner la conversation.
C’est frustrant, ça aussi !
N’empêche qu’elle a dû être touchée par cette déclaration officielle devant témoins, puisqu’un peu plus tard, elle s’était révélée hypersensible et réceptive. Et c’est là donc qu’elle avait connu son deuxième orgasme !
Du coup, je me demande : qu’est-ce que ça va être quand je vais très officiellement lui demander de m’épouser ? Touchée-coulée ?
En tout cas, je lui interdis bien de refuser ! Je me battrai, bec et ongles, pour qu’elle accepte, qu’elle dise oui, qu’elle abandonne sa retenue, ses complexes, ses appréhensions, ses mauvaises raisons. Il me semble, enfin je crois, qu’elle comprend désormais que mon bonheur passe par elle, et j’espère que je n’aurai pas trop à batailler. Pourvu qu’elle veuille m’épouser… Le mieux d’ailleurs serait qu’elle finisse par vouloir me marier !
Cela dit, il faut reconnaître que ce n’est pas drôle tous les jours. Parfois, je m’invente des excuses pour aller faire un tour, changer d’air, me libérer. Évacuer mes chagrins. Mes désespoirs. Par exemple, au sujet de ses cuisses, magnifiques, dont les muscles sont entretenus une nuit sur deux par un générateur d’ondes électriques qui, en plusieurs séances nocturnes, fait réagir les muscles, les tonifient. Mais pourquoi, dans quel but ? Pour les garder belles et musclées ? Pour moi ?
Cela peut sembler bizarre, mais plus encore que son sexe insensible auquel des artifices moelleux donnent un semblant de réalité, ses jambes inertes, ses cuisses immobiles me sont une vraie douleur. Ses cuisses merveilleuses qui ne s’ouvriront jamais sous mes caresses, que mes mains, automatiques gourmandes entêtées, ne peuvent s’empêcher de caresser, de palper, de flatter, pour rien, rien d’autre que mon plaisir tactile. Plaisir qui s’évanouit à l’instant où mon esprit réalise ces gestes parasites, inutiles, l’absolue stérilité de l’action, instant où mon cœur se sent transpercé par un poignard glaçon. Camélia repère toujours cette tristesse brutale qui m’accable et me couvre alors de caresses et baisers passionnés, m’incite à la caresser encore, comme si ces gestes invisibles lui apportaient un quelconque bonheur.
Aime-moi exactement comme tu aimerais une autre femme, pleinement, m’a-t-elle expliqué. Lorsque tes mains descendent et que je perds leur connexion, je sais qu’elles s’aventurent vers le centre de mon volcan éteint et je perçois les mouvements de tes épaules, de tes bras, je sens ta respiration, je ressens ton désir. J’imagine tes caresses, ta patience, ta douceur sur et dans mon sexe, j’imagine les honneurs rendus à ma fleur, à mon bourgeon. Et peu importe si je me trompe alors, que tu sois en fait en train de caresser mes cuisses, mes genoux ou bel et bien ma chatte, mon imagination, la chaleur de ton souffle, les battements de ton cœur me sont précieux, car ils signifient que malgré toutes mes différences, je suis femme et te donne du plaisir.
Elle est comme ça Camélia, comme toutes les femmes, toujours plus enclines à offrir qu’à prendre. À moins qu’elle ne soit juste comme n’importe qui, homme ou femme, qui aime sincèrement et veut, d’abord et avant tout, donner plus que recevoir.
Sinon, pour le reste, alles klar, en général. Ça baigne, ma Cam est un ange, une déesse. Elle est tout simplement merveilleuse. Intelligente, drôle, gaie.
Toujours gaie. Toujours prête à rire d’elle-même, de ses travers, de ses petits inconvénients. L’humour ! Ingrédient essentiel de notre relation, élément indispensable. Ne jamais se prendre au sérieux, pour ne rien dramatiser. Ou tout dédramatiser. Optimiste. Résolument optimiste ma Cam !
Incroyablement optimiste !
Même quand son chirurgien lui a proposé une nouvelle intervention. Les scanners, IRM et je ne sais quoi encore ont révélé la présence de micro bouts d’os, responsables de ses deux hernies dans le bas de son dos. Car ma douce a des hernies. Comme quoi, il y a toujours du bon dans le malheur : elle a deux hernies maousses costaudes, mais ne les sent aucunement. Même pas mal, alors que n’importe qui d’autre serait sous morphine à haute dose avec des champignons pareils !
Peut-être, a dit le chir, peut-être qu’en réduisant ces hernies, en éliminant les fragments d’os qui sans doute sont responsables des récidives herniaires, peut-être que la pression sur la queue de cheval (le paquet de nerfs coincés et plus ou moins sectionnés dans l’accident), peut-être qu’on se rendra compte que tous les nerfs n’ont pas été sectionnés, et qu’après libération de la pression et beaucoup-beaucoup de temps, parce que vous savez, Mademoiselle, la réactivation des nerfs compressés, c’est extrêmement long, mais, peut-être que certaines sensibilités pourraient réapparaître. Peut-être ! Mais l’opération est risquée, très-très risquée et peut avoir des conséquences dramatiques.
Moi, je l’ai entendue la rafale de peut-être, et le très-très risqué et je l’ai vue, la moue du praticien sur dramatique!
Moi oui !
Mais pas Camélia !
Pour Camélia, c’est clair, il n’y a pas à hésiter !
Au pire, (nous avons bien parlé avec le doc), au plus dramatique, le réveil nerveux pourrait signifier apparition des douleurs dorsales que connaissent tous ceux qui souffrent de hernies discales, sans aucun bénéfice de récupération de sensations dans la zone uro-génitale. Avec un peu plus de chances, il pourrait y avoir les douleurs discales et des sensations retrouvées. Dans la meilleure hypothèse, ,mais ne rêvez pas trop, pas de douleurs, des sensations retrouvées et le contrôle des fonctions naturelles.
Mais le chirurgien a été clair, compte tenu de la zone, aucun risque d’aggraver la situation, strictement aucun d’engendrer une tétraplégie par exemple, soyez rassurés, on n’est pas dans le même périmètre. Donc, pas de risques autres que ceux de n’importe quelle opération pratiquée sous anesthésie générale.
Il y a donc quelques espoirs…
N’empêche…
que ça fait treize jours que je tremble, treize nuits que je ne dors plus, que j’angoisse
… et que je rêve aussi : l’opération, c’est demain !