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Temps de lecture estimé : 20 mn
26/03/18
Résumé:  Céline est heureuse. Son mari Guillaume semble l'être également. Alors quand elle reconnaît la voiture de son mari sur le parking d'un hôtel, elle devient folle de colère.
Critères:  fh extracon inconnu vengeance fellation cunnilingu anulingus pénétratio portrait -amourcach -bourge
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Que vous faut-il de plus pour être heureux ?

Vingt ans de mariage, trois enfants en pleine forme qui bossent bien à l’école et sont promis à un bel avenir, une jolie maison avec piscine, une résidence secondaire, des investissements immobiliers qui rapportent, des emplois stables et bien rémunérés, des vacances de rêve en été, des escapades le week-end, et même un chien. Vous voulez quoi de plus pour être heureux ?


Céline est mince, jolie, souriante, affable, cultivée, curieuse, sportive, amoureuse, pétillante, bonne copine, bonne mère, bonne épouse, bonne fille, bonne petite-fille, et future bonne grand-mère (le plus tard possible toutefois). Vous voulez quoi de plus pour être heureuse ?


Guillaume est brillant, bricoleur, courageux, sportif, volontaire, bon copain, bon époux, bon voisin, bon père, et le plus tard possible sera sans doute un bon grand-père. Que voulez-vous de plus pour être heureux ?


Il dirige une société de presse régionale, et a développé l’activité de façon spectaculaire depuis qu’il a pris la direction. Ses collaborateurs sont admiratifs. Il est toujours dans les bons coups, sent bien le marché, et n’a pas son pareil pour motiver ses troupes. Il est de plus généreux autant dans l’effort que vis-à-vis de ses salariés quand il les sent « sur la balle ». Un bon patron en somme. Guillaume n’est pas spécialement crâneur, mais il est amoureux des belles voitures. Alors, dès qu’il en a eu les moyens, et en accord avec Céline, il s’est offert une magnifique SLS AMG 6.3. C’est beau, c’est cher, ça fait un bruit de dingue, et ça pousse terriblement. Sur la route, c’est même un peu frustrant de rouler avec ce bolide tellement on en a sous le pied. Mais c’est ça dont il rêvait, et il a franchi le pas.


Céline est ophtalmo et travaille à temps partiel dans le cabinet qu’elle a créé avec une consœur. Ses journées sont bien chargées, mais elle termine sa semaine le jeudi soir et ne reprend que le mardi matin. C’est un rythme de vie qui lui permet de bien gagner sa vie et d’avoir aussi du temps pour elle, pour ses enfants, pour les associations dont elle fait partie, pour ses amies ; pour vivre, tout simplement. Mais ce 28 mars 2014, tout va aller de travers.


Elle est partie faire des courses en prévision du week-end en commençant par la grande surface de Meylan. Guillaume a inscrit « Chartreuse VEP » sur la liste de courses, mais le magasin est en rupture. Elle va donc, puisqu’elle a tout son temps, descendre à Voiron pour aller s’approvisionner directement au magasin des Chartreux. Il fait beau, pas très chaud ; c’est un temps que Céline adore. Elle aussi adore conduire. Les kilomètres sont vite avalés.


Elle flâne dans la boutique et en profite pour acheter quelques petits verres adaptés ainsi que d’autres produits locaux qui lui faisaient envie, puis reprend la route vers Grenoble tranquillement. Il est 12 h 20 quand elle arrive au péage de Voreppe où vient d’avoir lieu un accident visiblement assez important. Il y a plusieurs ambulances sur place, ainsi que de nombreux gendarmes. Des gyrophares partout, de la fumée, des secouristes qui courent dans tous les sens. Ça a en effet l’air assez grave. Des gendarmes s’occupent de dérouter les véhicules vers la sortie Voreppe. Céline suit le mouvement, au ralenti, cherchant comme les autres conducteurs à comprendre ce qui a bien pu se passer. Au premier rond-point après la sortie, elle continue au pas pour aller chercher l’accès suivant qui lui permettra de reprendre l’autoroute. Arrêtée devant le Novotel, elle tourne machinalement la tête vers sa gauche.


Stupeur. La voiture de Guillaume, ou en tout cas la même voiture, se trouve sur le parking désert de l’hôtel.


Elle n’a jamais eu de doute sur la fidélité de son mari mais elle sent quelque chose au fond d’elle-même, un doute, une angoisse. Son cœur bat la chamade. Son sang bout dans ses veines. Elle compose le numéro de son mari mais ça sonne dans le vide et elle tombe sur la messagerie. Elle appelle à nouveau. Même punition. Et ça n’avance pas. La nationale est saturée. Ça klaxonne, le téléphone sonne dans le vide, ses jambes tremblent, ses mains sont gelées, elle tombe à nouveau sur la messagerie. Elle regarde à nouveau la voiture, appelle à nouveau, et elle hurle de rage.


Une fois la circulation repartie, elle fait un détour par le bureau de son mari. À la place réservée à sa voiture, il n’y a rien. Une place vide. Et son téléphone sonne toujours dans le vide. Ce n’est plus un doute, mais une certitude : il est à l’hôtel avec une femme, il la trompe. Elle est cocue, malheureuse, déçue, triste ; c’est toute sa vie qui s’écroule, ses certitudes qui s’envolent.


Céline est en colère. Elle se gare, se rend à l’accueil et demande à voir son mari. On lui répond, d’un air plus que gêné, qu’il est en rendez-vous. Elle insiste, mais la secrétaire tient bon. On ne peut pas le déranger. Elle fulmine mais ne veut rien montrer. Son sourire est crispé, mais elle se retient d’exploser. Elle repart, la mort dans l’âme, en se retenant de pleurer. Céline est démolie, anéantie.


Il faut qu’elle parle à quelqu’un, qu’elle évacue sa rage, qu’elle réfléchisse à ce qu’il convient de faire, qu’elle appelle un avocat, qu’elle parle aux enfants, qu’elle… elle ne sait pas quoi faire, quoi penser, où aller. Elle est perdue. Elle appellerait bien sa mère mais ce n’est pas le moment. Sa mère a le cœur fragile, et depuis la perte de son mari, n’est plus tout à fait elle-même. Sa belle-mère ? Encore moins. Elle va chercher à défendre son fils. Ses amies ? C’est trop tôt, et elle se demande si finalement il n’y en aurait pas quelques-unes pour se réjouir de son infortune tellement leur couple faisait des envieux. Faisait, au passé. Elle est convaincue que son couple est mort, que son mariage est mort, qu’elle-même n’est plus qu’un hologramme, un abstract, un fantôme.


Elle est repartie en direction de Meylan, a mis un CD de La Callas dans son lecteur, et pleure en entendant la voix céleste de la diva faire résonner un Ave Maria qu’elle connaît par cœur. Cette musique la transporte habituellement vers un paradis des sens, mais ce 28 mars à 14 h 30, c’est dans une tristesse profonde qu’elle se sent emportée. Ses yeux sont pleins de larmes, son cœur est sec. Elle n’a pas vu le piéton qui s’engage sur le passage protégé devant l’agence immobilière. Au dernier moment elle se met debout sur les freins pour éviter le choc. Le piéton avait anticipé, mais pas le conducteur de la voiture derrière elle. Elle sent un choc brutal, et sa tête tape violemment l’appuie-tête dans un vacarme étourdissant. Les passants se retournent.


Heureusement, Céline n’est pas blessée, juste choquée. L’arrière de sa voiture est bien amoché, comme l’est l’avant de la voiture qui vient de la percuter. Le conducteur est confus, désolé, dépité, et se confond en excuses. Il s’enquiert de l’état de Céline qui le rassure, mais il voit bien qu’elle a le visage rougi et qu’elle semble en panique. Il range sa voiture sur le parking de l’agence. Elle n’irait pas beaucoup plus loin. Et il propose à Céline de bouger également son véhicule le temps qu’ils fassent un constat et appellent une dépanneuse. Elle acquiesce, résignée. Dans la même journée, elle a tout perdu. Alors sa voiture, elle s’en fout un peu. Même complètement. Autant Guillaume aime les bagnoles, autant elle, elle s’en fout.


Ils s’installent dans le bar qui jouxte l’agence immobilière pour rédiger le constat. Il fait chaud, le bar est presque vide, et Céline est perdue. Elle pleure. Il croit que c’est à cause de l’accident et il s’en veut. Elle n’a pas la force de lui dire quoi que ce soit et remplit comme elle peut le document. Il lui propose d’appeler un médecin mais elle refuse. Il ne sait pas quoi faire. Il se confond en excuses mais ça ne change rien. Il culpabilise, et finalement pleure aussi. Ça lui fait de la peine de voir celle belle jeune femme aussi triste à cause de lui. Même triste, elle est belle.


Lui est veuf depuis cinq ans et n’a plus regardé une femme depuis la disparition de l’amour de sa vie. Plus regardé n’est pas le terme exact : pas convoité serait plus juste. Il est convaincu que jamais il ne rencontrera quelqu’un qui lui fera oublier Adèle. Alors il ne regarde pas les femmes avec envie, juste avec respect. Et aujourd’hui, il est mal à l’aise de la regarder ainsi avec tendresse. Peut-être que de la voir ainsi pleurer à cause de lui y est pour quelque chose, mais il a envie de la prendre dans ses bras pour la consoler, se faire pardonner. Ce n’est qu’une envie, et il ne va pas le faire. Il va juste lui prendre la main, la regarder dans les yeux et lui demander de lui faire un sourire. Il ne sait pas pourquoi il fait ça, ni où ça va le mener ; il le fait naturellement, gentiment, sans autre intention que celle d’être agréable.


Céline est en colère. Cet homme en face d’elle qui vient de lui casser sa voiture n’y est pour rien. Il a l’air gentil, attentionné, mais c’est probablement un homme comme les autres, un salaud, un traître, un mec qui trompe sa femme. Il porte une alliance. Elle sent dans son regard quelque chose de libidineux. Il vient de provoquer un accident et ça ne l’empêche pas de draguer. Ces sont tous les mêmes. Il vient de saisir sa main et de la serrer en la regardant. Il a le toupet de lui demander un sourire. Elle sait que ce n’est pas un sourire qu’il cherche, et que si elle entre dans son jeu, il va la croire d’accord pour une escapade. L’espace d’un instant, ça la fait rire. Un rire nerveux, il s’en rendra sans doute compte.


Arnaud a obtenu le sourire qu’il demandait. Un sourire qu’il trouve magnifique. L’espace d’un instant, il a trouvé dans le regard de Céline quelque chose qui lui rappelle Adèle. Un regard bleu pétillant plein de gentillesse, des fossettes creusées et rondes, un petit pli entre les yeux, et cette façon de pincer ses lèvres. Il ne sait pas pourquoi il le dit, mais il le dit.



Arnaud est vraiment désolé. Il a lâché la main de Céline et se tait, l’air contrit. Il a baissé les yeux, ne sait plus quoi faire.


Céline est désolée d’avoir été aussi brutale. Après tout, il ne faisait rien de mal. Elle ne veut pas poser de questions et le mettre encore plus mal à l’aise. Cet homme semble sincère, et où est le vice ? Elle sent une forme de tendresse naître en elle, et sans y penser, lui redonne sa main.


Arnaud la regarde à nouveau et lui sourit. Le calme est revenu. Leurs mains sont chaudes, un peu tremblantes. Ils savent l’un et l’autre que leur contact ne soignera pas leurs blessures, mais qu’il leur fait du bien. Céline serre un peu plus fort sa main, et lui en caresse le dos avec son pouce. Elle lui sourit à nouveau, comme il y a quelques instants. Elle lui offre encore ce plaisir nostalgique qu’il avait ressenti quelques minutes auparavant en lui rappelant son épouse disparue. Il sourit aussi, saisit son autre main. Ils se caressent doucement, tendrement. Céline voudrait que ça dure encore. Elle se sent bien. Ça lui fait du bien de faire du bien à cet homme visiblement gentil et triste. Il aime le contact des mains de Céline, leur chaleur, leur douceur. Et il aime son sourire. Ce n’est pas le sourire d’Adèle. Adèle était brune, un peu ronde. Quand il a dit qu’elle la lui rappelait, il voulait parler de la tendresse qui passe par les yeux, de la bienveillance qui passe par le sourire.


L’un et l’autre ont appelé leur assureur. Les dépanneuses arrivent presque en même temps pour enlever les voitures. Arnaud a appelé un taxi pour rentrer chez lui. Céline n’y a même pas pensé. Il lui propose de la déposer. Elle accepte et prend place à l’arrière à côté de lui. Arnaud a une copie du constat et donne l’adresse de Céline au chauffeur. Elle habite Biviers, à une dizaine de kilomètres.


Sur le chemin, c’est elle qui saisit la main d’Arnaud. Elle la serre, comme pour se rassurer. Il la regarde ; elle se tourne vers lui, puis pose sa tête sur son épaule. Arnaud se sent bien mais ne sait pas quoi faire. Il sent que Céline n’est pas triste seulement à cause de l’accident, mais n’ose pas poser de questions. Il sent aussi qu’elle a besoin de tendresse, et qu’elle lui offre de lui en donner. Machinalement, il lui caresse les cheveux. Elle serre plus fort son autre main et se love contre lui. Il sent ses lèvres humides dans son cou, qui remontent vers sa bouche.


Céline a chaud. Elle est toujours en colère, mais Arnaud lui fait du bien. Elle a senti toute la détresse de cet homme dans son regard, mais elle a aussi senti toute sa tendresse, toute sa chaleur. Et de chaleur et de tendresse, elle en a cruellement besoin. Elle a saisi sa main d’abord, puis s’est collée contre lui. Quand elle a senti la main d’Arnaud dans ses cheveux, tout son corps a réclamé davantage. Elle a embrassé son cou et a eu envie de sa bouche. Il a semblé hésitant, et maladroitement lui a rendu son baiser. Ils se sont embrassés.


Son mari est sans doute encore à l’hôtel avec sa maîtresse, alors elle ne lui doit plus rien. Céline se redresse, sort de son sac à main sa copie du constat et demande au chauffeur de les conduire chez Arnaud dont elle lui donne l’adresse.


Il n’a rien dit. Il est d’accord. Aucune femme n’est entrée chez lui depuis cinq ans, et ce n’est pas trahir la mémoire d’Adèle, pas au bout de cinq ans. Lui aussi a besoin de tendresse.


Le trajet est silencieux jusqu’à Crolles. Ils se sont embrassés à nouveau, plusieurs fois. Ils se sont caressés chastement. Ils ont chaud tous les deux. Ils sont timides tous les deux. Ils sont maladroits tous les deux, comme des ados qui savent ce qui va se passer, mais qui ne savent pas comment ça va se passer.


Arnaud a payé le taxi, et ils se dirigent vers la maison. Arnaud ouvre la porte, laisse passer Céline et referme derrière eux. Il n’y a plus de doutes, plus de questions. Arnaud a envie d’elle. Elle le sait. Céline a peur. Elle n’a pas connu d’autre homme que son mari, et ce qu’elle s’apprête à faire est amoral. Mais il l’a cherché. Il est allé voir ailleurs, et ce n’est sans doute pas la première fois. Pour elle, ce sera la première. Et elle compte bien en profiter.


Elle a ôté ses chaussures en même temps que lui et ils se sont pris dans les bras. Ils s’embrassent tendrement, et leurs mains découvrent leurs corps.


Céline a le dos au mur. Arnaud a ouvert le chemisier de la belle, a dégrafé son soutien-gorge et lui presse les seins des deux mains. Il est fort et doux. Elle a fait sauter le bouton de sa jupe qui glisse sur ses hanches, et cherche à déboutonner le pantalon d’Arnaud. Il l’aide un peu pour qu’enfin elle puisse glisser une main dedans. C’est la première fois qu’elle touche un autre sexe. Il est très dur, très chaud. Arnaud a délaissé un sein pour lui passer une main entre les cuisses. Elle est chaude elle aussi. Il a écarté la culotte pour venir au contact de sa vulve trempée. Ils n’attendront pas d’être nus. Céline se hisse sur la pointe des pieds pendant qu’Arnaud se baisse un peu. Elle dirige son gland vers ses lèvres. Elle n’hésite que quelques instants avant de le laisser la prendre, et l’embrasse à pleine bouche pendant qu’il la possède.


Arnaud n’avait pas fait l’amour depuis longtemps, mais c’est comme le vélo : ça revient vite. Et cette femme toute légère et étroite est un régal. Il sent son corps contre le sien, ses seins tout durs contre son torse. Il la soulève en la tenant sous les fesses et la plaque contre le mur à chaque fois qu’il pousse. Mais il va bientôt ne plus pouvoir se retenir, déjà, et voudrait ralentir le rythme, mais Céline ne veut pas. Elle se déchaîne, lui ordonne de la baiser plus fort, lui interdit de sortir. Elle hurle de plaisir. Cette femme sur sa queue est une déesse. Il la pistonne, la défonce ; elle aime ça, elle adore ça. Ils se lâchent, se donnent à corps perdu, et jouissent en même temps, debout, tremblants, honteux et heureux.


Arnaud est pris d’une panique intestine. Il pense à Adèle. C’est son visage qu’il voyait en baisant Céline. Il pleure de joie, il pleure de honte. Céline est dans ses bras, bouillante et douce. Il la serre fort pour qu’elle ne relève pas son visage et voie le sien couvert de larmes. Il aimerait lui dire combien il a aimé la posséder mais il préfère garder le silence pour ne pas rompre le charme.


Céline est honteuse elle aussi. Le sperme d’Arnaud coule le long de ses cuisses. Ça pue le sexe. Si elle a honte, ce n’est pas à cause de ça. Elle a honte parce qu’elle a aimé ça. Elle a aimé être prise ainsi, ailleurs que dans son lit, par un autre que son mari. Il a joui trop vite, mais elle a pris son pied. Elle repense à sa première fois avec celui qui allait devenir son mari. Il avait éjaculé avant même de la pénétrer. Il n’avait aucune expérience, comme elle. Elle avait dû attendre plusieurs semaines avant d’avoir son premier orgasme avec lui, plusieurs mois avant qu’il n’ose poser sa langue entre ses cuisses. Elle avait résisté plusieurs années avant d’accepter de faire l’amour en plein jour, et une autre encore avant d’accepter de le sucer. Aujourd’hui, elle se sent prête à tout, avec un homme qu’elle ne connaît pas. C’est de ça qu’elle a honte. Ce n’est pas elle, ce n’est pas son comportement normal. Ce qu’elle vient de faire est très mal, mais ça lui a fait tellement de bien qu’elle ne sait pas si elle doit ou pas le regretter.


Arnaud a séché ses larmes. Il a repris conscience du moment et du lieu. Il sait qui il est et avec qui il est. Elle n’est pas partie en courant : c’est que sans doute elle aussi avait besoin de sexe, besoin de tendresse, besoin d’amour. Il l’embrasse à nouveau, et leur baiser est aussi doux que déterminé. Ils savent tous les deux qu’ils vont s’aimer à nouveau, profiter de leurs corps, et prendre du plaisir. Arnaud guide Céline vers une chambre, pas la sienne, pas celle où dormait Adèle. Ça, il ne pourrait pas. Mais dans cette chambre d’amis, il n’y a pas de tabou.


Ils sont enfin nus et se regardent.


Arnaud est bel homme. Un corps d’homme peut être beau quand on en a envie. Ce n’est pas une gravure de mode, pas un apollon, pas un parangon de beauté, mais un bel homme. Ses épaules sont larges, son ventre presque plat, ses cuisses musclées. Son sexe est large et épais, un peu courbe. Il a des fesses rondes et fermes. Finalement, Céline se fiche pas mal de son apparence. Ce n’est pas le plus important, même si quitte à se faire sauter par un inconnu, autant que ce ne soit pas par un laideron. C’est quand même sa tendresse qui l’a émue, et sa façon de lui faire l’amour qui l’a comblée.


Céline semble empruntée, timide, hésitante. Il la regarde avec délicatesse. Cette femme est belle dans sa quarantaine. Ses petits seins tombent un peu. C’est tellement mignon, tellement doux. Cette femme a probablement des enfants. Personne ne peut donner autant de tendresse s’il n’a pas donné la vie. Ses cuisses sont fuselées et musclées, son ventre est plat. Mais elle se tient mal, un peu de travers. C’est sans doute lié à la gêne qu’elle éprouve à se montrer nue devant lui. Elle n’avait pas prévu ce moment. Sa toison est un peu sauvage, naturelle. Mais Arnaud la trouve magnifique, et son envie de lui faire l’amour est immense. Pas pour lui, pas pour le plaisir de baiser, pas pour le plaisir qu’il aura à lui fourrer sa queue dans la chatte, pas pour le plaisir qu’il éprouvera à la sentir sienne pendant qu’il la défoncera, pas pour le sentiment de puissance qu’il éprouvera à la voir succomber, pas pour flatter son ego quand il la sentira mouiller pour lui. Pas pour lui, mais pour elle. Il a envie de lui faire du bien, de la dorloter, de lui donner du plaisir, de lui faire oublier les raisons de sa tristesse. Arnaud s’approche d’elle pour la prendre dans ses bras. Ils se caressent doucement, sans un mot.


Céline est plus entreprenante que lui. Ce n’est pas la première fois. Elle ne se reconnaît pas. Elle l’attire vers le lit et s’allonge devant lui, les cuisses légèrement ouvertes. Il la couvre de son poids et sa queue redevenue raide trouve seule le chemin. Ils s’embrassent tendrement. Il la baise avec soin, la caresse autant qu’il peut. Elle a passé ses jambes autour du bassin d’Arnaud pour qu’il la prenne bien à fond. Elle sent bien son sexe en elle et ses mouvements lents.


Céline s’oblige à garder les yeux ouverts pour surtout ne pas oublier qui lui fait l’amour, et que son esprit ne s’évade pas vers son mari. Lui aussi, par le passé, savait lui faire l’amour tendrement. C’est passé, petit à petit. Est-ce lui qui a changé, ou elle, ou les deux ? Elle veut rester concentrée sur ses sensations, des sensations formidables. Elle ressent chaque millimètre carré du sexe d’Arnaud dans son corps en fusion. Elle est proche de l’orgasme, dans un état qui dure, qui dure.


Arnaud a eu peur, mais en sentant son érection revenir, sa peur a disparu. Céline l’a attiré sur le lit et s’est offerte à lui. C’est naturellement qu’il a pris possession de son corps, comme si la demande de Céline était évidente. Il ressent une émotion indicible à la baiser ainsi tendrement. Leurs corps ne font qu’un. Il sent qu’il pourrait tenir ainsi longtemps. Il sent qu’elle aime ça au son de ses ahanements. Des « oui » murmurés, des « viens » susurrés, des souffles profonds, des mots doux dans l’oreille. Et puis ses frissons, sa chaleur, son sexe qui palpite. Il est bien, Arnaud, bien sur cette femme, bien dans cette femme. Lui aussi veut garder les yeux ouverts, se délecter de la beauté de cette femme qui s’offre à lui, lui donner ce dont elle a besoin, la faire jouir, lentement, longtemps. Il sait que bientôt ce sera fini, qu’elle repartira, alors il veut qu’elle se souvienne de lui, de ce qu’ils vivent maintenant.


Elle est proche de l’extase, d’une extase qu’elle sait d’avance violente. Elle sait que ce sera d’autant plus violent que l’étreinte est douce et longue. Mais elle est prise de panique ; une angoisse monte dans ses tripes et vient la percuter. Arnaud s’arrête, perdu par cette réaction imprévue. Céline s’est pris la tête dans les mains et pleure. Arnaud se relève, ne sait pas quoi faire, ne sait pas quoi dire, alors il ne fait rien et se tait. Dès qu’il s’est reculé, Cécile se tourne sur le ventre et continue de pleurer, prise de sanglots et de spasmes. Il s’assied à côté d’elle et lui caresse les cheveux. « Chutttt » lui dit-il, sans savoir pourquoi elle pleure, sans savoir comment faire pour qu’elle cesse. Et il la regarde. Son dos, ses hanches, ses fesses, ses cuisses. Ce n’est pas une vision obscène ; c’est une vision magnifique. Céline a la peau lisse, douce, blanche. Ce n’est pas un corps de gamine mais le corps d’une femme, et le corps d’une femme ça raconte une histoire, ça raconte sa vie.


Céline pleure en pensant à ce qu’elle vient de faire. Arnaud ne le sait pas mais elle a joui longuement et en silence. Elle ne se souvient pas avoir joui aussi longtemps déjà. Leurs sexes semblent faits l’un pour l’autre. Elle a presque regretté qu’il ne jouisse pas en même temps qu’elle pour le sentir se répandre encore en elle, mais la crise de panique est arrivée. Une honte massive, délétère, qui tout en rompant le charme lui a donné conscience du plaisir immense qu’elle éprouvait. Mais Arnaud n’y est pour rien. Au contraire. Il reste là à la cajoler, sans la brusquer. Il est doux et gentil. Et elle a honte de se l’avouer, mais elle a encore envie de lui.


Elle se tourne un peu pour saisir sa main, qu’elle guide au-dessus de ses épaules pour lui faire comprendre qu’elle veut qu’il s’allonge sur elle. Elle ne veut pas parler, et de toute façon elle n’en a pas besoin. Il a compris. Arnaud s’allonge sur elle, son sexe entre leurs corps. Il ne sait pas si elle veut juste un peu de tendresse et de chaleur ou qu’il la prenne à nouveau. Elle décidera, tout lui convient. Mais quand elle remonte un peu ses fesses alors qu’il lui tient les mains en ayant passé ses bras sous les siens, il comprend ce qu’elle souhaite.


Céline est grande ouverte, offerte. Arnaud s’enfonce en elle tout doucement, jusqu’au bout. Elle soupire et tout doucement se redresse sur ses genoux. Elle a envie d’être prise ainsi, d’être prise par derrière, soumise. Arnaud n’a pas besoin d’un dessin. Il comprend quand il pousse un peu plus fort que c’est exactement ce qu’elle veut. Alors il la baise plus fermement. On entend le claquement de ses cuisses contre les fesses de Céline, laquelle répond par des soupirs satisfaits. Il la tient par les hanches et se déchaîne, prenant de temps en temps ses tétons pour les pincer avant de revenir à la charge. Céline jouit à nouveau, et cette fois Arnaud n’est pas en reste. Il la prévient ; elle recule son cul contre lui pour qu’il se lâche. Il la tient fermement contre lui pour expulser son foutre. Elle hurle en même temps que lui.


Ils restent encore près de deux heures ensemble à échanger des caresses, à se sucer, à prendre du plaisir, tantôt dans la tendresse, tantôt dans la débauche. Céline a fait le plein de tendresse et de sexe. Arnaud ne se souvenait pas d’avoir donné autant de plaisir dans une seule journée. Mais l’heure tourne, elle doit le quitter. Quand le taxi arrive, ils s’embrassent longuement. Ils connaissent leurs adresses mais ne se sont pas échangé leurs téléphones, comme s’ils savaient tous les deux qu’il n’y aurait pas de lendemain. Arnaud sait qu’elle est mariée et qu’il vient néanmoins de tomber amoureux d’elle, mais il ne le lui dira pas. Il préfère qu’elle soit heureuse malgré tout avec son mari. Elle vient de tellement lui donner… Elle vient surtout de lui redonner de l’espoir en une autre vie, une vie meilleure.


Céline passe de la honte à la satisfaction. Après tout, son mari l’a bien mérité. Il est allé voir ailleurs, alors elle n’a pas à avoir honte. Et puis pour elle, c’est une et une seule fois, une vengeance en somme. Quand Guillaume le saura, ça lui fera très mal. Aussi mal que possible. Il l’a bien mérité. Elle a mal elle aussi, alors tant pis pour lui. Et elle est décidée à tout lui dire. Pas où, pas avec qui, mais tout le reste. Elle lui dira qu’elle a pris du plaisir, qu’elle en a redemandé, qu’elle l’a sucé, qu’il l’a sucée, qu’il a joui dans sa chatte à sa demande à elle, qu’il lui a léché l’anus, qu’elle en a fait de même. Elle en rajoutera pour le faire souffrir, c’est décidé !


Elle sent le sperme s’écouler dans sa culotte et repense au corps d’Arnaud. Elle repense à son sexe en elle, à l’envie qu’elle a eue, un instant, de lui demander de rester chez lui cette nuit. Elle aurait dû demander. Et puis non. Céline a hésité à demander au taxi de retourner au point de départ. Elle n’a pas tout fait avec lui. Elle n’a pas dormi avec lui. Elle n’a pas fait l’amour sous la douche. Elle n’a pas fait l’amour au réveil. Elle ne l’a pas regardé se masturber. Elle n’a pas osé lui demander de l’enculer. Elle aurait pu faire davantage, aller au bout de l’adultère. Mais finalement l’envie de se confronter à Guillaume, de lui jeter ses vérités au visage et de le voir souffrir est plus forte.


Quand elle arrive chez elle, la voiture de Guillaume n’est pas là. Elle devra attendre qu’il rentre pour avoir une explication. Mais la porte de la maison est ouverte et Guillaume est là, un livre dans une main, et un Perrier dans l’autre.



Guillaume s’est levé pour venir vers elle mais elle recule. Elle ne veut pas qu’il le prenne dans ses bras, qu’il sente quelque chose, alors elle fait semblant d’être en colère. En réalité elle est bien en colère, mais pas pour les raisons qu’elle va indiquer. Elle gesticule en pestant sur le connard qui lui a embouti sa voiture alors qu’en réalité elle est en colère contre elle-même. Elle s’enfuit vers la salle de bain en prétextant qu’elle a besoin d’un bon bain pour se calmer. Une fois n’est pas coutume, elle s’y enferme pour être sûre d’être seule, ouvre les robinets de la douche et s’assoit sur un tabouret pour pleurer.


Tout le film repasse en accéléré dans sa tête : ses doutes, sa colère, son accident, sa rencontre avec Arnaud, leurs mains qui se touchent, le voyage en taxi, leurs corps qui exultent, sa queue qui la pénètre, son sperme qui crache en elle, ses extases, sa queue dans sa bouche, la langue d’Arnaud entre ses fesses, leurs adieux baveux, sa colère en rentrant, sa honte, sa déchéance. Céline voulait se venger d’un mari adultère qui en réalité ne l’était pas, mais son plaisir à elle, son plaisir à le tromper, l’était bien.


Sous la douche chaude, Céline sent encore le corps d’Arnaud sur le sien. Ses sensations reviennent quand elle se lave entre les cuisses, comme si les mains et les lèvres d’Arnaud étaient toujours là. Elle va partir en week-end avec son mari et faire ce qu’il faut pour se faire pardonner, même s’il ne sait pas de quoi elle a à se faire pardonner, mais lundi elle ira à Crolles boire un café. Peut-être.