n° 18350 | Fiche technique | 54139 caractères | 54139Temps de lecture estimé : 29 mn | 28/04/18 |
Résumé: Je ne sais pas s'il existe des conventions collectives pour ce genre de job... | ||||
Critères: fh fplusag jeunes collègues hotel danser voyage strip fellation cunnilingu préservati fist pénétratio init humour | ||||
Auteur : Radagast Envoi mini-message |
Incorporation
Je pousse un cri de joie : la première réponse ! Je trépigne dans le petit hall, au point de faire peur à ma veille voisine, madame Michu. Après avoir envoyé des dizaines de CV, usé mon imprimante en lettres de motivation, je désespérais de recevoir une réponse ; même négative, ça m’aurait fait de la lecture : marre de ne lire que des factures, des pubs ou des relances de ma banque « Votre compte est à découvert, gnagnagna, gnagnagna, signé gnagna. »
Je lis et relis encore et encore cette lettre :
« Monsieur,
Après étude de votre CV, nous vous saurions gré de bien vouloir passer à notre siège social, le vendredi 31 à 10 heures ; votre parcours semble convenir à nos desiderata.
Veuillez agréer, Monsieur, nos sincères salutations. »
Une entreprise qui communique encore par courrier classique mérite un hommage ; de nos jours, les réponses se font par courriel ou SMS, quand il y a une réponse. J’aime toucher, lire et relire ce genre de missive.
Je sais, rien n’est encore fait. Mon destin est entre mes mains. Je vais me défoncer pour avoir ce travail. Je le veux et je l’aurai.
Je relis la raison sociale de la boîte : MCD. Un centre de remise en forme, avec soins esthétiques, salle de sport, piscine, spas, sauna et tout le toutim, y compris un hôtel-restaurant pour nourrir et loger les curistes. Le truc haut de gamme pour bobos friqués.
J’avais vu une annonce dans laquelle ils demandaient un assistant pour seconder le chargé de communication. Je sors d’un master en communication !
Je prépare mes vêtements : costume avec cravate et chemise blanche, chaussures en cuir, que j’emprunte à des amis ou que j’achète dans des friperies – pas trop les moyens. Je me motive aussi pour réaliser le meilleur entretien possible. Après un an de galère, je vais peut-être trouver un boulot pile dans mes compétences.
Je passe la nuit à me tourner et me retourner, sans fermer l’œil. Le petit matin me trouve vaseux, incapable d’avaler une simple biscotte. Après une douche et un rasage de près, je rejoins les locaux de MCD, où une accorte secrétaire m’attend.
Je prends place dans un fauteuil aussi profond qu’un texte de Houellebecq. Je feuillette une revue vantant les bienfaits de la fangothérapie quand un bonhomme ventripotent vient me chercher. Il aurait bien besoin des services de sa propre boîte !
Il ne me serre pas la main : il me secoue le poignet, le coude et l’épaule. Je dois avoir une ou deux vertèbres déplacées. Le personnage m’est tout de suite sympathique.
Il ouvre un dossier et en sort mes missives.
J’opine du chef, l’air très inspiré.
Je commence à me lancer dans une grande explication lorsque la porte s’ouvre, me stoppant dans ma démonstration. Une grande et superbe femme entre alors. Oscar se lève aussitôt, j’en fais autant. Il est rare qu’une femme me regarde dans les yeux ; cette fois, c’est le cas.
Avec ses talons aiguilles, elle doit faire ma taille. Ses splendides yeux gris me fixent, me jaugent, me sondent jusqu’aux tréfonds du slip. Le maquillage très discret ne masque pas sa beauté, mais la sublime. Ses cheveux blond cendré, mi-longs et libres comme l’air encadrent un visage hiératique et laissent le front libre et haut. D’un regard, je passe en revue les sourcils fins et clairs, bien taillés, les pommettes hautes et saillantes, les petites taches de rousseur qui parsèment les ailes de son nez et ses pommettes. Maintenant, j’en suis sûr, elle n’est pas passée par la case chirurgie esthétique : le nez légèrement busqué orné d’une petite cicatrice en est la preuve. Elle aurait pu être parfaite, lisse et insipide ; elle est juste belle et sensuelle. Ces petites imperfections lui donnent un charme fou.
Je ne peux toutefois détacher mes yeux de ses lèvres, pulpeuses, gourmandes. Elles semblent vouloir tout goûter, apprécier. Je les imagine sur les miennes ; j’en frissonne.
J’ai la bouche ouverte, prêt à gober le premier moustique qui passe.
Elle possède un petit accent indéfinissable.
Elle s’assied devant moi, accoudée au bureau, son menton délicatement posé sur sa main aux longs doigts fins manucurés. Une alliance et une bague y brillent.
Il en a de bonnes, lui ! Comment veut-il que je reprenne quand ma patronne me scrute comme une lionne scruterait une pauvre gazellounette (1) perdue dans la savane.
C’est juste le moment qu’elle choisit pour croiser les jambes. Le crissement de ses bas l’un contre l’autre suffit à me faire perdre le fil de mon exposé. Instinctivement je baisse les yeux.
« Si j’aurais su, j’aurais pas dû ! » Des cuisses comme ça ne se rencontrent pas à tous les coins de rue. Longues, musclées, parfaites. À peine cachées par une courte jupe noire. Que porte-t-elle dessous ? Un collant ? Des bas ? Ne gâchons pas le fantasme, pitié, pas un horrible collant !
Je vois le muscle s’aplatir sur le genou – le moyen adducteur si mes souvenirs sont exacts – et dans la petite yourte formée par sa cuisse et sa jupe, je devine sa perspective Nevski (2), celle qui mène à son monastère devant lequel j’aimerais m’agenouiller ; si je tendais la main, je pourrais caresser un peu de peau…
« Pense à autre chose, merde, regarde ailleurs. » Le « ailleurs » en question, c’est sa poitrine, ses seins qui tendent le chemisier blanc… « Je t’ai dit de penser à autre chose ! » Je croise son regard amusé. « Oscar ! Voilà, regarder Oscar : c’est celui qu’il me faut. » Je continue tant bien que mal mon intervention. Parfois je ne peux m’empêcher de jeter un regard sur elle quand elle change de position, recroise ses jambes ou, comme maintenant, alors qu’elle fait glisser un stylo entre ses lèvres. « Pitié, pas ça… »
Au bout de trois quarts d’heure de torture, ils abrègent mes souffrances.
Je serre des mains, je croise encore une fois son regard amusé.
Et voilà, la phrase fatidique « Contents de vous avoir connu, au revoir à jamais. » Je peux aller me recroqueviller dans mon studio merdique. Je reste avec un beau rêve, un rêve aux yeux gris et aux cheveux dorés, aux cuisses de déesse grecque.
~~oOo~~
Le bruit de mon portable me réveille : un SMS vient d’arriver, avec son glonk-glonk familier. Depuis cette matinée mémorable, quinze jours plus tôt, j’ai encore participé à quelques entretiens, sans plus de résultats. Ma situation financière devient catastrophique.
Merci de repasser au siège de MCD pour quelques renseignements complémentaires.
Je téléphone aussitôt.
C’est un Oscar affable qui me reçoit.
La bienséance m’empêche de hurler de joie et de grimper aux murs.
Mon excitation retombe. Elle est arrivée derrière moi, en douce, et me murmure ce truc à l’oreille. Trop de sollicitations sensorielles vont faire sauter mes fusibles.
Elle me saisit la main.
Je la suis des yeux. Elle s’en retourne vers son bureau. Son fessier bien moulé dans un pantalon roule de droite et de gauche en un mouvement hypnotique. « Gloup’s ! Ça y est, je vais faire un malaise… »
~~oOo~~
Cela fait presque deux mois que je travaille ici. Le temps de prendre le pouls de l’entreprise, de suivre moi aussi une cure – pour pouvoir en parler en connaissance de cause – je me suis mis au boulot, ai lancé quelques idées qui semblent plaire à l’équipe, et surtout à la directrice.
Ou plutôt Carry : elle tient à ce que nous nous appelions par nos prénoms.
Nous sommes une centaine entre les administratifs et les techniques, qui interviennent auprès des clients.
La patronne entre dans mon bureau.
Je sais de quoi elle veut me parler. J’arrive en fin de période d’essai ; vais-je oui ou non avoir un CDI ? Mais au lieu de se diriger vers son bureau, elle m’entraîne vers le parking.
Galant, je lui tiens la portière tandis qu’elle s’installe derrière le volant.
Galant, je fais mine de ne pas regarder sa jupe remonter sur ses sublimes cuisses.
On dira ce que l’on veut, mais une jolie femme court vêtue dans un cabriolet te donne des envies de faire des bêtises. Merci, Monsieur Mazda !
J’en reste coi.
Nous dégustons un apéritif à une table en terrasse. Elle me laisse mariner quelques minutes sans en venir à ce qui m’intéresse.
Devançant mes objections, elle ajoute :
Vais-je enfin savoir si je reste dans cette boîte ou non ?
Je la regarde bouche bée ; je m’attendais à tout, sauf à ce genre d’entretien.
J’adore quand elle fait cette petite moue avec ses lèvres. Elle semble donner un baiser à son interlocuteur.
Je rougis comme une pivoine et m’étouffe avec mon vin. Comme entretien d’embauche, c’est plutôt étrange.
Je ne sais plus où me mettre, tellement je suis gêné. Sous la table, peut-être ? Non, il y a ses jambes !
Elle me caresse la main, conscient de ma gêne.
Au dessert, elle me relance là-dessus :
Si je n’étais pas assis, j’en resterais sur le cul.
Elle prend une grande respiration.
Je m’attendais à tout, sauf à ça.
Formation
Un petit sourire apparaît sur mes lèvres.
Elle se renfrogne.
Un grand sourire éclaire son visage.
Je remue mon café pendant cinq minutes puis je me lance, d’une voix de fausset :
« Putain de merde, dans quoi me suis-je fourré ? » Elle m’entraîne à sa suite d’un pas décidé. Une idée me traverse l’esprit et me glace.
Jusqu’au dernier moment, je me pense victime d’une farce ; je dois pourtant me rendre à l’évidence lorsqu’une fois dans la chambre Carry se retourne vers moi et me déclare :
Elle m’explique les petits bisous, sur les joues, les oreilles, les yeux, sur les lèvres.
Le baiser sur les doigts, ou celui plus tendre sur la paume.
Le baiser dans le cou, celui qui chatouille et donne des frissons. Le petit baiser qui peut s’accompagner de romantiques mordillements.
Enfin le bon gros patin baveux avec la langue qui se faufile bien partout. Aller chercher la langue de la belle, vérifier ses implants.
Elle me décalamine les amygdales. Je me pensais pas trop mauvais dans cette épreuve ; en fait, je ne savais rien.
Les doigts tremblants, je déboutonne le chemisier en essayant de ne pas toucher son corps.
J’effleure du bout des doigts sa peau douce, juste sous le cou, jusqu’à la naissance des seins cachés par un joli soutien-gorge en dentelle noire.
Une myriade d’éphélides constelle sa gorge.
Je fais descendre sa jupe tout en caressant ses cuisses et ses jambes. À genoux devant elle, j’embrasse sa peau juste à la limite de l’aine et du petit boxer ajouré qui cache à peine sa chapelle Sixtine.
Toujours à ses pieds, je fais glisser la petite culotte, le regard fixé sur son adorable buisson. Blond ! C’est une vraie blonde. Il est touffu, bien taillé. Il couvre son mont de Vénus, un triangle dont la pointe indique la position du clito telle l’aiguille de la boussole indique le Nord. La fine toison borde aussi des lèvres toutes luisantes. Madame la directrice semble aussi émoustillée que moi par le cours magistral qu’elle me donne.
Je porte à mon nez son sous-vêtement ; une agréable odeur en émane.
À son invitation, je l’étends sur le lit.
Je cajole cette peau délicieusement parfumée. Évidemment, mes mains se dirigent vers son buisson sacré.
La joue posée sur son mollet, j’assiste à un joli phénomène : la piloérection. Sa peau pourtant bien lisse se hérisse sous mes caresses ; même son petit chaton en a les poils qui se dressent.
Arrivé devant sa toison, j’hésite, suppute, et tente une diversion. Au lieu de poser mes lèvres sur les siennes comme un gros bourrin, je contourne et embrasse l’aine. Je reçois les félicitations du jury.
Je ne sais si je me fais des idées, mais sa voix chevrote un peu. Le bouche-à-bouche devient torride. Elle me fait toujours part de ses judicieux conseils :
Je m’exécute en riant dans sa barbe.
Il fait une chaleur là-dedans ! Je lèche, aspire, trifouille, papouille. Elle me tire les cheveux de droite et de gauche pour m’indiquer les endroits propices à caresser. Je sais ce que ressent un cheval que l’on dresse sur un manège.
Elle me comprime soudain le visage entre ses cuisses, se cambre, hurle des propos incompréhensibles. Son corps vibre, tremble, est agité de spasmes. Un liquide abondant inonde ma bouche ; ma patronne dégouline du saladier ! C’est la première fois qu’une femme me fait ça ; je crains le pire : je lui ai fait mal, j’ai raté mon examen.
Je suis en partie rassuré ; je viens de réussir l’oral.
Je rampe sur elle. Sa main glisse entre nos corps, attrape monsieur Loyal, l’habille d’un élégant chapeau pointu et le pose sur son brasero.
J’obéis aux ordres de ma patronne. La forêt amazonienne doit ressembler à sa chatoune : chaude et humide. Malheureusement, je ne suis pas à la hauteur de la situation. À peine entré, je balance la sauce. C’est le Titanic, la Bérézina, Jospin en 2002 (4). Je suis effondré.
Surprise : mon beau professeur me console.
Elle me caresse la joue et me tapote Popaul en me rassurant :
~o~
Deux fois par semaine, je suis les cours particuliers de ma patronne. Des cours de rythme : comment alterner pénétrations profondes et courtes, rapides et lentes, puissantes et délicates.
Et surtout des cours de résistance. Pour ce faire, elle me taille des plumes en m’obligeant à tenir le plus longtemps possible. Je dois penser à des choses tristes : le sénat, une visite chez le dentiste, un film de Bergman ou de Luc Besson, la gastronomie vue par McDo.
Carry est une enseignante exigeante qui songe à tout. Elle me fait étudier le 69, la levrette déchaînée, l’amazone sauvage, le canyon de la Bruche. Seule interdiction : pratiquer la monte à rebours, m’intéresser à sa porte cochère. Zone naturelle protégée.
Après deux mois de cours ardus, alors que nous nous tenons l’un contre l’autre, essoufflés et en sueur, mon enseignante me prend la main.
Je cherche à détourner la conversation ; je crains de l’avoir vexée.
Séduction
Pour parfaire mon éducation, Carry me présente à deux de ses clientes et amies ; ces charmantes dames se plaignent de manque de tendresse, d’avoir le barbu qui se démoralise. Je passe une sorte d’examen de fin d’études devant un jury indépendant.
Pour un premier boulot, je suis servi ! Le travail me plaît ; pourtant, je me demande toujours si je ne suis pas entraîné dans une histoire de fous, victime d’un gag. Mais en réfléchissant bien je vois mal ma patronne me pratiquer une turlute pour se marrer et me faire une farce. Cette formation spéciale se double d’une mission de la plus haute importance : séduire une gamine presque inconnue. Pour une histoire de dingues, c’est vraiment une histoire de fous ! Un jour, je lui pose la question qui me turlupine :
Au moins ces choses-là sont clarifiées.
~o~
Afin d’éviter le caractère administratif, Carry m’invite chez elle pour me présenter sa fille, ma future stagiaire. Elle va – paraît-il – préparer un petit repas à la bonne franquette.
J’arrive chez eux, un bouquet de fleurs à la main.
Je dois avoir l’air con : offrir un bouquet de fleurs à la maîtresse de maison alors que son mari m’ouvre la porte, mari au courant de nos ébats. Il ne semble pas contrarié ; sa poignée de main est franche et chaleureuse.
Il me sent gêné.
Et il ajoute en catimini :
Dans le patio je retrouve ma patronne, sa fille et son futur blaireau. Les parents du mustélidé sont là aussi. La fille est la copie conforme de sa mère. Grande, svelte, aussi brune que la mère est blonde, mais brune aux yeux bleus. Aussi belle que sa mère, de cette beauté d’une jeune femme presque adulte avec encore la fraîcheur de l’adolescence. J’espère que Carry sait ce qu’elle fait : je n’ai pas envie de faire souffrir cette jeune fille.
Si Mélody me fait un grand sourire et me serre la main, l’autre me snobe. Je lui tends ma patoune ; il se retourne et entame une conversation avec le mari, prénommé Charles, et ses parents. Je vois : messire ne discute pas avec un subalterne !
Le Thomas continue ses conneries, expliquant à tout un chacun que le travail de trader, s’il est bien rémunéré, est particulièrement pénible, mais qu’il recèle cependant de bons moments.
Tandis que ses parents se marrent, je croise le regard consterné de ma patronne. Nous imaginons l’avenir de notre boîte entre les mains d’un idiot dans son genre. Je comprends la maman : ce n’est pas une mission de séduction, c’est une opération de sauvetage.
La mère, le visage en lame de couteau, fait mine de détecter de la merde dans son assiette et ne dit rien. Le père, un gros homme cauteleux aux yeux proéminents s’essuie les babines, toussote et annonce :
Tels parents, tel fils. Quelle famille de blaireaux… Imbuvables ! Et dire que Mélody regarde ce gus avec les yeux de Chimène… Justement, elle m’interpelle :
Le blaireau se manifeste alors :
« Pan ! Dans les dents, Ducon ! » Carry se mêle à la conversation, l’air satisfait d’une chatte qui vient de vider le pot de crème fraîche :
Pour lui une femme doit faire ce que veut son mari.
Mélody boude quelque peu ; il me prépare le terrain, cet abruti. Charles, le papa, intervient :
Les trois trouducs approuvent : sitôt qu’on leur cause pognon, ils sont d’accord.
Lors des adieux, ma patronne et sa fille me donnent rendez-vous lundi. Charles me serre la main ; les autres sont bien obligés de faire pareil. Ce con de Thomas essaie de me broyer la paluche. Mauvaise idée. Nous sommes tels deux coqs luttant pour la suprématie de la basse-cour. Les phalanges blanchissent, un rictus orne ses lèvres.
Carry semble toute fière de son champion.
Je me penche vers lui, tel un conspirateur d’opérette :
Nous nous quittons sur ce trait d’humour.
~~oOo~~
Elle est très gentille, ma patronne, mais comment séduire ma stagiaire sans passer pour un gros pervers, un Weinstein qui veut se taper une minette ? La seule solution qui me vient à l’esprit est d’être attentionné, galant, de la faire travailler sur des choses intéressantes, la faire participer à l’élaboration de certains projets, la valoriser, l’écouter ; bref, faire le contraire de l’autre.
Les premiers jours de stage, j’emmène Mélody visiter la boîte. Nous discutons des différentes stratégies pour attirer la nouvelle clientèle ; je l’incite à faire part de ses idées, même farfelues.
Nous partageons souvent des fous-rires, je lui offre des cafés au distributeur.
J’ai eu l’idée de tourner un petit film pour les différents salons et pour le web. Sur un scénario de la patronne, nous formons un couple de jeunes cadres dynamiques venu se régénérer dans cet établissement de grand standing. Mélody écrit les dialogues et je m’occupe de la production.
Nous déambulons dans l’établissement en toute décontraction et en peignoir. La petite en maillot de bain attire bon nombre de regards, surtout les miens.
L’opération séduction est en cours. Il y a de plus ingrates missions.
La campagne de pub vient d’être lancée sur Internet, avec succès, semble-t-il. Un matin, ma stagiaire arrive toute renfrognée.
J’arrive à lui tirer un petit sourire. Lors de ce tournage, nous avons présenté l’hôtel, couchés tous deux sous une couette. Faut être con pour s’imaginer faire l’amour en présence des cameramen, preneur de son et maquilleuse.
J’en profite pour la consoler et la féliciter : il faut profiter de toutes les occasions pour lui savonner la planche, au mustélidé.
Oui, je passe pour un benêt, mais un benêt adorable. C’est un début.
~o~
Puis vient le grand jour, celui où nous devons partir pour la foire de Nîmes. Départ le jeudi, pour être fins prêts le samedi, jour de l’ouverture.
Je pose la valise de Mélody dans le coffre aux côtés de la mienne et des boîtes de documents propres à la promotion. Je lui tiens la portière ouverte, comme à mon habitude.
Je me marre, Mélody non.
Sur ce, elle éclate en sanglots. Merde !
Elle se marre. Femme qui rit…
Elle semble accuser le coup et réfléchir. En blitzkrieg, on nomme cela « décocher la flèche du Parthe ».
Arrivés à destination, nous allons directement à l’hôtel.
Le lendemain, nous installons notre stand : écran géant, lecteur HD, documentation, fauteuils, boissons fraîches et tout le toutim. Carry a mis le paquet.
Un des promoteurs vient nous rendre une visite de courtoisie.
J’interroge du regard Mélody.
C’est rasé de près, revêtu de mon plus beau costard que je viens chercher ma cavalière ; et là, j’en reste bouche bée : longue robe fourreau bleu nuit, très sage sur le devant, mais pourvue d’un dos nu vertigineux ; un truc qui ne descend pas aux chevilles, mais presque, fendue jusqu’à mi-cuisse. Comme je reste coi, elle s’inquiète :
« Maman a vraiment pensé à tout… » me dis-je. Elle rougit et me fait un sourire.
Le repas se déroule dans notre hôtel ; un orchestre fait ses gammes sur une scène. Nous entrons bras dessus bras dessous.
Nous dînons à la table du maire. Le repas se déroule calmement, l’orchestre joue en sourdine. Un couple s’installe sur la petite piste et se lance dans un tango.
Je l’entraîne, tout étonnée, vers le centre de la salle.
Je plante mes yeux dans les siens, je la serre contre moi, une main plaquée sur le bas de son dos. Nous nous laissons emporter par la musique, et le miracle a lieu. Corps contre corps, nous ne formons plus qu’un. Nous sourions tous deux. Elle danse divinement bien ; je ne suis pas mal non plus, merci mamy.
À la fin du morceau, une salve nourrie d’applaudissements salue notre prestation.
Nous voilà repartis pour un nouveau tango, de plus en plus sensuel.
Au bout du troisième nous nous arrêtons. Je commence à ne plus maîtriser ce qui se passe dans mon pantalon. Nous quittons le restaurant et je la raccompagne à sa chambre.
« Ne brûlons pas les étapes ; il ne faut pas effaroucher la belle. » À peine suis-je dans la chambre que quelqu’un frappe à la porte. J’ouvre et reste scotché : elle est là, devant moi, entièrement nue. En un coup d’œil j’enregistre la peau blanche des seins lourds et fort appétissants, les aréoles et tétons sombres et tendus, l’épais carré de satin noir au bas de son ventre : Mélody ne pratique guère l’épilation ni la coupe rase, j’aime.
Moi qui devais déballer mon cadeau, c’est râpé. Quoique, offert de cette façon, je ne vais pas bouder mon plaisir.
Je sursaute et la laisse passer sans un mot. Elle enroule ses bras autour de mon cou et me roule un patin.
Merde, c’était à moi de faire ça, de déshabiller, d’embrasser ; elle me coupe tous mes effets. J’oublie tout des cours délivrés par sa maman. J’ose enfin poser la main sur son dos – disons même le vraiment bas du dos – sur ses tendres rotondités. Elle, elle sait quoi faire ; sans hésitation, Melody me déshabille : c’est le monde à l’envers ! Nous passons bien cinq minutes à nous embraser – ou sser, c’est pareil – sans échanger une parole : il n’y en a pas besoin. Puis elle me pousse sur le lit, me lèche le zigomar, le prend en bouche. Elle sort de je sais où un préservatif dont elle me revêt, puis se plante sur mon épieu jusqu’aux tréfonds de sa chatounette incandescente. Elle se cambre et respire un grand coup. Elle s’agite sur l’instrument en poussant de petits gémissements inarticulés.
Je ne connais pas encore le but de sa visite, mais j’ai tout de même quelques pistes.
Je dois faire appel à toute ma volonté, me remémorer les cours magistraux prodigués par Carry pour ne pas balancer la sauce de suite. Elle accélère sa sarabande. Je lui pétris les seins et les tétons ; elle me presse l’agrume dans un dernier spasme et s’affale sur mon torse, essoufflée comme une marathonienne. Mais moi, je suis encore opérationnel. « Merci, Carry. » Je reste planté en elle, au garde-à-vous ; d’un roulé-boulé, je la place sur le dos.
Elle est tout étonnée lorsque je lui joue le second mouvement du concerto pour flûte à bec. Je reste très tendre, utilisant toutes les ressources de mes dernières études pour la faire de nouveau atteindre le nirvana. Nous larguons les amarres ensemble. Elle me serre contre elle alors que je m’épanche en son sein. Ou plutôt dans le condom.
Elle pousse un petit cri quand je lui gobe un téton, fais rouler l’autre entre mes doigts. Elle rit quand je lui mordille les cuisses, halète lorsque je plonge le museau dans sa toison. Je savoure la différence entre la mère et la fille, le nectar capiteux de l’une et le parfum suave et printanier de l’autre.
Elle a beau tortiller du fion, elle n’échappe pas à mes léchouilles. Elle a la jouissance déonégative.
Je la laisse reprendre ses esprits avant de la serrer entre mes bras.
Un véritable cri du cœur, ou du ventre. Je me revêts d’un nouveau poncho sur le gland et j’attire la jolie brunette sur moi. Je lui bisouille les yeux, les oreilles. Ma tige trouve de façon naturelle son joli calice, et c’est reparti pour un tour.
De nouveau elle rejoint les nuages.
~o~
Le matin nous trouve enlacés. Nous sommes à la bourre pour l’inauguration, aussi prenons-nous notre douche ensemble, alibi pour laisser nos mains s’égarer.
Elle rejoint sa chambre revêtue d’un drap en guise de toge.
Le soir de cette journée en tout point inaugurale, elle abandonne sa chambre pour squatter la mienne, et toute la semaine nous faisons des galipettes. En fin d’exposition, nous faisons une petite virée en boîte où nous nous amusons comme des fous avec d’autres exposants.
Le retour à la vie normale est un peu brutal. Elle ne veut rien montrer aux autres, à sa mère, et surtout à son Jules. Cela n’empêche pas les petites caresses volées de-ci de-là, quelques baisers échangés dans un couloir, mais les gros câlins nous sont interdits. Je dois avouer que sa présence dans mon lit me manque ; ne plus la serrer contre mon cœur aussi.
Dire que nous attendons avec impatience les foires de Toulouse et Strasbourg est un euphémisme. Deux chambres sont réservées ; nous n’en utilisons qu’une.
Lors de la foire de Strasbourg, un sympathique couple d’Alsaciens nous interpelle.
Mélody en rougit de confusion. Le même soir elle décide de ne plus utiliser d’imperméable à gland lors de nos ébats.
Puis novembre arrive avec ses frimas et la fin du stage. Ses notes sont, paraît-il, excellentes. J’attends avec impatience les miennes. Aucune nouvelle ne filtre. Ai-je réussi la mission confiée par ma patronne ? Avec ce pincement au cœur, si j’ai réussi à la soustraire au blaireau, la garderai-je pour moi tout seul ? Car je me suis attaché à ce petit bout de femme.
J’ai été chargé de chasser le gêneur, pas forcément de prendre sa place. Un contrat est un contrat.
Épilogue
Vers la mi-décembre, Carry organise une petite fête pour tout le personnel. Occasion aussi pour fêter la réussite du master de Mélody. Un buffet nous tend les bras avec ses boissons et ses mets savoureux.
Lors d’une virée aux toilettes, je surprends une discussion dans le bureau de la patronne.
La voix de Carry s’acidifie à l’énoncé de ce prénom.
« Mission accomplie ! »
« Ah, la fourbe ! »
« Brave petite… »
« Gloups ! » Je commence à me demander si je ne suis pas manipulé depuis le début ni si elle ne manipule pas sa fille non plus. Redoutable bonne femme que cette Carry !
J’apprécie le trait d’humour.
« C’est vrai qu’après ce qu’elle m’a appris, elle va s’offusquer ! Je vais être dans mes petits souliers au prochain réveillon… »
~~oo~~
1. Gazellounette : bébé d’une très petite gazelle (note du zoologue de la rédaction).
2. Perspective Nevski : à Saint Petersbourg (voir avec Vladimir pour la visite guidée).
3. Ô, Moh Dhia : « Ô, mon Dieu » en gaélique.
4. Même avant 2002, penser à Jospin te la rendait molle.