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n° 18372Fiche technique9615 caractères9615
Temps de lecture estimé : 6 mn
13/05/18
Résumé:  Une jolie rencontre.
Critères:  fh sauna amour pénétratio nostalgie
Auteur : Lazizanie  (jeune écrivain sénior)            Envoi mini-message
Lucie

Comment l’ai-je rencontrée ? Par un site de rencontres, bien sûr ! Fait-on autrement de nos jours ? Oui, bien sûr, dans les clubs par exemple. Mais c’est si pratique, les sites. On pratique le marketing de réseau, le CRM (customer relationship management). On segmente, on pratique l’e-mailing. On trouve des prospects. Y’a plus qu’à transformer. Avec parfois des surprises. Agréables ou moins.

Bref, cette année-là, mon amie du moment avait mis un terme à notre relation de façon assez brutale.


Désemparé, le garçon. La vie paraît un peu fadasse. Tourne en rond.

Et puis mon ancien boss me rappelle et me demande d’assurer une formation pour deux contrats de professionnalisation. Pas terrible, la paie, mais au moins ça occupe.


Des temps morts. Internet alors. Un site. Un de plus. Toujours aussi peu de résultat. On se présente sous son meilleur jour. On embellit au besoin. Enlève du CV un an ou deux… Diable, dès qu’on dépasse soixante. C’est comme pour les chaussures, elles sont vendues 59,90 pas 60. Alors : « Bel homme, élégant, cultivé… » On va terminer par une formule qui se veut originale, impactante, « … cherche récréation avec dame souriante. » J’en ai d’autres en réserve ; si vous avez besoin, n’hésitez pas.


Et puis, un jour, à la pause déjeuner, un court message. On échange par la messagerie. Un tél. « Tu m’appelles ? Je t’appelle ? » Je ne me le rappelle plus. Quelle importance ? On s’appelle. Le lien se tisse.


Lucie, soixante ans, enseignante. Voix souriante, avenante. « Libre à midi ? Faisons connaissance. Je vous invite à prendre un pot au bar de l’hôtel Union. » Bel endroit. Au moins lorsque tu amènes ta copine dans ce lieu, tu impressionnes.


De l’autre côté du quai, un restau-terrasse qui a l’air sympa. Repéré en arrivant. Restau où l’on peut prendre le temps. Bavarder. Regarder. Se regarder. Se sourire. Que la vie est belle !

Une blondeur entre dans le bar. On se reconnaît mutuellement et immédiatement.



A midi, un gewurz, ça ira très bien. Il paraît qu’il est très bien ici.



Acquiescement. On fait le tour du quai. Ça donne l’occasion de « jauger » la dame. Ses jambes, jolies. Elle est enveloppée dans un imper façon trench. Difficile de se faire une idée. Petit cul ou gros pétard ? Petits seins ou gros nichons ?

Eh quoi, je suis ici pour baiser, non ?



L’intérieur a l’air sympa. Et nous serons seuls.

Repas fait de grignotages. Fromages, charcuterie, avec un vin frais. La conversation devient vite chaleureuse. Mêmes aspirations. Je suis assis en face d’elle. Des yeux bleu pâle. Les cheveux blonds, très longs, rassemblés en une tresse. Peu de maquillage. Souriante. Même si j’ai la curieuse impression que son visage dégage de la tristesse. Peu de bijoux. Presque baba cool. Normal, elle doit être post-soixante-huitarde. Une robe bleu pâle en lin qui lui sied bien. Décolletée, fendue sur la cuisse. On se parle de nos vies. Je commence, essaie de mettre en valeur une carrière un peu ratée. Qui aurait pu. Mais pas fait les bonnes rencontres au bon moment.


Elle ! Enseignante, oui, mais de médecine. Spécialiste, impliquée dans des programmes de recherche. Un côté sacerdotal. Il est minuit, Docteur Schweitzer. Elle me parle de la médecine qui soigne, qui guérit, qui sauve des vies. Transfigurée, presque mystique. Une plaidoirie façon abbé Pierre dans « hiver 54 ». Elle n’a qu’un auditeur. Moment d’exception qu’écouter cette femme. Qui aime passionnément son métier. Qui souffre des maux de ses patients. La bonté coule avec ses paroles. Utopique ? Bien sûr ! Que serions-nous sans utopie, sans rêves ?

Le fric, pas un mot. Pourtant elle me dira plus tard que l’argent pervertit la médecine. S’il n’y avait que la médecine… Ouh-là-là. Je vais l’ennuyer avec ma petite vie, mes soucis de fin de mois, mes vacances étriquées.


Bon, sa vie n’aura pas été un long fleuve tranquille.

Un mari volage et méprisant. Qui saute tout ce qui bouge à l’hôpital. Évidemment, facile pour lui, médecin spécialiste. Un ego surdimensionné, bien sûr, comme bien des gens de cette profession. Elle souffre du regard qu’il porte sur elle. Faut dire que le bon docteur laisse des traces. Je grimpe une infirmière ? Je l’emmène à l’hôtel et paie avec la CB du ménage. Le qu’en-dira-t-on, il s’en fout. Tableau de chasse. Goujaterie. Pourtant, elle est plutôt jolie, évidemment d’une culture immense.


Et la santé s’en mêle. Le crabe. Par deux fois. Le médecin est un patient comme les autres.

Je me dis qu’avoir de la chance, ce n’est pas gagner au loto, mais de ne pas choper cette vacherie.

L’atmosphère est moins enjouée à la fin du repas.


Finalement, non, je ne la baiserai pas. Incorrigible romantique. Un joli sentiment est né. Et nous ferons l’amour.


Bon, on va se reprendre en main. On se prend la main. On se revoit quand ? Bien sûr. Et pourquoi pas passer l’après-midi ensemble. Formule Un ou B&B ? Non, très peu. Le romantisme de la ZAC, très peu pour elle. Pour moi non plus d’ailleurs. Et si on allait au sauna ? Bonne idée. Finalement, j’en trouve un avec une plage de deux heures libres.


On y va. La jeune femme de l’accueil nous accueille avec beaucoup de courtoisie et de sourires. Elle sait bien que ses clients sont des amants. Pour le coup, elle a tort. Dans deux heures, ils le seront. Pas encore. Elle a deviné l’intention. Nous emmène dans le lieu. Chouette. Lumière tamisée, sauna, hammam et jacuzzi. Coin repos. « Tu as pris des préservatifs ? Non ? Tant pis, j’ai trop envie. » dit la dame.


Un moment plus tard, on gagne le jacuzzi. Je caresse ses seins. Ils portent encore les traces du crabe qu’on lui a enlevé. Le chirurgien a pris beaucoup de précautions pour ne pas massacrer les globes de Lucie. Et c’est plutôt réussi. Je les caresse avec douceur et tendresse. Elle gémit. J’ai eu peur, pendant un instant, que la chirurgie ait altéré les sensations. Mais non. Je l’embrasse et l’investis doucement. Elle soupire de plaisir.


Retour en ville. On se quitte. Avec la promesse de se revoir.


Des SMS et des mails pleins de bonheur. Elle me dit son plaisir de se sentir belle dans le regard d’un garçon. Un emploi du temps surchargé. Bon, on arrive à déjeuner ensemble avant notre séance de sauna privatif.


Lucie aime bien jouir de mes doigts et de mon sexe. J’aime l’embrasser. Lorsque ma bouche s’aventure vers sa fente, doucement mais fermement elle me repousse. Lucie n’est pas une adepte des pratiques buccales ! Zut, moi qui aime tant ça… C’est bien la première fois que je vois un tel interdit. J’attribue ça à une phobie des bactéries ou des microbes. Profession oblige. Pourtant jamais un préservatif ne nous sépare.


Coup de chance, un fleuriste avoisine l’établissement qui abrite nos rencontres. Romantique, vous dis-je.



La fleuriste est jolie. En réalité, je n’en ai plus le souvenir. Mais l’instant est beau, alors la fleuriste est jolie. Et puis merde, quo, non ?

Lucie ne pourra pas amener les fleurs chez elle. Le mari volage ne le supporterait pas.



Elle fleurira son service, la scientifique. En gardera tout de même une pour son bureau.


Le romantique va se mettre à écrire. Des poèmes. Maladroits. Mais qui font du bien à la belle. Qui danse nue pour le garçon. Ses mouvements gracieux occupent tout l’espace. Passer du regard méprisant à des lignes qui se veulent douces comme la rondeur de ses seins, émouvantes comme ses lèvres, ça peut bouleverser. Même un esprit très bien formé.


Je lui écris. Elle m’envoie des messages depuis l’Afrique, l’Amérique… L’espace entre les rencontres s’agrandit. Autrement dit, les rencontres s’espacent.


Un évènement dans sa vie : elle quitte son homme qu’elle nommait époux. « Je vais devoir régler un tas de choses, il faut que je reste discrète… » Je ne vous garantis pas l’exactitude des mots employés. Et j’ai compris « On va s’arrêter là. » J’ai bien tenté quelques messages-poèmes. Avec une réponse de plus en plus banale, laconique. Vous choisirez.


Un jour, je lui envoie un texte du même calibre que celui que vous lisez en ce moment.

En réponse : « C’est chaud… » Un second le lendemain. L’engueulade ! Faut vous dire que l’adresse mail d’une autre dame est visible. Involontairement ou intentionnellement ? À vous de voir.


Des regrets ? Non pas. Jolie parenthèse. Et j’ai su dès le premier jour que l’histoire ne durerait pas longtemps. Au final, ce qui m’étonne, c’est de m’être trompé autant.


Lucie, si tu lis ces lignes, je t’embrasse.