Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 18385Fiche technique141712 caractères141712
Temps de lecture estimé : 81 mn
20/05/18
Résumé:  L'amitié entre un homme et une femme est impossible ? Eh bien, Stéph et Véro ont prouvé le contraire depuis si longtemps qu'ils peuvent se permettre de prendre tous les risques... ou pas !
Critères:  fh extracon copains collègues fépilée vacances sport voyage cérébral voir strip cunnilingu
Auteur : Penn Sardin            Envoi mini-message

Série : Les 50 limites de l'amitié H/F

Chapitre 01 / 15
Le voyage et le premier jour

Préambule


Ce livre relate la transgression de tous les interdits qui entourent une amitié homme-femme. Ce voyage dans l’exploration douce et répétée des limites apporte des émotions bouleversantes à deux êtres si communs…


Transgressions répétées, bouleversements permanents, mais il n’y a jamais d’agressivité ou de rapport pervers entre eux : ils sont définitivement des personnages apaisés et sûrs de leurs valeurs.

Ils vont rester des personnages intelligents et respectueux de l’autre et de leurs engagements pour leur famille tout au long de leur histoire qui va pourtant transformer tous leurs repères à plusieurs reprises.


Ils ont, bien sûr, pris un petit risque au départ : leur longue et suspecte amitié homme-femme.

Mais cet embryon de désordre dans leur vie est sous contrôle depuis si longtemps, sans même jamais avoir eu besoin du moindre recadrage, que la victoire sur toutes les dérives malsaines semblait définitivement acquise.


La tempête de sentiments et de passions sensuelles qui remplit ce livre va donner à leur vie une intensité incompatible avec la vie et la morale qui est la leur. Plusieurs fois ils y mettront, ensemble, une limite raisonnable, chaque fois l’aventure rebondira.


Tour à tour, leurs sentiments, leurs envies sensuelles refoulées, leurs rencontres, les tabous franchis seront de nouveaux plongeons dans l’inconnu. Chaque fois, chacun des deux sait qu’ils seront « à deux » pour préserver leur vie parce qu’ils ont une confiance totale dans la tendresse désintéressée de l’autre.

Cette confiance ne sera jamais trahie, mais la tempête est tumultueuse, et même à deux pour tenir la barre, le bateau peut couler…



Le voyage


Lundi 18 mai — 6 h, à l’aéroport de Blagnac : le vol pour Lyon sera clos dans 10 min.


Je suis encore totalement incrédule : cette escapade s’est décidée très vite contre toute attente. Une aventure qui survient comme un cadeau immense, inattendu. Cadeau tellement inespéré que la peur qu’il me soit repris annihile complètement la joie qu’il m’apporte.


Je sens aussi la pression du défi : cette entreprise, si elle se réalise, devra être un monument de perfection. Le stress est à son comble, mon cœur s’emballe.


Pour retrouver mon souffle, je me raisonne : il suffira d’être moi-même et de vivre le moment au jour le jour et ce sera naturellement un grand moment pour nous deux. Les choses ont toujours été simples et naturellement parfaites entre nous deux sans avoir besoin de les organiser.


Malgré ma volonté d’être optimiste j’ai l’intuition d’une catastrophe, je suis submergé par l’angoisse.


Mais cette angoisse n’est pas rationnelle : je dois me reprendre et la surpasser pour réussir à faire de ces jours exceptionnels, presque volés au destin, les plus belles vacances de ma vie et surtout de la vie de Véronique. Je vais réussir ce grand défi avec mes initiatives et une bonne humeur communicative et sans faille !


Les plus belles vacances de Véro ?

J’y vais un peu fort, mais, en tout cas, il faut absolument qu’elle ne regrette à aucun moment de s’être engagée dans cette aventure.


L’aventure : c’est six jours en montagne, à deux, logés dans un chalet que Véronique connaît pour y avoir séjourné. Nous aurons le sport comme fil rouge et notre amitié de toujours comme cadre affectif.


Véronique, c’est ma meilleure amie. Je partage avec elle, en plus de notre très grande, très complice et très ancienne amitié, un goût pour des balades sportives dans des lieux magiques. Nous aimons tous les deux les défis physiques qui nous prouvent que nous existons au-delà de nos vies pleines et rangées. Défis qui sont aussi des occasions pour échanger toutes nos pensées sur nos vies, nos envies et nos sentiments.


Véronique et moi sommes de purs amis. Nous ne passons du temps ensemble que pour faire des choses superflues, toutes ces choses accessoires de la vie peu compatibles avec les grandes priorités, mais auxquelles renoncer signifierait d’accepter que nos rêves ne se réaliseront jamais.


Ces six jours en montagne au mois de mai sont une situation rêvée pour nous deux. Ce sera l’occasion de profiter à plein de notre communion pour ces goûts extraordinaires.

Je suis ici à attendre Véronique. Elle tarde à arriver et ce retard ajoute encore à mon angoisse irraisonnée.


Notre périple a été rendu possible sans préavis, presque par hasard. Il semble si fragile que je vis ce contretemps comme un couteau dans le dos au pire moment. Une fois dans l’avion, tout sera verrouillé, je reprendrai le contrôle de la situation, mais dans cette attente les bras ballants, je suis démuni. L’invraisemblable compréhension de nos deux familles et le concours de circonstances qui ont rendu ce voyage possible me semblent fragiles. Le moindre aléa peut tout remettre en cause.


Le chaos des voyageurs qui déferlent vers l’enregistrement passe de part et d’autre de l’espar que je constitue avec ma valise. Je scrute à travers eux comme on cherche à distinguer un obstacle en conduisant dans une tempête de neige. Et j’ai la même angoisse de ne rien voir alors qu’il doit impérativement s’y trouver l’objet de mon attente désespérée.


Mais enfin, elle arrive, traînant une lourde valise en pressant le pas.


J’affecte une décontraction accueillante, mais, comme d’habitude, elle comprend mon angoisse au premier coup d’œil et son expression concentrée s’assombrit aussitôt.



Et elle finit de me rassurer d’un sourire attendrissant et d’un écarquillement de sourcils enjôleur. Je fonds instantanément, je suis conquis, la crainte, l’angoisse s’évaporent, notre voyage est assuré. C’est bon, tout est près, l’aventure peut commencer.


Comme d’habitude, l’avion pour Lyon est surpeuplé et inconfortable. Nous sommes au milieu d’une meute d’hommes d’affaires sans âme, tous préoccupés, chacun dans sa bulle avec son ordinateur ou son iPhone, tous dans une routine qui leur donne l’assurance de leur expérience mais aussi le désespoir d’être de nouveau, ce matin, dans cette ritournelle inhumaine.


Et moi, dans cette ambiance triste comme un jour sans pain, je vis ce voyage comme celui d’un prince dans l’Orient Express. Moi et mon amie me semblons être la seule touche de couleur dans cette cabine en noir et blanc.


Je n’ai d’yeux que pour Véronique : elle est sereine, presque détachée. Tout le contraire de moi qui bous de l’intérieur. Mes pensées sont pleines de belles images et je meurs d’envie de croquer les moments à venir à pleines dents. Je suis survolté comme jamais mais, comme je trouve mon excitation violente et irrationnelle, j’affiche la même neutralité que mon amie.


Je ne connais pas grand-chose de notre destination : je me suis occupé de l’avion, de la location de voiture et quelques détails logistiques, mais pour le reste : le chalet, l’environnement, la montagne c’est l’affaire de ma co-organisatrice. C’est son affaire et aussi son secret !


Je ne crains pas d’être déçu et j’aime l’idée de découvrir le cadre de nos vacances au jour le jour comme une aventure. Je sais que Véro aura des cartes et des photos, c’est une pro des grands moments. J’essaie malgré tout de lui tirer les vers du nez, par jeu… et par jeu elle s’obstine à garder le secret le plus total.


Je joue au curieux pour tromper l’émotion : mon exaltation, comme mon angoisse de tout à l’heure, qui n’a pas complètement disparu, sont irrationnelles, je ne veux pas les montrer à Véro qui semble si sûre d’elle et si tranquille. Si je m’écoutais, je la prendrais dans mes bras : c’est le seul moyen d’expression qui est à la mesure du bonheur qui me submerge, mais elle ne le comprendrait pas, ce n’est pas dans nos habitudes.


Nous parlons de mille choses dans l’avion malgré le bruit : j’ai envie de commencer tout de suite la longue communion de pensée qui sera trop courte à mon goût, même si elle dure six jours sans discontinuer.


Quand nous évoquons le programme des journées chargées qui nous attendent, ma très chère Véro me découvre enfin la même fringale de parler que moi et notre conversation devient décousue : il va falloir que nous nous calmions. J’ai envie de grands échanges sereins et profonds, comme ceux que nous avons eus si souvent, mais cette fois en utilisant ce temps long que ces vacances nous offrent pour la première fois de notre relation amicale. Nous parlons de tout mais à cause du bruit, de l’inconfort et de l’ambiance oppressée de cet avion, je garde pour la voiture ou pour l’arrivée au chalet le sujet fondateur : « La définition des règles et du cadre de ces vacances ».


J’espère que nous conviendrons d’être plus proches et plus intimes que jamais. Autant que nous puissions l’être sans écorner l’avenir de notre amitié et de nos familles. Notre relation a toujours été plutôt distante physiquement alors que nos échanges verbaux sont plus intimes que ceux qu’auraient deux sœurs jumelles. Ce paradoxe a permis à notre amitié de prendre une intensité hors du commun et de durer sans l’ombre d’une dérive sensuelle et c’est donc un modus vivendi qui nous est cher à tous les deux. Mais en mon for intérieur, je suis incroyablement frustré : la tendresse immense que j’ai pour Véro m’inspire de la prendre dans mes bras et de la serrer très fort et très longtemps. Nos règles ne m’ont jamais offert ce plaisir et je me plais à penser que, pour ces vacances seulement, nous pourrions nous permettre cet épanchement anodin.

Je sais que nous trouverons tout de suite un consensus qui nous conviendra. Nous sommes déjà très synchrones sur l’essentiel, mais je rêve que Véronique partage en ce moment mon ambition colossale pour ces vacances.


L’avion atterrit, les bagages et la voiture sont à récupérer, le GPS est à mettre en route et alors, je passerai la main à ma partenaire pour sa part d’organisation.

J’ai vraiment l’impression de marcher à un mètre au-dessus du sol. Je suis porté par une joie qui m’explose le cœur, mais je n’en laisse rien paraître : cette joie débordante n’a pas de sens et Véro est concentrée sur son voyage.


Après avoir réglé notre conducteur électronique et avoir rejoint une route nationale, j’entame la définition du cadre de nos vacances. Je suis pressé de connaître les envies et les craintes de Véronique pour cette aventure.



Les bouquins ne sont pas dans mon programme. Si Véro en arrive à lire de longs moments, c’est vraiment que j’aurais vraiment été un bien piètre compagnon de vacances.

J’ajoute alors pour me rassurer :



Je suis provocateur à dessein : je sais qu’elle ne laissera pas passer une occasion d’imposer sa marque. Elle me corrige tout de suite :



Mon organisatrice préférée est contente d’elle : elle veut bien se donner du mal pour organiser des sorties incroyables mais elle veut un public sensible à la valeur de son travail.



Je regrette instantanément mon enthousiasme qui m’a conduit à cet excès de dirigisme. Chacun d’entre nous doit conserver son libre arbitre pendant ces vacances, Véro a son mot à dire et je n’ai pas à prendre un ascendant quelconque. Je corrige donc tout de suite :



L’expression de son visage s’obscurcit brutalement. J’avais pourtant l’impression de traiter le sujet avec légèreté. Sans doute Véronique aura senti que je craignais qu’elle n’ait pas mon envie de beaucoup partager. Elle retrouve vite son sourire et me rassure en posant sa main sur la mienne et en la serrant brièvement. Elle précise alors :



Elle minaude alors pour donner le change et ne pas perdre le contrôle de la situation :



Véro sait que je tenterai toujours de mettre en scène la femme plus que l’amie à travers les photos. Pour moi, l’image peut avoir plus d’ambiguïté encore que la réalité alors que pour elle, il faut que les photos expriment clairement les postures officielles : c’est un tiraillement avec lequel nous jouons depuis toujours. Véro tarde à répondre à ma demande pour enfin laisser tomber la sentence avec son sourire coquin tout en s’étirant :



Sibylline comme elle sait si bien l’être quand elle veut faire son petit effet. Et là… Je me perds en conjectures ! Elle sait stimuler mon enthousiasme par des suspenses très féminins et elle a l’air très en forme pour cet exercice. Ces vacances s’annoncent très bien décidément. Je meurs d’envie de lui tirer les vers du nez, mais ce serait lourdingue et, de toute façon, voué à l’échec. Je conclus donc ce sujet en approuvant pour lui laisser toute sa bonne volonté :



Nous sommes maintenant sur une petite route de montagne. Le GPS assure, je veux rester concentré sur notre conversation mais les paysages qui s’offrent à nous sont à couper le souffle… Il est à peine dix heures du matin, la lumière est parfaite, il fait un soleil radieux et ses rayons dissipent rapidement les frimas de la nuit. Nous serons au village à onze heures pour faire les courses et nous serons installés pour midi : un déjeuner rapide et cet après-midi nous aurons notre première marche ; comme si les vacances étaient commencées depuis longtemps ! Les formalités sont vite expédiées et nous pouvons poser nos valises avant midi : ouf !


C’est un chalet fait pour une petite famille : une chambre matrimoniale où un grand lit et une armoire occupent toute la place, une toute petite chambre d’enfants avec ses deux lits superposés courts et étroits, une salle de bain avec une baignoire simplissime mais surtout, « big surprise », avec un sauna fort bien venu dans notre programme. Contrairement à ces pièces spartiates, la pièce à vivre qui sert à la fois de salon, de salle à manger et de cuisine est fantastique. Son style montagnard, sa grande cheminée en pierre et surtout sa grande taille, inspirent à de grandes soirées chaleureuses.


D’autorité je mets la lourde valise de Véronique dans la grande chambre. Elle ne fait même pas semblant de contester, il est convenu dans nos accords que je la traiterai comme une princesse au cours de ces vacances. Quand je m’installe dans ma petite chambre, je réalise que le lit d’enfant va être très inconfortable. Il est étroit, fait manifestement 10 cm de moins que moi, et le pied de lit, constitué d’une planche large aux arêtes vives, empêche de laisser dépasser les pieds.


J’espère que notre activité physique rendra la fatigue me permettra de trouver le sommeil malgré l’inconfort. Sinon, j’irai dormir dans le canapé du salon. Véronique, qui est une grande dormeuse, ne le saura même pas, cela m’évitera d’avoir à justifier que nous n’échangeons pas nos chambres. Il serait pourtant plus rationnel d’intervertir nos lits en regard de nos tailles respectives. Je concède que la pauvre Véronique, qui a déménagé toute sa garde-robe, ne pourra pas se contenter de la minuscule armoire prévue pour les enfants. Pour que ces vacances soient harmonieuses, il faut que nous ayons chacun notre espace privé, tant pis si les chalets ne sont pas prévus pour les amis en goguette. Vu la taille de sa malle, Véro va mettre du temps à défaire sa valise, par contre, pour moi, quelques minutes ont suffi. Je lui signale que je profite de mon avance pour faire quelques emplettes.


Véronique semblait tracassée à la fin de notre voyage et lors de notre installation. L’employée de l’agence nous a bien sûr pris pour un couple. La promiscuité et la chaleur du lieu où nous allons résider six jours conviendraient mieux à deux tourtereaux. J’imagine que mon amie doit se demander si elle n’a pas eu tort de se lancer dans cette aventure. Elle peut craindre que je ne sois pas un compagnon agréable dans l’intimité, ou même que je vais être dévoré par des pulsions libidineuses et que je vais peut-être être entreprenant et lourd. Du fait de l’ambiguïté de la situation, un homme et une femme seuls dans un nid romantique, ces vacances ne vont-elles pas l’obliger à être désagréable avec moi, ce qu’elle ne souhaite pas ? Elle peut le craindre !


Pour la rassurer, je vais, comme je l’ai déjà fait souvent, masquer mon enthousiasme. Si j’affiche, ne serait-ce qu’un peu, l’exaltation qui m’habite, elle va craindre que notre proximité ne devienne de l’intimité déplacée et elle va sortir ses griffes. C’est vraiment dommage de taire cette joie incroyable qui m’habite : j’aurais adoré la partager avec elle !


Je trouve la supérette promise par le dépliant et je constitue nos réserves très facilement. Quand je rentre des courses, Véro est toujours dans sa chambre, je m’affaire donc dans la cuisine sans même lui signaler ma présence. J’ai le temps de ranger les courses, de préparer une salade copieuse et de servir la table sans que mon amie ne réapparaisse. Elle a décidément beaucoup d’affaires à ranger !


L’heure avance, je ne connais pas la région mais je crains que le soleil ne se couche tôt sur les sentiers de montagne mal exposés, il ne faudrait pas que nous tardions trop ! Je rentre un peu de bois pour ce soir et trouve plusieurs choses à faire mais à quatorze heures je commence à désespérer que Véro ne sorte jamais de son trou.

Je lance à la cantonade :



Sans répondre, Véronique s’agite alors un peu dans sa chambre et après quelques minutes apparaît avec un air préoccupé. Je n’ai pas bien vu ses yeux, mais j’ai eu l’impression qu’ils sont un peu rougis.


Manifestement tout ne va pas pour le mieux et je ne vois vraiment pas comment je pourrais en être la cause : je n’ai pas affiché dix pour cent de mon bonheur d’être ici avec elle. Je suis maintenant certain que les aspects compliqués, voire négatifs, de notre escapade la dérangent beaucoup. Par lâcheté, certainement, mais aussi pour ne pas l’obliger à rendre cette vision négative réelle et partagée, je préfère ne pas l’interroger sur son ennui apparent.


Nous déjeunons en ne parlant que de la montagne et des balades à faire. Véronique fait manifestement un effort pour participer, Je ne lui demande donc pas trop son avis et elle se range immédiatement à toutes mes suggestions.


Le repas et le café sont vite expédiés, ma compagne de marche s’isole de nouveau pour se préparer pour une promenade sportive. Je crains d’avoir de nouveau à l’extraire de sa grotte mais après un temps trop long mais tout de même raisonnable, elle en sort d’elle même sans enthousiasme.


Contrairement à son habitude, elle a choisi une tenue « tue-l’amour » avec un short long, épais, très masculin et sans forme, des grosses chaussettes et un tee-shirt trop ample et trop long. Elle se dirige vers la terrasse sans un mot et sans s’inquiéter de la logistique qui devient implicitement de ma seule responsabilité.


Nous entamons immédiatement notre périple et je continue à masquer le silence de Véro en babillant sur tous les sujets consensuels qui me viennent à l’esprit. Cette après-midi va être gâchée si nous restons sur cette ambiance lourde mais si je franchis le Rubicon, il est à craindre que ce soient toutes les vacances qui deviendront impossibles.


Manifestement, Véronique est mal à l’aise. Elle minimise certainement les joies de notre séjour et magnifie le prix qu’elle en aura à payer. Si j’étais honnête avec moi-même, je ferais la même analyse, mais je me suis interdit de le faire, le jour où j’ai décidé de venir. Je suis parti du principe que les raisons de ne pas se lancer dans cette aventure étaient si solides et si frustrantes qu’il fallait les écarter définitivement ou renoncer d’emblée. Véronique a probablement pris une décision proche de la mienne mais elle semble avoir été rattrapée par la réalité.


Je commence à paniquer un peu. J’ai peur que cet après-midi ne suffise pas à reprendre pied. Ma conversation doit être maintenant totalement inintéressante à force d’explorer les pires platitudes qui me permettent de parler tout en continuant à imaginer la détresse de mon amie. Les silences s’allongent sous prétexte de se concentrer sur l’effort physique et d’admirer les paysages. Ils s’allongent à tel point que, maintenant, Véronique relance plus que moi la conversation avec un manque manifeste de conviction.


Je ne vois plus les paysages : la douleur de Véro m’est insupportable. Dans ma tête, j’ai déjà renoncé à ces vacances. Je suis déjà occupé à imaginer comment écourter ce désastre avec les honneurs, sans faire de mal à mon amie et sans porter un coup fatal à notre belle amitié. Je suis submergé par le désarroi de ce fiasco. Quel contraste avec le bonheur qui m’habitait quelques heures plus tôt !


Le plus cocasse, c’est que Véro doit penser la même chose que moi et n’ose pas m’en parler pour la même raison. Si, au moins, je pouvais en être sûr ! Le mieux serait que je lui en parle : la solution vient toujours du dialogue !


Nous marchons depuis deux heures, et je sais maintenant que l’évitement du sujet de sa préoccupation, quelle qu’elle soit, ne sera pas une solution. Je suis déterminé à atteindre le cœur de notre prise de tête mais je ne veux pas attaquer de front un sujet aussi risqué. Je vais comme à mon habitude louvoyer un peu comme le joueur de poker qui fait un petit mouvement pour obtenir des informations sur le jeu de son adversaire…



Dans mon intro, je n’ai magnifié que le défi et j’ai rendu bien terne la situation. Va-t-elle venir à mon secours et me dire où elle a mal ?


Véronique attend la suite, elle ne tend même pas la plus petite perche. Je ne suis pas plus avancé ! Je vais donc « miser » à nouveau pour avoir des informations sur son jeu :



Bon, on n’avance pas beaucoup ! Je respire un bon coup pour me motiver à tendre de nouvelles perches que madame acceptera peut-être de saisir…



Décidément, Vérone ne m’aide pas beaucoup. Elle est presque agressive dans sa manière de ne pas se sentir concernée. Je suis déstabilisé et je peste contre mon accroche alambiquée, mais je suis déterminé à sauver nos vacances : je veux une communion totale pendant six jours, je sais que c’est possible pour l’avoir réussi avec Véro des dizaines de fois et je sais combien c’est merveilleux, pour nous deux.



Bon ! Véro a lâché un petit mot gentil au milieu de son « fais comme tu veux, je m’en fous ». Je vais me contenter de ce « bon côté des choses » pour franchir le Rubicon, avec précaution.



Je n’ai pas vraiment mis les pieds dans le plat, mais Véro est très fine, elle a bien compris que nous étions arrivés incidemment au cœur d’un sujet brûlant. Elle se tait de longues minutes, prend son souffle, s’arrête de marcher et se tourne vers moi.



Véronique se tait, mais je sens qu’elle n’a pas fini sa litanie confuse. Elle reprend après une longue hésitation :



Je m’apprête à rebondir sur cette merveilleuse déclaration d’un désarroi si favorable à notre projet commun mais elle fait marche arrière avant que j’aie le temps d’ouvrir la bouche :



Véro se détourne, elle ne pleure peut-être pas, mais assurément elle ne veut plus que nos regards se croisent. Elle part en avant sur le sentier. Je lui laisse un peu d’avance, ramasse le sac à dos et marche à mon tour derrière elle. Nous restons à marcher l’un derrière l’autre pendant quelques minutes ! C’est ridicule, mais si elle avait voulu que nous continuions à parler, il lui aurait suffi de ralentir son pas. Je respecte son envie de réfléchir. Elle s’arrête enfin, sans se retourner, et quand j’arrive à sa hauteur, elle fait un petit geste de sa main qui s’était retrouvée près de la mienne. Je prends sa main du bout des doigts et nous reprenons notre marche sans parler.


Je réfléchis en la sentant proche de moi et heureuse d’être avec moi. Sa main est maintenant dans la mienne, ce lien physique, que nous ne nous sommes permis que très rarement, nous rassure tous les deux sur les bons sentiments qu’on a l’un vers l’autre. Nous nous touchons si peu d’habitude, se tenir par la main est déjà une intimité spécifique de ces vacances. Je sais que nous avons dit beaucoup de choses, toutes vraies mais je sais aussi que nous n’avons pas tout dit… Nous n’avons même pas dit le plus important. Une amitié homme-femme entre adultes est suspecte pour les autres et aussi un peu pour nous : elle peut virer en histoire d’amour, de sexe ou des deux.


J’ai envie que ces vacances soient celles de deux amis très intimes, très complices. Il faut que nous fassions et nous disions plein de choses très fortes, très chaudes même, mais sans sortir du champ amical le plus large puisque cela nous est interdit. Aller aussi loin que peuvent aller un homme et une femme qui s’estiment et qui s’attirent en revenant ensuite à une relation amicale standard. Mon rêve serait que notre amitié d’après sera alors plus riche de souvenirs troublants, que notre relation devienne plus forte et intime mais soit tout aussi compatible de nos vies séparées qu’avant cette aventure. Nous avons marché plus d’une heure la main dans la main sans échanger un mot. On s’est souri souvent ; nos mains se sont raconté une sérénité retrouvée et partagée ; mais les mots n’ont pas été les bienvenus.


Arrivé au chalet, j’ai envie de me poser pour une soirée tranquille. Il est six heures, le soleil décline mais le chalet est idéalement situé, la terrasse aura encore une bonne heure de soleil… Maître de cérémonie depuis ce midi, je continue un peu à mener le bal :



Je m’interdis de lui dire qu’elle a déjà pris beaucoup de temps avec sa valise, mais je ne me risque pas à juger sa manière de faire. Elle est dans sa chambre quand j’investis la salle de bain et elle y est toujours quand j’en sors. Je me sens bien : propre, rasé et habillé pour la soirée. Je lance un « La salle de bain est libre ! » en me dirigeant vers la terrasse avec le PC et les dépliants trouvés en arrivant.


Le soleil du soir est magique, j’ai ma bière fraîche et des tâches non stressantes à mener. Consulter les courriels professionnels et y répondre ne me prend qu’une quinzaine de minutes. Explorer les dépliants et les quelques sites web correspondants est plus long mais c’est un vrai loisir dans de telles conditions.


J’entends Véro passer de sa chambre à la salle de bain et s’en retourner. Elle traîne longtemps mais c’est le signe qu’elle prend le temps de s’occuper d’elle. Cela va la rassurer sur le fait que ces vacances ne seront pas une quête effrénée et c’est une bonne chose. Après une heure de ce farniente solitaire, je sens que le soleil va bientôt disparaître derrière la crête.



Elle me répond de sa chambre :



Deux Martinis Rouges « on the rocks », quelques cacahuètes et ce sera parfait. Ma convive d’apéro arrive alors en jogging et toute décoiffée pour s’installer sur le deuxième transat.

Je suis déçu que sa grosse valise ait été utilisée pour une garde-robe aussi peu recherchée mais je réprime vite ce sentiment coupable. Il n’a jamais été question de séduction pour ces vacances, et si j’en doutais encore, ce jogging est une mise au point sans appel. Ce que Véronique appelle aller un peu plus loin dans notre intimité doit être très fraternel…

Nous parlons de tout et de rien. La prise de tête de cette après-midi ne se fait plus sentir : les frustrations ou angoisses ont été remplacées par une planification d’activités intenses entre copains !


Le soleil disparaît après un quart d’heure et une brise fraîche nous chasse de la terrasse. Nous finissons notre apéro à l’intérieur et c’est l’occasion de préparer le repas. Nous sommes tous les deux fatigués. Nous avons fort à faire tout en mangeant et en faisant la vaisselle pour préparer la journée de demain. Ce sera une journée de sport intense avec vingt-cinq kilomètres de marche, 1200 m de dénivelé et une dizaine de centres d’intérêt remarquables.


À vingt et une heures, nous sommes tous les deux exténués de cette journée commencée si tôt et nous nous retirons chacun dans nos quartiers.

Je ne sais pas trop quoi penser de cette première étape. L’option d’une interruption prématurée n’est plus envisagée. Par contre, celle de vacances purement sportives s’impose. Adieu mes rêves d’intimité psychologique extraordinaire. Dommage !


J’ambitionnais de tenir, chaque soir, un journal de ces vacances mais je n’en ai ni le courage ni la motivation. Je suis passé depuis ce matin de l’angoisse à l’exaltation totale ; puis au doute, au désespoir et enfin à la déception et à la résignation. Je me fabrique maintenant une sérénité un peu artificielle basée sur un renoncement unilatéral qui fait bouclier contre le dépit. Cela fait beaucoup pour une journée et c’est proprement inracontable dans un journal !


Je me couche dans ce lit trop petit entouré de planches aux arêtes saillantes qui agressent tour à tour mon dos, mes genoux ou mes chevilles. Je ne suis pas sûr de dormir tout de suite mais je suis sûr de ne pas penser non plus, je n’en ai plus le courage.


Après plus de deux heures à me retourner, la fatigue n’est pas suffisante pour me faire trouver le sommeil, mais trop importante pour me permettre de déménager vers le salon.

De toute façon, la situation est suffisamment compliquée pour que je n’y ajoute pas un problème de logement inadéquat qui ferait porter sur Véro une accusation d’égoïsme. La fatigue ou l’ennui me rendent pessimiste : je commence à regretter cette entreprise vouée à l’échec ! Je suis fataliste, je ferai le maximum pour que ce soit un bon moment pour Véro, je n’y trouverai peut-être pas mon compte mais ce n’est pas grave et l’avenir nous dira la suite.



Première journée


Mon sommeil trouvé à plus de deux heures du matin est de bien piètre qualité : je suis réveillé toutes les dix minutes par des douleurs provoquées par ce sacré lit ; par l’exiguïté qui m’interdit de m’étaler ou par le froid auquel la petite couverture expose mes pieds ou mon dos. Le matin vient à mon secours tout en détruisant mes derniers espoirs de trouver le repos. Repos qui aurait été bien utile pour le programme du jour !


Nous étions convenus de nous lever tôt et Véro, fiable comme à son habitude, se manifeste dans la salle de bain à l’heure dite. Je me lève et enfile un short et un tee-shirt en une seconde. Je vais faire un tour rapide à la boulangerie, il faut instituer un climat de fête à cette journée, même si je n’ai pas la tête à cela. Il fait frais, je n’ai pas la tenue adéquate et la boulangerie est plus loin que dans mon souvenir. Je presse le pas, prends ce qu’il faut pour le petit-déjeuner et les sandwichs et je rentre au plus vite. Je suis transi de froid quand je rentre au chalet. Véro a lancé un café et s’affaire dans la cuisine. Elle se concentre sur sa tâche et ne semble pas avoir remarqué mon retour. Quand je lui parle d’un petit-déjeuner reconstituant pour pouvoir résister à un effort soutenu, elle me répond sur un ton un peu énervé qu’elle ne se permet pas de tels écarts de régime.


J’élude cette perche à mauvaise humeur en prétextant que je vais tout manger pour pouvoir porter les sacs. Ma réplique était un badinage sans arrière-pensée mais Véronique se défend avec un ton excédé :



Oups ! Ma pirouette n’était vraiment pas la bonne réponse et le climat reste électrique.


Je sais maintenant que Véronique est tendue et que quelque chose qui m’est certainement étranger, ou du moins je l’espère, la contrarie au plus haut point. Je savais aussi que les réglages de notre cohabitation de départ pouvaient être difficiles et j’étais prêt à toutes les concessions pour réussir ce défi. L’ambiance détestable de ce matin est au-delà de mes pires craintes. J’ai franchement envie de tout arrêter là, même si je mesure qu’un tel échec aurait assurément des conséquences catastrophiques sur notre relation.


Pour nous donner une chance de redresser la barre, je détourne la conversation sur nos ambitions de la journée. Là encore, Véronique ne manifeste que peu d’intérêt comme si cet avenir ne la concernait pas ou même comme si elle savait déjà que cette aventure avait avorté.


Le déjeuner terminé, Véronique insiste pour débarrasser elle-même et faire les sandwichs sous prétexte que je ne suis pas prêt. Je sais que je peux me préparer en quelques minutes mais pour éviter un conflit supplémentaire et je renonce à argumenter : je prends la fuite dans la salle de bain. La voix de Véronique était tremblante, elle ne semblait pas sensible à la moindre plaisanterie. Un conflit, même badin, semblait pouvoir allumer la mèche d’une poudrière, une poudrière de larmes qui nous mettrait tous les deux dans l’embarras. Je tarde un peu à me préparer pour lui donner raison et quand je me présente au salon, Véronique est dehors en pleine conversation téléphonique.


Les sandwichs ne sont pas prêts, et la concentration apparente de Véronique sur son dialogue indique que cela va durer encore quelque temps. Je m’attelle donc à préparer notre futur déjeuner et à m’occuper pour ne pas lui donner des scrupules à continuer sa conversation. J’espère que ce coup de fil a un rapport avec son angoisse destructrice et que le renoncement qu’il provoque sera justifié. Je suis vite rassuré sur ce point : je n’entends pas ce qu’elle dit, mais Véronique hausse la voix de manière passionnée et s’agite de telle manière qu’il ne peut s’agir d’une conversation ni professionnelle, ni anodine. Le coup de fil dure et Véronique est maintenant très loin du chalet. Quand elle revient après plus de dix minutes, elle a les yeux un peu rougis mais, à son regard, je sais qu’elle est revenue avec moi.



Et effectivement, Véronique ne s’absente que quelques minutes et revient en tenue de randonnée. Heureusement elle a renoncé à son accoutrement de bricoleuse d’hier. Elle arbore une vraie allure de baroudeuse que je lui connais bien puisque c’était sa tenue pour les nombreuses excursions que nous avons faites ensemble dans la région de Bordeaux. Véronique ne me dit rien de son coup de fil impromptu et passionné, nous partons donc comme si de rien n’était.


La bonne préparation du parcours faite par Véronique fait merveille, nous sommes vite sur le bon chemin et les paysages sont à la hauteur de nos attentes. Nous sommes là pour faire du sport, nous marchons à vive allure, ceci justifie que nous parlions peu.

Cet alibi permet de n’aborder que des sujets superficiels qui ne ressemblent pas à nos longues conversations habituelles. Le climat tendu du petit déjeuner s’évanouit naturellement. Notre escapade se réduira peut-être à une seule vraie journée, si la soirée est aussi joyeuse que la matinée il faudra conclure à l’échec, mais nous aurons eu droit, au moins, à une super excursion.


Le programme est ambitieux mais nous le tenons allègrement. Nous sommes essoufflés par cet effort en altitude auquel nous ne sommes pas habitués mais notre préparation physique nous permet de faire face. J’aime bien sentir mon corps répondre à des sollicitations qui sortent de l’ordinaire et j’apprécie de partager cette sensation avec mon amie. Mon amie qui s’époumone un peu, elle aussi, mais ne faiblit pas. Nous arrivons à un col et nous entamons la descente sans même faire de pause. C’est l’appel de l’écurie : dans une heure nous devons rejoindre un coin sympa au bord de la rivière que des « chats » sur internet ont désigné comme idéal pour un pique-nique bucolique.


Comme prévu, vers treize heures, nous parvenons au bord d’une rivière qui serpente au milieu de rochers. Nous la suivons un peu jusqu’à ce que les rives s’écartent pour former un étang, peu profond mais très joli. Quelques arbres et un grand groupe de roseaux opportunistes complètent le tableau. C’est effectivement un lieu idéal pour une pause reconstituante. Nous sommes tous les deux affamés, mais pour être digne de notre ambiance sportive, et surtout pour nous débarrasser de notre sueur, un bon bain s’impose. Véro avait mis un maillot sous sa tenue de marche, en prévision de cette trempette. Elle a tôt fait se mettre au bord de l’eau pour évaluer la difficulté de la tâche.



Je me suis changé discrètement derrière elle en un tour de main, je la dépasse et je me lance dans l’eau sans hésitation. Je ne manifeste pas la douleur de la morsure de l’eau sur tout mon corps. J’ai été présomptueux, j’en ai le souffle coupé !



Le fond de l’étang est tapissé de galets de toutes tailles, qui rendent difficile une entrée dans l’eau contrôlée. C’est un joli spectacle cette belle jeune femme en bikini blanc qui avance avec précaution et délicatesse pour s’immerger dans une eau limpide. Elle finit son entrée dans l’onde par un petit plongeon fluide qui l’emmène de l’autre côté de l’étang.

Ce bain fait merveille, en quelques minutes nous perdons notre sensation de sueur et de chaleur. Nous en profitons séparément tout occupés que nous sommes à gérer les sensations de notre corps et à nous laver. Véro déclare forfait la première, le soleil sur les rochers représente une tentation insoutenable dès que notre chaleur interne a été absorbée par le lac.


Le froid me gagne aussi, mais j’aime trop admirer la naïade qui sort avec précaution dans son maillot seyant. Je sais depuis longtemps que mon amie a un corps voluptueux et gracieux mais je n’ai jamais l’occasion de le constater dans une tenue aussi sexy. Ces circonstances favorables pour une admiration discrète me le confirment de la plus belle des façons. Nous devrons rester très sobres l’un vers l’autre, les moments où j’aurai une vision sensuelle du corps de mon amie seront rares. Je photographie dans mes pensées l’image des courbes enjôleuses et Véro arrive vite à un gros rocher sur lequel elle s’assoit aussitôt.

Elle me lance alors :



Voilà un petit rappel à l’ordre bienvenu ! Véro me signifie sans ambages que la grivoiserie n’est pas de mise. Je n’ai plus qu’à bien me tenir et je change donc de sujet :



J’apporte le pique-nique. La marche et le bain glacé nous ont affamés. Nous mangeons en parlant enfin à bâton rompu. L’ambiance de complicité amicale qui était promise pour ces vacances est enfin au rendez-vous. Nous nous exprimons sans réserve, avec des mots, avec les yeux, avec les mains, avec des mimiques exagérées. Je suis heureux et elle est heureuse de vivre notre amitié, enfin !

Rassasiés, une bonne sieste au soleil s’impose. En rangeant les derniers vestiges de notre repas je propose une organisation pour la suite :



Je trouvais notre harmonie totale et je n’envisageais pas spontanément des activités individuelles pour la prolonger, mais je me suis encore trompé. Véro, à son habitude, est indépendante et alterne les instants à deux avec des moments seuls avec le même plaisir. Alors que moi, je voudrais toujours prolonger les bonheurs d’être à deux jusqu’à en être rassasié. Je ne me formalise pas de cette déception et je vais me préparer une couche accueillante dans l’herbe haute.


Aussitôt allongé, mon environnement se transforme. Je suis maintenant isolé, presque protégé, par des « murs » d’herbes de 30 ou 40 cm qui me restreignent le champ de vision de toutes parts. Ce changement de cadre brutal me fait comprendre le point de vue de mon amie indépendante, c’est bon d’être seul après des heures de connivence.


Véronique a disparu de mon univers, remplacée par des bruits d’oiseaux, de ruisseau, de vent dans les herbes et par un soleil radieux. Totalement à l’abri de la brise, la chaleur devient intense, je me retrouve sous les tropiques. La réalité prend les atours d’un rêve avant même que le sommeil ne me gagne, c’est une sensation magique…


La torpeur me gagne, je suis bien, je…



Véronique me réveille d’un sommeil profond que je n’ai pas vu venir.



Je sais que ma nuit presque blanche est la vraie explication de cette sieste profonde, mais je n’ai pas envie de raconter à Véro le problème de ce lit trop petit qui s’ajoute au désastre de l’ambiance de ces vacances. Véronique est parfaitement réveillée et n’entend pas que nous tardions encore :



En moins d’une minute, j’ai retrouvé l’attitude que je me suis fixée : celle d’un quidam entreprenant qui profite à fond du moment présent.

Véro avait attendu d’être prête pour me réveiller. Elle a entrepris de partir sur le chemin dès mon « On y va ! » de fanfaron. Je dois retrouver mes affaires, m’habiller en vitesse en la voyant s’éloigner. Je ne vais pas courir pour la rattraper mais simplement marcher vite. Son empressement est inexplicable mais je veux faire comme si je ne m’en rendais pas compte : même si l’ambiance s’est notamment normalisée depuis ce matin, il y a quelque chose dans le comportement de mon amie qui cloche qu’il va falloir éclaircir et je ne veux pas commencer à aborder le sujet par des reproches que je lui ferais sur une supposée inconduite. Le plus ardu de la journée a été accompli ce matin. Il s’agit maintenant de descendre sur des sentiers qui ne sont pas trop rocailleux.


Mais le temps se gâte, des nuages s’amoncellent à l’horizon. Nous avons des vêtements de pluie avec nous, nous avions conscience que la météo des montagnes est changeante mais nous ne sommes plus si loin de notre chalet, donc sans nous concerter, nous préférons simplement presser le pas. Effectivement, les nuages qui paraissaient lointains sont au-dessus nous plus rapidement que dans notre région d’origine et l’inévitable survient : une pluie battante s’abat sur nos têtes et nos épaules peu couvertes.


J’accélère encore le pas jusqu’à être à la limite de courir et je saisis Véro par la main. Il ne s’agit plus de communiquer par un contact des doigts, mais de nous assurer l’un l’autre. Nous pouvons ainsi marcher très vite sans risque de glisser dans la boue ou sur les rochers.


La pluie a vite trempé nos vêtements. La liquette de ma compagne lui colle à la peau et fait apparaître qu’elle s’est débarrassée de son haut de maillot. Ses petits seins sont moulés par le linge mouillé, c’est la vision la plus osée que je n’ai jamais eue de mon amie et cela me fascine contre mon gré. La marche rapide me permet de dissimuler facilement mon trouble et les obstacles rencontrés me donnent mille occasions de me tourner vers elle. Je peux donc profiter de ce spectacle sans être pesant. Du moins, je le crois !


En fait, l’attitude de Véro est assez étonnante. Utilise-t-elle le prétexte de la marche pour ne pas se dissimuler ou est-elle inconsciente de sa relative impudeur et du trouble qu’elle induit obligatoirement ? En tout cas, elle arbore les courbes de sa poitrine sans gêne apparente… et ce n’est pas pour me déplaire.

Nous arrivons vite au village alors que la pluie redouble. Nous nous mettons à courir et, en quelques minutes, nous parvenons au chalet, exténués, trempés jusqu’aux os, et plus qu’essoufflés.



Véro s’éclipse à nouveau, mais c’est sur ma proposition. Je suis content de lui avoir aménagé cet intermède sans qu’elle ait eu à le négocier. Cela va lui confirmer que ces vacances ne sont pas oppressantes.


Je fais comme annoncé : je lance la chauffe du sauna et prépare un feu de bois chaleureux à plus d’un titre. Si Véro est d’accord pour faire le sauna dans les règles de l’art, nous aurons à faire des pauses devant ce foyer, ce sera paradisiaque. Quand le sauna atteint les cinquante degrés, j’appelle ma partenaire. Ce n’est pas trop chaud, mais une montée en chaleur progressive sera plus facile à gérer pour Véro qui n’a pas mon habitude de cette pratique.


Je me rends dans l’alcôve de bois sans attendre, ceint d’une serviette éponge. Véro tarde un peu, je commence à douter de sa venue. Aura-t-elle pris conscience de la promiscuité des lieux et préfère-t-elle que nous alternions nos présences peu vêtus dans ce lieu exigu ?

J’ai la réponse après cinq minutes quand elle ouvre la porte et entre enfin. Elle a un drap de bain autour d’elle, je ne peux pas savoir si elle a choisi de venir en maillot de bain comme il est d’usage de le faire en France contrairement à ceux des créateurs du sauna.



Pendant qu’elle s’installe, je décris l’organisation des différentes phases d’un sauna, en valorisant le feu de cheminée pour les pauses obligatoires. Véro a pris place en face de moi, emmaillotée dans sa serviette. Les hommes ont un avantage certain pour les saunas avec leur pudeur qui se concentre autour des hanches. Véronique, qui visiblement n’a pas mis de maillot de bain, doit supporter une chaude serviette couvrant beaucoup plus son corps. Dans un sauna, la chaleur entre en nous par notre respiration. Véronique et moi absorbons autant de calories l’un et l’autre mais, du fait de ma tenue, ma sudation est beaucoup plus efficace. Je vois rapidement Véronique prendre une couleur écarlate et cela m’inquiète.



Le sauna est un lieu où ne peut pas lire facilement et encore moins admirer le paysage. Si Véro préfère ne pas y être seule, ce n’est sûrement pas pour que j’y entretienne un silence pesant. Notre relation s’est totalement apaisée depuis ce matin et la révélation sibylline que Véronique m’a faite de ses craintes, mais il reste un flou que je voudrais vraiment éclaircir. Je profite donc de ce moment privilégié pour tenter de porter l’estocade à ce qui peut nous séparer d’une complicité sans nuages.



Pendant que nous parlions, Véro s’est décontractée. Ses cuisses et sa gorge sont maintenant découvertes, c’est très joli. Je suis très près d’elle, c’est une proximité très émouvante mais qui n’est pas ambigüe le moins du monde, nous sommes sauvés par l’alibi du sauna. Nous nous taisons un peu. Véro prend conscience de la vision sensuelle que j’ai de son corps mais ne corrige pas pour autant son vêtement. Elle doit se dire qu’une remise en ordre dans sa tenue rendrait impudique une attitude qui sinon serait acceptable.

Je suis bien et il me serait agréable de rester longtemps ainsi, néanmoins je nous rappelle à l’ordre :



Je sors, referme la porte derrière moi, me défais de mon pagne trempé de sueur et entre dans la baignoire pour prendre une douche bien fraîche. C’est une sensation revigorante mais très supportable du fait de la chaleur intérieure de mon corps. Je tourne le dos au sauna mais je sais qu’à travers la vitre de la porte, Véro peut me voir si elle se penche un peu. Nous n’avons encore jamais eu l’occasion de nous voir nus, l’un et l’autre et cela ne fait pas partie de nos usages amicaux. Néanmoins c’est facile pour Véro de transgresser la règle à mon insu et cela me plaît de lui en laisser la possibilité.

Après quelques minutes je me sèche et quitte la salle de bain en prévenant mon amie que le champ est libre. Je me rends au salon en peignoir pour activer le feu et nous préparer des jus de fruits exotiques. Véro ne tarde pas et nous reprenons notre conversation sereine au coin du feu. Cette fois encore, je reste le maître du temps malgré le bonheur tranquille de ce moment de repos à deux :



En supposant que nous n’entrerons pas en même temps, je permets à Véronique de remplacer son peignoir pour sa robe-serviette sans ma présence gênante, mais elle me suit immédiatement. Je me couvre d’un nouveau pagne sous mon peignoir en tournant le dos à Véro. Pendant ce temps les mouvements de Véro m’indiquent qu’elle s’est mise nue derrière moi pour mettre sa serviette sans autre forme de procès. Je sais que Véro est exagérément pudique depuis toujours, trace de son éducation bourgeoise et bordelaise. Cette première, Véro nue dans la même pièce que moi, témoigne de sa confiance.


Nous nous retrouvons à nouveau dans le petit réduit à échanger sur tous les sujets qui sont les nôtres, c’est-à-dire tout ce qui nous émeut. Nous nous reposons à parler plus tranquillement que jamais, plus tranquillement que pendant une marche ou dans un restaurant. Nous avons le temps !


Véro étend les jambes près de moi et ainsi les découvre encore un peu plus. Cette fois-ci, elle a certainement conscience de montrer son corps plus que d’habitude mais le fait avec naturel. Même s’il n’est pas question de sensualité entre nous, je suis très sensible à la beauté de Véronique, elle habite mes fantasmes en secret depuis longtemps. Avoir ses jambes découvertes très haut si près de moi me trouble plus que je ne voudrais, et je perds le fil de la conversation. Je fais des efforts surhumains pour ne pas admirer directement ces courbes féminines qui m’obsèdent et garder mon attention sur notre échange verbal. Véro a senti mon trouble et en connait la cause, elle est trop fine pour avoir raté tous les signes que je lui donne. Mais au lieu de corriger sa tenue en me sermonnant, elle babille des futilités et laisse glisser un peu sa serviette pour me laisser voir largement le haut de sa poitrine. Le cadre de notre amitié ne m’avait jamais permis d’en voir autant de si près, mon regard ne savait plus où porter pour ménager mon trouble.


Véronique est toute souriante, soi-disant à cause du sujet de notre conversation que je ne discerne plus, mais, plus certainement pour le tour pendable qu’elle me joue : la tentatrice qui sait que sa victime résistera à conserver la chasteté de son regard mais qui devra lutter avec acharnement pour cela. Je dois avoir un côté masochiste : ce jeu, à mes dépens, me plaît bien aussi. En fait, j’adore la proximité que ce jeu met entre nous et sa nouveauté : c’est une nouvelle expérience amusante et troublante à notre palmarès, un souvenir partagé que nous garderons.


Nonchalamment, Véronique écarte les jambes tout en fermant les yeux pour vivre intensément ce moment de relaxation. Dans ce mouvement, les pans de la serviette me donnent un angle plongeant sur le haut de ses cuisses et seule l’ombre portée dissimule alors son buisson secret. Heureusement Véronique ne m’interroge pas, si je devais parler, je m’égosillerais complètement. Cet exercice, tout plaisant qu’il soit, est éreintant. Je suis heureux d’avoir l’alibi du minutage des opérations pour signifier un temps mort et pour m’évader du sauna précipitamment.


Sous la douche, j’entends Véronique bouger dans son cagibi et dans le reflet du carrelage brillant, je distingue nettement un visage dans l’embrasure de la vitre du sauna. Cette fois-ci je sais que ma partenaire, si réservée d’habitude, a longuement regardé mes fesses à mon insu. Je ne suis pas pressé de finir mon exhibition que je rends aussi complète que possible en me tournant sous prétexte de me rincer convenablement avec de l’eau sur la figure pour lui garantir que je ne découvrirai pas son observation coupable. Je suis content de partager quelque chose de plus intime avec elle. Même si ce nouveau partage m’oblige à renoncer à ma pudeur, pudeur qui ne m’a jamais vraiment obsédé, il faut bien le dire.


En quittant la pièce, je libère de nouveau la belle enfermée de sa boîte en l’avertissant de mon départ comme si j’ignorais qu’elle me regarde depuis cinq minutes. De retour au coin du feu, j’ai le temps de penser à cette évolution subtile de nos rapports. Je m’attendais bien à ce que ces vacances soient l’occasion de baisser exceptionnellement certaines barrières qui réglementaient nos rapports depuis si longtemps, mais cela a été plus vite que prévu et surtout Véronique semble en jouer pour me taquiner. Véronique me rejoint enfin vêtue de son peignoir. Elle semble lasse, le sauna doit la fatiguer.

Je la rassure sur le programme :



Nous nous asseyons côte à côte sur le sofa face au feu. La torpeur nous gagne tous les deux : c’est le deuxième effet kiss-cool avec le sauna suivi d’un beau feu de bois.

Après dix minutes sans parler je relance le déroulement de la soirée, il commence à être tard :



Et elle ajoute, plus bas, avec un ton de plaisanterie :



Et Véronique continue en bougonnant :



Et nous nous séparons pour passer en mode soirée : moi, vers la salle de bain pour reprendre une douche qui retirera la sueur tardive qui me vient toujours après un sauna ; et Véro vers sa chambre.


Véronique est vraiment d’humeur joueuse ce soir. Je sais parfaitement qu’elle rigolait en m’allumant de la sorte et qu’elle n’avait nullement l’intention d’orchestrer une dérive sensuelle de nos rapports. C’était un jeu entre nous, il y a plus de dix ans déjà. Une époque où elle fixait des limites très rigoureuses à notre relation et, en même temps, testait ma résistance par des provocations subtiles. Au début, je n’étais pas très résistant à ses tests et je tombais facilement dans le panneau. Ce qui me valait des récriminations et des railleries. Depuis, j’ai appris à être un défenseur émérite de nos limites et ce petit jeu a cessé naturellement.


Qu’elle remette ces comédies à l’ordre du jour, ce soir, est très amusant mais aussi très troublant ! Je me sens plus solide qu’avant mais aussi, bizarrement, plus sensible à son charme que jamais. Ce matin encore, Véro était plus distante que si nous étions ennemis, et ce soir elle est plus tendre que nous ne nous le sommes jamais permis : la montagne et cette aventure ont décidément un drôle d’effet.


Quand je reviens au salon, Véro est déjà à la cuisine à s’affairer. Elle porte une petite robe à mi-cuisse que je ne connais pas. Elle ne porte jamais de vêtements courts à cause de complexes incompréhensibles, ces vacances sont donc l’occasion pour elle de changer les habitudes. J’en suis ravi, elle se lâche, elle est sûre d’elle, elle sait me séduire ainsi. Elle donne à ces vacances une intensité particulière que je n’osais espérer. Elle me bluffe complètement et j’aime vraiment ça !



Je m’exécute volontiers, et après dix minutes je me retrouve dans le canapé devant le feu, un whisky à la main en train de lui faire la conversation sans la voir. J’ai bien essayé de m’approcher d’elle pour l’aider mais aussi comme prétexte pour l’admirer dans sa jolie robe qui moule divinement ses formes, mais elle m’a renvoyé vertement.



Elle est rayonnante, son sourire est sincère et témoigne d’un bonheur communicatif. Je suis fasciné par les courbes de ses jambes que sa robe découvre très haut. Heureusement, sa jolie coiffure, son visage rayonnant et les éclats dans ses doux yeux, m’attirent tout autant et m’évitent des regards trop appuyés sur ses cuisses dénudées et si proches de moi.


Pendant tout le repas, je reste fasciné par la beauté et le bonheur exprimé de son visage. Elle parle beaucoup sans attendre mes commentaires. Et c’est tant mieux parce que mes pensées ne sont pas toujours concentrées sur notre conversation, je sens que je suis sous le charme ! Je sais que je garderai pour moi ce sentiment et que je le maîtriserai, alors je le laisse m’envahir, et j’adore ça !


Je passe la soirée comme sur un nuage, c’est délicieux. J’ai dû être un piètre convive tellement mes pensées étaient troublées par mes sentiments coupables. Si elle s’en est rendu compte, ma compagne n’en laisse rien paraître : elle a beaucoup parlé d’elle et ce sujet me passionne. Je me reprendrai dès demain, mais ce soir je me laisse aller un peu.

Quand nous rejoignons nos chambres, pas trop tard, j’ai l’impression d’avoir passé une des plus belles soirées de ma vie. J’ai très envie de prendre ma douce amie dans mes bras et de la serrer très fort. Ce n’est pas dans nos conventions… dommage !


Mon lit est toujours impossible, trop court, trop anguleux, un vrai supplice. Je suis exténué, mais j’ai la tête pleine de belles images et je les feuillète en pensées. Je ressens une grande fatigue, et demain, il me faudra être à la hauteur. Je ne peux pas me permettre deux nuits blanches, je risquerai de ne pas être un compagnon enjoué et dynamique. Quand je n’entends plus de bruits dans la chambre d’à côté, je me décide à déménager au salon. Avec les craquements du feu pour me bercer et sa douce chaleur, je ne vais pas tarder à m’endormir. Une langueur annonciatrice du sommeil m’envahit très vite : dommage, j’aurais bien feuilleté encore un peu mon album d’images dans ma tête…


Des bruits dans la cuisine et la lumière du jour me réveillent.

Mince, ma « cohabitante » œuvre déjà en pyjama dans la cuisine et le jour est avancé. Je n’ai pas entendu mon portable, je devais dormir trop profondément.



Et, je disparais avant qu’elle ait pu répondre à ma taquinerie.


À table, nous parlons peu. Nous nous sentons comme dans un petit matin frileux, mais Véro exprime une joie de vivre qui est en train de balayer tout mon mal-être d’hier avec une efficacité incroyable. Il faudra que Véronique m’explique ce qui lui a fait oublier ses angoisses, mais ce n’est pas le moment d’entacher la bonne ambiance retrouvée, elle est trop précieuse. Le sourire et l’entrain de Véronique la rendent belle. Je la regarde ranger la cuisine dans son pyjama pour la première fois de ma vie. C’est comme si nous vivions ensemble, après tant d’années à être si amis et si distants à la fois.



Malgré les croissants et la bonne humeur, nous ne tardons pas à table : l’ambiance est au sport ! On s’isole l’un et l’autre pour se mettre dans la tenue adéquate. Je n’en ai que pour une minute et je me mets donc à préparer le pique-nique et les réserves de marche.

Je suis encore de corvée pour la logistique mais cela me semble juste vu ma rapidité toute masculine à me préparer et ce n’est pas un problème quand l’ambiance est joyeuse comme aujourd’hui. Cette fois-ci, la coquette ne tarde pas autant qu’hier et quand elle apparaît, je suis bluffé.


La tenue jolie mais masculine d’hier est au placard : Véronique a opté, cette fois-ci, pour un shorty de sport moulant noir plutôt court et pour une brassière qui dégage son admirable ventre plat. Elle a noué ses cheveux avec soin et elle arbore un visage radieux et se tient droite ce qui rend sa silhouette craquante.

J’ai une bombe comme partenaire de marche, je reste sans voix.



Et sur ces provocations de potache, nous partons avec un entrain de collégiens en sortie annuelle.

Le périple d’aujourd’hui est long pour permettre d’opter pour les chemins les plus spectaculaires. La première montée sera rude et durera plus d’une heure. Nous aurons encore un long trajet dans les alpages pour atteindre un lac entouré d’arbres et de rochers dans une vallée encaissée. Ce lac est réputé mais il est peu accessible et donc j’espère qu’il sera peu fréquenté.


Nous marchons côte à côte, ce qui m’empêche de regarder à ma guise les courbes gracieuses de ma compagne que sa tenue sexy révèle comme jamais je ne l’avais vue jusqu’à aujourd’hui… C’est une véritable torture, mais il n’est pas question que mes dérives libidineuses affectent le bon esprit de cette marche sportive. Heureusement, de nombreux passages entre les rochers me donnent une excuse pour passer derrière mon amie et je peux ainsi l’admirer en toute discrétion… même si Véro n’est certainement pas dupe.


Je m’en veux d’être un ignoble personnage en cachette mais j’ai une sensibilité naturellement exacerbée aux charmes féminins, et Véro a rendu la tentation vraiment irrésistible. Ces moments de spectacle sensuel me permettent d’observer les détails de cette tenue. Les fesses de ma tendre et inaccessible partenaire sont moulées parfaitement, ses cuisses nues jusque très haut sont à croquer. Les mouvements de son corps forment un ballet érotique très émouvant. Sa silhouette très féminine que je soupçonnais ravissante se révèle bouleversante de sensualité et de grâce.


Dans l’effort de cette marche active, Véronique ne fait plus trop attention à sa pudeur pourtant toujours extrême à mon égard : après un long moment de marche, son petit abricot se détaille bien dans les formes du vêtement et les vues fugitives de cette intimité ultime suggérée ajoutent à mon émoi.


Le rythme reste soutenu, nous ne cessons pas de parler de sujets qui nous touchent au plus près. J’en apprends encore sur mon amie alors que je croyais tout savoir.


C’est en avance sur le programme que nous arrivons au lac qui sera l’occasion de lever le pied un petit peu. Comme prévu, l’endroit est idyllique : l’ombre des arbres est la bienvenue sous ce soleil de plomb ; l’eau est limpide et profonde, une ambiance bucolique de carte postale. Nous sommes tous les deux fatigués sans le dire et nous avons très chaud. Il est encore tôt dans la journée et ce lac représente l’attraction idéale.


Nous nous asseyons sur un rocher qui surplombe l’eau et nous goûtons l’instant en mangeant un morceau. J’ai fait quelques photos de paysage depuis notre départ, mais ici je voudrais bien avoir Véro sur les photos. Le tableau se prête à une mise en valeur de sa beauté. Véro n’a peut-être pas envie d’être photographiée dans sa tenue sexy mais ce serait vraiment trop dommage, je vais devoir présenter les choses sous un angle favorable.



Je compose des tableaux variés, et pour chacun, Véro se fait modèle complaisant et professionnel. C’est agréable et efficace. Sur certains plans c’est son visage qui est l’objet de la composition. Ces photos ne seront pas censurées et elles me plaisent déjà beaucoup. Mais, souvent je la prends en pied. Ses courbes, sa grâce, sa sensualité s’harmonisent si bien avec ce paradis.


Je suis aux anges, elle est ravissante, et je m’applique pour que ce soient les plus belles photos qu’on ait faites d’elle. Je ne peux pas m’empêcher de prendre quelques photos où on voit ses belles fesses moulées par son shorty comme une seconde peau. Elle les retoquera sûrement mais c’est trop tentant. J’essaierai d’argumenter pour qu’elle garde les plus belles : elle n’aime pas tout dans son corps mais mes photos la convaincront que ses complexes sont totalement déplacés.

Je suis surpris de sa complaisance, elle aura donc décidé de m’être agréable ! Mais je ne veux pas abuser. Après 250 photos mitraillées dans une vingtaine de plans différents je lui rends sa liberté. Par provocation je lance :



Je me tourne mais je suis bluffé. La pudique Véro, et qui est plus timide envers moi qu’envers n’importe qui, répond à ma provocation sans même négocier. Je n’en crois pas mes oreilles. J’entends aussitôt le bruit d’un plongeon fluide et je regrette déjà qu’elle n’ait pas poussé sa toute nouvelle impudeur jusqu’à me laisser voir ou même photographier ce saut. Je me retourne alors et les bulles et les ondes s’estompent pour me laisser distinguer sa nudité aquatique. Je ne pense pas tout de suite à prendre mon appareil, tellement le tableau me fascine.



Encore une fois, Véro se comporte en modèle professionnel, c’est ravissant. Sa nudité n’est pas complète : la surface troublée de l’eau préserve sa pudeur. Les poses successives laissent entrevoir tour à tour le galbe d’un sein, d’une fesse ou d’une cuisse, mais toujours fugitivement et tout en suggestion. C‘est délicat et subtil et c’est d’un érotisme torride.


Véronique fait par contre très attention à ne pas s’exposer dans le flou des remous : quand elle se retourne d’un mouvement gracieux, ses jambes se croisent négligemment et son bras s’enroule sur sa poitrine pour préserver son intimité efficacement. Après une rafale de prises de vue standard, j’installe le filtre antireflet magique : le filtre polarisant. Le corps dénudé de la naïade apparaît beaucoup plus nettement, j’en suis presque gêné. Véro ne connaît peut-être pas la puissance de cet outil dans cette circonstance et d’ailleurs je ne lui ai pas dit que j’en avais un. En supprimant les reflets de surface, il la déshabille insidieusement de son voile aquatique. Je vois maintenant mon amie nue flottant dans un liquide presque invisible. Les poses que mon modèle prend l’exposent totalement, elle n’a plus de secrets pour moi, sans le savoir. Sa censure bloquera ces photos, et elle m’en voudra légitimement d’avoir abusé de son ignorance de la qualité de mon équipement. Je me sens coupable de mon forfait, indigne de la confiance qu’elle me donne, mais la tentation est trop forte et je me convaincs facilement que le forfait n’est pas si grave puisqu’elle aura le dernier mot. J’ai eu tôt fait 200 photos supplémentaires : le tri va être long et difficile, mais chaque image m’enchante.

Véronique sonne alors la fin de la récréation. Si la pauvre doit être gelée, elle n’en a rien laissé paraître dans son attitude de modèle pro.



Je pose mon appareil, sors la serviette de mon sac et l’accueille en lui tendant le linge. Non sans tourner hypocritement la tête pour préserver sa pudeur, pourtant bien éprouvée par ce que j’ai vu ces dernières minutes.



Véronique s’est saisie de la serviette et s’est enroulée dedans.



Comment peut-on claquer des dents quand il fait 30 degrés ?



Quelques minutes plus tard nous étions de nouveau sur le sentier, l’intermède du lac était fini !



La prise d’otages


Nous marchons depuis une heure. L’épisode de l’étang occupe encore toutes mes pensées et la tenue très « près du corps » de Véronique n’apaise pas mes pulsions libidineuses.

Les courbes voluptueuses de ma partenaire, luisantes de sueur et animées dans l’effort de cette marche rapide en plein soleil sont pour moi un spectacle qui me ravit sans me lasser : c’est très joli mais surtout sensuel et même érotique.


Le plus troublant c’est que Véronique a changé un détail indiscernable dans sa tenue. Ce matin, son short moulant révélait des traces très légères d’un slip fin et sans couture. Cela ne gâchait pas le côté sensuel de sa tenue mais c’était un signe de bonne manière. Après son bain sensuel dans le lac, Véronique a décidé de ne pas remettre son sous-vêtement. Elle est comme en maillot de bain. Elle arbore la tenue des marathoniennes, ce n’est pas exceptionnel ici, mais ainsi, elle rejoint le niveau de sensualité des touristes les plus « hot » que nous avons croisés depuis notre arrivée.


Nous n’en avons pas parlé, mais elle aura sans doute remarqué, comme moi, que si son choix vestimentaire de ce matin avait été celui de la sensualité, il n’avait pas atteint le « top ». Elle aura voulu aller au bout du bout. Je ne vais pas m’en plaindre.

J’affecte une attitude sereine et détachée alors qu’intérieurement je suis troublé et ému au plus profond de mon être. Le soleil est à son zénith, la chaleur devient difficilement supportable. Nous devons boire beaucoup et nos gourdes sont vides : il nous faudra nous arrêter à la prochaine maison occupée, mais c’est une denrée rare dans ces montagnes.


Pour ma part, aucun inconfort ne peut affecter ma joie de vivre, mais je m’inquiète pour la situation de ma partenaire. Elle n’a pas comme moi une exaltation intérieure pour lui faire affronter la soif et la fatigue. Au détour d’un chemin nous distinguons enfin une fermette isolée sur un flanc de coteaux. Nous distinguons un homme qui travaille dans le jardin derrière la maison, nous sommes sauvés.


Nous nous dirigeons alors vers ce supposé brave homme, il ne refusera pas de nous donner un peu d’eau. Il doit avoir un puits, ce serait très bucolique de prendre de l’eau issue directement de cette montagne propre et naturelle.

Le fermier ne semble pas étonné de notre arrivée : le coin est propice au tourisme, il doit voir régulièrement des promeneurs avides de profiter de ces beaux paysages.



Véronique est bien sûr de mon avis. Le montagnard reprend alors :



Je me tourne vers ma partenaire, en l’interrogeant du regard. Elle acquiesce. Et s’adressant à notre hôte :



Il se dirige alors vers sa chaumière, abandonne ses sabots à l’entrée, dans lesquels il est en charentaises, et nous devance à l’intérieur. Très vite, il sort trois assiettes de porcelaine ébréchées, trois verres Pyrex, une bouteille de vin visiblement remplie au tonneau, quelques cornichons, une grosse miche de pain et le fameux pâté. De notre côté, nous sortons nos salades et nos sandwichs. Voyant notre régime, il rigole :



Pendant notre repas, il baragouine sans cesse sur les défauts des Parisiens. Comme nous ne sommes pas de Paris, nous arrivons à prendre du recul facilement, mais décidément, il a un compte à régler.

Tout en parlant, il engloutit la bouteille de vin et va même en chercher une autre. Nous ne l’accompagnons pas beaucoup : son picrate accroche décidément trop et notre soif nous fait apprécier l’eau de son puits comme le plus fin des nectars.


**********


Le repas se terminait sur une ambiance tranquille, le soleil inondait la cour, la fraîcheur de la salle à manger nous avait reposés, nous étions prêts à reprendre notre excursion.

Le fermier est maintenant bien aviné, son discours dérive vers un règlement de compte contre tous les citadins de France, cela devient déplaisant. Il s’est alors levé maladroitement, est allé dans sa chambre d’un pas décidé, presque précipité. Nous nous sommes regardés, dubitatifs sans comprendre mais sans inquiétude : ce vieil ermite a sans doute des habitudes décalées. Il en est revenu très vite avec un fusil qu’il tenait fermement et une expression du visage qui s’était durcie pour exprimer une détermination extrême. Je trouve aussitôt ce vieux soudard très inquiétant : armé, fébrile et éméché de tout le vin que nous l’avions vu ingurgiter pendant le repas, il a perdu toute sa bonhomie. Aussitôt entré, il nous désigne la porte avec le bout de son fusil et marmonne ses instructions sans appel :



Le changement d’attitude est brutal : il est passé, en un clin d’œil, d’une placidité bonne enfant à cette agressivité menaçante. Nous n’avons pas le temps de réfléchir, la proximité du fusil nous fait nous lever et nous diriger vers la porte sans nous concerter.


Je n’arrive pas à être complètement inquiet : notre homme a montré jusqu’à maintenant qu’il avait de la jugeote et pouvait mesurer la portée de ses actes, mais il était impossible de savoir ce qu’il avait derrière la tête. Véronique, de son côté, me jette des regards interrogateurs mais elle n’a pas l’air très angoissée non plus. Elle est peut-être rassurée par l’air détaché que j’essaie de prendre pour ne pas crisper encore plus notre preneur d’otages. Peut-être fait-elle une analyse encore plus optimiste que moi de son intelligence ou est-elle à ce point habituée à ce que j’assure le confort et la sécurité de nos activités et elle s’en remet complètement à ma protection. Si c’est la dernière hypothèse qui explique sa relative sérénité, je ne vais pas la contredire mais je ne suis pas tout à fait certain que sa confiance soit bien placée. Sur les consignes du fermier, nous traversons la cour et nous entrons dans une grange d’un autre âge.


À l’intérieur, nous découvrons de la paille douce comme il n’en existe qu’en montagne, quelques outils, un vieux trieur de grains poussiéreux et une lampe à pétrole accrochée à une poutre. Aussitôt, l’homme pousse la porte derrière nous et la verrouille puis allume la lampe avec une facilité qui témoigne d’un usage régulier.


Le vieil aviné commence alors l’explication des motivations de son agression :



Le ressentiment de ce vieillard est touchant, on aimerait bien l’aider, mais là, de l’autre côté du fusil, c’est plutôt l’envie de se sortir de ses griffes qui nous préoccupe.


Il continue :



Faut-il croire qu’il se limitera à cette première exigence : cela signifierait qu’au mieux il va vouloir voir les seins de Véro que sa brassière rend particulièrement attirants, ou alors il va exiger de la voir complètement nue. Véro a certainement la même compréhension que moi et ne paraît toujours pas particulièrement angoissée.

Si cela en reste là, cela va être gérable. Je n’aurais qu’à ne pas regarder pour ne pas rajouter mon regard d’homme sur sa pudeur violée. Si cet homme a déjà fait de tels forfaits et que la police n’y a pas mis bon ordre, c’est que les choses sont restées dans des mesures raisonnables, Véronique a une force de caractère hors du commun, je ne doute pas que nous allons pouvoir nous en tirer à bon compte sans prendre le moindre risque.


Ma présence est indispensable pour assister ma partenaire et prendre toutes les initiatives qui seront nécessaires mais je ne dois surtout pas mêler mes regards d’homme à ceux de cet agresseur libidineux. J’interroge Véro du regard sans manifester d’angoisse pour ne pas l’inquiéter, et elle me répond d’un haussement d’épaules. Pas d’affolement, de la coopération autant que faire se peut pour satisfaire le paysan et espérons que cela se terminera sans encombre. Il nous désigne la meule de paille du bout du fusil. Véro s’y dirige et moi, par contre, je sens le moment venu de parlementer. Le vieux précise sa pensée avant que j’aie ouvert la bouche : il m’adresse sa consigne fatale en me désignant Véro avec son fusil.



Badaboum ! Je ne l’attendais pas celle-là ! J’avais bien compris qu’il en avait après les jolis atours des citadines, ce dont Véro n’est vraiment pas démunie, il faut bien le dire. Mais je n’ai pas vu venir un strip-tease où je devrais officier. Mon cerveau se met alors à tourner à cent à l’heure pour analyser la situation. Je reste interdit, il n’y a aucune solution sans risque et pourtant je dois agir immédiatement. Véronique n‘est pas dans mon champ de vision, mais je suis certain qu’elle doit être paniquée et qu’elle attend de moi une protection et en aucune manière une participation à son simili-viol.


En désespoir de cause, je fais signe à Véronique de se cacher derrière moi. L’arme devient pour moi l’objet d’une préoccupation indescriptible, je n’ai plus en tête que de la saisir pour renverser la situation. Mais le vieux a son doigt appuyé sur la gâchette et me met en joue, ma manœuvre fera partir le coup, mon défi est donc que cela ne blesse personne et cela ne semble pas possible. Au lieu d’obtempérer à mon injonction, ma supposée protégée vient à mon côté et fait face au pépé avec une certaine arrogance et surtout sans afficher la moindre angoisse. Elle s’adresse à moi sans le quitter des yeux :



Je me serais senti plus à l’aise dans un rôle de chevalier servant qui défend l’honneur de sa dame au péril de sa vie, mais l’attitude de Véro est évidemment la plus intelligente. Ce poivrot imbibé d’alcool resterait cohérent si on évitait de le mettre en colère ou de lui faire peur… Sinon son fusil et son ébriété augurent d’un accident grave à coup sûr…


Que Véronique prenne l’initiative de sacrifier sa pudeur simplifie les choses et m’évite de mettre en œuvre ma solution qui pourrait provoquer un drame ! En plus, cela supprime une grande part de la violence latente de la scène et permet d’envisager une conclusion soft après un spectacle arraché sous la menace mais sans conséquence trop difficile à gérer.


La clairvoyance et la promptitude d’esprit de ma compagne d’infortune réussissaient à m’impressionner malgré la gravité de la situation. Je m’en veux d’avoir dramatisé trop tôt : l’analyse de Véronique est effectivement plus intelligente. Je décidai d’être aussi rapide de décision qu’elle et j’obtempérai.



Véro n’a pas beaucoup de vêtements, ma participation sera réduite. Je me mets derrière elle et aussitôt, elle lève les bras pour me signifier de ne pas tarder à m’impliquer. En l’abordant de dos, j’ai empoigné sa brassière en évitant de toucher sa peau et je l’ai faite passer délicatement par-dessus la tête. Véronique accompagne le mouvement en fléchissant ses genoux : c’est plus elle qui sort de son vêtement que moi qui le lui retire. Le geste gracieux de la jeune femme a découvert ses petits seins arrogants au regard lubrique de l’homme.

Je suis derrière mon amie, je n’ai qu’une vue très limitée, mais malgré moi, je suis subjugué par la grâce des courbes féminines découvertes à mes yeux de si près pour la première fois.


Le vieux est intéressé, sans plus. En agitant son fusil, il exprime son empressement à voir la suite du spectacle. Toujours derrière elle, je prends du bout des doigts son boxer qui moulait si joliment ses fesses et le baisse doucement. Le libidineux siffle alors d’admiration. Il est visiblement content du résultat de son forfait.

Le corps de Véronique est merveilleux ; ses courbes sont délicieuses ; ses fesses rondes et fermes ; ses cuisses amples et terriblement féminines, ses seins menus et arrogants ; tout cela était un spectacle de choix, dans la douce lueur de la lampe à pétrole.



Je ne suis pas encore relevé lorsqu’elle se retourne avec la souplesse d’une panthère, j’ai une vue imprenable sur son sexe totalement glabre : je ne devrais pas profiter de la situation mais mon regard est hypnotisé pendant les premières secondes.



Le mot était faible et la vulgarité est choquante devant tant de grâce : il y aurait tant de belles choses à dire devant un si joli spectacle. En attendant, et sans montrer ni la moindre gêne due à sa nudité ni le moindre signe de crainte, Véronique se retourne vers le poivrot avec assurance. Elle se campe fermement sur ses jambes un peu écartées, les deux poings sur les côtés. Le pauvre homme est écarlate, il crispe ses mains sur son fusil, ses yeux sortent de leurs orbites. Pourvu qu’il ne tire pas sans le vouloir. Heureusement, depuis le début du strip-tease, il ne nous tient plus directement en joue. Mais la complaisance que cette magnifique jeune femme a eue pour lui n’a pas suffi à satisfaire le pauvre homme.

Avec un mouvement désordonné du bout de son fusil il complète ses ordres :



Je ne savais pas à quoi m’attendre mais je savais que la situation ne se résoudrait peut-être pas comme il nous l’avait promis. Je m’attendais bien à reprendre mon rôle de protecteur à un moment donné. Le vieux n’ayant pas choisi d’arrêter là son scénario agressif, je sais ce moment venu. Le viol de mon amie ne se fera pas, quoi qu’il puisse m’arriver. Je me lève pour m’interposer enfin fermement à cet homme, lui opposer que, d’une part, Véronique n’est pas ma femme et que, d’autre part, il ne saurait être question de forcer une femme à faire l’amour, fût-ce avec son supposé mari.

À peine avais-je esquissé un mouvement que le preneur d’otage nous a remis en joue le doigt fébrilement crispé sur la gâchette.

Véro ne me laisse pas le temps de prolonger mon mouvement. Sans s’occuper de mon avis, elle me prend la main et m’entraîne vers la paille où elle s’allonge :



Je n’en reviens pas. Dire que cette fille m’avait demandé trois heures plus tôt de me tourner lorsqu’elle avait dû retirer ses vêtements pour entrer ou sortir du lac…

Je suis interloqué, mais pour me laisser un peu le temps de réfléchir un peu, ne sachant plus quoi penser j’allais la rejoindre comme un zombie.

Discrètement, je lui demande :



Décidément, je n’étais pas au bout de mes surprises.

Elle ne me laisse pas le temps d’insister en ajoutant à voix haute :



Elle a insisté sur le mot « Paris » comme pour me convaincre que ceci est définitivement du théâtre. Et, joignant le geste à la parole, elle se laisse retomber sur la paille, dans une attitude abandonnée.


Je ne sais que faire. Malgré son accord franc, et bien qu’aucune autre solution ne semble possible, je me refuse totalement de participer au viol de ma meilleure amie. OK pour jouer la montre et attendre une occasion pour reprendre la main. Je tente une caresse du dos de la main sur son côté pour tester la patience de l’homme. Ce simple contact la fait frissonner, tandis que ses yeux et un doux sourire me réaffirment son assentiment.

Que faire ? Il n’a jamais été dit dans les règles de notre voyage ou de notre longue amitié qu’à un moment ou un autre j’allais la toucher ! Faire l’amour ici et maintenant est totalement inconcevable et pourtant Véronique me demande de le faire et c’est la seule réponse sans violence à notre situation.


J’accepte donc de commencer tout doucement, ne sachant pas vraiment si elle est réellement disposée à aller jusqu’au bout. Je trouverai peut-être un peu plus tard, un compromis qui éviterait de faire des blessés et qui relèverait à minima de l’agression sexuelle.


Je commence donc par des caresses du bout des doigts, j’effleure à peine le galbe de ses seins, son côté pour enfin décrire des volutes sur son ventre plat : contacts anodins qui m’émeuvent comme un adolescent.

Véro me fusille du regard : pas pour m’arrêter mais, au contraire, pour m’ordonner de ne plus tergiverser. J’ajoute donc mes lèvres pour effleurer doucement ses jambes pendant que mes mains se font plus enveloppantes. Je dépose de délicats petits baisers sur sa peau de satin remontant ses cuisses vers son minou fascinant.


La douce lueur de la lampe rend le corps nu désirable et exposé de manière très esthétique en plus de l’érotisme torride que ces courbes inspirent. Mes caresses se font créatives : mes lèvres évitent son sexe et s’aventurent, très doucement, vers ses seins sans en toucher le téton.


Par ses mouvements d’impatience et en écartant un peu plus les cuisses, Véronique m’enjoint d’être plus entreprenant. Je suis maintenant sûr que ma chère compagne ne vit pas mes attouchements comme un viol, mais que, au contraire, elle se donne complètement sans réticence.


Les attentions de ma bouche et de mes mains vont donc de plus en plus bas, de plus en plus proches de son sexe lisse qui s’offre ostensiblement. Véronique a des mouvements qui trahissent une envie irrépressible de caresses sensuelles et son pubis se couvre d’une humidité révélatrice du plaisir qu’elle ressent.


Je prends beaucoup de temps. Un peu libéré du sentiment d’agression, j’apprécie progressivement de caresser ce corps tant désiré et si beau. Véronique témoigne à chaque instant de son consentement et de son contentement. Elle semble oublier complètement le côté saumâtre de la situation. Progressivement, je prends plaisir dans ces caresses interminables. Je suis maintenant trop absorbé pour imaginer la phase suivante qui arrivera inéluctablement et encore moins ce qui se passera à l’issue de cette aventure !


J’adore l’odeur des effluves de son plaisir. Mon excitation commence à m’embrouiller l’esprit, les concepts de viol, de contraintes, de menace, d’amitié, de désir, de sexe consenti ou non, tout s’emmêle dans ma tête.

Je continue à la caresser et à l’embrasser très délicatement sur tout le corps. Je perds progressivement la conscience de notre situation cornélienne pour n’être plus guidé que par le désir pour ce corps délicieux et abandonné.

Mues par une attirance insurmontable et par les invites de la suppliciée, mes lèvres se posent finalement sur son délicat papillon. Papillon dont les ailes se sont déjà déployées, dévoilant un impudent clitoris qui semble réclamer toute mon attention.

Ma douce amie frissonne sous le léger premier contact de mes lèvres sur sa fleur secrète. Je renouvelle mes baisers sur tout le mont de Vénus, si bien nommé, en les appuyant chaque fois un peu plus.


L’homme armé ne manque aucun détail de l’action qui est en train de se mener mais ni Véronique, ni moi, ne pensons à lui.


Quand mes baisers perdent de leur magie suggestive, je lui effleure le sexe du bout d’un doigt. Sa réaction n’est pas celle d’une femme qui va se refuser quelques instants plus tard ou qui a peur de son tortionnaire. Elle écarte juste un peu plus ses cuisses, pour m’encourager à continuer mon entreprise. Je décide donc d’ouvrir ces pétales très roses de ma langue pour mieux découvrir son antre béant, déjà luisant de cyprine.

Comme une abeille dans une fleur, je dépose plusieurs baisers entre les lèvres intimes en humant son odeur de femme qui m’enivre. Puis ma langue se glisse délicatement dans les nymphes pour en recueillir le nectar.

Étonnée, s’attendant probablement à ce que la tension m’ôte toute ma délicatesse, elle regarde attentivement ce que je lui fais. Ma bouche continue son travail de collecte, toujours plus profond, interprétant les frémissements de la fleur comme des consignes pour orienter le butinage. Mon doigt reprend alors sa progression dans le temple du plaisir, donne quelques caresses d’approche et enfin, se glisse doucement en elle.

En guise de réponse, elle tressaille et ferme les yeux : pas de soucis, je peux continuer. Ma bouche vient seconder mon doigt qui possède cette chatte offerte. Je commence à la goûter, léchant de la pointe de la langue les abords humides de son clitoris et j’imprime de longs mouvements de va-et-vient à mon doigt, toujours fiché à l’intérieur de son sexe ruisselant.


Bientôt, je glisse un deuxième doigt en elle, et je suis surpris de la vigueur avec laquelle elle contracte sur eux ses muscles intimes. Je jette un coup d’œil à son visage, les yeux mi-clos, le souffle déjà presque court, il n’y avait pas de doute possible, elle participe avec beaucoup de plaisir à son supposé supplice. Son sexe est si mouillé que, malgré la force avec laquelle elle enserre mes doigts, je peux les tourner côte à côte sans brutalité. Ma douce amante gémit, cela m’encourage à continuer et surtout à faire bien mieux. Je fais saillir alors son clitoris en écartant ses lèvres intimes de la main droite. Ce bouton d’amour palpite comme une petite verge, tandis que de la main gauche, toujours en massant le ciel de sa caverne intime, je titillais ce clitoris tantôt directement sur sa base avec le pouce, tantôt en pressant les lèvres intimes de chaque côté avec l’autre main. Véronique devient fébrile, elle se tortille de bonheur, le souffle court…

Elle me serre toujours aussi fort le trio de doigts qui allait et venait désormais au fond de son ventre et, visiblement, cela lui plaît…



Il me fallut une demi-seconde pour réaliser que c’était bien elle qui venait de me parler. Cet ordre direct et trivial était d’autant plus étonnant qu’il émane d’une personne dont je n’aurais jamais imaginé capable d’une telle passion dans l’étreinte.

Ne pensant plus qu’à cela, oubliant même notre fermier qui doit ne jamais avoir vu cela de sa vie, encouragé par ses gémissements, je me consacre à plein au plaisir de Véronique. Je lui caresse l’intérieur de sa chatte, son clito, son mont de vénus, et même, après m’être assuré qu’elle était assez lubrifiée, son petit orifice secret qui apparait entre ses fesses écartées. Véro encourage chacune de mes initiatives par ses mouvements et ses gémissements.


Je crains à tout instant que ses râles de jouissances ne se transforment en revirement tellement son attitude était inattendue. Mais il n’en est rien ! Bien au contraire, elle saisit ma main, pour l’enfoncer avec vigueur au fond de son sexe.

Tout en continuant de dévorer son clitoris et ses grandes lèvres, je suis subjugué par ce qui était une première pour moi, et j’admire ce tableau irréel. Oui, je fouille les chairs les plus secrètes de ma meilleure amie. Je la branle de mes deux mains et de ma bouche.

Son visage s’illumine, son corps vibre et se pâme, une main crispée sur un sein, l’autre crochée dans la paille. Tout son corps me dit d’aller plus loin, de m’enfoncer toujours plus fort dans cette fente brûlante…

Elle suffoque, son ventre ondule, sa poitrine se soulève par saccades, le souffle court, le regard vide. Avec une infinie douceur, je bouge mes mains et mes baisers pour répondre aux injonctions de caresses que son corps me donne.


Je suce son clitoris avec avidité et m’abreuve de son jus intime avec délice. Elle a porté sa main derrière ma tête et a appuyé dessus pour que mes suçons soient plus forts, que je lui fasse l’amour aussi avec ma bouche et avec ma langue.

L’instant est sublime… Elle ouvre les yeux comme pour mieux prendre conscience de ce qui lui arrive. Son regard est plus que troublé.

Cette fois, c’est moi qui suis en train de me demander sur quelle planète je viens de débarquer, qui est cette fille que je croyais si bien connaître. Je lui dis alors une grosse bêtise pour rétablir un dialogue impossible :



En guise de réponse, elle m’insulte du regard et m’attrape le poignet comme pour la réanimer :



À peine quelques lents mouvements de rotation, quelques suçons et quelques va-et-vient plus tard, elle a refermé aussitôt les yeux et son bassin s’agite, mû comme par une force invisible et surtout incontrôlable.

Elle, qui était restée quasiment muette depuis le début, pousse un cri de jouissance comme une libération totale de tout son être, suivi immédiatement d’un flot de paroles parfaitement incompréhensibles. Soudain, le registre de ses plaintes change, et je sens venir une deuxième jouissance par d’intenses contactions sur mes doigts, elle pousse une longue plainte aiguë tandis que tout son corps est secoué de tremblements…

Je me retire de son sexe, la main et le visage luisants de sa cyprine.

Elle reprend doucement conscience :



Sa question n’est pas formelle, et n’est pas celle d’une femme forcée. Elle écarquille ses yeux et mord sa lèvre inférieure et m’interroge du regard en mélangeant de la joie, du doute et de l’incompréhension dans un sourire esquissé.

Je ressens une très grande joie : je suis exalté d’avoir pu offrir le cadeau d’un plaisir exceptionnel à cette femme que j’aime tant : fût-ce dans des circonstances aussi inopportunes. Nous nous regardons éperdument et à ce moment c’est un sentiment vertigineux qui nous unit.

Cela ne dure qu’un instant : le danger est toujours là et c’est maintenant à moi de nous sortir de là.


Il faut refermer cette situation d’exposition immorale sans heurts pour orienter le papi vers la conclusion de son forfait. Je fais signe à Véro de se rhabiller et je m’apprête à négocier la fin de notre prise d’otage sans agressivité quand un bruit de voiture se fait entendre dans la cour.

Je me retourne pour voir comment réagit notre agresseur. Le sourire béat du fermier s’évanouit brusquement.



Sans gérer cette transition, il se dirige tout de go vers la porte, la déverrouille, sort précipitamment et repousse la porte derrière lui.


Cet aléa m’a ramené instantanément dans la gestion de cette crise. Tout en me dirigeant vers la porte pour faire le point sur la situation je déclenche un retour brutal au réel :



Je distingue une petite voiture à travers les planches dont descend une jeune femme.



Et le vieux répond avec une voix troublée :



Ils se sont maintenant rejoints tous les deux et je n’entends plus leur conversation.

Je fais signe à Véro de s’activer, nous allons saisir cette opportunité pour nous sortir de ce guet-apens. En quelques secondes, sans chercher à comprendre ce qui se passe, elle a remis son tee-shirt, son short et ses baskets. Elle est un peu hésitante sur ses jambes, luisante de sueur mais nous sortons sans attendre.


J’interpelle le fermier au milieu de sa conversation :



Je m’adresse alors à la jeune femme :



Le vieux hésite mais il comprend vite qu’il n’a pas le choix, il confirme alors mon scénario :



La jeune femme semble dubitative, mais, vu que son père confirme cette situation improbable, elle change de sujet :



J’ajoute alors pour ne pas laisser filer l’aubaine :



En nous invitant à la suivre elle nous lance joyeusement :



Nous saluons notre geôlier comme si de rien n’était, Véronique suit notre taxi et je cours d’autorité récupérer nos affaires dans la cuisine avant de me rendre à la voiture non sans saluer de loin une dernière fois le tortionnaire amateur.

L’homme reste sans réaction. Il doit se sentir manipulé, mais, en fin de compte, il devrait être content d’avoir eu un beau spectacle sans que cela ne se termine par un scandale.

Véronique était montée derrière d’emblée, je prends donc la place du passager.

La voiture s’éloigne et le fermier reste planté au milieu de sa cour, complètement tétanisé avec son panier à linge dans une main et son fusil dans l’autre. Dégrisé, je souhaite qu’il réalise vite qu’il vient de faire une énorme bêtise et qu’il a la chance inouïe de s’en tirer à si bon compte.


La voiture prend la seule route pour descendre dans la vallée. En chemin, nous parlons sans conviction avec notre sauveuse, de son père, de nos vacances et de cette magnifique région.

Alors que nous sommes arrivés devant notre maison, le visage de Claire s’assombrit, elle se mord la lèvre, semble hésiter et enfin se lance :



Nous ne répondons pas mais notre silence est un peu suspect. Elle reprend alors :



Elle a insisté sur le mot « bousculé », il semble qu’elle parle de quelque chose qui ressemble bien à notre mésaventure.


Elle précise alors, la voix tremblante :



Nous ne pouvons plus quitter la voiture sans lui donner un minimum d’explication, je décide alors de lui révéler en partie ce qui s’est passé. Il faut qu’elle puisse faire quelque chose pour éviter de renouveler les frasques de son père :



Elle me regarde terrifiée en portant ses mains sur sa bouche :



Après une seconde d’hésitation, elle s’affole avec des larmes qui lui envahissent les yeux :



Elle est fébrile, mord ses doigts spasmodiquement et quémande du regard vers moi et Véro des explications et surtout d’être rassurée. J’essaie de trouver des mots précis et non dramatiques pour l’empêcher de hurler son angoisse mais c’est Véronique qui prend alors la parole :



Je complète alors :



Elle éclate alors en sanglots :



Dans sa voix, on sent un mélange d’angoisse, de désespoir et de rage.



Sa colère exprimée c’est maintenant le désespoir qui la submerge :



Elle pleure alors à chaudes larmes et on ne sait plus comment l’arrêter. Véro se penche vers elle et lui caresse la joue, puis la prend dans ses bras comme elle le peut à partir de la banquette arrière :



Claire n’accepte pas la complaisance de Véronique, elle est horrifiée. Elle hurle alors sa colère :



Véronique continue à vouloir terminer sans drame notre aventure :



Les pleurs de Claire cessent un peu. Les paroles de Véronique ont fait mouche.



Elle sèche ses larmes et ajoute :



Elle serre la main de Véro contre sa joue d’une main et de l’autre elle me prend l’épaule pour se serrer contre moi. Elle essaye de nous exprimer sa reconnaissance et son émotion mais elle n’a pas de mots pour le dire.

Nous restons plusieurs minutes ainsi pendant lesquelles Véronique trouve encore des mots apaisants qui dédramatisent progressivement la situation.

Nous lui faisons, tous les deux, une bise appuyée pour lui dire au revoir et, pour finir, de la consoler. Nous quittons la voiture en lui renouvelant notre remerciement pour son intervention et nous prenons congé.


En tant que femme, Véronique était beaucoup plus victime que moi, elle seule avait le droit de dédouaner notre agresseur comme elle l’a fait. Je suis envahi par une admiration sans limites pour mon amie. Elle a fait face avec brio à la situation grâce à une succession d’initiatives intelligentes et après elle sort tout le monde de cette aventure sans issue, avec une efficacité incroyable.


Chapeau l’artiste…