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n° 18390Fiche technique33029 caractères33029
Temps de lecture estimé : 19 mn
24/05/18
corrigé 02/07/21
Résumé:  La cohabitation dans une cabine minuscule offre des bons moments et des surprises.
Critères:  f ffh inconnu bateau revede voir nopéné -occasion
Auteur : Loaou            Envoi mini-message
La traversée

Je n’ai pas eu la chance de trouver un job sur l’île : je me suis expatriée sur le continent. Pourtant, Corse je suis, Corse je reste. Ugnunu porta u so saccu ! Alors je prends le ferry deux fois par semaine, Bastia-Toulon en aller-retour pour passer le week-end avec mes parents ou mes amis.


Je pourrais rester sur place dans la Ville des Fontaines, mais j’aime ces traversées, voguer de nuit, monter sur le dernier pont et observer les étoiles loin de toute lumière. Tout comme rôder dans les coursives, fureter à la recherche de coins inattendus, de rencontres insolites.


Au début, je réservais une cabine. Mais à quatre-vingts balles la traversée, j’ai vite compris que c’était au-dessus de mes moyens. Puis j’ai imité d’innombrables passagers : j’ai roupillé sur une banquette, les jours de chance, ou sur la moquette. Évidemment, les nuits étaient moins bonnes et j’avais la tronche enfarinée pour la journée. Au magasin, la patronne m’a vite fait remarquer qu’il me fallait changer de système si je voulais conserver la place que j’avais eu du mal à décrocher.


C’est en explorant le hall principal que j’ai découvert le filon exploité par de plus malins que moi : il faut se pointer à l’accueil du bateau, pas trop tôt, sinon on se fait éconduire, mais pas trop tard tout de même, et demander s’il reste une cabine inoccupée. Il y a toujours quelques réservations annulées ou des places restées vides, cédées au quart de leur prix. Avec un peu de chance, je trouve même dans la file d’attente une autre fille seule avec qui je négocie le partage du prix, puisque les cabines ont au moins deux couchettes. Évidemment, la compagnie n’encourage pas, mais le personnel est plutôt sympa.


Un soir, j’ai rencontré Juliette, qui traverse plus régulièrement que moi, toujours le dimanche et le vendredi soir, et qui utilise le même système. Elle m’a confirmé :



Ce vendredi, je guette à la fois la file d’attente qui s’allonge devant le guichet et Juliette qui n’est pas encore là. Elle apparaît enfin et lance directement un regard à notre point de rendez-vous habituel, de l’autre côté du hall. Ne m’y voyant pas, elle scrute rapidement la ligne de passagers à la queue leu leu, puis s’ajoute à son extrémité.


Je m’avance silencieusement derrière elle et lui tape sur l’épaule :



Elle sursaute et se retourne :



On se fait la bise en riant, sous l’œil amusé du type devant nous qui s’est discrètement retourné en entendant la fin de notre échange. Puis on se raconte notre semaine, on parle de tout et de rien. La file se réduit, on avance lentement, personne ne s’ajoute derrière nous.


Plus que quatre personnes avant notre tour, on y est presque.


Les trois premiers sont ensemble. Ils récupèrent une cabine et s’en vont en blaguant, de bonne humeur. On avance d’un grand pas. J’ai déjà vu le steward qui officie de l’autre côté du comptoir. Lui aussi nous reconnaît. Il nous fait un rapide sourire et un geste de la main en s’écartant un peu du client devant nous.



Il fait défiler les réservations sur son écran. Juliette me glisse à l’oreille :



Sous-entendu : « Elles l’utiliseront mieux et ce serait galant… ».



Manifestement, le gars est aussi ennuyé de prendre la cabine seul comme un goujat que de s’en priver. Tout comme nous, il aimerait bien disposer d’un peu de confort. Il peut l’avoir : il n’a que quelques mots à dire.



Il poursuit sur un ton de conspirateur, juste assez haut pour que nous puissions l’entendre :



Il reprend à haute voix, à notre intention :



Je règle. Juliette récupère le rectangle de plastique perforé qui sert de clé. Il encaisse le montant et me donne le reçu :



Puis il se retire prestement afin de ne pas assister à la suite.



Je jauge l’inconnu. Il est grand, pas loin du mètre quatre-vingt-dix, ni beau ni moche : quelconque. Cheveux frisés, lunettes, rasage aussi approximatif que sa tenue vestimentaire. Un soupçon d’embonpoint, tout comme son sac à dos qu’il a posé par terre. Je ne doute pas que nous en venions à bout, à deux, en cas de besoin.



Elle s’adresse à lui :



Il me tend un billet de dix euros.




* * *



Malgré la taille monstrueuse du bateau (imaginez un peu : cinq cents voitures, deux mille passagers, plus que tout mon village !), la cabine est exiguë. Elle comporte un couloir étroit avec un semblant de penderie, une porte à droite qui donne sur la petite salle de bain. Au fond, dans un espace d’environ quatre mètres par trois, un lit perpendiculaire au couloir et adossé à la cloison du fond, séparé par un petit mètre des deux lits superposés, à droite, parallèles au couloir. Ils ont quand même réussi à caser deux minuscules tables de nuit.



Juliette prétend ne pas pouvoir monter sur quoi que ce soit sans en tomber. Mais au fil de nos voyages, je commence à me demander s’il ne s’agit pas d’un moyen pratique pour se faire aider, ou même porter, à la première occasion !


Chacun prend possession de son coin d’immobilier sommaire. Je grimpe les deux premières marches de l’échelle et saute sur ma couchette. Être en hauteur ne me dérange pas, au contraire. Je vois les jambes de Juliette qui s’est assise au bord de la sienne pour ôter ses tennis. Elle les pousse du talon sous le lit. Je lui tends mes sandales, qu’elle balance pêle-mêle au même endroit.


Loïc pianote sur son téléphone, assis en travers de son lit, adossé à la paroi face au couloir. De temps en temps, je surprends son regard qui pivote discrètement vers nous. Nous n’avons pas à prendre cette peine pour l’observer puisqu’il est en face de nous.




Bon, j’exagère certainement. Juliette est très mince, au point que j’en suis un peu jalouse, mais elle n’est pas anorexique pour autant. En tout cas, Loïc la regarde maintenant d’un œil curieux. J’imagine qu’il ne refuserait pas de vérifier si mes bêtises sont vraies. J’extrais mes quelques affaires de toilettes de mon sac avant d’annoncer :



Et, fidèle à mon habitude, je saute directement au sol sans emprunter l’échelle. Ne m’imaginez pas gymnaste ! Pas d’acrobatie, ni de triple saut périlleux : je m’assieds au bord du lit et, d’une poussée des bras, je me laisse simplement glisser. Rien de théâtral.



Je les laisse débattre mathématiques et vocabulaire, et ferme la porte de la salle de bain derrière moi. La douche est délicieusement chaude, les parois en plastique ne tardent pas de se couvrir de condensation. Je dois avouer que c’est un de mes très nombreux péchés mignons. Je peux rester dessous pendant des heures, ce qui fait hurler le reste de la famille, à la maison.


Ici, je doute pouvoir venir à bout des chaudières du bateau, alors j’en profite. Je lève les bras vers le pommeau et l’eau brûlante les suit, comme aimantée, encore plus chaude. Quand l’air est frais, la transition est délicieuse. Je me lave rapidement les cheveux puis, dos au jet, je l’utilise pour me masser les épaules, le cou, les reins, un peu penchée en avant. L’eau brûlante emporte avec elle la fatigue, les tensions. Que du bonheur !


Au bout d’un moment, l’envie de sensations plus vives prend le dessus. Je me retourne et joue avec le jet. Je cherche la position qui place mes tétons juste à la lisière du cercle d’eau, là où le débit est le plus fort. Ils m’électrisent. Chaque goutte ajoute à la précédente un petit influx délicieux dont la somme me ravage. Je me balance d’un pied sur l’autre pour renouveler ces sensations, une fois d’un côté, une fois de l’autre, les deux à la fois lorsque le rideau de pluie est assez large. Mes mains glissent sous mes seins avec tendresse, les enlacent, les cajolent, s’égarent entre mes jambes. Mes genoux plient, donnent libre accès à mes doigts qui prodiguent d’infinies caresses. Ils courent sur les lisières de ces replis qu’ils connaissent si bien, cherchent les points les plus sensibles, se glissent finalement entre eux, jusqu’à ce moment fantastique où je n’arrive plus à tenir debout, où mes cuisses m’écrasent la main malgré moi. Je retiens difficilement un gémissement que j’espère couvert par le martèlement de l’eau dans le bac en résine, cramponnée de l’autre main aux robinets. Dieu que c’est bon !


Mais il ne faut plus traîner. Les deux autres attendent, j’entends vaguement leurs voix qui rient derrière la fine cloison mal isolée. J’espère que ce n’est pas de moi. Et puis, qu’ils aillent au diable ! Juliette sait : elle en fait autant, à sa manière. On s’est confiées un soir particulièrement chaud, en chuchotant, comme si les voisins écoutaient, comme si c’était mal.


Je me savonne à toute vitesse en me remémorant cette soirée. J’étais allongée sur le dos, elle me racontait. Au début je tentais de reproduire sa description, mais j’avais rapidement perdu le fil, mon inconscient avait pris le contrôle de mes membres. Je m’étais endormie en serrant l’oreiller contre ma poitrine et j’avais fait des rêves merveilleux.


Je me rince encore plus vite, robinets ouverts à fond, en faisant glisser progressivement la température vers le froid. La transition est fabuleuse. Juliette m’avait éveillée d’une caresse sur la joue en annonçant « on est arrivées ! ». J’avais gardé longtemps une partie de ces rêves en tête, délicieusement somnambule.



À peine sèche, je regagne ma couchette, affublée de mon pyjama court rayé, celui qui a fait dire à Juliette :



On avait bien ri.


Ce soir, Juliette ne commente pas. Loïc non plus, mais je note qu’il examine mes jambes nues, puis la forme de mes seins qui ballottent gentiment sous le pyjama, encore émoustillés et sensibles de mon récent plaisir. Nos regards se croisent et il plonge sur son téléphone en tapant frénétiquement des pouces un texte que je devine très aléatoire. Juliette a vu la scène, elle rigole en douce.



Elle s’y précipite alors que je grimpe les échelons. Un œil sur son téléphone, l’autre sur mon short, Loïc suit la manœuvre en louchant, nettement plus coloré que lorsqu’on attendait en file indienne. Je ne doute pas d’offrir un spectacle alléchant lorsque j’arriverai en haut, mais il ne m’engage en rien et ne me coûte rien non plus. Alors je prends mon temps : inutile de briser les bienfaits relaxants de la douche par un effort brutal.


Je m’installe à mon aise, appuyée contre la cloison de tête de la couchette, l’oreiller dans le dos, assise en tailleur. Ma position de relaxation préférée. Je reste un moment immobile, les yeux fermés, pendant que la chaleur accumulée sous la douche me quitte, emportant avec elle le résidu d’excitation. Je suis bien.


Le bruit de la douche envahit la cabine, s’ajoutant au grondement sourd des moteurs du navire qui croît nettement. On ne va plus tarder à quitter les quais. Au début, j’étais excitée à chaque fois comme une puce. Maintenant, je n’y prête même plus attention.


Je fourre mes habits dans mon sac et en sors la revue oubliée par une cliente, un Elle de la semaine dernière, que je feuillette distraitement en jouant des orteils dans les draps. Il faudra que je refasse le vernis de mes pieds, il commence à s’écailler. J’examine mes doigts. Leurs ongles ont mieux tenu. Ça attendra bien encore une semaine.


Loïc prépare ses affaires de toilette et de nuit, il fouille dans son sac rageusement, puis finalement en étale le contenu sur son lit en marmonnant. Je l’apostrophe :



Je lui tends le tube à bout de bras. Il s’approche, et s’arrête brusquement, le regard fixé sur ma main. Ou peut-être plus loin. Je suis des yeux sa ligne de visée. Elle plonge dans mon pyjacourt dont les ouvertures des jambes bâillent très largement entre mes cuisses écartées, dévoilant mon intimité ouverte dans tous ses recoins. Effectivement, il est rouge comme une langouste bien cuite, avec une expression béate. Je tente d’allonger les jambes, mais j’ai les pieds emberlificotés dans le drap. Et puis zut ! J’éclate de rire. Il sort de sa léthargie en bégayant, mais sans quitter des yeux mon petit coin privé :



Il s’ébroue comme un chien qui sort de l’eau et me regarde dans les yeux :



Il met ses mains dans son dos et ses yeux replongent dans mon entrejambe. Il commente :



Je secoue le tube entre nous. Il l’attrape avec une subite rougeur, alors qu’il avait repris une couleur plus normale, et retourne ranger ses affaires. Il jette toutefois un regard curieux dans ma direction, de temps en temps. Pourtant, de son lit il ne peut même pas voir mes jambes à cause de la différence de hauteur.



Juliette apparaît, les cheveux hirsutes comme un hérisson. Sans son maquillage et sa tenue BCBG, je la trouve touchante de simplicité, plus jeune. Ses quelques taches de rousseur sont plus apparentes. Elle est couverte d’une chemise de nuit qui lui descend jusqu’aux genoux, à moins que ce soit un immense tee-shirt. Comme moi tout à l’heure, les pointes de ses seins tendent le tissu avec vigueur, très érotiquement. Loïc ne manque rien du tableau, puis il jette son téléphone à la tête du lit, attrape ses affaires et court vers la douche en essayant de masquer la bosse que fait son bermuda.



La douche se remet à couler, nous pouvons parler un peu plus fort.



Elle se hisse en équilibre sur un pied, le temps de m’examiner, de comprendre, avant de retomber en pouffant de rire.



Elle me laisse ruminer là-dessus pour ranger son sac et préparer son lit. Puis elle s’installe, son petit ordinateur portable sur les genoux, le casque sur les oreilles. Je suis dubitative. Je reprends le feuilletage de Elle avec encore moins d’attention qu’avant. Sa phrase me tourne dans la tête. « Et si c’était lui ? ».



Il sort de la salle de bain rapidement, en tout cas plus rapidement que nous, en annonçant :



Je confirme d’un hochement du menton et d’un clignement des yeux. Voyant du mouvement sur le côté, Juliette ôte ses écouteurs et demande :



Elle nous énumère quelques titres, nous nous arrêtons sur le film qu’elle était en train de commencer : « Ensemble, c’est tout », avec Audrey Tautou, l’actrice d’Amélie Poulain. Il nous faut quelques essais avant de trouver une disposition qui nous permet de tous voir l’écran, effectivement bien petit. Juliette pousse le tabouret-table-de-nuit vers le couloir et pose son portable dessus. Je m’allonge à plat ventre, un peu en retrait vers le pied de ma couchette, comme Juliette à l’étage en dessous. Loïc s’étire sur le côté, la tête au pied du lit, appuyé sur son oreiller. La séance privée est ponctuée de petits rires et de commentaires discrets, chuchotés pour ne pas couvrir le son au volume assez faible.



On pouffe tous de rire quand Camille annonce :« Ben aloreuu… Tu me sautes pas ? »



Un peu plus tard : « On va pas tomber amoureux, hein ? On baise, on trinque, mais on tombe pas amoureux ! ». C’est moi qui commente :




Alors que, dans le film, Pauline retrouve son jardin, je remarque que Loïc regarde souvent du côté de Juliette. Je tends le cou par-dessus le rebord de la couchette, à la recherche de ce qui l’intéresse tant, et découvre une Juliette… très découverte ! À force de gigoter pour mieux se placer par rapport à l’écran, elle a glissé vers le pied de sa couchette, mais sa chemise n’a pas suivi. Elle regarde l’écran, captivée, le menton posé sur les avant-bras, un pied appuyé contre la cloison, l’autre jambe repliée sur la première, les fesses à l’air jusqu’à la taille.



Elle tend le bras vers l’appareil et appuie d’un index rageur sur la barre d’espace pour mettre en pause.



Il ne répond rien, mais nous adresse un sourire très expressif. Sous la surprise, Juliette se tourne sur le côté pour me regarder en demandant « hein ? », exposant son ventre dénudé jusqu’au nombril directement face à Loïc qui arbore un sourire gourmand. Je tends le bras par-dessus le bord du lit pour pointer du doigt son triangle frisé qui tire vers le roux. Je m’attendais à ce qu’elle s’ajuste frénétiquement, mais elle se laisse retomber sur le ventre lascivement en disant :



Nous rions tous, un peu jaune peut-être, mais avant de relancer le film, elle étire sommairement le bas de sa chemise sur ses fesses, au demeurant galbées à point et très jolies, même si Loïc est certainement mieux qualifié que moi pour en juger.


Le film se termine sur un happy end un peu prévisible, mais qui nous convient bien. Nous en discutons un moment puis Loïc fait demi-tour et se glisse sous ses draps. Juliette range son appareil et va éteindre la lumière. Après un échange cordial de « Bonne nuit ! », chacun plonge dans ses rêves et rejoint Morphée.



Comme souvent, je m’éveille en milieu de nuit avec une petite envie pressante. Je me glisse à pas de loup jusqu’aux toilettes, vide ma vessie et me recouche sur la pointe des pieds. En dessous de moi, Juliette est agitée et semble marmonner dans son sommeil. Je tends l’oreille à la recherche de mots compréhensibles, en vain. Elle se calme. Je tente de me rendormir ; ça tarde à venir.


C’est alors qu’elle se lève et file discrètement à la salle de bain, elle aussi. Je ne peux m’empêcher de penser que, décidément, les filles font toujours pareil. Bêtement, j’anticipe ses gestes, que j’imagine d’après les bruits qui émergent du grondement sourd du navire. La porte qui s’ouvre, se referme. L’inutile claquement du verrou. Elle remonte sa chemise, s’assoit. Le clapotement dans l’eau de la cuvette confirme mon timing. Elle s’essuie, tire la chasse, puis referme la porte doucement. J’entends la poignée grincer, exactement comme avec moi tout à l’heure, en un bruit insignifiant qui m’avait semblé énorme. Cinq pas pour revenir, silencieux sur la moquette. Bizarrement, elle ne se couche pas ! J’ouvre les yeux doucement, au risque de me trouver face aux siens, et je comprends le silence.


Elle s’est arrêtée, accroupie à côté de Loïc. Il dort paisiblement sur le dos, la tête un peu tournée de côté avec un semblant de sourire. Il émerge à moitié du drap repoussé en diagonale, tel un roi de carte à jouer. Juliette regarde avec attention son visage aux yeux fermés, puis le reste de son corps. Après une hésitation, elle se glisse sous le drap et se serre délicatement contre lui.


Je n’ai aucune envie de tenir la chandelle, le bloc de sécurité qui diffuse une lueur verdâtre s’en charge déjà très bien. Alors je me tourne contre le mur et revisite le film, ses images, ses dialogues. Le sommeil me saisit avant que les tourtereaux ne deviennent bruyants.



* * *



Juliette m’éveille d’une caresse sur la joue en chuchotant :



J’ai du mal à émerger. Je cligne des yeux, toute perdue dans mes souvenirs de la nuit. J’aperçois du coin de l’œil Loïc qui dort en chien de fusil, un bras sous l’oreiller. Le vrombissement qui nous a bercés toute la nuit a presque disparu. De la coursive viennent des bruits de pas, de valises, des voix et des rires. Les passagers sont heureux d’être enfin arrivés.



Elle secoue la main devant mes yeux en ajoutant, toujours à mi-voix :



Elle me regarde avec de grands yeux pétillants et commence à pouffer dans sa main avant de rire franchement :



Je ne comprends plus. Ai-je rêvé ? Je regarde Loïc par-dessus son épaule. Il est bien là. Elle ajoute en plissant les yeux :



Elle fait courir ses doigts de mon épaule jusque sur mon sein. Je réalise que je suis nue sous le drap…



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Post scriptum :


Des pans entiers de cette histoire se sont déroulés en mai 2007, très exactement tels qu’ils sont racontés. Les deux autres acteurs se reconnaîtront si, par un improbable hasard, ils lisent l’histoire. Merci à eux pour ces quelques heures passées ensemble dont je garde un agréable souvenir.