Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 18411Fiche technique75260 caractères75260
Temps de lecture estimé : 43 mn
06/06/18
Résumé:  Les bornes de plus en plus élastiques d'une amitié H/F.
Critères:  fh collègues voyage cérébral
Auteur : Penn Sardin            Envoi mini-message

Série : Les 50 limites de l'amitié H/F

Chapitre 04 / 15
Le canyon

Résumés des épisodes précédents :


Le voyage et le premier jour


Stéphane et Véro, deux amis intimes de très longue date, partent en vacances seuls à la montagne. Leur relation forte et naturellement suspecte de dérives a longtemps dérangé leurs conjoints respectifs, mais le temps et la stabilité immuable de leurs rapports ont progressivement prouvé que leur amitié était sincère et sans ambiguïté.


Les nouvelles limites à l’amitié, délicieuses mais raisonnables


Au début de leur voyage, ils étaient certains que les bornes de leur relation seraient solides et immuables. Mais l’évènement de la grange du paysan frustré a enclenché un processus qui les emmène presque malgré eux, sous forme de petits jeux, dans des contrées qu’ils ne pensaient jamais explorer.


Un franchissement ponctuel de la ligne rouge


Véro et Stéph sont d’accord pour conserver des règles amicales, mais le plaisir qu’elle a ressenti dans la grange étant nouveau pour elle, Véro demande à son "ami" de lui montrer si elle pourrait le revivre sans des circonstances aussi spéciales.



**********




Quand je reviens, peu après, le bruit de la douche me rassure sur la prise en compte de mes consignes. J’entreprends de nous préparer un pique-nique digne de ma princesse et du château princier que les montagnes feront pour nous.

Véro quitte la salle de bain habillée d’un drap de bain en feignant une précipitation désespérée. Je continue à contrecœur de mimer les intendants intransigeants :



Et Véro apparaît tout en finissant sa phrase et de mettre de l’ordre dans sa tenue. Jolie tenue, ma foi ! Ce short court de baroudeuse qui montre ses jambes de manière très sexy ; ce tee-shirt moulant et tendu qui rend grâce à son ventre plat et à sa taille fine ; ses cheveux attachés avec une queue-de-cheval qui complètent son image d’aventurière ; son sourire de femme heureuse.



Et elle change immédiatement de conversation avec malice :



Véro accepte ma coupure en maugréant, par jeu, une contestation de capricieuse :



Je sors avec les sacs pour ouvrir la voiture, et quand Véro se présente sur la terrasse je prends la photo qui me fait envie depuis tout à l’heure. Le temps qu’elle s’installe, je cours remplacer cet encombrant et fragile appareil par un petit qui, stocké dans une boîte en plastique, pourra être utilisé au cours de notre randonnée.


Nous sommes dans les temps ; les camions de livraison sur la route ont vite fait de consommer les petites marges que j’ai arrachées en étant pesant vis-à-vis de ma partenaire endormie. Ouf ! Ces camions me sauvent : elle aurait pu me reprocher mon insistance énervante si nous étions arrivés trop en avance.


Nous sommes dans les temps mais nous sommes les seuls ! Après un quart d’heure, enfin deux femmes se présentent et nous pouvons entamer les banalités qui permettent de briser la glace. Elles sont toutes deux des assidues du canyoning mais n’ont jamais fait celui-là. Elles classent ce canyon parmi les plus difficiles de la région, mais nous rassurent sur le professionnalisme de l’organisme qui nous encadre.


Pendant cette discussion édifiante, deux couples de jeunes se sont présentés et ont pris part à la conversation. Le quatuor est parisien, travaille dans la pub, et pour les femmes au moins pourraient très bien être des top-modèles. Mais notre guide fait toujours défaut !


Presqu’une heure après la consigne, la meneuse du groupe, un joli brin de femme, arrive enfin. Elle ne se soucie pas de son retard ; cela doit faire partie des us et coutumes, mais son sourire et sa gentillesse l’excusent sans discussion possible. Elle ne correspond pas à l’image de la montagnarde avertie. C’est une jolie jeune femme assez menue aux allures de garçon manqué. Si le canyon est si difficile que nous l’évoquions plus tôt, je la vois mal soutenir des grands gaillards comme moi dans les passes difficiles, mais sa technique sera certainement suffisante pour éviter d’en arriver là.



Il n’y a bien sûr personne contre ce préambule. « Nous laisserons deux voitures à l’arrivée avant d’aller au départ avec les deux autres. OK, alors on y va et on fera le point avant la descente. » précise notre leader pour lancer la randonnée sans attendre. Après trois quarts d’heure de circulation dans la montagne, nous voilà réunis pour le briefing de départ. Notre guide prend la parole en donnant l’impression de réciter une leçon maintes fois rodée :



Cette organisation me déçoit un peu, je voulais faire des photos de Véro dans sa tenue d’Indiana Jones avec ces beaux paysages. Mais en maillot, cela me plaît aussi ! On remplit les caissons et les sacs à dos, on se déleste des habits inutiles et on peut enfin commencer la descente.


Quand je propose, à mon habitude, à la princesse Véro de porter l’ensemble de nos affaires et combis, elle accepte sans hésiter. L’assurance de nos partenaires associée à la brièveté et la fermeté du discours de notre chef de palanquée lui font penser que le niveau va être très relevé. Elle préfère ne pas risquer d’arriver exténuée au début du canyon.


Je sais depuis longtemps que l’aide que je peux apporter à Véro du fait de ma carrure de déménageur n’a pas une bonne image à ses yeux. Le cursus d’ingénieur, que Véronique a fait pour ses études, l’a immergée très tôt dans un monde d’hommes, et elle revendique, et assume, une égalité physique vis-à-vis de ces machos. C’est une question de survie ; elle a maintes fois démontré qu’il fallait rabaisser le caquet de ces coqs, notamment en se passant de leur aide, pour tenir sa place sans être trop chahutée ou harcelée. De plus, son joli minois et ses courbes séduisantes lui valent régulièrement des cours assidues qui banalisent les égards masculins, et ainsi les ténébreux distants lui paraissent beaucoup plus intéressants.


Les deux top-modèles essaient d’imposer aussi leur combinaison à leurs chevaliers, mais elles n’ont pas gain de cause. Grâce à une délicate manœuvre de notre guide, elles évitent malgré tout le fardeau des bidons, mais ce n’est vraiment pas un élan spontané de délicatesse de leurs deux accompagnateurs.


La descente est le plus souvent assez facile et les paysages sont à la hauteur de nos attentes. Le printemps a rendu les flancs de montagne verdoyants et fleuris. C’est une explosion de couleurs saturées par la lumière du matin et d’odeurs que les ardeurs du soleil exhalent sans économie. Je prends quelques photos en mettant Véro dessus chaque fois que possible. Véro en maillot dans une nature luxuriante et majestueuse avec des chaussures de marche qui donnent une touche insolite : ces images sont parfaites à mon goût.


L’effort physique dans la descente n’est pas important, les discussions peuvent se mener tout en marchant. L’ambiance du groupe est agréable, surtout dans le groupe de tête que nous faisons avec les deux filles sportives et Valérie, le quatuor de gravures de mode étant plutôt absorbé par des sujets privés.


Nous apprenons que nos deux nouvelles amies vivent ensemble et semblent tellement proches que leur relation doit être beaucoup plus intime qu’une simple cohabitation. La conversation ne permet pas de confirmer ou d’infirmer ce postulat qui ne concerne qu’elles, même si cela serait croustillant de le savoir.


C’est une agréable randonnée qui nous amène à pied d’œuvre presque trop vite à mon goût.


C’est le moment de passer en configuration canyon : enfiler combinaison et casque, prendre l’en-cas énergétique qui permettra d’affronter l’eau froide, fermer vigoureusement les caissons et prendre les dernières photos avant d’enfermer l’appareil dans son boîtier étanche.


À la file indienne, le groupe prend le départ à la suite de Valérie. Les discussions continuent à aller bon train, même si les affinités ont été bouleversées par l’ordre erratique du cortège qui nous a séparés de nos interlocuteurs naturels.


La plus délicate des deux Parisiennes, Carla, avec qui je n’avais pas encore parlé, se met à me raconter sa vie comme si j’étais son voisin de palier depuis toujours. Ce n’est pas désagréable ; elle a beaucoup d’humour et sa conversation n’est pas convenue. Elle s’appuie sur moi avec simplicité dans les passages difficiles, ce qui me va tout à fait puisque la destinataire naturelle et prioritaire de mon aide est loin devant avec Valérie. Carla est Italienne, son accent délicieux s’accorde bien avec son attitude permanente de charmeuse.


La progression dans le gouffre est faite d’une succession d’exercices physiques de tous niveaux, de glissades, de plongeons, de nages, le tout dans des paysages féériques et si particuliers. Et comme l’ambiance est très bonne, la marche est émaillée de blagues, de rires et autres cris de peur ou de joie. C’est un crève-cœur de quitter certains espaces qui ont apporté des sensations fortes et agréables, mais ils sont vite oubliés parce que le tableau suivant est encore plus beau ou plus amusant.


Ma partenaire de canyon m’a définitivement adopté, son compagnon préférant jouer à chaque occasion au jeune lion avec l’autre mâle parisien. Son amie, Ludivine, s’invite avec naturel dans notre duo pour profiter de notre complicité et de mon aide quand c’est nécessaire. Progressivement, je deviens le confident et le chevalier servant des deux bombes.


Je vérifie régulièrement que je ne fais pas défaut à ma vraie amie, mais visiblement la proximité et l’aide épisodique de Valérie semble largement la satisfaire. Je serais même certainement importun dans cette ambiance de filles complices qu’elles développent toutes les deux. De toute façon, entre elles deux et moi, il y a les deux femmes dynamiques qui participent à leurs conversations par moments et les deux garçons qui font un barrage par leur agitation fébrile.


La première descente en rappel est l’occasion pour moi d’échanger quelques mots avec Véronique, mais c’est sans empressement qu’elle répond à mes badinages sur la beauté des lieux.


Après plus d’une heure où l’aspect sportif était resté raisonnable, un passage difficile demande que nous nous rassemblions pour écouter les consignes de notre guide.


Il s’agit de se glisser au milieu d’un torrent dans un toboggan de pierre assez abrupt de trois mètres de haut. Le toboggan débouche sur une chute libre de même hauteur pour plonger dans un bassin profond en plein tourbillon. Les bouillons pleins de bulles ne permettent pas de nager : il faut en sortir tout de suite après le saut en se dégageant du nuage dès que possible pour retrouver de la portance. Des pluies récentes ont augmenté le débit ; il s’agit d’une performance de très bon niveau, mais heureusement tout à fait abordable.


Il faut un volontaire pour passer le premier et proposer une aide aux suivants pour sortir du bouillonnement. Les lionceaux sont partants, et le premier se lance avant même que Valérie n’ait fini ses explications. Celle-ci essaie de rattraper l’inéluctable en lui précisant que le courant va l’entraîner au fond et les bulles vont faire perdre toute efficacité à sa nage, mais il disparaît sans écouter. Nous le voyons disparaître avec un cri conquérant et théâtral, puis avec un sinistre « glouglou » suivi du seul bruit de l’eau tumultueuse. Puis, plus rien pendant une longue minute d’angoisse.


Valérie s’est déjà dégagée de son sac à dos et s’apprête à sauter à son tour quand, enfin, des cris d’orfraie nous rassurent et bloquent Valérie dans son mouvement. Le jeune fou éructe, râle et se plaint, comme si sa situation était désespérée. Mais Valérie ne se démonte pas et le rappelle fermement à son rôle comme si tout s’était passé nominalement. Tout maugréant, il se place enfin comme prévu en position de recours à l’arrivée.


Son collègue le rejoint avec moins de panache mais aussi moins d’encombres. Cela ne l’empêche pas d’exprimer aussi bruyamment des sensations visiblement très violentes, voire explosives. Leur prestation et leurs manifestations ont donné au saut dans le vide une image périlleuse à la limite du soutenable. Les regards épouvantés des deux copines sportives et de mes deux protégées signifient définitivement qu’on ne les fera pas passer par là ! Seuls Véronique et moi gardons notre calme en mimant la sérénité de notre guide.


La situation semble cornélienne : le manège des ouvreurs a paniqué les suivants au lieu de les rassurer, mais Valérie ne semble ni surprise, ni même préoccupée. Elle doit déjà avoir vécu cette situation dramatique. Elle doit recadrer les choses si elle veut que le groupe se risque à leur suite, et elle le fait avec un calme olympien :



Valérie réclame un volontaire, et instantanément, comme je m’y attendais, Véronique se propose. Si elle a peur, cela ne se voit pas. Son caractère, celui d’être un membre du groupe sur qui on peut compter, la motive bien dans ces circonstances. Valérie lui doit une fière chandelle.


Valérie lui renouvelle les consignes, la place sur le point départ avec précision, et Véro se lance sans hésitation. Dans le flot, nous ne voyons pas grand-chose de la descente mais il n’y a aucun cri, et très vite Véro réapparaît en dehors de l’écume. Sans avoir besoin de l’aide des deux prédécesseurs et sans vider le bassin en le buvant, elle a passé l’obstacle avec une aisance qui relativise la difficulté.


Dans l’eau, Véro est à son aise ; elle le prouve de nouveau aujourd’hui, et visiblement les sauts dans le vide ne l’effraient pas non plus. Cette femme mérite mon respect, mais pas mon aide. Je ne suis pas sûr d’être aussi performant qu’elle dans cette épreuve.


La prestation de Véronique n’a pas complètement rassuré nos deux supposées adeptes de Lesbos. Une âpre négociation commence avec Valérie avec moult arguments tous plus rassurants les uns que les autres, mais rien n’y fait. Je ne me mêle pas du conciliabule de peur d’envenimer les choses, moi qui ne connais pas le terrain. Je préfère entretenir une conversation déstressante avec les deux jolies Parisiennes.


Grâce à moi ou non, l’angoisse ne se propage pas : mes deux interlocutrices blaguent et ont l’air de me faire chacune une cour qui les mettrait en concurrence. Deux magnifiques femmes moulées dans leur combinaison seyante qui vous demandent de les départager, c’est une situation qui réveillerait le machisme d’un ermite. Je suis presque déçu quand Valérie me demande mon aide.


La solution que propose Valérie est compliquée mais semble la seule capable de convaincre la première des récalcitrantes. Notre petite guide se disposera au milieu de la descente en s’appuyant sur des irrégularités de la roche. Elle accompagnera alors la progression pour éviter toute chute. Elle a donc besoin que j’assure son rôle d’assistant au départ de la manœuvre.


Je suis bien sûr partant et nous mettons donc le dispositif en place. Pour lui permettre d’atteindre le point intermédiaire et s’assurer, je dois tenir Valérie à bout de bras alors que la cascade la submerge. Heureusement que son petit calibre me permet de tenir ce défi sans glisser moi-même, nous aurions pu nous blesser et nous retrouver en bas avec quatre femmes peu rassurées là-haut sans personne pour les aider.


La manœuvre est spectaculaire. Valérie reçoit des énormes masses d’eau qui explosent sur elle bruyamment, et par ses contorsions, toujours accrochée à mon bras elle s’extirpe du flux puissant pour prendre place sur le promontoire transitoire. Heureusement que les quatre filles n’étaient pas en position pour voir le spectacle des trombes d’eau qui submergeaient la pauvre Valérie cherchant désespérément à s’en extraire : cette vision les aurait définitivement dissuadées de se risquer dans ce tunnel de la mort.


La première des deux terrorisées se présente sous les conseils que lui crie Valérie à distance. Même si elle n’est pas attirée par les hommes – ce qui reste à vérifier – elle me trouve alors tous les charmes et se jette à mon cou. Je négocie un peu, et à la condition que je ne la lâche pas, elle accepte de s’engager. Comme pour Valérie, je la tiens et même supporte tout son poids dans la première partie. Là encore, les tumultes jaillissent autour d’elle et donnent le spectacle d’une explosion liquide. Au milieu du gué, toujours dans les trombes d’eau, à bout de bras, quand notre guide lui apporte son soutien je suis bien obligé de la lâcher. Valérie n’a ni ma force, ni ma position favorable ; elle ne peut que la guider, et la pauvre continue alors sa course sans aucun ralentissement. Un grand « plouf » suivi d’un appel à l’aide déchirant puis d’une agitation où j’entends Véronique tenter de la rassurer nous informent que tout s’est bien fini, mais dans la douleur.


Néanmoins, cette chute finale a détruit toute velléité de sa compagne. Elle parle de retourner toute seule, de remonter le cours du rio par ses propres moyens en oubliant que nous avons franchi plus de dix obstacles à sens unique.


Avec mon quintal de muscles virils, mes épaules larges qui expriment une grande dose de testostérone présumée honnie, je n’imagine pas la convaincre de quoi que ce soit. Et mes Parisiennes préférées semblent maintenant avoir aussi peur qu’elle. Il ne me reste donc que l’autorité, quitte à détruire les dernières traces d’humanité qu’elle pouvait encore prêter aux brutes couillues dont je suis un sinistre représentant. Je prends ma voix de ténor bien posée mais un brin « audiardienne » pour lui imposer mes consignes sans aucune diplomatie :



J’ai volontairement forcé ma voix sur la dernière injonction et opposé ma vision à celle de Valérie. Celle-ci devient son alliée face à ma brutalité. Ma soi-disant méthode est assez invraisemblable, mais sur le coup je n’ai pas trouvé mieux. Aurélie tombe malgré tout dans le panneau, et sans donner de réponse – si ce n’est de me fusiller du regard avec une haine que je ne savais pas possible – elle se présente sur le départ. Je n’attends pas une seconde ; en lui prenant le bras, je m’adresse à notre guide :



Et je profite de sa réponse positive immédiate pour donner l’impression à Aurélie que c’est notre guide qui a décidé du départ. Sans un mot et sans un mouvement de sa part, la victime glisse avec fluidité jusqu’à deux mètres plus bas au bout de mon amplitude de retenue. Elle arrive presque dans les bras de notre chef, et celle-ci, sans freiner le mouvement mais avec douceur, la prend en charge lui fait franchir la dernière formalité.

Cette fois-ci, il n’y a aucun drame à l’arrivée ; c’est un passage technique et continu aussi tranquille que celui de Véro.


Je quitte mon poste pour me tourner vers mes nouvelles admiratrices. Elles ont très peur visiblement, et grâce à cette réussite elles voient maintenant en moi soit leur sauveur, soit un « tonton flingueur » autoritaire mais efficace. Elles choisissent visiblement la première option ; me voilà avec deux magnifiques créatures qui me collent pour manifester leur admiration. Je suis devenu un dieu vivant ! Passé cet épisode très bon pour mon ego et plutôt agréable, il me reste à œuvrer en associant une fermeté nécessaire à une tendresse miroir de la leur.



Je les prends par la main fermement et les guide vers l’entrée du gouffre. J’oriente Ludivine sur le point de départ, la mets en place avec toutes les précisions techniques qui témoignent de ma maîtrise toute neuve du sujet. Après une dernière synchronisation avec Valérie, je lui fais un bisou bref mais tendre sur la joue et la transporte à bon port.

Comme pour Aurélie, la suite est désormais sous contrôle, et la seconde étape se déroule sans heurt. Carla, ma préférée, se présente spontanément ; mais au lieu de prendre la place qu’elle sait la bonne, elle se blottît dans mes bras et joue à la petite fille :



Ses yeux d’un bleu limpide sont assez troublants. Je serais tenté de la serrer dans mes bras pour lui confirmer mon support et en profiter un peu, mais tout cela a duré déjà beaucoup trop de temps. Valérie, sur son promontoire instable, n’apprécierait pas que nous tardions encore et je sais aussi que Carla joue un jeu de séduction totalement frivole.


Je profite malgré tout de la situation : je la guide en laissant ma main traîner un peu bas dans son dos et, une fois en place, lui donne un bisou de conclusion appuyé au coin de ses lèvres qu’elle ne refuse pas. J’ai même l’impression qu’elle a prolongé le baiser. Sans transition, je la fais basculer sur la rampe de lancement et je l’envoie aussitôt à ma partenaire passeuse de col. Là encore, le passage est sans fausse note. La tendresse et la fermeté forment un cocktail magique. Aussitôt après, Valérie veut tenir sa responsabilité jusqu’au bout :



Valérie se range à mes arguments et se laisse glisser dans le bassin.


Je m’élance dès qu’elle a évacué la zone d’arrivée. C’est effectivement impressionnant de chuter à la vitesse d’une cascade puis de s’enfoncer dans l’eau, emporté par les trombes d’eau dans un nuage de bulles opaque. Je ne ressors que bien plus loin, bien plus tard, sans n’avoir rien maîtrisé des opérations.


Je retrouve les autres qui m’attendent en s’échangeant encore leurs impressions de manière fébrile. Arrivé sur le bord, mes deux Parisiennes se jettent sur moi pour m’exprimer une gratitude et une admiration très exagérée mais aussi très agréable à recevoir.


Du coin de l’œil je surveille Véro : que peut-elle bien penser de tout cela ? Rien, semble-t-il ! Elle est en grande conversation avec Valérie, Aurélie et son amie. Je n’entends pas les détails de leur conversation, mais l’air offusqué que prend Aurélie, la victime de ma brutalité stratégique, m’indique qu’elle raconte son aventure à Véro en forçant le trait. D’ailleurs Valérie semble rétablir la vérité en temps réel à Véro en lui parlant à l’oreille tout en la tenant par le bras en signe de connivence : ces deux-là ont l’air d’avoir développé une grande complicité. J’espère que Valérie aura compris et expliqué la duplicité de mon attitude de macho, sinon Véronique ne me reconnaîtra pas dans la transcription des évènements.


Mes deux admiratrices restent collées à moi pour me raconter leur aventure quand je vois Aurélie, que j’ai si violemment bousculée tout à l’heure, quitter son groupe pour venir vers moi avec un air volontaire. Si Véronique a eu des explications de Valérie, Aurélie ne semble pas les avoir reçues : je sens que je vais me prendre une baffe et, mes deux bras enserrant chacun une Francilienne, je ne pourrai pas me protéger.

Au lieu de me frapper, Aurélie m’adresse la parole avec une certaine véhémence :



Elle hésite un peu, puis complète son discours :



Elle conclut avec un ton revanchard, mais avec un sourire qui me rassure sur le second degré de la fin de notre conversation. Elle aurait dû tourner les talons à ce moment mais elle reste à me toiser en me dévisageant. Voyant que je ne suis pas en mesure de me protéger, la tentation semble trop forte pour qu’elle ne profite pas de la situation et me prouve que l’esquive n’est pas toujours possible. Elle hésite… et me fait une bise appuyée sur la joue. Cette réconciliation magistrale est saluée par un « hourra » de tout le groupe.


Valérie sonne alors la fin de notre pause. Je me débarrasse de mes deux fans avant que Véro ne trouve notre proximité déplacée. En vrai, elle semble n’avoir rien vu. Elle était absorbée par sa conversation avec notre guide.


La marche en enfilade reprend, et l’ordre initial est naturellement repris par tout le monde. Je continue donc cette aventure avec mes deux grandes nouvelles amies, et cette fois-ci encore notre discussion est intarissable.


Quelques passages plus faciles et suffisamment éclairés me permettent de faire des photos. Le groupe ayant continué sa progression, ce sont mes deux partenaires du moment qui me servent de modèles. Elles font ça vraiment très bien, ouvrant leur combinaison pour agrémenter le tableau et même en jouant aux femmes sensuelles entre elles. Elles ont un génie de la pose photo. Les photos seront magnifiques, j’ai du plaisir à les faire, mais en mon for intérieur je sais que je suis en train de faire une bêtise : ces vacances sont pour Véro et elle a droit à l’exclusivité de mes attentions. Mais je me laisse aller malgré tout : la chair est faible, allez… « Carpe diem quam minimum credula postero ! »


La descente du canyon se prolonge et nous continuons à découvrir une suite de tableaux fantastiques que la nature a composés pour nous. La progression en file indienne me tient toujours éloigné de ma chère amie. Chaque fois que je m’en inquiète, je la vois absorbée par sa discussion avec Valérie. J’aime bien l’idée que, malgré l’extraordinaire relation qui nous unit depuis le début des vacances, Véronique se sente libre de faire ce qu’elle veut avec qui elle veut : notre tendresse n’est pas une prison.


Nous arrivons à la grande descente en rappel promise dans la description de ce canyon. C’est affectivement impressionnant : quinze mètres dans la pénombre. Le temps que Valérie prépare l’équipement, je peux enfin m’approcher de Véro pour lui demander ses impressions :



Je m’attendais à ce qu’elle confirme son avis de se contenter de celui-là, mais au lieu de ça elle me prend à contrepied :



Sans mauvais esprit, le « m’a proposé » semble m’exclure, et l’escalade n’est ni dans mes talents ni ne correspond à mon poids ; elle le sait, nous en avons déjà parlé. Je ne comprends pas ce revirement, même si la distance qu’elle a entretenue depuis deux heures m’interpellait un peu. Je ravale mon dépit ; je respecte les choix de mon indépendante amie, même s’ils me sont défavorables, et je lui ouvre donc la porte pour qu’elle puisse faire ce qui lui plaît sans avoir peur de me blesser :



La fille cool en question nous appelle alors pour commencer la descente. Cette fois-ci je passe le premier ; il faut bien changer, et étant le plus costaud de la bande, je devrai assurer la réception en cas de problème. Pour conjurer le sort, Valérie enverra ensuite les quatre filles qui avaient fini la dernière passe difficilement.


J’adore cette descente. Elle est impressionnante et demande de respecter scrupuleusement les consignes techniques. Pendant quatre ou cinq mètres, la traversée de la chute d’eau ajoute de la difficulté et du suspens au vide dans l’obscurité.


Tout se passe nominalement pour moi ; je regrette même le manque d’imprévu. Par la suite, les filles y arrivent tout doucement mais sans blocage. Il y a des cris et des interrogations désespérées, mais il n’y a pas la tétanisation redoutée. Mes deux dragueuses font exprès de finir dans mes bras et en profitent pour me donner chacune un baiser reconnaissant et très dévergondé. C’est plutôt sensuel et agréable, mais pourrait très bien être mal vu de Véro ou de leurs accompagnateurs.

Je jette un coup d’œil en haut : Valérie, de son œil protecteur, n’a rien raté de la scène. Véronique, elle, n’est pas visible du bas et n’a certainement rien vu.


Les deux zigotos tardent pendant leur descente et font le singe, mais ils y parviennent sans mon aide. C’est heureux parce que les deux nymphes continuent leur harcèlement sensuel à mon égard et me monopolisent. Je m’apprête à me rendre disponible pour mon amie qui a mon attention en priorité mais sans que je la lui impose. Je veux lui manifester ma disponibilité, mais celle-ci a disparu avec Valérie depuis quelques minutes. Ce n’est pas pour solliciter de l’aide : je serais surpris que Véro ait besoin d’un support psychologique pour cette épreuve, elle a tellement brillé jusque-là ! Elles ont dû avoir quelque chose à se dire ou à se montrer qui ne regarde qu’elles.


Effectivement, après plus de cinq minutes, les deux filles réapparaissent et Véro nous fait alors la descente impeccable digne d’une montagnarde émérite. Je l’applaudis, accompagné aussitôt des autres membres du groupe, mais c’est le sifflement d’admiration à la garçonne que lui lance Valérie du haut qui la fait rougir. Valérie suit dans la foulée en faisant une démonstration digne d’un numéro de voltige ; elle est reçue par un tonnerre d’applaudissements. Cet accueil la touche et elle semble du coup toute timide. Elle nous remercie par un petit discours :



Le groupe répond d’une seule voix et Valérie donne le signal d’un nouveau départ. Mes deux acolytes m’attrapent pour m’imposer de reprendre avec elles la place stratégique de fin de cortège, tout cela au mépris de leurs copains qui semblent plus intéressés à faire les pitres à deux. Encore une fois, Véro semble totalement sous le charme de Valérie et ne se soucie pas de cette prise de pouvoir anormale.


La zone est maintenant ensoleillée et se prête vraiment bien aux photos. J’arrive à faire quelques photos de Véro et de sa nouvelle amie et, dix fois plus des deux écervelées qui me font promettre de les leur donner. La matinée se finit sur ce découpage décidément accepté : Véro et Valérie qui se dévorent des yeux, les deux copines lesbiennes qui ne cachent plus leur intimité, les deux louveteaux bondissants, et enfin moi et les deux pin-up qui me font une cour éhontée.


Quand nous arrivons au bivouac, nous quittons tous nos combinaisons en néoprène pour les faire sécher, en espérant qu’il ne sera pas trop désagréable de les remettre après déjeuner. Le regroupement des pique-niques dans les caissons aurait dû réunir les affinités initiales, mais il n’en est rien. Au départ, nous sommes tous ensembles pour le ti-punch autour d’une table commune faite d’un rocher plat, et très vite les scissions de la marche s’imposent à nouveau.


L’indifférence de Véro à mon égard est suspecte. Ce matin encore nous étions nus dans le même lit et nous partagions une intimité toute neuve, et voilà que ce rapprochement bouleversant n’a plus de réalité. Il est à craindre que ce soit la jalousie qui provoque cette indifférence de façade ; ce repas est une occasion pour moi de redresser la barre. Au seul petit moment où Véro est abandonnée par son mentor, je l’interroge :



Je l’entraîne un peu à l’écart.



Son visage s’assombrit. Elle a une répartie à me faire, mais in fine la garde pour elle.



Sans attendre ma réponse, elle repart voir sa nouvelle amie.


Je ne suis pas sûr que la situation soit aussi simple que celle décrite par Véro, et je crains un peu ce « On en parle ce soir ! » mais mes deux copines extraverties dans leur maillot sexy viennent me demander des photos dans ce cadre propice.


J’accepte bien sûr avec joie. Des photos de Véro en petite tenue m’auraient bien plu aussi, mais ce n’est visiblement pas à l’ordre du jour. Elle est partie s’installer confortablement avec Valérie dans un coin ensoleillé et il n’apparaît pas opportun de les déranger. J’entraîne mes deux jolies modèles dans la direction opposée pour ne pas risquer les foudres de Véro si leur comportement sort des limites de la décence usuelle, ce que je souhaite intérieurement. Au détour du cours de la rivière, le paysage est majestueux ; j’invite les deux filles à prendre la pose. Elles sont vraiment douées pour ça. Les premiers clichés sont magnifiques ; je regrette de ne pas avoir le gros Nikon que j’ai laissé au chalet.



Comme exemple, elles s’étreignent de manière plutôt osée.



Elles continuent vraiment à se toucher lascivement, à se donner des petits baisers ou des caresses de plus en plus équivoques tout en me lançant des regards langoureux. Leurs mains gambadent sur le corps de leur consœur en se nichant souvent dans leur maillot, sur les fesses ou entre les cuisses. Elles semblent plus intéressées à me provoquer qu’à faire de belles photos, mais elles arrivent à faire les deux. Je suis conquis !


Les filles vont plus loin que je ne les sollicite : leurs deux hauts de maillot disparaissent très vite ; leurs magnifiques poitrines donnent une sensualité bouleversante aux images. Et comme leurs fesses nues et parfaitement bronzées et même leur minou glabre et troublant apparaissent sur quelques photos, le charme maximum est atteint. Mon maillot de bain est vite déformé par une protubérance révélatrice de mon ressenti. Les filles s’en rendent compte immédiatement :



Cette scène est surréaliste : je n’ai pas d’autres intentions que de faire de belles photos et d’avoir le plaisir de les regarder, nous pouvons être dérangés n’importe quand, et elles dépassent les bornes. Du fait de notre différence d’âge, je sais que leur plaisir est totalement dans la provocation et que leurs intentions, à elles aussi, s’arrêtent là. Nous jouons au chat et à la souris comme si nous préparions des bacchanales, mais c’est du théâtre ! Nous sommes donc tous les trois sauvés par l’appel de Valérie au rassemblement : la randonnée n’est pas finie. La journée avance, il ne faut pas traîner. Les combinaisons, presque sèches, sont vite remises, les caissons étanches fermés, et la colonne s’élance de nouveau dans la vallée enchantée.


L’ordre est toujours le même. Ayant atteint le summum du jeu érotique possible avec mes nymphes délurées, j’aspire à profiter plus calmement de cette randonnée. J’aurais apprécié de continuer en compagnie de Véro, mais celle-ci ne m’a laissé aucune chance : elle n’a d’yeux que pour Valérie. Je ne comprends plus rien.


J’ai une petite inquiétude sur les causes de ce retournement. Je comptais bien, depuis le début, prêter mes muscles et ma résistance à mon amie pour la décharger lors de la remontée qui se présente longue et difficile sous un soleil de plomb. Je serais alors un goujat de ne pas offrir le même service à mes compagnes d’un jour. Je ne crains pas la difficulté de la tâche, mais plutôt le ridicule : représenter la brute que de frais minois mènent pas le bout du nez ne m’enchante pas particulièrement. Cette pensée m’habite par moments mais cela n’empêche pas de profiter de ces derniers instants dans ces lieux merveilleux. Nous arrivons, encore une fois trop tôt, au terme du canyon. Valérie annonce la sentence avec un dépit visible :



Nous nous préparons rapidement. Je surveille Véro pour voir si elle se rapproche de moi, mais je ne m’impose pas. Alors que mon aide lui est acquise – elle le sait bien – elle ne semble pas vouloir la solliciter. Elle se charge comme un mulet en imitant sa nouvelle amie, et surtout sans me prêter la moindre attention. C’est conforme à son attitude depuis ce matin et je serais grossier de douter de sa capacité à assumer sa personne.


Les deux Parisiennes n’ont pas de caisson, contrairement à Véro. Elles et leurs partenaires ont adroitement évité d’assumer les accessoires du groupe depuis ce matin. Nous nous mettons donc en route dans le même ordre que pour la descente du canyon. J’ai devant moi deux jeunes femmes en maillot de bain minimaliste dont le déhanchement de la marche est enjôleur ; c’est bien agréable.


Très vite, les deux adorables créatures peinent et le font savoir. Je leur propose bien sûr de porter leurs combinaisons. Mon grand sac à dos est un moyen pratique de les porter sans s’embarrasser les bras. Pendant ce temps, le groupe nous a lâchés un peu mais la nouvelle configuration – les deux nymphes sans fardeau – nous favorisera maintenant.


Je profite des points de vue exceptionnels au détour des chemins pour faire des photos qui représenteront des trophées exceptionnels, mais marginaux, de ces vacances. Nous continuons à être largués ; le groupe de tête est maintenant si loin que c’est un peu comme si nous n’étions que tous les trois. Sous le prétexte de préserver leur bronzage, les deux filles ont rentré leur culotte entre leurs fesses et roulé leur petit soutif au maximum ; mes photos sont très sexy, et cela semble les satisfaire pleinement. À un moment propice, Carla me fait une proposition étonnante :



Je n’avais pas fini ma phrase que Carla, suivie de près par Ludivine, se débarrassait de ses maigres vêtements avec le plus grand naturel. Elles se postent côte à côte, fièrement et terriblement impudiques dans cette nature sublime, les mains sur le côté et attendent que je commence mes prises de vue. Je retire mon sac à dos en bénissant le Ciel de cette aubaine et me mets en position. Je prends la posture du photographe non concerné par le côté troublant de la situation, mais mon sexe qui déforme manifestement mon maillot contredit cette indifférence affichée. Les filles m’en font la remarque :



Je mitraille alors sans compter : l’une puis l’autre, puis les deux ensemble. Toutes les mimiques sont utilisées : tristes, souriantes, détachées ou coquines. Toutes les attitudes sont essayées : nobles, sexy, ou mêmes très provocantes. Toutes les poses sont prises : debout, assises ou allongées. Mes deux modèles n’hésitent pas à s’étreindre et à s’embrasser avec fougue, et même à avoir des attitudes à la limite de la pornographie quand Carla pointe sa langue friponne sur le minou de sa copine. Le prétexte de réussir des photos brûlantes a bon dos : elles apprécient visiblement les caresses lesbiennes pour le plaisir qu’elles leurs donnent. Après dix minutes de folie je sonne la fin en empoignant mon sac à dos :



Les filles, sans se concerter, remettent leurs chaussures, prennent alors leur maillot à la main et s’engagent sur le chemin sans prendre la peine de le remettre.



Je suis bien sûr attiré par cette idée, mais je sens que si elles prolongent leur jeu de provocation alors que nous sommes isolés tous les trois, il pourrait y avoir des dérives non maîtrisées. Je feins d’être ennuyé :



Après s’être échangé des regards complices, elles s’approchent de moi, toujours nues et terriblement excitantes, s’agrippent chacune à un de mes bras, et mimant une déception totale elles implorent :



Si c’était nécessaire, la bosse dans mon short, amplifiée par le contact de ces deux nymphes dénudées contre moi, leur explique ce sibyllin « un peu trop ». Elles comprennent très bien et n’insistent pas : elles sont certainement convaincues qu’elles emporteront mon acceptation demain sans difficulté. J’interromps alors cette discussion et ce contact qui me donne beaucoup trop envie de les prendre dans mes bras et de les caresser :



Je les pousse à reprendre la marche en leur passant pour la première fois la main sur le haut des fesses. Elles acceptent sans rechigner de repartir et ne se dérobent pas à ma caresse. Je marche maintenant dans la montagne avec devant moi deux jolies jeunes femmes toutes nues : quelle journée ! Je me demande si je vais raconter cela à Véronique, et en tout cas j’espère qu’elles cesseront leur jeu provoquant avant que nous ne rejoignions le groupe.


Je profite des tableaux fugitifs pour faire encore des photos : deux belles filles nues dans l’effort, ces deux petits culs ravissants qui se trémoussent dans un décor féérique, c’est très érotique !


Nous avons pris beaucoup de retard mais cela n’a pas inquiété l’avant-garde que nous ne distinguons plus, même dans les longues lignes droites. Les deux nudistes peuvent donc rester dans cette tenue plus d’une heure avant que nous n’apercevions au loin le groupe qui nous attend sous un arbre esseulé. Prestement et fort discrètement, les demoiselles mettent de l’ordre dans leur tenue et nous nous dirigeons vers le bivouac improvisé par nos prédécesseurs avec une décence retrouvée.

L’un des deux jeunes loups nous apostrophe tandis que nous arrivons enfin :



Valérie, chargée de la bonne ambiance, coupe tout de suite l’échange désagréable qui s’annonce :



Effectivement, nous n’avons que le temps de boire un peu et le groupe s’anime de nouveau. Véronique a certainement remarqué que je portais les affaires des filles alors qu’elle porte les siennes. Elle trouve peut-être cela déplacé, mais elle n’en laisse rien voir.

Le groupe est plus lent, la fatigue est là, mais les prévisions de notre meneuse sont justes : nous arrivons aux voitures dans les temps. Nous embarquons tous, et après 20 minutes de route nous voilà réunis pour un débriefing ému.


Je propose une photo du groupe que j’enverrai par courriel. C’est l’occasion d’une dernière rigolade universelle. Tout le monde parle à tout le monde, nous continuons à rire et à parler de tout. Personne ne semble pressé de partir. L’air de rien, Véro vient enfin s’approcher de moi. Cela me rassure : les choses vont enfin rentrer dans l’ordre.


En fait, elle m’a abordé pour me dire quelque chose d’inattendu :



Elle se tourne vers Valérie avec un sourire jusqu’aux oreilles tout en me répondant comme si j’étais déjà parti :



J’affiche une tranquillité de bon aloi. Mon trouble n’est pas qu’elle me plante sans préavis ; je suis fier qu’elle se sente libre. Pour ce qui concerne Véronique, j’ai décidé que la jalousie n’avait pas lieu d’être, donc je lui fais une guerre intransigeante quitte à accepter l’inacceptable. Valérie semblait attendre mon autorisation pour sonner la fin de la récréation :



Tout le monde rejoint sa voiture après des bisous et des poignées de main sincères. Cette journée a été à 180 degrés du déroulement de ces vacances : alors que nous aurions pu nous comporter en couple fusionnel, nous avons retrouvé une relation amicale normalement distante. C’est inattendu, et même frustrant pour ma part, mais c’est conforme à nos conventions : je ne dois donc pas en vouloir à Véro.


Je me retrouve tout seul pour rentrer. La fatigue et les fantastiques images de la journée qui me reviennent m’empêchent de ressentir la moindre mélancolie. Je suis abasourdi par la défection inattendue de Véronique mais, heureusement, je n’arrive pas à me concentrer sur ce malaise.


Rentré au gîte, je me dépêche de faire des courses pour un dîner simple et reconstituant : une platée de spaghetti au gruyère, accompagnée d’un peu de vin.


Je fais du feu, prends une douche chaude et interminable, et enfin dîne tranquillement devant l’âtre. Je ressens toutes sortes de réchauffements différents : le soleil de la journée continue à réchauffer mes joues, les muscles qui ont travaillé plus que d’habitude, le rayonnement des flammes, et enfin le vin qui me monte à la tête. Je ne porte qu’un short léger pour mieux ressentir ces irradiations contrastant avec la fraîcheur du vin. Encore un moment fort de ces vacances.


Je suis seul ! Je mange un fromage local agrémenté d’un bon vin. Je suis à nouveau inquiet des sentiments de Véro sans oser y penser. Je suis enveloppé de sensations agréables de mon corps fatigué. Il me faut classer les photos d’urgence, et surtout écarter celles qui pourraient inquiéter mon amie. Je mélange tous ces ressentis disparates pour en faire une sensation unique que je vais mémoriser comme une nouvelle icône de la force de ces vacances.


Je mémorise ce patchwork de sensations pour être capable d’écrire le roman de ces vacances incroyables quand je serai rentré. Je ne veux pas commencer maintenant à écrire un journal sur le papier pour continuer à vivre ces jours de rêve avec spontanéité et pour avoir le plaisir de les revivre en les écrivant.


Après avoir goûté ce moment sans réserve, je me mets au rangement des photos. Je suis plus loin du feu. Je mets un tee-shirt : je serai ainsi plus décent pour le retour de Véronique. Que nous dormions ensemble tout nus, et même que nous nous livrions à des caresses très sensuelles ne justifie pas « encore » que nous devions nous comporter comme un couple dans l’intimité !


Les photos sont plutôt réussies ; le rendu est varié comme les paysages traversés. J’en ai vraiment beaucoup de Carla et Ludivine, et certaines sont vraiment très coquines.


Il y a des ajustements de cadrage et d’exposition à faire en plus du tri ; cela me prend des heures. Je fais plusieurs albums virtuels : celles pour tout le groupe, celles qui seront dans le récit de ces vacances, celles que je destine aux deux filles en séparant celles qu’elles pourront montrer avec un intérêt esthétique de celles qui sont franchement érotiques.

Je fais une clé USB pour elles comme prévu.


Pour finir, je fais un album secret pour moi, les photos des filles cadrées sur des endroits précis : leurs fesses, leur sexe, leurs seins. Des photos volées avec un intérêt limité, pour mon plaisir primaire dont je ne suis pas fier. Je m’en veux d’être à ce point attiré par ces deux provocatrices. Elles s’amusent à mes dépens, et je n’ai aucun projet pour elles. Cet amusement futile arrive au beau milieu d’une aventure sentimentale forte et unique qui me bouleverse autrement plus, et malgré tout j’arrive à y prêter attention. La nature humaine – ou plutôt la nature masculine – n’est décidément ni morale ni rationnelle : je me déçois.


Je reviens sur les photos de Véro pour essayer de comprendre ce que je ressens. C’est autre chose. Mon cœur ne se trompe pas : le visage, le regard, le sourire, les attitudes de Véronique fixés sur les images m’émeuvent mille fois plus que le corps nu, pourtant parfait, des deux Parisiennes. Ma tendre amie a eu, aujourd’hui encore, des expressions de bonheur qui m’emplissent de joie. J’ai du mal à faire le tri : certains clichés sont mal exposés mais expriment un sentiment qui me touche directement au cœur, d’autres sont anodins mais me rappellent une façon d’être qui la personnifie si bien. Il y en a même qui sont moins ressemblants mais où elle semble être une personne que j’aimerais bien connaître.


Je construis des catalogues de photos de Véro avec des thèmes différents : beauté de la photo, de Véro elle-même ou des paysages, expressions sentimentales où les photos lui correspondant bien, érotisme, etc. Certaines photos reviennent dans beaucoup de séries ; cela me permet de construire le Top 10, ou plutôt le Top 100.


Cela fait déjà presque trois heures que je range les photos quand Véronique arrive. Elle est dans la même tenue de baroudeuse que ce matin, et cela ne convient pas à la fraîcheur de la nuit. Elle est transie de froid mais elle est malgré tout rayonnante.



Véronique suit mes conseils, et tout en s’occupant de son bain elle continue la conversation :



Le bain coule lentement, Véro se réchauffe devant le feu en attendant. Je la rassure sur ma bonne impression des derniers évènements :



Cette évocation semble crisper un peu le sourire de Véronique, mais c’est tellement fugitif que je ne suis pas certain d’avoir bien vu. Véro enchaîne tout de suite :



Je vais vers le frigo et Véro vers la salle de bain. Je m’attendais à ce qu’elle s’enferme, au moins partiellement, selon nos codes de pudeur toujours inchangés. Au lieu de cela, elle continue à me parler en se déshabillant et en laissant la porte de la salle de bain grande ouverte. Je jette un œil : elle me tourne le dos tout en me parlant. Elle retire son short et son maillot de bain sans hésitation, me montrant ses magnifiques fesses, et elle entre dans son bain bouillant avec mille précautions.


Cette rentrée dans le bain est une vraie scène de cinéma terriblement réussie, mais c’est encore plus bouleversant de le vivre en vrai, et surtout l’actrice m’émeut plus que tout. Je prends de nouveau l’engagement de garder cette scène intacte dans ma mémoire parmi les plus beaux fleurons de cette aventure. J’en reste baba et cela provoque un blanc dans notre échange. Véro relance alors la conversation de son bain mais prend un ton un peu plus grave :



Je m’approche avec deux tasses sans lui demander l’autorisation et m’assois sur le bord de la baignoire. Il n’y a pas de mousse ; je distingue très bien son corps nu. Notre pudeur l’un pour l’autre a disparu de nos habitudes sans que nous ayons eu besoin de le décider. Je tends la tasse à Véro qui me remercie d’un sourire complice ; ses yeux expriment une grande tendresse.



Nous continuons à parler ainsi longtemps. Véro me raconte Valérie, l’envie de la connaître qui était née dès le début de la randonnée et qui avait très vite été partagée. Elle me décrit l’après-midi où elles se sentaient proches même dans l’effort qui concentrait leur attention et où leur complicité était déjà certaine. Elle continue à m’expliquer sa soirée pendant laquelle elles ont parlé à perdre haleine comme si elles voulaient toutes les deux rattraper le temps perdu avant qu’elles se connaissent.


Je suis autant ému par la transparence de l’eau qui me révèle sa nudité que par la transparence de ses sentiments pour sa nouvelle amie qu’elle me décrit à cœur ouvert sans aucune réserve. Nous sommes complices sans limite. Elle peut tout me dire sans que je la juge, tout ressentir sans altérer mes sentiments pour elle. Quand elle a fini le film de sa découverte de sa nouvelle amie, elle me tend sa tasse et s’enfonce avec lenteur dans l’eau du bain. Elle reste longtemps sous l’eau comme pour ponctuer fortement son récit et signifier la fin de notre échange. Quand elle ressort enfin et rejetant des cheveux en arrière, je conclus cette nouvelle page :



Je sors mais je ne ferme pas la porte de la salle de bain. Pendant que je m’affaire dans le salon, Véro sort du bain, se sèche et enfile sa courte robe de chambre de soie. Aussitôt elle vient se pelotonner dans le canapé devant le feu. J’apporte les tasses fumantes et je m’assois près d’elle. Je peux enfin lui raconter ce qui s’est passé entre moi et ces deux jolies fofolles, et surtout le sens que cela a eu pour moi. Bien qu’elle m’ait affirmé le contraire, je crains qu’elle soit jalouse ou déçue de mon comportement. Je décris les évènements et les ressentis progressivement pour envisager d’éluder ce qui pourrait la contrarier, mais elle réagit en m’encourageant à chaque étape. Elle comprend mes élans, même quand ils sont peu reluisants. Elle approuve quand je me laisse aller à profiter de la situation, ou même quand je vole un coup d’œil en secret ou une photo cochonne.


Je peux tout lui dire ; elle est de mon côté, ne me juge pas, et elle est prête à tout comprendre. Je lui montre toutes les photos, y compris celles que j’avais prévu de cacher, et nous rions beaucoup. Au bout de la conversation, je lui ai vraiment tout raconté de ce que j’ai vécu et ressenti pendant cet après-midi. Elle m’a tout dit et je lui ai tout dit. L’un comme l’autre avons vécu des émotions vives séparément, et nous nous les échangeons pour qu’elles fassent partie de notre histoire commune.


Nous n’avons pas encore fini de parler. La nuit dernière, notre relation a encore fait d’immenses pas en avant qui ont repoussé les règles, et nous n’avons pas pu encore partager nos sentiments sur cette situation. Il est tard et nous parlons depuis plus deux heures après une journée bien remplie. L’idée d’être de nouveau nu contre elle dans le lit et peut-être de la caresser aussi majestueusement que les nuits précédentes s’impose à moi ; j’ai envie de bien conclure cette veillée.


Véronique ressent aussi qu’il serait sage de mettre un terme à notre conversation, mais au lieu de laisser le blanc stratégique pour permettre la conclusion, elle se cale contre moi dans le canapé et aborde gravement un nouveau sujet :