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n° 18428Fiche technique86538 caractères86538
Temps de lecture estimé : 48 mn
19/06/18
Résumé:  C'est l'histoire d'une vengeance. La victime s'appelle "la vertu", et la meurtrière c'est moi, Laura. Mon mari était un tueur ; je suis devenue serial killeuse.
Critères:  fhhh hplusag extracon cocus
Auteur : Laura      
Rêve prémonitoire

- 1 -


Nue, allongée au milieu du lit, jambes écartées, totalement offerte, je regardais l’homme qui allait me posséder. C’était le troisième de la soirée, alors que d’autres, debout, le sexe fièrement dressé attendaient leur tour en se masturbant.

Il me fixa d’un air fier et possessif puis s’enfonça en moi d’un seul coup. Sous ses coups de reins énergiques je sentis monter la vague de plaisir qui petit à petit me submergea et me fit jouir intensément.

Mais ce n’était pas suffisant, comme une chienne en chaleur je sollicitai un quatrième type qui me pénétra vigoureusement à son tour…


La sonnerie stridente de mon réveil retentit à côté de moi. Haletante et en sueur, j’étais assise au milieu de mon lit, le cœur battant la chamade. Il me semblait ressentir les assauts de ces hommes virils au fond de mon ventre insatiable.

Je laissai retomber doucement ma tête sur l’oreiller, reprenant mes esprits, déçue de ne pas connaître le dénouement de ce rêve dément. Combien d’hommes allais-je ainsi accueillir, moi, l’épouse fidèle ?


D’habitude je me levais en quelques secondes pour ne rien perdre de mon temps précieux mais ce vendredi du mois de juin fut bien différent des autres jours.

Lorsque j’ouvris les yeux, je constatai que les rayons du soleil envahissaient ma chambre. Tout était calme, merveilleusement calme. Le contraste avec les assauts vigoureux que je venais de subir était saisissant. Retenue par la chaleur des draps, je n’avais vraiment pas envie de sortir de mon cocon. Je laissai la tension retomber peu à peu.


J’ai toujours pensé que les rêves avaient une signification. Souvent je trouvais une explication logique, mais pour celui-ci je cherchais vainement. Le plus déroutant était le sentiment de réalité, je me voyais les cheveux fous, heureuse, réclamant ces assauts répétés. Cela traduisait-il un manque ? J’avais la vie de couple dont je rêvais avec un mari attentionné, mais ma sexualité était-elle vraiment satisfaisante ? Étais-je vraiment comblée sexuellement ? On a toujours envie de plus.


Mon rêve traduisait peut-être une envie ponctuelle, en tout cas cela ne pouvait pas être un rêve prémonitoire, c’était beaucoup trop éloigné de ma vie actuelle, ça au moins j’en étais certaine, et pourtant la suite nous montrera que je me trompais lourdement.


Jérôme, mon mari, qui avait constaté mon retard, me fit la surprise de m’apporter un croissant chaud et du café, ce qu’il ne fait jamais. Il était déjà habillé et prêt à partir travailler. Son apparition me fit un bien fou, j’avais enfin l’impression de revenir à la réalité. C’était autour de cet homme que j’avais bâti mon existence, un univers que je ne devais pas bouleverser.



Cette déclaration me fit fondre, j’avais envie de jeux plus intimes. Je fis tomber le drap, dévoilant fièrement ma généreuse poitrine et lui dit lascivement :



J’ôtai complètement le drap ; nue et offerte, je rajoutai :



La conversation prenait une tournure inattendue. Il plaisantait mais le son de sa voix me fit douter. Malgré tout je ne voulus pas casser ce petit jeu.



Seule, j’engloutis le café et le croissant puis me blottis à nouveau sous les draps. Je regardais fixement le plafond blanc. Je repensais aux mots que nous venions d’échanger. Il nous arrivait quelquefois de nous provoquer mutuellement pour nous émoustiller, mais ce dialogue m’intriguait. Je l’avais senti un peu trop sérieux.


La veille au soir nous avions fait l’amour. Cela avait merveilleusement bien commencé. Jérôme d’une langue experte m’avait rapidement fait grimper aux rideaux mais la suite fut beaucoup plus rapide et décevante. Je mis cela sur le compte du stress et de la fatigue. Le pauvre avait des journées extrêmement longues et épuisantes.


Était-ce cette frustration qui avait déclenché mon rêve et qui me donnait tant envie de faire l’amour, ou avais-je envie d’autre chose ? Une question interdite me vint en tête : étais-je capable d’assouvir mes envies avec un autre homme ? « Reprends-toi, ma vieille. Garde le cap. Tu as juré fidélité. Et même si ton mari a fait un accroc dans le serment mutuel que vous vous étiez fait, ta fidélité est essentielle dans la survie de votre couple. » J’essayai de chasser au plus vite la sensation de culpabilité qui s’emparait de moi ; je n’avais pas le droit de penser à ça.


Une idée merveilleuse me vint à l’esprit. Nous avions une semaine de vacances à prendre ; pourquoi ne pas partir sur une plage des tropiques avec pour seules occupations dormir et faire l’amour ? Quel programme génial ! Trois mots résonnèrent plusieurs fois dans ma tête : « sea, sex, sun ».


Immobile, en chien de fusil, j’avais du mal à sortir de mon nid. Cette idée de vacances me redonna du courage et je me levai enfin pour passer sous une douche délicieusement rafraîchissante. Toujours habitée de désirs très forts, je tournais le jet de la douche vers mon intimité pour une petite satisfaction solitaire bien apaisante.


Je me maquillai puis contemplai mon reflet dans le miroir. Toute mon adolescence j’avais été complexée par ce corps blanc couvert de taches de rousseur au visage enfantin qui me rajeunissait de plusieurs années. J’étais alors une grande sauterelle rousse avec des gros seins, un visage rond, de longs cheveux bouclés, des yeux verts et des jambes interminables. Je repensai à cette photo de moi à la sortie de l’église. Je portais une longue jupe bleue et un chemisier blanc. Quel homme aurait aimé aborder ce laideron ? J’étais invisible. De rage, j’avais déchiré la photo mais elle me fit comprendre que le changement était devenu obligatoire.


Aujourd’hui, j’aimais mon apparence. Mon maquillage mettait en valeur mon air espiègle et souriant qui attirait le regard des hommes. Je paraissais toujours plus jeune mais cela n’était vraiment plus un problème, parfois même un avantage.


J’attachai mon collier en or. Ce cœur qui pendait au-dessus de ma poitrine était un code entre mon mari et moi : je le portais uniquement lorsque j’avais des envies coquines, et aujourd’hui je n’en manquais pas.


Je n’avais pas du tout envie de mettre un des ces tailleurs stricts que je porte habituellement pour le travail ; mon choix se porta sur ma petite robe noire moulante et mes talons aiguilles aux semelles rouges que Jérôme m’avait offerts. Je me sentis terriblement séduisante.


Jérôme adorait que je m’habille ainsi même en son absence. Il était parfois jaloux mais, paradoxalement, il adorait que les autres hommes me regardent avec des yeux exorbités.

Décidément, ce n’était pas un jour comme les autres : j’avais une énorme confiance en moi, j’allais conquérir le monde, et ce soir mon petit mari – j’en étais certaine – serait obligé de me satisfaire avec beaucoup d’ardeur.



- 2 -


Le regard des hommes dans la rue puis dans le bus me remplit de contentement, et lorsque l’un d’eux me gratifiait d’un sourire gourmand je le lui rendais volontiers, malicieuse, heureuse.


Au travail, mes collègues me firent des compliments très appuyés et très imagés sur ma tenue. Même mon patron est venu me voir dans mon bureau, soi-disant pour s’informer sur l’avancement d’un dossier qui n’avait aucune importance. Il était bien plus intéressé par mon décolleté que par mes réponses. Je repoussai le siège en arrière et croisai les jambes. Ma robe remonta très haut. Je l’entendis déglutir.



Les yeux sur mes jambes, il faillit dire quelque chose. Il hésitait.



Mon attitude avait été provocante. J’allais certainement devenir sa cible. Cela me fit rire ; je pensais à certaines de mes collègues qui avaient eu ainsi une augmentation ou une promotion. Je me dis que moi je ne couchais pas pour de l’argent. Et de toute façon, il n’était pas question de céder à ce petit bonhomme chauve pour tout l’or du monde, quoique… non, je plaisante… Enfin, je crois.


L’attitude des hommes devant une femme séduisante est incroyable. Certains semblent ne pas pouvoir résister. Malheureusement, mon petit mari fait partie de cette catégorie. Je repensai à son égarement, un an auparavant. Je lui avais pardonné mais cet épisode restait toujours douloureux.


Je me souviendrai longtemps de ce funeste mercredi soir où le ciel m’était tombé sur la tête. Ses aveux avait été terribles. La veille, lors d’une soirée entre collègues, il avait séduit une femme mariée sexy, une bimbo siliconée qui dînait avec sa meilleure amie. Il l’avait sautée dans la grange de la ferme auberge pendant qu’un de ses collègues se tapait l’amie de la jeune femme. Certes, ce ne fut qu’une rencontre d’un soir, un coït rapide, mais cet événement me blessa profondément. Qu’est-ce qui me blessait le plus ? Le fait qu’il ait baisé une salope ou le fait que je n’aie pas su le retenir auprès de moi ? Qu’est-ce que j’avais raté dans notre sexualité ?


Imaginer mon homme faire l’amour avec une autre femme avait été infernal. Le samedi suivant, dans une tenue sexy, j’étais sortie seule en boîte pour me venger. Rapidement, je m’étais fait draguer par deux hommes qui me promettaient une nuit torride. C’était exactement ce que j’étais venue chercher, mais je n’ai pas dépassé le stade des baisers et des attouchements. Je me suis enfuie comme une voleuse. J’ai essayé de refermer une porte blindée sur cet épisode, mais aucune fermeture n’est totalement hermétique : j’y repense encore.


Je décidai d’appeler mon petit mari. Je voulais entendre sa voix, me rassurer et lui faire part de mon désir de vacances, « sea, sex and sun ». J’étais encore troublée par le dialogue que nous avions eu dans notre chambre le matin même. Ce pouvait-il qu’il soit sérieux ? J’étais certaine qu’il plaisantait, mais un petit doute me taraudait et m’excitait. Que ferais-je s’il me donnait rendez-vous avec son client ? Il n’y avait qu’une seule façon de mettre fin à ce délire. Je l’appelai sur son portable et tombai sur son répondeur. Je composai alors son numéro de ligne directe au bureau, mais après quelques sonneries une secrétaire me dit qu’il était en réunion et qu’on ne pouvait pas le déranger. En la questionnant, j’appris qu’il avait réservé une table pour deux dans un grand restaurant. Je fus soulagée : comment avais-je pu être aussi bête pour croire, ne fût-ce qu’un instant, à une petite sauterie à trois organisée par mon mari ? Ce n’était pas son genre. C’était la faute de ce rêve.


Je devais parler à quelqu’un, mais à qui ? Après avoir éliminé le nom de toutes mes amies, je pensai à Cédric, un ami que je n’avais pas vu, ni eu au téléphone depuis plusieurs semaines.

La sonnerie retentit plusieurs fois. J’eus peur qu’il ne fût pas disponible, lui aussi. Et puis, miracle, il finit par décrocher. Nous échangeâmes des banalités ; sa voix grave et chaude me berçait. J’avais tellement envie de le revoir. Je lui fis comprendre timidement que j’étais libre ce midi et, comme je l’espérais, il sauta sur l’occasion pour m’inviter à déjeuner. J’étais la plus heureuse.


Les dossiers éparpillés sur mon bureau me suppliaient de les ouvrir mais j’évitais de les regarder. Il y a des jours, comme celui-ci, où l’on se sent particulièrement bien : je n’allais pas gâcher ces moments merveilleux dans de basses besognes. Jusqu’au déjeuner, je ne pensai qu’à cette rencontre qui avait changé ma vie 5 ans auparavant.


Lors d’une soirée chez des amis, j’avais rencontré deux apollons, les meilleurs amis du monde, Cédric et Jérôme, tous les deux plus vieux que moi de 10 ans ; j’avais alors 23 ans, mon allure avait changé et je n’étais plus vierge, mais j’étais encore une grande sauterelle maladroite et candide. Cédric était grand, blond, cultivé, très calme avec une voix grave qui apaise son entourage, toujours à l’écoute des autres. Quelqu’un avec qui on peut parler de tout, mais quelqu’un de libertin jusqu’au bout des ongles. Jérôme, lui, était plus réservé. Brun, un beau ténébreux, très travailleur avec déjà une excellente situation professionnelle.


Ces deux hommes me plurent immédiatement, mais malgré l’affinité et l’attirance que j’avais pour Cédric, je passai la nuit dans le lit de Jérôme que j’épousai quelques mois plus tard. Je n’ai jamais cessé de voir Cédric, parfois en cachette. Cette relation secrète que j’entretenais avec lui en parallèle de ma vie conjugale était certes un peu équivoque mais totalement platonique. Dès mon mariage, je lui avais imposé un pacte : autorisation de nous dire ce que nous voulions sans limites, mais interdiction de nous approcher physiquement. Cédric avait eu beaucoup de mal à l’accepter ; il me demanda souvent si j’avais changé d’avis mais il respecta toujours mes conditions.

Ce mélange d’attirance réciproque et d’interdiction pimentait cette relation parfois excitante. Il se montra extrêmement patient, et au bout du compte il en fut récompensé.



- 3 -


Dès son arrivée au restaurant, Cédric me déshabilla du regard et me trouva craquante dans ma petite robe sexy. J’avais un admirateur de plus, et celui-ci me faisait autrement plaisir que mes débiles de collègues. Comme d’habitude il me raconta ses frasques libertines qui me passionnaient et souvent me faisaient rire. Il prenait plaisir à me décrire les femmes qui passaient dans son lit ou qu’il rencontrait dans son club libertin. Je fis un rapprochement avec mon rêve matinal, et Cédric se rendit compte que j’étais devenue songeuse.



Cela me fit rire, je savais qu’il me taquinait. J’hésitais à lui raconter ce qui m’avait traversé l’esprit car lui décrire mon rêve aurait sans aucun doute déclenché de sa part des explications sur des soi-disant désirs cachés, des frustrations, des besoins inavouables que je ne voulais pas entendre.



Provenant d’un homme qui avait toutes les femmes qu’il voulait, ce compliment me touchait réellement. Et ce jour-là j’avais tellement envie qu’on me le dise.



Là non plus je ne voulus pas lui donner d’explications ; je me contentai de sourire.

J’eus envie de le questionner sur Jérôme, sur sa vie d’avant notre rencontre, ce que je n’avais jamais fait. J’étais curieuse. Trop, certainement.



Comme d’habitude je ne m’ennuyai pas une seule seconde et le déjeuner se termina beaucoup trop rapidement. De retour au bureau, je m’aperçus vite que je n’avais toujours pas la tête à travailler. Je pensais à Cédric et à Jérôme, au choix que j’avais fait. Que serais-je devenue si j’avais choisi Cédric ?

Je ne regrettais nullement d’avoir épousé Jérôme que j’aimais profondément.

Ce jour-là, aucun dossier ne fut traité.



- 4 -


De retour à la maison je me posai quelques instants dans un fauteuil moelleux. Cette journée n’était pas ordinaire : un rêve carrément pornographique, une masturbation sous la douche, mon besoin de séduction, les passants, mes collègues et mon patron qui m’avaient regardée avec tant de lubricité, ce déjeuner avec Cédric et ces indiscrétions sur Jérôme qui commençaient à m’obséder un peu.


Nous vivons ensemble depuis environ cinq ans, pour quatre ans de mariage, mais est-ce que je le connaissais vraiment ? Existait-il une face cachée de Jérôme que je ne connaissais pas ?


Je repensai à notre vie commune. Notre première nuit avait été merveilleuse ; nous avions fait plusieurs fois l’amour et j’étais conquise, déjà amoureuse.

Notre relation se construisit naturellement. J’avais peu d’expérience, et Jérôme était plus âgé de dix ans. J’étais l’élève et lui le professeur. Il a fait de moi ce qu’il voulait. Je ne pense pas lui avoir refusé quoi que ce soit. J’acceptais de porter les tenues sexy qui le faisaient craquer, et d’innover dans nos jeux amoureux. Le mariage a été la suite logique de notre complicité. En commun accord, il y a quelques jours j’ai même retiré mon stérilet.


Donc, s’il attendait autre chose de moi, je pense qu’il m’en aurait parlé.

Mais alors, pourquoi cette tache en plein milieu de ce tableau idyllique ? Pourquoi m’avait-il trompée il y a un an ? Et pourquoi je ressasse encore cette vieille histoire ? Je ne devais pas me laisser envahir par de quelconques ressentiments. L’envie que je ressentais au creux de mon ventre était forte ; c’était un besoin physique, le besoin de le sentir en moi, un besoin de satiété. J’envoyais un petit SMS à Jérôme : « À quelle heure penses-tu rentrer ? » La réponse ne tarda pas : « Dans une petite heure, mon amour. »


J’avais encore une heure à tenir. Après avoir préparé rapidement le dîner, je décidai de parfaire ma tenue de séduction. Je savais très exactement ce qui lui plaisait le plus. J’ôtai mon soutien-gorge puis enfilai mon porte-jarretelles et mes bas. Je me devais d’être irrésistible.

Devais-je mettre une culotte ? Jérôme aurait certainement apprécié que je n’en porte pas, mais j’apprécie tellement le moment où mon homme la fait glisser le long de mes jambes… Cela a toujours été pour moi un moment extrêmement jouissif en prélude à d’autres jeux, le moment où je m’offre entièrement. Je gardai ma culotte en dentelle noire, mais à ce moment-là je ne pouvais pas me douter que celui qui me l’enlèverait ne serait pas mon mari.


J’étais satisfaite de ma tenue, tellement certaine que j’allais lui donner des envies coquines. Je me sentais heureuse mais terriblement impatiente. Je me fixai un objectif tout à fait réalisable : faire l’amour avant le dîner et recommencer après. Et s’il n’y avait pas de dîner, eh bien ce ne serait pas grave. Je préparai un petit apéritif, remplis deux verres de whisky avec des glaçons. Si j’avais pu lui préparer un petit cocktail à base de Viagra, je crois que je l’aurais fait.


Entendant la porte d’entrée s’ouvrir, j’agrandis mon décolleté, mis mon pendentif bien en évidence puis raccourcis ma robe. Comme si elle avait encore besoin de l’être… Il s’approcha de moi. Féline, je l’embrassai tendrement. Je mis ma main sur son bras nu qu’il retira précipitamment. J’avais envie de lui dire que je voulais lui faire une petite gâterie, mais mon instinct me conseilla de me taire.



J’avais envie de plaisanter en continuant le dialogue du matin, en lui demandant « Où est ton client ? » mais à l’intonation de sa voix je compris que quelque chose n’allait pas. Sans doute des préoccupations professionnelles que j’allais bien vite effacer. J’étais malgré tout très optimiste. Comment pourrait-il me résister ? J’étais certaine que dans moins de dix minutes je serais à genoux devant lui, occupée à sucer autre chose qu’un glaçon.



Il prit un verre puis s’assit au milieu du divan. À son air préoccupé je compris que nous allions discuter. Je me demandais si je devais lui parler de mon projet de vacances, et puis sagement je pris mon verre et m’assis calmement dans le fauteuil face à lui ; mais je bouillais intérieurement. Je mis de l’ordre dans mes idées : d’abord je le sucerais, et après je monterais sur lui. Le projet de vacances pouvait bien attendre quelques heures.



Il me regarda un moment sans rien dire, l’air triste. Je sentis le malaise s’installer petit à petit.



Cela jeta immédiatement un froid. Quand un mec te dit ça, c’est pas bon, pas bon du tout. Ça pue la tromperie à plein nez. Mon ciel bleu s’assombrit d’un seul coup ; je voyais de lourds nuages noirs arriver au-dessus de moi. J’avais l’impression de revenir un an en arrière.



Je pris sa confession en pleine tête, comme un coup de poing au visage.



L’orage éclata. D’un seul coup je sentis la colère monter en moi. J’imaginais Jérôme baiser Julie, une de mes meilleures amies, ex-meilleure amie désormais. La salope ! J’arrivais pas à y croire… Jérôme et Julie en train de forniquer ! J’eus du mal à reprendre le fil de mes pensées.



« Et puis… voilà. » Ben, voyons, rien de plus naturel, non ? Quel salaud, quel enc…



Effarée, j’attendis une réponse qui ne vint pas. Il hocha la tête. Tu m’étonnes que ce salaud me semblait fatigué hier soir… Putain, je n’en revenais pas : quatre fois cocue, dont une fois dans ma chambre ! Je les imaginais parfaitement s’envoyer en l’air dans mes draps ; j’avais la rage. Il allait falloir que je jette les draps et que je désinfecte le lit.


Il était là, tassé devant moi comme un animal apeuré, mais moi je ne voyais que l’ordure qui avait copulé avec une de mes meilleures amies. J’avais envie de lui demander comment il l’avait prise. Par-devant ? Par derrière ? Elle t’a bien sucé ? Quatre jours, mais combien de fois ?



« Et il continue… Il se tape ma copine quatre fois, et il me dit que c’est pas si grave ! »



Je réfléchis quelques instants.



Je pris mon portable, disparus dans la cuisine et appelai Cédric. Il ne posa aucune question ; dans dix minutes, il m’attendrait devant mon immeuble.

Je sortis de la cuisine, pris mon sac et m’arrêtai, provocatrice, devant Jérôme.



Au nom de Cédric, le visage de Jérôme se décomposa. J’en tirai une satisfaction particulièrement malsaine, un début de vengeance.



Mes talons aiguilles résonnèrent sur le carrelage du palier.



- 5 -


Mon départ avait été trop rapide ; j’attendais devant l’entrée de mon immeuble. Les passants me dévisageaient et me déshabillaient du regard, comme ces trois jeunes plantés à quelques mètres de moi qui ne se privaient pas de parler entre eux à voix haute :



Je tirai sur ma robe. J’étais mal à l’aise et n’osais même pas les regarder. Je trépignais sur place.


Une voiture blanche s’arrêta devant moi. Je reconnus Cédric ; ce fut la délivrance. J’entendis encore « C’est pas son mari. » avant de m’affaler sur le siège passager.



Il gara la voiture de l’autre côté de l’immeuble pendant que je remettais de l’ordre dans ma tenue. Une fois le moteur arrêté, je me penchai vers lui et l’embrassai sur la bouche.



À son tour il se pencha vers moi pour un long baiser. Sa main caressa ma poitrine.



Nous roulâmes quelques minutes en silence.



Sa main se posa sur mon genou puis remonta le long de ma jambe, dépassant mes bas sur la peau nue. Je frissonnai.



Surprise, je le regardai avec un petit sourire en biais ; il me testait, et j’avais bien l’intention de rentrer dans son petit jeu.



Il donna un coup de frein brusque et monta à moitié sur le trottoir.



Il se pencha vers moi. Ses mains passèrent sous ma robe ; je soulevai mon bassin et ma culotte glissa le long de mes jambes. L’effet était toujours le même. Il tenait ma culotte triomphalement comme un trophée, la plaqua plusieurs secondes contre son nez puis l’accrocha au rétroviseur et sourit, satisfait. Son attitude théâtrale me fit sourire également, mais lorsque je compris qu’il regardait à l’extérieur de la voiture, je tournai vivement la tête sur ma droite et me trouvai face à deux visages plaqués contre la vitre de la voiture. Je sursautai de peur. D’instinct, je rabaissai ma robe et lui dis de démarrer.



Je repris rapidement mes esprits. J’avais besoin de savoir s’il était satisfait de mon attitude.



Je regardai un moment le petit animal droit dans les yeux.



Sa réponse me fit sourire. Je n’étais plus la même Laura ; ma pudeur s’était envolée avec ma culotte. Ce n’est certainement pas ça qui m’aurait arrêtée, j’étais prête à tout. J’appuyai sur le dos du petit jouet qui se mit à vibrer. Dans une position inconfortable et totalement impudique, la jambe droite sur le tableau de bord, j’approchai le canard de mon intimité. Les vibrations affolèrent mon clitoris ; les sensations furent intenses et rapides. Le petit animal me fit jouir. Après avoir repris mon souffle, et dans une position un peu plus décente je lui demandai :



Cédric gara la voiture.



Je m’approchai de lui, l’embrassai et posai ma main sur son sexe gonflé.



Je fis non de la tête




- 6 -


L’entrée du club était imposante et austère ; j’avais un peu peur et redoutais de me retrouver dans un endroit glauque. La présence de Cédric me rassurait : sans lui, je n’aurais jamais franchi cette porte. Mais une fois à l’intérieur, je fus rassurée rapidement ; mes craintes n’étaient pas fondées, l’endroit n’avait rien de repoussant. Au contraire, la lumière était tamisée, l’atmosphère était chaude et feutrée, la musique était douce.

Nous nous sommes installés au bar où Cédric commanda deux coupes de champagne.



Ma réponse le surprit et le fit sourire



Le champagne me rafraîchit délicieusement. J’étais installée inconfortablement sur une chaise haute, en équilibre, les jambes serrées, la robe relevée très haut. Mon regard fit le tour de la grande pièce. Sur la piste de danse quelques couples tournaient lascivement. J’apprivoisais les lieux petit à petit.


Sur ma gauche, deux jeunes couples discutaient de manière passionnée. Une des femmes tenait son compagnon par la taille et l’autre femme tenait le sien par la main. De temps en temps chacun des couples se regardait amoureusement ou s’échangeait des baisers. Je fus touchée par leur attitude.


Ils se levèrent pour aller danser. Sur la piste, ils ne formaient plus les mêmes couples : il y avait eu changement de partenaires. Je ne les quittais pas des yeux. Leurs progressions étaient à peu près identiques : quelques mots échangés dans l’oreille, quelques rires, et puis un abandon visible des jeunes femmes pendant que les mains des hommes exploraient leurs formes généreuses. Ils s’embrassèrent avant de revenir s’asseoir et de reformer les couples initiaux.


Ces quelques minutes de danse semblaient les avoir émoustillés. Il n’y avait plus de discussions ; ils s’embrassèrent à nouveau longuement en couples légitimes, se regardèrent tous les quatre comme pour savoir si l’un d’eux avait une objection à faire, puis ils se levèrent et disparurent derrière une porte discrète.

Plusieurs hommes passèrent devant nous. Je leurs rendis coquinement leurs sourires avant que leurs regards ne se perdent sur ma poitrine ou sur mes jambes.



Ses paroles me ravirent ; c’était tout à fait ce que j’avais envie d’entendre. Je le remerciai d’un sourire puis repris l’inspection de la salle. Un peu plus loin, deux autres couples parlaient vivement, puis à la table suivante une femme d’une trentaine d’années entourée de deux jeunes discutait avec un autre homme beaucoup plus âgé. Elle se leva et vint jusqu’au bar.



Puis elle dit :



Elle se tourna vers moi, me fit un grand sourire et dit :



Elle fit un clin d’œil à Cédric, retourna à sa place et tendit le verre à l’homme âgé.



Je la regardai longuement en essayant d’imaginer ce qu’elle pouvait ressentir au milieu des deux jeunes qui la tripotaient maintenant.

Après de longues minutes elle se leva pour parler à l’oreille de son mari puis, attirant ses deux compagnons, elle passa devant nous, fit à nouveau un clin d’œil à Cédric et me dit d’un air gourmand :



Ils disparurent eux aussi derrière la petite porte. Le mari les suivit, son verre à la main. Il me déshabilla du regard puis dit à Cédric :



Et il disparut à son tour.

La volonté dont avait fait preuve cette femme pour obtenir ce qu’elle voulait ne faisait que renforcer ma propre détermination à atteindre mon but, même si celui-ci était encore un peu flou. Ce qui était certain, c’est que je n’étais pas venue pour être spectatrice ; maintenant que les lieux m’étaient familiers, je devais poursuivre mon chemin.



Nous prîmes le couloir que les autres avaient emprunté. Le calme régnait. Nous entrâmes dans une première chambre à l’éclairage faible où je reconnus les deux jeunes couples de tout à l’heure qui se caressaient maintenant au milieu d’un grand lit rectangulaire. Quelques hommes, debout, regardaient. Les deux jeunes femmes, nues, tenaient chacune fermement un sexe bien tendu qu’elles faisaient disparaître dans leur bouche.


Je restai encore quelques instants à les regarder. Tout à l’heure ils s’embrassaient en couples légitimes, et maintenant ils baisaient en couples illégitimes. Cela semblait si simple lorsque tout le monde était d’accord…



Nous entrâmes dans une pièce plus grande que la précédente. Là aussi des hommes, debout et plus nombreux, regardaient vers le centre de la pièce. L’éclairage composé d’un spot à la lumière blanche montrait une femme d’une trentaine d’années allongée sur le dos qui subissait la saillie énergique d’un jeune homme. Le jeune étalon imprimait un mouvement régulier alors qu’un autre homme, du même âge que la femme, assis sagement, épiait ses moindres réactions.



L’homme se leva ; un autre prit sa place.



Je regardai plus attentivement la jeune marathonienne du sexe qui avait le même âge que moi. Elle était blonde alors que j’étais rousse, mais en dehors de cette couleur de cheveux peu de choses nous différenciaient. Je m’identifiai un peu à elle ; c’était mon rêve matinal. Un nouvel homme se démenait déjà en elle. J’étais fascinée par les muscles fessiers de l’homme qui se contractaient de manière régulière, qui tel un métronome dirigeait un sexe que je ne voyais pas mais que je devinais.


Puis je fus attiré par le visage de la femme. Son regard était vide et lointain ; elle semblait chercher son souffle à chaque pénétration. Plusieurs fois, sa bouche se crispa. Elle chercha son mari du regard, ses yeux s’arrondirent, elle voulut lui sourire mais le sourire se changea en grimace. Elle se mordit les lèvres puis cria sans retenue. Ils partageaient ensemble cette jouissance alors que l’homme la besognait de plus en plus rapidement avant de jouir à son tour. Son mari vint l’embrasser.


Elle semblait satisfaite et heureuse. Je l’imaginai au travail, habillée d’un tailleur strict et recevant des clients, bien loin de son lâcher-prise du moment ou chez elle avec ses enfants. Quel contraste ! Sans doute allaient-ils maintenant retourner à leur vie quotidienne après cette parenthèse de fin de semaine. Je me trompais complètement : elle désigna un autre homme qui vint la posséder à son tour. J’admirais cette femme qui allait au bout de ses désirs. Ma décision était prise, je savais maintenant précisément ce que je voulais faire. Je me penchai à l’oreille de Cédric :



Je suivis un Cédric hilare dans une chambre libre. Plusieurs mecs qui avaient compris qu’il se passait autre chose nous suivirent. Debout à côté du lit, je comptai les hommes qui me faisaient face : il y en avait déjà six, et d’autres continuaient à entrer.



Il vint se mettre derrière moi et me dit doucement :



J’avais compris que certains hommes se délectaient du spectacle sans participer ou uniquement en se masturbant, et curieusement cela ne me dérangeait pas d’être la vedette ; au contraire, même. Je ressentais un besoin étrange et pervers ; je voulais qu’un maximum de personnes soient témoins de ce que j’allais faire.



Cédric dégrafa ma robe qui tomba à terre et s’adressa aux autres hommes en me caressant la poitrine.



Un homme dit en riant :



Uniquement vêtue de mes porte-jarretelles, bas et talons aiguilles, je faisais face à ces hommes inconnus qui me regardaient dans un face-à-face inégal. J’étais la biche face aux chasseurs. Je fis le tour des visages ; certains étaient souriants, d’autres plus tendus, mais tous attendaient ma réaction.



Sans aucune parole, je m’avançai jusqu’à la fosse aux lions et fus happée par les nombreuses mains qui me palpèrent sans retenue. Il y avait quelque chose d’humiliant, mais de jouissif aussi d’être ainsi examinée avec envie et offerte à des mains inconnues. Aucune partie de mon corps ne fut épargnée. Il y eut beaucoup de commentaires grivois, mais je n’écoutais pas : je subissais, passive et résignée, les nombreux attouchements.

Cédric mit fin à la séance de palpation en leur intimant : « Laissez-la revenir maintenant. »



Sa demande me fit sourire, me toucha même, et quelque part me rassura. Il me paraissait tellement logique que Cédric fût le premier de mes amants ! Je déposai un tendre et long baiser sur ses lèvres, m’allongeai au milieu du lit, les jambes écartées, offerte, et lui dis « Viens. » Lorsque Cédric se déshabilla, je ne pus dévier mon regard de son sexe fièrement dressé qui se rapprochait de moi.


En écrivant ces lignes, je me rends compte que j’arrivais à un point de non-retour dans ma vie de femme mariée : je quittais définitivement le clan des épouses fidèles. Le centimètre qu’il ne fallait pas franchir, comme aurait dit Cédric.

En vérité, à ce moment là j’étais bien loin de philosopher ; le sexe de Cédric s’enfonça en moi, provoquant une chaleur intense dans mon bas-ventre. J’éprouvais enfin la satisfaction de la pénétration. Le visage de Cédric était radieux. Il épiait chacune de mes réactions, ralentissait lorsque je gémissais et accélérait lorsque je semblais m’apaiser. Il y avait une certaine communion entre nous, j’éprouvais le bonheur de me donner à lui. Je ne fus pas surprise d’accueillir ces vagues de plaisir de plus en plus fortes qui déclenchèrent ma première et forte jouissance d’épouse volage dans les bras d’un amant attentif. Il sourit, semblant satisfait de me voir jouir puis éjacula à son tour. Heureuse et reconnaissante, je l’embrassai tendrement. C’est à regret que je le sentis se retirer de moi.



Ce moment de bonheur ne me détourna pas de mon objectif : je devais aller au bout de mon projet insensé.



Cédric fit signe à un homme blond aux cheveux longs qui s’approcha de moi. À son tour il prit place entre mes jambes et je sentis le bonheur d’être possédée à nouveau. Mon premier réflexe fut de fermer les yeux pour ne pas mémoriser son visage, pour ne pas affronter le regard satisfait d’un inconnu qui baise une femme facile. Mais je changeai d’avis. Je devais avoir le courage d’affronter mes choix et mes désirs. C’était moi qui avais choisi ce moment, personne d’autre. Je n’étais pas une victime, je devais tout simplement assumer. Surtout ne pas me prendre la tête et laisser mon corps réagir. J’ouvris les yeux et lui dis « Oui… Continue… Plus fort… » Il fut surpris par mes paroles et redoubla d’énergie. Je contemplais les rictus de cet homme inconnu qui s’agitait violemment en moi. Je n’eus pas de nouvel orgasme avec lui mais le plaisir était présent. L’homme émit des sons rauques avant de me quitter.


Un homme au crâne rasé et aux nombreux tatouages le remplaça. Je reconnus l’homme qui était passé devant moi au bar et qui avait proposé ses services. Il regarda un moment Cédric, comme s’il attendait son feu vert.



Un large sourire illumina son visage ; son coup de reins fut soudain. Cette fois-ci je ne quittai pas le visage de mon nouvel amant qui se démenait énergiquement. J’aimais ces pénétrations longues et intenses. Quelques spasmes me firent comprendre qu’un nouveau bonheur se préparait en moi mais l’homme me quitta beaucoup trop tôt.


Un grand Black d’au moins 1,90 m s’approcha de moi. Son torse était extrêmement développé, ses muscles saillants, les cuisses presque aussi grosses que ma taille et un sexe très large. Des bras musclés m’entourèrent. J’avais l’impression d’être minuscule face à ce colosse ; le sentiment de domination n’en fut que plus fort. Cet homme dégageait une impression de puissance, de puissance tranquille. Comme pour les autres, je décidai d’affronter ce visage rond au nez épaté, aux grandes dents très blanches. Il sembla étonné par mon regard insistant.



J’avais quelques craintes : c’était la première fois que je m’offrais un jouet intime de cette taille. Je retins ma respiration lorsqu’il commença à s’enfoncer en moi puis regardai un moment le gros mandrin d’ébène disparaître doucement. La différence de couleur de nos peaux était saisissante.

Qui a dit que la taille n’avait pas d’importance ?



Cette douce pénétration était diablement jouissive. Je vivais cette expérience pleinement, maintenant certaine que tout allait bien se passer.



Son visage s’illumina d’un large sourire carnassier. Le monstre se mit en action. Les pénétrations étaient douces et régulières. Mon bas-ventre était déjà en alerte maximum. L’orgasme qui s’était mis en route avec l’homme précédent semblait vouloir se poursuivre avec celui-ci. Je le retins un bon moment, mais ne pouvant plus résister je laissai la vague déferler.


L’homme augmenta la cadence ; je pensais qu’il voulait jouir à son tour, mais à ma plus grande surprise mon bas-ventre se mit à réagir à nouveau. C’était la première fois que je ressentais ce phénomène. Était-il possible d’avoir un nouvel orgasme aussi rapidement ? Je m’accrochai à ce désir fou. Je mis mes jambes autour de ses reins, accompagnant ses mouvements. Je le regardais intensément, je le suppliais du regard de ne surtout pas m’abandonner maintenant ; les sensations étaient décuplées. Je subissais ses assauts, mes cris s’amplifièrent. L’orgasme qui éclata en moi fut comme un coup de tonnerre dévastateur. Je ne maîtrisais plus rien. Mon esprit fit un aller-retour jusqu’à une étoile lointaine. Je ne cherchai pas à retenir le dernier cri qui sortit du plus profond de mon être. Une onde de chaleur intense traversa mon corps. Mes bras et mes jambes semblaient incontrôlables. Étonnée, je regardai mon amant et l’embrassai passionnément pour le remercier du raz-de-marée qu’il venait de déclencher.


Libérée, j’écartai les bras, fermai les yeux et profitai de ce moment de plénitude extrême. Le calme après la tempête. J’étais loin, très loin, flottant sur des nuages au gré du vent, légère.




- 7 -


Dans la voiture de Cédric je me calai au fond du siège. Le silence régnait depuis un bon moment. Je me sentais sale et lasse. La tension qui m’avait soutenue tout au long de cette soirée avait disparu. J’étais allée au bout de ma vengeance.



Je souris à Cédric. Ses paroles et toute l’attention qu’il me portait me faisaient chaud au cœur mais je savais aussi que le moment où j’allais devoir rendre des comptes se rapprochait lui aussi de plus en plus, et je n’étais pas pressée.


Nous venions d’arriver devant mon bâtiment. Cédric se gara juste sous mon appartement. Il se pencha vers moi et m’embrassa longuement. Sa main prit place entre mes jambes qui s’écartèrent automatiquement. Ses doigts entrèrent en moi pour de douces caresses intimes.



Je subis ses attouchements avec plaisir, comme une dernière caresse avant d’affronter le moment fatidique où je serais face à mon mari pour tout lui avouer. Le mouvement des doigts de Cédric était délicieux mais je ne me sentis pas le courage de lui offrir la fellation qu’il réclamait.



À un autre moment, j’aurais décelé le piège qu’il me tendait. Mais là, l’évocation du prénom de ma rivale réveilla immédiatement ma jalousie. Bien sûr que cette salope avait sucé mon mari ; j’en étais certaine, et cela me rendait folle de rage. Une ardeur nouvelle s’empara de moi. Je me dis que Cédric méritait bien une récompense pour la soirée qu’il venait de m’offrir.



Nous sortîmes de la voiture. Le quartier était calme. Je jetai un petit coup d’œil au premier étage et constatai que toutes les lumières de l’appartement étaient éteintes. Nous franchîmes discrètement le hall d’entrée sans allumer la lumière mais restâmes bloqués devant la porte de la cave fermée à clé.



Je n’avais pas envie de chercher un endroit pendant des heures et voulais satisfaire Cédric rapidement.



L’escalier formait un angle droit avec un palier en plein milieu où Cédric se cala dos au mur. Je l’embrassai voluptueusement en caressant son sexe déjà raide au travers du tissu.



Pour toute réponse je me laissai glisser le long de lui jusqu’à me retrouver à genoux. Je défis sa ceinture et me débarrassai de son pantalon avant de me retrouver face à un sexe déjà bien raide. La main droite à sa base, je le pris en bouche pour de longues succions pendant que ma main gauche caressait ses testicules. Je le sentais de plus en plus réactif à mes caresses, puis ses mains se posèrent sur ma tête et la maintinrent fermement. Ses mouvements furent plus rapides et plus brutaux. Je maîtrisais difficilement ce sexe qui traversait ma bouche, je manquais d’air.


J’étais prête à recevoir la semence de mon amant lorsqu’un bruit de porte me fit sursauter. Une lumière vive, située juste au-dessus de nous éclaira l’escalier tout entier. Un moment de panique s’empara de moi mais je ne pus me défaire de l’étreinte de Cédric qui me maintenait toujours aussi fermement. J’entendis les râles de Cédric ; son premier jet de sperme s’écrasa au fond de ma gorge. Une voix de femme me fit sursauter à nouveau.



Je reconnus la voix de ma voisine alors que Jérôme déversait dans ma bouche le reste de sa semence. Lorsqu’enfin il me lâcha la tête, je repris difficilement ma respiration, me retournai et constatai avec effroi la présence de mes voisins de palier, un couple âgé, qui me regardaient fixement. À genoux face à eux, je reprenais mon souffle et essuyais le sperme qui coulait de ma bouche ouverte.



Son mari, me souriant, ne dit rien. Il savourait le spectacle. Elle semblait outrée en tirant son époux par le bras alors que leur chien s’approchait pour me sentir. J’avalai le sperme de Cédric et cherchai vainement une excuse, une justification… « Ce n’est pas moi, je voulais pas… » mais rien de censé ne me vint à l’esprit. Je crois que je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie. Ces minutes furent excessivement longues avant qu’ils ne disparaissent à l’étage avec leur putain de clébard.


Cédric se rhabilla, satisfait.



Cela n’aurait fait que repousser le moment fatidique.




- 8 -


Debout devant la porte de mon appartement, je cherchais à rassembler tout mon courage. J’eus du mal à attraper les clés au fond de mon sac, puis n’arrivai pas à ouvrir la serrure, tellement je tremblais. Mon angoisse était perceptible ; je ressentais ce que tous les infidèles ressentent probablement au moment du retour. Je ne pensais même pas à la fatigue, j’avais l’estomac noué. J’espérais ne pas me faire découvrir, pouvoir prendre une douche et me coucher rapidement sans un bruit.


Lorsqu’enfin je réussis à entrer, je constatai que l’appartement était noir et silencieux : c’était plutôt rassurant. J’avançais à pas feutrés, traversant le séjour le plus légèrement possible. Je commençais à sourire ; encore quelques mètres et je pourrais entrer dans la salle de bain pour me laver.


Mes talons aiguilles résonnaient sur le parquet. Je stoppai ma progression et voulus les enlever, mais lorsque je me baissais pour le faire, la lumière s’alluma brusquement. Je sursautai face à l’apparition subite de mon mari.



J’étais morte de trouille mais je constatai que le ton était léger : ce n’était pas des reproches, mais une constatation. Je ne savais que répondre, j’étais vraiment mal. Je n’avais pas vraiment envie de me disputer avec lui, mais comment faire autrement ?



Assis face à face, nous observions une trêve avant l’inévitable affrontement, le calme avant la tempête. Je bus pratiquement d’un trait le verre de whisky qui effaça le goût du sperme de Cédric.



Je fus un moment déstabilisée par ses paroles ; alors que je m’attendais à devoir me justifier, il me faisait des excuses. J’aurais tant aimé les accepter puis aller me coucher, mais cela n’était pas possible : je ne pouvais pas faire comme si rien ne s’était passé. À mon tour je lui devais la vérité, le moment était venu.



Ses yeux s’arrondirent.



Je fis un résumé de la soirée, du départ de l’appartement jusqu’au retour. Jérôme semblait incrédule.



Il me scrutait de la tête aux pieds. Je sortis ma culotte de mon sac mais cela ne sembla pas le convaincre. Son portable sonna.



Il se contenta d’écouter avant de le refermer.



Je le sentais réfléchir ; je n’osais plus le regarder.



J’eus envie de lui retourner la question et lui demander si Julie l’avait bien fait jouir elle aussi, mais je préférai me taire pour ne pas envenimer la discussion. Un interminable face-à-face silencieux s’instaura. Je ne savais plus quoi faire, ni que dire. Je n’osais pas bouger, attendant la sentence. Il était en train de me juger, j’en étais sûre ; le verdict n’allait pas tarder à tomber. La rupture était certaine. J’étais triste. Je l’aimais, mais j’abandonnais la partie : j’étais allée trop loin.


Et puis une petite lueur d’espoir brilla légèrement en moi. Cédric m’avait dit que Jérôme était un cérébral qui se délectait de la tromperie de ses petites amies. Après tout, si c’était vrai… Lorsqu’il m’a traitée de salope, j’ai eu l’impression que ce n’était pas un rejet ou un reproche, mais plutôt une sorte d’admiration. Je pouvais me tromper ; je me raccrochais aux dernières branches. Il me regardait. J’avais l’impression que les mots avaient du mal à sortir. J’osai un sourire.



Il me rendit mon sourire, me scruta de la tête aux pieds. J’étais mal à l’aise.



Je ne m’attendais pas du tout à une déclaration d’amour. Ce fut un immense soulagement. Je l’embrassai fougueusement.



Sa demande pouvait sembler curieuse, mais après sa déclaration d’amour j’estimai ne pas pouvoir me défiler. Je retirai ma robe, m’assis à côté de lui et commençai mon récit :



Nous formions certainement un drôle de couple, lui en robe de chambre à se délecter des détails lubriques de ma soirée et moi nue en bas, porte-jarretelles et talons aiguilles, à revivre ma débauche en plein milieu de la nuit.

Au début, j’eus des difficultés à raconter, partagée entre pudeur et description des faits.



Jérôme me reprit plusieurs fois lorsque je butais sur un mot ou une description et je finis par décrire ma soirée avec les mots crus qu’il attendait.


Je me découvris une perversité qui m’était inconnue. Je trouvais du plaisir à raconter à l’homme que j’aimais comment d’autres m’avaient possédée, en lui décrivant tout le plaisir que j’avais ressenti. Il était pendu à mes lèvres, attentif à chaque phrase, me demandant des précisions qui l’excitaient davantage. Je jouai le jeu sans jamais trahir la vérité.



Je regardai Jérôme longuement. À cette heure avancée de la nuit, malgré la fatigue, j’étais extrêmement lucide. L’avenir de notre couple allait sûrement dépendre de ces quelques minutes à venir. Nous nous étions trompés mutuellement ; comment allions-nous vivre cet après ? Notre complicité semblait renforcée, mais j’avais besoin d’être totalement rassurée.



Il s’approcha de moi, m’embrassa longuement.



Je connaissais la réponse, mais voulais l’entendre encore.



La réponse était délicate ; je ne voulais pas le froisser. J’ai failli lui dire que ce n’était pas le plus important, mais j’ai repensé à ce que j’avais ressenti pendant cette soirée. La vérité était quand même la meilleure des réponses.



Maintenant que nous avions fait le point sur notre amour, j’ai voulu éclaircir quelques petites choses sur l’autre salope.



Elle m’avait dit que cela ne marchait pas bien avec son mari, mais de là à me piquer mon mec… J’étais certaine de lui avoir dit que j’étais absente ce soir-là.



Je n’en revenais pas… Jérôme, Cédric et Julie !



J’imaginais Jérôme et Cédric la retournant dans tous les sens, s’amusant avec elle. Les sentiments que j’éprouvai à ce moment-là étaient curieux. Ce n’était pas à Jérôme que j’en voulais le plus pour m’avoir trompée ni à Cédric pour avoir pensé à ce trio, mais à Julie. C’était elle la coupable : elle savait que j’allais m’absenter ; cette garce s’était tapé mon mari, puis mon mari et mon amant en même temps. Je voyais presque Jérôme comme une victime alors que ce n’était pas du tout le cas.


Mais quelque chose m’embêtait ; j’essayai de remettre le puzzle en place. Avant-hier midi, Jérôme et Cédric se tapaient Julie, et ce soir Cédric devenait mon premier amant. Avais-je été victime d’un complot de la part de ces deux hommes sans m’en rendre compte ? Ils avaient piégé Julie ; avaient-ils fait la même chose avec moi ? Ils ne pouvaient pas avoir inventé mon rêve. Ils ne pouvaient pas non plus connaître ma réaction lorsque Jérôme m’avouerait son infidélité. Comment auraient-ils pu deviner que j’appellerais Cédric ? Non, c’était impossible. Pourtant un petit doute s’installa dans mon esprit, et aujourd’hui encore il est présent.



Cela me paraissait logique.



Un large sourire éclaira son visage.



Il m’embrassa tendrement puis dit :