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Temps de lecture estimé : 35 mn
09/07/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  Il y a parfois de très bonnes journées... ou de très mauvaises. Il en va comme des rencontres, qu'on les attende depuis longtemps ou pas. Une journée pleine de surprises pour Tom.
Critères:  fh fplusag jeunes taille fête voiture fdomine trans préservati pénétratio init sf
Auteur : Hidden Side  (Entre-metteur...)            Envoi mini-message

Série : Normes inversées...

Chapitre 03
Intersection

Cet épisode peut se lire indépendamment du reste de la série. Toutefois, je vous engage aussi à découvrir « Sale copulo ! » et « Dieu, moi et les autres » pour en goûter tout le sel.




Résumé des épisodes précédents :


Dans un monde parallèle où l’homosexualité est la norme, Tom, lycéen de 19 ans, tente comme il peut de cacher qu’il est hétéro. Un jour, Tom se lie d’amitié avec un nouveau camarade de classe, Ken. Lorsqu’il décide d’aller plus loin avec lui, Tom s’aperçoit que Ken est trans. Cette énorme surprise donne rapidement lieu à une relation torride entre Ken et Tom.


Après plusieurs mois, Ken invite finalement Tom chez lui. La belle-mère de Ken, qui a compris que Tom est hétéro, le met en garde sur sa tentation de ne pas considérer son fils pour ce qu’il est, mais comme le fantasme d’un corps féminin à son entière discrétion… Empli de doutes, Tom s’ouvre à Ken de ses craintes quant au fait de ne pas le traiter comme il le devrait. Ce dernier pense qu’il ne s’agit en fait que d’un prétexte, et que Tom n’assume pas franchement ses désirs… Profondément blessé, il propose à son amant de faire une pause dans leurs relations.



___________________________________________




J’avais finalement eu mon bac. Le jour des résultats, nous étions tous dans la cour du lycée, en train de nous bousculer devant les grands panneaux d’affichage remplis des noms des heureux élus et des pauvres taches convoquées au rattrapage, voire irrémédiablement grillées.


Bouffenèche était là lui aussi, tout gonflé d’importance dans son improbable costume gris à rayures. On aurait dit une figure du banditisme marseillais des années 50, l’accent provençal en moins et le ridicule en plus. Le plus étonnant, c’est qu’il semblait réellement se réjouir pour les élèves reçus, à qui il décrochait un sourire et parfois même une tape dans le dos.


Une grande blonde à la joie exubérante se jeta sur le proviseur, le berçant contre elle tout en lui fourrant le nez entre ses seins magnifiques.



La lycéenne finit par lâcher Bouffenèche, qui émergea d’entre ses mamelles les lunettes de travers et le teint cramoisi. Était-ce l’embarras, le manque d’oxygène ou une combinaison des deux ? Voyant que je le regardais avec un sourire en coin, il s’avança vers moi.



Se penchant vers moi, mon vieil ennemi me murmura cette gentillesse :



Mais ce fut lui qui s’éloigna d’un pas pressé, continuant à sourire à qui mieux-mieux. Il me fallut plusieurs secondes pour sortir de ma sidération.



Vaness’ voulait juste être gentille. Si elle avait su à quel point je m’en battais les burnes, des mecs… elle ne m’aurait sans doute pas invité. Je pris son phone et son adresse avant de quitter leur noble assemblée de lycéens en furie. Direction la maison, à présent, pour annoncer la bonne nouvelle aux parents…



***



Jean-Pierre et Franck étaient aux anges. Mieux que ça, ils étaient extatiques ! Un peu halluciné par leur réaction, je me demandai pendant quelques secondes si ce n’était pas le moment idéal pour leur annoncer mon hétérosexualité… Nan, ç’aurait pas été cool de leur casser la joie comme ça.



Trop bizarre de trinquer à dix heures du mat’, mais si ça faisait plaisir à mes vieux… Moi qui n’aime pas des masses les bulles, je me forçai à finir mon verre en grimaçant. L’avantage, c’était qu’aller faire la fête avec Vanessa et ses amis allait passer crème. Comme prévu, la permission de minuit – et même plus – me fut accordée sans souci.



Devant la maison était garée une fringante Clio rouge, kit ELIA « Sunshine »… Pas de toute jeunesse, mais quand j’avais vu la décapotable tout à l’heure, je n’avais pu retenir une bouffée d’envie. Tout à coup, un espoir fou fit bondir mon cœur ! « Non, me dites pas qu’elle est pour moi… C’est pas vrai, j’y crois pas ! »



Je faillis tomber en pleurs dans les bras de ces deux cachottiers. Mes parents étaient complètement fous ! Là, pour le coup, je les aimais vraiment fort !



Et voilà. Voilà comment être hétéro non déclaré peut vous gâcher les meilleurs moments de votre vie…



Si mes parents avaient su avec qui j’allais appliquer, le soir même, leurs brillants encouragements, ils n’auraient pas tant pavoisé…



***



Après quelques tours de quartier en fin de journée à une allure décente, mais pas non plus trop véloce, mes vieux étaient enfin rassurés sur ma capacité à piloter mon bolide d’une main sûre. J’avais toujours été un passionné de sports mécaniques, et même si mon permis auto (obtenu avec les honneurs) commençait à dater un peu, je n’avais rien perdu de mes réflexes.


Franck et Jipé n’avaient rien à craindre : j’avais bien trop peur d’abîmer ma toute première auto pour me risquer à la moindre imprudence, et encore moins à conduire après avoir picolé…



J’avais omis de leur signaler un léger détail. Vaness’ avait envoyé sa mère et sa moma au diable Vauvert pour la soirée. Leur villa avec piscine serait toute à nous jusqu’au lendemain matin. Voilà qui augurait de belles taches de vomi et un sacré nettoyage en perspective !



Après avoir flatté d’une main émue le cuir de ma nouvelle compagne, j’appuyai sur le champignon, faisant disparaître mes parents dans le rétro vintage de la Clio.



Ça fait du bien, la liberté, surtout quand on n’a même pas vingt ans. Surtout quand on passe son temps à gruger les radars plutôt que de vivre sa folle jeunesse a priori sans histoire.


Bon, avant de mettre le cap sur la vaste demeure de ma condisciple, j’avais prévu un arrêt dont je ne m’étais pas franchement vanté à la maison. Il allait y avoir de l’alcool à cette soirée. Beaucoup d’alcool, c’était évident… Pour mes parents, ça restait à la limite subliminale de leur bonne conscience – tolérable, à condition de ne pas évoquer trop ouvertement la chose. En attendant, hors de question de me pointer à la fête avec juste des briques de jus de fruit…


Grâce à ses néons rouge vif, le bottle-shop au bord de la large avenue Kennedy draguait de très loin les automobilistes. La soirée était jeune, le parking à moitié vide. Dans mon portefeuille en cuir de bichette, j’avais deux billets de vingt qui ne demandaient qu’à être changés en boissons assommantes et trébuchantes.


Après avoir garé mon carrosse à distance respectable de tous les autres – manquerait plus qu’un poivrot raye ma caisse d’un coup de portière ! – je pénétrai dans ce lieu de pré-débauche alcoolique. La fille au comptoir, une blondasse avec des mèches couleur fraise, mâchonnait sobrement un cure-dent tout en feuilletant une revue porno. Ignorant le rayon des vins, je dirigeai mes pas vers des spiritueux plus réjouissants.


Devant moi, il y avait deux mecs un peu louches, en train de mater les bouteilles de whisky – plutôt jeunes, bruns, assez baraqués et riant très peu discrètement. Au moment où j’arrivai à leur hauteur, le plus grand roula une pelle dantesque à son copain, le plaquant contre un rayonnage en faisant tinter les bouteilles. Il aurait voulu me bloquer le passage qu’il ne s’y serait pas pris autrement.



Combien de fois ne l’avais-je pas entendue, celle-là, le bon vieux « coup de bite correctif ». C’est bien connu : les hétéros n’attendent que ça, se faire violer dans les grandes largeurs pour retrouver enfin le droit chemin… Gerbant.



Et sans attendre la réponse du bouledogue en chaleur, je changeai de rayon, espérant que la caissière daigne lever les yeux de son magazine de temps à autre et mater les écrans de surveillance. Je ne l’aurais avoué pour rien au monde, mais mon cœur battait à cent à l’heure… Au lieu de choisir tout à mon aise une bouteille de tord-boyaux, j’attrapai au jugé une fiole colorée et, la peur au ventre, filai vers le comptoir.



Une main s’abattit sur la surface vitrée, à ma droite.



Avant que je puisse protester, la fille ramassa le billet et me tendit mon flacon, promptement glissé dans un sac en papier.



La vendeuse observait la scène de son regard bovin. Qu’est-ce qu’il lui fallait pour réagir ? Me voir me faire passer dessus par Bouledogue et son acolyte ?

Mon salut ne tint qu’à l’arrivée d’un groupe de fêtardes caquetantes et peinturlurées qui entraient en force dans le débit de boissons. Il me fallut moins de deux secondes pour me dégager violemment et sprinter vers la sortie. Mon poing était toujours crispé sur le goulot de la flasque inconnue ; au pire, je pourrais m’en servir comme d’une arme…



Comment allaient réagir les filles à cette injonction ? À ce stade, j’étais au-delà de la peur. C’était de la pure terreur qui galopait dans mes veines !



Je faillis en lâcher mon sac en papier. C’était Jessica, mon crush de troisième ! Extraordinaire… Je la perdais de vue il y a presque quatre ans, et c’est justement ici que je la retrouvais !



Merde alors ! Elle aussi m’avait reconnu ! Pas le temps d’échanger nos numéros. Je me glissai entre son corps élancé et la porte, qu’elle referma vivement derrière moi.

Cris, menaces, hurlements. Il ne m’en parvenait que des bribes, mais je compris que Jess tiendrait bon le temps que je me carapate. L’adrénaline obscurcissait mon jugement et faisait trembler mes doigts. Je faillis lâcher mes clefs trois fois avant de déverrouiller ma voiture. Heureusement, mon antiquité démarra au quart de tour.


Je reculai en trombe, manquant d’emboutir un pick-up rutilant garé comme une merde – celui de mes agresseurs ? – avant d’enclencher la première. Juste au moment où, s’extrayant du magasin, Bouledogue se mettait à cavaler vers moi comme un taurillon déchaîné.



J’écrasai la pédale de droite, et… ma Clio fit un bref soubresaut en avant, avec un hoquet pathétique. Dans le rétro, un rictus satisfait fendit soudain le visage de mon violeur attitré… Il accéléra sa course, avalant rapidement les quelques mètres qui nous séparaient.



Priant le Bon Dieu et tous ses saints, je tournai la clé dans le contact. Il semble qu’ils m’entendirent, car juste avant que le type ne referme ses griffes sur la poignée de ma portière, mon cabriolet bondit soudain en avant, ronflant enfin de tous ses chevaux déchaînés ! Avec un hurlement victorieux, je déboulai hors du parking, faillis m’emplafonner une Cox conduite par une vieille dame, puis fonçai le long de l’avenue, priant pour que les feux restent au vert. Ce qu’ils firent.


Yes ! J’étais vivant et en un seul morceau. Même si j’en tremblais encore, j’avais baisé Bouledogue. « Je jure de fêter ça ! Putain, ce soir, j’me lâche ! »



***



Une fois certain d’avoir semé tout éventuel poursuivant, je garai ma caisse et chialai un grand coup, le corps secoué de spasmes, terrifié par le maelström que je venais de traverser… Ce n’est que rétrospectivement que je comprenais à quel point j’étais passé près de la catastrophe.


J’avais déjà entendu parler de ces casseurs de copulos qui traquent leurs victimes jusque dans les lieux publics… Mais vivre ça soi-même, c’était totalement autre chose ! Malgré moi, mon esprit vagabondait dans des contrées horrifiantes où j’imaginais ce qui se serait passé si Jessica et ses amies ne s’étaient pas pointées…


Un bon quart d’heure plus tard, me sentant à peu près en état de conduire, je consultai mon appli GPS et me remis en route. Il me fallut quand même tout le temps du trajet pour retrouver un certain calme.


J’y étais enfin : une belle demeure dans une rue cossue, au cœur des quartiers huppés. Il y avait déjà un tas de voitures devant chez Vaness’. Pas étonnant : en plus d’avoir des marentes pétées de thunes, ma camarade était des plus populaires. Tout l’inverse de moi, en somme… N’aurait-ce été la joie d’avoir son bac et le hasard des circonstances, Van’ n’aurait certainement jamais invité un braquachatte comme moi dans leur villa de luxe.


Braquemart à chattes : ça m’allait parfaitement bien… Avec le temps, j’en éprouvais même une certaine fierté. De quoi gommer la trivialité cinglante de cette insulte.


Tout en verrouillant mon véhicule, je me demandai si, de toute la soirée, j’avais la moindre chance de tomber sur une femelle vaguement hétéro. Que ce soit par absence de flair ou manque de pratique, je n’avais jamais vraiment su distinguer celles qui « l’étaient » de la masse compacte des lesbiennes. À part peut-être Jessica, que jamais, au grand jamais je ne m’étais risqué à aborder, fantasmant pourtant sur le fait qu’elle ne m’aurait pas dit non…



Laissant fulminer cette conne, momentanément à court de répliques cassantes, je pénétrai enfin au cœur de la fête, ma bouteille à la main. Assez rapidement je dénichai la reine de la soirée. Van’ était vautrée dans un immense canapé, entourée d’une cour de jeunes filles légèrement vêtues et carrément mignonnes. Un spectacle auquel je tentai d’assister avec détachement. Je ne pouvais tout de même pas les « honorer » d’une franche érection…



La plupart des nanas fronçaient le nez comme si on leur avait mis la truffe sur une merde. « Détendez-vous, les meufs. Même si chuis hétéro, je vais pas vous embrocher dans la minute… »



Je sentis que mes oreilles prenaient de la couleur. Malgré ma relation au grand jour avec Ken, les rumeurs à mon sujet n’avaient pas faibli, semblait-il. Les gens devaient penser que je marchais à voile et à vapeur… Mais bon, il fut un temps où je le croyais aussi.



L’eau-de-vie circula entre les jeunes femmes, curieuses de cette odeur étrange. Quand elles eurent fini de la faire tourner, l’une d’elles me refourgua la fiole. Plus personne ne s’intéressait à moi ; ma minute de gloire était déjà passée.



Malgré la foule, j’éprouvais une étrange sensation de solitude. L’impression que la plupart des gens me dévisageaient d’un air narquois. C’était moi, bien sûr, qui me faisais mon film ; je ne connaissais quasi personne… Après avoir déposé l’eau-de-feu nordique sur la table des alcools forts, j’entrevis enfin un visage ami dans la masse compacte des inconnus. Marco, mon vieux pote du club d’aviron ! Nous échangeâmes bientôt un check de connivence.



Bien que Marco sût quels étaient me goûts, je me sentis flatté. J’étais son protégé, le bon vieux pote copulo à qui l’on confie ses galères de cœur et de cul… En retour, il tentait régulièrement de me brancher avec des nanas qui « n’auraient pas craché sur un pedzouille dans mon genre ». C’est étrange, Marco avait un goût très sûr, question filles. Et un sacré talent pour dénicher les meufs open côté jaquette. À se demander si ce grand brun n’avait pas ses petits à-côtés hétéros…



Une véritable préoccupation pointait dans le ton de Marco. Je n’étais pas (encore) saoul, et ce que je venais de dire ne cadrait pas avec mes habitudes. À sa place, moi aussi je me serais inquiété !

Le plus souvent, on change en douceur, par touches successives. Mais parfois ça arrive d’un seul coup. Mon histoire avec Ken m’avait fait évoluer. Je m’en rendais finalement compte ce soir. Avant de le connaître, je n’aurais même pas essayé d’échapper aux griffes de Bouledogue, avec les conséquences que l’on peut imaginer…


La plupart des mecs et des nanas autour de moi buvaient, s’amusaient, draguaient. Au nom de quoi airais-je dû me priver d’en faire autant ? Pour ne pas choquer tous ces braves petits homos ? Mais en fait, qu’est-ce que j’en avais à foutre de ce qu’ils pouvaient penser ? Après ce soir, je ne recroiserais certainement jamais aucun d’entre eux.



J’eus une pensée pour Ken. Non, ce n’était pas qu’un simple « break » entre nous. Nous n’étions plus ensemble : je n’allais donc pas le trahir. Alors d’où me venait ce fond de mauvaise conscience ? Marco leva une main dans laquelle je tapai mollement.




***




Non, j’allais me réveiller ! C’était juste pas possible, une nana pareille ! Andrea était très blonde, très grande, avec des yeux très bleus et un minois fantastique. Et, accessoirement, plutôt avantagée côté décolleté. Ce canon était maqué, c’était obligé…



Lorsqu’elle m’entendit m’adresser à elle dans sa langue natale, un éclair de plaisir illumina néanmoins le regard bleu glacier de cette splendide créature. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire étincelant, dévoilant des quenottes à la blancheur de porcelaine. Mon Dieu, cette fille était incroyable ! Et le plus incroyable de tout, c’est qu’elle me souriait, à moi… !


Je ne remercierai jamais assez Marco de m’avoir poussé à apprendre sa formule magique.



Son accent scandinave rajoutait – si c’était encore possible – à son charme. Mes yeux n’allaient pas tarder à me sortir des orbites ! Elle se leva vivement pour me faire la bise, ce qui me donna l’occasion de humer la fragrance printanière émanant d’elle. Tous mes sens tombèrent en pâmoison devant cette déesse blonde…



Marco m’avait expliqué que sa sublime amie scandinave était doctorante, en France pour sa thèse suite à un échange international avec la fac d’Oslo. Et il se trouve que ses « parents » connaissaient très bien ceux de Marco. Sur le coup, je n’avais pas réagi… La Norvège avait peut-être d’autres traditions que les nôtres, en matière de répartition des enfants entre couples d’hommes et de femmes ?


J’étais tellement accaparé par Andrea que je ne me rendis presque pas compte qu’on me glissait une flûte d’eau-de-vie dans la main.



J’avais pensé boire mon godet cul-sec, comme les autres, mais je ne pus même pas en avaler le quart. Le goût était horrible ! À ma décharge, faut dire que je ne bois pas souvent d’alcool.


Assez vite, la jeune femme et moi nous trouvâmes en train d’échanger sur tous les sujets possibles et imaginables. En plus d’être magnifique, Andrea était sublimement intelligente et maniait l’ironie à la perfection. À moins que je ne fusse charmé (ou bourré) au point que tous ses propos fussent pour moi comme une douce musique.


Du fait de sa maîtrise parfois approximative de notre langue, nous switchions de temps à autre sur l’anglais, riant alors encore plus fort. J’étais tellement bien dans ma bulle, vautré sur un fauteuil depuis lequel je la mangeais des yeux, que je ne m’aperçus même pas que Marco nous avait quittés, écumant la fête de son côté.


Il était bien plus de minuit quand Andrea me prit finalement la main pour me tirer hors de mon siège. Le DJ venait de lancer une série de slows… Horreur ! J’étais un cavalier déplorable ! Double horreur : un homme dansant avec une femme, ça ne passerait pas inaperçu…


« Tu t’en fous. Cette nana est gaulée comme un top-modèle ! Toutes les filles vont être vertes de jalousie ! »



Quand elle prit ma main pour la poser sur son épaule, je me rendis compte à quel point Andrea était grande. Même sans talons, elle devait bien mesurer un bon mètre quatre-vingts. Et par la grâce de ses escarpins élancés, j’avais directement ses seins opulents sous les yeux… tandis que ses doigts, plaqués au bas de mon dos, flirtaient dangereusement avec mes fesses.

Même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pouvais empêcher une réaction naturelle de distendre l’entrejambe de mon jean. D’autant plus gênant qu’Andrea se collait sans vergogne contre mon bassin ! Mes joues devaient être plus rouges qu’une voiture de pompiers.



Je ne savais plus où me mettre ! D’autant que certains couples, louchant dans notre direction, nous lançaient des coups d’œil surpris. Deux bonnes raisons pour baisser chastement les yeux…


Et puis merde ! Je vivais un moment de pur bonheur avec une jeune femme extraordinaire. Calé contre son corps frais, souple et finement musclé, je glissais sans heurts sur un nuage de bien-être. Andrea drivait magnifiquement bien. Contrairement à moi, cette fille était faite pour la danse !


Bientôt, je me surpris à oublier tous ces gens qui nous entouraient. Je n’avais plus qu’une seule idée en tête : embrasser cette éblouissante splendeur de vingt-quatre ans… Alors que je tendais le cou pour cueillir ses lèvres, rouges, pleines et brillantes, Andrea se raidit.



Je me ratatinai aussitôt. Et voilà, j’y avais tellement cru !



C’était trop d’excitation à la fois. À l’idée qu’Andrea était tout aussi désireuse que moi de mélanger nos bouches, j’étais pas loin de me répandre dans mon pantalon ! Non… il allait forcément se passer un truc : j’allais me réveiller un sombre lundi matin, à la bourre pour le lycée, un avion de ligne allait se crasher sur nous ou, pire encore, Bouledogue allait se pointer pour me foutre un coup de boule fatal.

Tout semblait possible sauf la satisfaction – à portée de main, pourtant ! – de batifoler avec ma douce Scandinave…


Le dernier slow de la série s’achevait ; il ne me restait que quelques instants pour trouver LA solution pour nous isoler et agir à notre aise sans choquer personne. Et dire que dans toute la baraque, des couples d’homos et de lesbiennes à moitié déchirés se roulaient des patins d’enfer, au vu et au su de tous…

Et ça encore, c’était sans compter ce qui se passait sûrement dans les chambres !


« Putain, c’est vraiment trop injuste ! »


L’idée du siècle germa soudain dans mon esprit. Je glissai quelques mots à ma délicieuse cavalière… qui accepta aussitôt ! YES ! Nous allions enfin pouvoir explorer nos envies communes dans un lieu plus intime.



***



Je coupai le moteur de la Clio. Je ne l’avais déplacée que de quelques centaines de mètres, mais la ruelle dans laquelle nous étions garés était plus étroite et bien plus calme que la rue devant chez Vaness’. Et, très opportunément, l’ampoule de l’unique réverbère du coin était grillée. La seule lueur qui persistait venait des étoiles, en grande partie occultées par la pollution lumineuse.


Installée à mes côtés, ses lèvres entrouvertes sur la blancheur parfaite de ses dents, Andrea me regardait avec un sourire ravageur.



Je ne terminai jamais ma phrase. La bouche de ma jolie blonde se referma sur mes mots, me clouant le bec de la plus agréable façon qui soit. Sa langue très adroite caressait la mienne d’une façon si sensuelle que j’en avais les poils dressés sur la nuque. Ses lèvres parfumées étaient si douces… Ma déesse embrassait divinement bien (plutôt logique, en fait).

Elle ne rompit notre joute qu’un instant, le temps de prendre ma main inerte et de la glisser dans son décolleté, à la rencontre de ses seins ronds aux pointes érigées.



« Mais si, bien sûr que si ! Quel con ! » Aussitôt, mes mains entrèrent en action, avec une vigueur légèrement trop… virile.



Andrea était une pure bombasse. Elle avait cinq ans de plus que moi et ne semblait pas farouche… Je n’osais imaginer le nombre de partenaires, filles ou garçons, qu’elle avait dû avoir avant moi. J’allais tout foirer si je continuais à me comporter comme un puceau !


Mes raisonnements défaitistes furent balayés en un instant par une exquise sensation. Ma blonde atomique venait de passer le dos de sa main sur mon sexe tendu. Je me sentis soudain encore plus à l’étroit dans mon slip. Tout en continuant à me manger la bouche avec délice, l’accorte Scandinave descendit lentement la fermeture Éclair de mon jean avant de passer une main agile sous l’élastique de mon sous-vêtement. Emprisonnant ma verge bandée dans son poing, elle me branlait avec passion tout en m’embrassant.


Malgré la lenteur hypnotique de ses doigts sur mon sexe, je sentais que je n’allais pas tarder à venir. Je commençais à gémir dans sa bouche. Le plaisir qu’elle me procurait était à la fois très doux et immense !



Quelques secondes encore et je jouissais…



Affolé de désir, je réglai rapidement mon siège pour lui offrir le maximum d’aisance. Elle en fit de même de son côté avant d’éplucher mon jean et mon sous-vêtement, dégageant au mieux le théâtre des opérations. Cet interlude m’avait au moins aidé à redescendre en pression… Par contre, si quelqu’un venait à longer ma voiture, on était mal !



Je ne sais pas si elle voulait dire qu’elle allait « encore plus s’appliquer » ou « me faire encore plus de bien », mais je m’étais rarement senti à ce point dorloté dans ma vie d’homme !


Ma bite était au centre de toutes les attentions d’Andrea : régulièrement, elle la faisait disparaître dans sa gorge avec une facilité et une technique que même Kennie aurait pu lui envier. À la façon dont elle bichonnait mon gland, ma hampe et mes bourses, je compris qu’effectivement, Andrea adorait pratiquer la fellation. De mon côté, il m’était impossible de résister plus longtemps au pouvoir de sa bouche magique.



Malgré l’avertissement, ma super blonde ne lâcha pas sa proie. Au contraire, elle l’enfonça au plus profond de sa gorge et, par de savantes déglutitions, me prodigua un incroyable massage de la verge pendant que j’éjaculais. Quand il n’y eut plus rien à pomper, elle se retira, me laissant orphelin de la chaleur de sa bouche.



Avant que je n’aie le temps de baisser à mon tour sa braguette pour glisser une main indiscrète dans sa petite culotte, Andrea m’immobilisa le bras d’une poigne étonnamment forte.



Andrea m’annonçait qu’elle était « intersexe ». À l’époque, je n’avais jamais entendu cette expression… Même notre prof de bio, monsieur Ganatien, ne nous en avait pas parlé. Andrea voulait me prévenir qu’elle n’était pas faite selon le « modèle standard », et qu’elle ne se formaliserait pas si je ne voulais pas aller plus loin. J’étais surpris, certes, mais n’avais-je pas déjà vécu une situation similaire avec Ken ?


Caressant le visage d’Andrea, je tentai de faire passer un maximum de douceur et d’empathie dans mon regard.



Andrea explosa de rire. Je l’imitai aussitôt. Que je me sentais bien avec cette nana !



***



Et voilà comment au milieu de la nuit, je me retrouvai nu dans le coquet appartement de ma sublime Scandinave.


À peine avions-nous franchi le seuil que nous nous jetâmes l’un sur l’autre, nous déshabillant à toute vitesse. À la demande d’Andrea, je lui laissai néanmoins son boxer. En la suivant dans sa chambre, j’admirai le galbe parfait de ses cuisses et de ses fesses. Dieu, que cette blonde était grande ! Plus que moi en tout cas, ce qui n’était pas fait pour me déplaire.


Après avoir disposé quelques bougies parfumées autour de son lit, elle s’allongea tranquillement dans la pénombre et m’invita à la rejoindre.



À mon tour de faire preuve d’ouverture d’esprit. Quoi que je découvre dans sa culotte, je me promis de lui renvoyer des ondes positives. Je ne pouvais pas m’empêcher de baliser, néanmoins. Je craignais qu’une réaction négative de ma part puisse blesser Andrea. Alors qu’en plus d’être somptueuse, cette fille était d’une douceur angélique !


Mais pour commencer, j’avais déjà très envie de me repaître de sa poitrine. Ma Norvégienne était finalement la première fille dont je pouvais admirer d’aussi près les seins… Du bout des doigts, j’en éprouvai les pointes érigées, les malaxai tendrement, les mordillai avant de tirer dessus le plus délicatement possible. Andrea semblait apprécier cette stimulation mammaire. « Bon à savoir ! » notai-je pour plus tard.


Tandis que je m’occupais d’elle, Andrea avait plongé ses doigts dans mes cheveux, guidant ma bouche au gré de ses envies. Lèvres entrouvertes, elle gémissait presque en continu. Ma beauté blonde était vraiment très réceptive, ce qui m’excitait au plus haut point.

J’embrassai sa gorge, traçant un chemin de doux baisers entre ses seins, son cou, son menton, le lobe de ses oreilles. Tout était parfaitement à mon goût… Il était temps que nos langues se rejoignent.


Nos bouches se trouvèrent aussitôt, se verrouillant l’une à l’autre. Redoublant de passion, Andrea se collait à moi, m’enlaçant avec force sans pour autant entraver mes gestes. Peu à peu, ma main descendait vers son ventre, la faisant frissonner, se tortiller. Quand mes doigts effleurèrent le tissu de son boxer, elle se calma et écarta les cuisses. On y était… Je découvrais à l’aveugle la morphologie de son sexe.


Un peu au-dessus de la jointure des fesses, je devinai le renflement prometteur d’une vulve déjà humide. Je glissai un doigt sous l’élastique et découvris les frisottis d’une toison assez fournie.

La pulpe de mon index s’enfonça sans problème dans un vagin lubrifié. Pas d’aspérités ni d’obstacles pour bloquer mon avancée. Très bonne nouvelle ! Il y avait toutes les chances que ce doux conduit m’accepte en lui… Je déplissai ses petites lèvres gluantes de mouille. Andrea semblait particulièrement sensible à mes caresses… Était-ce moi qui m’y prenais bien, ou tout simplement sa nature volcanique et généreuse ? Un peu des deux, espérai-je.



Mes doigts remontèrent le long de sa fente, cherchant à tâtons son clitoris. Mais ce n’est pas exactement ce que je découvris à l’orée de son sexe. Ma main s’était posée sur… une protubérance de chair fortement érigée, qui tel un glaive jaillissait du haut de sa vulve. Andrea avait un pénis ! Sa verge était dardée, courte et trapue, une sorte de champignon aux formes suggestives et au gland moite de désir. Apparemment, cette colonne de chair ne surmontait aucun scrotum…



J’étais bluffé ! Loin d’être difforme, son sexe évoquait une sorte de complémentarité entre principe féminin et masculin… C’était très surprenant. Autant que lorsque Ken m’avait fait découvrir sa différence.


Plus tard, Andrea devait m’expliquer que les variations génitales et hormonales chez les intersexués couvrent un énorme champ de possibles. Bien que son clitoris se soit développé en phallus, ma tendre Scandinave ne possédait pas de testicules, mais des ovaires – non fonctionnels, toutefois.



Ma belle Scandinave m’invita à me placer entre ses cuisses, puis souleva les fesses pour m’aider à ôter son caleçon trempé.

J’observai avec intérêt le sexe dressé dont j’allais bientôt m’emparer. Mais tout d’abord, suivant à la lettre ses indications, j’introduisis mes doigts en pince dans son vagin et son anus. Celui-ci semblait habitué à cette intromission. Par la suite, Andrea me confierait qu’elle était moins à l’aise avec son corps, étant jeune, et qu’elle avait alors usé et abusé de la sodomie, avec ses jouets ou des partenaires de passage.



Après avoir frotté la paume de mon autre main sur sa vulve coulante, je refermai doucement mes doigts sur son membre. C’était chaud, doux, parfaitement innervé et très réactif. Je commençai alors à pistonner sa chatte et son cul tout en massant son étrange phallus comme elle me l’avait indiqué, le pressant doucement dans mon poing tout en frottant le gland avec mon pouce.



La similitude avec la façon dont Andrea m’avait masturbé tout à l’heure était troublante. Ma douce amie devait régulièrement se faire reluire ainsi. Très vite, elle s’était mise à gémir et à soupirer. Tandis que d’une main elle broyait férocement les muscles de mon avant-bras, de l’autre elle se tripotait les seins comme une folle, tordant et tirant leurs pointes rougies et gonflées.



En moins de trois minutes, je lui avais fait atteindre un orgasme des plus bruyants. À défaut d’éjaculer, Andrea faisait partie de ces femmes qui inondent leurs draps en jouissant. Aussi impressionnant à voir qu’excitant à partager !


À peine avait-elle recouvré ses esprits que ma princesse nordique se penchait hors du lit pour attraper un préservatif. Puis, m’ayant adroitement encapuchonné de latex, elle m’intima, les yeux dans les yeux, de la baiser. Je n’avais qu’une hâte : lui obéir !


Andrea avait rapidement pris la tête des opérations, et c’est avec plaisir que je me livrai à elle, excité et troublé que ce soit ma partenaire qui me guide tandis que je me contentais d’exécuter. Un peu comme tout à l’heure, sur la piste de danse…


À sa demande, je m’allongeai sur le lit, la tête calée par un oreiller, tandis qu’elle m’enjambait, s’agenouillant au-dessus de mon bas-ventre. Dans cette position dominante, Andrea contrôlait parfaitement la pénétration de mon membre impatient.


Après avoir introduit mon gland décalotté dans sa fente, la belle Scandinave s’emmancha sur mon pieu dans un lent glissement, jusqu’à atteindre la moitié de ma longueur environ. Les traits crispés, elle se mordait les lèvres. Impossible de dire si le plaisir l’emportait sur la douleur. En tout cas, mon sexe à l’intérieur du sien était fortement comprimé.



Pour la première fois de ma vie je maudis la taille de ma bite ! Attentive et concentrée, Andréa exécuta alors de petits mouvements circulaires du bassin, sans plus monter ni descendre. Associé à la lubrification naturelle de ses parois, cette manœuvre évasait peu à peu son con, permettant à ma queue de progresser dans ce canal aussi exigu que bouillant.



Prenant son phallus dressé dans ma paume luisante de sécrétions, je fis lentement coulisser mon poing d’avant en arrière. Andrea laissa échapper un gémissement… A priori, je ne m’y prenais pas trop mal.

Elle monta alors de quelques centimètres sur ma verge pour se laisser retomber avec un « HAN ! » suggestif. Elle répéta l’opération sans faiblir tandis que je la masturbais, me baisant avec une énergie communicative.


Tel un python étirant sa gueule pour avaler une proie, Andrea absorbait peu à peu mon membre, détendant ses muscles jusqu’à le posséder entièrement en elle. Et voilà, il n’en restait plus rien à l’extérieur ; elle l’avait complètement enveloppé. L’expression béate de mon amazone me rassura sur le fait qu’elle appréciait l’instant tout autant que moi.



Un sourire complice illumina son visage de Madone. J’arrêtai la course de ma main sur sa pine, me forçant à rester aussi passif que possible. Aussitôt Andrea bascula son bassin d’avant en arrière, baisant mes doigts poisseux sur un rythme de plus en plus rapide. En parallèle elle maltraitait sa lourde poitrine, ce qui semblait décupler son plaisir.


S’ajoutant à la jouissance visuelle de la voir s’activer sur moi, pénétrant ma main de sa queue enthousiaste, je ressentais à la base de mon sexe la friction en balancier de sa chatte. Rien qui fasse penser à une pénétration « classique », mais une sensation s’apparentant à une sorte de poing qui aurait aspiré et comprimé spasmodiquement ma verge. Comme si nos sexes se branlaient mutuellement… Aussi inattendu que jouissif !



Ma déesse était déchaînée ! Permutant les rôles, c’est elle qui me faisait crier sous ses coups de boutoir immobiles, pompant ma bite en elle dans la succion infernale de sa chatte fouisseuse, propulsant avec violence son pénis entre mes doigts ruisselants de mouille, me matraquant de sa lourde poitrine. C’était bestial, animal, délirant… J’allais gicler d’un instant à l’autre !


Oui ! Je venais en elle à présent tandis qu’elle s’abattait sur moi tel un arbre déraciné, hurlant sa jouissance dans mon cou, imprimant la marque de ses dents sur ma carotide… Nous comatâmes ainsi de longues minutes, enchevêtrés et repus de plaisir.


Après être passé sous la douche chacun à notre tour, Andrea, restée nue, me laissa admirer tout à loisir son corps somptueux. Je ne pouvais détacher mon regard de son sexe si étonnant, à présent au repos. Ce qui ne lui avait pas échappé.



En réalité, c’était ma première fois tout court avec une fille… dans la mesure où Ken était un garçon. Même si, techniquement, il avait un vagin… Enfin, bref ! Tout ça commençait à se mélanger joyeusement sous mon crâne.



Tandis que j’effleurais sa crinière blonde, que j’embrassais ses paupières, ses lèvres, ses pommettes, Andrea se livra avec pudeur sur son passé, ses parents, son enfance en Norvège.



***



Si Andrea faisait partie des rares personnes intersexe à ne pas avoir été mutilées pour corriger une « indétermination de genre », elle le devait uniquement à son père, Adrian Johannsen, pédiatre renommé à Oslo, et à ses accointances avec le milieu médical.


Quelques heures après qu’on ait « récolté » son enfant arrivé à terme, le docteur Johannsen avait été prévenu qu’une malformation affectait ses organes génitaux. Rien d’inéluctable… Un pénis assez peu développé surmontant une esquisse de vagin qui pouvait facilement être suturé, car peu profond. Toutefois, du fait de l’absence testiculaire, le petit « Harald » n’aurait probablement jamais de vie sexuelle satisfaisante.


Il y avait une autre solution : faire de lui une fille, en procédant à l’ablation de sa verge, de toute façon trop atrophiée pour constituer un organe viril digne de ce nom. Bien sûr, une fois rectifié, il faudrait placer le bébé « néo-féminin » chez un couple de mères…


Adrian Johannsen, berçant tendrement le nouveau-né, avait demandé à l’infirmier :



À court d’arguments pour ramener ce père à la raison, l’infirmier appela le directeur du centre d’ectogenèse. Celui-ci n’arriva toutefois pas plus que lui à convaincre Adrian.

Le directeur finit par se dire que le mieux était d’attendre que le père quitte le centre avant d’opérer promptement le nouveau-né, en optant pour l’intervention la moins « lourde » : la section de la verge… Après tout, face à un problème médical, n’était-il pas normal que les médecins aient le dernier mot ?

Une fois officiellement fille, ils n’auraient que l’embarras du choix pour recaser le bébé dans une bonne famille…



Déposant sa fille dans le confortable couffin qu’il avait amené avec lui, le docteur Johannsen fit mine de partir avec le nourrisson.



Soufflés et impuissants, l’infirmier et le directeur n’eurent d’autre choix que de regarder ce père insensé emporter avec lui son enfant défectueux. Il ne perdait rien pour attendre ! Les autorités sanitaires allaient s’occuper de son cas…



***




Je remontai la couette sur le corps glacé d’Andrea, la serrant contre moi pour la réchauffer, lui communiquer tout mon soutien. En tant qu’être humain « non conforme », elle avait traversé des épreuves inimaginables, dont je ne pourrais jamais avoir qu’une vague idée malgré ce qu’elle voudrait bien m’en dire.


Tout comme Ken, Andrea avait cette force incroyable qui me faisait si cruellement défaut. Elle vivait pleinement ce qu’elle avait à vivre, se fichant de l’opinion d’autrui, ne cherchant jamais à faire semblant.


Si nous devions faire un bout de chemin ensemble, je devrais trouver le cran de parler d’Andrea à Franck et Jipé. Mais aurais-je assez de couilles pour leur dévoiler mon hétérosexualité ? Et – rêve complètement fou ! – leur présenter en prime ma petite amie ?



(À suivre…)



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* Traduction (du norvégien) : « Bonjour, comment allez-vous ? Je suis enchanté de vous rencontrer. »


** Traduction : « Avant que tu me touches, j’aimerais te dire que je suis intersexe. Mes parties génitales sont assez différentes de la norme. Si tu ne veux pas aller plus loin, on peut juste en rester là. Je ne me vexerai pas. »


*** Traduction : « Tu es une magnifique personne, Andrea. Je t’apprécie beaucoup, et je voudrais te rendre tout le plaisir que tu m’as donné. Montre-moi comment faire… »