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Temps de lecture estimé : 6 mn
25/07/18
Résumé:  Mais qui ? Et pour qui ?
Critères:  #épistolaire #exercice voisins amour cérébral revede
Auteur : Radagast      Envoi mini-message

Collection : La lettre anonyme
La lettre anonyme

Vous me plaisez !


Depuis le premier jour où mon regard se posa sur vous, vous me plûtes.


Je pense à vous toute la journée et une bonne partie de la nuit, car votre présence en mon esprit provoque chez moi des insomnies, et quand j’arrive à trouver le sommeil, je fais des rêves érotiques, voire même carrément pornographiques, qui me font tremper mes draps de transpiration et surtout les inonder de jouissance.

Grâce à vous je lance une lessive chaque matin.


Chaque jour avant de préparer mon café, je dois me laver les mains car elles sont pleines du plaisir qu’inconsciemment vous me donnez.

Sachez que je nous vois échanger nos salives en un baiser qui ne finit jamais, je me vois caresser votre corps, millimètre par millimètre, suivre du bout des doigts vos courbes, vos pleins et vos déliés.


Je sens vos lèvres baiser chaque parcelle du mien, du côté pile et du côté face. Votre langue s’amuser de mon nombril, de mon sexe brûlant ; la mienne s’occupe de vos tétons érigés.


À chaque fois que nous en arrivons là, le coq du voisin se met à chanter comme un taré. Pourquoi gueuler ainsi à six heures du matin ? Il n’a que deux poules, ce con, qui se foutent de lui comme de leur premier œuf !


Je me réveille en sursaut, le souffle court, le corps couvert d’une pellicule de sueur, les mains posées à un endroit que je vous laisse imaginer.


Je me lève alors, le dos raide de courbatures comme un athlète venant de faire un triathlon. Et en m’étirant je me pose toujours la même question : que faites-vous en ce moment ?


Dormez-vous encore, un sourire aux lèvres ?

Vous éveillez-vous, vous, grâce aux cris de cet idiot de gallinacé ou ouvrez-vous les yeux aux premiers crissements des cigales ?


La personne qui dort à vos côtés vous admire-t-elle avec le même amour, la même ferveur que je mettrais dans cette activité ? Oui, activité ! Car pour moi vous admirer doit être un travail à temps plein, un travail de tous les jours et toutes les nuits, de chaque seconde, un sacerdoce.


N’ayez crainte : je ne vous ferai jamais de peine, ne provoquerai jamais chez vous de douleur, ne viendrai jamais faire un esclandre devant votre porte ou dans votre rue, mais sachez que ce personnage qui vous nomme comme sa moitié m’exaspère au plus haut point ! Vous n’êtes pas une moitié ; vous représentez un tout, l’alpha et l’oméga, le yin et le yang, l’eau et l’anisette.


Je vous observe fréquemment tous les deux… enfin je vous observe, vous, uniquement vous, et je ne vous vois que rarement échanger des regards complices, des caresses tendres et coquines, ce en public ou sur votre terrasse ou dans votre jardin.


J’avoue en effet que le voyeurisme à votre égard est un de mes péchés, certes véniel comparativement à ce que j’imagine vous faire si nous nous retrouvions seuls, face à face, nus dans une chambre hermétiquement close située dans une maison isolée au fin fond d’une lande perdue.


J’ai même fait l’acquisition – en tout anonymat, rassurez-vous, de plusieurs accessoires très coquins que j’imagine utiliser sur votre petite personne, de même que vous les utiliseriez sur moi, pour notre plus grand bonheur. Je désire frémir sous vos caresses.


J’ai effectué quelques recherches sur Internet, compulsé quelques sites d’érudits libidineux et découvert les rosebuds, les olisbos et autres appareils vibrants et télécommandés.


Mon but ? Vous faire jouir entre mes mains, vous amener au summum du plaisir.


Mais pas seulement. Je veux aussi vivre avec vous, me repaître de votre présence, m’endormir et m’éveiller à vos côtés, prendre mon bain avec vous, nettoyer chaque recoin de votre douce personne, vous oindre d’onguents, d’huiles essentielles, vivre nus ensemble, regarder la finale de la coupe du monde de football ensemble, par exemple ; je décorerais vos joues antérieures et postérieures des trois couleurs nationales, et vous feriez de même avec les miennes. Que nous serions beaux !


Nous serions fous, nous serions heureux.


Comment en suis-je arrivé à vous connaître et vous désirer ?

Par le plus grand des hasards, tout simplement. J’ai adopté un charmant animal à la SPA, issu de races nombreuses et indéterminées.


Ce jeune chiot demande de l’amour ; j’en ai à revendre, vous pourrez le constater, si comme je l’espère l’envie vous en prend. Ce chiot exige aussi de longues promenades au cours desquelles il fait son exercice quotidien. Lors d’une de ces activités, je passais près de chez vous et vous vis. Je tombai en arrêt devant votre élégance naturelle tel mon chien devant une perdrix ou un coq de bruyère.

Je ne saurais vous dire l’émoi qui m’a serré le cœur et l’âme ce jour-là lorsque je vous vis pour la première fois.


Depuis, je ne cesse de promener Nestor qui ne demande pas mieux que de baguenauder la truffe au vent. J’espère ainsi vous voir et vous admirer, en étendant le linge, préparant un barbecue, jardinant, ôtant de ci de là une herbe folle ou arrosant vos fleurs et persil.


J’imagine parfois nos promenades ensemble, Nestor trottinant devant nous, la queue en panache. Nous partirions la truffe au vent, au gré de notre plaisir.


Nous pourrions aussi nous promener nus ; je connais quelques clairières où nous serions tranquilles, à l’abri des regards indiscrets, surtout ceux de l’autre. Nous nous livrerions à des ébats endiablés ; nos corps imbriqués l’un dans l’autre ne feraient plus qu’un, où nos peaux ne demanderaient qu’à s’effleurer et à s’embraser.

J’imagine votre langue traçant des sillons de feu sur mon dos et mes fesses ; je vous rendrais la pareille au centuple : vous feuleriez de plaisir.


Nos liqueurs intimes se mélangeraient, s’amalgameraient pour créer cette substance qui nous rappellera de la crème solaire ; nous nous en enduirions mutuellement nos corps bouillants, puis nous nous endormirions enlacés, repus et rassasiés.


Nous nous extasierions devant les paysages grandioses de la région, devant un papillon ou une abeille butinant une fleur. Nous nous promènerions, main dans la main, échangeant des baisers, nous confiant des secrets et faisant des projets sur notre avenir.


Parce que nous avons un présent, mais surtout un avenir ensemble : je nous vois bien avec un, deux ou même trois autres chiens, que nous emmènerions telle une meute à la recherche de câlins.


Ensemble nous ferions la cuisine, ensemble nous prendrions notre bain ou notre douche – ce que tu préfères – ensemble, ensemble nous irions voir les aurores boréales et la nuit qui ne finit jamais, nous visiterions les pyramides d’Égypte comme celles du Mexique ; l’Acropole serait notre nid d’amour ; nous visiterions le monde, et à chaque escale je te ferais une déclaration d’amour dans la langue du pays, à chaque escale nous ferions l’amour, nous serions l’Amour.

D’ailleurs, je t’emmènerais sur ses berges, les berges de l’Amour.


Je n’en puis plus de vivre sans toi à mes côtés. « S’aimer, c’est regarder dans la même direction et non se regarder l’un l’autre. » a dit le poète ; tes yeux seraient mon monde, mon regard serait braqué sur ton cœur, car « … je n’ai que toi d’horizon. »


Pourquoi attendre encore ? Rejoignons-nous, unissons-nous en un seul être. Viens entre mes bras que je me blottisse contre ton cœur.


Là où nous vivrons il fera toujours beau, même sous la pluie ; les fruits seront toujours sucrés ; en hiver, je ferai pousser des fleurs ; je revêtirai tes lèvres de miel pour mieux les dévorer ; les abeilles ne piqueront pas et les oiseaux ne chanteront que pour toi.


Soyons fous, soyons libres, soyons éternels : soyons amoureux !


N’aie aucune crainte : cette missive n’émane pas de quelqu’un de mentalement dérangé ; elle n’est dictée que par ma passion pour toi. Ne dit-on pas « aimer à perdre la raison » ? La raison me dit que je ne dois pas te perdre.


Mon amour, je mourirai pour toi.