Un jour que nous venions de faire l’amour en toute simplicité et modestie avec un certain entrain, mais aussi quelques signes de routine, elle me dit :
- — Ce serait quoi, ton fantasme à toi ?
- — Un fantasme, par définition, c’est justement…
- — Commence pas à m’embrouiller ! Alors, ce serait quoi ?
- — Faut que je réfléchisse…
- — Tu parles ! Je suis sûre que c’est tout réfléchi. Tu dois même y penser quand tu baises.
- — Mais non… Un fantasme, c’est de l’ordre du cérébral…
- — Bon, alors ? Si tu ne me le dis pas, je m’habille et je me casse.
- — Bien, bien. Alors, disons que je me fais faire une fellation…
- — Banal.
- — … par une fille qui se fait en même temps sodomiser.
- — Hum… Ce qui induit la présence d’au moins trois personnes.
- — Oui, enfin, c’est un fantasme…
- — Alors retournons la situation et voyons si c’est un fantasme pour moi. Premier cas : je me fais lécher par une fille sodomisée ; second cas : je me fais lécher par un mec qui est enculé…
- — Oui, enfin, dans le deuxième cas, il faut encore trouver un mec bi.
- — Mais dans le premier cas aussi : la fille est bisexuelle, au cas où ça t’aurait échappé. Maintenant reste à savoir si un fantasme réalisé reste un fantasme.
- — Au moment même où il est réalisé, il n’est plus fantasme.
- — En somme, plus on vieillit et moins on a de fantasmes pour peu qu’on arrive progressivement à les réaliser.
- — Sauf s’ils ne sont pas réalisables : ceux-là, on peut les garder toute la vie.
- — Est-ce que ton fantasme te paraît réalisable ?
- — Oui… C’est difficile, mais…
- — Avec qui ?
- — Avec toi. Si bien sûr tu es d’accord…
- — Admettons. Mais il manque encore quelqu’un.
- — Oui, c’est là que c’est délicat.
- — Allez, donne-moi un nom.
- — Comme c’est toi qui vas être… disons, sollicitée… ce serait bien que tu le trouves…
- — C’est moi qui dois trouver celui qui va me sodomiser ? Ça fait partie du fantasme ?!
- — Je ne dis pas ça. Je dis simplement que s’il y avait quelqu’un que tu trouvais à ton goût pour cela… ça me paraîtrait normal que tu aies ton mot à dire.
- — Ouais, j’aurais mon mot à dire avant. Parce que pendant je ne pourrais plus dire grand-chose.
- — Alors, parmi nos connaissances, y a-t-il un garçon qui te conviendrait ?
- — Je pense à quelqu’un…
- — Qui ?
- — Pas si vite. De toute façon, il faudra faire un essai avant. On ne peut pas prendre le risque de faire foirer ton fantasme avec une sodomie ratée.
- — Comment ça ? Faire un essai ?
- — Oui, le garçon auquel je pense, il faut bien lui demander son accord, et de plus s’il a un gourdin de trente centimètres de circonférence, tu comprends bien que je devrai renoncer à ton fantasme. Alors il faudra que je passe le voir, qu’on voie ensemble si nous sommes compatibles. C’est l’affaire d’une semaine ou deux, pas plus.
- — Et si nous essayions plutôt ton fantasme à toi ?
- — Ce n’est pas mon fantasme. C’est ton fantasme inversé. Alors, quelle version ?
- — La première version, s’il te plaît.
- — Donc, je me fais gamahucher par une fille que tu sodomises dans le même temps.
- — C’est pas mal non plus.
- — Donc il faut trouver la fille.
- — Tu m’as dit que tu avais un copine bisexuelle…
- — Donc ça suffit. Il faut juste lui dire de venir. Elle n’avait qu’à ne pas être bi.
- — Je n’ai pas dit cela, tu le sais très bien. Je dis seulement que l’expérience pourrait peut-être l’intéresser, lui plaire.
- — Bon admettons. Mais, moi, savoir si ça me plaît, c’est un détail ?
- — Ça ne te plaît pas ?
- — Non. C’est la seconde version qui me plaisait.
- — Oui, mais moi, je ne suis pas bi.
- — Qu’est-ce que tu en sais ?
- — Je n’ai jamais…
- — Justement, fantasme, fantasme…
- — Non, franchement, c’est impossible. Et d’ailleurs avec qui ?
- — Toi, tu n’as pas de copain bisexuel ?
- — Non, je n’ai qu’un homo dans mes relations.
- — Mais ça peut le faire, un homo ! À ce moment-là, c’est toi qui est au milieu et c’est ta langue qui me lèche, génial !
- — Tu sais, je le connais assez peu et je ne crois pas qu’il m’apprécie outre mesure.
- — Parce qu’il te croit hétéro.
- — Mais je suis hétéro !
- — On pourrait tout de même l’appeler.
- — Non !
- — Si, et on lui laisse le choix entre ton fantasme et ton fantasme inversé.
- — Bien sûr qu’il va choisir la seconde : il est homo.
- — Mais, putain, Armand, qu’est-ce qu’on a déjà assouvi comme fantasmes ? Quasiment rien !
- — Si, quand même un peu…
- — Quoi ? Donne-moi un exemple. Et ne me parle pas de la fois où tu m’as prise sur le capot de la Peugeot ! Je m’en souviendrai de ce truc-là…
- — Quand on a fait l’amour chez les nudistes dans les dunes…
- — Ouais…
- — Quand tu as pissé dans ma main au fond du jardin…
- — Si on veut… Mais voilà, c’est à peu près tout.
- — La fois où tu t’es baladée sans culotte par grand vent.
- — Ouais, j’ai attrapé la crève…
- — En somme, chaque fois que j’imagine un fantasme, ça se retourne contre moi.
- — Tiens, la porte a claqué
- — Ah oui, c’est Clément. Il vient me chercher. Je devais jouer avec lui ce matin, merde !
- — Clément ?! Mais fais-le monter.
- — Tu es folle ! On est à poil.
- — (elle hurle) Clément, monte ! On est dans la chambre, monte s’il te plaît. Et toi, pense que c’est le moment ou jamais pour ton fantasme. J’ai vu sa bite dans les douches au tennis : ça ne devrait pas poser de problème à mon petit trou. Si tu laisses passer cette occasion, on passera dès demain à ton fantasme inversé ; je peux t’assurer que je ferai tout pour le réaliser.
- — Entre, Clément. Comme tu le vois, Myriam a entrepris une fellation, c’est pourquoi elle ne peut te saluer comme d’habitude. Ne sois pas gêné, je t’en prie. Nous avons besoin de toi pour assouvir un vieux fantasme. C’est un peu délicat, mais très simple en même temps. Je voudrais me faire faire une pipe par une fille qui serait dans le même temps sodomisée. Tu comprends donc le rôle qu’il te reste à jouer. Non, ce n’est pas une blague, c’est juste un fantasme. Je suis assez confus de te demander cela à toi, mais on se connaît bien. Et puis, sache quand même que c’est un jour de chance car c’est seulement aujourd’hui que Myriam a bien voulu se prêter à cette position fantasmatique. Voilà… Voilà… Tu hésites… Je comprends, mais je t’assure qu’il n’y a pas de piège, pas de caméra cachée, rien que le plaisir de l’instant qui nous guide… Myriam m’a dit que ton sexe était, disons, de taille raisonnable – pour ne pas dire moins – et qu’il pouvait lui permettre une introduction anale sans difficulté…
- — Quoi ? Mon sexe est ridicule, c’est ça ? Non mais, si c’est pour vous foutre de ma gueule ! Ta gonzesse, elle m’a vu à poil, l’autre jour, et ça l’a fait rigoler. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle foutait dans les vestiaires des mecs ? C’est une vicieuse ou quoi ? Qu’est-ce que vous croyez que ça me fait de vous voir comme ça ? Rien du tout. Ça ne m’épate pas le moins du monde. Elle suçote une petite bite en bavant un peu. Tu parles si ça me fait bander ! Tu sais ce que ça me fait ? Ça me donne envie de pisser. Tiens, oui. Je vous pisse à la raie, dans la gueule, dans le lit. Et je vous laisse à votre foutoir. Et ce n’est pas la peine de me rappeler pour le tennis, tu joues comme un charlot !
- — Il est parti, Myriam. Quel salaud…
- — Tu veux que je te dise, Armand ? C’était ça, mon fantasme à moi, mais tu ne me le demandes jamais. Alors je me suis mise d’accord avec Clément : me faire insulter et pisser dessus pendant que je te suce, quel pied !