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Temps de lecture estimé : 23 mn
22/08/18
corrigé 23/05/21
Résumé:  Je remercie l'équipe de France de handball pour sa sympathique et involontaire participation à cette épopée.
Critères:  fh voisins douche noculotte cunnilingu aliments zoo humour
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Le minou de la voisine

Je prends ma douche, bien paisiblement, après une dure journée de boulot. La canicule n’arrangeant guère les affaires, ma peau devient gluante de transpiration ; je crains que des odeurs piquantes n’émanent de ma petite personne. Sitôt rentrée chez moi, je fais un gros câlin à Zébulon, mon amour de matou, puis me déshabille, mets mes effets humides dans le lave-linge et me sers un grand verre de jus de citron et un autre de rosé bien frais. Par la fenêtre ouverte une petite brise me sèche, me rafraîchit et me hérisse la peau. Je me sens bien.


J’erre nue dans mon appart, sachant pertinemment que le voisin d’en face, voyeur à ses heures, ne m’espionne pas, occupé qu’il est à reluquer les baigneuses à La Grande Motte, lieu prédestiné pour un énergumène tel que lui et son activité favorite.


Je songe à ma soirée à venir : petit repas léger, puis virée en boîte pour tenter de trouver un individu mâle, bien de sa personne, qui pourrait égayer ma nuit, voire le week-end. Pas plus : je ne tiens pas à m’attacher plus que quelques jours à un homme. J’aime les hommes, mais en dose homéopathique ; j’aime trop ma liberté pour m’attacher ainsi. La crainte de l’inconnu m’empêche aussi de me lancer dans une relation durable. Nombre de mes amies se sont retrouvées le cœur en miette après avoir cru trouver le véritable amour.


Mon seul amour, c’est Zébulon, mon Nebelung⁽¹⁾ énigmatique.


Je vais pour prendre ma douche lorsqu’un son épouvantable retentit chez l’ahuri d’à-côté.


Ce personnage m’horripile autant que des ongles sur un tableau. Vêtu sans recherche, toujours en jean/tee-shirt/baskets quelle que soit la saison. En hiver consent-il juste à mettre un pull. Grand, brun, les cheveux presque aux épaules, pour le peu que je le croise dans l’immeuble il affiche toujours la même dégaine, bras ballants, regard vague, épaules voûtées. Il ne doit pas dépasser les trente ans ; pourtant, de dos il en fait… trente-et-un. Un genre de Gaston Lagaffe en plus mou.


Mais ce qui me fout le plus en rogne, c’est cette musique qui retentit aux moments les plus inopportuns, comme lorsque que je m’endors ou, pire encore, en pleine séance de sexe intense avec un bel inconnu, au moment de l’extase ultime : Dzimboumboumtralala, il balance ses décibels ; adieu bel orgasme, adieu apaisement des sens.


Car ce personnage ne se contente pas de jouer pour lui, il en fait profiter le voisinage. À donf la sono !


À chaque fois, même rituel : je frappe sur les murs, je hurle pour qu’il cesse ce boucan de sauvage ; parfois je frappe à sa porte et je lui gueule au visage de baisser le son. À chaque fois il me fait un petit « Désolé, je ne pensais pas que c’était si fort. » Il baisse le son, jusqu’à la fois suivante. Même mon Zébulon stresse à chaque épisode sonore ; il grogne, rabat les oreilles, hérisse le poil, qu’il a fort épais.


J’en ai bien parlé au syndic, mais celui-ci m’a dit que ce type était propriétaire de son appartement, et qu’à part moi les autres résidents ne se plaignaient pas. Évidemment, madame Dupuis est sourde comme un pot, et ceux du dessous font presque autant de boucan que lui avec leurs marmots. Il n’y a que moi pour passer pour une emmerdeuse, moi qui ne suis que locataire, gros sous-entendu signifiant « Si tu n’es pas contente, tu te casses. »


Je me dis que si je passe la soirée dehors je ne l’entendrai pas et, avec un peu de chance, à mon retour il se sera calmé. Je me glisse sous la douche. Les gouttes d’eau tiède frappent ma peau et la caressent. Je présente mon côté pile et mon côté face au jet, puis mes cheveux ; c’en est presque sensuel. J’adore cet instant où tous mes muscles se relâchent et la fatigue semble s’évacuer avec l’eau qui ruisselle sur mon corps. Je choisis avec soin le shampoing et le gel douche que je vais utiliser : j’en possède toute une panoplie, un pour chaque situation.


Je me savonne ; ça mousse, ça brille, ça fait des bulles et ça sent bon. J’aime fermer l’eau lors de ce cérémonial, justement pour que ça moussifie le plus possible : un côté petite fille qui me colle encore à la peau, celle qui se cachait dans la baignoire et surgissait en riant hors des bulles tel un squale de fête foraine.

Un petit courant d’air frais me fait frissonner…


Un courant d’air… pourquoi ? Seule la fenêtre du balcon est ouverte. Je sors de la douche couverte de savon et je vois avec effroi la porte d’entrée béante. L’aurais-je mal fermée tout à l’heure ? La serrure fait la capricieuse. Possible ; en arrivant, j’étais tellement épuisée par cette chaleur…


Je vais pour claquer cette satanée porte quand mon sang se fige, mon cœur s’arrête, mes fesses se racornissent d’effroi. Je vois l’adorable queue touffue et bleutée de Zébulon s’agiter par l’entrebâillement.



Tu parles, je vois son appendice caudal disparaître ; mon chat chéri erre dans l’immeuble. Il va se sauver dans les rues, se faire écraser, se faire bouffer par un chien, être transformé en kébab, en descente de lit, que sais-je encore… les scénarios les plus épouvantables se bousculent sous mon crâne.


Je n’hésite pas une seule seconde : je me précipite derrière lui. Le couloir fait environ vingt-cinq mètres de long, avec une porte qui mène vers les escaliers, une autre qui ouvre vers l’ascenseur et cinq autres vers les appartements : le mien, celui du furieux, celui de madame Dupuis – qui doit dormir –, celui des Martin (en vacances) et un autre inoccupé pour l’instant.


Mon Zébulon se promène, la queue en l’air, content de lui. Il découvre un monde inconnu ; il ne sort de chez moi que pour aller chez le vétérinaire dans une « boîte à chat », alors c’est dire s’il déguste sa liberté, l’animal !



Tu parles ! Autant deviser avec la statue du coin de la rue. Je me dis que, arrivé au fond du couloir, il va bien s’arrêter, et là je vais le choper.

Essayez d’attraper un chat qui n’en a pas envie !


Il se retourne, me regarde arriver vers lui, pousse un petit sprint, me passe entre les jambes et galope vers notre appartement. Je tente de le suivre en courant mais il me distance et rentre chez moi, ou plus probablement chez lui.

Je suis soulagée : son escapade n’a duré que quelques secondes.


Mon soulagement ne dure lui aussi que quelques secondes : au moment d’entrer, un autre courant d’air vicieux fait se refermer la porte.



Mon hurlement retentit à travers l’immeuble, et même le quartier.



~~oOo~~



Tout en mettant la dernière touche à ma salade composée, j’écoute sans casque, en son réel, l’effet que donne ma dernière composition.

Car ce soir, elle va venir, et peut-être que cette gentille relation amicale va devenir plus torride. Nous nous sommes rencontrés, Emma et moi, sur un forum et avons sympathisé de suite, puis un rendez-vous fut donné dans un bar. Le courant est passé, et ce soir elle vient chez moi ! Aussi ai-je abandonné mon sempiternel tee-shirt pour une chemise blanche, sans cravate quand même, et un pantalon acheté pour l’occasion.


Des jeunes femmes viennent rarement chez moi ; je vais chez elles encore plus rarement d’ailleurs : je dois manquer de charme, ou pire, je fais peur. À part madame Delavigne qui fait le ménage, aucune autre femme n’entre ici. Je ne connais pas grand-chose en psychologie féminine.


La musique s’arrête sur un dernier envol de violons et le silence suit. Enfin, presque : un cri – que dis-je, « un cri » : un hurlement – se fait entendre dans le couloir. Ce doit être la folle hystérique d’à-côté qui fait encore un caca nerveux. Elle va venir me dire « Arrêtez votre boucan de sauvage, merde ! » Quoi qu’elle dise, il faut toujours qu’elle termine ses invectives par un « merde ! » retentissant.

J’ouvre la porte à la volée ; manquerait plus qu’elle me fasse un scandale lors de l’arrivée d’Emma.



La voisine, à poil, couverte de mousse de la tête aux pieds se tient sur le pas de la porte. Je referme vite fait pour rouvrir aussitôt, risquant un œil par l’entrebâillement. Je crains d’avoir la berlue, des visions ; pourtant, malgré mon look, je ne consomme pas de substances illicites. Ai-je bien vu ? Ouais, elle est toujours là, toujours autant à poil, tout aussi étonnée que moi.



Ses lèvres tremblent, des larmes perlent sur ses paupières ; elle se tient légèrement courbée, les jambes croisées, une main devant son Île au Trésor et un bras passé devant sa poitrine. Je respire un grand coup et lui assène :



Et je lui referme ma porte au nez pour la seconde fois.

Ma bonté me perdra. C’est une emmerdeuse, soit. Elle n’arrête pas de me pourrir la vie, soit. Mais je ne vais tout de même pas la laisser dans le pétrin.



V’là qu’elle me prend pour sa grand-mère…



À ce moment-là, je réalise ma connerie.



Elle se tord les mains. La mousse qui la recouvre commence à disparaître ; je vois même un téton poindre.



Elle part vers la douche, non sans que je contemple son appétissant joufflu dépourvu de mousse. Me voilà bien avec cette réfugiée sur les bras !


J’en suis là de mes réflexions quand l’interphone zonzonne. Je déverrouille la porte d’entrée par réflexe. Emma… je l’avais oubliée, avec l’autre énergumène. Et là ça dérape, ça part sévèrement en couille.



~~oOo~~



Je sors de la salle de bain vêtue d’un maillot floqué du nom de Karabatic, personnage dont je ne sais rien du tout, même pas le sport qu’il pratique.



Celui que je porte me semble mieux, il est plus long…

Je ne peux tomber plus mal : j’arrive au moment où il ouvre la porte à une jolie brune. Elle me voit, les cheveux humides et presque nue, et sans hésiter lui balance une mandale de derrière les fagots.



Je le laisse refermer la porte et lui avoue, penaude :



Je le laisse ruminer quelques instants. Je regarde autour de moi et je découvre un attirail étonnant ; la moitié des trucs que je vois me sont inconnus.



Il se frotte la joue en disant cela ; je repère les marques de doigts sur sa peau : elle n’y a pas été de main morte, la brunette ! Pour une fois qu’il ne portait pas son sempiternel tee-shirt et faisait un effort vestimentaire, il se prend un râteau.



Il me regarde d’un air sévère.



De quoi parle-t-il ? Du maillot !



Mais c’est qu’il serait mignon avec son petit air gêné… Pour le remettre sur pattes je change de sujet :



Il hoche la tête.



Je ne tiens pas à mettre de l’huile sur le feu alors que je viens de lui foutre en l’air sa soirée et qu’il m’aide. Alors j’élude, j’amadoue :



Tout fier, il tripote quelques bidules et envoie la sauce.



De l’autre côté du mur, ça ne rend pas pareil.



Tout compte fait, ce que je prenais pour du boucan n’en est pas.



Tout en grignotant de la salade, du jambon cru accompagné d’un rosé bien frais, nous devisons.



Je me marre et il se renfrogne.



De fil en aiguille, j’apprends qu’il compose aussi pour des séries télé, pour un film qui se prépare, et son grand rêve : une symphonie.



Nous devisons encore de diverses choses pendant quelques minutes, puis :




~~oOo~~



Quel con, mais quel con !

Elle est dans mon lit. Je suppose qu’elle se blottit dans les bras de Morphée tandis que moi, pauvre con, je me tortille sur le canapé comme un ver de terre au soleil.


D’accord, c’est une chieuse. D’accord, c’est une emmerdeuse de classe internationale. Mais c’est aussi une sacrée jolie emmerdeuse ! Une chieuse avec de mignons nichons comme je les aime, petits et biens fermes, apparemment savoureux comme de jolis melons.


Je devais passer la soirée avec une petite brune, me retrouver avec elle dans le lit, mais voilà : je suis seul à me morfondre dans le canapé alors qu’une belle blonde presque rousse (j’ai vu quelques reflets cuivrés au confluent de ses cuisses à travers la mousse tout à l’heure) se prélasse dans mon lit. Mais voilà, je suis un gentilhomme romantique ; je ne me permettrais jamais un geste déplacé, une privauté. Je ne lui sauterais jamais dessus comme une bête furieuse, jamais je ne forcerais une femme : je ne pourrais plus jamais me regarder dans une glace. D’autant plus que – hospitalité oblige – j’offre (comme le Maréchal) gîte et assistance à cette beauté en détresse.


Je suis peut-être con, mais on ne se refait pas.

J’arrive toutefois à m’endormir d’un sommeil agité jusqu’à ce que je sois réveillé en pleine nuit par une discussion.



Mais que fait-elle ? Avec qui discute-t-elle ? Elle se trouve sur le balcon : peut pas y avoir un inconnu chez moi, quand même ! Je m’approche et je la vois se pencher. De ce fait son tee-shirt remonte, remonte, haut, très haut… Merci, Zeus, Osiris, Jupiter, Vénus et toute l’équipe de France de handball réunie ! Je vois le haut de ses cuisses, puis le bas de ses fesses, et enfin sa Chapelle Sixtine. Un temple délicatement ciselé, auréolé d’une pelisse légèrement cuivrée : mes yeux ne m’ont pas berné. La peau tout autour de ce charmant édifice est d’un rose délicat et ses lèvres d’un ocre soutenu, belle palette de couleurs pour un peintre.


Je reste en admiration pendant quelques longues secondes – les secondes sont toujours longues, comme les économistes sont distingués – puis je sursaute.



Elle enjambe la rambarde, cette idiote ! Elle est somnambule ou quoi ?



C’est vrai, je regarde, mais pas bêtement ; comme elle est installée, j’ai une jolie vue sur sa peluche intime.



Je farfouille dans mon fourbi et en extrait une planche de quatre mètres de long sur dix centimètres de large, que je veux utiliser pour la déco. Un truc en lamellé-collé, m’a expliqué l’ami qui me l’a fourguée.



Sitôt dit, sitôt fait. Maintenant il faut que la bestiole utilise cette passerelle improvisée.



Aux grands maux les grands remèdes : je reviens de la cuisine avec une tranche de jambon.



J’agite des morceaux de bidoche et Minou semble intéressé ; il remue l’arrière-train, agite la queue, saute sur la planche et s’approche. Elle porte les mains à sa bouche, horrifiée. Les femmes, quand même… Elle était prête à passer d’un balcon à l’autre, et maintenant elle tremble pour Grippeminaud, qui semble aussi à l’aise sur son bout de bois que moi sur le plancher des vaches.

Elle se retourne, enfouit son visage contre mon torse nu et me dit :



D’accord, je suis un gentilhomme romantique qui n’oblige jamais une femme à faire ce qu’elle ne veut pas, mais il y a tout de même des limites. Lorsque cette dite femme presse contre moi ses petits seins gironds, je ne réponds plus de rien ; faut pas pousser mémère dans les orties, parce qu’en l’occurrence, la jolie mémère en question ne porte pas de culotte !


Le chat avale en un clin d’œil son jambon puis se frotte à nos jambes en ronronnant. Il monte sur le canapé et entame calmement une toilette complète.

Par contre, dans mon caleçon, ce n’est guère le calme plat : ça s’agite et prend de l’ampleur⁽²⁾.


Nous nous regardons quelques secondes dans les yeux, puis nous nous jetons l’un sur l’autre comme des morts de faim. Oublié, le gentilhomme !

Je l’embrasse, je la serre, je la presse. Elle fait tomber mon bas de pyjama, seul et unique vêtement, et se saisit de ma hallebarde tandis que je passe les mains sous son maillot de handballeur, je lui triture les fesses, caresse le dos. Son seul et unique vêtement va rejoindre le mien par terre. Elle s’agrippe à mon cou et enserre ma taille de ses gambettes. Par un lent mouvement du bassin elle me caresse le boute-joie à l’aide de son joyau d’amour. Sa langue vient d’élire domicile dans ma bouche.


Toujours en l’embrassant je me dirige vers la chambre à l’aveuglette, en me cognant les tibias et les pieds contre les chaises et la table, mais tel un âne bâté et têtu je continue ma route vers la terre promise : le lit.


Sa caverne d’Ali Baba ruisselle de plus en plus belle. Toujours enlacés nous tombons sur le plumard, tels des amants ivres.

Elle se retrouve assise sur moi.




~~oOo~~




Depuis le sauvetage de mon Zébulon, il est devenu mon Super Héros ; avec lui, je vais de surprise en surprise. Comment aurais-je pu deviner que sous ce personnage nonchalant et presque mou se cachait un homme musclé, solide, astucieux, et surtout doté d’un si bel obélisque ? Il est pourvu de toutes les qualités, plein de ressources, fort, bon cuisinier, élégant quand il le veut, qui ne profite pas de la situation. Enfin, jusqu’à un certain point… Bel homme, et maintenant je vais de ce pas vérifier s’il possède l’ultime qualité : s’il sait se servir de son métronome !


Je suis assise sur son ventre, ses beaux yeux noisette fixés sur mes nénés. Je soulève les fesses et viens attraper sa belle flamberge à pleine main. Je m’en caresse en la faisant passer sur mes lèvres, puis m’amuse à la faire pénétrer de quelques millimètres pour l’en ressortir aussitôt. J’exécute cette torture pendant quelques secondes. Son regard se trouble ; je ne dois pas être dans un meilleur état, aussi je me laisse descendre, lentement, jusqu’à ce nos toisons s’emmêlent. La tête me tourne. Je fais osciller mon bassin autour de cet axe dur comme de l’acier, je me soulève et me laisse retomber aussi vite. Il capture mes seins, les pétrit, en caresse les framboises d’un pouce délicat.


Un voile noir recouvre mes yeux. C’est la première fois que je pars aussi vite, et je me rends compte qu’il n’a pas résisté, lui non plus, à mes ondulations du bassin. Je m’affale sur lui, terrassée par le plaisir ; il ne vaut guère mieux que moi.


Allongée sur lui, je perçois son gourdin redevenir brindille et quitter son territoire, mais je me sens bien. Il me caresse le dos du cou aux fesses, passant en revue chaque vertèbre, glissant ses doigts dans mes cheveux, déposant de petits baisers sur mes joues ; je suinte du bénitier. Nous ne nous sommes pas protégés… Tant pis, c’était trop bon pour regretter.


Quelques minutes dans cette position et je sens un net regain de forme chez mon partenaire ; sa couleuvre pointe le museau sur mon petit jardin et vient s’y nicher de nouveau. Cette fois je le laisse faire tout le boulot.


D’abord très langoureux, tendre, il me bine la cressonnière comme un jardinier délicat, puis il accélère le mouvement, ralentit pour s’activer de plus belle. Bref, il me ravage le système nerveux. Tout en me pilonnant, il me malaxe les fesses comme de la pâte à pain, m’explore le S.I.F.⁽³⁾ ; pendant ce temps je lui attrape les lèvres, les suce, je l’embrasse à pleine bouche tandis que mon corps s’embrase de nouveau.

Si j’avais pu deviner qu’un tel homme vivait juste à côté de chez moi…



~~oOo~~



Si j’avais pu deviner que l’emmerdeuse d’à-côté ressemblait à un volcan en éruption, je m’y serais intéressé beaucoup plus tôt. Il est vrai que je n’y connais rien aux femmes ; ces êtres étranges et séduisants me perturbent beaucoup et je ne sais comment m’y prendre avec elles.


Cette nuit, nous avons remis le couvert trois fois, aussi ce n’est pas très frais que je suis descendu à l’épicerie du coin pour acheter un bac et de la litière pour chat, ainsi qu’un nombre impressionnant de tranches de jambon. Sans ce gros minou un peu con, sa patronne ne serait jamais arrivée dans mon lit ; faut bien que je le remercie.


Sitôt revenu, je me suis remis à loilpé.

Maintenant je me tiens à côté du lit, le plateau de café/croissant/thé/jus de fruit/toasts/confiture entre les mains et je l’admire. Les cheveux étalés en corolle sur l’oreiller, un petit sourire angélique aux lèvres, le drap descendu jusqu’au nombril dévoile ses adorables nénés. Pas que je n’apprécie pas les gros seins, mais les petits m’émeuvent plus.


D’ailleurs, en parlant d’émeuver, j’ai la trompette de Jéricho qui se réveille en même temps que la Belle au Bois Dormant. Elle s’étire, soupire, ouvre les yeux et me fait un grand sourire. Dans le mouvement, le drap descend ; son petit minou me sourit lui aussi. Je dois offrir une belle vue… sous le plateau, mon Zigomar se déchaîne. Elle me le chope, le papouille et se marre alors que j’éprouve les plus grandes difficultés à maintenir le plateau à l’horizontale.



Cela ne l’empêche pas de déposer un baiser sur le sommet du gland, un truc qui m’électrocute le système sensoriel.

Si elle ne goûte guère la fellation, je me lance dans un cunnilingus de derrière les fagots, au risque de déplaire au végans : ben oui, je dévore une chatte.

Je pose non sans mal le plateau sur un meuble et je me jette sur elle en vociférant :



Elle rit aux éclats, pousse de petits cris de souris effarouchée alors que le vrai chat se carapate de la chambre et que j’enfourne mon museau entre ses jambes.



« C’est pas quoi ? » Je ne sais pas, car à peine ai-je posé les lèvres sur sa délicate pêche qu’elle change de couplet et entame une série de « Oh oui, oh oui ! » entrecoupée de « Encore, encore… » Donc je continue, aspirant entre mes lèvres les siennes, titillant de la langue son bourgeon dressé. Elle me caresse les cheveux, gémit, ronronne, entame une lascive danse du ventre alors qu’une humidité de bon aloi envahit son jardin secret et irrigue mes lèvres ; ça ne la chatouille plus ! Je lui presse les tétons d’une main, l’autre étant occupée à visiter d’un doigt furtif sa cavité qui se béantifie.

Ma lécheuse visite son vestibule dont j’aimerais faire ma pièce principale.


Elle s’agite, s’arc-boute sur la nuque et les talons. Elle râle et semble atteinte de la danse de Saint Guy. Vite, je lui prodigue les premiers secours : deux doigts au plus profond de son antre, ma langue sur son grain d’épeautre. Ses muscles intimes étreignent mes doigts à les en faire craquer, elle gémit des grossièretés, des choses tellement cochonnes que les mots me font rougir rien que d’y songer, des mots qui me font triquer rien que d’y penser, des mots tellement beaux que j’ai envie de recommencer.


Un dernier spasme l’agite, un dernier soupir de bonheur s’échappe de ses lèvres :



Elle me fait un grand sourire et me tend les bras. Je m’installe sur elle et elle place mon mât de cocagne sur sa goélette et nous voilà repartis pour une séance de Fouzytou. Ses jambes enserrent mes hanches, ses talons plantés sur mes fesses donnent le rythme de la chevauchée. Cette fois, c’est plus un trot langoureux que la charge de la cavalerie impériale à Eylau.

Nous nous embrassons tout au long de cet exercice.

En cette joute amoureuse, je termine premier d’une courte tête ; elle vient me rejoindre deux ou trois secondes plus tard.


Elle pose la tête sur ma poitrine. Je la caresse des seins aux hanches, perdant aussi mes doigts dans sa toison fournie.




~~oOo~~




Je me marre et lui en explique les raisons :



Le restant de mon séjour, je me balade nue dans l’appartement, ne voulant pas abîmer son beau maillot.


Nous passons le dimanche à grignoter, boire, passer sous la douche et faire l’amour, parfois le tout ensemble. Ça peut se faire : on a essayé et réussi. Les jambes autour de sa taille, accrochée à son cou, le dos calé contre le mur, bien fichée sur son pieu, je picore un abricot planté entre ses lèvres tandis que l’eau coule sur nous.



~~oOo~~




Ce faisant, ses petits seins tressautent de joie pour mon plus grand plaisir.

Je prépare les ingrédients, farine, huile, œuf, sucre et levure chimique. Je mélange le tout sous le regard intéressé de l’intéressée : elle ressemble à son chat devant une tranche de jambon. Je verse cette préparation dans un moule.



Je préchauffe mon four, thermostat 4, puis je laisse s’égoutter le fromage blanc. Je bats des jaunes d’œufs qui ne m’ont rien fait avec du sucre, de la crème fraîche et du sucre vanillé, j’ajoute des raisins secs et je mélange cette mixture au fromage égoutté.

Je trempe mon doigt dans cette préparation et fais goûter à mon assistante.



Elle suce mon index dans un geste d’une rare sensualité et en profite pour me mordiller.



Je récupère mon index et badigeonne de fromage sucré ses tétons que je m’empresse de lécher.



Je bats des blancs en neige ferme tandis qu’elle se colle contre mon épaule. Nous mélanchons les blancs avec le fromage et versons le tout sur la pâte, dans le moule. J’enfourne le tout et programme le four pour quarante-cinq minutes.




~~oOo~~




Toute la cuisson – et même bien après – se passe dans la chambre en tendres embrassades, en chevauchées langoureuses, en caresses torrides.


Mais surtout nous dormons, beaucoup. Cette activité pratiquée de façon intensive épuise fortement.

Zébulon semble lui aussi apprécier notre voisin, grand pourvoyeur de jambon et de pâtisserie.



Lundi, il appelle le serrurier. Je remets le maillot de l’équipe de France de handball et m’occupe de l’homme de l’art, qui ne met que quelques minutes à ouvrir ma porte. Je paye, m’habille et pars au boulot. Je suis en retard ; ma patronne va encore me faire une sérénade.



~~oOo~~



Quel con, mais quel con ! Que je te la recueille, que je te la chouchoute, que je te lui sauve son couillon de chat. D’accord, nous nous sommes fait des papouilles très approfondies ; elle a aimé, du moins je le crois. Et puis la voilà repartie. Plus de nouvelles depuis lundi. Je ne la croise plus du tout dans la résidence. Elle ne m’a même pas rendu mon maillot. Quel con, merde, quel con je fais ! Je lui ai même donné la recette du gâteau dauphinois, que je tenais de ma grand-mère, recette que l’on ne doit transmettre qu’à des personnes dignes de confiance, seulement les nuits de pleine lune.


Pour moi, les femmes c’est comme l’alcool. La femme me semble de plus en plus étrange et difficile à comprendre pour l’homme simple et naïf que je suis. Une trop forte dose et la tête me tourne, et le lendemain je me réveille avec la gueule de bois, seul et malade.

Aujourd’hui c’est le cas : une encéphalorectomie⁽⁴⁾ pas piquée des hannetons me guette. Il faut que je me reprenne.

Je crois que je vais abandonner ma symphonie pour composer un requiem : Requiem pour un con.


Toute la semaine je rumine, je rouscaille, je roumègue, et j’en conclus que les femmes sont toutes les mêmes : soit elles te flanquent des gifles sans te donner le temps de t’expliquer, soit elles te font croire au paradis et tu tombes de haut, les ailes brûlées, tel Icare volant trop près du soleil, ou une tarte laissée trop longtemps au four.

Bref, mon moral traîne près de mes chaussettes sales.


Je compose quand même un peu ; il faut bien que je rende le boulot commandé, et le vendredi soir je mets la sono à fond avec mes dernières créations puis je vais prendre une douche, vengeance dénuée de courtoisie, je l’admets, mais non sans arrière-pensée : si je fais assez de boucan, peut-être viendra-t-elle râler.


Évidemment, ça ne rate pas : quelques secondes plus tard elle tambourine à ma porte. Couvert de mousse de la tête aux pieds, j’ouvre, aussi aimable qu’un pitbull qui vient de recevoir son avis d’imposition, prêt à l’engueuler.


Je reste la bouche et la porte ouverte, hébété. Zébulon en profite pour entrer en émettant un petit Rrroou-rrroou.

Elle se tient nue devant moi, deux maillots à la main.



Elle me fourre les deux vêtements dans la main, m’embrasse à pleine bouche, me chope par la queue, m’entraîne à sa suite et m’annonce :



Tout compte fait, je ne vais pas me lancer dans un requiem. Les femmes me sont toujours aussi énigmatiques, mais tellement attachantes !



~~oOo~~




⁽¹⁾ Nebelung : chat d’origine russe, au pelage épais et bleuté.

⁽²⁾ Je sais : vive l’Ampleur !

⁽³⁾ Note de la régie publicitaire de Revebebe : « Le SIF n’est pas un produit détergent ménager mais Le Sillon Inter-Fessier. »

⁽⁴⁾ Nom scientifique de la tête dans le cul, selon l’Académie de médecine.