n° 18551 | Fiche technique | 34262 caractères | 34262 5855 Temps de lecture estimé : 24 mn |
14/09/18 corrigé 06/06/21 |
Résumé: Une lettre anonyme qui voyage... et je suis hors sujet... | ||||
Critères: #sciencefiction #couple fh extracon | ||||
Auteur : Domi Dupon (une antiquité sur le site) Envoi mini-message |
Collection : La lettre anonyme |
Voyant la voiture de Gérard se garer derrière la sienne, Géraldine soupira. Elle avait eu une journée difficile et aurait bien aimé se détendre un peu avant l’arrivée de son « cher et tendre ». Surtout que le « cher et tendre » en question se montrait particulièrement chiant en ce moment.
Depuis des années, il la délaissait. Le bricolage, les matchs de foot à la télé, les sorties avec ses potes, le tennis avec Jean-Pierre occupaient tout son temps libre. Lui restait la portion congrue : une fois par mois, il daignait remplir son devoir conjugal. Pourtant lorsqu’elle se regardait dans son miroir, elle se trouvait encore très sexy malgré ses quarante printemps bien sonnés : une peau lumineuse que bien des jeunettes lui aurait enviée, des longues jambes aux muscles sculptés par la pratique régulière du sport, des hanches dont la courbe incitait les hommes à se retourner et surtout une poitrine qui se dressait arrogante, indifférente au passage des ans. Pour plaire à son homme plus que par coquetterie, elle s’entretenait le minou : du gazon anglais. Mais rien n’y faisait. Heureusement, depuis deux ans, Jean-Pierre qui se montrait aussi performant avec sa quéquette qu’avec sa raquette, palliait fort agréablement et sans prise de tête les carences de son mari.
En descendant de voiture, elle repensa à l’achat de leur maison en quoi elle avait mis tant d’espoir. Le pharmacien du village, qui venait de perdre sa femme, la leur avait cédée pour un prix des plus intéressants. Lors de la vente, il avait tenu à leur expliquer qu’il ne pouvait plus y vivre après avoir partagé presque un demi-siècle de bonheur avec sa dulcinée. Lors de la signature de la vente, il n’avait pu s’empêcher de s’épancher. Après coup, Gérard avait bien ricané de la naïveté du vieil homme. Elle avait ri plus fort que lui. Elle n’osa lui avouer que le récit du combat victorieux mené face à leurs familles pour pouvoir vivre leur amour lui avait titré une larme. Elle s’était imaginé que les vibrations qui animaient cette demeure vivifieraient leur amour. Malheureusement, Gérard n’avait vibré que pour la profondeur du salon : il avait enfin pu en profiter pour changer sa télé par un home cinéma avec un super grand écran.
Mais depuis une semaine, un regain de tendresse l’animait. Le premier jour, la surprise passée, elle avait apprécié qu’en rentrant du boulot, au lieu de s’avachir devant la téloche, une bière à la main, il la culbutât sur le canapé pour une étreinte rapide sans même prendre la peine de se déshabiller. Elle fut doublement étonnée, quand le soir, dédaignant un match de Champions League, il l’entraîna dans la chambre conjugale où leur joute n’eut rien de conjugal. Ce fut la piste aux étoiles. Gérard sortit son grand numéro, honora chacun de ses orifices. Tant et si bien que lorsqu’il se répandit dans ses sphincters, elle avait renoncé à compter le nombre de fois où elle avait grimpé aux rideaux. L’espace d’un orgasme, elle regretta de l’avoir trompé avec Jean-Pierre. Regret vite estompé car la tendresse, la douceur, l’imagination de Jean-Pierre offraient d’autres plaisirs que le savoir-faire, l’habilité de Gérard.
Géraldine pensa que son mari avait dû avoir une montée d’adrénaline ou fait une rencontre qui l’avait hautement excité et elle en avait bénéficié. Lorsqu’il remit le couvert le soir suivant, elle présuma que c’était le printemps qui exacerbait sa libido. Le troisième soir, l’idée la traversa qu’il était frappé par le démon de la cinquantaine. Le quatrième soir, la lassitude s’installa. Le cinquième soir, un vendredi, elle fut soulagée quand il partit jouer au tarot, mais furieuse lorsqu’il la réveilla pour la baiser à une heure du matin. Le sixième jour, elle l’eut sur le dos (et ce n’est pas une figure de style) toute la journée. Heureusement le soir, il était HS et s’endormit devant les actus.
Le septième jour, Dieu s’était reposé, mais telle n’était pas l’intention de Gérard et elle dut lui signifier que son corps avait besoin d’un day off. Quand elle avait voulu discuter de cette situation de rut permanent des plus inhabituelles, il avait « pirouetté » : il s’était rendu compte qu’il l’avait dédaignée et blablabla, puis avait prétexté un service à rendre à un copain. Comble de malchance, Jean-Pierre, pour des raisons professionnelles, avait été aux abonnés absents toute la semaine. Si une nouvelle joute sexuelle eût été le coup de trop, quelques câlins, un zest de tendresse, lui auraient fait oublier le comportement de satyre de son époux.
La portière claqua, Gérard l’avait déjà empoignée par les hanches et se frottait contre elle. Elle sentait sa virilité tendue prête à l’action. Maintenant sa prise de la main gauche, il remonta sa robe et glissa sa dextre dans sa culotte, l’index dans sa raie appuyant contre son petit trou. L’intention était manifeste. Une diversion, please. Le courrier !
Si seulement, il y avait une facture qui le fasse gueuler ! Il me lâcherait la grappe un moment ! Ce n’était pas une facture mais bien pire !
Fébrilement, son mâle en chaleur toujours collé à ses fesses, elle retira le courrier. Une seule enveloppe, même pas timbrée. Manifestement pas une facture. Sans doute une pub. Souvent des petits malins passaient outre l’autocollant « pas de pub ». Elle jeta un œil et soudain, se crispa. Ce n’était pas une pub. Pas d’adresse. Seulement « Pour Gégé » écrit en cursive bien au centre de l’enveloppe. Pour Gégé ? Pour Gérard ou Géraldine ? Personne ne l’appelait Gégé… Sauf… Elle blêmit.
Sa diversion échoua.
Gérard s’empara de la lettre. À la vue de l’intitulé, il pâlit à son tour. Une seule personne l’appelait comme ça. Il pensait pourtant avoir été assez clair.
Il glissa négligemment la missive dans la poche arrière de son jean et entreprit de réaliser ce qu’il avait énoncé. Il baissa sans aucun ménagement la culotte de Géraldine. Il voulut la sodomiser. Bien qu’habituellement, la porte de derrière lui fût facilement accessible, il ne parvint pas à ses fins, son glaive, sans doute distrait par l’inquiétante missive, n’ayant plus la rigidité nécessaire. Il se rabattit sur l’entrée principale, étrangement sèche. Une longue pratique lui permit une intromission. En quelques va-et-vient, il lâcha sa semence. S’il avait éjaculé, il n’avait certainement pas joui. Quant à Géraldine, elle n’avait eu aucune réaction. Gérard se maudit. Cette lettre l’avait déstabilisé. Il n’avait pas été à la hauteur. S’était-elle aperçue de quelque chose ? Il fallait qu’il lise cette lettre et la détruise.
Se rajustant après ce coup à blanc, Géraldine ne se posait pas de question sur cette relation ratée. Elle avait à peine senti ni la mollesse relative de l’engin de son époux, ni la douleur causée par la sécheresse de sa vulve, trop inquiète quant au contenu de la lettre. Il fallait qu’elle la lise et la détruise. Gérard avait déjà disparu. Où était-il passé, cet obsédé ? À la salle de bain, évidemment. Gérard, maniaque de l’hygiène, ne manquait jamais de prendre une douche après un rapport. Surprise désagréable, elle trouva porte close. Qu’est-ce que ça voulait dire ? La lettre, elle seule justifiait qu’il verrouille la porte. Peut-être se doutait-il pour Jean-Pierre ! Et si c’était une lettre anonyme dénonçant son infidélité… La raison voulait qu’elle joue les indifférentes, mais elle paniqua. Sans avoir réellement conscience de ce qu’elle faisait, elle tambourina à la porte.
Nu et effaré, Gérard obtempéra. Elle se précipita dans la pièce, aperçut la lettre ouverte qu’il avait tenté maladroitement de dissimuler dans sa chaussure. Elle voulut la récupérer. Dans sa précipitation, elle bouscula violemment Gérard, qui, surpris, se retrouva cul par terre. Sa chute provoqua une rencontre impromptue entre le lavabo et son nez. Le sang se mit à pisser. Géraldine retrouva ses esprits et s’agenouilla.
Comme si ma femme pouvait avoir un amant ! pensa-t-il dans sa Ford intérieure. D’autant qu’il savait qui l’avait écrite. L’agression qu’il venait de subir lui permettait d’avoir le beau rôle. Il avait eu le temps de la lire deux fois. Heureux hasard ou volonté, on ne pouvait savoir quel était le sexe de l’auteur ni celui du destinataire.
Géraldine s’empara de la feuille de papier avec une feinte assurance. Qu’est-ce qui lui prenait à Jean-Pierre ? D’accord, ils s’envoyaient en l’air, une certaine complicité existait entre eux. Mais jamais au grand jamais, ils n’avaient parlé d’amour… alors vivre ensemble. No way ! Il avait dû péter un câble ou se mettre aux amphets. Elle réglerait ça avec lui. Déjà parer au plus pressé. Pas plus bête que son « cher et tendre », elle se rendit compte que la lettre pouvait être adressée à l’un comme à l’autre. Elle la relut à haute voix :
Mon amour,
C’est la première fois que j’ose t’appeler ainsi et encore par écrit. Ces trois syllabes chantent joyeusement dans ma tête. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne nous sommes jamais avoué nos sentiments, car il n’y avait aucun avenir possible pour nous. Notre relation restait charnelle et joueuse. Je n’en peux plus, je veux aller plus loin, franchir le pas et vivre notre relation au grand jour, même si cela fait scandale dans notre petite communauté. Je ne peux plus vivre sans toi.
Si tu m’aimes aussi fort que je t’aime, retrouve-moi à la tombée de la nuit à l’endroit habituel.
Je t’aime.
Géraldine fit la même constatation que son « cher et tendre » et contre-attaqua :
Gérard était bien embêté pour répondre, car ça avait été, à quelque chose près, son raisonnement. Pour s’en tirer, il utilisa l’ambiguïté du texte.
Sentant venir une échappatoire possible, elle embraya.
Sauf… pensèrent-ils de concert.
Géraldine aida son mari à se relever et le prit dans ses bras.
Putain, il ne va pas remettre ça ! Là ce serait une épreuve.
Le membre resta flasque et pour cause : les pensées qui animaient le cerveau de Gérard avaient peu de chance de faire durcir son membre. Il fallait qu’il trouve une excuse pour se rendre à ce rendez-vous. Pas parce qu’il répondait à son Amour, mais au contraire pour lui réexpliquer que c’était fini, qu’il ne voulait pas mettre son couple en l’air, affronter la vindicte de Géraldine et être l’objet des moqueries de ses amis.
De son côté, Géraldine se demandait comment elle allait pouvoir se rendre au moulin sans éveiller les soupçons de Gérard. Contrairement à lui, elle ne sortait quasiment jamais le soir – surtout quand il était à la maison. Aussi, lorsqu’il lui annonça qu’il devait se rendre à une réunion en mairie pour son taf, elle en fut tellement heureuse qu’elle ne conçut aucun soupçon sur cette sortie fort opportune. Bonheur d’autant plus grand, que son obsédé de service ne tenta pas de nouvel assaut à l’encontre de sa vertu.
********************
Gérard attendait depuis une dizaine de minutes, assis sur la pierre à moudre, où ils avaient baisé, plutôt où il s’était fait baiser. À ce simple souvenir, son anus se contractait spasmodiquement. Après avoir garé son 4x4 BM (pub gratuite) sur le parking de la mairie, il avait rejoint le lieu du rendez-vous en empruntant un chemin de terre qui contournait le village. Inquiet, il avait usé de ruses de Sioux pour voir s’il n’était pas suivi. La réaction de Géraldine, qui l’avait d’abord soulagé, a posteriori l’inquiétait. Et si elle avait joué les ingénues pour mieux le confondre. Une voiture arrivait. La lueur des phares, un moteur qu’on coupe, des pas furtifs qui s’arrêtent à l’entrée du moulin. Pas de doute, c’est lui.
La silhouette de Géraldine, éclairée par la lune, se découpait dans l’encadrement de la porte. Sa main appuyée négligemment sur le haut du chambranle faisait saillir sa poitrine. Il devinait ses tétons qui pointaient sous la fine étoffe de sa robe. La salope n’avait pas pris la peine de mettre un soutif. Avant d’être submergé par l’ampleur du désastre et la colère, une bouffée de désir le traversa. Mais déjà, elle s’avançait dans la pièce, les mains sur les hanches. Putain qu’elle était désirable !
Soudain, Géraldine s’écroula, prise d’un fou rire inextinguible. Ce salaud de Jean-Pierre ne s’emmerdait pas : le moulin était son baisodrome attitré. Le dos appuyé à la paroi en torchis, la tête dans les mains, la robe relevée jusqu’au ventre, elle offrait un spectacle qui aurait ému n’importe quel hétéro, car non seulement, elle n’avait pas de soutien-gorge preuve. Gérard supposa que pour le suivre, elle n’avait pas pris le temps de s’habiller.
Un blanc… Silence.
Géraldine avait retrouvé son sang-froid. Que son « cher et tendre » ait couché avec Jean-Pierre ne la choquait pas du tout. Au contraire, imaginer son macho de mari en train de se faire défoncer la rondelle par la même ogive à tête chercheuse qui l’avait fait jouir lui faisait chaud au ventre. En femme pragmatique, l’infidélité, de plus honteuse, de Gérard l’arrangeait.
Joignant le geste à la parole, il fit tomber futal et boxer et troussa Géraldine. Il allait la pénétrer quand elle se recula.
Elle l’entraîna à l’extérieur, fit voler sa robe et s’adossa au mur du moulin. La lune, tel un projecteur de poursuite l’éclairait mettant son corps sculptural en valeur. Ses gros seins atteints du syndrome de la quarantaine s’affaissaient légèrement mais la tension de ses tétins compensait cette légère imperfection. Sa toison taillée en triangle, une lubie de Gérard, luisait de ses sécrétions.
Joignant le geste à la parole, il se plaqua à elle. Son membre n’eut aucune difficulté à transpercer un écrin tout prêt à l’accueillir. L’incongruité de la situation les fit monter, très vite, très haut. Quand il se vida en elle, elle ne retint pas, en rajouta même un peu, pour hurler sa jouissance.
Après une hésitation :
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Lorsque Jérémiah, de retour de la bijouterie où il aidait son père, passa la porte de la maison familiale, il sentit venir l’orage. Sarah, sa mère déboucha de sa cuisine, une lettre à la main et l’invective aux lèvres.
La seule personne à l’appeler Gégé était Anne. Pour qu’elle lui écrive ainsi chez lui, cela devait être grave. Il arracha la lettre des mains de sa mère et se réfugia dans sa chambre, poursuivi par les récriminations de sa génitrice.
Il avait claqué sèchement la porte de sa tanière, exaspéré de toujours être traité comme s’il avait 15 ans, mais surtout dévoré d’inquiétude. Il déchira fébrilement l’enveloppe dont il sortit une unique feuille de papier. Bref message dont le contenu le bouleversa.
Mon amour,
Hier soir, je t’ai attendu en vain. J’ai compris que tu ne m’aimais pas assez pour rompre avec ton carcan familial. Imaginer la vie sans toi n’a aucun sens. Je sais ce qu’il me reste à faire.
Hier soir ? Ils ne devaient pas se voir. Anne avait une réunion, dans la ville voisine, avec son syndicat d’étudiants. Mon amour, elle ne l’avait jamais appelé comme ça. Alors qu’il brûlait de lui déclarer sa flamme, il n’avait jamais osé, de peur de se faire traiter de bourgeois rétrograde. D’abord envahi d’une joie jubilatoire (elle l’aimait), il fut soudain submergé de terreur. « Je sais ce qu’il me reste à faire. » ! Cela annonçait une connerie avec un C majuscule. Il se précipita hors de sa chambre, repoussa brutalement sa mère qui se trouvait sur son chemin et partit en courant.
Anne habitait une grande maison à la périphérie de la petite bourgade. Malgré ses 19 ans, elle y vivait, la plupart du temps, seule avec une gouvernante. Le travail de son père, que sa mère, jalouse, ne quittait pas d’une semelle, l’entraînait dans de longs déplacements à l’étranger. Leur histoire durait depuis six mois. Il l’avait rencontrée alors qu’il faisait un stage pratique dans la pharmacie du village. Elle cherchait une crème pour un usage intime. Plutôt que de s’adresser à la pharmacienne, dame âgée et respectable, elle préféra lui demander. Qui provoqua l’autre ? Il ne s’en souvenait plus, mais cela se termina par un fou rire sous l’œil réprobateur de sa patronne et des autres clients.
À la fermeture, elle l’attendait à quelques pas de l’officine, prétendument pour s’excuser de son comportement. Ainsi commença leur aventure. Aventure dont le sexe était un des éléments moteurs. S’ils n’avaient jamais consommé (Anne, à 19 ans, n’avait pas perdu sa virginité), ils avaient été très loin dans des pratiques orales qui auraient choqué ses parents. Encore qu’il ne savait rien de la sexualité de ses géniteurs. Le cerveau en ébullition, suant comme un phoque, Jeremiah soliloquait, se repassant le film de leur brève histoire. Entre deux jeux érotiques, ils parlaient de leurs envies, de la société. Étudiants tous les deux, ils philosophaient sur le devenir du monde. Ils partageaient la même vision utopiste du futur. Leur seul désaccord : elle était Beatles et lui, Rolling Stones. Mais chaque fois qu’ils abordaient malencontreusement un possible avenir commun, l’un ou l’autre changeait rapidement de sujet.
Ils venaient de milieux sociaux différents voire opposés. Les parents d’Anne, bourgeois de gauche, agnostiques, se voulant progressistes auraient sans doute accueilli Jeremiah sans enthousiasme et avec une certaine condescendance. Mais ils l’auraient accepté. Il n’en aurait pas été de même pour Anne. Les Fernandez, pieds noirs, juifs séfarades comme leur nom ne l’indiquait pas, très religieux, auraient au minimum déjà vu d’un très mauvais œil la fréquentation d’une goy, mais la possibilité d’une union n’aurait jamais été envisageable, même pas en rêve. Alors qu’il arrivait devant la maison, Il comprit qu’il n’avait que faire de l’opinion de ses parents et de sa communauté. Dans un mois, il serait pharmacien avec un emploi dans une grande officine et le monde allait changer.
Le portail était ouvert. Il grimpa quatre à quatre les trois marches du perron et sonna. Pas de réponse. La gouvernante aurait dû être là ! Il sonna de nouveau. Toujours rien. Et si… pris de panique, il secoua la porte… qui, comme dans un mauvais film policier, s’ouvrit. Il devait y avoir quelqu’un. Mû par un mauvais pressentiment, il grimpa à l’étage où se trouvait la chambre de la jeune fille. Il n’était venu qu’une fois chez elle et n’avait pas été plus loin que le salon. Il ignorait tout de l’agencement des pièces à l’étage. Il visita deux chambres avant de trouver celle de son amie. Celle-ci, allongée sur son lit, semblait dormir. Le soupir de soulagement qu’il poussa s’interrompit tout net à la vue sur la table de chevet d’une bouteille de Johnny Walker et de trois tubes de gardénal. Trois tubes ! De quoi occire n’importe qui !
Il l’empoigna par les épaules pour la secouer à l’instant, où réveillée pas son hurlement, elle se redressait vivement. Leurs fronts se heurtèrent violemment. Indifférent à la douleur, Jeremiah, tout en la serrant contre lui demanda :
Soudain, il s’aperçut que ses mains étreignaient une peau nue et frissonnante. Deux seins bourgeonnants se pressaient contre sa poitrine. Jusqu’à cet instant, il n’avait accordé aucune importance à la tenue d’Anne. Or, elle était petite, minimaliste pour tout dire elle se composait uniquement d’une petite culotte en coton. Il avait beau connaître tactilement les moindres recoins, même les plus humides, du corps de sa dulcinée, il ne l’avait jamais vue aussi peu vêtue. Pour être amoureux, il n’en était pas moins homme. Son sexe s’était redressé et avait du mal à rester enfermé. Surtout que la jeune femme l’embrassait à pleine bouche, ses mains entreprenantes remontant son pull et, se glissant sous son maillot de corps, pétrissaient son dos luisant de transpiration. Elle interrompit son baiser.
Pour toute réponse, il s’empara de sa bouche, de ses seins. Anne s’attaqua à sa braguette et en fit jaillir un membre au garde à vous. En se tortillant, elle se débarrassa de sa culotte en coton. S’écartant du garçon, elle s’exclama :
Le jeune homme sauta du lit, se déshabilla entièrement.
Depuis qu’un de ses flirts lui avait dit qu’il ressemblait à Bob Dylan, il cultivait cette image, notamment au niveau de la coiffure. À la minute présente, Anne s’intéressait plus au raide étendard qui se dressait entre ses cuisses. Sans le laisser rejoindre le lit, elle l’avait attiré à elle. Sa langue jouait avec le gland qu’elle avait décalotté tandis que ses mains pétrissaient ses fesses. Jeremiah, yeux fermés, se laissait porter par les ondes de plaisir que lui procuraient ces douces caresses. Les émotions subies depuis la lecture de la lettre avaient mis son sang-froid à rude épreuve. Il n’allait pas pouvoir se retenir longtemps. Il s’arracha à regret à cette bouche tentatrice.
Lue dans un livre, entendue dans un film, il aurait trouvé cette déclaration, alors que sa bouche venait d’abandonner sa bite, du plus haut ridicule, mais énoncée par Anne… Il n’en revenait pas de sa « chance ». Comment une fille aussi mignonne, (ses longs cheveux noirs, ses yeux mordorés légèrement en amande lui faisaient irrésistiblement penser à une Marie Laforêt pas encore sortie de l’adolescence), aussi intelligente ait pu tomber amoureuse d’un mec aussi quelconque que lui. Elle se tenait devant lui, offerte dans une position des plus impudiques, cuisses entrouvertes, lèvres gonflées émergeant entre les poils follets de sa brune toison.
Sa poitrine n’avait rien à voir avec celle de Jane Fonda mais ces deux oranges diaphanes aux pointes érigés s’accordaient parfaitement avec la silhouette androgyne de la jeune femme.
Il n’avait jamais dépucelé de nana en effet. Il n’avait d’ailleurs pas connu une multitude de filles. Il avait eu deux ou trois expériences sans lendemain et pas des plus concluantes lors de soirées arrosées à la fac. Eh oui, il avait peur. Peur de lui faire mal, peur de la décevoir.
Elle le guida jusqu’à son sexe. La position du missionnaire. Cette pensée le fit ricaner intérieurement. Doucement, en lui caressant le visage, il la pénétra. Lorsque que son gland toucha l’hymen, il arrêta son avancée. Les ondulations du bassin de sa future maîtresse déclenchaient des vibrations intéressantes sur sa tige. Il se retira et revint appuyer sur le pucelage. Il recommença à plusieurs reprises. Les mouvements de hanches sous lui s’accentuaient, mais il n’osait pas franchir le pas, enfoncer cette porte jamais ouverte. Anne perdit patience. Elle cramponna ses fesses et l’attira violemment à elle. La lubrification et le désir étaient tels que leurs pubis se trouvèrent collés.
Temps suspendu. Immobilité totale. Puis il reprit son va-et-vient tout en douceur, à l’écoute des réactions de son amie. Progressivement, le corps de celle-ci reprit vie. Les oscillations de son bassin s’accordèrent avec les pénétrations de Jeremiah. C’est elle qui appuya sur l’accélérateur. Ses mouvements devinrent désordonnés. Elle se mit à délirer :
Quand elle chantonna, il douta. Elle s’encourageait pour chasser la douleur. Quelle bourde avait-il commise ? Mais il était trop tard. Les crispations spasmodiques du vagin qu’il pistonnait avaient allumé la mèche. Son commando de spermatos à tête chercheuse s’était lancé dans une course effrénée vers leur cible. Il allait jouir comme jamais il ne l’avait fait, mais il allait la laisser sur le quai. Il ne parviendrait pas à l’amener à l’orgas…
Ils restèrent longtemps enlacés, perdus dans leur nirvana avant de retrouver la réalité. À l’angoisse de Jeremiah à l’idée qu’ils n’avaient pris aucune précaution, Anne répliqua en éclatant de rire :
Devant son air interloqué, elle s’empressa d’ajouter :
Remontés à bloc, ils décidèrent d’affronter leurs parents respectifs. Mais une dernière chose tracassait Anne :
Il devinait. Il l’éteignit, reprit sa bouche. Ainsi débuta le second round. Quant à cette maudite lettre volée, envolée, ils l’avaient définitivement oubliée.
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Dans une grande salle faiblement éclairée, un humanoïde mâle s’affairait sur une console. Seul le badge jaune qu’il portait sur sa veste d’uniforme l’identifiait comme un robot. L’hologramme d’une femme, l’air préoccupé, se matérialisa au centre de la pièce. Pour seul vêtement, elle portait la cape translucide aux couleurs pourpre et rouge de la haute autorité. N’importe quel hétéro normal aurait eu une érection immédiate en la voyant, tant la charge érotique que dégageait chaque parcelle de son corps aux courbes parfaites était forte. Mais elle laissa de marbre, l’androïde qui ne connaissait pas ces problèmes d’hormones. Elle s’adressa à lui sur le ton du commandement :
Le ton employé aurait fait pâlir un humain, mais le robot se contenta de reprendre son explication.
L’hologramme se dissipa, l’androïde retourna à sa console en marmonnant :
« Patience, patience, pauvre humaine, ce n’était qu’un premier essai ! Et il a parfaitement réussi. Les temps approchent ! »