Ce petit texte s’inspire des « J. o. i. », dont je vous épargnerai la traduction, un jeu érotique ou pornographique fait d’instructions pour une personne se masturbant. Je tente d’en faire quelque chose d’un peu littéraire et pour l’instant je tâtonne. J’espère tout de même que ce ne sera pas vain et que vous m’aiderez à progresser pour un genre que je n’ai jamais vu à l’écrit.

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Il faut que vous soyez tranquille, chez vous, à l’aise ; et que vous jouiez le jeu, afin d’en bien profiter. Les tirets entre les phrases indiquent la continuité ; il faut poursuivre la même idée, le même rythme. Les retours à la ligne avec espaces sont des changements d’état d’esprit. Passez ce qui ne vous plaît pas, attardez-vous sur ce qui vous plaît. Ne pensez pas trop à la note. Allons-y…

• Déshabillez-vous. Pensez que vous êtes du monde, où chaque humain a des fantasmes ; en ce moment, dans des hôtels, dans des rues, dans des chambres, dans des bars, l’homme se livre à la femme, la femme se livre à l’homme, et tant d’autres façons… Détendez-vous.

• Je vous propose de vous masturber. Quelques histoires vont suivre, et des conseils, que j’aimerais que vous suiviez. Mais nul ne vous regarde…

• Pensez à la première personne sur qui vous avez fantasmé. Quels souvenirs avez-vous d’elle ? Physiquement ? Et quelle était sa voix ?

—OOOO—

Vous souvenez-vous de votre premier plaisir solitaire ? Que vous manquait-il alors ?

Qu’avez-vous, aujourd’hui, des connaissances que vous n’aviez pas alors ? Pensez aux sensations…

À la première bouche sur le sexe…

• Partagez-vous la vie de quelqu’un ? Que dirait-il, s’il vous trouvait à la lecture de ce texte ?

Savez-vous ce qu’il fait en ce moment ? Qu’aimeriez-vous qu’il fasse ?

—OOOO—

Vous rappelez-vous les fantasmes que vous aviez quand vous l’avez rencontré(e).

Votre masturbation doit être lente. Vous devez être concentré(e) sur vos pensées.

• Il semble nécessaire de vous mettre un peu en difficulté. Ici, qui pourrait vous entendre ? Qui risquerait de vous voir ?

N’hésitez pas à ouvrir un peu la fenêtre, ou vous mettre un peu sur le côté du lit…

Pour moi, j’ai ma fenêtre dans la chambre, qui donne sur un jardin. Parfois quelqu’un y passe.

• N’avez-vous pas surpris quelqu’un faisant l’amour ? Jamais ?

Cela vous plairait-il ?

Avec un peu de chance, lorsque l’on aime se promener la nuit, que l’on traverse, comme naïf, les rues, on peut trouver, à des fenêtres, parfois des couples s’abandonner.

—OOOO—

J’ai vu un couple, du fond d’un parking, dans une résidence pour étudiants, faire l’amour, en Andromaque. Il n’était que vingt heures, il y avait des gens dehors. On entendait les bruits d’habitants qui riaient. Eux, on les apercevait seulement…

Et vous ? « Dites, qu’avez-vous vu ? »

• On entend peu de couples dans les immeubles. Le plus souvent, c’est car ils se disputent.

Les gens ne font-ils plus l’amour ? Gémissez, vous qui lisez…

• — On m’a parfois entendue… pensent des femmes en riant.
• — Et… vous trouvez plaisir à cela ?

• Je vous ai intimé de gémir. Bien sûr, vous ne l’avez pas fait. Il est probable même que vous ne vous masturbiez pas.

Pourquoi parcourez-vous ce texte ?

—OOOO—

En ce qui me concerne, je sais que je m’abandonne pour un rien. En mon adolescence, chaque image qui avait du charme, chaque fait que je pouvais procurer à mon âme en le rendant séduisant, me plaisait.

Et je me masturbais sur des bêtises, et les plus belles bêtises étaient les plus surprenantes.

• Pourtant, vous êtes là, vous lisez ; et sans doute vous vous masturbez plus ou moins parfaitement… Et régulièrement…

—OOOO—

C’est ça, ou la pornographie.

• Vous pouvez faire votre propre pornographie.

Votre propre plaisir…

Pensez à vos premiers orgasmes.

• Sachez que tous les gens que vous croisez au quotidien prennent du temps, souvent, pour regarder de la pornographie.

—OOOO—

Vous devez voir des exceptions.

Il y a ceux qui sont âgés. Ils n’ont pas eu ce train-là.

Il y a ceux que ça n’intéresse pas ; mais ils sont peu nombreux.

—OOOO—

Vous en mettez dans la liste mais qui n’y sont pas.

Qui, selon vous, ne se masturbe pas ?

Qui se masturbe autour de vous ?

• C’est trop long, dites-vous. Et en effet nous sommes habitués aux coïts rares, et tardifs, le soir, en rentrant du travail.

Et pourtant c’est parfois exquis…

—OOOO—

Pensez à une fois superbe. « C’était à mon anniversaire… »

• Les collègues sont de vraies mines d’or à fantasmes.

Avez-vous des collègues qui vous plaisent ? Prenez quelques instants…

Surtout, c’est ce collègue qui est là pour vous. Pas autre chose…

• Je vous demande de vous masturber un peu plus fort.

—OOOO—

C’est une chose incompréhensible.

• Le plaisir est divin. Et ceux qui interdisent le plaisir sont ceux qui y cèdent le mieux.

Pensez à une personne qui semblerait ne pas se plaire avec vous.

Qu’aimeriez-vous faire avec elle ?

—OOOO—

Tous nos fantasmes sont désappropriés par les consignes du monde.

Ce que je veux, c’est le retour à l’amour.

Comment ? Mettez-vous de côté…

• Quelqu’un vous fait un câlin. Quelqu’un que vous aimez, et dont vous aimeriez le toucher…

—OOOO—

La première personne avec qui j’ai dormi était une fille, et dans la nuit (nous faisions une fête, et nous dormions à quelques mètres de ceux, éveillés, qui riaient et buvaient encore), dans la nuit elle a saisi ma main et l’a posée sur son sein.

Plus tard elle m’avouait que son sein picotait, l’électrifiait du désir de ma main.

Cela vous est-il arrivé ?

—OOOO—

Je vous parle de vos premières fois…

Souvenez-vous de la première pénétration.

• Mais, la douceur, c’est ce que l’on s’apprête à tuer…

Je ne veux pas que le plaisir soit mécanique. Prenez une pause.

—OOOO—

Aimez-vous, insolente nature !

• Je crois qu’il est temps de revenir là-dessus. Il est venu tant monde, et le sexe est exemplifié tant de fois… Bientôt, nous serons vieux, et les désirs, bestiaux, auront fait place à l’humain. Je n’ai pas tant de peine à ramener l’imagination là où on met du masque.

Voyez que le réflexe est inversé selon que l’on regarde de la pornographie ou que l’on lise un texte.

Le texte doit faire ses preuves ; et lorsque c’est le cas nous partons, et nous allons au désir… Dans la pornographie, c’est le plaisir qui vient à nous. Et souvent nous nous caressons et la vidéo charge encore…

• Le désir ressaisi.

—OOOO—

Masturbez-vous à nouveau.

• « Tu trouveras, au bout de deux beaux seins bien lourds… »

• Pensez à quelqu’un du même sexe que vous.

Vous goûtez à son sexe…

• Pensez à quelqu’un que vous avez fait jouir.

Ou que vous aimeriez…

• Je me propose d’être votre fantasme.

Je plaisante…

Vous ne me connaissez pas.

—OOOO—

Pourtant, quelques-uns se masturbent (ils sont rares), et quelques-uns se plaisent.

Je le sais, il y a des natures assez proches…

—OOOO—

Je pense à quelqu’un en particulier. Et vous ?

• La photo.

Qu’est-ce qui plaît en elle ?

Est-ce qu’elle fait plus qu’elle ne fait vraiment ?

J’ai parfois pris plaisir sur des photos non érotiques. Mais le contexte…

• Je crois qu’il est possible que tout soit érotique. On devrait griffonner une liste, dans un lieu public, et que chacun remplirait.

Et qu’y trouverait-on que vous ayez écrit ?

• Pensez à vivre…

Le plaisir est souterrain.

—OOOO—

Chacune des façades cache des joies insoumises.

• J’espère que l’on se croisera de nouveau. « Dans d’autres circonstances… »

• Fais-toi jouir.

—OOOO—

Et connais-toi toi-même.