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n° 18650Fiche technique44513 caractères44513
Temps de lecture estimé : 23 mn
07/11/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  Une chanson toute simple et des souvenirs qui remontent au cœur.
Critères:  fh campagne amour cunnilingu pénétratio init
Auteur : Claude Pessac  (clpessac@gmail.com)      Envoi mini-message
L'échelle dans le cerisier

T’avais mis ta robe légère

Moi, l’échelle contre un cerisier

T’as voulu monter la première

Et après…



La voix de Cabrel m’a réveillé.


Pas au sens littéral du terme : à 136 au régulateur, sur une autoroute quasi déserte, on ne dort pas vraiment, au volant. Mais ajoutez à cette allure monotone, le soleil dans les yeux et l’engourdissement dû à la digestion, l’envie d’une sieste méridienne est évidente et les sens ne sont pas vraiment aux aguets.


Le tempo de la chanson est joyeux, sautillant, simple. Petite mécanique ensoleillée, fraîche et optimiste, les notes dégringolent en chapelets rafraîchissants. En soi déjà, un petit bonheur. Et les paroles !


Instantanément, des images ont envahi mon pare-brise Cinémascope.


Pourtant, je la connais cette chanson. Par cœur. C’est moi qui l’ai collée dans cette playlist de ma clé USB. Une chanson, un texte qui toujours me ramène à Ava. Une serinette joyeuse qui immanquablement éveille des souvenirs émus, des sentiments doux-amers.


Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, l’effet est plus fort, plus envahissant, plus prégnant encore que d’autres fois. Aujourd’hui, l’envie de remonter le temps, de savourer à nouveau cette aventure comme on léchouille, attendri, un roudoudou de son enfance, un de ces roudoudous qui nous coupaient les lèvres et nous niquaient les dents. (1)

Cette envie, non, ce besoin, là, est trop fort, trop envahissant pour le laisser s’évaporer. Je mets Cabrel en pause le temps de quitter l’autoroute, de trouver un champ ou une forêt, de m’arrêter à l’entrée d’une sente.


Pour rêver, me souvenir…




oooOOOooo




Ava, emportée par la pente, avait dégringolé le sentier à toute allure et j’avais dû me poster en travers du chemin pour la ceinturer et lui éviter de finir sa course dans la rivière. Un véritable arrêt de trois-quarts centre, qui avait plaqué la belle tout contre moi. Haletante, époumonée, Ava était restée blottie contre moi quelques instants avant de m’offrir deux bises de salutations et remerciements. Maladresse ou intention délibérée, le second bisou avait plus que frôlé la commissure de mes lèvres et ce contact délicieux avait failli réussir ce que mon arrêt de volée n’avait pas engendré, à savoir me faire tomber à la renverse. Failli seulement ! Eh bien heureusement, car sur les pierrailles du sentier pentu, une chute aurait eu de douloureuses conséquences.


Ava, c’était ma voisine. Ma voisine des grandes vacances. Contrairement à nous qui vivions dans cette campagne toute l’année, la famille d’Ava vivait en Lyon, à quelque deux cents kilomètres de notre fermette-gentilhommière rénovée. Tous les ans, passée la mi-juin, les Tournier débarquaient dans leur maison de famille et y demeuraient jusqu’à la rentrée, mi-septembre. Ava, sa sœur et sa mère du moins, Papou Simon étant seulement présent à partir de la mi-août.


Tous les ans, je la voyais grandie. Au début, lorsque j’avais huit-neuf ans, cette sauterelle électrique m’indifférait totalement, voire m’agaçait superbement. À l’époque, elle s’appelait encore Évelyne ou Ev’. Puis un jour, Ev’ était devenue Ava : la donzelle ayant découvert son indéniable ressemblance avec l’interprète de la baronne Ivanoff dans « Les 55 jours de Pékin ».


Ava Gardner ! Je vois bien que ce nom ne vous dit pas grand-chose. Normal ! Déjà à l’époque, en soixante-quinze, l’actrice ne faisait plus la une de Ciné-Revue depuis belle lurette. Ce nom ramenait à Hollywood certes, mais le Hollywood des années cinquante, des films en Panavision et Technicolor ; le cinéma de papa quoi, pas la Nouvelle Vague ! Mais demandez à Gogole, vous verrez, elle avait du chien la Gardner !


Personne n’aurait pu raisonnablement nier qu’Ev’ possédait bien le même charme mystérieux et le regard enjôleur d’Ava Gardner. Personne !


Mis à part moi, qui n’ai jamais vu le film et n’avais réalisé la ressemblance que lorsque ma petite voisine énervée par mes moqueries m’avait mis sous le nez un très-très vieux numéro de Cinémonde, de 1959. Ce qui m’avait juste permis que lui décocher une remarque assassine que je croyais spirituelle :



La claque n’était pas passée loin et Ava m’avait boudé pour le reste des vacances. Toujours ça de gagné pour moi que sa présence empêchait de me baigner nu dans la rivière ou d’exploser le roi Pelé par mes penalties imparables !


Comme si Pelé avait jamais été goal !


Une liberté vite décevante malgré tout. Je ne tardais pas en effet à regretter notre brouille : à bientôt treize ans, mes hormones s’étaient réveillées et si la gamine ne pointait nullement des arguments convaincants, sa référence cinématographique, sur le papier glacé du magazine qu’elle m’avait abandonné, se trouvait, elle, parfaitement à mon goût et éveillait des pulsions irraisonnées et… nables. Comme bien d’autres sans doute avant moi, j’étais conquis par son regard mystérieux et quelques autres menus détails de son anatomie. Je compris que si, dans un avenir plus ou moins proche, petite Ava développait d’autres ressemblances avec son grand modèle, elle serait absolument irrésistible.


Ayant emprunté les jumelles de mon père, je passais pas mal de temps à observer la sauterelle du haut de la colline et remarquais vite que le soutien-gorge de son maillot de bain n’était finalement pas un accessoire totalement inutile. D’ici l’année prochaine, me disais-je, des jolis fruits pourraient bien y avoir poussés et quand bien même, ils ne seraient encore que des pommes reinettes, mais je me ferai volontiers arboriculteur passionné et attentif. Je développais donc des espoirs concernant la sautillante donzelle, suffisants pour me pousser à renouer le dialogue. Mais le temps me manqua, mes rares tentatives échouèrent, la fin des vacances sonna sans que j’aie pu rétablir le contact.



Hélas, les quatre années suivantes, les Tournier n’avaient pas reparu. Je finis par penser qu’ils ne reviendraient plus jamais, qu’un jour ou l’autre, leur grande maison serait vendue à des Parigots, des English ou des Hollandais. Le souvenir du regard enjôleur d’Ava aurait dû s’estomper depuis belle lurette si je n’avais exhumé assez périodiquement un Cinémonde très racorni après tout ce temps. Étrange obsession !


Du poil m’était poussé au menton. Et ailleurs… Du statut d’emmerdeuses, les filles étaient passées à celui d’unique objet de mes aspirations. J’avais connu quelques bonnes fortunes certes, j’avais joué au docteur avec quelques patientes qui avaient vite compris ma spécialisation en gynécologie, mais mon speculum n’avait jamais poussé jusque… au fond des choses. Sauf une fois, avec une vieille de la chèvrerie hippie, une expérience qui m’avait laissé un sentiment mitigé. Elle avait été gentille la trentenaire, mais s’était amusée de ma précipitation, de… comment dirais-je, de mon manque de… retenue ? Dans l’ensemble, on parlera donc d’un apprentissage appliqué, consciencieux, instructif certes, mais il me manquait un petit quelque chose.


Chaque fois que je passais devant sa maison aux volets clos, le souvenir de la brune au regard mystérieux s’imposait à moi, et une bouffée de honte me submergeait. Quel idiot avais-je été de la contrarier si bêtement. Je m’en voulais tellement ! Car je n’avais pas réussi à oublier Évelyne. Et confusément, je pensais que c’était elle qui détenait ce petit quelque chose qui me tracassait.


Aussi, lorsqu’enfin, miracle sans nom, les Tournier étaient revenus dans leur maison et que, du haut de la colline, j’avais aperçu Évelyne dans leur jardin, je m’étais précipité vers elle. Enfin, précipité… J’avais effectivement dévalé la colline à toutes pompes (des tongs en l’occurrence !), avant, aux abords de l’Éden, de ralentir le pas, histoire de reprendre mon souffle pour arriver tranquillement vers elle, l’air décontrasté. (2)


Décontracté ! T’as qu’à croire ! Les intestins noués, le palpitant en zone rouge et les mains moites, oui ! Et en me demandant si j’allais réussir à articuler quoi ce soit d’intelligible.


Plus je m’approchais d’elle, plus l’évidence se précisait, me sautait aux yeux : elle était LA plus belle fille du monde ! Vous décrire ses traits avec précision est définitivement impossible : Ev’, c’était d’abord et avant tout une lueur aveuglante, et pourtant caressante, une lumière irréelle, un sourire enjôleur et surtout, un mystère, une énigme, celle de son regard envoûtant, de ses yeux aux paupières légèrement retombantes qui vous captaient, vous capturaient sans vous laisser la moindre échappatoire.


Par contre, ce que je pourrais préciser avec exactitude absolue, c’est bien que la belle, alanguie sur un drap de bain immaculé, possédait le plus fabuleux corps que l’on puisse imaginer. Longue liane, dorée déjà en cette fin juin, toute en jambes, gracile et tentatrice, et dont le bikini rouge écarlate sublimait les formes voluptueuses et exacerba illico ma libido.



  • — Monsieur, quelle est votre forme géométrique préférée ?
  • — Le triangle bien entendu, répondrais-je sans hésiter au micro tendu par un sondeur iconoclaste croisé dans la rue.


Trois petits triangles rikiki flashaient sur sa peau hâlée, trois ridicules pièces d’un tissu si fin, si moulant, qu’en fait de masquer ses appas, il révélait les moindres détails de sa géographie intime. Trois triangles insolents dont je rêvais déjà de dénouer les ficelles et qui n’allaient pas tarder à pousser mon hypoténuse à la tangente !



Bingo ! Bien joué ! En employant sciemment ce surnom, j’avais vu juste. La mine boudeuse, voire hostile, qu’elle avait adoptée en me voyant approcher, s’évanouit dans la seconde. Ava lâcha un soupir amusé et un sourire complice illumina son visage alors qu’elle secouait doucement la tête.



Comme elle s’était assise, je tombais à genoux pour récolter les deux bises qu’elle m’offrait.



Là encore, j’avais fait fort ! Et pourtant, je n’avais rien préparé. C’était parfaitement spontané ! La gracieuse éclata de rire à cette remarque :



Comme je restais vissé à son regard sans rien ajouter de plus, Ava me sourit avec défi et tendresse :



Le ton sincèrement désolé de ma voix dut la toucher.



J’avais pris cette invite pour ce qu’elle était : un cadeau ! Gage d’une tendre complicité que je ne souhaitais évidemment… qu’étendre.


Que de choses avions-nous à nous raconter : je voulais tout savoir d’elle, elle devinait tout ce que j’étais devenu. Moi, à genoux, je buvais ses paroles, m’enivrais de la musique de sa voix basse. Elle, assise en tailleur, accompagnait ses discours de gestes expressifs, enthousiastes au gré des situations racontées. Des mouvements parfois exagérés : son côté sauterelle n’avait pas totalement disparu, mais cette sauterelle-là désormais… m’électrisait. J’ai bien essayé de verrouiller toujours mon regard au sien, mais parfois, l’attraction des chiffons rouges était trop forte et je détaillais furtivement (ce qui n’était pas simple, reconnaissez-le) ses adorables seins si peu couverts, espérant sans doute qu’un mouvement plus ample n’en vienne à découvrir le contour d’un téton. Plus furtifs encore, mes regards coulants vers le compas de ses cuisses, caressant la colline renflée de son pubis, topographiant la cluse nettement dessinée par l’impudique polyamide.


Je me félicitai de ma position : agenouillé, assis sur mes talons, mes mains jointes et resserrées en poing entre les cuisses, je pouvais contenir, ou du moins, masquer l’insolence d’un polichinelle au garde-à-vous. Je n’en redoutais pas moins l’instant où j’aurais à me relever.


Ava était-elle si finaude (et si indulgente) qu’elle compatit à mon supplice, ou le hasard seul était-il en cause, toujours est-il que ce fut elle qui se leva la première, brusquement, pour courir vers la maison.



Ne bouge pas ? Tu parles, Charles ! Je profitai de l’occasion pour aller m’asseoir à la table de jardin, tout en essayant de remettre discrètement… les choses en place, non sans admirer le charmant rebondi des fesses pommées, malheureusement trop couvert à mon goût par le tissu de son délaçable maillot de bain.


Nous avions discuté longtemps encore ce jour-là, célébrant joyeusement nos retrouvailles au Coca. Je n’aurais jamais imaginé qu’un soda puisse autant m’enivrer ! La faute aux bulles sûrement : le gaz carbonique, ça embrouille les neurones, c’est bien connu !


Les jours suivants, nous nous étions revus, tous les après-midi. Jamais vraiment seuls toutefois. Il y avait toujours un chaperon, ou sa petite sœur ou sa mère dans les parages. Alors, nous nous la jouions copain-copain, mais j’avais bien noté les petites moues désappointées d’Ava lorsque sa sœur venait interrompre brusquement l’un de nos rares tête-à-tête.


Les jours passant, j’ai remarqué que Mamou s’ingéniait à nous laisser seuls, une demi-heure avant la séparation invariablement programmée à 18 h 30. Course urgente au village, tâche ménagère quelconque pour lesquelles elle réquisitionnait sans appel sa cadette (Mais euh, et Ev’ alors ? s’indignait invariablement la gamine) . Le petit sourire, le clin d’œil d’Ava me confirmait la connivence avec sa mère.


Alors, inexplicablement, les conversations se tarissaient quelque peu, bizarrement nos voix se faisaient chuchotis. Une gêne apeurée mêlée d’ardents espoirs nous envahissait, et ce que nos bouches n’osaient dire, nos regards se l’avouaient. Parfois, sous un prétexte plus ou moins imaginaire, un geste de l’autre nous enflammait, nos épaules se frôlant, une main posée sur un bras, des doigts légers glissants sur une cuisse pour chasser un insecte invisible… Des contacts furtifs qui emballaient nos cœurs, faisant rosir nos joues et se concluaient par des sourires un peu embarrassés. Alors, je rentrais chez moi, heureux, gonflé d’espoir, et, remâchant ces occasions ratées, formidablement frustré et en colère contre moi, contre cette insupportable timidité que me paralysait à l’instant de franchir le pas. Mais chaque soir, le bonheur grandissait. Et chaque matin, un même constat :


Je l’ai rêvée si fort – que mes draps s’en souviennent. (3)


Un soir, au moment de se quitter, Ava, debout devant moi, m’annonça, radieuse, que nous nous retrouverions le lendemain, de l’autre côté de la colline, près de la rivière. Tout un après-midi pour nous, pour nous deux uniquement. Son insistance particulièrement marquée sur ce « pour nous deux uniquement », susurré en rosissant m’avait transporté de joie. Portant sa main à sa bouche, elle avait alors embrassé ses doigts avant de les poser délicatement sur mes lèvres. J’aurais trouvé à cette seconde le courage de l’embrasser, mais elle ne m’en laissa pas le temps, s’enfuyant aussitôt en riant, sylphide gracile porteuse de mes espoirs les fous.




oooOOOooo




<p class='cen'>T’avais mis ta robe légère

Moi, l’échelle contre un cerisier

T’as voulu monter la première

Et après…


Y a tant de façons, de manières

De dire les choses sans parler

Et comme tu savais bien le faire

Tu l’as fait



La puissance d’un dérapage ! Comment une simple erreur de trajectoire peut-elle engendrer un tel charivari ? Parce que, précisément, ce n’était pas une erreur ! Oui, je sais, depuis, j’ai appris : le simple battement d’aile d’un papillon, etc. Quoi qu’il en soit, l’éphémère qui venait d’effleurer ma bouche m’avait tourneboulé. Heureusement, au lieu de tomber à la renverse, j’étais resté bien planté sur mes guiboles. Ma main avait doucement caressé la joue d’Ava, toujours pressée contre moi. Je sentais sa poitrine contre mon torse, sa cuisse infiltrée entre les miennes. Nos regards, mille fois plus éloquents que n’importe quel discours, nos regards s’étaient fondus l’un dans l’autre, caressés, absorbés, noyés.


Quelle bouche était allée à la rencontre de l’autre ? Quelles lèvres, frémissantes, étaient venues capter le souffle de l’autre ? Les siennes sans doute, je ne sais plus, mais peu importe.


Nos bouches s’étaient trouvées, enfin ! Timides encore, puis, plus enhardies avant que d’être passionnées. L’un contre l’autre pressés, sous le soleil accablant de juin, nous nous étions asphyxiés l’un de l’autre, époumonés de bonheur. Langues taquines, lèvres enfiévrées, bouches avides ; déjà, nous avions la certitude de n’être plus qu’un, binôme fusionné, duo symbiotique. De baisers en galoches, de poutous ridicules en pelles maladroites, la fièvre nous avait submergés.


Lorsque mes mains, indiscrètes curieuses, avaient commencé à quitter les aires anodines pour filer vers des sentes interdites, Ava s’était détachée de moi en riant, saisissant toutefois ma main pour m’entraîner à l’ombre d’un cerisier. Adossée contre l’échelle de bois, abandonnée déjà, Ava m’avait plaqué contre elle, m’offrant à nouveau sa bouche, avide, gourmande, impatiente. Longtemps, nous sommes étourdis encore, papouillés, enivrés l’un de l’autre. Puis mes lèvres avaient abandonné sa bouche pour glisser dans son cou. La belle avait alors renversé la tête, comme pour m’ouvrir le chemin de sa gorge. Il n’en avait pas fallu davantage pour que mes mains s’aventurent vers les seins dressés, escaladent ces collines prometteuses, s’en viennent rôder autour des fruits érigés tendant l’étoffe légère de sa robe fleurie. J’avais compris, un peu plus tôt, lorsque mes mains fureteuses avaient exploré son dos, que la coquine avait négligé de s’encombrer d’une inutile brassière. Les merveilles se trouvaient donc accessibles, offertes à mes phalanges affamées. Pouces, index, majeurs et autres s’étaient disputés le privilège d’aborder en premier les sommets convoités, chaque main entravant l’autre pour conquérir les chapeaux pointus.


Alors que ma main droite allait l’emporter sur sa concurrente, alors qu’un index allait aborder en vainqueur le toit du mont béni, Ava m’avait brusquement repoussé en riant, me déstabilisant pour le coup. Allait-elle s’enfuir, se refuser ?


S’enfuir ? Si telle était son intention, elle choisit en tous cas le plus mauvais des chemins ! Me tournant le dos, elle s’empressa en effet de grimper à l’échelle, escaladant cinq barreaux avant de s’arrêter. Se tournant vers moi, elle m’avait décoché alors un sourire triomphant accompagné d’un petit mouvement de tête, qui ne laissait aucun doute sur ses attentes. Puis, ayant évalué et sa position et ma taille, la friponne s’empressa de grimper un échelon supplémentaire : je compris que je n’aurai pas à monter bien haut pour profiter d’une situation idéale…


La suite ?


Comme au cinéma : Panavision sur Ava, Technicolor pour sa robe fleurie, stéréo et boomers (à cette époque, on ne connaît pas encore le Surround !), bande son à la Hitchcock, ralentis, contre-plongées, travellings, prises de vue intimistes surtout et des effets spéciaux inventés avant l’heure, juste pour nous deux.


Un sourire, une main tendue

Et par le jeu des transparences

Ces fruits dans les plis du tissu

Qui balancent


Il ne s’agissait pas de monter bien haut

Mais les pieds sur les premiers barreaux

J’ai senti glisser le manteau

De l’enfance




ooo000ooo




Calmement, sans précipitation, je reviens vers l’échelle, admirant l’irrésistible tableau : ses jambes, longues, fuselées, dorées, ses cuisses dont je vois les muscles tendus. Je monte juste sur le premier barreau, mon nez plonge juste sous ses fesses.

Ava se penche vers la gauche, comme pour attraper les fruits les plus éloignés d’elle. Il n’en manque pas pourtant de cerises accessibles sans peine, de quoi remplir deux seaux sans effort, mais ce sont les plus éloignées qui seules l’intéressent.


  • — Elles sont plus belles et plus mûres vers l’extérieur, explique-t-elle pour se justifier.

Ava se penche encore, lève sa jambe droite pour faire balancier et conserver l’équilibre.


  • — Tiens-moi ! ordonne-t-elle.

Accroché au montant de l’échelle à main gauche, j’attrape fermement sa cuisse avec ma dextre, glissée sous sa courte robe déjà largement troussée par son acrobatie.


  • — Mieux que ça, intime Ava qui se penche davantage.

Sa jambe relevée est maintenant quasiment à angle droit de son corps. Ma main est remontée d’un cran, jusque sous ses fesses. Ma poigne est ferme d’abord. Ma tête a glissé sous l’ourlet de la robe et j’ai pleins phares sur le delta des cuisses. La coquine a remis son slip de bikini rouge, celui de l’autre jour, au tissu si fin, si moulant. Le paysage est époustouflant : entre les cuisses ouvertes, dans les plis du tissu, le sillon enchanté est parfaitement dessiné. Nul doute qu’il y coule une rivière tumultueuse : l’écarlate du bikini y a viré carmin.


Je devrais m’enflammer, laisser mes mains plonger dans le confluent ! Mais je reste interdit, figé, paralysé. Que se passe-t-il ? Je me suis connu moins timide, moins timoré, largement plus combatif et impatient quand il s’agissait de monter à l’assaut de mes précédentes conquêtes, capable de batailler ferme pour ouvrir le passage, desserrer des cuisses obstinément fermées ! Je savais (j’avais vite appris) qu’une seule pression, deux parfois, trois au maximum, sur le sacré détonateur faisait exploser le barrage ! Mais là, la porte grande offerte me déstabilisait. Quelque chose clochait !


L’amour, l’amour, l’amour,


Dont on parle toujours,


L’amour, l’amour, c’est le poivre du temps


Une rafale de vent, une feuillée de lune


L’amour, l’amour,


L’amour, c’est quand je t’aime,


L’amour c’est quand tu m’aimes


Sans me le dire,


Sans te le dire. (4)



Bingo, c’est donc ça le petit quelque chose qui change tout !

L’amour !


L’amour que j’ai pour toi, la passion qui t’enflamme, ce sentiment irrationnel qui vous transporte, vous pousse à braver les interdits et commettre mille folies ! L’amour qui tout aussitôt me pousse à refréner ma hâte, à te respecter, à ne pas prendre, à ne rien te voler, mais à donner, te donner, chercher ton plaisir, sans te heurter, sans te dominer, sans te mal prendre !


Ma main s’anime doucement, glisse vers le haut, trousse gentiment le triangle léger, découvrant peu à peu la blancheur préservée d’une fesse bien pommée. Ava semble à présent moins désireuse de cueillir des cerises, elle se redresse, mais pour me garder le passage, ramène son pied droit sur un échelon supérieur. Puisqu’elle est plus assurée désormais, je bloque mes genoux sur un barreau pour disposer à l’aise de mes deux mains et continuer ma ballade prodigieuse. Troussé de chaque côté, le large triangle disparaît dans la fente fessière et, la voilà, ma feuillée de lune, de lunes jumelles, double lever simultané, premier et dernier quartiers de ces astres parfaits dont la blancheur satinée me phosphore. Mes genoux tremblent sur leur appui, presque autant que les jambes d’Ava.


Une telle fébrilité nous envahit que nous craignons la chute à chaque instant. Ne pas perdre de temps, mais ne pas gâcher non plus notre désir par une précipitation malvenue !


Timides, mes doigts s’aventurent en légèreté vers la combe, suivent les élastiques du bikini, s’insinuent sous le tissu, frôlent les lèvres gonflées du sourire vertical. Je sens le duvet qui les couvre, ressens la chaleur diffuse qui les enflamme. Mes phalanges s’aventurent plus avant, à l’aveugle, grimpent le mont de vénus, se perdent dans une toison bouclée avant de redescendre lentement, négligeant volontairement le champignon exquis, évitant soigneusement ce détonateur sensible qui emballerait la manœuvre, déclencherait trop tôt un maelström irrésistible.


Prendre le temps, savourer, exacerber nos désirs !

Ne rien brusquer, profiter de l’instant…


Un index léger plonge dans la faille inondée, glisse entre les nymphes déployées du coquillage velouté, répandant la liqueur torride sur les hémisphères charnus de l’abricot gonflé. Il m’apparaît que des vagues successives gonflent le torrent, chaque ressac marqué par de nouveaux frémissements de ma belle. J’imagine la nacre brillante, la délicatesse rosée des nymphettes, dont j’aurais, vu ma position idéale, le tableau vivant si l’importun bikini ne m’en gâchait la vue dégagée.


Qui de nous deux fera disparaître le gêneur ?


C’est Ava qui cède ! Troussant sa robe, elle dénoue les ficelles du maillot sur ses hanches et, d’une pichenette, je libère le vêtement encore coincé dans le fessier : l’encombrant s’affale, volète vers le sol. J’ai sous les yeux l’amande veloutée, l’abricot satiné et ma bouche s’en empare. Ava sursaute au contact de ma langue, peut-être surprise par ce baiser qu’elle n’attendait pas, lâche un cri de surprise, se cabre d’abord avant de creuser ses reins plus encore, pour porter son fruit au plus près de ma bouche. Oui, je crois bien qu’elle n’avait pas imaginé ce baiser indécent, s’attendant plutôt à subir une fouille consciencieuse de doigts fripons ! Mais l’alternative visiblement ne lui déplaît pas, si j’en juge par les soupirs d’aise qu’elle laisse échapper. Je bois à la fontaine, lape goulûment l’hydro-miel, m’enivre de ses parfums. Mes mains s’accrochent désormais à ses hanches : mes doigts attendront avant de déclencher le cataclysme espéré. Si tant est qu’ils en auront l’occasion ! Glissée entre deux barreaux, effondrée vers l’avant, mains plaquées au tronc de l’arbre, Ava m’offre un passage si béant entre ses jambes, se cambre tant et si bien que ma langue ne tardera pas à conquérir le fameux promontoire sensible.


Et le contact sera cataclysmique : Ava se raidit brusquement, relève le buste, se statufie un instant avant de s’effondrer, pantelante. Elle tremble de tout son corps, ses pieds glissent des barreaux. Pliée en deux sur un échelon, elle gémit, rit, pleure tout à la fois, désarticulée, démantibulée.


Très vite, ma bouche a quitté sa vulve, je ne la touche plus, je veux la laisser savourer son bonheur. Sans doute aussi, qu’instinctivement, je veux éviter d’épuiser son désir, lui garder de l’influx pour plus tard. De toute façon, je n’ai pas le choix : elle est si chavirée par son orgasme qu’elle tomberait si je ne la tenais pas fermement.


Je suis ébahi, scotché, presque inquiet de la brutalité de son plaisir, je n’aurais jamais pu imaginer une telle violence, une telle puissance. Ces tremblements qui continuent encore et toujours à la secouer, ses pleurs mêlés de rire me sidèrent. Me sidèrent et m’enchantent : je sais déjà que porter à l’orgasme est un bonheur radieux, mais ce bonheur-là, celui qui la transporte à cet instant, est incommensurable, stupéfiant. Je suis heureux, et pas peu fier, je l’avoue. C’est moi, moi, qui viens de lui offrir ce cadeau ! Je me découvre un pouvoir surnaturel :

Je suis un géant !


Ava enfin se calme, s’extirpe d’entre les barreaux :


  • — Aide-moi à descendre ! balbutie-t-elle

Revenue sur la terre ferme, encore mal assurée sur ses jambes, elle me pousse doucement hors de la frondaison, nous place dans la lumière, m’embrasse tendrement en me soufflant un délicieux « merci ».

Mon Dieu, qu’elle belle ! Dieu que je suis heureux !


  • — Il y a une natte de raphia dans mon sac : assieds-toi.

Elle, en pleine lumière, fait glisser les épaulettes de sa robe chamarrée et reste immobile nue debout avec ta bouche rouge - Comme les piments rouges pendus sur le mur blanc, les seins ensoleillés dardant leurs guignolets fripons, ce ventre plat qui accentue l’insolence de son pubis renflé, cet affolant triangle de crins noirs qui contraste si puissamment avec le satin blanc de ses hanches, ce bénitier entrebâillé qui déploie insolemment la dentelle pourprée de son intimité.


Veut-elle ainsi me défier, veut-elle m’obliger à comprendre l’immensité du cadeau qu’elle fait, elle, fière reine de Saba à l’indigne vermisseau que je suis ? Non, sûrement pas, elle n’est nullement maligne. L’innocence déconcertante de son sourire achève de me convaincre : elle s’offre, simplement, m’offre sa beauté, son corps et sa tendresse.


Les fenêtres de ses yeux s’ouvrent en grand, et son mouvement de tête est explicite : je comprends et me déshabille prestement.


C’est une petite fille douce, presque timide encore, qui vient s’asseoir, puis s’allonger sur notre couche préméditée. Nos bouches se retrouvent, nos corps s’enroulent, nos mains s’égarent, papillonnent sur nos peaux hérissées. Si chaud qu’il soit, le soleil de juin n’égale en rien notre désir bouillant. Serrés l’un contre l’autre, entrelacés, embobinés, nos corps tressaillent sous chaque caresse, murmurent notre envie, claironnent notre désir.


Lorsque mes doigts viennent se couler entre ses cuisses, franchissent à peine le seuil de sa grotte à nouveau inondée, Ava bloque mon mouvement d’une main ferme.


  • — Je suis vierge, m’annonce-t-elle gravement.

Alerte, panique, peur ? Tout à la fois ! Va-t-elle se refuser ?

Je n’ai pas le temps de m’interroger longtemps, la pression de sa main s’est évanouie.


  • — Mais je prends la pilule ! avoue-t-elle avec un immense sourire.

Pilule, le mot magique, le sésame, le laissez-passer ultime en ces temps bénis qui n’imaginent pas l’horrible Sida. Pilule, l’étendard déployé des féministes, ivres de leur nouvelle liberté, de leur nouveau pouvoir.


La main d’Ava pousse mes doigts en elle, je détecte l’opercule, en teste la souplesse, mais quitte vite le temple scellé, pour ne pas insister, ne pas l’inquiéter, ne pas lui communiquer ma fébrilité. Mes mains, mes lèvres, ma bouche, repartent vagabonder sur ses courbes parfaites, apprivoisent les douceurs laiteuses de ses seins, en titillent les sombres fraises érigées. Chaque caresse, chaque léchouille, chaque baiser nous conduit inéluctablement vers le sentier lumineux, centuple notre désir, affole nos craintes.


Ava m’a attrapé la main qu’elle serre de toutes ses forces. Quelques instants encore, elle s’abandonne au concerto pour la main gauche que j’interprète avec passion. Elle est piano sur le clavier duquel mes phalanges actionnent de mystérieuses touches invisibles, elle est guitare ou contrebasse jazzy dont je pince les cordes sensibles, elle est bandonéon élastique qui ondule sous mes caresses.


Puis, elle m’attire sur elle.


Je ne suis pas bien fier à l’instant de forcer la porte du cénacle, j’arrive à peine à m’accrocher un sourire que je veux rassurant. Ava ne quitte plus mon regard, les yeux grands ouverts, elle attend l’instant fatidique, plus confiante que je n’aurais osé l’espérer, courageuse et déterminée.


En fait, elle n’aura pas même un sursaut, l’ombre d’un tressaillement, à la rupture du voile. C’est à peine si moi-même ai ressenti une faible résistance. Cette victoire indolore, Ava la salue d’un rire, son corps se détend, s’épanouit.


Débarrassée de ses craintes, ses yeux irradient de lumière, son corps impatient se presse à la rencontre de mon pieu, ses ongles s’enfoncent dans mes fesses. C’est elle qui imprime le rythme en roulant des hanches : à la marche tempérée du début succède vite un mambo chaloupé, y’a d’la rumba dans l’air, un twist désordonné nous emballe. Et quand tout devient rock’n’roll, faisant preuve d’une force insoupçonnée, Ava me bascule sur le dos sans perdre la connexion, se redresse, triomphante, et les seins empaumés par mes mains, elle saute et saute sur mon cierge ardent, danse, rebondit sur mes cuisses, hagarde, hallucinée et bienheureuse. Une furie !


Le plaisir nous prend, nous plonge dans l’osmose orgasmique. Je suis propulsé jusqu’aux plus hauts sommets de l’univers ! Ava elle aussi s’envole même si je la sens moins chavirée que précédemment. Mais ses tétons distendus, sa bouche tétanisée et le voile humide de ses yeux témoignent de son plaisir.


Il fait beau, on a chaud, le bonheur nous fusionne !




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Soyez gentils de ne pas m’en vouloir si je ne vous en dis pas davantage sur cette plénitude éblouissante. Vous les connaissez-vous aussi ces plaines verdoyantes inondées de lumière, ces fleuves de miel, ses chatoyants trous noirs de l’orgasme. Tout comme je ne vous parlerais pas non plus de notre bonheur à cet instant, ni de nos agaceries suivantes, nos tendresses, nos aveux, nos folies. Je me rends compte qu’il m’est plus facile de décrire, avec force détails des sexes turgides, des moules ennoyées et autres tétons avides d’être embouchés que je ne pourrais le faire de nos sentiments, de la fulgurance de notre amour, de notre symbiose.


Nous sommes tous fabriqués sur le même modèle et si le moule diffère, dans les grandes lignes, physiquement, le résultat est le même. Mais nos âmes, elles, sont uniques, nos ressentis, nos élans, nos faiblesses et nos forces font ce que nous sommes et je n’aurai pas ici l’impudeur d’en dévoiler davantage. Ces secrets n’appartiennent qu’à nous, Ava et moi, pour toujours, même aussi longtemps après. Il n’y a pas prescription, nos tendres secrets d’adolescents subjugués ne tomberont pas le domaine public.



Toujours est-il que j’ai vécu cette année-là, l’été le plus torride et le plus enivrant de ma vie. Même la présence de son père en août n’a pas freiné nos débordements. Bien loin de là.

Trop cool, en fait, ses dabs !




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Puis la mi-septembre est arrivée…


Fin de l’histoire ?

Séparation douloureuse, larmes et désespoir ?


Meuh non, bande de dépressifs ataviques !

Notre histoire s’est poursuivie : mon école de prépa ingénieur était à Lyon. Bonheur ! Petite piaule sous les combles, un petit chez-nous qu’Ava investissait chaque fin de semaine. Autant dire que les week-ends furent caniculaires tout l’hiver.


Et puis bon, oui, c’est vrai, l’habitude s’est installée, la routine dévastatrice et le quotidien dévorant ont affadi notre passion. Les week-ends se sont espacés, de plus en plus, de bonnes raisons en mauvaises excuses. Nos liens se sont distendus, dénoués, comme par inadvertance. Jusqu’au soir où, sur la terrasse d’un café, ç’a été « Salut les amoureux ». Sans cris, sans pleurs. Simplement. Dans le respect de chacun et en se promettant une amitié dont nous savions dès cet instant, l’un comme l’autre, qu’elle était parfaitement illusoire.



On n’a rien gravé dans le marbre

Mais j’avoue souvent y penser

Chaque fois que j’entends qu’un arbre

Est tombé


Un arbre, c’est vite fendu

Le bois, quelqu’un a dû le vendre

S’il savait le mal que j’ai eu

À descendre


D’ailleurs en suis-je descendu

De tous ces jeux de transparence,

Ces fruits dans les plis des tissus

Qui balancent ?


J’ai trouvé d’autres choses à faire

Et d’autres sourires à croiser

Mais une aussi belle lumière

Jamais


À la vitesse où le temps passe

Le miracle est que rien n’efface l’essentiel

Tout s’envole en ombre légère

Tout sauf ce goût de fièvre et de miel


Tout s’est envolé dans l’espace

Le sourire, la robe, l’arbre et l’échelle

À la vitesse où le temps passe

Rien, rien n’efface l’essentiel


J’ai trouvé d’autres choses à faire

Et d’autres sourires à croiser

Mais une si belle lumière

Jamais


Et voilà que, du sol où nous sommes,

Nous passons nos vies de mortels

À chercher ces portes qui donnent

Vers le ciel



Une si belle lumière, longtemps enfouie, presque oubliée, m’est restée au cœur. Une si belle lumière que la chanson du troubadour occitan un jour a ranimée et qui se rallume de loin en loin, au hasard des choix aléatoires du système audio de ma voiture. Parfois, la chanson ne suscite qu’un petit sourire, une chaleur passagère ; mais d’autres fois, comme aujourd’hui, elle réchauffe plus en profondeur.


Par bonheur, pour mon bonheur, j’ai trouvé, peu de temps après Ava en fait, une autre lumière. Une lumière plus belle encore, plus vive et plus forte, qui m’illumine sans faillir depuis plus de trente ans désormais. Une belle lumière et sa kyrielle de lampions, et ses adorables loupiots plus ou moins bouclés, indisciplinés, qui me mènent par le bout du nez et sont le miel de ma vie.


Je n’ai jamais revu Ava et c’est bien mieux ainsi. Des retrouvailles auraient sans doute soufflé la belle lumière.


Aucun regret donc, pas même une véritable nostalgie.

Mais l’histoire était belle !

Pourquoi faudrait-il la glisser sous l’éteignoir ?



PS :

Le cerisier a échappé à la hache, il est toujours debout. Son tronc s’est épaissi, (le mien aussi !), et nous partageons désormais les mêmes rides. Mais quelle chance d’avoir connu ce fruitier magique !


Magique ? Oh oui, magique !


Vous connaissez, vous, un cerisier qui, outre ses bigarreaux, offre, dans ses branches basses, des pommes Golden, un abricot Bergeron, et plus haut dans la ramure, deux poires Duchesse et leurs fraises de Plougastel ? Une salade de fruits, jolie, jolie, jolie dont je n’oublierai jamais le goût de fièvre et de sucre).



PS2 :

Désolé les cocos, le jeu est fini : cessez vos sarcasmes et moqueries, il n’y a rien d’autobiographique dans cette histoire…


Quoique…




Francis Cabrel – La robe et l’Échelle - https : //www. Youtube. Com/watch ? v=t28mqprXOXE

Puisse-t-il ne pas trop m’en tenir rigueur si d’aventure il découvrait un jour ce texte




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1. Mistral gagnant – Renaud, 1985, mais vous aviez reconnu !


2. Clin d’œil à Garcimore qui nous a bien amusés dans ces années-là. C’était plus tard ? 1980 ! Y m’énerve ! Et alors, vos souvenirs sont toujours parfaits et chrono-concordants peut-être ? Et Tac ! (et Tac-tac, faut pas oublier la 2° shouris)


3. J’ai encore rêvé d’elle – Il Était Une Fois, LE tube de l’été 1975


4. L’amour, l’amour, l’amour – Marcel Mouloudji – 1951 - Merci à Inter d’avoir exhumé cette tendresse


5. Vous avez trouvé ! Chapeau bas ! Poème « Dans ma maison » de Jacques Prévert, mis en musique par Wladimir Cosma pour Yves Montand (1962)


6. Salade de Fruits – Bourvil (1959) : une gentille chansonnette à laquelle j’ai toujours préféré cependant « La Ballade Irlandaise »