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Temps de lecture estimé : 28 mn
11/11/18
corrigé 06/06/21
Présentation:  Pour changer, un texte en forme de carnet de voyage
Résumé:  Une australienne, un français et un van Combi VW, que demander de plus pour une agréable balade ? Enfin, peut-être...
Critères:  fh inconnu voyage bateau amour jalousie cérébral pénétratio mélo portrait policier aventure -aventure -amouroman
Auteur : Charlie67            Envoi mini-message
La balade australienne

La balade australienne



À bord du bateau de croisière, Hubert regardait Cap Town disparaître à l’horizon. On devinait encore « The Table », la montagne qui surplombe la ville, noyée dans les brumes australes.


Un an en Afrique du Sud cela suffisait, il était heureux de partir pour l’Australie. Il avait dû se séparer de sa « Land » qui lui avait été fidèle depuis la France, quatre années plus tôt. Il avait réussi à en tirer quinze mille rands, mille cinq cent dollars australiens. Il arriverait bien à trouver une guimbarde pour ce prix-là, une fois arrivé à Perth.


Une année très longue à la mine Koffiefontein.


Un an à conduire un énorme dumper pour sortir le minerai de son trou, le benner dans le concasseur, puis repartir vers les entrailles de la terre pour reprendre un chargement.


Un an, la peur au ventre le long de ces parois abruptes et vertigineuses où la moindre faute est fatale.


Un an à être le nègre blanc, dédaigné par les afrikaners qui le considéraient comme un sous-homme, rejeté par les blacks qui ne lui adressaient même pas la parole.


Un an, cela suffisait.


Il quitta le bastingage pour rejoindre son poste, la plonge, dans les cuisines. Il fallait bien payer le voyage ! Le travail n’était pas difficile, laver des assiettes laissait l’esprit libre. La pensée pouvait divaguer. La mémoire pouvait travailler, se remémorer, penser à elle.


« Marie-Élisabeth, ce bête accident de la route. Vraiment très bête, surtout pour elle. »


Les assiettes étaient nombreuses, mais la traversée relativement courte. Une fois descendu du bateau par l’échelle de coupée et arrivé sur le port de Perth, il posa son sac marin et s’assit dessus. Il prit son smartphone et se géolocalisa. « Bon, je suis à Perth et maintenant, je vais où ? » Sur son écran, il fit un zoom arrière pour voir toute la carte du continent austral.


Je vais où ?


Un nom semblait plaisant, Darwin. Il ne connaissait pas la ville, mais peu importe, il était là pour découvrir. Et puis, Darwin, la théorie de l’évolution… Ses années estudiantines dans son école d’ingénieur à s’enflammer pour toutes nouvelles connaissances. Plus rien à en foutre, à l’heure actuelle ! L’important, maintenant, était de trouver une voiture.


Assis sur son sac marin, il ne la vit pas arriver.



Hubert leva les yeux et considéra la fille. Vêtue d’un mini short en jean effrangé et d’un débardeur qui a dû être blanc un jour, elle le regardait effrontément.



Il la regarda encore, un peu soignée, elle aurait pu être attirante. Là, elle était juste… sale… !



Elle se laissa tomber à côté de lui et s’assit sur le sac marin.



Il la regarda à nouveau, mais ne lui répondit pas. Il se replongea dans l’écran de son smartphone et la carte qu’il affichait.



Il l’examina encore une fois. Une fille paumée comme il doit y en avoir dans tous les ports du monde. Une fille tout de même, un être humain. Il lui demanda :



Hubert se releva et prit son sac marin. Ce faisant, il fit choir la fille au sol. Il jeta le sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie du port. Il sentit rapidement que la nana était toujours derrière lui.



Il s’arrêta, se retourna et la regarda à nouveau.



Hubert partit d’un grand rire. Il ne déboursa pas un centime, mais elle le fit sortir par une porte discrète. Elle l’amena aussi dans un terrain vague, où tel un caravansérail, s’étalait une quantité de vans dont un bon nombre étaient à vendre. Hubert parcourut le terrain et tomba en arrêt devant un Combi Transporter. Un T1, un Split, pour lequel les collectionneurs européens se battraient. Il était affiché à deux cent dollars et, bien qu’en très mauvais état, il l’acheta.


Trois jours de mécanique, un bon nombre de pièces à changer et le combi avait retrouvé une nouvelle jeunesse. Cela lui avait coûté cinq cent dollars de pièces, mais le véhicule était en état de marche. Pas un bolide, mais pas grave, quand on n’est pas pressé. Encore deux cent dollars pour la Rego (La « registration », carte grise et assurance, chez nous) et il pourrait partir.


La fille était restée là pendant tout ce temps, assise à l’ombre à le regarder travailler. Le premier jour, à la mi-journée, elle était allée jusqu’à la station-service et en revint avec deux sandwiches et deux bières fraîches. Hubert l’avait remerciée d’un geste de la main. Le soir, ils se dirigèrent tous les deux vers ce même commerce pour y faire un brin de toilette. Passant devant le drugstore, il lui tendit un billet de 20 dollars et lui dit :



Elle le regarda, prit le billet et ne dit rien.



Elle sourit, haussa les épaules, lui tourna le dos et entra dans le magasin. Il ressortit le premier et retourna vers le combi. Il s’assit à l’ombre, le dos contre la carrosserie encore brûlante et regardant alentour : cette concentration de véhicules hétéroclites et de gens bigarrés avait un côté sécurisant. Il se sentait bien, au milieu de cette assemblée de hippies sur le retour, d’aventuriers velléitaires et de SDF, eux, biens réels. Hubert ne choquait pas dans ce milieu, avec sa haute stature, ses cheveux longs et sa barbe brune, son habillement à peine moins dépenaillé que ses congénères, quelques cicatrices et un visage buriné par le soleil le classaient dans les aventuriers. Il ne restait plus grand-chose du jeune ingénieur, major de sa promotion, et toujours propre sur lui. Le jeune cadre dynamique avait fait place à cet homme rompu à tous les aléas de la vie.



La fille remontait le chemin qui menait à la station, son sac en bandoulière sur l’épaule droite et un autre en papier kraft dans le creux de son bras gauche. Elle s’était lavée et changée. Elle portait maintenant un mini short rose et un débardeur bleu ciel qui semblaient parfaitement propres.



Le barbecue fut tout compte fait agréable. Une fois grillée, la viande était forte, mais délicieuse. La fille avait pris trop de ravitaillement, l’odeur attira de nouveaux convives et, qui apportant de la bière, qui apportant du vin, la soirée fut festive et scella leur intégration dans ce bidonville.


Ils se couchèrent dans le combi. Hubert laissa le lit à la fille. Lui, s’enroula dans son duvet et se coucha au sol pour une supposée bonne nuit. Elle s’était dévêtue mais, assez agitée sur sa couchette qui le surplombait, elle laissait maintenant voir à l’homme la blancheur de ses fesses. Il ne pouvait en détacher ses yeux !


Combien de temps depuis la dernière fois qu’il avait fait l’amour ? C’était avec Manou, au Sénégal. Combien de temps, il ne savait plus, deux ans au moins, peut-être même trois. Il revoyait le cul callipyge de la blackette, ce fessier fessu dont les vibrations auraient réveillé un mort et qu’elle lui offrait généreusement et régulièrement.


Il n’avait devant lui que ces fesses blanches d’Aussie (1), cette raie qui obligeait le regard à poursuivre son chemin vers la touffe. Trente dollars et elle est à toi. Trente dollars et tu baises ! Cette idée même le calma. Il se releva et sortit de la camionnette. Il s’adossa à la carrosserie, maintenant rafraîchie par la nuit. Dans le ciel limpide et étoilé, il chercha la croix du Sud et ne la trouva pas.


Il se caressa en pensant à ce cul tout blanc. Aussi blanc que celui de Marie- Élisabeth. Le cul tout blanc de sa femme qu’elle savait si bien orner de soies et de dentelles. Il se masturba longuement en regardant ce ciel noir, « noir comme les guêpières et les bas de Marie-Élisabeth ; noir comme l’âme de Marie-Élisabeth ».


Il repéra soudain la petite constellation, tout près du centaure, avec son petit amas d’étoiles que l’on appelle « la boîte à bijoux ». On la devinait à peine. Définitivement, la soirée serait frustrante, il se recoucha avec pour seule lune, celle offerte par la fille, avec pour seuls rêves, des copulations imaginaires.


Après ces trois jours et une fois le van en état de marche, l’heure du départ avait sonné. Quelques mains serrées, quelques tapes sur l’épaule, quelques bises et beaucoup de good luck. Dans quelques jours, il ne resterait rien dans son souvenir de ces bonnes têtes haves et hirsutes. Il lui fallait faire ses adieux à la fille. Il l’aimait bien, cette nana. Il avait pris l’habitude de la voir. Ils se regardèrent un moment, aussi gênés l’un que l’autre. Elle lui dit :



Ils ne se dirent rien pendant un petit moment, puis elle reprit :



D’autorité, elle s’installa au volant et en sortant le buste par la portière, elle lui dit :



Il secoua la tête comme pour marquer son dépit, mais bien content qu’elle ait pris la décision.



Ils sortirent de la ville par la Great EasternHighway en direction de Northam et trouvèrent une aire de repos pour y passer la nuit. Le contraste entre la modernité de la ville et la ruralité de son environnement était brutal et saisissant. Le ruban de bitume s’étendait à perte de vue, monotone. Monotone, comme ce paysage fait d’un plateau uniforme, à peine décoré de bosquets rabougris et d’une herbe jaune, attendant désespérément une averse salvatrice.


Nancy avait roulé toute la journée et au crépuscule, fatiguée, sortit du véhicule pour faire une toilette complète. À quelques pas d’elle, Hubert profitait de la légère baisse des températures. Assis sur une caisse, il rêvassait et la regardait.


Sa compagne de voyage, dévêtue pour sa toilette, lui présentait son dos nu d’une blancheur laiteuse qui contrastait avec ses jambes et ses bras, tannés par l’intense soleil austral. Il suivait tous les gestes d’hygiène qu’elle faisait. Il devinait le passage de la main sur les seins puis la descente vers le pubis. Quand, telle une cavalière, elle arqua les jambes et qu’il vit sa dextre, armée d’un linge, aller et venir dans cette fente proscrite, et insister sur le nettoyage des orifices prometteurs, une violente érection le saisit.


Nancy s’essuya, s’enroula dans un drap de bain puis se dirigeant vers lui, elle lui demanda :



Il regarda son visage rieur, sa bouille, pensa-t-il, tellement elle respirait la jeunesse et la confiance. Son bel ovale était rehaussé par des yeux d’un bleu profond et qui, très légèrement bridés, lui donnaient un air continuellement joyeux. Son nez en trompette surmontait une bouche charnue. Ses cheveux raides et blondis par l’insolation complétaient cet agréable tableau. Belle, probablement pas à la manière des femmes accomplies qu’il avait connues, non, elle était… charmante, voilà le mot. Il ne répondit pas à son interpellation, mais lui fit un sourire. Elle déposa un léger baiser sur son front et rentra dans le van.


« Le visage de Marie-Élisabeth s’imposa dans son esprit, tout le contraire de Nancy. La femme accomplie, c’était elle, aussi élégante en robe de soirée que quand elle enfilait sa combinaison de coureuse automobile. Tout lui réussissait, autant à la ville que sur les pistes des rallyes. Sa notoriété, le fait que ce soit une femme qui gagne lui apportait tout, absolument tout. Mais pour elle, TOUT n’était pas encore assez et un mari ne lui suffisait pas. Il lui fallait aussi son beau-frère, Antoine, le demi-frère d’Hubert.


C’est la femme de celui-ci qui lui avait ouvert les yeux. S’il ne les avait pas vus dans cette maison de campagne, il ne l’aurait pas cru : Marie-Élisabeth avait toujours été exigeante au lit et les jours sans, étaient rares, très rares. Elle avait toujours été impétueuse, mais là, elle se comportait comme une furie. Quand il commença à les observer, elle chevauchait Antoine, allongé au sol, et comme une grenouille, jouant de la souplesse de ses jambes, elle montait et redescendait sur la hampe érigée. Pas encore satisfaite, elle avait abandonné le dard pour poser son con sur la bouche de son partenaire et, à califourchon sur lui, elle l’obligeait à la lécher, quitte à l’étouffer. Sous l’effet de l’excitation, elle dodelinait violement de la tête, ruinant au passage son impeccable brushing. Son amant reprit l’initiative et l’obligea à passer en levrette mais, quand lui visait l’antre naturel, elle, prenant le sexe à pleine main, le dirigea vers son anus et d’une forte poussée vers l’arrière, s’empala jusqu’à la garde. »


La nuit était noire et propice à toutes les rêveries, sa propre histoire le hantait et lui revenait souvent à l’esprit.

Il repensait à la France, Paris lui manquait avec ses gens pressés et mesquins qui vous ignorent. L’entreprise aussi, même s’il avait tout vendu avant de partir. La mécanique lui manquait, entendre le feulement de ces moteurs qui se transformaient en puissants rugissements quand, comme une bête fauve, la voiture s’élançait. Plancher pendant des jours avec les mécanos pour trouver le bon réglage, la petite astuce qui avait toujours fait la supériorité de la marque, en course. Une marque créée par son grand-père qui lui avait donné ce goût de la perfection mécanique.


La brusque fraîcheur le fit frissonner, les bruits divers des animaux peuplaient la nuit. Peut-être l’aboi bref d’un dingo ou le frottement d’un serpent. Tout un monde autour de lui, la vie et la mort, manger ou être manger, juste survivre… comme lui !


En entrant dans le van, il vit Nancy couchée et lui tournant le dos. Il avait envie d’elle, terriblement envie. Il posa sa main sur l’épaule dénudée dépassant de la couverture. Une main attrapa son poignet et tira violemment. Le geste la fit pivoter sur le dos et le précipita vers elle ; arc-bouté, il avait le visage à vingt centimètres de celui de la fille :



Il se pencha un peu plus et posa ses lèvres sur les siennes. Elle entoura son cou de son bras et le fit basculer sur elle. Déjà ses jambes s’écartaient pour l’accueillir, sa main explora la fermeture du short, l’ouvrit et chercha ce sexe tellement convoité et dont la raideur l’excita. Elle était prête, elle attendait cette pénétration et quand elle l’obtint, elle partit presque immédiatement dans les plus hautes sphères du plaisir et le cria. Hubert, trop longtemps abstinent, éjacula très rapidement, mais y trouva aussi son plaisir. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.


Ils continuèrent par petites étapes jusqu’à Coolgardie où ils arrivèrent une semaine plus tard. Des trucks les dépassaient de temps à autre en manifestant leur réprobation sur leur lenteur, à grand coups de trompes. À la sortie de la ville, ils s’arrêtèrent dans une station-service pour refaire le plein d’essence et d’eau. Le paysage était depuis longtemps pelé, il n’y avait plus beaucoup de végétation, l’herbe rabougrie avait du mal à masquer cette terre ocre qui donnait un ton uniformément sableux à l’environnement.


Ils entrèrent dans la station et commandèrent deux bières fraîches, un luxe quand on voyage dans cette canicule permanente. Le drugstore de la station était vide de clientèle. Le caissier n’arrêtait pas de dévisager Nancy. À un moment, il quitta sa caisse et se dirigea vers un tableau à côté de l’entrée. Elle lui tournait le dos et ne pouvait donc rien voir, mais, Hubert suivit son manège. Un bref instant, ils se regardèrent dans les yeux, le tenancier les baissa rapidement, comme gêné. Une fois les bières terminées, Hubert donna un billet de cinquante dollars à sa compagne.



Nancy fit le tour des rayons. Pendant ce temps, Hubert s’arrêta à côté de la porte, près du tableau d’affichage et s’y intéressa. Il y avait, bien sûr, les annonces de ventes de matériels divers, les offres ou demandes pour un job et, sur un côté, trois affiches émanant de la police. Il s’intéressa à l’une d’elle, représentant une jeune femme stylée, très bourgeoise, parfaitement permanentée, en veste de tailleur et chemisier à jabot, les yeux et la bouche artistiquement maquillés, les oreilles ornées de pendants et le cou, d’un double rang de perles.


Peut-être ! Peut-être pas ?

On recherchait Jennifer Nelson.


L’affiche annonçait que la famille Nelson offrait cent mille dollars à toutes personnes qui permettraient son arrestation.

Peut-être qu’en enlevant tous les artifices… Peut-être…


Nancy revenait vers lui avec l’inévitable sac en papier kraft empli des victuailles.



Hubert prit le sachet et se dirigea vers le van. Une fois la porte latérale ouverte, il jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule et se précipita vers le sac de son amie. En dessous des inévitables culottes, shorts et débardeurs, il tomba rapidement sur un fusil.


Un fusil à pompe genre Fabarm, version courte pour le faire entrer dans le sac. Il y avait aussi deux boîtes de cartouches. En continuant sa fouille, il trouva un carnet de traveler’s chèques pour au moins cinq mille dollars, accompagné d’un passeport. Il l’ouvrit fébrilement, il était au nom de Jennifer Nancy Monroe.



La voix le fit sursauter et se retourner. D’un seul coup d’œil, il vit sa compagne et, plus loin, le caissier, sur le pas de sa porte qui les regardait intensément.



Nancy se retourna et examina l’employé.



Hubert prit le volant et démarra immédiatement. Il voulait continuer leur route, mais la fille lui dit de prendre à droite vers Widgiemooltha. Ils continuèrent encore deux kilomètres quand elle repéra un bosquet, accessible par un chemin caillouteux. Ils s’y engagèrent et cachèrent le van derrière les arbustes. Nancy prit son compagnon par la main et l’entraîna à couvert de la végétation, dans un poste d’observation indétectable.



Ils attendirent bien vingt minutes, quand un pick-up de la police passa à très vive allure. Nancy entraîna immédiatement Hubert vers leur véhicule. Ils réempruntèrent la route en sens inverse et arrivés à l’intersection, reprirent la route normale vers Kargoorlie.


Hubert roula « à tombeau ouvert » tellement il avait envie de mettre de la distance entre la police et eux. Ils firent près de trois cent kilomètres, dépassèrent Kargoolie et se dirigèrent, à travers l’outback vers Menzies. Le jour déclinant, Nancy repéra un endroit où camper et incita le chauffeur à s’arrêter.



Il se tourna vers elle, interrogatif :



Il obtempéra donc. Arrêté, il posa ses mains sur le volant, regarda sa passagère et lui demanda :



L’accrochant par le col de la chemisette, elle l’entraîna vers l’arrière du Transporter et lui dit :





La tourmente passée, Hubert alluma le sempiternel bbq pour le tout aussi habituel steak de kangou. Le rougeoiement des flammes éclairait leurs visages d’un halo vacillant. L’heure était aux explications. Il déchiquetait la viande à belles dents et la regardait. Elle, grignotait à peine et l’observait à la dérobée.



Elle tergiversa un petit moment, puis lui avoua :



Hubert la regarda un grand moment, certains souvenirs revenants à la surface.



Nancy avait maintenant de grands yeux apeurés, des yeux quémandant un soutien.



Hubert enveloppa de son bras les épaules de la fille et elle éclata en sanglots. La première faiblesse qu’elle manifestait depuis leur rencontre. Elle nicha son visage dans sa poitrine.



Hubert était interloqué. Les événements sordides se multipliaient dans sa vie. Nancy sanglotait doucement, blottie contre lui. Il ne connaissait pas son histoire. Il repensait à la sienne. Celle qu’il avait laissée derrière lui, il y a bien des années.



« Ce jour où son père avait fait irruption dans son bureau, furax.


  • — Hubert, j’ai besoin de ta voiture, la mienne est en rade. C’est bien la peine d’être patron d’une écurie de course et d’avoir sa voiture en panne.

Il tendit ses clefs à son père et sa mère qui le suivait, l’embrassa et lui dit tendrement :


  • — Ne travaille pas trop, mon chéri, je te trouve fatigué en ce moment.

Il lui répondit sur un ton excédé.


  • — Mais non, maman, laisse-moi, je vais bien !

S’il avait su que c’était la dernière fois qu’il la voyait, il l’aurait serrée dans ses bras, fort. Très fort.


Mais il ne savait pas ! »




Les sanglots de Nancy s’apaisaient petit à petit. Elle releva les yeux vers lui.



Il ne répondit pas immédiatement, la considéra longuement, puis lui dit :



Ils s’endormirent ainsi, Nancy sur la poitrine d’Hubert. Chacun, la tête peuplée de ses propres rêves.


Ils passèrent Leonora, la ville des mines d’or et continuèrent leur route au milieu de ce paysage semi désertique où la latérite donnait cette persistante couleur rouge sombre. La chaleur était accablante, mais ils s’arrêtaient peu. Leur but était maintenant de rejoindre Darwin le plus rapidement possible. Ils piquèrent vers la côte, plus peuplée, où ils se fondraient dans la masse. La route, longue et monotone commençait à les exaspérer.


L’aire de repos où ils s’étaient arrêtés cette nuit-là, n’avait rien de particulier, une parmi tant d’autres. Toujours la même chose, des pistes pulvérulentes, une végétation quasi inexistante et des toilettes sèches. Seule touche de civilisation dans cette immensité rougeoyante.


Une aire de repos calme, où ils passèrent une soirée agréable et une nuit reposante. Complètement reposante, si à l’aube, une pétarade de motos n’avait troublé leur quiétude. Le bruit fit sursauter Nancy. Elle jeta un regard vers l’extérieur puis réveilla Hubert :



Hubert observa aussi l’extérieur et ce qu’il vit ne le rassura pas. Deux hommes à l’allure équivoque venaient de béquiller des motos tout terrain et regardaient dans leur direction. Il remarqua aussi que les trucks, garés ici hier soir, étaient déjà repartis. Ils étaient donc seuls.


Elle lui expliqua sa stratégie et il l’accepta. Il prit son coutelas, le passa dans la ceinture de son short, puis sorti du van et s’en éloigna un peu. Les deux hommes le suivaient du regard. Après une longue minute, ils se détachèrent de leurs motos et se dirigèrent vers lui.



Hubert entendit le léger bruit que faisait la porte arrière du van, Nancy venait probablement d’en sortir. Selon les consignes qu’elle lui avait données, il s’écarta encore d’une vingtaine de mètres du véhicule.



Il voyait maintenant, dans le dos des loubards, Nancy qui courrait de bosquets en bosquets pour se positionner.



Les malfrats réagirent immédiatement, l’un s’armant d’un couteau à cran d’arrêt et l’autre sortant d’une de ses basques une chaîne de tronçonneuse, qu’il fit tourner autour de sa main gantée de cuir. Ils s’écartèrent pour prendre le français en tenaille.



Le caïd n’avait pas terminé sa phrase que deux détonations assourdissantes retentirent. Les agresseurs se retournèrent juste à temps pour voir leurs motos basculer, moteurs éclatés. Ils voulurent se précipiter quand une balle tirée au sol à un mètre de leurs pieds les arrêta net.



Elle était à vingt mètres d’eux et les tenait en joue. Ils savaient qu’ils n’auraient aucune chance de la neutraliser, son arme était puissante et elle avait l’air de savoir s’en servir.



Les hommes se regardèrent, puis dans un mouvement commun, ils enlevèrent leurs bottes de cuir.



Les voyous s’exécutèrent encore une fois en maugréant.



Ils se regardèrent à nouveau et une nette résistance se lisait dans leurs yeux. Faire voir leurs attributs, ils voulaient bien, mais pas quand ils étaient en position d’infériorité. D’une voix sèche, Nancy continua :



Les hommes s’exécutèrent encore une fois.



Les hommes, leurs bijoux à l’air, avaient perdu de leur superbe et se dirigèrent docilement vers les carcasses de leurs motos.



Nancy contourna les voyous en les tenant toujours en joue. Hubert et elle montèrent dans le van et ils reprirent leur route. Pendant toute la manœuvre du départ, Nancy continuait à pointer son arme menaçante sur leurs agresseurs. Une fois sur la grand route, elle posa son fusil et donnant comme un coup de poing dans le vide, elle partit d’un tonitruant « Yes » !


On aurait pu croire qu’elle était heureuse de leur mésaventure. Hubert la regardait du coin de l’œil, un peu inquiet. Ils firent une cinquantaine de kilomètres et, à la prochaine aire de repos, elle lui demanda de s’arrêter. La passagère regardait son chauffeur intensément.




Après la chevauchée, Nancy s’assoupit un moment sur la poitrine d’Hubert. Comme souvent, dans leurs joutes sexuelles, c’est elle qui produisait les plus gros efforts. Lui, habituellement se laissait faire. Une constante chez lui !


« Il revoyait Marie-Élisabeth lors de leurs ébats, toujours impétueuse et inventive, c’était elle qui menait la vie sexuelle de leur couple. Était-ce une raison pour qu’elle veuille le tuer ? Sûrement pas se dit-il, il fallait chercher plus loin. Hubert n’avait pas compris tout de suite quand la police lui avait dit que sa voiture avait été sabotée. Quand son père et sa mère étaient morts de n’avoir pas pu freiner pour aborder ce virage, il s’était tout de suite posé des questions. Un accident très bête, vraiment très bête. Comment un ex-pilote professionnel comme son père avait pu avoir ce genre d’accident ? Impossible sans un sabotage.


La police et les magistrats n’ont pas su interpréter les indices. D’ailleurs, il ne leur avait rien dit. Il avait été mis en garde à vue pendant toute une journée. Évidemment, c’était sa voiture et c’était lui et lui seul qui héritait de l’entreprise. Mais les instances judiciaires s’étaient vite rendues compte que de toute façon, il était déjà le patron et qu’il n’avait aucun intérêt à tuer ses parents. Résultat : abandon des poursuites et affaire classée sans suite.


Classée sans suite… Mais pas pour lui ! »



Ils reprirent la route, non sans s’être débarrassés des affaires des loubards. Après quelques jours, ils rejoignirent la First NorthemHighway qui longeait la côte nord de l’île-continent. Leur but, Darwin, approchait à grands pas.


Pourquoi ce ralentissement tout à coup sur cette route désertique ? Hubert ne comprenait pas, surtout que la nervosité de Nancy était grandissante.



La file de voiture et de camions avançait très lentement. Les policiers étaient très nombreux et contrôlaient les véhicules sur une vaste aire en terre battue. Un premier représentant des forces de l’ordre les guidait vers les collègues qui procédaient au contrôle.


Nancy était déjà passée à l’arrière et avait récupéré son fusil à pompe. L’arme attendait maintenant sagement sur le plancher, côté passager. L’opération de police se déroulait tranquillement, quoique, un conducteur plus véhément que d’autres concentrait l’attention. Beaucoup de regards s’orientaient vers ce lieu de conflit.


Le combi arrêté, Hubert ouvrit la portière conducteur où un flic se présenta, l’œil encore attiré par la scène conflictuelle.



Le représentant des forces de l’ordre suspendit sa demande en sentant un canon de fusil s’enfoncer dans son ventre. Il avait maintenant les beaux sourires d’Hubert et de Nancy en face de lui. Cette dernière lui demanda :



Hubert observait l’extérieur et toute l’attention des policiers était concentrée sur le chauffeur récalcitrant. Une fois le policier couché à ses pieds, doucement, très doucement, le van quitta son aire d’arrêt dans l’indifférence générale. Pendant ce temps, Nancy utilisait les menottes accrochées à la ceinture du flic pour l’entraver. Elle le délesta bien sûr de son arme de service. Ils continuèrent tranquillement leur route pendant quelques kilomètres, jusqu’à ce que Nancy intime l’ordre à Hubert de s’arrêter sur une aire de repos.


Nancy avait le sang bouillonnant et mit Hubert à contribution. Le flic regarda avec effarement les deux jeunes gens copuler sans que l’idée même d’une quelconque gène ne les préoccupe. Comme à son habitude, Nancy chevauchait son partenaire et donnait à leur union un rythme endiablé. Après quelques minutes, elle s’écroula sur lui, satisfaite.


Hubert tenait Nancy dans ses bras et la laissait s’assoupir. Ce contrôle de police était ennuyeux, mais ne changeait pas fondamentalement ses plans. Il se rappela la présence du fonctionnaire. Il était assis les mains menottées dans le dos et les pieds liés, attachés à la couchette. Il avait le regard vaincu et craintif. Hubert connaissait ce regard il l’avait déjà vu, un regard qui a peur de la mort.


« Ce regard, c’était celui de Marie-Élisabeth quand il avait porté ses mains à son cou et avait serré. Elle lui avait facilement avoué que c’était à son instigation qu’Antoine avait saboté sa voiture. C’est avec arrogance qu’elle lui avait dit qu’elle avait voulu le tuer, lui, car il avait demandé le divorce à ses torts exclusifs. Elle le toisa quand elle lui dit qu’elle n’était pas prête à abandonner cette vie luxueuse. De rage, il sera fort, très fort jusqu’à ce que son épouse ne soit qu’une poupée de chiffon entre ses mains. »


Hubert regardait le flic, qu’allaient ils en faire ? Il ne savait pas encore, mais il ne pouvait pas le libérer sur le champ. Il connaissait leur véhicule et leurs visages, ils ne feraient pas cent mètres avant d’être pris. Il ne voulait pas le tuer non plus, avoir tué une personne dans sa vie, cela lui suffisait amplement ! Et puis, quand on tue quelqu’un, il est préférable de dissimuler le corps. Ici, il n’avait aucune idée sur la manière de faire.



« Pour Marie-Élisabeth, la chose avait été plus simple. La propriété était immense, faisait plusieurs dizaines d’hectares. Sur ce plateau karstique, deux ans plus tôt, une igue s’était formée au fond d’une doline. Vu le danger qu’elle représentait, Hubert avait prévu de la combler. Les roches, les matériaux de remblai et la pelle hydraulique étaient sur place. Il lui suffit d’y pousser la voiture et sa conductrice, ainsi que quelques valises et vêtements. Marie-Élisabeth reposait depuis sous trente mètres de cailloux. La signalisation de sa disparition (et l’enquête qui s’en suivit) fut bien évidement classée sans suite, bien que la maréchaussée commença à regarder Hubert d’un œil torve. »



Non, il n’avait rien à reprocher à cet homme, même s’il risquait de lui nuire, cela ne suffisait pas pour l’éliminer. Encore deux jours jusqu’à Darwin, c’était jouable.


L’arrivée vers la capitale des territoires du nord se fit par Palmerston, ville éminemment calme et résidentielle. Un van Combi VW ne pouvait qu’éveiller les soupçons, il fallut donc rapidement passer et surtout se faire oublier.


Hubert, Nancy et leur fonctionnaire captif, se retrouvèrent donc dans cette métropole qui n’en a que le nom. La situation de la ville, entre équateur et tropique du Capricorne ne lui donne que deux saisons : Dry and Wet… ! Dry, il fait chaud et sec, Wet, il fait chaud et humide. La constante, c’est la chaleur.


Une chaleur omniprésente et accablante. Accablante au point de marquer les esprits. La chaleur ralentit tout. La chaleur anesthésie tout. Bien sûr, pas question de baignades pour se rafraîchir, entre méduses et crocodiles marins, les plages, sauf quelques-unes telles Mindil Beach, ne sont pas hospitalières. Qu’importe, ce sont, justement, ces genres d’endroits qui accepteraient leur transhumance. Perth était cosmopolite, mais Darwin l’était bien plus. Le centre-ville était certes moderne, mais cela était surtout dû aux cyclones récurrents qui, à échéances rapprochées, détruisaient tout sur leur passage. Ce n’était pas cette partie-là qui les intéressaient.


Ils cherchaient plutôt l’endroit où étaient les backpackers, tous ces routards, ces pseudos aventuriers qui viennent chercher un petit frisson et la douceur de vivre dans les territoires du nord. C’était le meilleur moyen pour eux de passer inaperçus et de glaner quelques renseignements sur les possibilités d’embarquer discrètement vers le Timor ou l’Indonésie.


La chose fut plus aisée qu’il n’y paraissait. Il était possible d’embarquer sur un de ces petits yachts mouillants au port de plaisance. Ces capitaines étaient tout autant « bohème » que toute cette faune qui squattait la ville, mais eux avaient besoin de plus d’argent pour faire fonctionner leur bateau. Un petit passage clandestin contre une bonne rétribution arrangeait bien leur affaire. Erik, un batave en errance depuis plusieurs années était l’homme de la situation. Il avait quitté les polders de son enfance avec femme et enfants pour un tour du monde qui durait maintenant plus de six ans. Le reste de sa famille s’étant lassé, était rentré au pays. Lui continuait, il errait d’îles en îles et vivait de petits trafics.



La transaction fut « topée » pour 5000 dollars US. Et l’embarquement se ferait le lendemain soir. Il ne leur restait plus qu’à trouver l’argent.



Elle observa alors son compagnon opérer une lente transformation. Il commençait par un lavage méticuleux du corps et des cheveux, puis, extraction du sac marin d’un costume de toile et d’une chemise beige suivi d’un fer à repasser de voyage. L’australienne le regardait œuvrer : il se peigna les cheveux, avec une raie légèrement sur le côté et retenus à l’arrière par un catogan. Il s’attaqua ensuite à la barbe qu’il rectifia pour lui donner un côté soigné. Une fois habillé, il avait tout l’air du bourgeois bohème en virée touristique.


Hubert tira ensuite de son sac un livre, une vieille édition brochée à couverture épaisse. Très délicatement, à l’aide d’un fin couteau, il incisa la reliure et, tel un magicien, d’un mouvement de la main et d’un sourire narquois, fit apparaître un rectangle de plastique, une carte de crédit. Quand il sortit de la camionnette, Nancy lui demanda :



Hubert avait quelque argent de côté, suite à la vente de l’entreprise, argent qu’il avait remisé dans une banque à Dover dans l’état du Delaware. Cet état, malgré sa situation aux États-Unis, est des plus hospitaliers, avec une législation aussi accueillante pour les entreprises que pour leurs capitaux. Ce pécule n’était pas à son nom mais à celui d’une société écran et disponible discrètement, partout dans le monde, avec ce petit morceau de plastique et son code. Nettement plus pratique qu’une carte visa qui peut être suivie à la trace… Là, rien, impossible de savoir qui profite de l’argent. Vous avez dit quoi ? Paradis fiscal ? Meuh non…


Hubert rejoignit donc sa compagne, lesté d’une liasse de billets verts pour une valeur de dix mille dollars US : il fallait prévoir les faux-frais. La vie frugale qu’il avait décidé de mener était son choix, mais il ne voulait pas la faire partager indéfiniment à une compagne… Maintenant que compagne il avait !


Une partie de l’argent fut remise à Erik à titre d’acompte, le reste devant être versé à destination…


Restait le sort de l’agent de police, toujours ligoté dans le van. Hubert se demandait comment le libérer sans que cela ne compromette leur fuite. Il lui vint l’idée d’utiliser son téléphone portable.



Il avait chargé la batterie du téléphone. Il envoya un SMS à ladite « Peg » :

« Madame, si vous voulez retrouver votre mari, contactez ses collègues pour repérer ce téléphone portable, il devrait rester en fonction une journée. »


Ne connaissant pas d’autre moyen, il appela l’horloge parlante en France, qui allait débiter ses tops inlassablement. Ne bougeant pas, la charge du téléphone devrait tenir plus qu’une journée. Le temps pour les autorités de repérer le van et son occupant garé à l’ombre d’un arbre…


L’embarquement se fit dans l’heure qui suivit !



Erik barrait plein nord, l’œil un peu sur l’horizon, mais surtout sur Nancy. Ce regard concupiscent la dérangeait franchement et elle en fit part à son compagnon.



Ils dormirent donc par alternance, ayant toujours une arme sous la main. Pourtant deux jours passèrent sans problèmes. D’après Erik, encore un et ils seraient à Kupang, au Timor indonésien. Le trio ne s’adressait que très peu la parole. Hubert fut donc assez surpris quand le hollandais, qui était à la barre, lui demanda s’il pouvait lui chercher un cordage rangé à l’avant du bateau. Ce qu’il accepta bien sûr.


Nancy observait le capitaine et avait la main dans son sac. Quand elle le vit sortir un revolver de sa poche et viser le dos du français, elle tira sans même sortir le fusil. Touché au ventre, le batave se tourna vers elle et fit feu. Hubert, se retournant, abattit le marin d’une balle en pleine poitrine, ce qui, sous l’impact, le fit basculer par-dessus bord.


Hubert se précipita vers Nancy qui avait perdu connaissance. La blessure n’était pas bien grave, la balle avait traversé l’épaule et était ressortie. Par contre, l’os de l’omoplate était probablement cassé : « elle va déguster quand elle se réveillera », pensa-t-il. Il désinfecta la plaie, la banda puis immobilisa le bras. Elle respirait calmement et Hubert la laissa se reposer.


Ses connaissances en navigation étaient plus que sommaires, mais il constata tout de même qu’ils filaient toujours plein nord. L’île de Timor barrait le passage sur des centaines de kilomètres, il était donc impossible de la rater. Doucement, il cargua les voiles et laissa filer le bateau sur son erre. La mer était d’huile, il n’y avait donc aucun risque. Il restait une demi-journée de navigation et il la ferait au moteur, pratique qui entrait mieux dans ses compétences.


Il rejoignit donc sa compagne toujours allongée sur sa couchette et ce n’est que lorsqu’il s’assit sur cette couche qu’elle se réveilla. Elle le regarda, apeurée, chercha sa main et la serra fortement. L’homme ne put retenir un éclat de rire quand elle lui dit :



(Merde, le français, je vais crever, j’aurais aimé baiser une dernière fois !)





(1) Aussie : Surnom pour désigner une australienne.

(2) Bush : littéralement, un buisson. Paysage de bois et de broussailles.

(3) Outback : l’arrière-pays australien, de vastes étendues arides.

(4) Sillyguy : mec stupide, mais qu’on traduirait ici en « gentil idiot ».

(5) Bullshit : littéralement, crotte de taureau. En bon français : le mot de Cambronne !